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7. POTENTIEL DE PRODUCTION DES FORMATIONS FORESTIERES

L’évaluation de la productivité annuelle des formations forestières naturelles ou artificielles correspond de bien entendu, à une donnée précise, permettant de déterminer la possibilité et la potentialité de reconstitution d’une formation ciblée. L’on admet ainsi que si l’inventaire et les informations complémentaires sont indispensables à la gestion spatiale de la forêt, l’évaluation de la productivité est nécessaire à sa gestion durable.

L’on constate que les données relatives à la productivité des peuplements forestiers sont rares. Dans les premières expériences sénégalaises en matière d’aménagement forestier (forêt classée de Bandia en 1954, et forêts classées du Rail durant la période 1963-74), le potentiel productif avait été estimé sommairement, en stères de bois ou quintaux de charbon par hectare, sur la base de coupes observées 15 à 20 ans auparavant. Durant la mise en œuvre des plans d’aménagement élaborés, l’on s’est rendu compte que les niveaux de production avancés étaient généralement surestimés, à savoir :

 

 

Productions prévues

 

Productions obtenues

Forêt de Bandia

50 qx/ha de charbon

40 qx/ha de charbon

Forêt de Koupentoum

40-50 qx/ha

35 qx/ha

Forêt de Malem Hoddar

40-50 qx/ha

30-40 qx/ha

Nota bene - Le taux de conversion de la meule traditionnelle utilisée était estimé à 8 mc pour une tonne de charbon.

Clément (1982) avait proposé, pour l’Afrique de l’Ouest, un graphique d’estimation des productivités, en fonction de la pluviosité et de l’état de la forêt. Sa formule donne la relation entre la productivité potentielle d’un peuplement sans protection exprimée en mc/ha/an et le niveau des précipitations annuelles exprimé en mètres, calculée à un âge moyen d’exploitation d’environ 20 ans :

Productivité = Io = 0,05129 + 1,08171 x Précipitation²

Parallèlement, Clément a défini des valeurs de productivité maximale pouvant être trouvées dans les savanes protégées des feux de brousse ou aménagées :

Imax = 1,25 Io

et des valeurs de productivité minimale dans les zones dégradées : Imin = 0,25 P²

Dans le tableau n° 09, à côté des données de productivité de Clément, figurent celles de Goudet (1985), concernant toujours l’Afrique de l’Ouest, permettant cependant de cerner les ordres de grandeur de la productivité des formations naturelles non dégradées par une surexploitation ligneuse, un surpâturage ou des feux annuels tardifs, ainsi que celles de Catinot (1985), donnant des estimations de productivité maximale de peuplement sans protection particulière.

L’on admet communément que les données de Clément sont sous-estimées.

7.1 Présentation de divers travaux de recherche sur la productivité des forêts avant 1985

"Les différentes tentatives de synthèse des travaux d’aménagement des forêts naturelles dans les zones tropicales sèches ont abouti au constat relatif à l’insuffisance des connaissances tant du point de vue des disponibilités en produits ligneux présents au sein de ces formations naturelles qu’en ce qui concerne les aspects liés à la productivité et à la croissance de ces peuplements en relation avec les techniques d’aménagement.

D’autres part, les études entreprises dans les diverses zones concernées ont souffert d’un manque de continuité, de concertation et de rigueur dans les méthodologies d’approche ; cette situation n’a pas permis aux aménagistes forestiers de capitaliser sur les résultats obtenus qui restent très diffus, ce qui rend difficile l’établissement de liens entre eux, donc l’élaboration de modèles de production permettant de faire des prévisions ".(Clément, 1982).

En partant de ce constat, l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA), appuyé par le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT), devenu le CIRAD-Forêt, a mené des travaux de recherche forestière pour une meilleure maîtrise du potentiel ligneux sur pied et de la croissance des formations naturelles mixtes forestières et graminéennes dans certaines zones écologiques du pays

Les principaux travaux répertoriés auparavant sont les suivants.

