Vos institutions nont habituellement pas un rôle
direct à jouer dans la définition et la mise en uvre des politiques
nationales (sécurité alimentaire, agriculture, santé publique,
etc.). Vous pouvez, cependant, prendre linitiative daméliorer
laccès à la nourriture pour les foyers urbains les plus démunis
car:
- les politiques nationales peuvent ne pas toujours être en mesure
de répondre aux situations et besoins locaux;
- vous êtes
davantage en contact avec les communautés locales que les institutions
centrales du gouvernement;
- vos principales fonctions couvrent déjà
le développement, le fonctionnement et la gestion des marchés, les
infrastructures de transformation et la réglementation, le contrôle
de la production alimentaire urbaine et périurbaine, etc.;
- vous
pouvez créer un partenariat avec le secteur privé afin de remplacer,
daméliorer et de gérer les marchés urbains et les infrastructures
de transformation des denrées en dépit de budgets dinvestissements
réduits;
- le gouvernement central vous a confié des responsabilités
étendues.
Vos institutions peuvent jouer cinq rôles importants
pour réduire linsécurité alimentaire dans les circonscriptions
où vivent les plus démunis.
1. Promouvoir des attitudes et
des politiques favorables aux producteurs, aux transformateurs, aux transporteurs,
aux négociants, aux commerçants, aux vendeurs ambulants et aux consommateurs
Il
faut alors:
- que tous les politiciens prennent conscience des besoins de
ceux impliqués dans les activités dapprovisionnement et de
distribution alimentaires;
- que tous les décideurs sachent comment
améliorer lefficacité des systèmes dapprovisionnement
et de distribution alimentaires;
- que soit encouragée et renforcée
la participation des associations privées dans les comités de planification
et lors de la mise en uvre des politiques;
- que des concertations
régulières aient lieu avec les producteurs, transporteurs, transformateurs,
négociants, commerçants, vendeurs ambulants et consommateurs; que
leurs associations soient reconnues (voir page 8) ainsi que leur engagement dans
la formulation et dans la mise en uvre des politiques;
- que les
buts à atteindre, les objectifs et les informations sy référant,
soient connus de tous ceux qui sont impliqués dans les activités
dapprovisionnement et de distribution alimentaires;
- que vos institutions
établissent des mandats claires et poursuivent leur mission qui est celle
de servir les consommateurs, les négociants, les commerçants, les
vendeurs ambulants, les transporteurs, les transformateurs et les producteurs,
et adoptent un comportement ouvert, communicatif et efficace.
2. Lancer
linvestissement privé
Le développement des systèmes
dapprovisionnement et de distribution alimentaires nécessite une
augmentation de linvestissement dans la production, la commercialisation
et la transformation des produits alimentaires. Assumer tout ceci dépasse
sans doute les capacités du secteur public.
Pour que linvestissement
privé se manifeste, il est nécessaire davoir un environnement
économique et politique conduisant le secteur privé à prendre
des risques grâce aussi à la garantie fiable de lEtat qui doit
lui assurer que «les règles du jeu» seront respectées.
Les marchés doivent être planifiés parce quils ont besoin
despace, dinfrastructures et de services (eau, latrines, poubelles,
etc.).
Vous pouvez stimuler linvestissement privé par:
-
lintroduction de règles régissant à la fois les responsabilités
et les interventions des secteurs public et privé quant aux activités
dapprovisionnement et de distribution alimentaires;
- la garantie
que les normes, les permis de vente, les procédures et les standards sont
en accord avec la capacité et les attentes des investisseurs;
-
la mise en vigueur adéquate des lois et de la réglementation, en
particulier celles sur les contrats;
- des infrastructures, des équipements
et des services de base pour les marchés, les abattoirs, le transport,
le stockage et la transformation;
- lassurance dune gestion
adéquate de la part des entreprises publiques;
- la garantie de
marchés fonciers et immobiliers actifs et efficaces, de même que
la sécurité des droits doccupation des sols.
Rôle
des organisations de la société civile dans lamélioration
des systèmes dapprovisionnement et de distribution alimentaires -
Faciliter la formation de leurs membres;
- expliquer aux membres les règles
et les réglementations;
- assurer, de la part des membres, le respect
des règles agréées et des normes de qualité;
-
diffuser auprès des membres des informations sur le marché;
-
collaborer a la conception et à la mise en uvre des initiatives locales
de développement;
- connaître les besoins des individus et
poursuivre les intérêts du groupe;
- fournir des conseils
aux services publics sur des problèmes spécifiques;
- aider
les membres à mieux diriger et gérer leurs affaires;
- identifier
les problèmes communs et leurs solutions;
- négocier de plus
bas prix et des conditions dachat favorables pour les intrants et les services;
-
négocier de meilleurs prix pour leurs propres produits et les coûts
de commercialisation;
- échanger une assistance technique entre
les membres et entre les associations.
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3. Intervenir
dans lapprovisionnement et la distribution alimentairesVous pouvez
intervenir à plusieurs niveaux (voir aussi les annexes 1 à 5) notamment:
Planification
-
Prévoir, pour les dix à quinze années à venir, les
besoins en eau et en nourriture de la ville ainsi que la production alimentaire
nationale potentielle;
- repérer les ménages urbains les
plus démunis et noter leur emplacement sur une carte;
- préparer
des plans dutilisation et doccupation des sols;
- fournir des
terres publiques arables, assurer la sécurité de loccupation
des terres, de leau propre, etc., pour la production alimentaire urbaine
et périurbaine;
- préparer des plans de développement
afférents aux transports urbains et à ceux reliant les villes et
les campagnes;
- concevoir les plans relatifs aux marchés alimentaires
urbains et aux infrastructures de transformation, etc.
