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Section 3 Etudes quantitatives des PFNL

Cette section décrit l'expérience actuelle dans le domaine de l'évaluation des ressources en PFNL. Elle couvre les inventaires, les mesures de rendement, les études de croissance, la détermination et le contrôle des niveaux de récolte.

3.1 Déterminer la quantité de ressource présente

Ceci est souvent appelé "inventaire quantitatif".

La quantification des ressources peut signifier quelque chose de différent pour un écologiste, pour un forestier, ou pour un autre acteur. Mais les définitions reviennent à signifier : Une énumération rigoureuse sur le plan biométrique de l'abondance et de la distribution des populations ressources.

De nombreuses conceptions, une seule structure

Il existe de très nombreuses conceptions différentes d'inventaires, en partie parce qu'il existe de nombreux types de PFNL différents - plante et animal. Bien que les méthodes d'inventaire des PFNL semblent être très différentes, elles contiennent toutes quatre éléments de base, comme le montre la Figure 3. Le choix de la méthode, parmi toutes celles qui sont utilisées à chaque étape de la conception d'un inventaire quantitatif de PFNL, sera discuté plus loin dans la Section 5.

Les méthodologies utilisées pour l'inventaire des PFNL sont une adaptation des nombreuses expériences disponibles à travers les sciences botaniques et animales. Les inventaires de PFNL ont utilisé relativement peu des méthodes disponibles pour les raisons suivantes :

• l' évaluation des PFNL est un sujet relativement récent ;
• le type de ressource étudié - par exemple l'importance disproportionnée accordée aux fruits ; et
• le contexte de l'évaluation des PFNL - le PFNL n'est pas toujours l'objet principal de l'inventaire.

Figure 3: Structure basique de la conception d'un inventaire quantitatif

 

Les méthodologies peuvent être adaptées selon l'espèce étudiée et la disponibilité de temps, d'argent et de ressources humaines. Le niveau d'adaptation dépend aussi de l'importance des PFNL dans l'inventaire. Trois contextes clairs peuvent être distingués :

• l'inventaire d'une ressource unique : lorsque l'inventaire cherche à évaluer quantitativement l'abondance et la distribution d'une seule espèce de PFNL ;

• un objectif unique, avec un inventaire de ressources multiples : lorsque l'inventaire s'intéresse à plusieurs ressources pour la même raison - c'est-à-dire un inventaire stratégique, pour plusieurs PFNL différents ; et

• un inventaire de ressource à usage multiple : lorsque l'inventaire de PFNL a lieu en même temps que d'autres inventaires pour d'autres objectifs, comme la gestion forestière pour le bois d'_uvre ou la protection des bassins versants.

L'inventaire d'une seule espèce ressource

Il existe peu d'inventaires réalisés pour une espèce unique - c'est une démarche coûteuse donc le produit doit avoir une valeur élevée (d'habitude pour l'exportation) ou soumis à une législation spécifique. Même dans ce cas, peu d'études aspirent en réalité à évaluer quantitativement l'espèce in situ et les méthodologies sont rarement façonnées spécifiquement aux caractéristiques de l'espèce.

Six raisons principales pour réaliser l'inventaire d'une espèce unique ont été identifiées :

• fournir une connaissance nouvelle/initiale des conséquences de l'exploitation sur une espèce (par exemple, les tapirs à Belize - Fragoso, 1991) ;

• évaluer le potentiel d'une espèce particulière pour soutenir la demande accrue (par exemple, pour les produits du palmier en Namibie - Sullivan et al., 1995) ;

• évaluer le potentiel d'un territoire pour une récolte durable d'un produit commercial (par exemple, les rotins dans l'île Barateng en Inde - Sharma et Bhatt, 1982) ;

• chercher où un produit commercial peut être trouvé (par exemple, les arbres fruitiers de savane au Bénin - Schreckenberg, 1996) ;

• fournir l'information permettant de déterminer des quotas de récolte pour une espèce soumise à une législation nationale ou internationale (par exemple, une espèce inscrite à la convention CITES, comme le caïman exploité pour sa peau au Venezuela - Velasco et al., 1996) ; et

• la recherche universitaire, pour mieux comprendre une espèce, pour des raisons écologiques, historiques ou culturelles (par exemple, la compréhension du rôle des ignames sauvages dans les régimes alimentaires humains actuels et passés en Afrique centrale - Hladick et Dounias, 1993).

Des exemples de conceptions d'inventaires utilisées dans ces études sont présentés dans le Tableau 7. En résumé, même si les inventaires d'une ressource unique constituent une bonne opportunité pour développer des protocoles d'inventaires de PFNL qui sont fiables, le travail réalisé s'est révélé insuffisant pour faire des progrès significatifs.

Tableau 7: Conceptions d'inventaire utilisées dans les études de ressources uniques

Type de produit

Conception de l'échantillonnage

Configuration des placettes

Enumération

Auteur

Ecorce d'arbre

Systématique (1%)

Carré de 50x50 m

Diamètre des arbres >10 cm

Acworth et al., 1998

Sève d'arbre

Campagne aérienne, 2 vols

11 sites possibles

Estimations visuelles

Zieck, 1968

Fruit d'arbre

Transects subjectifs

Transects de 10 m de large et jusqu'à 1 km de long

Diamètre des arbres >10 cm

Shankar et al., 1996

 

Six transects systématiques distribués en rayon (placettes tous les 100 m sur une section de 3 km de long)

Carré autour d'un point central

Diamètre des arbres >3 cm et des souches >50 cm

Schreckenberg, 1996

Fibre de palmier

Stratifié :

Oxisols et podzols : plan des placettes non indiqué

Sols à gley : placettes linéaire de 600 m de long, 20 m entre les placettes

Oxisols et podzols: rectangle de 100x50 m

Sol à gley: méthode des carrés centrés

Hauteur mesurée pour tous les troncs de la placette

Lescure et al., 1992

Rotins

Sélection subjective du site

Parcelle unique de 3 ha (300x100 m) divisée en sous-parcelles de 10x10 m

Comptage des bouquets et des troncs

Stockdale, 1994

 

Échantillonnage à plusieurs niveaux

Sélection aléatoire de 32 blocs principaux sur 123

Trois blocs secondaires de 1 ha sélectionnés dans chacun des blocs principaux choisis

Comptage des chaumes commerciales et non commerciales dans chacune des placettes

Sharma & Bhatt, 1982

Fibre d'herbacées

Transects en ligne, distribution non indiquée

Parcelle circulaire de 50 m² tous les 10 m.

Comptage et pourcentage du couvert des plantes dans la parcelle

Cevallos, non daté

Tubercules

Quatre sites - localisation des parcelles non indiquées sur 4 à 9 transects pour chaque site

Transects de 4 m de large et jusqu'à 2.5 km de long

Comptage des tiges d'ignames

Hladik & Dounias, 1993

Grands oiseaux

Sentiers et pistes disponibles (aléatoire - biaisé)

180 transects de largeur variable

Comptage des individus

Silva & Strahl, 1991

Tapir

Transects en ligne localisées de manière aléatoire

Transects le long des rivières

Méthode d'échantillonnage linéaire

Indirecte (traces)

Fragoso, 1991

Inventaire de plusieurs espèces ressources

Dans les études passées en revue, les espèces multiples représentent une gamme de PFNL et le but unique de l'inventaire est souvent de fournir une information quantitative pour aider la planification de la gestion.

Utilisation de méthodes de recensement pour des petites zones

Quelques inventaires de PFNL utilisent des méthodes déjà développées pour l'évaluation des ressources forestières (recensement des arbres exploitables pour le bois d'_uvre dans un secteur de récolte). Ces méthodes peuvent être utilisées pour mesurer l'abondance relative des PFNL pour différents types d'utilisation des terres (par exemple, Gronow et Safo, 1996). Bien que les méthodes de recensement fournissent des données vraiment précises, les utiliser a des inconvénients :

• elles ne tiennent pas compte des difficultés liées à la recherche des espèces comme pour les animaux, les petites herbacées ou les épiphytes ;

• les erreurs ne peuvent pas être quantifiées car il s'agit d'un échantillon unique ; et

• de telles enquêtes du type recensement sont chères, sauf sur de très petites zones.

Utilisation des techniques de diagnostic rural participatif (DRP)

(par exemple, Poffenberger et al., 1992).

Les méthodes basées sur la DRP ont été utilisées dans le manuel de Poffenberger pour guider l'inventaire et le contrôle dans le processus de gestion forestière conjointe (GFC) en Inde. Le manuel préconise un mélange de méthodes pour chiffrer les abondances relatives, au moyen d'échantillonnage par carrés et sans placette, pour étudier le changement de la végétation. Alors que les recommandations faites sont bien fondées, elles sont assez vastes et n'incluent pas de protocoles détaillés.

Utiliser les techniques de base de l'échantillonnage forestier par placette (par exemple, Cunningham, 1996a).

Cette méthode a été conçue pour permettre la quantification des plantes ressources clés - arbres et bambou - pour aider la planification de gestion dans un parc national en Ouganda. Dans cette étude particulière, seulement trois ou quatre échantillons ont été utilisés dans chacun des trois sites. Le manque de répétition signifie que les données peuvent être imprécises, inexactes et biaisées. Les résultats conviennent davantage à une planification stratégique qu'à une planification de gestion détaillée.

Échantillonnage sur terrain forestier et non forestier

(par exemple, Dijk, 1999a).

Faire une évaluation de peuplement pour un aménagement forestier :

Immédiatement avant les opérations de coupes, chaque arbre de la parcelle forestière est localisé, identifié, numéroté et mesuré. Cela donne en général une énumération à 100 % des bandes successives qui composent la parcelle. Les données résultant de l'évaluation du stock permettent de calculer le volume de bois qui peut être récolté de manière durable. Les arbres à couper sont sélectionnés en conséquence, pour garantir les récoltes futures.

Au Cameroun méridional, des échantillons de strates ont été identifiés par photos aériennes. Les données collectées sur des parcelles localisées dans chaque type d'habitat ont été utilisées pour préparer des tables de densité des peuplements de PFNL. Ces données ont été groupées par type de produit et en fonction de leur possibilité de commercialisation, pour dresser la carte de leur distribution. Considérer les PFNL sur les terres non forestières est important car beaucoup de PFNL sont recensés sur les "brousses agricoles" (terres cultivées sur des zones forestières coupées ou en régénération). Ces terrains sont le plus souvent étudiés en utilisant un grand choix d'approches participatives, comme décrit dans la Section 4.

Inclure les PFNL dans des inventaires ayant d'autres objectifs

L'intérêt croissant pour les PFNL se traduit par une tendance à les inclure dans les inventaires réalisés à d'autres fins.

Par exemple, les PFNL peuvent être incorporés dans les évaluations classiques des peuplements forestiers pour la commercialisation des grumes (Forgeron, 1995). L'inventaire forestier classique devient typiquement "un inventaire de ressources à usage multiple" (IRUM). Cela doit améliorer l'efficacité économique, aussi bien que la reconnaissance de la gamme croissante des produits et des services pour lesquels la forêt est gérée. L'expérience en forêts d'Etat est ici importante - l'autorité chargée de la gestion des forêts a généralement la responsabilité de tenir à jour les informations sur les ressources forestières importantes, qui peuvent inclure les PFNL importants.

Sur les IRUM, à lire également : Lund, 1998

Les PFNL sont généralement inclus dans l'inventaire forestier classique (typiquement tous les 10-20 ans) en Europe du Nord et de l'Est, où les baies, les champignons, les plantes médicinales et les résines sont traditionnellement importants (Lund et al., 1998). Cependant, peu de littérature est disponible ailleurs que dans ces pays. Aussi, alors que l'évaluation de la ressource fournit une information utile et biométriquement bonne sur la distribution, l'abondance et le potentiel des PFNL dans les forêts qui vont être exploitées pour leur bois, elle ne tient pas compte de la saisonnalité, ni des difficultés rencontrées pour trouver certaines espèces comme les animaux, les petites herbacées ou les épiphytes.

Sous les tropiques, la composante PFNL des IRUM se concentre sur les produits traditionnels d'exportation, tels que le bambou et le rotin - l'évaluation nationale des ressources est souvent réalisée par les agences forestières gouvernementales, particulièrement en Asie du Sud-Est et en Inde où l'exploitation est intense, avec un intérêt croissant en Afrique occidentale, comme le montrent les études de cas 2 et 3.

Etude de cas 2: Les PFNL dans l'inventaire forestier national aux Philippines

On peut citer un exemple de l'inclusion des PFNL dans un IRUM aux Philippines, qui a inclus les rotins, les palmiers et le bambou. Un inventaire stratifié à l'échelle nationale utilise des configurations variées de placettes dans différentes régions (vraisemblablement dû en partie à l'appui de donateurs/conseillers différents). La conception de base était l'échantillonnage en groupes sur une grille systématique de 8x8 km. Dans les régions 10 et 11, les groupes étaient constitués de quatre bandes de 20x250 m, organisées autour des bras du svastika à 1 km en travers. Dans ces placettes, les rotins ont été échantillonnés dans des sous-placettes de 10x10 m, centrées sur la ligne médiane de l'échantillon au début et tous les 100 m le long des bandes. Dans toutes les autres régions, le groupe était constitué d'un arrangement triangulaire de six échantillons de points Bitterlich à 50 m d'intervalles. Dans ces conceptions, les rotins ont été échantillonnés sur une parcelle circulaire de 5 m de rayon, située sur chaque coin du triangle. Étant donné les grandes quantités de données pour chaque configuration, il serait intéressant de comparer leur performance en terme de précision et exactitude des densités de rotin.

