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5. Accroissement total et commercial,

5.1. Eucalyptus robusta

5.1.1. Productivité des peuplements tous types confondus

Eucalyptus robusta S.M peut se prêter à plusieurs traitements sylvicoles notamment pour la production de bois énergie, de bois de service et de bois d'œuvre. Plusieurs études sur la productivité des peuplements ont été effectuées depuis plusieurs années à Madagascar. Les résultats obtenus par ces études présentent des différences significatives. A titre d'exemple :

- Chauvet en 1969 mettait en évidence, à partir des études qu'il a effectué dans divers arboretums (Ambatobe, Menagisy, etc.), un accroissement annuel moyen (AMA) dégressif de :

 14 m3/ha/an pour des taillis de 2 à 8 ans,

 2,9 m3/ha/an pour des taillis de 11 à 13 ans

 0,6 m3/ha/an pour des taillis de 15 ans et plus

- F.A.O. en 1982 évaluait la productivité des peuplements d'Eucalyptus robusta entre 10 et 35 m3/ha/an pour une période de 11 ans sans préciser les stations concernées,

- CIRAD en 1991 a estimé qu'à 2 ans dans la station de Sambaina (Manjakandriana) l'AMA est de 10 m3/ha/an.

Tab.11: Importance de l'accroissement annuel moyen par classe de fertilité d'Eucalyptus robusta dans la zone de Manjakandriana

Age du taillis

Accroissement Annuel Moyen (m3/ha/an)

 

Fertilité 1,3

Fertilité 1,1

Fertilité 1,0

Fertilité 0,9

Fertilité 0,8

Fertilité 0,7

1

10,98

10,51

10,21

9,92

9,67

9,40

1,5

13,65

13,07

12,70

12,34

12,02

11,69

2

15,78

15,11

14,68

14,26

13,90

13,51

2,5

17,52

16,77

16,30

15,83

15,43

15,00

3

18,97

18,16

17,65

17,14

16,71

16,24

4

21,21

20,31

19,73

19,17

18,68

18,16

5

22,81

21,83

21,21

20,60

20,08

19,52

6

23,93

22,90

22,25

21,62

21,07

20,48

7

24,69

23,63

22,96

22,31

21,74

21,13

8

25,18

24,10

23,42

22,75

22,17

21,55

10

25,55

24,46

23,77

23,08

22,50

21,87

12

25,38

24,30

23,61

22,93

22,35

21,73

16

24,16

23,12

22,47

21,82

21,27

20,68

50

11,93

11,42

11,10

10,78

10,50

10,21

55

10,92

10,46

10,16

9,87

9,62

9,35

AMA max.

25,55

24,46

23,77

23,08

22,50

21,87

Source: Randrianjafy, 1993

Fertilité 1,3 et 1,1 : Classe de fertilité supérieure taillis productif (bas de pente)

Fertilité 1,0 et 0,9 : Classe de fertilité moyenne (flanc de colline)

Fertilité 0,8 et 0,7 : Classe de fertilité faible (crête de colline)

- Randrianjafy en 1988 donnait une valeur encore différente de l'accroissement annuel moyen par âge du taillis (voir tables de productions).

Le même auteur définit la production moyenne utile d'un taillis à 10 ans avec un ACA maximum entre 5 et 6 ans et un AMA maximum à 10 ans.

- CENRADERU/DRFP en 1990, estime que la productivité moyenne de cette espèce varie de 1,5 m3/ha/an sur sols carencés à 25-30 m3/ha/an sur bons sols, sans préciser les caractéristiques de ces sols.

 

De plus, la moyenne de l'accroissement moyen annuel a été calculée à 23,5 m3/ha/an à partir des tables de production de Randrianjafy, 1993. Cette moyenne reflète la situation de la région de Manjakandriana, elle pourrait quand même être appliquée pour la zone Est et Sud du Faritany d'Antananarivo à cause du fait que la moyenne obtenue à partir des données de la FAO, sur l'ensemble de plusieurs sites à Madagascar, est sensiblement (22,5 m3/ha/an) la même.

5.1.2. Accroissement dans les reboisements villageois du PARV

L'accroissement annuel moyen de E. robusta est modeste dans la zone d’étude où elle ne donne que 5 m3/ha/an (Rambeloarisoa, 1994).

