Perspectives de l'alimentation 01/96

Previous Page TOC Next Page

CEREALES
BILAN DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE


Les perspectives de l'offre et de la demande de céréales en 1995/96 ont relativement peu changé depuis le dernier rapport datant de décembre. Les dernières informations disponibles confirment que les disponibilités céréalières mondiales de la campagne 1995/96 sont très limitées. En 1995, la production mondiale de céréales a reculé de 3 pour cent par rapport à l'année précédente. Pour faire face au niveau d'utilisation actuellement prévu pour 1995/96, il faudra prélever environ 50 millions de tonnes de céréales sur les stocks mondiaux dont le niveau d'ouverture était déjà relativement faible et qui devraient tomber bien en dessous de la fourchette de 17-18 pour cent que le Secrétariat de la FAO considère comme le minimum indispensable pour sauvegarder la sécurité alimentaire mondiale. Dans une telle conjoncture, la sécurité alimentaire mondiale durant la campagne 1996/97 dépendra essentiellement du bon résultat des récoltes de céréales de 1996. D'après les premières indications, il semblerait qu'il y ait une reprise de la production cette année, mais le marché est extrêmement instable à cause de l'érosion des stocks céréaliers. Les prix d'exportation des céréales qui avaient déjà atteint, fin 1995, leurs niveaux les plus élevés depuis plusieurs années, à cause du faible volume des disponibilités durant la campagne en cours, sont de plus en plus influencés par les perspectives des récoltes de 1996. Ainsi, à la fin de janvier, la détérioration des conditions des cultures de blé d'hiver aux Etats-Unis a provoqué une montée des cours qui ont atteint de nouveaux records saisonniers. Les fortes fluctuations des cours reflétant les modifications des perspectives concernant les r 9‚coltes de 1996, seront la norme dans les quelques mois à venir.


PRODUCTION, DISPONIBILITES, COMMERCE ET STOCKS CEREALIERS MONDIAUX
1993/94
1994/95 estim.
1995/96 prévis.
(. . . millions de tonnes . . .)
Production 1/
Blé
Céréales secondaires
Riz (paddy)
1 898
564
805
529
1 947
526
882
539
1 891
546
797
548
Disponibilités 2/ 2 101 2 107 2 027
Utilisation 3/ 1 759 1 787 1 755
Commerce 4/ 193 200 201
Stock de clôture 337 316 267

SOURCE: FAO
1/ Les données se réfèrent à l'année civile, première année mentionnée
2/ Production (y compris le riz usiné), plus stocks d'ouverture.
3/ Y compris le riz usiné.
4/ Base juillet/juin.


Les perspectives de la sécurité alimentaire dans plusieurs pays en développement restent précaires. La situation est aggravée par les coûts exceptionnellement élevés des importations de céréales ainsi que par la réduction des disponibilités d'aide alimentaire, dont on prévoit actuellement qu'elles tomberont en 1995/96 à leur niveau le plus bas depuis 20 ans. C'est pourquoi de nombreux pays à faible revenu et à déficit alimentaire auront beaucoup de mal à couvrir leurs besoins minimums d'importation.

La Corne de l'Afrique connaît encore des problèmes alimentaires malgré quelques bonnes récoltes. Même si l'Ethiopie a bénéficié de récoltes supérieures à la moyenne, la sous-région souffre encore de sécheresses localisées. En Erythrée, les pluies mal réparties ont endommagé les récoltes et les besoins d'aide alimentaire en 1996 ont augmenté tandis qu'en Somalie les approvisionnements alimentaires ont été compromis par la guerre civile incessante et par le manque de pluie durant la dernière campagne. Au Soudan, les disponibilités alimentaires seront limitées à cause de la chute de production et de la recrudescence des hostilités dans le sud du pays. Dans la région des Grands lacs, la crise est loin d'être apaisée. Au Burundi, l'insécurité qui règne dans certaines régions entrave la production alimentaire et les activités commerciales et le pays est au bord de la disette.

Le rapatriement des réfugiés rwandais de Tanzanie et du Zaïre s'effectue au ralenti. En Afrique australe où les récoltes de 1995 ont beaucoup souffert de la sécheresse, les dernières informations concernant les importations commer-ciales et les contributions d'aide alimentaire à cette sous-région laissent envisager une montée exceptionnelle des prix durant la période de soudure qui précèdera la nouvelle récolte, à moins que de nouvelles importations ne commencent à arriver dans les semaines à venir. En revanche, dans la plupart des pays d'Afrique occidentale, les excellentes récoltes pour la deuxième année consécutive permettront aux marchés d'être bien approvisionnés en 1996, même si l'on prévoit quelques pénuries localisées. En ce qui concerne l'Asie, la situation alimentaire reste particulièrement difficile en Afghanistan, en Iraq, au Laos, en République populaire démocratique de Corée et en Mongolie. Au Sri Lanka, de nombreuses personnes déplacées par suite de la guerre civile ont un besoin urgent d'aide alimentaire. Dans la CEI, les approvisionnements céréaliers restent précaires dans plusieurs Etats vulnérables ayant un déficit alimentaire, notamment le Tadjikistan mais aussi la Géorgie et l'Azerbaïdjan.

