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NOTE D'INFORMATION SUR L'ELEVAGE DES OVINS ET CAPRINS EN REPUBLIQUE POPULAIRE DU CONGO (RPC)

J.C. Kinga et J.P. Delavente
Centre Expérimental Ovin d'Inoni Falaise
Ministère du Développement Rural, Brazzaville (RPC)

Les races présentes en RPC sont des races naines de type Djallonké pour les ovins et Guinénne pour les caprins. Bien que peu conséquentes, il est à noter que les productions ovines et caprines sont présentes sur l'ensemble du territoire congolais. Les estimations d'effectifs se situent dans des fourchettes de 50 000 à 70 000 têtes pour les ovins et de 100 000 à 120 000 têtes pour les caprins; 70 pour cent des ovins sont dans 3 régions au sud de Brazzaville (Bouenza, Niari, Lekoumou). A l'inverse, les caprins sont plus souvent rencontrés dans la zone nord du pays.

Les élevages sont pour la plupart dans les zones urbaines en totale divagation. En zone rurale, l'éloignement des villages entre eux, implique des densités géographiquement faibles (zone des plateaux notamment).

Les “éleveurs” sont plus des propriétaires que de réels éleveurs. Le troupeau est un capital qui doit s'autosuffire. Il n'y a pas de tradition d'élevage comme l'on peut en rencontrer dans les pays limitrophes.

Le développement de l'élevage des petits ruminants passe à terme par un changement de la metalité des propriétaires en un esprit d'éleveur permettant l'application de techniques d'élevage.

En ce sens fut créé en 1983 dans la région des plateaux à Inoni Falaise un Centre Expérimental Ovin (CEO) dont les buts étaient: identification des problèmes, recherche de solutions et leur diffusion en monde paysan, production et diffusion de géniteurs performants.

Le système de production des petits ruminants sur l'ensemble du pays, est des plus sommaire, à savoir divagation diurne, et parcage nocturne en zone urbaine dans des conditions souvent peu salubres. La divagation est la cause de taux de mortalité élvés par abattage et blessure des animaux divagant dans les cultures.

Dans la zone sud du pays, les vols d'animaux très nombreux sont favorisés par la présence du chemin de fer, dont les villes terminales (Brazzaville et Pointe Noire) sont des pôles commerciaux attractifs.

L'absence de conduite d'élevage rend le suivi de la reproduction très aléatoire, d'où de forts taux de consanguinité, malgré la présence de sujets bien développés. De plus, la divagation va à l'encontre de tout planning de production et d'alimentation.

Les adultes sont généralement en bonne condition physique; seul l'état des jeunes de moins d'un an est à déplorer. L'utilisation par les animaux des tas de détritus est la cause d'intoxication et de problèmes sanitaires. La recherche par les animaux de leur base alimentaire, favorise les empoisonnements par vengeance ou jalousie entre personnes.

Les essais de pâturage en parc clôturé sont à proscrire; le troupeau dépérissant à court terme par manque de superficie et dégradation du pâturage.

Pour les troupeaux parqués la nuit, les déchets de cuisine, ou du maïs grain sont parfois distribués.

La situation sanitaire est cependant exemplaire si l'on excepte les affections bénignes, communément rencontrées en élevage. Il apparaît que les maladies à caractère épizootiques ne seraient pas présentes au Congo (PPR, clavelée, charbon, etc.). Les affections le plus souvent rencontrées sont: la kératite, la vulvovaginite et la balano-postite (facilement traitée), les problèmes pulmonaires dus le plus souvent à des complications de parasitose, les parasitoses externe et interne, les diarrhées de causes diverses (coccidiose, alimentaire).

La parasitose interne est la principale cause de mortalité pour les jeunes de 2 à 8 mois. Les taux de mortalité se situent entre 50 et 70 pour cent. Un planning strict de traitement contre les helminthes et surtout les cestodes (Moniezia), a permis de rabaisser la mortalité à 20 pour cent, lorsque le planning est appliqué régulièrement.

L'absence de structures fiables de diagnostic et d'analyse (laboratoire), limite la connaissance réelle et quantifiable des affections possibles.

Au stade actuel, et compte tenu des contraintes énoncées précédemment, le développement des petits ruminants en R.P. du Congo, ne peut se faire que par l'application de méthodes élémentaires d'élevage, à savoir: lutte anti-parasitaire interne et externe, contention nocturne dans un enclos salubre, distribution de minéraux et d'eau propre. Les actions en ce sens menées depuis le ler janvier 1985, font apparaître une augmentation de 100 pour cent du cheptel dans les élevages les mieux suivis.

Seule, la visualisation des effets positifs de telles actions, aménera l'éleveur à modifier son comportement. L'aspect financier, auparavant occulté par les taux de mortalité élevés, devient une raison suffisante, pour que l'éleveur accepte les contraintes temporelles et financières, vectrices d'un développement quantitatif et qualitatif des petits ruminants en R.P. du Congo.

Parallèlement, depuis le début des actions d'encadrement des éleveurs, une forte demande de géniteurs performants est enregistrée. Dans le même sens, l'adhésion spontanée des éleveurs au paiement des produits vétérinaires fournis, est un gage positif, vers une application de méthodes plus élaborées (suivi individuel, sélection, etc).

Cependant, il sera nécessaire d'améliorer les structures des services vétérinaires, pour assurer la recherche et le diagnostic de diverses affections que le développement numérique du cheptel national pourrait inciter.

De même la mise en place de contrôles vétérinaires stricts aux frontières est obligatoire si l'on veut sauvegarder le capital sanitaire actuel du pays.

Le développement de l'élevage des petits ruminants au Congo peut atteindre très rapidement un niveau élevé. Les résultats enregistrés au CEO d'Inoni Falaise et les actions menées en milieu paysan le prouvent. Il est cependant nécessaire de s'en tenir dans les années à venir à des méthodes techniques de base, en restant à l'écoute des éleveurs.

Ce sont les réactions de ces derniers aux méthodes simples proposées, qui peuvent seules conditionner une mise en place de techniques plus élaborées.


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