 

Fig.1: Croissance d'Eucalyptus robusta sur différents types de sol dans la zone du PARV

 

Dans les placettes permanentes d'observation (PPO), l’espèce connaît des problèmes de dessèchement de cime, entraînant une diminution de la hauteur après trois années de plantation. Sur sol ferralitique typique à structure dégradée, sa croissance est régulière sans être satisfaisante (fig.1). Sur sol ferralitique rajeuni, Eucalyptus robusta pousse quelquefois mieux que Eucalyptus camaldulensis (hauteur de 6 m en 8 ans)(fig.1).

Malgré sa performance dans le versant Est de la Haute terre, son adoption dans la zone d’étude nécessite la connaissance du site, l’espèce a besoin des sols plus humide et plus fertile que Eucalyptus camaldulensis, néanmoins, la connaissance de cette espèce et la présence des spécimens de grande taille dans la zone permet d’envisager l’utilisation de l’espèce dans des conditions de station plus favorables. On a aussi remarqué qu’après la coupe des francs pieds, les rejets sont vigoureux. Ceci confirme la performance de cette espèce en régime de taillis.

A Andramasina les accroissements en diamètre et en hauteur ont été évalués respectivement à 0,67 cm/an et 0,35m/an pour Eucalyptus robusta.

5.2. Pinus keshiya

5.2.1. Productivité des peuplements tous types confondus

Les études les plus poussées sur cette espèce ont été effectuées par Chauvet, le CIRAD, la Fanalamanga et le FOFIFA/DRFP. Comme pour l'Eucalyptus robusta, les résultats des différentes études sur la productivité ne permettent pas de définir d'une façon précise des chiffres à utiliser pour chaque zone d'étude. De plus, les résultats obtenus, par les organismes cités plus haut, ne sont, pour la plupart, pas utilisables du fait qu'ils sont souvent incomplets (manque de précision sur l'âge du peuplement, la station d'étude,...).

Chauvet, 1969 donne une idée de la productivité des peuplements de Pinus keshiya :

Tab.12: Productivité moyenne de peuplement par site et accroissement moyen annuel correspondant

Site

Parcelle

Age du peuplement (an)

Nombre de tiges par ha

Volume total (m3/ha)

AMA peuplement

AMA par pied

Ambohikely

A35

12

1120

315

26,25

0,023

Manjakatompo

D10

16

800

249

15,57

0,019

Manjakatompo

D6

15

1730

305

20,3

0,011

Source: D'après Chauvet, 1969

La moyenne pour les trois stations considérée est de 20,7 m3/ha/an pour une densité de 1216 plants/ha à l'âge de 14 ans.

Bouillet - Lefèvre en 1988, dans le rapport CENRADERU/DRFP, avançaient les chiffres de 5m3/ha/an d'AMA sur pente des hauts plateaux et de 25 à 30 m3/ha/an sur plateaux, à l'âge de 15 ans.

Le rapport CENRADERU/DRFP précise que le rendement escompté serait de 25-30 m3/ha/an jusqu'à l'âge de 30 ans sur de bonnes conditions stationnelles des hauts plateaux.

En considérant les différentes données existantes l'on peut retenir la moyenne de 20,7 m3/ha/an d'accroissement annuel moyen pour Pinus keshyia, en tenant compte du fait que les reboisements ne pourront pas toujours se faire sur de bonnes conditions stationnelles.

5.2.2. Accroissement de l'espèce dans la zone A du PARV

Pinus kesiya est adapté sur un climat un peu plus doux et moins humide (SUTTER, 1990).

Dans les P.P.O, l’espèce est prometteuse sur certains types de sol. Sa croissance est meilleure sur sol ferralitique rajeuni qui se trouve souvent sur le terrain en pente. Elle atteint 1m de hauteur par an (Fig.2). Sur des sols à horizon compact, ou des sols tronqués, la croissance du Pinus keshiya est limitée. Sa performance s’explique par son système racinaire pivotant qui n’arrive pas à perforer l’horizon compact du sol. Sur le terrain en pente, le sol est à la fois à structure friable et riche en éléments minéraux que la racine de pin peut facilement exploiter.

 

Fig.2: Croissance du Pinus keshiya sur différents types de sol

 

Pinus keshyia est la principale espèce recommandée pour le reboisement de terrain en pente sur les Hautes Terres Centrales.

5.2.3. Accroissement dans la zone B du PARV

Pinus keshyia atteint une moyenne de 1,43 cm par an (variation de 1,1 à 2,5 cm/an) dans la région B du PARV pour le diamètre et une moyenne de 0,71 m/an pour la croissance en hauteur (variation de 0,57 à 0,87 m/an).

