G. Ngassongo
Chef du Bureau Elevage Traditionnel Villageois
Direction générale de l'élevage et des industries animales
B.P. 707, Bangui, République Centrafricaine
INTRODUCTION
La République Centrafricaine est située en plein coeur du continent Africain. Elle couvre une superficie de 622 000 km2 et occupe la dorsale est-ouest des hauts plateaux qui séparent les bassins du Tchad au nord et du Congo au sud entre le 3° et 11 ° parallèle (750 km) et dans la bande des méridiens 14 – 17° est (1400 km).
Le versant Oubanguien (sud) drainé par les affluents de l'Oubangui correspond à une zone climatique tropicale humide à longues saisons des pluies (mars à novembre). Ces pluies comprises entre 1500 et 2000 mm subissent un net fléchissement (moins de 50 mm/mois) de décembre à février.
Le versant Tchadien (nord) est drainé par les divers affluents du Chari et est dominé par un climat à plus faible pluviométrie (1200 à 1500 mm) évoluant vers un climat à longue saison sèche au nord (novembre-mars).
Cette disposition géographique détermine des zones assez nettement différentes.
a) Zones de végétation
la forêt dense au sud de Bangui, dans le bassin de la Lobaye, dans la Haute-Sangha et la Sangha-Economique;
une zone de savane de type Soudano-Guinéen avec des taches boisées et des galeries forestières le long des cours d'eau;
puis la savane herbeuse qui aboutit en zone sahélienne à l'extrême nord-est (Birao).
b) Zones de peuplement
La population Centrafricaine est estimée à 3 000 000 d'habitants soit 3,8 h/km2. Elle est rurale à 70 pour cent et est concentrée au centre du pays (Ouaka, Basse-Kotto), aux frontières nord-est du Tchad et autour de la capitale Bangui qui compte environ 400 000 habitants.
c) Zones agricoles
A l'ouest de la République Centrafricaine et le long du fleuve Oubangui, les populations pratiquent des cultures vivrières avec une forte prédominance de manioc ainsi que des cultures de rente de type Guinéen (caféiers, poivriers, cacaoyers, tabac).
Sur le plateau central, la pluviométrie suffisante permet la pratique des deux cycles de vivriers annuels (manioc, mil, sorgho) et le coton devient la culture de rente dominante vers le nord.
Le versant Tchadien est marqué par une culture vivrière céréalière à cycle plus court (mil, sorgho) tandis que le coton devient l'unique culture de rente sur des terres devenant de plus en plus légères.
Cette stratification des cultures accompagne celle de l'élevage. Les troupeaux bovins originaires du nord (Cameroun, Tchad, Soudan) effectuent la transhumance nord-sud selon les pluies et ont tendance à progresser toujours vers le sud (150 km de Bangui) en zone nettement défavorable. Le petit élevage traditionnel est réparti dans presque tous les villages de la République Centrafricaine.
SITUATION GENERALE DE L'ELEVAGE
La Direction Générale de l'Elevage et des Industries Animales est sous la tutelle du Ministère du Développement Rural.
Cette Direction Générale comprend:
Parmi les quatre Directions Centrales, il existe la Direction de la Formation et de la Vulgarisation dont dépend le Service de l'Aviculture, de l'Apiculture et du Petit Bétail. Ce Service a pour rôle d'encadrer les paysans et surtout les éleveurs du petit bétail dans le domaine de la couverture sanitaire, leur donner des conseils élémentaires concernant l'entretien, le gardiennage et l'alimentation des animaux.
L'ELEVAGE EN CENTRAFRIQUE
La République Centrafricaine est un pays essentiellement à vocation agricole (les agriculteurs représentent 90 pour cent de la population) mais il existe à côté de ce secteur, l'élevage qui constitue une importante ressource pour le pays (environ 5 pour cent du PIB) avec une nette prédominance du bétail bovin.
Mis à part l'effectif des ovins et caprins, le reste du cheptel Centrafricain se compose comme suit:
Le cheptel bovin est constitué de zébus Mbororo et Foulbé et est exploité de manière traditionnelle (taux d'exploitation 12 à 13 pour cent).
