I. Quelques repères de l’évolution de la politique forestière du Niger
Pour les besoins du présent travail, nous distinguons quatre (4) périodes qui ont marqué la politique forestière nigérienne en relation avec l’approvisionnement en bois-énergie. Ce sont :
C’est la période coloniale, marquée par l’adoption du décret du 4.7.1935 fixant le régime forestier en Afrique Occidentale. Cette période a vu le classement de forêts et la création de parcs et de réserves de faune dont le système de protection était sévère et où les populations riveraines n’exerçaient que des «droits d’usage », sur la base d’un système d’exploitation par permis de coupe attribués pratiquement sans l’avis des populations. Cette politique avait pour objectif de conserver intactes le maximum de potentialités naturelles en attendant qu’on sache les régénérer et les gérer économiquement.
Il ne se posait pas de problème de bois de chauffe. Par contre, en ce qui concerne le bois de service, la période s’est caractérisée par des problèmes de régénération des formations ligneuses autour de quelques zones périurbaines (Niamey, Zinder et Maradi) que l’on a cherché à résoudre par des plantations d’espèces exotiques à croissance rapide : Albizzia lebbeck, Cassia siamea.
Elle a été notamment marquée par :
- de graves sécheresses ;
- une réaction contre les contraintes de la période coloniale qui s’est manifestée par la pénétration dans les forêts classées ;
- une ignorance de l’utilité de la forêt, les problèmes de bois de chauffe ni de terres ne se posant toujours pas véritablement.
Les nouveaux responsables nationaux donnaient comme objectif prioritaire la production de bois d'œuvre et de service, ce qui explique la prépondérance donnée aux plantations d’Eucalyptus et de Dalbergia, espèces susceptibles de fournir des bois droits. Toutefois, vers la fin de cette période, compte tenu des résultats économiques des plantations, les efforts ont été orientés vers l’aménagement des formations naturelles.
Devant le retour de la sécheresse et l’accentuation des phénomènes de la désertification, on a pris de plus en plus conscience de la responsabilité de l’homme dans ce domaine, et partant, de la nécessité de l’associer obligatoirement à toute opération de lutte et de préparer la prise en charge par le monde rural de la gestion des ressources naturelles (gestion forestière intégrée et participative). Ainsi cette période a été marquée par :
- la mise en évidence des problèmes de bois de chauffe (études filières bois) ;
- l’Engagement de Maradi (foresterie communautaire) ;
- l’importance accordée à l’agro-foresterie ;
- la création des coopératives forestières et les premières opérations d’aménagement des forêts naturelles par les populations rurales.
Cette période a été caractérisée par (i) l’aggravation des problèmes de bois-énergie, particulièrement en ce qui concerne l’approvisionnement des grandes villes et (ii) la conception et l’émergence de la Stratégie Energie Domestique, ensemble d’instruments qui devraient à terme permettre une gestion rationnelle des formations naturelles et un approvisionnement régulier des populations en produits ligneux.