D'après les dernières estimations de la FAO, la production céréalière mondiale en 1995 s'établirait à 1 889 millions de tonnes, soit 8 millions de tonnes de plus que le chiffre de décembre, modification qui reflète essentiellement la révision à la hausse de la production de blé en Asie. Au niveau prévu, la production céréalière mondiale en 1995 serait inférieure de 58 millions de tonnes (3 pour cent) au volume de 1994 et très inférieure à la tendance. La quasi-totalité de cette baisse est imputable à la forte réduction de la production de céréales secondaires aux Etats-Unis et dans la CEI. La production mondiale de blé est fixée actuellement à 546 millions de tonnes, soit 5 millions de tonnes de plus que les prévisions de décembre, surtout à cause de la révision à la hausse des estimations de la production en Chine, au Canada et en Australie. Les prévisions de la FAO concernant la production mondiale de céréales secondaires en 1995 restent identiques à celles du mois précédent, avec 797 millions de tonnes, soit 85 millions de tonnes (10 pour cent) de moins que le niveau de la récolte de 1994 et beaucoup moins que la tendance. Si la récolte secondaire atteint un niveau normal, la production mondiale de paddy de la campagne 1995 devrait s'élever à 548 millions de tonnes, soit 1,6 pour cent de plus que l'année précédente, ce qui constitue un niveau record.

D'après les premières données concernant les récoltes de 1996, une reprise de la production serait en vue. On signale un accroissement des semis de blé d'hiver dans plusieurs grandes régions productrices et tout indique que les semis de printemps augmenteront aussi. Aux Etats-Unis, on estime que les emblavures de blé d'hiver ont progressé de 7 pour cent. Toutefois, l'état de plusieurs cultures est inférieur à la moyenne car l'humidité a été insuffisante durant l'automne et le temps a été défavorable en janvier. En Europe, on signale également que les semis de blé d'hiver ont augmenté dans la plupart des pays de la CE et dans une partie de l'est de la région. Les conditions atmosphériques sont favorables pour l'instant et dans les régions du nord le manteau neigeux est généralement suffisant pour protéger les cultures du gel. Dans la CEI, les perspectives de la récolte de 1996 sont pour l'instant quelque peu meilleures que l'an dernier car on signale un accroissement des semis de céréales d'hiver ainsi que de l'étendue des labours effectués en prévision des semis de printemps. En Asie, les perspectives sont incertaines en ce qui concerne le blé d'hiver car le temps est sec dans plusieurs régions.

En ce qui concerne la récolte de céréales secondaires de 1996, les cultures sont en terre dans certains grands pays producteurs de l'hémisphère Sud. En Afrique australe, les perspectives sont bonnes car les pluies ont généralement été abondantes et l'on prévoit que la production augmentera considérablement par rapport à l'année précédente où le volume des récoltes avait été réduit par la sécheresse. En revanche, en Amérique du Sud, le temps exceptionnellement sec entrave le développement des cultures de la récolte principale en Argentine. Toutefois, les rendements inférieurs aux prévisions pourraient être compensés par une extension des semis et on compte toujours sur une récolte moyenne. Au Brésil, la production de céréales secondaires, quoiqu'inférieure au record de l'an dernier, devrait rester supérieure à la moyenne. Dans l'hémisphère Nord, certaines cultures de céréales secondaires d'hiver sont déjà en terre mais le gros des semis sera effectué en avril/mai. Aux Etats-Unis, le Programme de réduction des superficies, pour le maïs, a été abaissé de 7,5 pour cent à zéro pour cent, ce qui laisse présager une expansion considérable des semis. Les semis de céréales secondaires devraient augmenter quelque peu aussi en Europe et dans la CEI.

L'essentiel des cultures de riz de 1996 n'a pas encore été planté. Toutefois, dans l'hémisphère Sud et autour de l'équateur, où la campagne principale de 1996 est bien avancée, les perspectives sont incertaines. La récolte de riz commence habituellement vers mars et, en année normale, elle assure de 12 à 15 pour cent environ de la production mondiale annuelle.