(Serna, 1990)

Etude de cas 3: Les PFNL dans l'inventaire forestier national du Ghana

Au Ghana, les PFNL ont été échantillonnés à partir de placettes de 1 ha (20x500 m), en incluant les rotins, les plantes grimpantes et les herbacées. Dans ce cas, comme les plantes ressemblaient peu à des arbres et en raison de l'absence de conseils techniques pour étudier les plantes, les méthodes d'énumération utilisées sont devenues de plus en plus grossières. Par exemple, les tiges de rotin et les bouquets ont été comptés et regroupés dans les catégories juvéniles, adultes et coupés, alors que l'abondance des herbacées a été représentée par un simple comptage des bouquets. Les données sur les herbacées ne sont pas fiables car il est difficile de déterminer la limite des touffes dans des peuplements denses et la taille des touffes varie beaucoup selon l'espèce. En conséquence, les données concernant les herbacées ont dû être réduites à la présence/absence de l'espèce. La couverture en pourcentage de l'espèce, ou même son abondance relative, aurait été une meilleure mesure des quantités.

L'information tirée de cet inventaire était destinée à être utilisée par les décideurs politiques et pour des besoins de rapport national et international, qui nécessitait des interprétations orientées par la gestion. Cette information a été fournie sous forme de tableaux et de graphiques illustrant la distribution et les abondances des PFNL dans le pays (voir l'Annexe 3). Ce type d'analyse et de présentation de données d'inventaire est relativement rare.

(Wong, 1998)

Aller au-delà de l'intérêt pour le seul bois d'_uvre

Inventaire quantitatif de bois d'_uvre .

Dans sa forme la plus basique, c'est un comptage de tous les individus d'intérêt dans une placette ou sur une section. Les totaux par placette permettent une estimation de la densité moyenne sur une zone donnée. Si le diamètre est mesuré, alors la surface terrière par arbre peut être calculée et le volume estimé par unité de surface, grâce aux tables de rendement.

La méthode est commune, bien comprise et en général incluse dans la formation professionnelle forestière

Typiquement les IRUM sont effectués par le personnel forestier et la gestion pour le bois d'_uvre reste la préoccupation principale. Cela limite souvent la gamme de produits et d'intérêts qui peuvent être inclus dans un IRUM, comme la récréation ou l'agriculture. La concentration des efforts sur la sylviculture peut aussi limiter la qualité de l'évaluation des PFNL, car elle représente une contrainte pour :

• le nombre de PFNL inclus - généralement environ 20 espèces peu communes seulement peuvent être identifiées sans expertise botanique (Kleinn et al., 1996). Les espèces incluses sont généralement limitées aux plus communes et aux plus commercialisées ;

• la difficulté d'inclure des espèces difficiles à trouver et qui peuvent nécessiter des méthodes spécifiques d'observation - par exemple, les animaux peuvent être nocturnes ou éviter les observateurs, les moisissures sont saisonnières. Quelques petites herbacées sont difficiles à voir - la recherche de certaines espèces est reconnue comme un problème majeur ;

• la compétence et l'effort avec lesquels ils sont évalués - le personnel forestier peut être plus compétent pour décrire les arbres, et la description des placettes est souvent limitée à ce qui peut être réalisé dans la journée. La prise en compte des PFNL est souvent limitée à quelques sous-échantillons ; et

• la conception de l'inventaire - elle est décidée en fonction des besoins d'information pour le bois d'_uvre, ce qui peut ne pas être idéal pour les PFNL. Les protocoles qui incluent les PFNL ne sont pas très développés et les tables de rendement qui permettent de convertir facilement des données de terrain en évaluations de ressource ne sont généralement pas disponibles. Un des échecs les plus importants des IRUM dans les pays tropicaux est qu'ils n'incluent pas d'animaux, malgré l'existence de la viande de brousse, par exemple, qui est souvent le produit le plus important pour la population locale.

Bien qu'il soit en général impossible, pour améliorer la valeur de l'information récoltée, de séparer les inventaires en fonction des différents groupes de PFNL à cause du coût et des contraintes logistiques, il devrait y avoir un certain équilibre et une coordination entre les différents éléments de l'IRUM. Par exemple, les layons coupés à travers la forêt tropicale pour inventorier le bois d'_uvre pourraient aussi être utilisés pour l'inventaire des animaux1. Faire le maximum pour profiter de telles opportunités peut réduire les coûts et améliorer l'information pour la planification de l'utilisation de la forêt.

Sortir les PFNL des données issues de l'inventaire forestier

Dans de nombreux cas, les espèces d'arbres produisant des PFNL sont incluses dans les inventaires forestiers classiques réalisés pour le bois d'_uvre. Il est parfois possible d'extraire et d'analyser des données sur les PFNL à partir des relevés réalisés dans le cadre d'inventaires pour le bois d'_uvre.

Des inventaires ayant pour seul objectif le bois d'_uvre ont été re-interprétés pour fournir des informations sur les PFNL et pour démontrer qu'il existe des données utiles pour les PFNL dans des inventaires plus anciens (voir l'étude de cas 4). Avec une image des arbres présents dans une zone, on peut prévoir quels autres plantes ou animaux sont susceptibles de s'y trouver.

Etude de cas 4: Utilisation des inventaires existants

Au sud du Ghana. L'analyse de l'inventaire forestier national dans le sud du Ghana constitue un excellent exemple de l'utilisation d'un inventaire de bois d'_uvre. Les profils écologiques de près de 300 arbres ont été présentés, sur la base d'une information issue d'un inventaire de bois d'_uvre. Ce travail minutieux à fourni des informations sur des arbres producteurs de PFNL.

(Hawthorne, 1995b).

Dans la province de l'Uttar Pradesh, en Inde. La nouvelle analyse des données issues des tables de production a fourni une estimation sur les quantités totales, à l'échelle de l'Etat, d'huile comestible produite par 25 espèces importantes de graines oléagineuses.

(Rai, 1983)

Développer des méthodes spécifiques pour les PFNL - quelques exemples

D'après les sections précédentes, il apparaît que la responsabilité des PFNL se situe souvent entre les différents responsables et l'expertise professionnelle. Ceci a contribué à :

• un succès limité de l'utilisation, d'une manière fiable pour les PFNL, des méthodes d'inventaire reconnues; et

• un manque de méthodes spécialement élaborées pour les PFNL.

Des études pilotes consacrées aux méthodologies relatives aux PFNL végétaux ont été réalisées, principalement pour quelques-uns de ceux les plus importants sur le plan économique, tels que le rotin, les champignons et les plantes médicinales - L'encadré 2 et l'étude de cas 5 ci-dessous en donnent quelques exemples. Les études ont souvent été très innovatrices, mais à ce jour encore peu de comparaisons ont été réalisées entre les différentes approches. Ce qui est clair, c'est que différentes approches conviennent aux différents types de PFNL - ce qui complique davantage le développement de méthodologies standardisées.

Encadré 2: Développer les plans de placettes et les techniques de mesures pour les inventaires de rotins

Les rotins font l'objet d'un nombre d'études relativement important (12,6 pour cent des études passées en revue, voir le Tableau 6) et il existe un certain nombre de chercheurs qui ont examiné l'efficacité relative des différentes tailles et formes des échantillons. Tandug (1978), Siswanto et Soemarna (1988, 1990), Siswanto (1991), Stockdale (1994) et Stockdale et Wright (1996) ont tous utilisé des techniques essentiellement semblables pour déterminer la taille et la forme optimales des échantillons pour inventorier le rotin. La technique utilisée est de délimiter des zones (de 1 à 16 ha) en petits carrés (5x5 m ou 10x10 m) et énumérer toutes les tiges de rotin qui s'y trouvent. Les données récoltées sur les carrés sont alors agglomérées pour représenter les placettes de taille et de forme différentes et l'efficacité relative des différentes configurations d'échantillons est comparée en termes d'erreur d'échantillonnage et de rentabilité. C'est apparemment un moyen efficace pour déterminer les dimensions optimales de l'échantillon, mais qui présente quelques inconvénients et quelques pièges significatifs. Bien que le site d'étude choisi soit grand, il s'agit en fait d'un échantillon unique et donc, l'applicabilité des résultats dépendra de la représentativité du site d'étude qui, en l'absence de répétition, ne peut pas être connue. Aussi, plusieurs études ont des échantillons qui se touchent, ce qui signifie que ces "échantillons" ne sont pas indépendants (voir p. 20).

Tandug (1978) a mesuré la rentabilité de différentes configurations d'échantillons, en comparant l'erreur d'échantillonnage pour un nombre d'échantillons qui pourraient être énumérés dans un délai de trois heures sur une zone d'étude de 1 ha. Les placettes d'échantillonnage ont été disposées systématiquement sur une grille, de sorte qu'il fallait passer plus de temps pour se déplacer entre les placettes quand celles-ci devenaient plus petites. Il est apparu que la taille optimale des échantillons était des carrés de 10x10 m pour une intensité d'échantillonnage de 50 pour cent. Cependant, les recommandations de Tandug (1988) qui ont suivi suggèrent d'utiliser deux bandes de 10x200 m, disposées en croix, pour une intensité d'échantillonnage allant de 1 à 3 pour cent. Malheureusement, il n'a pas été possible de trouver une application de ces recommandations à plus grande échelle et juger de leur mérite global.

Des études identiques ont été entreprises pour déterminer la taille et la configuration optimales d'échantillons à l'ouest (Siswanto et Soemarna, 1988), au centre (Siswanto et Soemarna, 1990) et au sud (Siswanto, 1991) de Kalimantan. La méthodologie utilisée devait subdiviser une zone d'étude de 16 ha en carrés de 10x10 m et les disposer selon une gamme de configurations en bandes ou en lignes et correspondant à un éventail d'intensités d'échantillonnage comprises entre 10 et 25 pour cent. Dans chaque cas, une bande continue de 10 m de large était recommandée, avec une intensité d'échantillonnage de 20 ou 25 pour cent.

Stockdale (1994) et Stockdale et Wright (1996) ont utilisé une technique semblable à celle de Tandug (1978) et ont subdivisé un site d'étude de 1.5 ha (300x50 m) en carrés de 10x10 m. Cependant, il existe une différence significative entre le travail de Stockdale et celui de Tandug, Siswanto et Soemarna car les placettes expérimentales de Stockdale sont contiguës, tandis que les autres auteurs ont utilisé des échantillons non contigus. Par conséquent, dans l'étude de Stockdale, la variation de l'efficacité d'échantillonnage est plus fonction du modèle de répartition spatial des bouquets de rotin et de leur coïncidence avec la forme et la taille du plan d'échantillonnage que d'un vrai test d'efficacité de différentes configurations d'échantillonnage. Stockdale et Wright (1996) a constaté que les échantillons en bande étaient plus efficaces que les échantillons carrés et a recommandé, pour l'énumération de tiges à l'hectare, l'utilisation de bandes de 5 m de large, formant des placettes de 0.005 à 0.025 ha.

Nandakumar et Menon (1992) ont développé un protocole pour l'inventaire du rotin dans l'État de Kerala, en Inde, et a recommandé que des bandes de 4x20 m soient utilisées dans des bandes séparées de 100x20 m pour donner une intensité d'échantillonnage de 4 pour cent. Cependant, les auteurs ne font rapport d'aucun travail de terrain, il n'est donc pas possible de juger de l'efficacité de leurs recommandations.

Une étude sur les tailles et formes optimales des échantillons dans la République populaire Lao (soumise par Evans) est parvenue à des échantillons de 5x50 le m, répétés 6 fois et localisés de manière aléatoire le long d'une transect. Cela permet de résoudre le problème des échantillons contigus, mais le niveau de répétition n'est toujours pas suffisant pour un travail de ce type.

Une méthodologie pour évaluer la longueur des tiges de rotin a été développée en utilisant une règle hypsométrique (Stockdale, 1994; Stockdale et Power, 1994). Ce travail a été testé et comparé à diverses autres méthodes pour l'évaluation des longueurs et il a été jugé bon marché, relativement facile à apprendre et significativement plus précis que l'estimation visuelle, les comptages des entrenoeuds (comme utilisé par Nur Supardi [1993]) et les lectures au clinomètre.

Etude de cas 5: Développer des protocoles pour contrôler des populations de champignons

Une équipe du Service forestier de la Station de recherche du Nord-ouest Pacifique à Corvallis, au Département de l'agriculture des Etats-Unis (USDA), a développé une méthodologie pour inventorier, évaluer les rendements et contrôler la production de champignons sauvages comestibles depuis 1993. Leur expérience et le processus de développement des idées sont très bien documentés dans une série de publications et fournissent une étude de cas riche d'informations sur les problèmes d'inventaire des produits forestiers qui ne sont pas issus des arbres.

Les problèmes principaux qui se posent à l'équipe de conception viennent du fait que les champignons cibles (Matsutake, chanterelle et morilles) apparaissent comme des colonies dispersées, réparties spatialement de manière très inégale, très énigmatique (en grande partie invisible sur le sol) et également saisonnières. Il a été reconnu dès le début que la distribution inégale exigerait le développement de nouveaux schémas d'échantillonnage et analyses (Molina et al., 1994). La première tentative d'inventaire a utilisé des méthodes empruntées aux études sur la diversité des champignons dans trois forêts étudiées (Molina et al., 1994; Pilz et al., 1996a; Hosford et al., 1997). Dans chaque forêt, trois emplacements ont été choisis pour représenter les trois types de végétation les plus productifs de la forêt. À chaque emplacement, trois zones d'étude de 225x225 m (5 ha) ont été choisies pour représenter l'altitude, l'aspect et l'accessibilité à travers le type de végétation, fournissant ainsi neuf sites d'étude dans chacune des trois forêts étudiées. Chaque site a été entouré par des affichages qui en limitaient l'accès, et dans chacun d'eux, six échantillons en bande de 2x50 m, marqués de manière permanente, ont été systématiquement placés selon une orientation aléatoire. Les échantillons ont été mis en place pendant la période où les champignons n'avaient pas fructifié, afin d'éviter de prendre conscience de leur emplacement et d'introduire un biais. Les champignons ont été décrits en mesurant le chapeau et les diamètres des pieds, la distance verticale du voile au chapeau, la distance par rapport à l'arbre le plus proche et le volume récolté. Les chapeaux mesurés ont été marqués pour éviter les répétitions. Les échantillons ont été ré-examinés chaque semaine pendant la période de fructification. Après quelques années d'expérience, cette méthode a été en grande partie abandonnée car elle était trop chère et demandait trop de temps. Il a été également estimé que la zone d'échantillonnage était bien trop petite pour être correctement représentative de chacune des espèces. Les échantillons ont également été compromis par le prélèvement illégal et le vandalisme, alors que les collecteurs légitimes étaient quant à eux intimidés et ne pouvaient pas récolter normalement les placettes. De plus, des rapports météorologiques hors-site n'ont pas correspondu aux rendements. Après cette expérience il a été décidé de changer la méthodologie de l'échantillonnage. L'expérience japonaise a suggéré que le contrôle du shiro (corps individuel de mycélium ou "château" en japonais) serait utile pour des champignons Matsutake (Hosford, 1996). Cependant, cette méthodologie est très consommatrice de temps et pourrait seulement être considérée pour des travaux de recherche et pas pour le contrôle ordinaire. Deux faits nouveaux dans le domaine de la méthodologie découlent de cette première expérience.