Zone de la vallée du fleuve Sénégal : au niveau des peuplements purs de Gonakié (Acacia nilotica) localisés le long du fleuve Sénégal, d'après Perraudin (1972) et Goudet (1984), la production serait de 140 à 250 mc/ha, soit une productivité de l'ordre de 5 à 8 mc/ha/an ;

Zone soudano-sahélienne proche du littoral : étude de la productivité d’un peuplement d’Acacia seyal , menée par l’ISRA dans la forêt de Bandia, par le biais d’un inventaire fait au taux de 10 %, avec relevé de la hauteur totale, le diamètre à 1,30 m et le diamètre du houppier ; trois types de peuplements ont été définis en fonction du nombre de tiges ; l’on a ensuite exploité différentes parcelles de chaque type, pour obtenir finalement une production oscillant entre 0,4 et 1,2 mc/ha/an, en fonction du type de peuplement ;

Zone forestière en Moyenne Casamance (Sédhiou) : les données sont tirés des travaux de A. Tamba au niveau de la forêt secondaire de Séfa. Un inventaire à 13 % a permis de définir la composition botanique, la structure des différents peuplements, la fréquence des espèces en comparant un peuplement dit secondaire, recrû d’une aire déforestée 33 ans auparavant, et reconstituée depuis, naturellement, à un peuplement dit "primaire", ancienne forêt dégradée. Tamba a subdivisé la forêt secondaire en trois zones :

zone riche : sur un quart de la superficie totale, avec plus de 40 % d’essences de bois d’œuvre ayant un diamètre égal ou supérieur à 10 cm ; un volume fût de 42,55 mc/ha, et 129 stères représentant 90,3 mc/ha de bois de feu, soit un volume total de 132,89 mc/ha ;

zone moyenne : sur la moitié de la superficie totale, entre 25 et 40 % d’essences de valeur ; un volume fût de 31,23 mc/ha, et 126 stères représentant 89,0 mc/ha de bois de feu, soit un volume total de 119,20 mc/ha ;

zone pauvre : sur un quart de la superficie totale, avec moins de 25 % d’essences de bois d’œuvre ; un volume fût de 21,66 mc/ha, et 144 stères correspondant à 100,8 mc/ha de bois de feu, soit un volume total de 122,46 mc/ha.

La productivité moyenne pour l’ensemble de la forêt de Séfa a été estimée à 3,7 mc/ha/an.

 

Par ailleurs les divers essais ou tests menés en zone soudano-guinéenne et soudanienne sur la régénération naturelle ont tous confirmé le dynamisme végétatif élevé des formations naturelles mixtes forestières et graminéennes, formations qui se renouvelleraient aisément si elles étaient protégées efficacement contre les feux de brousse, principal facteur de savanisation de ces formations.

 

7.2 Présentation du programme de recherche sur la connaissance de la productivité et de la croissance des formations naturelles mixtes forestières et graminéennes

L’ISRA-DRPF et le CIRAD-Forêt ont bénéficié d’un contrat STD2-0081 F (SP), intitulé "Renforcement des activités de recherches menées dans les pays africains dans le domaine de la connaissance de la productivité et de la croissance des formations naturelles mixtes, forestières et graminéennes, dans le but de leur aménagement". Ce programme de recherche devait permettre de corriger les lacunes et autres insuffisances notées dans les diverses expérimentations passées, tant au Sénégal qu’en Afrique subsaharienne, à savoir :

__________________________________________________

(*) "Techniques sylvicoles et aménagement d’un peuplement forestier naturel de Basse et Moyenne Casamance - CNRF, Dakar - 1984 - A. Tamba.

 

 

utilisation de méthodes de cubage ou d’hypothèses de base différentes (exemple : choix du coefficient d’empilage pour convertir des stères en mc),

méconnaissance de l’année de coupe à blanc entraînant des chiffres de productivité peu fiables,

création de catégories d’espèces subjectives, telles espèces de valeur/espèces secondaires et bois tendres/bois durs, avec pour chacune d’elles l’application d’un tarif de cubage différent,

variabilité de l’échantillonnage suivant les études,

observation de dégradations ponctuelles que subissent les formations au fil du temps, malgré les précautions prises, telles l’écrémage des troncs les plus appréciés par les riverains, les dégâts dus aux feux et au bétail, …, et enfin,

diversité des méthodes utilisés pour les mesures de volume : estimation sur pied, cubage des rondins sur arbres abattus, cubage indirect par la pesée des rondins, ….