Tab.13: Importance de l'accroissement annuel en diamètre et en hauteur de Pinus keshyia dans différents villages de la région B du PARV.

villages

âge (ans)

croissance (d) cm/an

croissance (h) m/an

ANKAZOTOKANA

11

1,4

0,76

ANDOHAVARY

11

1,4

0,87

FARAVOHITRA

11

1,1

0,64

ANKAZOBE

11

1,23

0,57

ANKAREFO

11

1,3

0,7

AMBOHIMANARIVO

11

1,15

0,62

AMBOHIBOLOLONA

12

1,5

0,62

AMBOHIMIADANA

11

1,25

0,76

ANDRAMASINA

11

2,5

0,87

   

5.3. Eucalyptus camaldulensis

Eucalyptus camaldulensis est l’eucalyptus plus connue par sa résistance à la sécheresse. Dans des bonnes stations, elle est dépassée par plusieurs autres espèces. Mais elle est intéressante sur des sols pauvres et secs (BURREN, 1995). Cette espèce est plus adaptée aux zones orientale et occidentale de Madagascar (SUTTER, 1990).

 

Fig.3: Croissance d'Eucalyptus camaldulensis sur différents types de sols

Eucalyptus camaldulensis est l’espèce la plus utilisée actuellement pour le reboisement dans la zone d’étude. Cette recommandation résulte de sa rusticité dans les PPO (FELBER, 1994). C’est l’espèce qui s’adapte bien au sol dégradé (11) où elle atteint une croissance en hauteur moyenne de 0,5 m par an (Fig.2). Sur des bons sols (ferralitique rajeuni), sa croissance est aussi acceptable. Le problème pédologique et la durée des mois secs de la haute terre Centrale exige donc une espèce frugale, adaptée aux conditions difficiles comme Eucalyptus camaldulensis. Sa performance dans des sévères conditions dépasse les autres espèces d’eucalyptus, plus exigeantes en eau et en fertilité du sol.

Dans la zone du PARV, Eucalyptus camaldulensis est l’espèce à adopter pour le reboisement sans distinction de types de sol. Pourtant, le choix de la provenance appropriée s’avère déterminant (voir essai de provenance).

5.4. Acacia dealbata

Le mimosa (Acacia dealbata) est une espèce très connue qui se propage naturellement. Après passage de feux ou le défrichement, ses graines persistent et poussent vigoureusement. Elle s’installe à l’ombre des grands arbres comme des espèces d’eucalyptus (BOLAND, 1984). Elle permet d’embroussailler les terrains plus fertiles sur la haute terre centrale (SUTTER, 1990). La possibilité de semi-direct est une hypothèse vérifiée sur le versant oriental de la haute terre. Dans la zone d’étude, le mimosa a été utilisé comme «sous bois » (espèce accompagnatrice de l’espèce principale de reboisement) à cause de sa performance à coloniser rapidement le milieu et sa faculté de capter l’azote atmosphérique (légumineuse).

 

Fig.4: Croissance d'Acacia dealbata sur différents types de sol

 

Dans les placettes permanentes d’observation, le mimosa ne fait pas partie des espèces performantes. Sa croissance est maximum sur sol ferralitique typique à structure polyédrique (code 21) où l’espèce atteint plus de 2,5 m de hauteur après 7 ans de plantation (Fig.4). Sa taille se stagne à 2 m sur sol ferralitique rajeuni (code 31) (Fig.4.). Sur d’autres types de sol sa croissance est décevante.

Dans la zone d’étude, le mimosa pourrait être recommandé pour d’autres fins que le reboisement. Il requiert des sols plus fertiles par rapport au terrain de reboisement pour montrer sa capacité de coloniser le milieu. Dans un système agroforestier, dans la colonisation des "lavaka" ou source, le mimosa pourrait trouver les conditions favorables à son développement.

5.5. Callitris sp.

Les Callitris avec deux espèces (Callitris calcarata ou Callitris endlicheri et Callitris rhomboidea) ont trouvé des conditions favorable à leur développement sur les Hautes terres) (SUTTER, 1990). Callitris calcarata pousse aussi sur des sols rocailleux dans son aire d’origine (BOLAND, 1984). Dans les P.P.O ; la croissance du callitris est lente (inférieure à 3 m de hauteur moyenne en 10 ans).

 

Fig.5: Croissance du Callitris sp. sur différents types de sol

La croissance la plus rapide est enregistrée sur sol ferralitique typique à structure polyédrique (entre 3,4 de hauteur moyenne en 10 ans) ; avec cette vitesse, l’espèce met du temps à couvrir le sol. Sa capacité de couvrir rapidement le sol est connu dans des stations plus fertiles (SUTTER, 1990). Même si sa croissance est lente, sa résistance aux conditions difficiles est prouvée par le faible taux de mortalité et le faible taux de dessèchement de cime par rapport aux autres espèces (FELBER, 1994).

