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6. COMPOSITION ET STRUCTURE DES FORMATIONS FORESTIERES

On admet généralement que le terme de "forêt tropicale sèche" prête à équivoque, car regroupant des formations telles que les forêts denses sèches, les fourrés, les forêts claires, les savanes et les steppes (boisées, arborées ou arbustives). Pour définir la forêt tropicale sèche, les auteurs se basent sur des concepts aussi différents que la structure de la végétation, son aspect, l’ensoleillement, les précipitations, l’évapotranspiration, le nombre de jours ou de mois secs, etc.

Devant le souci général ressenti d’utiliser une même référence pour la classification de la végétation naturelle tropicale, les scientifiques se sont mis progressivement d’accord pour harmoniser leurs positions. Pour l’Afrique, c’est lors de la réunion de spécialistes de Yangambi en 1956, qu’une classification consensuelle fut adoptée, laquelle est toujours en vigueur, quoique quelques insuffisances aient été décelées. C’est ainsi que pour décrire la végétation naturelle du Sénégal, c’est la terminologie de la classification de Yangambi qui a été utilisée. Parallèlement à cette dernière, l’on a fait parfois allusion à celle de la FAO (1981) utilisée dans certains ouvrages.

 

6.1 Description des principaux types de végétation recensés au Sénégal

6.1.1 Les forêts denses sèches

Le peuplement, pluristrate y est fermé, sans ouverture majeure du couvert (plus de 80 %) ; les arbres de la strate dominante ont une hauteur de 15 à 20 mètres, et perdent pour la plupart leurs feuilles en saison sèche ; le sous-bois est formé d’arbustes sempervirents ou décidus ; le tapis graminéen est généralement discontinu.

Ce type de végétation "climax" n’existe au Sénégal que sous forme de reliques en Basse Casamance, notamment dans le Parc national du même nom. La strate dominante est composée de trois espèces Parinari excelsa, Erythrophleum guineense et Detarium senegalense.

Dans la classification FAO, ce type de végétation est dénommé "Forêt dense feuillue" et est représenté par le symbole "NHCf".

6.1.2 Les forêts claires

Ce sont des peuplements ouverts avec des arbres de petite et moyenne taille, dont les cimes sont plus ou moins jointives, l’ensemble du couvert laissant largement filtrer la lumière. Ils sont pourvus d’un tapis graminéen couvrant plus ou moins partiellement le sol et d’une strate arborescente quasi continue (10 à 20 m de hauteur et 40 à 60 % de couvert). Les essences sont très grégaires, ce qui différencie ces forêts des savanes arborées.

 

 

Au Sénégal, on rencontre ce type de végétation en Basse Casamance (région de Ziguinchor), en Moyenne et Haute Casamance (région de Kolda), dans la partie méridionale de la région de Tambacounda et au Sud du département de Foundiougne (région de Fatick). Dans l’étage dominant, d’une hauteur de 15 à 20 mètres, on retrouve en Basse et Moyenne Casamance et dans le Sud du dépt de Foundiougne, les espèces suivantes : Khaya senegalensis, Afzelia africana, Ceiba pentandra, Pterocarpus erinaceus et Daniellia oliveri. En Haute Casamance et dans le Sud-Est du pays, on retrouve Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Bombax costatum, Cordyla pinnata et Daniellia oliveri. Le sous-bois est généralement composé de combrétacées. Cette formation, sous l’effet des agressions dont elle est victime (surexploitation ligneuse, défrichements agricoles, feux de brousse et surpâturage) tend à se dégrader progressivement pour se transformer en savanes boisées puis savanes arborées.

Dans la classification FAO, ce type de végétation est dénommé "Formations arborées feuillues mixtes, forestières et graminéennes" et est représenté par le symbole "NHc/NHO".

 

6.1.3 Les savanes

Les savanes sont formées d’un tapis herbacé continu, composé essentiellement de graminées vivaces et parsemé plus ou moins densément d’arbres ou d’arbustes à port souvent tortueux. Dans certaines dépressions, les arbres sont suffisamment rapprochés, formant ainsi une forêt claire.

Les savanes comprennent un certain nombre de faciès, identifiables selon la taille et la densité des espèces ligneuses, à savoir :

La savane boisée : les arbres et les arbustes forment un couvert généralement clair. La hauteur des arbres se situe entre 10 et 15 m pour une densité de couvert de 30 à 45 %. Ce type de végétation se rencontre dans le domaine soudanien sous deux formes (i) savane boisée à Anogeissus leicocarpus et Sterculia setigera, localisée dans la région de Kaolack, au Sud de la route nationale, et dans le département de Tambacounda, (ii) savane boisée avec Khaya senegalensis, Cordyla pinnata et Sterculia setigera, localisée dans le Nord des départements de Kolda et de Vélingara, vers la frontière avec la Gambie ; ce type de végétation, de même que le suivant, appartiennent, dans la classification FAO, aux "Formations arborées feuillues mixtes, forestières et graminéennes" représentées par le symbole "NHc/NHO" ;

 

 

La savane arborée : les arbres et arbustes sont disséminés. La hauteur des arbres se situe entre 8 et 12 m pour une densité de couvert de 25 à 35 %. Ce type de végétation se rencontre dans la zone sahélo-soudanienne sous quatre formes (i) savane arborée avec Khaya senegalensis, Parkia biglobosa, Tamarindus indica, Butyrospermum paradoxum et diverses combrétacées, localisée dans le Sud-Est du pays, (ii) savane arborée à Acacia seyal, Sclerocarya birrea et Combretum micranthum dans le Centre du pays (régions de Fatick et de Kaolack), (iii) savane arborée à Detarium senegalense et Parinari microcarpum, localisée dans la partie continentale des îles du Saloum, dont les berges sont couvertes par la mangrove (Rhyzophpra et Avicennia), (iv) savane arborée à Acacia senegal, A. raddiana, Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana dans le Nord (zone sylvo-pastorale) ; symbole classification FAO "NHc/NHO" ;

La savane arbustive : les arbustes sont disséminés, et leur hauteur se situe en dessous de 7 m pour une densité de couvert de 10 à 20 %. Ce type de végétation se rencontre dans la zone sahélienne, avec comme principales espèces Boscia senegalensis et Hymenocardia acida ; dans la classification FAO, ce type de végétation est dénommé "Formations (essentiellement) arbustives (feuillues)" et est représenté par le symbole "nH" ;

La savane herbeuse : les arbres et arbustes sont généralement absents, au profit de la strate herbacée.