Ces caractéristiques interférant sur la productivité, rendent les résultats difficilement comparables. D’où la nécessité d’harmoniser les méthodes dendrométriques et statistiques de prises de mesures.

Les chiffres de productivité cités dans les rapports sur les expérimentations passées varient de 0,35 - 0,50 mc/ha/an en zone sahélo-soudanienne à 3,2 mc/ha/an en savane humide Centrafricaine. La grande majorité des productivités trouvées oscillent autour de 1 à 1,5 mc/ha/an.

Les principaux objectifs de ce programme de recherche mené par la DRPF/ISRA, qui a connu deux phaes (1985-87 et 1989-93), se présentent comme suit :

connaître la productivité naturelle en bois de feu et la croissance des formations ligneuses naturelles dans différentes zones écologiques ;

quantifier la productivité obtenue dans des conditions simples d’aménagement telles que la mise en défens contre le feu et le bétail, et l’exploitation en taillis ou taillis-sous-futaie ;

améliorer les techniques de mesure et d’estimation des volumes utilisés dans ce type de formation ligneuse.

7.2.1 Présentation des trois sites d’études

Les trois zones d’études choisies pour le programme sont :

 

 

la forêt classée des Bayottes en Basse Casamance, située à 17 km au Sud de Ziguinchor, couvrant une superficie de 960 ha ; la pluviométrie moyenne se situe entre 1.100 et 1.200 mm ; cette forêt renferme des vestiges de la végétation climatique avec la présence dans la futaie d’espèces guinéennes telles Albizzia ferruginea, Antiaris africana, Chlorophora regia, Daniellia ogea, Detarium senegalense, Erythrophleum guineense, Khaya senegalensis, Parinari excelsa ; la dégradation du climat et les feux de brousse répétés ont fait évoluer cette formation vers une forêt claire plus ou moins ouverte où les espèces typiquement soudaniennes ont pris le dessus : Afrormosia laxiflora, Daniellia oliveri, Pterocarpus erinaceus ; le sous-étage est formé de Combretum nigricans, Terminalia macroptera, T. glauscecens, Lannea acida, …, et est en outre très riche en lianes telles Landolphia heudelotii et Saba senegalensis ; la forêt ne brûle plus depuis 1978, mais les jeunes plants subissent des dégâts de la part de la faune herbivore, fort riche ;

la forêt de Séfa en Moyenne Casamance : une superficie de 30.000 ha avait été affectée à la Compagnie Générale des Oléagineux Tropicaux pour y cultiver de l’arachide ; sur 10.000 ha défrichés en 1949 seuls 5.000 ha ont été mis en valeur ; le reste a été recolonisé par une formation forestière secondaire en plusieurs lambeaux. Le site choisi comprend ainsi en partie la forêt secondaire (70 ha), et en partie, la forêt originelle (80 ha). La pluviométrie se situe entre 900 et 1.000 mm. La futaie est surtout formée de Daniellia oliveri, Ostryoderris sthulmanii, Pterocarpus erinaceus (rare dans la forêt secondaire), Cordyla pinnata, Detarium microcarpum, Erythrophleum africanum, accompagné de Combretum glutinosum et Lannea velutinosa (surtout en forêt secondaire) ; cette forêt subit une triple agression, avec le passage de fréquents et virulents feux de brousse, le surpâturage et les empiétements agricoles de la part des populations riveraines ;

La forêt classée de Vélor au Sine-Saloum (zone du bassin arachidier) se trouve à 25 km au Sud-Ouest de Kaolack, et couvre une superficie de 7.000 ha. La pluviométrie tourne autour de 500 à 600 mm. La végétation de cette forêt est composée essentiellement d’Acacia seyal en peuplement quasi pur mélangé avec Combretum glutinosum, Balanites aegyptiaca ou Pilliostigma reticulata. Si cette forêt n’est pas parcourue par les feux (disparition rapide de la strate herbacée) elle subit d’une part, une forte pression de la part du cheptel de la zone, et d’autre part l’exploitation clandestine pour le charbon de bois de la part des riverains, en destination du marché de Kaolack.