Par ailleurs, dans les années 1960–1970, il a été constitué un troupeau trypanotolérant (Baoulé et N'dama) importé de la Côte d'Ivoire et du Mali (3 900 têtes) et confié en métayage aux agriculteurs. Du troupeau de 15 000 têtes en 1970, il ne reste plus qu'environ 8 000 têtes actuellement.
Petits Ruminants
Les productions de cet élevage couvrent 20 pour cent de la consommation totale de viande (16 kg/hab./an).
Le petit élevage est surtout un élevage de case et joue plutôt un rôle social plus qu'alimentaire. Il n'est exploité que lors de la visite des hôtes ou lors des cérémonies familiales et villageoises (décès, circoncision des enfants, naissances, fêtes religieuses).
Effectif
Le cheptel des petits ruminants en Centrafrique en 1986 est estimé à:
Les races
a) Ovine: on distingue au moins quatre races ovines en Centrafrique:
b) Caprine: on distingue deux races:
Les modes d'élevage
On distingue divers types de mode d'élevage en Centrafrique:
La divagation: c'est le mode d'élevage le plus répandu. Les animaux sont abandonnés à eux-mêmes et ils cherchent à longueur de journée de quoi se nourrir et s'abreuver. C'est ainsi qu'on peut constater des troupeaux de caprins devenus sauvages et qui fuient la présence des hommes, habitant dans les montagnes et dans les grottes.
Le gardiennage: le troupeau des ovins ou caprins est confié à un berger qui les surveille aux pâturages et les conduit à un point d'eau pour les abreuver. Ceci est constaté surtout en milieu musulman. Chez les paysans agriculteurs, le gardiennage est assuré par des enfants en âge scolaire qui sont en mesure de s'occuper du petit bétail.
L'attache au piquet: l'animal est attaché à l'aide d'une corde à un piquet. Ce système évite des conflits au niveau des villages mais présente l'inconvénient de limiter le champ d'action de l'animal dans la recherche de sa nourriture.
C'est une méthode qui exige un apport d'aliment et d'eau à l'animal attaché pour compléter sa ration.
L'embouche: il n'existe pas un véritable centre d'embouche pour les petits ruminants sur l'ensemble du territoire Centrafricain. Mais il existe trois centres dont deux centres pédagogiques et un d'expérimentation pour les ovins et répartis de la manière suivante:
Ferme Pédagogique de Bouar: Un petit troupeau de 60 têtes d'ovins est entretenu au Collège Technique d'Elevage de Bouar depuis près de 5 ans. Ce troupeau est en fait composé d'animaux de démonstration et de pratiques vétérinaires aux élèves de cet établissement.
Ferme Pédagogique de M'Baïki: Un troupeau d'une vingtaine d'ovins est suivi par les étudiants de l'Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR) de M'Baïki. L'effectif est en constante régression puisqu'on dénombrait plus de 100 têtes d'ovins il y a 3 ans.
Des essais de croisement avec des mâles mérinos importés de France et des femelles Djallonké de race locale sont conduits dans cette ferme. Les résultats escomptés n'ont pas été atteints pour diverses raisons.
Centre Expérimental de Bambari: Depuis 1983, un troupeau d'ovins composé de 130 brebis et de 16 béliers a été mis en place à la Station d'Elevage de Bambari dans le but d'améliorer la race locale Mbororo. Le Centre a également pour objectif de définir les techniques d'élevage appropriées, de maîtriser les comportements et de distribuer les animaux en milieu rural. Les animaux de faible valeur sont éliminés et vendus au marché. L'alimentation est essentiellement basée sur les grains de coton, associés à un supplément minéral et complété par le pâturage naturel. L'abreuvement s'effectue à un point d'eau aménagé. Le troupeau est sous la surveillance d'un berger qui vit en permanence avec les bêtes et il est secondé par du personnel temporaire.
La situation sanitaire du troupeau est inquiétante car on enregistre une forte mortalité due aux parasitoses internes et à la coccidiose (40 pour cent de mortalité, surtout chez les jeunes).