Il est proposé que le contrôle au niveau régional devrait être réalisé par des énumérateurs volontaires, choisis parmi les cueilleurs locaux et une proposition dans ce sens a été faite (Pilz et Molina, 1998). Le plan consiste à utiliser des permis de récolte exclusifs, attribués comme motivation aux volontaires pour qu'ils fassent des relevés détaillés de la récolte à partir de placettes d'échantillons marquées. L'échantillonnage stratifié systématique au niveau régional doit être mis en _uvre pour choisir des sites de contrôle locaux et les données utilisées pour étudier les relations entre la gestion forestière et la productivité des champignons. Le suivi des sites doit être contrôlé par le personnel du Service forestier. Le programme est destiné à être volontaire et basé sur une collaboration flexible et décentralisée, encourageant l'appropriation volontaire du programme.

Pour le Matsutake, une approche cartographique a été adoptée avec des champignons cartographiés en utilisant des arbres de référence, qui sont localisés au moyen du GPS (Pilz et Molina et al., 1996). Dans un groupe de champignons, on inclut les champignons situés à une distance inférieure à 0.5 m, la distance entre les groupes étant d'au moins 2 m. Les groupes délimités ont subi des traitements de récolte expérimentaux et ont été contrôlés par le personnel forestier, avec la coopération des cueilleurs locaux qui ont conservé les zones alentours bien exploitées, de manière à décourager d'autres cueilleurs opportunistes. La méthode de sélection des arbres de référence n'est pas décrite, mais cette méthode semble être un moyen efficace pour échantillonner.

La recherche est toujours en cours pour trouver un protocole adapté au suivi des populations de champignons (Pilz et al., 1997; Pilz et Molina, sous presse; Pilz et al., sous presse). Un manuel décrivant l'expérience actuelle et présentant les meilleurs conseils est en cours de préparation (Pilz, communication personnelle).

3.2 Déterminer le rendement d'une ressource

Qu'est-ce que le rendement?

Le "rendement" se réfère typiquement à la quantité de produit disponible et utile pour la collecte ou l'exploitation à un moment donné (c'est-à-dire qui peut être utilisé commercialement). Cependant, le rendement peut également signifier le potentiel biologique total d'une espèce (c'est-à-dire quelle quantité pousse effectivement sur le site). La différence entre les deux définitions peut sérieusement influencer les conclusions d'une évaluation, la dernière étant bien supérieure à la première.

La mesure du rendement

La mesure de la disponibilité du produit est généralement considérée comme l'évaluation du rendement. C'est la quantification de l'ensemble du produit qui peut être récolté dans une zone de la forêt.

Comment la mesure du rendement est-elle réalisée ? D'abord, la quantité de produit est mesurée sur un petit échantillon de la population. Le résultat est ensuite mis en corrélation avec une caractéristique facilement mesurable des individus étudiés dans l'inventaire global, en utilisant des modèles tels que des régressions.

La mesure du produit

Mesurer des parties. Les PFNL peuvent pratiquement être n'importe quelle partie d'une plante ou d'un animal et chacune d'elle doit être mesurée avec une technique appropriée. Il existe donc un très grand nombre de techniques d'énumération différentes en usage - le Tableau 8 en illustre un petit éventail.

Les méthodes de mesure. Les méthodes spécifiques sont peu nombreuses et il existe peu de standardisation, même pour un type de partie de plante iodentique - par exemple, le Tableau 8 montre trois différentes manières de mesurer des rendements de fruits. De telles différences peuvent être liées à :

• l'écologie : par exemple, marquer et répéter les comptages peut être la seule méthode si le fruit ne tombe pas quand il est mûr ou si la récolte peut stimuler la production de fruits ;

• la structure de l'arbre : par exemple, l'échantillonnage aléatoire des branches est réaliste seulement si les branches peuvent être atteintes alors que des collecteurs au sol sont la seule alternative pour récolter des fruits qui sont inaccessibles ou difficiles à voir depuis le sol ;

• les objectifs de l'évaluation qui peuvent influencer les unités devant être utilisées pour la mesure : par exemple, pour la commercialisation ou la législation - le rotin en Inde doit être mesuré en poid sec car c'est l'unité de mesure utilisée pour les permis, alors qu'en Indonésie, le rotin est quantifié en longueur ; et

• la propriété et le nombre des utilisateurs : par exemple, si un arbre appartient et est exploité par un seul individu, on peut lui demander de compter les fruits en train de mûrir.

Décider d'une technique de mesure implique donc de prendre en considération avec pragmatisme le type de produit, ses caractéristiques et les objectifs de l'évaluation concernant la méthode qui devrait fonctionner. La Section 5 donne quelques conseils techniques à ce sujet.

Tableau 8: Exemples de techniques utilisées pour quantifier le rendement d'un produit

Variable

Méthodologie

Source

Rendement fruitier par saison

Collecteurs au niveau du sol. Quatre arbres isolés ont été choisis, 15 placettes de 1 m² ont été localisées de manière aléatoire sous le houppier. Le nombre de fruits intacts, consommés, verts et mûrs est relevé tous les 7-10 jours sur chaque placette.

Peters, 1996a

Rendement fruitier par saison

Le fruit est compté in situ sur des arbres échantillons à intervalles fréquents (chaque semaine). Le fruit compté est marqué avec de la peinture pour éviter de le compter deux fois.

Peters, 1990

Fruits, feuilles, etc.

Échantillonnage de branche aléatoire. Un schéma de branche est défini par un nombre d'entrenoeuds. La trajectoire du tronc au bout de la branche choisie est réalisée à l'aide d'une sélection aléatoire à chaque branche. Les fruits, feuilles, etc. sont comptés sur l'extrémité la plus distante de la trajectoire. La mise en commun résulte de plusieurs branches sélectionnées au hasard et constitue une méthode non destructrice, précise et fiable sur le plan statistique pour estimer le rendement fruitier d'un arbre. Il existe plusieurs perfectionnements de la méthode, comme p. ex. le choix d'un chemin proportionnel à la taille des entrenoeuds, basé sur l'importance de l'échantillonnage, etc.

Gregoire et al., 1995

Jessen, 1955

Nguvulu, 1997

Feuilles

Le modèle en tube. Une technique de régression non destructrice pour estimer la biomasse et la surface d'une feuille à partir de la surface d'une section transversale d'une branche. Le modèle du tuyau est basé sur le constat que le taux de transpiration de la canopée est proportionnel à la surface des feuilles, la surface transversale des tissus vasculaires et la conductivité des tissus transportant l'eau. La taille du tronc est donc proportionnelle à la masse et à la surface des feuilles. On peut donc estimer la masse et la surface des feuilles en mesurant la surface d'une section transversale d'une tige (NB : il faut être très précis ~mm). Les branches échantillons sont choisies systématiquement pour représenter les différentes hauteurs de branches. La régression qui résulte de l'analyse n'a pas de constante.

Nygren et al., 1993

Feuilles de palmier

Toutes les feuilles sont mesurées. Les feuilles partiellement ouvertes sont comptées comme des fractions de feuille ouverte. La longueur des feuilles est mesurée chaque mois pour suivre la croissance.

Cunningham, 1988

Croissance des troncs de palmiers

Les cicatrices des feuilles sont comptées à intervalles d'un mois. La croissance du tronc est quantifiée avec l'augmentation en hauteur par cicatrice de feuille.

Olmstead & Alvarez-Buylla, 1995

Âge des palmiers

Comptage des cicatrices de feuille, on suppose un taux constant de production de feuilles pour donner des estimations sur l'âge et le nombre d'années nécessaires pour atteindre des hauteurs déterminées.

Pinard, 1993

Taille des bulbes

Mesure de la largeur maximum de la feuille la plus longue de chaque plante. L'analyse de régression, réalisée sur un échantillon aléatoire de 50 plantes sur chaque site, a montré que la largeur maximum de la feuille la plus longue est fortement corrélée à la surface totale des feuilles. Il a déjà été montré que la surface totale des feuilles est un indicateur de la taille des bulbes.

Rock, 1996

La biomasse de bambou

Mesure de la dimension des bouquets sur des axes orthogonaux au niveau du sol, à 1 mètre et au niveau de la canopée sur toute son extension. Les résultats sont cartographiés comme des ellipses concentriques. La biomasse est déterminée grâce au volume du cône projeté vers le haut depuis la base du bouquet. Indice du site = _ volume des bouquets / densité des bouquets sur la placette. Surface des bouquets du site = _ surface de bouquet.

Widmer, 1998

Poids de viande de brousse

Relevés opportunistes du poids des animaux capturés dans trois villages, méthode utilisée pour compléter le recensement animal.

Lahm, 1993

Le choix du plan d'échantillonnage

Alors qu'il existe de nombreuses manières de mesurer le rendement, le choix du plan d'échantillonnage pour la sélection des individus à mesurer est plus limité. L'utilisation d'un sous-échantillon contenant un petit nombre d'individus au sein de l'échantillon complet de l'inventaire est habituel - car la mesure précise de rendement sur chaque individu de l'inventaire est un travail difficile. Il existe deux façons principales pour échantillonner des individus sur lesquels on souhaite mesurer le rendement.

L'échantillonnage double : Il est réalisé séparément de l'inventaire principal et n'a pas besoin d'utiliser les placettes de l'inventaire principal. En utilisant un échantillon indépendant plus petit, des mesures détaillées de rendement sont prises sur des individus de la population. Les données issues de ces mesures sont alors traitées pour créer des modèles de rendement utilisant un indicateur facilement mesurable de la taille totale. Les rendements pour chaque unité de surface peuvent alors être extrapolés à partir des mesures prises dans l'inventaire principal. L'étude de cas 6 est un exemple utile, mais il existe d'autres exemples comme : une étude de l'épaisseur d'écorce indépendante de l'inventaire principal d'arbres Prunus; des rendements de baies à partir de placettes de recherche où l'on applique un inventaire de type IRUM en Finlande; un inventaire pour évaluer quantitativement la biomasse animale, en se basant sur le poids des corps pesés au marché. L'échantillonnage double présente quelques contraintes:

• l'échantillonnage des individus mesurés doit être statistiquement correct;

• l'échantillon mesuré doit avoir une variable prévisible en commun avec l'inventaire principal, c'est-à-dire au moins une des mesures prises doit l'être aussi dans l'inventaire principal (par exemple le diamètre des arbres ou la longueur des feuilles);

• idéalement, le sous-échantillon pour le rendement doit couvrir la gamme complète des sites de l'inventaire principal, c'est-à-dire qu'il doit être représentatif de l'ensemble de la zone d'inventaire.

Etude de cas 6: Création d'une table de biomasse pour l'écorce d'arbuste au Népal

La hauteur et le diamètre à 30 cm au-dessus du sol ont été mesurés pour tous les échantillons d'un arbuste utilisé dans la production de papier. Un sous-échantillon de chaque composant utilisable a été étudié en laboratoire pour en déterminer le poids après séchage au four. La régression du poids d'écorce séchée utilisable avec le diamètre à 30 cm au-dessus du sol s'est révélée comme étant le meilleur modèle. Les résultats ont donné une base pour déterminer le temps de rotation pour le prélèvement de l'écorce et ont permis d'élaborer des recommandations de gestion.

(Jeanrenaud & Thompson, 1986).

L'échantillonnage multi-étages : Il est réalisé en marge de l'inventaire principal, mais utilise des sous-échantillons 'emboîtés' dans chaque placette d'inventaire, en créant une hiérarchie de placettes à l'intérieur des placettes. L'avantage de cette approche est que l'échantillon est également distribué à travers la zone d'étude, en faisant une estimation des rendements dans certaines parties de la zone. Une telle estimation spécifique par site peut être utile dans des zones où les conditions stationnelles influencent le rendement et où un sous-échantillon unique ne serait pas représentatif. Les étude de cas 7 et 8 présentent des exemples d'échantillonnage multi-étages.

Etude de cas 7: Evaluation du potentiel des produits de canne sur l'île de Barateng, en Inde

Dans une zone de 123 blocs primaires, 32 ont été choisis au hasard. Dans chacun de ces 32 blocs, trois blocs secondaires ont été délimités. Dans les blocs secondaires, les cannes commerciales et non commerciales ont été comptées. Dans un quart du bloc secondaire, les cannes ont été coupées puis pesées chaque jour, jusqu'à ce que leur poids soit constant (c'est-à-dire jusqu'à ce que la biomasse soit sèche). Les données ont été utilisées pour préparer des tables de peuplement de cannes par la densité de tige, la longueur et le poids par hectare.

(Sharma & Bhatt, 1982)

Etude de cas 8: Protocole multi-étage pour l'énumération des bambous en Inde

Espèce en bouquets : trois niveaux d'échantillonnage

Placette entière - tous les bouquets sont comptés

Dans le secteur N-O (un quart de placette), les diamètres des bouquets sont mesurés

Dans un bouquet sur huit : le nombre de chaumes, l'âge, la solidité, la taille, l'état, la hauteur moyenne et la qualité sont relevés

Espèce non en bouquets :

Dans un huitième de placette : l'état, l'âge, la hauteur moyenne, le nombre total de chaumes, etc, sont relevés

Relation utilisable entre le poids sec et vert

Une chaume mûre de chaque classe de diamètre est coupée dans le premier bouquet de chaque placette. On mesure la longueur à partir de 25 cm du sol jusqu'à 1 cm de diamètre. L'ensemble de la chaume est pesée sur le terrain et 30 cm de section est prise à la base, au milieu et au sommet de la chaume coupée pour la détermination du poids sec.