7.2.2 Méthodologie et déroulement des différentes opérations

Avant le lancement de cette expérimentation de longue durée et dans le traitement de très nombreuses données de terrain, des principes simples avaient été arrêtés, à savoir :

mise en place d’un dispositif rustique avec des traitements peu nombreux, simples et réalistes, installés dans des parcelles de grande taille,

quatre répétitions de chaque traitement dans chacun des trois sites pour appréhender la diversité naturelle des peuplements,

définition de modèles de production et estimation de leur robustesse à partir de traitements exploités sur chaque site (tarifs de cubage de peuplement et individuel),

comptages et mesures effectués chaque année, à la même époque, durant le repos de la végétation.

Il s’agit de parcelles permanentes d’observatio ns destinées à quantifier la productivité des formations ligneuses dans trois sites (Bayottes, Séfa et Vélor) et surtout de mettre en évidence l’effet positif ou négatif de certains traitements sylvicoles, tels :

exploitation (en taillis simple ou taillis sous-futaie) ou pas d’exploitation,

protection contre le bétail ou pas de grillage,

feu précoce ou pas de feu (à Séfa).

Le dispositif consiste en un ensemble de blocs complets randomisés, à quatre répétitions.

7.2.2 Principaux résultats du programme

7.2.2.1 Résultats généraux

Première phase 1985-87

Au cours de cette phase, les acquis et réalisations à signaler sont les suivants :

l’identification, la délimitation et la protection des répétitions dans les trois sites ; selon un protocole innovant, mais rustique ;

l’inventaire exhaustif initial de toutes les parcelles traitées, ou non (témoins) ;

l’exploitation (en taillis simple ou en taillis-sous-futaie) selon le protocole établi ;

le calcul de tarifs de cubage (individuels et de peuplement).

Seconde phase 1988-93

Les actions et les résultats qui en ont découlé directement sont les suivants :

un inventaire annuel exhaustif de la futaie ;

un inventaire annuel partiel, sur échantillon, du taillis ;

des études du milieu (sol, végétation) ;

quatre rapports annuels traitant des inventaires annuels et leur exploitation, sommairement présentés (histogrammes d’effectifs par parcelles).

7.2.2.2 Résultats obtenus à Vélor

Seuls les résultats du site de Vélor ont pu être publiés, les sites des Bayottes et de Séfa ayant été compromis par l’insécurité régnant en Basse et Moyenne Casamance du fait des actions de rébellion du MFDC. Par ailleurs, le passage répété de feux a totalement remis en cause le dispositif installé dans ces deux forêts.

Le dispositif de Vélor se compose de quatre blocs de quatre parcelles. Chaque parcelle mesure 100 m sur 100 m ; elles sont séparées par une zone tampon de 20 m entre les zones clôturées et celles non clôturées, et de 30 m entre les zones exploitées et celles non exploitées. Chaque parcelle est divisée en 16 carrés unitaires de 25 m par 25 m.

Les traitements suivants ont été appliqués :

Traitement 1 = non exploité, non clôturé

Traitement 2 = non exploité, clôturé

Traitement 3 = exploité (coupe à blanc), non clôturé

Traitement 4 = exploité (coupe à blanc), clôturé

La première mensuration a été effectuée en février 1987, juste avant l’application des traitements, suivant les dispositions suivantes :

les Acacia seyal ont été dénombrés par carrés, tandis que les autres espèces l’ont été au niveau de la parcelle,

toutes les tiges ont été mesurées en diamètre à 1,30 m du sol au compas finlandais pour les tiges de diamètre inférieur à 20 cm à 0,20 m du sol et au ruban dendrométrique pour les autres,

la hauteur individuelle de toutes les tiges a été relevée,

toutes les tiges ont été identifiées botaniquement.

