Contexte |
L'Afrique est la région du monde où le bois-énergie (BE) y joue son rôle le plus critique. La dépendance des sous-régions de l'Afrique tropicale au bois comme source d'énergie atteint entre 61 et 82 % de la consommation d'énergie primaire totale. Comparé à d'autres régions, le continent africain a le taux de consommation de bois de feu (charbon de bois inclus) le plus élevé par personne, représentant entre 90 et 98 % des besoins en énergie ménagère.
La demande d'énergie augmente rapidement, mais les ressources en bois sont limitées. Ce qui était traditionnellement considéré comme une affaire de famille - c'est-à-dire le ramassage libre de bois de feu pour les besoins quotidiens - est rapidement devenu une question de politique forestière majeure ayant de sérieuses conséquences dans les secteurs sociaux, économiques et environnementaux. Satisfaire la demande en bois-énergie actuelle et future exige une planification du secteur et une gestion prudente des ressources, dans une perspective durable du point de vue économique et environnemental. Cette recherche d'une bonne planification dépend de la disponibilité de données fiables, appropriées et actualisées.
Le défi est grand. La planification du secteur bois-énergie exige la disponibilité d'un large éventail d'informations de disciplines différentes. Cependant, les institutions responsables sont handicapées par de faibles ressources humaines et financières et jouent généralement un rôle secondaire dans la planification nationale. Même les données de base, comme les statistiques nationales de consommation de bois de feu, peuvent être absentes ou incertaines. Il y a souvent des différences importantes entre les évaluations indépendantes, ce qui illustre le manque de cohérence et la faible fiabilité des sources de données, avec des conséquences négatives évidentes sur l'identification des priorités et la définition de la ligne politique à suivre.
Principalement, deux projets régionaux financés par la Commission Européenne appuient les activités courantes de la FAO dans le secteur bois-énergie en Afrique. Ces projets sont avant tout une réponse aux fortes et insistantes demandes de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique (CFFSA) exprimées lors de sa dixième session (Sanbonani, Afrique du Sud, 1995), et de sa onzième session (Dakar, Sénégal, 1998). La CFFSA sollicitait un appui international pour améliorer la base d'information dans le domaine des forêts, nécessaire à une politique saine et la planification du secteur, et pour améliorer les méthodologies de collecte de données.
Le premier projet « Collecte et analyse de données pour l'aménagement durable des forêts dans les pays ACP - Joindre les efforts nationaux »1 couvre la période 1998-2001 et a été mis en œuvre autour de cinq sujets clefs : ressources forestières, plantations forestières, arbres hors forêts, produits forestiers (principalement bois-énergie) et produits forestiers non ligneux.
Le deuxième projet « Gestion durable de la forêt dans les pays africains de l'ACP » 2 couvre la période 2000-2002. Le projet a tiré ses justifications des évaluations par la FAO des programmes et politiques forestiers nationaux actuellement mis en œuvre en Afrique. Ces évaluations ont mis en évidence, entre autres, les problèmes suivants :
· La contribution insignifiante du secteur forestier
au développement durable ;
· La faible priorité généralement accordée au
secteur ;
· Les faiblesses politiques et institutionnelles ;
· Les
processus répandus de déboisement et dégradation des terres ;
· Les pauvres conditions de vie des populations rurales.
Dans le cadre du Programme de partenariat FAO/Commission européenne, ce projet a comme objectif d'apporter une assistance aux administrations forestières nationales des pays ACP d'Afrique en vue de réformer et réorienter leurs politiques et institutions pour l'aménagement durable des forêts. En détail, ce programme a comme but de:
· Identifier les secteurs au niveau des politiques et
institutions actuelles qui ne sont pas en accord avec l'objectif général de
l'aménagement durable des forêts ;
· Réformer les politiques forestières
nationales et les autres politiques et réglementations de manière à ce
qu'elles participent davantage à la réalisation de l'aménagement
durable
des forêts ;
· Améliorer la capacité des administrations forestières nationales de planifier et d'influencer plus efficacement le développement du secteur forestier dans le cadre du développement durable.
Sept thèmes prioritaires complémentaires sont traités par ce programme, à savoir :
· la mise en œuvre des programmes forestiers
nationaux,
· la réforme de la politique fiscale,
· les pratiques
d'exploitation forestière,
· les produits forestiers non ligneux,
· le
développement de la planification et des politiques dans le secteur
bois-énergie,
· le renforcement de la capacité de recherche
forestière,
· la coordination et la dissémination des résultats.
Le projet utilise des données, l'information et les contacts établis dans les pays ACP au cours du premier projet de partenariat CE/FAO (1998-2001).
