II. DESCRIPTION DES INVENTAIRES FORESTIERS OU ENQUETES

En dehors des formations forestières édaphiques du type mangrove, il existe en Guinée-Bissau deux ensembles biens distincts, de végétation de terre ferme.

Pour les décrire, il est apparu nécessaire de s’appuyer sur plusieurs sources :

La nomenclature de la Réunion de Yangambi de 1956,

Climats ; forêts et désertification de l’Afrique tropicale, A. Aubréville 1949,

Et la carte de végétation de l’Afrique au 1/5.000.000, octobre 1987 de la FAO.

~le premier ensemble au sud du pays qui fait partie des formations forestières fermées (closed forest formations) s’avère être la Forêt Dense Sèche dry Deciduous Forest ; NHCf selon la classification de la végétation de 1981 de la FAO ;

~le second ensemble, de plus grande extension, est intégré aux formations mixtes forestières et graminées (mixed forest-grassland formations) ; il s’agit de la Forêt Claire (Woodland ; NHC/NHO pour la classification FAO.

Ces deux types de forêts correspondent très bien aux deux principaux types de climat régnant sur le pays :

-Le climat guinéen maritime pour la forêt dense sèche : avec un contraste très marqué entre la saison sèche (5 mois) et la saison humide (7 mois). Les pluies en provenance du Golfe de Guinée démarrant et s’arrêtant brusquement de mai à novembre avec un indice pluviométrique très élevé : au-delà de 2.000 mm.

-Le climat guinéen de basse Casamance² pour la forêt claire : avec les mêmes passages brusques entre saisons sèche et humide, mais la pluviosité étant nettement moindre – 1.200 à 1.800 mm – et la durée de la saison sèche plus longue : 7 mois.

Deux évaluations ont lieu en Guinée-Bissau :

~Potentialités agricoles, forestières et pastorales – 3 vol. – 1978 – SCET-International ;

~Inventaire et classement des Forêts de Guinée-Bissau – 2 vol. 1985 – Atlanta Consult.

Ces deux projets ont fourni une cartographie de l’ensemble du territoire qu’il conviendrait d’actualiser en utilisant des outils permettant une révision rapide. Ils ont donné lieu aux documents cartographiques suivants:

~Carte d’occupation des sols au 1/200.000 en 2 coupures Est et Ouest ;

~Carte de vocation des sols au 1/200.000 en 2 coupures Est et Ouest ;

~Carte forestière au 1/500.000 ;

~Carte des infrastructures au 1/500.000 ;

~Carte des actions prioritaires au 1/500.000.

(Ces cartes ont été réalisées à partir de l’exploitation de photographies au 1/100.000 prises en janvier 1976 par l’Institut Géographique National ; elles constituent de très bons documents sur l’occupation des sols, mais d’importants changements ont été observés depuis 1976).

~Carte d’utilisation du sol au 1/100.000 en 37 coupures ;

~Carte des formations végétales au 1/100.000 en 37 coupures ;

(Ces dernières cartes résultent de l’interprétation de données satellitaires LANDSAT MSS (résolution 80 m environ) et d’un échantillonnage de photographies aériennes (950) stéréoscopiques qui ont été prises par les experts lors de survols systématiques de certaines régions en 1982. Bien que plus récents, ces documents présentent l’inconvénient d’être édités en 37 coupures. La reprise de ce travail, pour avoir une vision d’ensemble du pays, apparaît difficilement faisable.

Les légendes des types de forêts cartographiées de ces deux études ne sont pas identiques et la comparaison des résultats n’est pas aisée. Il est parfois difficile d’établir des correspondances.

* - non inventorié

Nous avons adopté la nomenclature officielle en vigueur, précédemment exposée : ainsi les forêts dites sub-humides sont des FORETS DENSES SECHES et forêts dites sèches ou demi sèches sont des FORETS CLAIRES.

Le Constat

Il faut mettre en exergue que les deux inventaires ainsi menés ont fourni des données globales de potentiel ligneux sur pied par espèces et par types de formation ; et ainsi, font défaut les notions de fréquence et de volume par espèces et par catégories de taille (notion essentielle de structure des peuplements) ; et en outre, les données ne sont pas ventilées par régions, par secteurs ou par grands massifs forestiers.

On retiendra les ordres de grandeur suivant de l’usage potentiel des sols :

~Palmeraies et arboriculture fruitière…………………………………………... 173.765 ha

~Cultures annuelles ou semi-permanentes sous palmeraies…………………. 87.490 ha

~Cultures annuelles ou semi-permanentes………………………………………. 341.795 ha

~Jachères associées aux cultures annuelles et semi-permanentes (usage pastoral extensif)…………………………………. 622.105 ha

~Riziculture ……………………………………………………………………… 281.285 ha

~Forêts de production et reboisements de production ………………………. 466.110 ha

~Végétation naturelle à usage sylvo-pastoral extensif ………………………... .378.750 ha

La Guinée-Bissau, par sa situation géographique au carrefour d’influences climatiques et surtout par sa topographie qui ménage de vastes plans d’eaux douces ou saumâtres, avec de grandes vasières et des mangroves très étendues, possède de nombreux biotopes particulièrement riches notamment pour les oiseaux migrateurs. Ces biotopes sont particulièrement fragiles. Selon l’inventaire faunistique réalisé en 1989, la Guinée-Bissau compte 64 espèces de mammifères ; 374 espèces d’oiseaux et 39 espèces de reptiles. Mais, si l’on en croit Philippe Charbonnet, le pays compterait 109 espèces de mammifères et 625 espèces d’oiseaux. Parmi les principaux mammifères identifiés on peut citer notamment : l’éléphant, l'hippopotame, le phacochère, le chacal, le lynx, buffle, l’hyène, chimpanzé, gazelle, biche, etc.…

En ce qui concerne l’archipel des Bijagos, des propositions préliminaires envisagent à la fois le développement des secteurs de la pêche et du tourisme, ainsi que la création de réserves intégrales, de réserves forestières, de noyaux de préservation et de classements de sites ayant une haute valeur esthétique ; la création d’une réserve de la biosphère englobant l’ensemble de l’archipel s’est concrétisé en 1996 ; ce statut, accordé sous le patronage de l’UNESCO, serait la consécration des Bijagos en tant que patrimoine mondial. Des études très poussées ont été menées en 1992 pour aboutir aux propositions qui consistent à mettre sous protection en tant que Parcs Nationaux les aires naturelles suivantes :

~les mangroves du Rio Cacheu (540 km²)

~les îles de Orango de l’archipel des Bijagos (680 km²)

~les lagunes de Cufada (990 km²)

~le massif forestier de Cantanhés (650 km²)

~les forêts claires de Dulombi (1.770 km²) où l’on trouve la plus grande diversité de vertébrés.

Ces superficies représentent 12% du territoire national, au sein desquelles sont intégrés à peine 3% d’îlots-refuges totalement protégés.