La dernière mensuration a été effectuée en octobre 1993, soit six ans et demi après la première mensuration, comme suit :

toutes les essences ont été dénombrées et identifiées botaniquement par carré,

pour les parcelles non exploitées :

toutes les tiges ont été mesurées en diamètre à 1,30 m à l’aide d’un ruban dendrométrique,

la hauteur individuelle a été relevée dans les quatre carrés centraux,

pour les parcelles exploitées :

toutes les tiges ont été dénombrées par classes de diamètre à l’aide d’un compas finlandais.

Les classes de diamètres utilisées pour analyser la structure en effectif du peuplement ont été les suivantes :

Classe 1 : 0 < diamètre < 4 Classe 2 : 4 < diamètre < 6

Classe 3 : 6 < diamètre < 8 Classe 4 : 8 < diamètre < 10

Classe 5 : 10 < diamètre < 12 Classe 6 : 12 < diamètre < 14

Classe 7 : 14 < diamètre < 16 Classe 8 : 16 < diamètre < 18

Classe 9 : 18 < diamètre < 20 Classe 10 : 20 < diamètre < 30

Classe 11 : 30 < diamètre < 40 Classe 12 : 40 < diamètre

Première mensuration de 1987

Le graphique 1 représente les effectifs par hectare des quatre blocs, par classes de diamètre. On dénote pour l’ensemble des blocs, une allure anormale des courbes, notamment pour les petites classes diamètriques sous-représentées, du fait probablement de la pression du bétail qui hypothèque l’avenir de la jeune régénération.

Le tableau n° 10 suivant synthétise les différents résultats.

 

 

BLOC 1

BLOC 2

BLOC 3

BLOC 4

1. Structure du peuplement (allure des courbes des effectifs)

Allure anormale au niveau des petites classes diamétriques insuffisamment représentées.

Idem

Idem

Allure normale de la courbe

2. Composition floristique

17 espèces présentes sur un total de 27 ; bloc moyennement diversifié et riche, et pauvre en nombre total de tiges (400 t/ha), avec une forte proportion d’Acacia seyal (80 %).

22 espèces présentes sur un total de 27 ; bloc très diversifié et très riche. Plus faible présence de Sourour (50 %) avec du Combretum glutinosum (38 %)

17 espèces présentes sur un total de 27 ; bloc moyennement diversifié et riche, et pauvre en nombre total de tiges (400 t/ha), avec une forte proportion d’Acacia seyal (80 %).

14 espèces présentes sur un total de 27 ; bloc pauvre en espèces. C’est une zone à Sourour (92 à 83 %). Autres espèces : Combretum glutin.

Surface

terrière

TEC : 5,02 m²/ha

Acacia : 3,61 m²/ha

TEC : 5,17 m²/ha

Acacia : 2,31 m²/ha

TEC : 4,86 m²/ha

Acacia : 3,48 m²/ha

TEC : 4,07 m²/ha

Acacia : 3,51 m²/ha

4. Volume

TEC : 32,4 mc/ha

Acacia : 22,9 mc/ha

TEC : 31,8 mc/ha

Acacia : 13,7 mc/ha

TEC : 30,2 mc/ha

Acacia : 21,0 mc/ha

TEC : 18,7 mc/ha

Acacia : 15,4 mc/ha

Nota bene - TEC = Toutes Espèces Confondues / Acacia = Acacia seyal

Tarif de cubage Acacia seyal : Volume = 0,0232 - 0,0736 x D + 0,0896 x D²

Tarif de cubage Autres espèce : Volume = 0,0339 - 0,0822 x D + 0,0852 x D²

(Le volume est exprimé en mc et le diamètre en dm ; domaine de validité : 7-36 cm/dhp)

Dernière mensuration de 1993

Cette campagne de mensuration a été principalement analysée par traitement, qui par comparaison avec la campagne de 1987, permettra d’étudier l’incidence des traitements appliqués.

Pour la structure du peuplement, les graphique 2 (traitements 1 à 4) représentent la fréquence des effectifs par ha entre 1987 et 1993.

Les traitements 1 et 2, non exploités, possédaient un déficit en nombre de tiges pour des diamètres compris entre 8 et 12 cm en 1987, attribué sans doute aux prélèvements répétés des populations riveraines avant l’installation du dispositif ; la structure du peuplement en 1993 semble ainsi plus régulière.