L' objectif de cette composante est de contribuer à l'aménagement durable des forêts en améliorant les capacités des institutions nationales de collecter de meilleures données sur le bois-énergie, de les analyser et de développer des plans et des politiques plus appropriés et efficaces dans ce domaine. Ce renforcement de capacité sera développé en formulant et promouvant des techniques pour la collecte et l'analyse de données en bois-énergie, et pour le développement des plans et des politiques. La composante aidera aussi à établir des réseaux pour la collaboration régionale et l'échange d'informations.
Les bénéficiaires immédiats de cette composante seront les institutions gouvernementales et non gouvernementales impliquées dans le secteur bois-énergie dans les quatre pays choisis pour des études de cas. D'autres bénéficiaires seront des institutions semblables dans d'autres pays africains de l'ACP qui participent aux ateliers et à d'autres activités du projet. Par ce processus, les pays africains, la FAO et la CE obtiendront de meilleures informations en bois-énergie (qui, depuis le Protocole de Kyoto, devient un sujet de plus en plus important) pour toutes utilisations nationales, pour être inclues dans des publications statistiques, pour l'exécution d'études de perspectives régionales et sous-régionales et pour la discussion dans des forums internationaux (ex : FNUF, GIEC, CCD).
Stratégie d'actions du PPBE :
a) La première phase d'activités est consacrée à l'amélioration des systèmes d'information sur le bois-énergie dans les états membres du projet (phase actuelle), en vue d'obtenir, par exemple, des données améliorées, exprimées avec des termes et unités de mesure standardisés, sur la production, la consommation, l'importation et l'exportation de bois-énergie au niveau national, régional et international ;
b) La deuxième phase se concentrera sur la promotion des systèmes de planification du secteur bois-énergie qui soient modernes, efficaces, rentables et durables.
Conformément à la stratégie de la première phase de cette composante du projet, une première réunion régionale s'est tenue pour les pays anglophones à Nairobi du 23 au 27 octobre 2000, intitulée « Atelier Régional sur l'information en bois-énergie en Afrique » .
La réunion tenue à Lomé au Togo, présentée ici, vise des objectifs similaires à la réunion de Nairobi, mais elle est organisée pour les pays francophones qui ont participé aux activités de la composante PPBE, telles que la production des rapports sur les informations disponibles ou la participation à des études pilotes.
Afin d'aider les gouvernements d'Afrique sub-saharienne dans la planification et le développement du sous-secteur de la biomasse énergie, la Région Afrique de la Banque Mondiale a décidé en 1993, avec l'aide de la Coopération Internationale du Gouvernement des Pays-Bas, d'entreprendre un « Examen des politiques, stratégies et programmes du secteur des énergies traditionnelles » dans le cadre de son programme RPTES. Un groupe de cinq pays sahéliens, à savoir le Burkina Faso, la Gambie, le Mali, le Niger et le Sénégal, a été choisi pour participer à la première phase du Programme. Suite aux travaux entrepris dans ce premier groupe de pays, le Programme a été élargi vers la fin de l'année 1996 à cinq autres pays, à savoir, l'Ethiopie, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Mozambique. Le Bénin et le Togo ont intégré le Programme au second semestre de l'année 1997, et le Zimbabwe au second semestre de l'année 1998. La Namibie et la Zambie ont rejoint le Programme au mois d'août 1999.
Les objectifs visés par le Programme RPTES se résument comme suit :
1. Entreprendre une évaluation des politiques,
stratégies et programmes d'action mis en œuvre dans le sous-secteur de la
biomasse énergie ;
2. Synthétiser les enseignements tirés des expériences
et faire des recommandations stratégiques et opérationnelles dans la
planification et le développement de ce sous-secteur ;
3. Identifier et
prioriser les besoins du sous-secteur en assistance technique et financière
;
4. Élaborer des projets et/ou programmes d'investissement dans le
sous-secteur.
Outre la fourniture d'une assistance sur mesure à chaque
pays membre, le RPTES a également un mandat régional qui consiste entre autres
à:
· Diriger des travaux sectoriels d'intérêt régional ;
· Soutenir
le développement du sous-secteur dans le cadre de l'intégration africaine ;
· Promouvoir un échange d'informations et d'expériences ;
· Diffuser
les expériences et leçons tirées au sein des pays africains, des bailleurs de fonds, et de la communauté des organisations non gouvernementales (ONG).
Ainsi, un important travail a été mené dans les pays membres du RPTES en matière d'analyse et de planification, de formulation de politiques et d'élaboration de programmes/projets d'investissement dans le sous-secteur de la biomasse énergie. Plusieurs séminaires nationaux et internationaux regroupant des experts, des techniciens et des décideurs ont également été organisés en collaboration avec des partenaires au développement.
Cependant, l'absence de données fiables dans le sous-secteur de la biomasse énergie a pendant longtemps perturbé la planification de l'approvisionnement des ménages en combustibles domestiques. Pour combler ce fossé, le programme RPTES, en collaboration avec ENDA-Energie et le Groupe Africain d'Appui, ont mis en place dans le courant de l'année 2000, un Centre de Ressources et d'Etudes des Stratégies du Secteur des Energies Traditionnelles pour l'Afrique Sub-Saharienne (CRETAS). Ce centre est logé à ENDA-Energie et animé par ce dernier.