Sur son ferralitique typique à structure dégradée (fig. 5), cette espèce peut être utilisée pour varier les espèces à planter. Pourtant, il ne faut pas attendre une croissance spectaculaire par rapport aux espèces courantes de reboisement.

5.6. Casuarina cunninghamiana

Le Casuarina est présente sur les hautes terres centrales dans le jardin. Cette espèce préfère des sols humides et fertiles. Sa croissance dans les P.P.O est faible (Fig.6).

Fig.6 Croissance du Casuarina cunninghamiana sur différents types de sol

 

 

5.7. Pinus patula

Dans la zone B du PARV la croissance du Pinus patula a été évaluée à une moyenne de 1,14 cm/an pour le diamètre et à 0,54 m/an pour la hauteur.

Tab.14: Importance de l'accroissement annuel en diamètre et en hauteur de Pinus patula dans différents villages de la région B du PARV.

villages

âge (ans)

croissance (d) cm/an

croissance (h) m/an

ANKAZOTOKANA

-

-

-

ANDOHAVARY

11

1,1

0,6

FARAVOHITRA

-

-

-

ANKAZOBE

11

1,48

-

ANKAREFO

11

1,28

0,7

AMBOHIMANARIVO

11

-

-

AMBOHIBOLOLONA

12

1,18

0,45

AMBOHIMIADANA

11

1,09

0,63

ANDRAMASINA

11

-

-

 

-

5.8. Pinus elliotii

Dans deux villages (Ankarefo, Ambohimanarivo) de la zone B du PARV les accroissements moyens de P. elliotii sont respectivement de 1cm /an et 1,25 cm/an pour le diamètre et de 0,44m/an et 0,58m/an pour la hauteur.

Fig.7 Croissance du Pinus elliotii sur différents types de sol da ns la région du PARV

Un comportement relativement bon du point de vue croissance est à observer sur les sols avec des horizons à structure compacte (Type 11), mais le taux bas de survie (53 %) indique néanmoins que ces résultats sont à confirmer. D'ailleurs WEBB et al. (1980) observe que cette espèce peut supporter des sols plus superficiels que P. keshyia.

5.9. Eucalyptus spp

Pour d'autres espèces, une à deux placettes d'observation ont été également installées dans les stations d'Ambatofahavalo (sols typiques à structure dégradée) et d'Ambohimiadana-Nord (sols typiques à structure polyédrique et sols rajeunis).

Seulement les Eucalyptus tereticornis et E. cameronii montrent des croissances satisfaisantes, mais elles n'atteignent pas les mêmes performances qu'Eucalyptus camaldulensis.

La figure ci-dessous présente les hauteurs moyennes obtenues par ces 2 espèces. Les taux de survie sont respectivement très élevés pour E. tereticornis (97 % à l'âge de 6 ans) et faible pour E. cameronii (67 %).

Fig.7 Croissance du Pinus elliotii sur différents types de sol dans la région du PARV

A Andramasina les accroissements de Eucalyptus spp ont été calculés à d : 1,19cm/an et h : 0,59m/an

5.10. Eucalyptus grandis

Cette espèce qui présente des accroissements spectaculaires dans la falaise orientale (région centrale, versant oriental Est) n'est guère à recommander sur le versant occidental.

Bien que la parcelle réalisée dans l'arboretum d'Ambatobe (même conditions que la région d'étude) a réussi, l'espèce est plus exigeante du point de vue humidité et qualité du sol qu'Eucalyptus camaldulensis et E. robusta. En plus, par les faiblesses mentionnées ci-dessus, cet eucalyptus n'est pas apte pour des réalisations paysannes en reboisement.

Son meilleur comportement des 6 placettes installées, s'observe sur les sols à structure fortement et moyennement dégradée. Les autres sols qui sont plus sensibles à la sécheresse s'y prêtent moins. La mortalité y est aussi plus élevée.

Qualitativement, l'espèce est un peu moins sensible au dessèchement de cime que les deux autres eucalyptus présentés ci-dessus.

Les paysans qui ont planté cette espèce ont observé que les plants poussent bien durant les deux premières années, mais présente après de dessèchement de cime jusqu'à ce que les jeunes arbres meurent.

La plantation de cette espèce n’est pas recommandée en afforestation sur tanety sur le versant occidental.

 

 

Fig.8 : Croissance d’Eucalyptus grandis sur différents types de sol dans la région du PARV

 

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