Quant la composition floristique par parcelle, l’on dénombre en 1993, 23 espèces différentes ; cinq ont disparu : Albizia sp, Cordyla pinnata, Prosopis africana, Acacia ataxacantha, Hexalobus monopetalus ; une espèce est apparue, Combretum micranthum.

La disparition de ces espèces peut s’expliquer par leur très faible fréquence en 1987 et le passage d’un feu.

L’exploitation des parcelles n’a ainsi pas engendré une diminution significative d’espèces.

Les tableaux exposent les effectifs par ha et par parcelle en 1987 et 1993 des espèces les plus représentées.

Les traitements 1 et 2, non exploités, présentent une diminution des effectifs pour les petites tiges, principalement pour le traitement 1 non clôturé. Cette diminution provient essentiellement d’une mauvaise régénération d’Acaca seyal. Le nombre de moyennes tiges a augmenté principalement grâce à Acacia seyal.

Les traitements 3 et 4, exploités, possèdent une bonne régénération pour l’Acacia seyal et Combretum glutinosum, contrairement à Lannea acida.

Le nombre de petites tiges par ha est très élevé, de 1.140 pour le traitement 3 à 2.140 pour le traitement 4.

Pour la surface terrière, l’analyse du graphe du gain de surface terrière pour toutes les essences et tous les diamètres, a permis de noter qu’en moyenne, les parcelles non exploitées (1,2 m²/ha) ont un gain inférieur aux parcelles exploitées (2,0 m²/ha) ; les parcelles protégées et exploitées ayant le plus fort gain (2,3 m²/ha).

Quant au volume, la moyenne des parcelles non exploitées est de 33,5 mc/ha en 1993, supérieur de 6,6 mc/ha par rapport à 1987, soit une augmentation de 1,1 mc/ha/an, représentés à 90 % par l’accroissement d’Acacia seyal. Les parcelles exploitées présentent une production totale à 6 ans de 2,5 mc/ha, soit 0,4 mc/ha/an. Cette faible production est imputable à la jeunesse du peuplement, et là aussi, Acacia seyal y a contribué pour 90 % du volume total.

7.3 Présentation des divers travaux d’inventaire forestier

Au Sénégal, si au niveau de l’ensemble des six zones éco-géographiques, des travaux d’inventaire forestier ont pu être menés, à des degrés très variables, seule celle de Casamance, dite Forestière, a bénéficié à ce jour, d’un inventaire exhaustif. Ainsi, en l’absence d’un inventaire national, les estimations des potentialités des ressources forestières du pays avaient été faites en 1980, sur la base d’inventaires régionaux et locaux réalisés, de couvertures aériennes et d’imagerie satellitaire, et enfin de reconnaissances aériennes.

Avec l’intérêt suscité par les formations forestières naturelles, une attention plus forte a été porté par les autorités nationales à leur gestion durable. C’est ainsi, qu’avec l’appui du système des Nations Unies, le Gouvernement du Sénégal a lancé depuis 1973, un programme de gestion des forêts de Casamance, à partir d’une bonne connaissance de leur potentiel. Depuis lors plusieurs inventaires à un niveau plus réduit (une ou deux forêts) ont été réalisés pour des besoins d’aménagement.

7.3.1 Inventaires de reconnaissance des forêts de Casamance

C’est ainsi que trois grandes opérations d’inventaire seront lancées entre 1974 et 1984, à savoir :

Période Zone couverte Superficie

1973-74 Basse Casamance 260.000 ha

1975-76 Moyenne Casamance 500.000 ha

1984 Haute Casamance 750.000 ha

Les principaux résultats et enseignements ont été les suivants :