(Rai & Chauhan, 1998)

Parmi les inconvénients et difficultés, on relève que :

• des mesures précises peuvent être impossibles, par exemple si l'équipement n'est pas portable; et

• il peut y avoir des échantillons insuffisants d'individus plus rares mais importants pour l'analyse statistique, comme les grands arbres peu fréquents qui contribuent d'une façon disproportionnée au rendement. Si c'est le cas, alors des sous-échantillons complémentaires peuvent s'avérer nécessaires ou l'échantillonnage double pourrait être préférable.

Les décisions concernant l'échantillonnage pourraient être influencées par la possibilité ou non de pratiquer les mesures. Par exemple, si des poids secs sont nécessaires, il se peut que l'échantillonnage dans des zones à forte densité soit préféré, dans le but de récolter suffisamment d'échantillons pour utiliser efficacement le matériel de séchage.

Le facteur clé de la bonne adéquation d'un plan d'échantillonnage est souvent dans le nombre de répétitions des sous-échantillons. Souvent, les estimations de PFNL en utilisent trop peu. Par exemple, une utilisation de seulement 8-15 collecteurs de fruits tombés par arbre pour huit arbres peut au mieux seulement fournir une estimation grossière du rendement total des arbres. Pour des objectifs de gestion sur des secteurs plus étendus, les répétitions doivent être beaucoup plus nombreuses, par exemple, en utilisant au moins 30 échantillons et de préférence sur des centaines d'arbres et dans plusieurs sites.

Facteurs de conversion? Habituellement, le total moyen de produit par individu. Selon le type de produit, cela peut être la taille moyenne d'un individu (par exemple fruit ou viande de chasse), ou le rapport poids sec/poids vert (non séché) (par exemple l'écorce utilisée à l'état sec).

Réaliser des estimations de rendement global

La mesure du rendement dans une zone sous-échantillon donne des résultats qui peuvent être appliqués aux données relatives aux densités de la population complète de l'inventaire principal, pour estimer un rendement total du produit sur la zone. Il existe plusieurs méthodes, utilisant des facteurs de conversion qui font le lien entre les rendements individuels et la quantité totale de produit. Le Tableau 9 ci-dessous en décrit brièvement quelques-unes.

Tableau 9: Résumé de quelques méthodes de calcul du rendement global

Méthode

Description

Utilisation

Exemple

Facteur unique de conversion

La méthode la plus simple consiste à multiplier le rendement moyen par individu par le nombre total d'individus évalués par l'inventaire. Les ajustements peuvent utiliser seulement des individus accessibles ou de taille commerciale, issus de l'inventaire.

Cette méthode est la plus appropriée quand la taille d'individus ne varie pas beaucoup ou n'est pas liée à la quantité de produit.

Viande de brousse. La seule moyenne du poids corporel peut être appliquée à la population entière pour évaluer la biomasse totale de la viande de brousse (Lahm, 1993).

Le rendement fonction de la taille

Les méthodes les plus simples impliquent de séparer les individus par classe de taille, et de calculer un facteur de conversion pour chaque classe.

Les ajustements de la méthode impliquent de relier, par des équations de régression, le rendement à une autre caractéristique mesurable des individus, comme la longueur ou l'épaisseur de l'écorce.

Cette méthode est la plus appropriée lorsque le rendement est fortement lié à la taille - c'est-à-dire plus l'individu est grand, plus le rendement global est élévé.

Méthodes traditionnelles. Utilisation du diamètre à hauteur de poitrine comme indicateur du rendement en volume de l'arbre.

Rendement d'écorce d'ifs : on suppose que l'arbre est conique et la zone où se trouve l'écorce est la surface du cône.

Volume d'écorce = surface x épaisseur. Le poids de l'écorce est alors estimé, en utilisant un facteur de conversion de poids sec/vert, comme le volume x 0.4 (Jong et Bonner, 1995).

Les modèles d'estimation de rendement peuvent devenir plus sophistiqués avec plus de données et des études plus longues. Par exemple, en Europe de l'Est et du Nord, des modèles de rendement de baies sont fortement développés à partir d'études à long terme, en utilisant un inventaire régulier et des placettes d'échantillonnage permanentes. L'étude de cas 9 décrit des systèmes mis au point en Finlande.

 

Etude de cas 9: Système d'inventaire et de prévision des rendements de baies sauvages en Finlande

Saastamoinen et al. (1998) et Salo (1999) décrivent ce qui est nommé l'Enquête Marsi, qui est un système basé sur le volontariat pour le contrôle de la production nationale de baie.

Baie = airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea), myrtille (Vaccinium myrtillus) et framboise (Rubus chamaemorus)

Les rendements d'une espèce cible sont observés dans 1 110 placettes expérimentales permanentes, dans 57 municipalités à travers le pays. Dans chaque placette, pour étudier le rendement des baies, cinq petites placettes de 1 m2 ont été localisées et marquées de façon permanente, dans des types de végétation appropriés ou là où se trouvaient les arbustes.

Énumération

Baies - espèce, comptage des fleurs, baies vertes et mûres.

Caractères du site - période de floraison et mûrissage, type de site de croissance, proportions des espèces d'arbre, classe d'âge des arbres.

Les sites sont visités plusieurs fois pendant les saisons de floraison et de fructification.

Modélisation

Les modèles doivent encore être développés car il n'y a pas suffisamment d'années d'observation pour caractériser la variabilité annuelle du rendement.

Modèles précédents en Finlande (Raatikainen et al., 1984) :

V. vitis-idaea _ type de végétation, couverture de l'arbuste, hauteur de l'arbuste, classe d'âge du peuplement, densité de la couronne et conditions météorologiques; et

V. myrtillus _ type de végétation, classe d'âge du peuplement, densité de la couronne de l'arbre, méthode et degré de contrôle du taillis et conditions météorologiques.

Dissémination

L'information a été transmise sous forme électronique à la Station de recherche de Joensuu, où elle a été traitée en utilisant le système MASI (le système baie et champignon) et présentée à l'aide de cartes thématiques. Ces cartes sont destinées à informer les cueilleurs de baies sur le temps de floraison et sur le développement des baies vertes et mûres à travers la Finlande. Les cartes et textes décrivent, pour chaque espèce pendant l'année 1997, le type de sites sur lesquels se trouvent les rendements principaux et le niveau de rendement.

Les cartes ont été distribuées aux médias sous forme de cinq rapports de situation et ont été largement citées par la presse et la radio. Elles sont apparues aux nouvelles du soir et à des émissions télévisées du matin.

De tels systèmes peuvent ne pas être entièrement appropriés sous les tropiques, mais ils ont des composantes utilisables. Les rendements de baie varient d'année en année. Pour représenter cette variation, les Finlandais ont considéré dans leurs modèles :

• les conditions météorologiques pendant chaque année. L'averse peut être un indicateur de rendement particulièrement utile ;
• la qualité du site ;
• les données de production pour des types d'années (bonne, moyenne et mauvaise) ; et
• les données de plusieurs saisons, pour prendre en compte la variation annuelle.

Peu de modèles de rendement de PFNL utilisent ces facteurs sous les tropiques. Au lieu de cela, ils sont typiquement très simples. L'utilisation de méthodes plus complexes peut apporter de grandes améliorations à la prévision des rendements de PFNL, en particulier pour les fruits.

3.3 Mesurer la croissance et les taux de production

Quelques mots sur les études de croissance et de productivité.

Les données d'inventaire fournissent une information instantanée sur la distribution et l'abondance d'une espèce ressource. La mise en _uvre de plans de gestion durables nécessite également des données fiables sur la dynamique de l'espèce, y compris l'information collectée sur de longues périodes de temps :

• dynamique de population - régénération, taux de mortalité, migration ;
• taux de croissance et modèles ;
• productivité ; et
• impacts de récolte sur l'espèce qui est récoltée.

Les méthodes utilisées pour déterminer la croissance et la productivité en vue de la gestion des PFNL sont issues d'études peu nombreuses, variées et le plus souvent à court terme. La plupart sont basées sur des méthodes forestières et sont vraiment appropriées seulement pour des arbres et des plantes pluriannuelles - très peu sont conçues spécifiquement pour les PFNL. Les exceptions remarquables sont pour les rendements de baies en Scandinavie (par exemple : étude de cas 9). Cette section décrit brièvement les types principaux de méthodes utilisées pour les PFNL.

Utiliser des placettes permanentes d'échantillonnage

Pour les arbres

Utiliser des PPE pour le bois d'oeuvre.

Tous les individus d'arbres sont marqués, cartographiés, identifiés et mesurés à intervalles réguliers (2-5 ans) sur de longues périodes de temps (+15 ans). L'objectif est de quantifier la croissance pendant toute la durée de vie des arbres. En pratique, on s'intéresse surtout à la croissance des arbres bien établis, et les observations des premiers stades de croissance et de la fructification sont souvent oubliées.

Les placettes permanentes d'échantillonnage (PPE) constituent le moyen le plus commun de contrôler la croissance et le rendement des arbres. Les données issues de telles placettes sont utilisées pour la prévision et la modélisation des rendements en bois d'_uvre. Les PPE sont essentielles pour l'étude des arbres qui ont une grande longévité et où le bois d'_uvre s'accumule lentement. Dans plusieurs cas, les PFNL ont été décrits dans des PPE et dans quelques études, des protocoles PPE ont été adaptés aux PFNL :

• en incluant des observations phénologiques - c'est-à-dire rendements des semences et des fruits;
• en se concentrant sur les premiers stades de régénération plutôt que sur la croissance à long terme; et
• en utilisant des périodes de temps plus courtes et des observations saisonnières pour observer la fructification.

Au sujet des PPE, lire également: Adlard, 1990; Alder & Synott, 1992

L'utilisation des PPE a été adaptée à la production de fruits des arbres, palmiers et arbustes des Néotropiques. La plupart des travaux utilisent fondamentalement des protocoles similaires (voir l'encadré 3). Les protocoles ont tendance à se concentrer sur une espèce unique, soit parce que c'est la seule dans le peuplement, soit parce que c'est la seule intéressante. Cela diffère de la plupart des PPE pour l'étude du bois d'_uvre, qui inclut toutes les espèces pour fournir une compréhension plus large de la dynamique forestière, comme une communauté écologique, et anticiper des demandes changeantes pour telle ou telle espèce.

Encadré 3: Protocoles de placettes permanentes d'échantillonnage (PPE) utilisés dans la production de fruits

Études sur les fruits des arbres, arbustes et palmiers en Amazonie.

Plan d'échantillonnage: placette unique, subjectivement placée dans les peuplements denses de l'espèce cible.

Configuration de placette : arrangement de sous-placettes contiguës de 20x20 m, dans un carré ou rectangle de 1 ha.

Énumération :

Les arbres adultes sont étiquetés, cartographiés et mesurés pour leur diamètre et hauteur.

Les jeunes plants sont comptés et mesurés en hauteur, dans un certain nombre de carrés de 1 m², choisis de manière aléatoire dans la placette principale.

Phénologie - observations directes à intervalles fréquents (hebdomadaires) d'un petit nombre d'arbres marqués et répartis dans les différentes classes de tailles.

Fruit - plusieurs protocoles incluent le marquage in situ du fruit et des observations sur les collecteurs au sol qui sont répétées à intervalles fréquents (hebdomadaires).

Période d'étude : étude de un à deux ans (bien que l'intention soit de mener des études à plus long terme).

(Peters et al., 1989; Peters, 1990; Peters & Hammond, 1990; Peters, 1996b)

Pour les plantes qui ne sont pas des arbres

Des PPE ont également été utilisées pour des espèces de PFNL qui ne sont pas des arbres (par exemple des palmiers comme dans l'encadré 4), en utilisant le plus souvent des placettes déjà en place - l'utilisation de sous-placettes pour l'échantillonnage des PFNL à l'intérieur de PPE est commune pour se concentrer sur des jeunes plants et des jeunes arbres, et également pour observer la fructification et l'ensemencement des adultes.

Encadré 4: Utiliser des placettes permanentes d'échantillonnage (PPE) pour des palmiers au Mexique

Une étude sur une espèce unique de palmier au Mexique a utilisé des données d'observations bisannuelles sur sept ans. Elle a relevé la mortalité à tous les stades et utilisé un grand nombre de répétitions (50 échantillons) sur trois sites (Piñero, 1984).

De la même façon, une étude à petite échelle sur la croissance et la reproduction d'un palmier mexicain a enregistré des données d'observations bisannuelles sur quatre ans et dans trois sites (Oyama, 1990).

Faits nouveaux

Il existe encore peu de systèmes de PPE développés spécifiquement pour les PFNL. Les utilisateurs de PPE pour les PFNL devraient considérer la longue expérience, dans le domaine végétal, des biologistes, des écologistes et des forestiers pour développer des systèmes efficaces et nouveaux pour les PFNL. L'utilisation d'un intervalle de temps approprié pour la re-mesure est une considération importante - cet intervalle devrait refléter la saisonnalité et la longévité des espèces ressources.

Comparer les sites exploités avec les sites non exploités

A lire également : Cunningham, 2001

Cette méthode utilise des observations de sites couplés, en employant souvent des placettes de type PPE. Les deux sites doivent avoir des conditions semblables (végétation, topographie, etc), l'un ayant été exploité alors que l'autre non. Il doit y avoir plusieurs paires de sites dans l'étude. Cela permet de tester statistiquement les différences entre les régimes de récolte et de non récolte, mais ne permet pas l'analyse des niveaux différents de récolte ou des types différents de pratique de gestion. Le Tableau 10 ci-dessous montre quelques exemples d'études de ce type, mais il convient de noter que la plupart d'entre elles présentent des faiblesses : répétitions insuffisantes, études à court terme et placettes subjectivement localisées. Des conceptions d'échantillonnage alternatives comparent des plantes plutôt que des placettes et considèrent les impacts de récolte sur les populations ressource.