Information
-
Fournir aux transporteurs, transformateurs, négociants, commerçants,
vendeurs ambulants et consommateurs des informations de base sur lhygiène
alimentaire, la santé et la nutrition, accompagnées de leurs droits
et de leurs obligations;
- informer les producteurs sur la bonne utilisation
des intrants agricoles et des produits chimiques, sur les décharges et/ou
le traitement des déchets, etc.
Les nouvelles
installations des marchés sont souvent mat conçues et mal situées.
De ce fait, elles demeurent sous-utilisées et le transfert forcé
des commerçants peut engendrer des troubles.
Infrastructures,
installations et services
- Définir les besoins présents
et futurs en infrastructures, installations et services pour un marché
ou abattoir spécifique, en se demandant quoi (quel type), où (quel
lieu), comment (quelles normes), et en tenant compte des conditions écologiques
de la ville;
- définir les modalités dattribution des
terres;
- concevoir, localiser, construire et administrer les marchés
urbains et les abattoirs de façon satisfaisante;
- entretenir et
améliorer les infrastructures publiques, y compris leau, les toilettes,
lévacuation des eaux et léclairage;
- éliminer
convenablement les déchets solides et liquides;
- former les producteurs,
les négociants, les commerçants, etc.;
- lever des taxes
municipales et des redevances sur les marchés;
- prévoir
des transports publics qui desservent les marchés et les abattoirs, etc.
Les
activités de gros sont souvent dispersées dans la zone urbaine limitant
ainsi les bénéfices potentiels qui découlent des marchés
de gros organisés.
La
réglementation afférente aux activités dapprovisionnement
et de distribution alimentaires peut devenir si complexe et contradictoire que
les collectivités locales ont des difficultés à la comprendre
et à lappliquer. Ceci incite à la fraude et à la corruption.
Réglementation
-
Réglementer loccupation des terres publiques et leur utilisation;
-
donner des autorisations et contrôler les activités commerciales
et industrielles aussi bien que la production alimentaire et la commercialisation;
-
protéger les consommateurs en faisant respecter les normes de qualité
et dhygiène des produits alimentaires vendus au détail, y
compris ceux vendus dans les rues et dans les restaurants;
- appliquer
la législation et la réglementation sur le contrôle de la
viande;
- faire appliquer les normes dhygiène et de santé
lors de la transformation des aliments et dans tous les points de vente.
4.
Coordonner les interventions publiques et les initiatives privées
Les
conflits afférents à la mise en uvre des programmes des différentes
institutions et organisations limitent limpact des initiatives de développement.
Une coordination réelle est nécessaire pour éviter cette
situation. Vous êtes dans la position la plus avantageuse pour coordonner
la région sous votre juridiction.
Vous avez besoin de:
- prévoir
sérieusement une réforme des lois qui préciserait le rôle
des diverses agences publiques;
- identifier de qui relèvent les
responsabilités institutionnelles et départementales des systèmes
dapprovisionnement et de distribution alimentaires;
- vous assurer,
par la formation, la motivation et lobservation, que le personnel de votre
institution est techniquement prêt à faire front à lexigence
grandissante defficacité et de responsabilité.
Des
arbres dans les villes et leurs environs peuvent améliorer lapprovisionnement
et la distribution alimentaires - Le bois est largement utilisé
pour cuisiner et transformer, à petite échelle, les denrées
alimentaires, pour fumer la viande et le poisson, etc. Les terres périurbaines
peuvent être utilisées pour planter des arbres destinés au
bois de chauffe.
- Les marchés sont fréquemment exposés
aux intempéries. Les arbres font de lombre et protègent contre
le vent, la poussière et la pluie, ce qui permet de réduire les
pertes et la contamination de la nourriture.
- Leau risque dêtre
rare et/ou coûteuse dans les villes. Il est bon dencourager lusage
des eaux usées traitées pour irriguer les parcs et les plantations
darbres dont les fruits ne sont pas comestibles ou ceux destinés
au bois de chauffe. Lutilisation des eaux usées devrait satisfaire
les exigences des normes de lOrganisation mondiale de la santé.
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Le manque de récipients pouvant contenir
les aliments peut freiner le développement de micro et de petites entreprises
de transformation dans de bonnes conditions dhygiène.Les
villes situées dans les régions montagneuses, les bidonvilles, les
constructions en pente, sont prédisposées aux éboulements
et aux inondations qui peuvent affecter à la fois la disponibilité,
la qualité et le prix de leau et de la nourriture. Les arbres peuvent
être utilisés pour stabiliser les pentes et les berges des cours
deau.
5. Servir de médiateur entre le gouvernement central
et le secteur privé de lalimentation
Vous pouvez instaurer
un dialogue inter-institutionnel:
- en vous assurant que les besoins des
producteurs, des transformateurs, des transporteurs, des commerçants et
des consommateurs sont entendus du gouvernement central;
- en encourageant,
dans les régions rurales et périurbaines, les associations dagriculteurs,
les ONG et les autorités locales pour que leurs voix soient entendues du
gouvernement central. Cette médiation peut faire donner la priorité
aux programmes et aux projets qui réduiront les contraintes de production
et consolideront les liens entre zones rurales et urbaines (par exemple, lamélioration
des routes, la réalisation de marchés de collecte, le développement
de moyens de transport, linformation sur les marchés, une assistance
technique par des vulgarisateurs agricoles mieux informés des conditions
des marchés urbains).
Le transport non motorisé
des aliments dans les marchés peut réduire les frais de transport,
crée des opportunités demplois pour les jeunes et les pauvres
et ne contamine pas lair, mais rend la circulation plus difficile.