En janvier 1987, l'effectif était de 199 têtes;
En août 1987, cet effectif est descendu à 92 têtes d'ovins.
L'avenir du troupeau est sombre, car il n'y a plus de financement du projet et le ranch est devenu autonome. Il n'y a donc qu'une seule solution: l'écoulement des animaux aux éleveurs Mbororo et aux volontaires villageois.
Logements
Ils varient selon les techniques d'élevage:
La production
En Centrafrique, l'élevage du petit ruminant est orienté essentiellement vers la production de viande. Le taux d'exploitation est de 30 pour cent.
La production annuelle en 1984 était estimée à:
- viande: | 3 753 | tonnes |
- abats: | 563 | tonnes |
Total | 4 316 | tonnes |
ROLE SOCIO-ECONOMIQUE DU MOUTON ET DE LA CHEVRE
Rôle social
Les petits ruminants jouent un rôle important en milieu social, à savoir:
Rôle économique
Les petits ruminants donnent entière satisfaction. Les productions constituent donc un moyen d'échange, augmentent les ressources des éleveurs et élèvent le niveau de vie de ceux-ci.
LES CONTRAINTES RENCONTREES EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Contraintes sanitaires
Les principales maladies sont:
Toutes ces maladies entraînent une forte mortalité surtout chez les jeunes.
Contraintes alimentaires
Les insuffisances alimentaires déjà évoquées nécessitent des compléments alimentaires en fourrages récoltés en saison sèche, en sous-produits agro-industriels (son de riz, drèches de bière et tourteau de coton) et en complément minéral vitaminé (C.M.V.).
Contraintes sur la reproduction
L'élevage étant extensif, la reproduction se fait donc d'une manière désordonnée:
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DES PETITS RUMINANTS EN CENTRAFRIQUE
Les petits ruminants (moutons et chèvres) demeurent les parents pauvres de l'élevage Centrafricain. Toutes les actions menées par le Service de l'Elevage sont concentrées sur l'élevage des bovins et autres espèces à cycle court (volailles, porcins).
Nous devons aussi signaler le cas d'actions menées par des volontaires religieux à l'est du pays (région de la Basse-Kotto). Ces derniers achètent quelques ovins chez les éleveurs Mbororo et les déposent en métayage chez des paysans cultivateurs. C'est au bout de dix-huit mois qu'ils retirent le supplément de bêtes pour les placer chez d'autres paysans qui le demandent et s'ils remplissent certaines conditions.
Dans le cadre du Projet National de Développement de l'Elevage (PNDE) en Centrafrique, on remarque une nette prise de conscience et une ferme volonté de réhabiliter ces deux espèces (ovine et caprine). Cette volonté se traduit par la mise en place:
de structures d'encadrement et d'intervention (création d'un Service de l'Aviculture, de l'Apiculture et du Petit Bétail avec les différents Bureaux du petit bétail:
Bureau du Petit Bétail Secteur Traditionnel Villageois.
en 1987, d'un programme d'enquêtes statistiques sur tout le territoire Centrafricain. Les résultats de ces enquêtes sont attendus pour permettre l'élaboration d'un programme de développement de cet élevage.
des mesures de promotion et d'incitation de petits exploitants;
Fêtes des Moissons;
Journée Mondiale de l'Alimentation organisée avec le concours de la FAO.
En République Centrafricaine, la chèvre et le mouton jouent un rôle très important dans la vie de la population rurale, de l'économie paysanne et nationale. Les petits ruminants présentent des critères zootechniques favorables (prolificité, cycle court, rusticité). Ils ne demandent pas beaucoup d'investissements. Une ferme volonté est réaffirmée par les décideurs et pour l'encadrement technique pour la promotion de cet élevage.
Il est donc permis d'espérer que le Projet National de Développement de l'Elevage mènera à bien des actions concrètes à ce sujet. Cependant, les contraintes qui limitent fortement l'expansion de l'élevage des petits ruminants, doivent être levées pour atteindre les résultats escomptés.