Tableau 10: Etudes de productivité réalisées sur des sites d'étude couplés

Auteur

Produit, localisation

Sites

Plan d'échantillonnage

Répétitions

Durée

Waters et al., 1997

Truffes, Californie

Deux sites représentant une plantation ancienne et mûre

Systématique

Quatre placettes à chaque site

2 ans

Olmstead et Alvarez-Buylla, 1995

Feuilles de palmier, Mexique

Quatre sites représentant une forêt secondaire récoltée et non récoltée

Subjectif

Aucune répétition, une placette par site

2 ans

Runk, 1998

Feuilles de palmier et graines, Equateur

Trois régimes de gestion, stratifiés par degré d'inondation

Subjectif

Aucune répétition, une placette par site

1 an

Konstant et al., 1995 et Sullivan et al., 1995

Palmier, Namibie

Deux sites représentant des densités haute et basse de population humaine et de bétail

Systématique

Dix placettes à chaque site

Non indiquée

Récoltes expérimentales

Cette méthode permet au chercheur de tester différents niveaux de récolte et d'évaluer ainsi l'impact de pratiques de gestion différentes.

Différents taux de récolte sont appliqués sur les différentes placettes. Les résultats sont comparés entre eux et avec une placette témoin, où il n'y a eu aucune récolte. C'est la façon la plus directe d'évaluer l'impact de la récolte de PFNL sur la population ressource. Cette méthode a été utilisée pour un certain nombre d'espèces très exploitées. Un exemple est présenté dans l'étude de cas 10.

Etude de cas 10: Une étude sur l'impact de récolte

Une étude dans le Parc national Great Smoky Mountains aux Etats-Unis d'Amérique a répondu aux préoccupations suscitées par la récolte occasionnelle d'ail (Allium tricoccum).

Trois sites ont été choisis pour la facilité d'accès et l'abondance (au moins 15 m² avec 20 plants/m² et non régulièrement récoltés). Quinze placettes de 1x1 m (trois répétitions de cinq traitements) dans un arrangement non linéaire sur chaque site. La largeur maximale de la plus grande feuille des plantes contenues de chaque placette est mesurée (largeur de feuille = taille du bulbe). Cinq traitements de récolte : témoin, 25, 50, 75 et 100 pour cent de récolte. Les plantes sont récoltées sans biais, en utilisant des méthodes traditionnelles. Les largeurs de feuille et la production de fleur/fruit des plantes restantes et des recrues sont mesurées pendant 4 années après la récolte et sans nouvelle récolte. Technique de récolte : trois répétitions de trois placettes de 0.5x0.5 m établies sur un site. Les plantes sont récoltées en utilisant trois méthodes : témoin, prélèvement complet et prélèvement partiel des plantes. Toutes les plantes, trop petites pour être récoltées, sont enlevées des placettes afin d'éviter de les compter comme régénération les années suivantes.

(Rock, 1996)

Pour toutes les comparaisons de récolte, des procédures expérimentales standard devraient être suivies et une attention particulière devrait être portée pour s'assurer d'un nombre de répétitions suffisants et pour utiliser un échantillon témoin. La présence d'un témoin est particulièrement importante car il est probable qu'il y ait en premier lieu un haut niveau de variance incontrôlée entre les placettes. Les protocoles sont spécialement choisis pour chaque espèce ressource.

Mesurer des plantes individuelles en plusieurs occasions

Cette méthode utilise les mesures répétées d'individus qui ne sont pas à l'intérieur de placettes permanentes. Les individus sont marqués et la productivité mesurée régulièrement pour déterminer la croissance au cours d'une période appropriée (c'est-à-dire le mois, la saison ou l'année - selon l'espèce ou le produit mesuré). L'étude de cas 11 en est un exemple. Pour être capable d'extrapoler le rendement total à partir de telles mesures, il est important d'avoir une estimation de la taille totale de la population.

Point clé : Il est fondamental d'utiliser des méthodes fiables pour sélectionner des individus échantillons. Idéalement, une sélection aléatoire devrait être utilisée avec une stratification (par exemple par la taille) ou avec les méthodes des voisins les plus proches (en sélectionnant les individus les plus proches de points localisés au hasard).

Etude de cas 11: Feuilles de palmier en Afrique australe

Deux zones de palmiers denses, avec une possibilité élevée de récolte commerciale, ont été choisies parce qu'elles étaient faciles d'accès. Un certain nombre de palmiers (16 et 34) ont été marqués dans les deux sites et groupés en trois classes de taille. La longueur des feuilles de chaque palmier a été mesurée à intervalles réguliers d'un mois. La croissance a été calculée pour chaque classe de taille, en utilisant la production annuelle de nouvelles feuilles, définie sur la base de la longueur des feuilles.

(Cunningham, 1998)

Cette méthode présente des avantages par rapport à l'utilisation de PPE :

• le nombre adéquat d'arbres peut être rapidement identifié, alors qu'il n'y a aucune garantie d'obtenir le nombre adéquat d'échantillons dans des placettes ;
• il n'y a aucun besoin de maintenir des placettes marquées de manière permanente, rendant la méthode peu coûteuse et directe; et
• la méthode peut être utilisée pour des animaux par marquage et re-capture, mais elle est rarement utilisée car la capture est souvent difficile.

Les inconvénients de la méthode :

• un manque d'information détaillée sur le milieu dans lequel se trouvent les échantillons (par exemple, sur la densité de la végétation concurrente) ; et
• l'échantillonnage présente le risque d'être opportuniste et subjectif, ce qui est faible d'un point de vue biométrique.

Cette méthode peut être utile là où l'espèce ressource est largement dispersée et facilement observée, et où les interactions avec d'autres végétaux ne sont pas importantes. Elle est souvent utilisée dans des situations de savane et d'arbustes de ferme.

3.4 Déterminer des niveaux d'exploitation durable

La complexité de la notion de "durabilité"

La durabilité est un concept complexe ayant de nombreuses interprétations, allant des définitions idéalistes aux guides pratiques.

Définir la "durabilité"

Une définition plutôt idéaliste de l'exploitation durable des PFNL est la suivante :

"Si l'exploitation n'a aucun effet nuisible à long terme sur la reproduction et la régénération des populations récoltées, par rapport aux populations naturelles non récoltées. En outre, la récolte durable ne devrait avoir aucun effet défavorable perceptible sur d'autres espèces de la communauté, ou sur la structure et la fonction de l'écosystème." (Hall et Bawa, 1993)

Cependant, il est pratiquement impossible d'enlever quoi que ce soit des forêts naturelles sans créer un changement perceptible. Une approche plus pragmatique à la récolte durable pourrait exiger de n'avoir "aucune perte d'espèces et aucun changement irréversible dans les processus de l'écosystème" (Boot et Gullison, 1995), mais même cela est difficile à démontrer.

Pour la gestion durable du bois d'_uvre, on trouve les interprétations pratiques suivantes :

• les niveaux de récolte permis ne doivent pas excéder un niveau qui peut être récolté à perpétuité dans la population sans endommager sa vitalité; et
• la récolte annuelle doit être constante et disponible à perpétuité.

Durabilité et PFNL

A lire également : Cunningham, 2001

Même pour le bois d'_uvre où les taux de croissance sont lents et où il existe une expérience considérable de gestion de rendements soutenus, le maintien d'un niveau relativement constant de production est difficile. La recherche de la durabilité dans la gestion des PFNL est encore plus complexe :

• il y a souvent une forte variabilité annuelle de la production (par exemple, une bonne récolte de fruit une année, une mauvaise l'année suivante); et
• la gestion extensive et régulée est peu commune.

La mise au point de ce qui est une exploitation "durable" pour beaucoup de PFNL reste problématique. La compréhension approfondie de leur productivité doit venir des études écologiques et d'exploitation. Ces études impliquent la détermination des taux et modèles de variation de la régénération, de la croissance, de la mortalité et de la reproduction. Elles doivent également déterminer comment ces modèles sont liés aux changements environnementaux et de gestion.

Il existe peu de faits nouveaux méthodologiques pour déterminer la durabilité, pour plusieurs raisons :

• une supposition courante est que les pratiques de gestion traditionnelles sont durables ;
• les ressources disponibles sont souvent limitées et elles sont rarement destinées à faire l'objet de recherche biologique sur les PFNL ; et
• la mise en _uvre d'une gestion durable est perçue comme coûteuse et infaisable, donc le développement de tels systèmes n'est pas prioritaire.

Etudes de population et évaluation des récoltes

Les modèles matriciels prévoient le devenir des populations futures en utilisant des probabilités pour calculer les chances de survie, croissance, mort et reproduction des individus.

Les études réalisées pour essayer de mettre au point des rendements durables ont utilisé un certain nombre d'approches, parmi lesquelles :

Observer la dynamique de population - des approches biologiques utilisent des modèles matriciels simples ou des règles empiriques, basées sur la dynamique de population. Si des données suffisantes sur la naissance, la mort et les taux de croissance sont disponibles, alors ces approches permettent d'identifier les limites supérieures théoriques d'exploitation durable, c'est-à-dire la productivité totale.

Etablir des récoltes appropriées - examiner les impacts de récolte sur l'écosystème et les retours économiques des produits de la forêt. Des combinaisons d'estimations basées sur la ressource et d'enquêtes socio-économiques ne sont pas rares, avec une attention particulière accordée à la récolte et aux revenus, plutôt qu'aux niveaux biologiques d'exploitation durable.

Une méthodologie pas à pas, incorporant toutes ces approches, pourrait constituer un début utile pour déterminer des niveaux de récolte durable. La méthode suivante peut être proposée (Gould et al., 1998) :

• délimiter la zone ressource actuelle ;
• déterminer la ressource actuelle;
• estimer la croissance et le rendement de l'espèce cible ;
• déterminer la demande actuelle ;
• comparer l'offre et la demande à court terme et évaluer des options de gestion ;
• évaluer les effets écologiques secondaires ;
• répéter le processus pour des périodes futures ; et
• résumer les résultats.

Certains des meilleurs exemples de détermination de rendement durable des PFNL se situent de nouveau au nord et à l'est de l'Europe, pour les baies - bien que les taux de récolte soient encore bien au-dessous des rendements disponibles (Rutakauskas, 1998; Saastomoinen et al., 1998).

A lire également sur l'ERV : Cunningham 1994, 1996a, 2001

Evaluer si une espèce est proche de la surexploitation

1 Les layons resteront ouverts seulement pour un temps limité et la communication entre les différentes équipes au sujet de la période d'accessibilité est importante.

Identifier les espèces à risque

La méthode d' "évaluation rapide de vulnérabilité" (ERV) rassemble l'information permettant d'identifier l'espèce, les ressources ou les sites qui peuvent être en danger de surexploitation. Elle a été développée comme un moyen rapide de collecter une information à la fois scientifique et locale sur une espèce ressource et a été utilisée pour recommander si cette espèce ressource se prêtait ou non à l'exploitation.

L'évaluation est faite en plusieurs étapes :

• des feuilles de relevés de terrain standardisées sont utilisées pour rassembler l'information sur chaque espèce ;

• l'information est évaluée selon des critères de durabilité, tirés des données écologiques, socio-économiques et économiques - quelques exemples sont montrés dans le Tableau 11 ; et

• on attribue alors à chaque espèce un type de gestion parmi une selection de huit, chaque type possédant un ensemble de recommandations de gestion.

Tableau 11: Critères utilisés pour l'évaluation rapide de vulnérabilité

Critères

Potentiel pour une utilisation durable

Bas

Elevé

Écologie

Abondance faible

Abondance élevée

 

Croissance lente

Croissance rapide

 

Reproduction lente

Reproduction rapide

 

Reproduction sexuée seulement

Reproduction végétative

 

Habitat spécifique

Habitat non spécifique

 

Grande diversité d'habitat

Faible diversité d'habitat

 

Diversité élevée de forme de vie

Faible diversité de forme de vie

Forme de vie

P. ex. l'utilisation d'herbacées sera probablement plus durable que celle des arbres

Les parties utilisées

P. ex. l'utilisation de feuilles/fruit/tige est plus durable que celle des racines (si elle est destructrice) ou de la plante entière.

La méthode de récolte

Le potentiel pour une récolte durable est plus élevé si des classes de taille/âge ne sont pas choisies - la récolte de seulement un âge ou une classe de taille particulière peut faire pression sur la population entière.

Est-ce fiable biométriquement ?

Les exigences complètes de la méthode ERV fournissent une liste utile de contrôle pour collecter de l'information à partir d'un grand nombre de sources et donnent des informations qui serviront plus tard à une mise à jour ou à une modification, par exemple, pendant l'inventaire. Cependant, cette méthode ne réalise pas les éléments suivants :

• garantir une bonne information - qui souvent manque ;

• inclure les activités de l'inventaire - il s'agit d'un "coup d'_il" rapide d'une espèce ; et

• quantifier l'information - qui est sujette à interprétation.

Bien que cela puisse sembler compliqué de prime abord, l'expérience montre que les nouveaux utilisateurs de la méthode peuvent développer utilement des systèmes de points pour les critères et des moyens simples et transparents pour traduire ces critères en types de gestion. De tels systèmes d'évaluation constituent un premier coup d'_il très riche d'enseignement pour comprendre le problème et pour sélectionner l'espèce destinée à la commercialisation.

Ajuster les niveaux d'exploitation s'ils s'avèrent non durables

On a proposé une méthode simple et attractive pour adapter périodiquement les niveaux d'exploitation, de manière à s'assurer qu'elle est durable, en utilisant les taux minimaux de régénération comme niveau de base (par exemple, Peters, 1994, 1996a). L'encadré 5 donne plus de détails sur cette méthode et la Figure 4 illustre les principes de base du cycle.

