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INTRODUCTION

Le continent africain est potentiellement le plus exposé aux conséquences négatives des changements climatiques prévus par les rapports du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Le risque d'extension de la désertification, dont on sait que le continent est déjà victime, la pauvreté d'une grande part des populations, qui dépend largement de l'utilisation des ressources naturelles et de l'agriculture, le manque de moyens des gouvernements qui ont déjà du mal à entretenir les infrastructures existantes, comme celles de santé, façonnent les contours d'une situation préoccupante au début du 21ème siècle.

La contribution de l'Afrique aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre est faible, avec environ 7 pour cent des émissions (début 1990), en incluant les changements d'usage des terres. Les émissions issues de combustion de combustibles fossiles, transports inclus, sont encore plus faibles et représentent seulement 3,9 pour cent du total mondial1. La principale source d'émission du continent africain, environ 70 pour cent, vient donc du changement d'usage des terres, c'est-à-dire essentiellement la déforestation, les 30 pour cent restant étant imputables aux émissions industrielles et aux transports. Ces données suffisent à indiquer l'importance que revêt pour l'Afrique les négociations sur le changement climatique, et la manière dont seront considérées les activités forestières et agricoles dans les différents mécanismes émergeant du processus de négociations internationales et visant à favoriser la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La plupart des pays africains, à l'exception de quelques pays d'Afrique du Nord, qui disposent d'une base industrielle significative, et de l'Afrique du Sud ne bénéficieront guère, en comparaison avec la Chine, l'Inde ou le Brésil, des incitations financières liées aux activités de réduction des émissions dans le secteur de la production d'électricité, du ciment, des produits manufacturés ou du transport.

L'Afrique ne pourra surmonter les conséquences négatives du changement climatique, phénomène inéluctable dont on espère parvenir à limiter l'amplitude, qu'en parvenant à se développer dans le respect des grands équilibres écologiques du continent, la conservation des massifs forestiers, des capacités productives des sols et le maintien d'une importante biodiversité animale et végétale étant des atouts majeurs dans les capacités d'adaptation des sociétés vivant dans les différents pays du continent. Mais l'Afrique ne pourra pas se développer sans l'aide et la coopération du reste du monde, en particulier des pays développés. L'aide publique au développement (APD) tend à diminuer. Les investissements privés ont dépassé largement les montants consacrés à l'APD, mais ils ont tendance à se concentrer sur certaines régions du monde et pays émergents, l'Afrique étant largement exclue de ces flux.

La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a décidé la mise en place de plusieurs instruments destinés tout à la fois à réaliser les objectifs de réduction des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et à susciter des investissements dans des activités de développement « propre », c'est-à-dire qui limitent les émissions futures de gaz à effet de serre et qui fixent du carbone dans les écosystèmes terrestres. Ces instruments, pour la plupart, ne sont pas encore opérationnels et leurs contours exacts ne sont pas définitivement arrêtés. L'un des principaux, le « Mécanisme pour un développement propre » (MDP), se veut à la fois un instrument de développement et un moyen pour les pays industrialisés d'obtenir des réductions d'émissions à moindre coût. Le processus international de négociation doit en préciser le contenu et les enjeux sont considérables pour les pays africains qui attendent de la communauté internationale des instruments d'orientation des investissements correspondant à leurs besoins.

L'objet de ce document est de présenter le potentiel que représentent, pour le développement durable des pays africains, les instruments issus du Protocole de Kyoto et de la négociation sur le climat et relatifs à la foresterie.

1 Agence internationale de l'énergie (AIE), 1999. World Carbon Dioxide Emissions from the Consumption and Flaring of Fossil Fuels, http://www.eia.doe.gov/emeu/iea/carbon.html

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