Le CRETAS a pour objectifs d'être :
· Un observatoire régional de la biomasse énergie en
Afrique sub-saharienne ;
· Un guichet d'informations sur la bio-énergie en
Afrique ;
· Un centre d'excellence susceptible de conseiller sur la
formulation des politiques et stratégies dans le sous-secteur de la biomasse
énergie en Afrique sub-saharienne ;
· Un forum d'échanges sur toutes les
thématiques émergentes en rapport avec la bio-énergie dans une perspective de développement durable.
Pour faciliter la collecte, l'analyse et la diffusion de données statistiques fiables dans la sous-région, des centres relais CRETAS sont mis en place dans les pays suivants : Togo, Burkina Faso, Mali, Bénin, Niger, Mauritanie, Sénégal, Guinée-Bissau, Guinée.
Ce sont justement les responsables des centres relais CRETAS qui ont été invités par le Programme RPTES à cet atelier sur l'information en bois énergie.
L'Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF) s'est intéressé très tôt, de fait dès sa création en 1988, à la biomasse énergie en prenant des initiatives qui ont été à l'origine de progrès sensibles dans l'appréhension de la problématique et sa prise en compte dans les politiques nationales de développement.
Il s'agit d'abord de la création du groupe d'experts « Groupe Bioénergie et Environnement (GBE) » composé des représentants de ENDA, IDEFOR-Côte d'Ivoire, Forêt-Mali, Forêt-Vietnam, Energie-Gabon, CIRAD-France, CRA-Gembloux, le Bureau de la lutte contre la désertification et la sécheresse (UNSO) et IEPF pour nourrir sa réflexion et appuyer son action dans le domaine, a été la première de ces initiatives. Ce groupe a organisé plusieurs événements régionaux, notamment en Afrique, pour aider l'IEPF dans la promotion de ce secteur dans le respect de la gestion de la ressource ligneuse et l'accès des ruraux et des populations urbaines au bois-énergie et au charbon de bois.
Un guide technique sur la biomasse énergie et un nombre important d'articles visant la diffusion de l'information ont été produits dans le cadre des activités de GBE pour promouvoir une utilisation et une gestion durable de cette ressource.
Sur la question de collecte des données : C'est en 1990 que l'IEPF a tenu à Québec (Canada) une première réunion internationale sur ce thème et réalisé en 1992 et 1995, notamment sur ce sujet, des journées scientifiques à Dakar (ENDA) et à Abidjan (IDEFOR-DFO) pour rapprocher les points de vue des acteurs nationaux issus du secteur de l'énergie et ceux issus du secteur des forêts. Par ailleurs, l'IEPF a financé avec ses partenaires, dont l'Agence française de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME), la Région Wallonne et le CIRAD, plusieurs sessions de formation en Côte d'Ivoire en valorisation énergétique de la biomasse lignocellulosique qui a touché, de 1993 à 1998, plusieurs centaines de nos membres, des administrations de l'énergie, des ONG et des entreprises privées actives dans le domaine.
Dans la mouvance de ce secteur faible des économies nationales des pays en développement et notamment ceux des pays en développement de la francophonie, une mise à jour de la situation de la filière biomasse énergie (ligneuse et agricole) s'est avérée utile dans le contexte de l'émergence du secteur des Energies Renouvelables. Ainsi, l'IEPF a pu, avec ses partenaires - Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI), Commission européenne, ADEME, Banque Mondiale - RPTES, CIRAD-Forêt-France, Groupe de la Banque Africaine de Développement, Ministère de l'Energie de la Côte d'Ivoire et Région Wallonne - organiser à Abidjan (décembre 1999) un symposium sur « la Biomasse Energie pour le développement et l'environnement, quelles perspectives pour l'Afrique ? ». Les grandes lignes du programme d'action biomasse énergie pour l'Afrique qui en est ressorti sont exposées durant cet atelier.
Cette action multiforme de l'IEPF dans cette filière (formation et diffusion de l'information d'une part, et celui de la mise en réseau, de la mobilisation de l'expertise et de la concertation, d'autre part) vise l'appui à la planification et à la mise en œuvre de politiques énergétiques nationales, la diffusion et l'appropriation de technologies porteuses en énergies renouvelables, la mise en œuvre de l'efficacité énergétique, et de manière générale, l'appui à l'appropriation des outils méthodologiques pour une gestion environnementale durable. Les concertations sur objectifs et les échanges d'expérience, dont celle-ci initiée par la FAO sur l'Information en Bois-énergie en Afrique, constituent l'autre face de la démultiplication de l'action de l'IEPF et de ses partenaires.