Encadré 5: Méthode d'ajustement de la récolte pour évaluer des rendements durables d'arbres

Enquête de régénération. Un réseau de sous-placettes de régénération, permanentes et petites (5x5 ou 10x10 m), dans des PPE pour des arbres plus grands. Le nombre total de jeunes plants et jeunes arbres de l'espèce recherchée, avec diamètre inférieur au diamètre minimum requis pour l'inventaire, est compté dans quatre classes de taille et enregistré. Les données initiales représentent les valeurs seuils avec lesquelles la durabilité est évaluée. Ces placettes sont ré-énumérées tous les cinq ans. Si une énumération révèle que la densité des jeunes plants ou des jeunes arbres baisse au-dessous de la valeur de seuil, l'intensité de récolte est réduite. Si cette densité augmente, les niveaux de récolte peuvent être augmentés. Des approximations successives sont utilisées pour essayer de stabiliser les densités de jeune plants et arbres, de préférence au niveau original du seuil.

Évaluations de récolte. Des évaluations visuelles du comportement et de l'état des arbres adultes sont réalisées en même temps que les activités de récolte. Pendant les récoltes habituelles, la santé, la floraison, l'abondance de graine et les impacts de récolte sont enregistrés pour certains arbres marqués dans les placettes de rendement. L'information est collectée et suivie pour ces individus.

Si des problèmes spécifiques sont identifiés, comme par exemple une perte de vigueur, une prédation accrue de graine, une chute de la productivité, etc., des ajustements de récolte doivent être entrepris.

(Peters, 1994, 1996a)

Cette méthode doit être utilisée avec soin, à cause de certaines hypothèses qu'elle contient :

• elle suppose que les rendements annuels constants sont possibles et souhaités;

• la densité de régénération du seuil est décidée à partir de l'échantillonnage d'une saison seulement, en supposant qu'elle est constante. Étant donné que la reproduction varie notoirement d'année en année, cela peut être fortement imprécis;

• elle ne donne aucun conseil sur la façon de déterminer le niveau de récolte initial et semble supposer que les niveaux actuels sont une approximation du rendement durable;

• elle suppose que les effets destructeurs de la surexploitation peuvent être observés sur de courtes périodes. Cependant, pour des espèces à longue durée de vie et dépendantes de la régénération naturelle, les effets peuvent être visibles seulement après des années d'observations minutieuses.

Ce type de méthode pourrait être amélioré en introduisant l'échelle et le modèle de variabilité de la productivité. Cela exigerait des observations pendant plusieurs années et pourrait être complété par des données climatiques, en particulier la pluviométrie. Cela fournirait une base pour développer des modèles de prédiction de rendement, comme ceux mentionnés ci-dessus pour les baies en Europe du Nord. Des niveaux de récolte appropriés pourraient alors être décidés, liés aux éléments suivants :

• les rendements à long terme, le niveau de population futur, ou une prévision des rendements annuels; ou

• les demandes actuelles, avec une compréhension des impacts sur rendements futurs.

Figure 4: Diagramme de la stratégie de base pour établir une exploitation durable de plantes ressources en PFNL

 

 

Qu'est-ce que la dynamique du cycle de vie ?

Chaque individu traverse plusieurs étapes dans sa vie, depuis sa naissance ou germination jusqu'à sa maturité, sa vieillesse et sa mort. A chaque étape, les modèles peuvent appliquer des taux différents de croissance, de fécondité/nouvelles naissances et mortalité/morts.

Les modèles utilisent ces données pour prévoir l'état des futures populations dans différentes conditions.

Utiliser des modèles pour prédire le rendement futur des plantes

La durabilité à long terme d'une espèce exploitée dépend des impacts de la récolte sur l'ensemble de son cycle de vie. L'utilisation de modèles qui représentent la dynamique du cycle de vie peut contribuer au développement d'estimations fiables des niveaux de récolte durables.

Utiliser la dynamique du cycle de vie

Des modèles représentant le cycle de vie sont utilisés en foresterie et pour la gestion de faune sauvage, mais ils ont été utilisés seulement récemment pour la mise au point de niveaux de récolte durables de PFNL. Le modèle de population de PFNL le plus souvent utilisé est la "méthode matricielle" (Peters, 1996a). Ce modèle prévoit le nombre d'individus dans différentes classes d'âge ou de taille (la "structure en classe de taille") pour les populations futures et sous différents régimes de récolte, en se basant sur la population actuelle et sur les estimations de naissance, mort et taux de croissance pour chaque âge ou classe de taille.

Comment un modèle matriciel fonctionne-t-il ?

Il fonctionne par saut dans le temps, à intervalles de temps fixés, d'habitude un an. D'abord, la population est divisée en classes de taille (ou d'âge). La structure de la population actuelle est le nombre de plantes dans chaque classe, déterminé à partir des résultats d'enquêtes sur le terrain. Le modèle utilise la dynamique du cycle biologique pour évaluer les probabilités de survie de chaque individu entre un âge et un autre, sur des périodes de temps données. Ce travail est réalisé sur plusieurs années pour prévoir la structure de la population future. L'encadré 6 présente un exemple qui explique ce type de modèle. Le caractère durable de différents régimes de récolte est évalué en changeant les taux de reproduction et de mortalité, utilisés dans des classes de taille spécifiques du modèle (pour simuler la récolte).

Encadré 6: Un exemple de modèle matriciel à faire tourner

Pour étudier une plante pérenne, on peut considérer les classes d'âge suivantes : 1=graine; 2=plant, plante non-reproductrice; 3= plante plus grande produisant quelques graines; 4= plante adulte pleinement reproductrice.

Les étapes sont dans des intervalles d'un an, et l'année 1 est l'année actuelle.

Exemple de calcul :

Le nombre de plantes de l'année 2 dans la classe d'âge 3 est la proportion des plantes, maintenant dans la classe 2, qui survivront et croîtront assez rapidement pour entrer dans la classe 3 en un an.

Le nombre de graines produites par chaque classe d'âge pendant l'année 1 donne le nombre de graines de la classe 1 dans l'année 2.

Le taux de germination prévoit le nombre de graines de l'année 1 (dans la classe d'âge 1) qui sera dans l'année 2 de la classe d'âge 2.

La matrice de transition représente ces données et calculs. Les probabilités utilisées peuvent être changées pour représenter différents niveaux de récolte et de régimes.

La matrice d'état représente la structure de la population à un moment donné.

 

 

Adéquation biométrique au risque

Il existe plusieurs limites qui réduisent l'utilité de ces méthodes.

Lecture complémentaire sur les échantillonnages pour étudier la dynamique des populations : Bowden et al., 2000); Gagnon, 1999. Voir aussi USGS. Programme de contrôle de la biodiversité. Site web:

www.mp1-pwrc.usgs.gov/ powcase/index.html

Les modèles nécessitent une information sur les PPE, y compris le niveau de floraison, la production, la dispersion, la germination et la prédation des graines. Ce type d'information exige des observations fréquentes, idéalement sur plusieurs saisons pour tenir compte de la variation. Comme nous l'avons remarqué plus haut, peu de PPE de PFNL ont été étudiées sur plus de un ou deux ans et fournissent rarement des données fiables sur le plan biométrique, mais plutôt une indication générale des taux. Cela signifie que souvent la base des modèles de cycle biologique peut ne pas être fiable.

• La plupart des impacts dus aux différentes méthodes de gestion sont hypothétiques et n'ont pas été démontrés par des observations ou des expériences.

• Ces méthodes supposent que la mortalité, la croissance et les taux de régénération restent constants, sauf s'ils sont changés par la gestion. En réalité ces paramètres varient également en raison d'autres facteurs, comme les feux de forêt ou les variations climatiques. Une approche alternative est la modélisation de la viabilité de population, qui essaye de prévoir si l'espèce peut résister à des événements fortuits au cours de longues périodes. Cela n'a pas encore été utilisé pour les estimations de PFNL.

Modèles pour estimer la durabilité de la chasse

A lire également sur le RMS : Caughley et Sinclair, 1994

La gestion en vue d'obtenir un rendement durable d'animaux est bien différente de celle des arbres et des méthodes diverses ont été développées par les gestionnaires de la faune sauvage. La dynamique de population est différente car la survie est généralement dépendante de la densité et il existe un seuil de capacité maximum sur toute zone du territoire. Le seuil de capacité est le nombre maximal d'animaux qui peuvent peupler une zone. À ce point, les naissances sont égales aux mortalités et la population est stable. Au-dessus de ce point, les mortalités augmentent et la population diminue. Au-dessous, la population s'accroît. Si le niveau de population descend trop bas, la reproduction ne se fait plus. Il existe un niveau de population optimal qui assure des taux de natalité maximaux et la survie des nouveaux individus. Ce niveau est connu comme étant le rendement maximum soutenu (RMS).

L'estimation directe du RMS est difficile - de nouveau, à cause du manque de données détaillées sur la dynamique de population et comment elles rendent compte de l'évolution de la densité des animaux. Avec cela à l'esprit, une approche simplifiée a été développée et est devenue commune (Robinson et Redford, 1991, voir l'encadré 7 pour plus de détails). Il s'agit de :

• déterminer le taux de croissance démographique et la densité de la population, pour :

• évaluer la production annuelle globale, ensuite :

_ mettre au point un niveau de récolte durable, à 20-40 pour cent de la production annuelle, selon la longévité de l'espèce.

Cette méthode a des limites :

• elle donne seulement une évaluation initiale des impacts de chasse et ne devrait pas être utilisée pour établir des quotas; et

• elle suppose que les animaux ne meurent pas avant qu'ils ne se reproduisent, surestimant ainsi la croissance démographique. L'inclusion de la mortalité des jeunes animaux met en évidence un niveau plus grand de surexploitation par rapport à celui précédemment évalué.

Qu'est-ce que la théorie du prélèvement optimal? Elle décrit les choix de chasse en termes de coûts et bénéfices en énergie d'une stratégie de chasse particulière pour le chasseur.

Les modèles utilisant la théorie du prélèvement optimal pour simuler les impacts des stratégies de chasse sur les populations de faune sauvage peuvent aussi être utiles. Un exemple de ces modèles (Winterhalder et Lu, 1997) simule le devenir des espèces ressources, en les classant selon le niveau de préférence des chasseurs. Cette approche tient compte des : différences de préférences locales; de la disponibilité des différentes espèces ressources; et des différents types de pratique de chasse. De cette façon, le modèle est calibré pour des situations réelles et multi-ressources, mais il peut être cher et complexe à mettre au point avec des données réelles.

Encadré 7: Méthode pour évaluer la durabilité

Calculer la production animale maximum par km2

Variables du modèle (la densité effective est mesurée; la valeur des autres paramètres étant estimée ou prise dans la littérature) :

Densité effective (D) - nombre par kilomètre carré.

Densité prévue (D2) - calculée à partir d'une régression linéaire du log10 de la densité de population en fonction du log10 de la masse corporelle par catégorie de régime alimentaire.

Taux intrinsèque de croissance naturelle (tmax) - le plus élevé possible, sans aucune limitation, estimé en utilisant l'équation de Cole (1954) :

1 = e-tmax + be-tmax(a) - be-tmax W+1

où :

a = âge de la première reproduction,

w = âge de la dernière reproduction,

b = taux annuel de naissances de femelles.

La formule de Cole suppose qu'il n'y a pas de mortalité (engendre une erreur faible si le taux de mortalité n'est pas significatif avant l'âge de reproduction).

Le taux maximum fini de croissance (_max) - exponentiel du taux intrinsèque de croissance naturelle (ermax) qui est la croissance de la taille de la population entre le temps t et t+1.

Production (P) - addition de population = (naissances + immigration) - (mortalités + émigration) + survie (jusqu'à la fin d'une période de temps spécifique, c'est-à-dire 1 an).

On suppose:

• Les densités prévues sont plus élevées que celles observées et sont proches ou au niveau du seuil de capacité pour une espèce.

• La production maximum sera atteinte lorsque la densité de population est à 60 pour cent du seuil de capacité. Prélever 0.6 D2 maintient la population à la même densité.

Production Pmax = (0.6 D2 x _max)- 0.6 D2

Estimation du potentiel d'exploitation

On suppose que la durée de vie moyenne d'une espèce est un bon indicateur du degré de prélèvement par les chasseurs des animaux qui seraient morts de toute façon. Les niveaux d'exploitation sont donc fonction de la longévité = âge de la dernière reproduction de l'espèce : pour des espèces à durée de vie très courte, < 5 ans, prélèvement = 0.6 P; pour des espèces à durée de vie courte, entre 5-10 ans, prélèvement = 0.4 P; pour des espèces à longue durée de vie, > 10 ans, prélèvement = 0.2 P.

Les suppositions les plus significatives sont :

• Le modèle suppose que la production dépend de la densité, c'est-à-dire que la production augmente lorsque la densité diminue, de telle manière que la production est maximum à 0.6 du seuil de capacité.

• La proportion de production qui peut être exploitée sans épuiser la population. Une confirmation indirecte pourrait venir de la comparaison des distributions de la masse corporelle entre des populations exploitées et des populations non chassées : si les distributions sont identiques, alors on peut dire que la chasse peut prélever une proportion d'animaux supérieure à la production totale s'il s'agit d'animaux qui seraient morts de toute façon.

Il FAUT avoir les données suivantes pour utiliser cette méthode : la masse corporelle moyenne, les préferences alimentaires (si on utilise une équation de prévision), l'âge de la première reproduction, l'âge de la dernière reproduction et le taux annuel de naissance chez les jeunes femelles (densité moyenne de la population sur le site d'étude - si on n'utilise pas une équation de prévision).

Un modèle NE DOIT PAS être utilisé pour générer des programmes d'exploitation pour une espèce donnée. Il PEUT fournir une première évaluation de l'impact de la chasse sur les populations d'animaux sauvages.

(Robinson & Redford, 1991)

3.5 Contrôler la réussite des actions de gestion

Pourquoi un contrôle ?

Le contrôle permet d'évaluer si les interventions entreprises ont eu les effets positifs attendus et comment elles pourraient être améliorées. Il doit toujours faire partie du processus de gestion. Idéalement le contrôle doit commencer avant toute intervention pour fournir un état de référence permettant d'évaluer la réussite des actions de gestion.