Inventaire de Basse Casamance : cet inventaire a couvert en réalité toute la Basse Casamance (actuelle région de Ziguinchor) et une partie de la Moyenne Casamance (département de Sédhiou, région de Kolda) ; il a couvert non seulement les forêts sur terre ferme, mais aussi la mangrove, avec les extraits suivants :

la mangrove, dominée par deux espèces, Rizophora racemosa et Avicennia nitida, présentait sur une superficie de 15.000 ha un volume sur pied de bois de service (perches de constructions) et de bois de feu d’environ 50 mc/ha, auquel l’on pouvait ajouter un volume de 15 mc/ha de bois mort sur pied, d’où une possibilité de 16.000 à 17.000 mc/an, si cette formation était aménagée ;

les forêts sur terre ferme : (i) le potentiel sur pied, à la découpe de 10 cm, tourne autour de 60 à 95 mc/ha, dont 20 à 45 mc/ha de volume-fût, ce qui fait ressortir l’importance relative des surbilles et des grosses branches dans ces types de forêts, outre à un volume de 5,5 mc/ha de bois mort sur pied ; (ii) sur 120 espèces ligneuses recensées, 75 avaient été recensées et 85 % du volume total de gros bois étaient concentrés sur 17 espèces dont 7 représentaient 70 % du volume, dont Daniellia oliveri (25,7 %), Pterocarpus erinaceus (13,9 %) et Khaya senegalensis (9,3 %) ; (iii) une possibilité de 55.000 à 60.000 mc/an de bois d’œuvre et de 70 .000 à 100.000 mc/an de bois d’énergie, si ces formations étaient aménagées.

Inventaire de Moyenne et Haute Casamance : cet inventaire a eu les principaux résultats suivants :

un potentiel sur pied, à la découpe de 10 cm, tournant autour de 35 à 55 mc/ha, dont 20 à 25 mc/ha de volume-fût,

une possibilité d’environ 30.000 mc/an de bois d’œuvre et de 40.000 à 50.000 mc/an de bois d’énergie, si ces formations étaient aménagées.

En intégrant les données des trois inventaires, nous obtenons le tableau n° 11 :

7.3.2 Inventaires d’aménagement réalisés en Casamance

A côté de l’inventaire qui a couvert 15.100 km² des 28.000 km² du bassin hydrographique de la Casamance, plusieurs inventaires ont été effectués au niveau de forêts classées durant ces vingt dernières années, à savoir :

Inventaire de la forêt classée de Dabo (dépt de Kolda), en 1984, d’une superficie de 13.300 ha,

Inventaire des forêts de Mahon et Bakor (dépt de Kolda), en 1988, sur une superficie de 100.000 ha ;

Inventaire de la forêt de Balmadou, en 1996, sur une forêt de 22.000 ha,

Inventaire des forêts classées de l’Anambé et de la Kayanga, en 1998, sur une superficie de 16.200 ha.

 

Ces différents inventaires forestiers réalisés en Moyenne et Haute Casamance depuis 1984, ont permis d’identifier un processus de savanisation en cours, s’accentuant de plus en plus avec la dégradation du couvert végétal.

Le principal facteur de régression du couvert forestier de la région est sans nul doute constitué par les fréquents et virulents feux de brousse, avec la conjonction des périodes successives de sécheresse vécues durant les deux dernières décennies. Le processus de savanisation susdit est perceptible par les indicateurs suivants :

réduction régulière de la densité des formations forestières, avec le passage de la "Forêt claire" à la "Savane boisée" puis à la "Savane arborée" ;

hausse constante du volume de bois mort sur pied, atteignant 10 à 12 % du volume total sur pied, et touchant des espèces de la futaie telles le Venn, le Dimb et le Santan, ce au profit d’espèces pyrophyles de moindre importance économique ;

disparition systématique de la régénération des essences de l’étage dominant, ce qui pose une sérieuse hypothèque sur le maintien de la composition floristique initiale de la futaie ;

pertes importantes de productions non ligneuses, telles les fruits, le miel, le fourrage, les exsudats….

7.3.3 Nouvelles perspectives en matière d’inventaire

Le Projet de gestion durable et participative des énergies renouvelables et de substitution (PROGEDE), qui bénéficie d’un financement de la Banque Mondiale et des Pays-Bas, envisage de réaliser cette année un inventaire sur au moins 600.000 ha de forêts en région de Tambacounda et de Kolda, en vue de leur aménagement. En plus de l’estimation du potentiel sur pied, il est prévu d’installer des parcelles permanentes au niveau de faciès végétatifs différents en vue d’une bonne évaluation de leur productivité.

 

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