 

6.1.4 Les steppes

Ce sont des formations herbeuses ouvertes, comportant un tapis herbacé discontinu et composées principalement d’espèces annuelles, avec parfois la présence de plantes ligneuses, généralement non parcourues par les feux. La strate ligneuse est de densité faible et de hauteur inférieure à 10 m et le tapis herbacé est composé d’une part de graminées vivaces, largement espacées, n’atteignant généralement pas 80 cm, à feuilles étroites, enroulées ou pliées, et d’autre part de plantes annuelles souvent abondantes entre les plantes vivaces (Cenchrus biflorus, Aristida spp, …).

Les steppes, à l’instar des savanes, comprennent un certain nombre de faciès, se rencontrant dans les zones les plus sèches, aux abords des déserts, à savoir :

La steppe arborée et/ou arbustive : ces types de végétation que l’on trouve au Sénégal dans le domaine sahélien et spécialement dans la zone sahélo-saharienne, et répandus sur les sols sablonneux, sont des steppes buissonnates à Acacia raddiana, A. senegal, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana, Calotropis procera, Leptadenia pyrotechnica ; ce type de végétation, dans la classification FAO rejoint les "Formations arborées feuillues mixtes, forestières et graminéennes" représentées par le symbole "NHc/NHO" ;

La steppe buissonnante : on y trouve des arbrisseaux et sous-arbrisseaux. Elle appartient dans la classification FAO, aux "Formations (essentiellement) arbustives (feuillues)" et est représenté par le symbole "nH".

 

6.1.5 Les fourrés

Ce sont des formations arbustives fermées, denses, de couvert supérieur à 80 %, formées uniquement d’arbustes et de plantes suffrutescentes, à feuillage sempervirent ou décidu, généralement d’accès difficile, dont la hauteur ne dépasse pas huit mètres. Le tapis graminéen est absent ou réduit à sa plus simple expression. Il s’agit généralement de formations édaphiques, tels les fourrés à Acacia ataxacantha présents dans les dépressions argileuses ou ceux à Combretum micranthum. On les rencontre en Basse Casamance

 

6.1.6 Les forêts galeries et franges ripicoles

Les forêts galeries sont des extensions de la forêt dense humide guinéenne en bioclimat plus sec. Elles sont localisées le long des cours d’eau d’une certaine importance, formant des bandes étroites de forêts denses au milieu des forêts claires et des savanes. L’on distingue deux grands types, en fonction de la taille du réseau hydrographique :

les galeries forestières des fleuves, caractérisées (i) par Acacia nilotica var. tomentosa (fleuve Sénégal), d’une hauteur de 10 à 12 m, en pleine zone sahélo-saharienne, (ii) par Khaya senegalensis, Cola Cordifolia et Afzelia africana (fleuve Anambé) en zone soudanienne ;

les galeries ou les cordons ripicoles colonisant les berges des marigots en zone soudanienne, sont caractérisés par des espèces non réellement ripicoles, mais des espèces de forêt claire "migrant" vers le lit mineur comme conséquence de la baisse de la pluviométrie, telles Bombax costatum, Daniella oliveri, Diospyros mespiliformis, Lannea microcarpa, ….. ; la hauteur se situe entre 12 et 20 m ;

les franges ripicoles localisées dans le sud de la zone sahélienne, sur les bords des mares et des berges des cours d’eau à écoulement temporaire, qui sont colonisées par Mitragyna inermis, Acacia nilotica et A. seyal.

 

 

6.1.7 Les palmeraies naturelles

L’Elais guineensis (palmier à huile) est très répandu en Basse et Moyenne Casamance, soit à l’état isolé, soit en bouquets assez serrés. Aubreville (1948) a émis l’hypothèse que cette espèce se trouvait probablement dans son aire d’origine, car il se reproduit partout, dans les peuplements forestiers fermés et dans la savane secondaire, à la limite des zones marécageuses, le long des vallées des cours d’eau pérennes, saisonniers, ou fossiles, et à l’abri des dunes littorales, ce qui n’est pas le cas sous les lattitudes plus basses. Le vif intérêt porté au palmier à huile par les populations locales, pour les fruits (huiles et noix) et le vin, expliquent sa présence à proximité des villages et son extension dans les terrains de cultures. Avec l’impact de la sécheresse, l’on a noté une certaine régression de cette formation, due tant à la baisse de la nappe phréatique, que de la surexploitation des sujets pour la production de vin de palme, surtout au niveau des parcelles louées pour un temps à des personnes désireuses de maximiser leur argent, sans un souci pour l’avenir des sujets exploités.

Le Borassus aethiopum (Rônier) se comporte également très bien en Basse été Moyenne Casamance, se rencontrant également aussi bien à l’état isolé, qu’en bouquets assez serrés. Le Rônier n’a cependant pas bénéficié du même respect que le palmier à huile de la part des populations lors des défrichements, du fait que son bois est très apprécié dans les constructions rurales du fait de sa grande résistance par rapport aux termites.

 

 

 

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