Mesurer les changements dans le temps

Les évaluations fiables des changements provoqués par les actions de gestion exigent un inventaire quantitatif et rigoureux sur le plan biométrique. Cependant, des approches moins directes - comme par exemple, les enquêtes de marché, les comptes rendus d'exploitation, les indicateurs forestiers - sont utiles pour attirer l'attention sur les zones potentiellement à problèmes et pour renseigner les décisions de gestion.

Il n'y a pas de méthodologie spécifique pour contrôler la ressource - toutes les méthodes précédentes peuvent être utilisées. La différence est que l'inventaire est répété à intervalles réguliers, souvent chaque année ou tous les cinq ans. Ce qui est important, c'est la capacité du plan d'inventaire à mettre en évidence les tendances réelles, en les séparant des erreurs aléatoires dues aux estimations. C'est possible seulement si l'erreur d'échantillonnage est basse chaque fois que la ressource est mesurée. Cela exige un grand nombre de placettes, ce qui pourrait être trop coûteux. Le prix élevé d'un contrôle rigoureux explique qu'il n'a pas souvent été, s'il l'a jamais été, utilisé pour les PFNL sous les tropiques. Au contraire, les efforts se sont concentrés sur le développement d'indicateurs simples et bon marché.

Utiliser des indicateurs

Lecture complémentaire sur les indicateurs : Lindenmayer et al., 2000

Bien que les indicateurs soient très attractifs, il convient d'avoir le plus grand soin pour les choisir et les mesurer. En particulier, il y a un risque qu'ils ne reflétent pas bien l'état de la ressource. Les problèmes les plus importants sont les suivants :

• ils peuvent être difficiles à mesurer - par exemple, l'évaluation de la régénération est utilisée pour contrôler l'état de la population entière (Peters, 1994);

• l'assurance que les indicateurs soient représentatifs de la ressource entière - par exemple, l'utilisation de rapports de marché, sans connaître l'origine du produit, peut ne rien révéler sur l'épuisement local de la ressource (Milner-Gulland et Mace, 1998); et

• l'échec dans l'utilisation des indicateurs pour affiner ou ajuster les pratiques de gestion - mais ce cas semble assez rare, probablement à cause du manque de programmes de contrôle à long terme en place pour les PFNL.

Les deux approches principales pour le contrôle de l'impact de l'exploitation sur les PFNL sont :

• une approche forestière : contrôler la santé de la forêt et/ou des ressources restantes après la récolte ; et

• une approche marché : contrôler la taille et la qualité de ce qui est récolté (Watts et al., 1996).

Idéalement, les deux méthodes devraient être utilisées. Un contrôle participatif au niveau local est également utile pour améliorer la compréhension respective des régulateurs et des exploitants sur la ressource.

Observer ce qui reste après la récolte

Lecture complémentaire sur les études d'impacts des récoltes : Cunningham, 2001

En foresterie, les PPE ont typiquement été utilisées pour contrôler les impacts de récolte sur les rendements futurs et sur d'autres éléments de l'écosystème forestier. Des programmes de contrôle des PFNL peuvent être mis en place de la même façon, mais il est important que ces programmes soient élaborés selon des principes biométriques stricts. Cela augmentera la probabilité que les données soient représentatives et utiles pour l'extrapolation sur de plus grandes zones. A ce jour, peu de protocoles ont été établis.

Les bénéfices du contrôle local.

Les données collectées loin de la forêt ont peu de chance de refléter ce qui se passe dans la forêt. L'information basée sur la ressource a donc plus de chance d'être plus proche de la réalité que les rapports de douanes et fiscaux.

De plus, les rapports réalisés après que le produit a quitté le village ne permet- tent pas de faire le lien entre le produit et son lieu de récolte.

Pour permettre une mesure correcte de l'impact de récolte, il doit y avoir un "état de référence" non récolté, avec lequel les indicateurs peuvent être comparés. Ce point est souvent négligé. Il devrait prendre la forme d'une enquête de pré-exploitation ou utiliser des comparaisons entre des sites récoltés et non récoltés. Les considérations suivantes sont importantes :

• s'assurer que les enquêtes sur l'état de référence soient faites le plus tôt possible et avant que des changements dus à la gestion n'interviennent ;

• vérifier que ces enquêtes mesurent efficacement les indicateurs appropriés de la condition et de la productivité de la forêt ;

• considérer l'aspect social (méthodes de diagnostic rural rapide (DRR), telle que la "promenade dans les bois") avec des approches plus techniques (quantification, cartographie) ; et

• limiter l'énumération à l'espèce ressource ou l'espèce indicatrice, plutôt qu'essayer de tout mesurer - c'est l'option préférée pour les espèces récoltées à l'extérieur des forêts, c'est-à-dire sur des terres cultivées.

Les PPE pour PFNL ont souvent été considérées comme de la haute technologie, des méthodes nécessitant beaucoup de données d'entrée et donc seulement utiles pour des zones relativement petites et gérées intensivement, comme les parcs nationaux (par exemple, Sheil, 1997).

Mesurer ce qui a été récolté

Les comptes rendus de récolte constitutent un moyen populaire, rapide et direct pour contrôler les PFNL. Ils peuvent contenir des mesures quantitatives (poids et mesures absolus) ou qualitatives (mesures relatives - beaucoup, peu, etc) du produit récolté. L'étude de cas 12 donne un exemple d'utilisation de compte rendu de récolte.

Etude de cas 12: Contrôle de l'exploitation dans un Parc national d'Ouganda

Dans le passé, le personnel des Parcs nationaux en Ouganda contrôlait les récoltes en utilisant des quotas officiels Des placettes de contrôle au niveau forestier sont maintenant prévues dans des secteurs d'exploitation importante. Il est prévu que l'information permettant le contrôle du respect des accords participatifs sur la gestion et l'utilisation des PFNL doit être collectée à partir de trois sources:

• les utilisateurs de la ressource - impliqués dans la collecte d'information sur l'exploitation des ressources, les activités illégales et l'état des ressources ;

• les patrouilles de garde - comme faisant partie de leurs activités ordinaires ; et

• le contrôle écologique formel - des placettes PPE sont établies pour des espèces choisies par les communautés.

Le contrôle de l'Ensuri (Smilax kraussiana) dans la Paroisse Rutugunda, dans le Parc national de Bwindi. Le personnel du parc est allé avec des cueilleurs sur les sites traditionnels de collecte dans la forêt. Chaque site de collecte a été marqué avec un fanion rouge et la date et le produit récolté ont été notés. L'Ensuri est une liane dont les rejets au sol sont récoltés. Cette récolte se fait selon des pratiques traditionnelles qui sont apparemment durables - les cueilleurs n'ont fait rapport d'aucun changement concernant l'étendue des sites de collecte. Chaque paquet de produit collecté a été déroulé et le personnel du parc a mesuré la longueur, le nombre de n_uds et le diamètre moyen de chaque tige. Les rapports sont conservés avec le nom des collecteurs.

(Watts et al., 1996)

La collecte des données peut avoir lieu en divers points de la chaîne d'exploitation :

• à la source, dans la forêt ;

• sur les marchés de village, locaux ou nationaux ; et

• au niveau du commerce international, comme les statistiques des Douanes et Taxes, ou les statistiques CITES sur l'import/export.

Les comptes rendus de récolte peuvent être utilisés pour des objectifs différents :

• les comptes rendus de marché peuvent permettre d'attribuer une valeur monétaire au produit, ce qui les rend utiles pour les enquêteurs de marché et les socio-économistes ;

• les comptes rendus de récolte détaillés sont souvent utilisés pour déterminer des quotas de chasse/cueillette pour la saison suivante, généralement confortés par des estimations directes de la population ; et

• comme un indicateur de changement des ressources, ils peuvent mettre en évidence le besoin d'études plus détaillées.

Les comptes rendus de récolte constituent la forme la plus répandue de données sur les ressources de PFNL. Cependant, il faut faire attention à quelques points importants en utilisant ces données :

• Il peut être difficile de distinguer si le produit présent sur le marché est d'origine sauvage ou domestique. Si la proportion de produit domestique est surestimée, il y aura une sous-estimation des quantités récoltées dans la population sauvage, ce qui peut rendre les décisions de gestion ou de quotas inappropriées.

• Les comptes rendus de récolte n'indiquent les changements qui peuvent intervenir concernant la manière dont les produits sont récoltés. Deux méthodes de récolte différentes peuvent produire la même quantité de produit sur le marché, mais l'une peut être destructrice de la ressource et non durable, alors que l'autre permet une récolte durable. Ce n'est pas rare, en particulier là où les étrangers ont été attirés dans une zone pour la valeur commerciale de ses produits.

• Leur utilisation a tendance à supposer que les changements de niveaux de récolte reflètent en réalité des changements de la ressource. Ce n'est pas toujours le cas - beaucoup de facteurs peuvent influencer les niveaux de récolte.

• Ils ne représentent pas souvent les changements sociaux, les facteurs prix ou marché. Par exemple, un produit très demandé restera présent au marché même si la ressource s'épuise - mais le prix augmentera pour refléter la pénurie. Ainsi, en mesurant la quantité de produit sur le marché, on peut prolonger la surexploitation jusqu'à l'écroulement de la ressource. L'étude de cas 13 en fournit un exemple. Si les mesures de marché ne sont pas utilisées conjointement avec une estimation des ressources, il est nécessaire de s'assurer que ces mesures sont vraiment rigoureuses et qu'elles sont bien calibrées par rapport à la disponibilité réelle de la ressource.

Etude de cas 13: L'influence des facteurs socio-économiques

Des cueilleurs américains de ginseng en Virginie, aux Etats-Unis, doivent produire des rapports de vente tous les 30 jours, pendant la saison de récolte. On suppose que les niveaux fluctuants des ventes reflètent les changements dans les niveaux de population. En réalité, la fluctuation des quantités commercialisées de ginseng est plus étroitement liée aux conditions changeantes du marché de l'emploi chez les cueilleurs - quand le chômage est élevé, davantage de produit est récolté; quand les cueilleurs ont un emploi, les récoltes baissent car ils ont moins de temps et n'ont pas besoin d'argent supplémentaire. Avec une population principalement rurale et pauvre, ce phénomène n'est pas rare.

(Bailey, communication personnelle)

Participation locale dans le contrôle

Il est important pour les locaux qui utilisent la ressource de PFNL qu'ils comprennent la raison des quotas et des autres prescriptions de gestion, de manière à rendre la gestion crédible à leur yeux. Leur participation dans le contrôle de la ressource peut être une stratégie intéressante pour obtenir un appui parmi les cueilleurs, en faveur des prescriptions de gestion.

Les locaux peuvent aussi adapter et améliorer des méthodes grâce à leur connaissance de la ressource. L'utilisation d'indicateurs de conditions de ressource choisis par les locaux peut augmenter leur engagement à la fois dans le contrôle et dans les ajustements de gestion qui peuvent en résulter.

Des méthodes appropriées peuvent être fondamentales pour atteindre un objectif de contrôle continu par les locaux. Cela explique l'intérêt répandu pour développer des techniques de contrôle participatives qui sont adaptées aux capacités locales.

3.6 Approches participatives

De nombreuses études sur les PFNL se sont fortement concentrées sur l'implication des populations locales pour améliorer durablement leurs conditions de vie.

Lecture complémentaire sur la participation :

Ingles et al., 1999;

Carter, 1996

Impliquer la population locale

De nombreux professionnels soutiennent que si un inventaire de PFNL doit contribuer au caractère durable de l'amélioration des conditions de vie locales, alors les populations concernées doivent participer activement à toutes les étapes du processus décisionnel - en décidant si on fait un inventaire, ses objectifs et sa conception, le travail de terrain et l'analyse de données. L'idée est que l'approche participative peut :

• être une opportunité pour un processus d'étude pour les deux parties ;

• aider à promouvoir un sens de la responsabilité pour l'environnement ;

• aider la population à comprendre comment et pourquoi les décisions de gestion sont faites, en rendant les décisions plus acceptables localement à long terme et l'ensemble du processus plus durable ;

• aider la population à voir l'avantage économique potentiel des changements de gestion et donc s'assurer qu'elle adhèrera aux pratiques de gestion ;

• aider à résoudre les conflits entre les gestionnaires et les exploitants, en établissant la confiance et en garantissant l'accès (par exemple, Watts et al., 1996; Pilz et Molina, 1998) ; et

• permettre de s'assurer que les données effectivement rassemblées seront utiles pour la gestion.

Les niveaux de participation varient, comme noté dans le Tableau 12. Etablir qui possédera et bénificiera des "droits de propriété intellectuelle" sur l'information collectée devient de plus en plus important et doit être décidé tôt dans le processus.

Tableau 12: Degrés de participation - depuis la cooptation jusqu'à l'action collective

Modalité de participation de la population locale

Le type de participation

Le contrôle de l'extérieur

Le potentiel pour soutenir l'action et la propriété locale

Le rôle de la population locale dans la recherche et l'action

Cooptation

Changement fictif - des représentants locaux sont choisis, mais n'ont aucune participation réelle dans l'exercice du pouvoir

***********

 

Sujets

Coopération

Des tâches sont assignées, avec des motivations financières; les étrangers décident du programme et dirigent le processus

*********

 

Utilisateurs / subalternes

Consultation

Des avis sont demandés; les étrangers analysent l'information et déterminent un programme d'action

*******

 

Clients

Collaboration

La population locale et les étrangers travaillent ensemble pour déterminer des priorités; les étrangers ont la responsabilité de diriger le processus

*****

***

Collaborateurs

Co-formation

La population locale et les étrangers partagent leurs connaissances pour créer une nouvelle compréhension et un nouveau travail en partenariat pour élaborer des plans d'action; les étrangers sont ici facilitateurs

***

******

Associés

Action collective

La population locale élabore et met en _uvre son propre programme; les étrangers sont absents

 

*********

Directeurs

(adapté de Cornwall, 1995, dans Carter, 1996) ** indique les forces relatives

Message clé : le savoir local peut fournir des informations utiles sur la ressource, mais la vérification des données est en général nécessaire.

