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1. INTRODUCTION : HISTORIQUE ET CONTEXTE GENERAL

Le Sénégal est un pays sahélien qui couvre une superficie de 219.253 km², avec une population avoisinant les 9.240.000 habitants (1999). La population agricole est de 6.990.000 habitants (1999), soit 75% de la population du pays. Le taux de croissance démographique annuel est de 2,6 (1998). L'agriculture occupe une place prépondérante dans la vie socio-économique du Sénégal. La population rurale active, qui est de 3.081.000 habitants, représente 73,7% de la population totale active qui elle est de 4.180.000 habitants (2000).

Le secteur primaire, durant la période 1990-95, a contribué à 20,8% au produit intérieur brut (PIB), dont 10,6 pour l'agriculture, 7,6% pour l'élevage, 2,1% pour la pêche et 0,5 pour la forêt. La part de l'agriculture dans le PIB, qui était de 18% au cours de la période 1960-86, est à la baisse tandis que la part de l'élevage dans le PIB est en croissance. Ce sous-secteur fournit jusqu'à 45% des revenus de l'exploitation agricole et constitue de ce fait une activité économique importante pour la population rurale.

A l'aube du troisième millénaire, force est de reconnaître que la sécurité alimentaire est plus que jamais d'actualité. La consommation alimentaire par habitant et par jour a diminué au cours des dernières années passant de 2.450 kcal en 1980 à 2.288 kcal en 1993, soit une baisse cumulée de 6,5%. Environ 30% de la population sénégalaise ne bénéficie pas de la ration alimentaire minimum recommandée (2.400 kcal par personne et par jour). La pauvreté touche 44,4% des ménages ruraux et la malnutrition chronique de 1-5 ans est de l'ordre de 33% en milieu rural.

Au lendemain des indépendances, les politiques agricoles mises en place par les nouveaux états se sont beaucoup inspirées des modèles occidentaux. Les systèmes agricoles de la révolution verte, caractérisés par l'utilisation de produits agro-chimiques (pesticides, engrais) et de semences "améliorées", la pratique de la monoculture et la mécanisation des opérations culturales, ont suscité au départ beaucoup d'espoir quant à la résolution du problème de la faim en Afrique.

Pendant longtemps, le secteur agricole a été le moteur du développement économique du pays. Malheureusement, les choix politiques opérés au lendemain des indépendances de 1960 ont donné la priorité au développement des cultures de rente (arachide et coton) sur les cultures vivrières. Le secteur agricole est ainsi devenu vulnérable parce que dépendant des prix pratiqués sur les marchés extérieurs. Des sociétés d'état se sont lancées dans les filières riz (SAED), arachide (SODEVA) et coton (SODEFITEX) où elles offrent en amont et en aval des services très chèrement payés par les paysans.

L'approche conventionnelle agricole entrave la relance de la production à cause des difficultés d'accès au crédit et d'approvisionnement en intrants, ainsi qu'aux difficultés en matière de maîtrise de l'eau et de la commercialisation des produits.

Les terres arables et les cultures permanentes, estimées à 2,3 millions d'hectares, sont de plus en plus menacées par la pression démographique. Les cultures maraîchères (chou, carotte, tomate), introduites en 1971 dans la région des Niayes (qui assure le 80% de la production maraîchère du Sénégal) se sont très peu développées malgré les énormes potentialités dont elles regorgent pour la consommation locale et pour l'exportation.

L'agriculture affronte également un certain nombre de contraintes écologiques variant selon les régions du pays. Ces contraintes sont : la salinité, l'acidification, l'érosion éolienne des sols, la réduction des aires de pâturage, le surpâturage, la réduction des superficies de formation forestières (due au contrôle des crues et à la destruction du couvert végétal), l'avancée des dunes vives et la remise en mouvement des dunes anciennes, l'ensablement des terres de bas-fonds, et le risque de rupture de l'équilibre entre l'eau douce et l'eau salée (menace d'intrusion marine). Ces problèmes, issus d'une mauvaise gestion agricole, s'ajoutent à la précarité du climat (faiblesse et irrégularité des pluies) et menacent la productivité et la rentabilité des exploitations agricoles. De ces problèmes découlent l'aggravation de la dégradation des terres de culture et des ressources naturelles en général.

Au plan social, la politique d'"assistanat" affecte beaucoup le comportement du paysan sénégalais au point de diminuer en lui tout esprit d'initiative. A titre d'exemple, le paysan sénégalais ne travaillerait en moyenne que trois heures par jour. En trois ans, des visites aux champs en période d'hivernage permettent de constater que les travaux champêtres sont en majorité faits par les enfants et par les femmes. Le paysan sénégalais n'est pas en mesure de vivre des fruits de sa récolte plus de trois mois sur les douze.

Les réformes des politiques d'ajustement structurel ont impliqué un désengagement de l'état qui s'est traduit par le transfert de certaines fonctions (dévolues jadis aux organismes publics) aux agriculteurs. L'élimination des subventions sur les intrants et du crédit agricole, la libéralisation des marchés des produits agricoles, et la dévaluation du franc CFA ont complètement désorienté au départ le paysan sénégalais mal préparé à ce contexte. Cependant, la réduction des prérogatives de l'état dans la prise en charge du développement a permis peu à peu aux organisations professionnelles de s'affirmer comme des interlocuteurs responsables dans le développement local. L'encouragement aux organisations paysannes du monde rural à remplacer l'état dans le domaine des intrants, des services vétérinaires et la gestion des ressources naturelles, incitent à l'adoption d'approches alternatives de production.


 

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