Utilisation et valeur du savoir local

Le savoir local peut être utile dans la conception et l'exécution d'un inventaire de PFNL pour diverses raisons, comme mis en évidence dans l'étude de cas 14 et présenté dans le Tableau 13. La participation peut améliorer l'efficacité de l'inventaire et optimiser les bénéfices locaux. Une meilleure efficacité peut venir de :

• la connaissance locale, qui fournit information de base sur la ressource (par exemple, à travers les méthodes ERV décrites dans 3.4); et

• une aide, pour se décider si un inventaire est vraiment nécessaire et, le cas échéant, choisir le type de plan d'échantillonnage et la méthode d'énumération qui sont appropriés.

Etude de cas 14: Utiliser le savoir local pour concevoir et réaliser un inventaire d'If du Pacifique en Colombie britanique

Une étude intéressante nord-américaine qui contient quelques leçons pour l'évaluation de PFNL en milieu tropical est le travail qui a été fait au Canada sur l'inventaire de l'If du Pacifique (Taxus brevifolia, son écorce est récoltée pour fabriquer un médicament contre le cancer du sein). Avant de mener à un inventaire à grande échelle, une décision était nécessaire pour le choix de celle des deux cartes disponibles (une carte d'écosystèmes et une carte de couverture forestière) qui fournirait la meilleure stratification et pour savoir si la connaissance locale pouvait être utilisée afin de déterminer quelles strates doivent être échantillonnées pour l'if. Un questionnaire a été envoyé aux forestiers locaux et aux écologistes pour révéler leur connaissance sur la présence et la distribution de l'if parmi les unités délimitées sur chaque carte. Les résultats du questionnaire ont été compilés et utilisés pour identifier les strates à haute et à faible probabilité de présence de l'if sur chaque carte. L'échantillonnage sur le terrain a été pondéré pour que 80 pour cent et 20 pour cent des échantillons soient respectivement situés dans les strates de probabilité hautes et basses. L'analyse des données a montré que l'ensemble des estimations de populations d'if, produites en utilisant l'une ou l'autre carte comme base pour la stratification, n'étaient pas statistiquement différentes. Cependant, les erreurs standard avec la carte d'écosystèmes étaient beaucoup plus petites, indiquant que la stratification était plus précise et donc plus efficace. La validité des strates à forte ou faible présence d'if telles que déterminées par le questionnaire n'a pas été contrôlée ou testée dans l'analyse de résultats. Vraisemblablement c'est parce qu'elles ont été confirmées comme précises. Si tel est le cas, alors la connaissance locale était fiable, même si des avis différents sur la distribution de l'if ont été exprimés par les personnes interrogées. Cette étude montre un moyen d'utilisation du savoir local dans le contexte d'un plan d'échantillonnage biometriquement rigoureux, qui ne compromet pas son intégrité et peut donner des leçons utiles sur l'utilisation des connaissances indigènes dans les inventaires de PFNL en milieu tropical.

(Jong et Bonner, 1995)

Tableau 13: Exemples de domaines de savoir local et leurs utilisations possibles dans l'inventaire des PFNL

Connaissance locale

Utilisation dans inventaire

Identification d'espèces

Des observateurs locaux d'arbres peuvent être utiles pour la détermination des espèces (mais voir la section ci-dessous sur la taxonomie)

Espèces économiques importantes

Peut mettre en évidence une espèce commerciale importante pour l'inclure dans l'inventaire (p. ex. ERV)

Classification/description de la végétation

Peut être utilisée pour la stratification

Les types de microclimat et leur distribution

Peuvent être utilisés pour la stratification

Les types de sol et leur distribution

Peuvent être utilisés pour la stratification

Techniques et fréquence des récoltes

Peut améliorer les méthodes d'énumération et leur fréquence

Historique de la disponibilité

Aide à donner une priorité aux espèces pour les inclure selon le niveau de menace ou de changement

Evaluation actuelle de la disponibilité

Aide à donner la priorité aux espèces à considérer - et influence la décision sur la nécessité de l'inventaire

Ecologie et distribution des espèces

Aide à choisir la méthode d'échantillonnage la plus appropriée

Interaction humaine avec l'environnement (p. ex. la gestion actuelle)

Influence les objectifs et la conception de l'inventaire

Valeur de la forêt et de ses ressources

Influence les objectifs de gestion et par là, ceux de l'inventaire

Facteurs socio-économiques affectant la gestion des PFNL

Influence la décision de savoir s'il faut un inventaire et quels sont ses objectifs et l'interprétation des résultats de l'inventaire

Il convient de noter que ce tableau n'est pas complet et que les utilisations du savoir local citées ci-dessus sont des cas bien spécifiques, c'est-à-dire que les types de savoir local cités ne peuvent pas toujours être utilisés dans un inventaire tels que décrits.

Pour s'assurer que le savoir local est utile dans l'inventaire des PFNL, il faut bien veiller à :

• s'assurer que le savoir local est collecté et analysé en utilisant des méthodes appropriées et qu'il reflète la réalité; et

• concevoir l'inventaire pour examiner les zones de doute et permettre la flexibilité de pouvoir revoir la conception même si la collecte de données a commencé.

Avoir le nom correct.

La consultation d'experts botaniques travaillant dans les herbiers nationaux ou dirigeant des jardins botaniques est souvent nécessaire pour identifier les échantillons et appliquer le nom botanique correct. Les spécimens doivent être préparés proprement et l'identification peut prendre des mois, voire même des années. Bien que cela puissent être coûteux et demander du temps, c'est le moyen de détermination le plus fiable. Développer des relations avec les herbiers aide à garantir une compétence dans la collecte des échantillons.

Combiner les savoirs local et scientifique

Le fossé existant entre les connaissances locale et scientifique ne peut pas être franchi si les noms vernaculaires et scientifiques ne peuvent pas être mis en correspondance. Les enquêtes sur les PFNL ont tendance à utiliser les noms locaux dans la collecte de données - plutôt que des codes ou les noms latins - parce que c'est plus facile pour le personnel et les collaborateurs locaux qui relèvent les noms qui leur sont familiers. Cependant, l'utilisation des noms locaux présente des problèmes importants:

Utilisation incomplète et incohérente des noms par les informateurs locaux - il existe une variabilité considérable des noms locaux. Par exemple, dans le Kalimantan central (Wilkie, 1998), moins d'un quart des noms locaux sont appliqués de manière cohérente et ce sont typiquement ceux qui sont d'une utilisation spécifique pour les informateurs ou sont particulièrement caractéristiques. La confusion entre le nom du produit et le nom de l'espèce est commune.

Mauvaise correspondance entre les noms locaux et scientifiques - l'analyse d'expériences en Ouganda montre que le nom local d'une espèce unique peut correspondre à plusieurs noms botaniques (Cunningham, 1996a). Les noms locaux se réfèrent souvent aux genres scientifiques plutôt qu'à l'espèce (voir le Tableau 14).

A lire également : Cunningham, 2001

Difficultés taxonomiques - la description taxonomique et la nomination des espèces dans les forêts tropicales sont notablement incomplètes, même pour des arbres. Cela signifie qu'il n'est pas souvent possible de donner une identité taxonomique à une espèce de PFNL localement nommée et que l'identification d'une espèce peut souvent seulement être considérée au niveau du genre. C'est le cas même pour des rotins dans la plupart des pays d'Asie du Sud, où les noms locaux décrivent des genres plutôt que des espèces (Stockdale, 1995a).

Cependant, il est essentiel de déterminer les noms scientifiques si l'information doit être comparée entre différentes zones - où des langues et des noms locaux différents peuvent être utilisés. Cela est difficile car peu de guides de terrain ou de clefs de détermination botanique sont disponibles pour les PFNL et les fleurs ou fruits leur sont nécessaires pour l'identification (souvent inaccessibles et saisonniers). Le moyen le plus fiable pour vérifier les identifications est de collecter des échantillons pendant l'inventaire et les faire identifier par des experts. Les tentatives successives de faire correspondre les noms aux échantillons ont été jugées non fiables. Cependant, la collecte et l'envoi de spécimens de détermination dans un inventaire peut être coûteuse, consommatrice de temps et exiger des compétences qui ne sont pas disponibles.

Tableau 14: Correspondance de noms vernaculaires et scientifiques

Correspondance

Explication

Correspondance*

Correspondance un pour un

Nom vernaculaire = espèce scientifique

61 %

Sous-différencié (I)

Nom vernaculaire = deux ou plus espèces scientifiques du même genre

21 %

Sous-différencié (II)

Nom vernaculaire = plus qu'un genre scientifique

14 %

Sur-différencié

Plus d'un nom vernaculaire = une espèce scientifique

4 %

* Correspondance des noms Tzeltal Maya (n=471) d'après Berlin (1994) et noté dans Martin, 1994

Une certaine synergie entre les connaissances locale et scientifique se développe par des approches informelles ou participatives. Cependant, les méthodologies formalisées (voir l'exemple présenté dans l'encadré 8) pour traiter la connaissance locale collectée d'une façon informelle sont importantes pour acquérir une compréhension plus approfondie du savoir local et de ses relations avec les enquêtes scientifiques. Les méthodologies formalisées ont également le potentiel de vérifier plus objectivement l'information écologique qualitative, d'améliorer la capitalisation du savoir et de retrouver des connaissances.

Encadré 8: Méthodologie formelle pour relier et analyser l'information formelle et informelle

Les "systèmes basés sur le savoir" ont joué un rôle significatif dans l'agriculture et se développent rapidement. Ils représentent formellement la connaissance qualitative sur les ordinateurs. La puissance de traitement de l'ordinateur peut alors être appliquée pour représenter, analyser et utiliser des ensembles étendus et complexes de connaissances. Ils ont la capacité particulière d'être utiles lorsqu'ils sont mélangés à des approches numériques pour créer des systèmes intégrés d'aide à la décision. Le lien entre les "unités de savoir" est conservé d'une manière qui permet de récupérer des concepts entiers, plutôt que de simples listes d'unités de savoir rassemblées. Cependant, cette méthodologie peut avoir plus d'utilité et de pertinence pour les chercheurs et les acteurs du développement que pour les populations locales elles-mêmes et peut au mieux être utilisée en complément des méthodes informelles.

(Sinclair & Walker, 1999)

Le rôle de l'approche participative dans l'inventaire des PFNL

Peu nombreux sont ceux qui mettraient en doute la valeur de la participation des populations locales dans l'évaluation des ressources. Cependant, il existe un grand débat pour savoir si l'inventaire participatif peut ou doit être rigoureux sur le plan biométrique.

• Les méthodes biométriques exigent typiquement des techniques sophistiquées, qui sont inadaptées et/ou indésirables pour l'utilisation par des populations locales non formées. Là où la participation et la formation sont plus importantes que la rigueur biométrique, il est convenu que cette dernière peut être sacrifiée.

• Cependant, les techniques de sciences sociales et non biométriques, rassemblent rarement une information qui soit assez fiable pour guider des décisions de gestion concernant les niveaux de récolte durables. Sacrifier la rigueur biométrique revient à nier que les populations locales ont besoin d'une information fiable ou de solides prescriptions de gestion.

Le risque de collecter des données faibles vient du fait que la population locale peu être déçue des résultats et perdre intérêt dans le processus. Il est important de s'assurer que tous les risques liés à la fiabilité de l'information doivent être clairement compris par la population locale et ceux qui viennent de l'extérieur. L'encadré 9 montre quelques exemples sur la façon dont la population locale peut apprendre et changer ses méthodes - le faire pour elle-même encourage l'apprentissage et la compréhension du processus.

Le défi? Faire en sorte que les méthodes biométriques soient accessibles aux communautés.

De plus en plus, on réalise que les communautés ont vraiment besoin de données biométriques (par exemple, pour fournir les données de base d'un

plan de gestion pour le soumettre à l'approbation du gouvernement). Parfois il peut y avoir un besoin urgent d'information fiable (par exemple, là où une ressource est sévèrement menacée). Dans ces circonstances, malgré les opportunités de formation en laissant les locaux agir à leur manière, il peut s'avérer approprié de leur suggérer qu'ils entreprennent un inventaire biométrique.

Encadré 9: Population locale et participation à la compréhension - quelques exemples

• Les communautés locales pourraient vouloir rassembler seulement l'information sur les zones qu'elles utilisent actuellement - c'est ce qu'elles souhaitent gérer maintenant. Cela peut ne pas aider les chercheurs qui veulent vérifier la connaissance locale sur la distribution et obtenir des données sur l'ensemble de la population de l'espèce, mais la communauté peut décider plus tard qu'ils ont besoin d'une information plus large.

• Les communautés locales pourraient décider que des mesures indirectes, comme la moyenne des statistiques dans le temps sur la ressource ou la récolte, sont plus faciles à évaluer. Alors que cela pourrait sembler suffisant quand la ressource est abondante, elles peuvent constater qu'elles ont besoin d'informations plus complètes pour la gestion dans le cas où la ressource devient menacée.

Il est toujours important de s'assurer que les données sont simples à collecter et analyser.

Cela ne signifie pas que les méthodes et les conceptions doivent être peu sophistiquées, mais qu'elles doivent être simplement présentées. Il existe des méthodes qui permettent à un protocole compliqué d'être exécuté, même là où l'alphabétisation est faible (voir l'encadré 10).

Encadré 10: Méthodes appropriées ? Quelques exemples de réussite

Les problèmes d'analphabétisme reculent de plus en plus grâce aux avancées technologiques - par exemple, l'utilisation d'ordinateurs spéciaux (ordinateurs de poche), qui fonctionnent avec des symboles plutôt que des mots, fut une réussite (Cunningham et Liebenburg, 1998; Cunningham, 2001), tout comme les GPS manuels (Stockdale et Ambrose, 1996). L'utilisation d'une technologie plus ancienne, comme des ordinateurs à unité centrale et des équipements d'enquête, exige beaucoup plus de formation et ne peut pas être appropriée à la population locale.

Les expériences et les débats ont montré que les méthodes doivent être adaptatives aux besoins locaux, tout en fournissant des données utilisables ailleurs et standardisées. Au Népal, les méthodes qualitatives qui ont émergé avec la promotion de la GFC n'ont pas fourni l'information détaillée qui était nécessaire et ont maintenant commencé à évoluer vers une quantification plus formelle des ressources.

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