La FAO prévoit pour l'instant que le volume des échanges mondiaux de céréales en 1995/96 atteindra 201 millions de tonnes, niveau légèrement supérieur à celui des prévisions du précédent rapport et presque égal au volume estimatif de 1994/95. On prévoit que les importations de blé augmenteront légèrement en 1995/96, tandis que celles de céréales secondaires ne devraient pas varier. En 1995, les échanges de riz ont atteint un niveau record. Les prévisions concernant les importations mondiales de blé et de farine de blé (en équivalent blé) restent fixées à 95 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes de plus qu'en 1994/95. Sur ce volume total, les importations des pays en développement pourraient représenter environ 75 millions de tonnes, soit 1,4 million de tonnes de plus que durant la précédente campagne. Les prévisions concernant le volume du commerce mondial de céréales secondaires en 1995/96 s'élèvent à 88 millions de tonnes, niveau proche de l'estimation révisée pour la campagne 1994/95. Une forte augmentation des livraisons à destination des pays en développement, en particulier en Afrique et en Asie, devrait être contrecarrée par la diminution des importations des pays développés, surtout de la CEI. Les dernières estimations de la FAO concernant les échanges mondiaux de riz en 1995 ont été révisées quelque peu à la hausse et portées à 19,1 millions de tonnes, soit 2,6 millions de tonnes de plus qu'en 1994, ce qui constitue un niveau record. On prévoit temporairement que le volume des échanges de riz en 1996 s'élèvera à 18,1 millions de tonnes, soit beaucoup plus que les prévisions antérieures mais toujours moins qu'en 1995, par suite de l'amélioration des disponibilités intérieures dans certains grands pays importateurs en 1995, en particulier la Chine.

Les cours internationaux des céréales ont continué à progresser durant les deux derniers mois et étant donné que les nouvelles récoltes ne seront pas rentrées avant des mois et que les disponibilités sont réduites, le marché et les prix devraient rester instables dans les prochains mois. Les cours du blé ont augmenté sous l'effet d'achats massifs sur le marché, de l'imposition d'une taxe sur les exportations de blé par la CE et des inquiétudes concernant la récolte de blé rouge dur d'hiver aux Etats-Unis. Fin janvier, les cours du blé dur d'hiver des Etats-Unis (f.o.b. Golfe) étaient passés à 215 dollars E.-U. la tonne, dépassant les cours de fin novembre et excédant de près de 38 pour cent ceux de l'année précédente. Les prix d'exportation du maïs ont augmenté régulièrement ces dernières semaines par suite des échanges très actifs et du resserrement persistant du marché. Fin janvier, les cours du maïs jaune N02 des Etats-Unis (livré dans les ports du Golfe) ont dépassé 163 dollars E.-U. la tonne, soit 19 dollars E.-U. la tonne de plus que les cours de novembre et 57 dollars E.-U. la tonne (54 pour cent) de plus que l'an dernier. Les cours internationaux du riz Thaï de qualité ont augmenté en janvier par suite de la restriction des disponibilités exportables. Avec 380 dollars E.-U. la tonne, le prix du riz Thaï 100 pour cent f.o.b. Bangkok était supérieur de 30 dollars E.-U. la tonne aux cours de novembre et de 29 pour cent au niveau de l'an dernier. En revanche, le prix des brisures de riz a beaucoup baissé tout en restant nettement supérieur aux cours de l'an dernier.

Les dernières prévisions de la FAO concernant le volume global des stocks céréaliers mondiaux à la fin des campagnes 1995/96 ont été révisées légèrement à la hausse et portées à 267 millions de tonnes. Ils resteraient néanmoins inférieurs de 49 millions de tonnes (15 pour cent) à leur volume d'ouverture. A la fin des campagnes 1995/96, les stocks mondiaux de blé pourraient atteindre, d'après les prévisions actuelles, 107 millions de tonnes, soit un peu plus que le niveau indiqué en décembre, mais toujours le volume le plus faible depuis 1980/81. Les prévisions concernant les stocks de fin de saison de céréales secondaires ont été révisées une nouvelle fois à la baisse, depuis décembre, et sont actuellement de 104 millions de tonnes, soit 43 millions de tonnes (29 pour cent) de moins que leur niveau d'ouverture. On prévoit aussi que les stocks mondiaux de riz diminueront tombant à 56,6 millions de tonnes à la fin des saisons commerciales en 1996, soit 2 millions de tonnes de moins que leur niveau d'ouverture.

Comme indiqué précédemment, pour faire face à l'utilisation actuellement prévue en 1995/96, il faudra effectuer des prélèvements sur les stocks céréaliers mondiaux de plus de 15 pour cent, alors que leur niveau d'ouverture est déjà faible et qu'il tombera ainsi en-deçà des seuils minimums de sécurité. Pour pouvoir satisfaire le niveau d'utilisation, inférieur à la tendance, prévu pour 1996/97 et éviter une nouvelle érosion des stocks céréaliers mondiaux, il faudra un accroissement minimum de 4 pour cent environ de la production céréalière en 1996. Une augmentation supérieure serait nécessaire pour pouvoir reconstituer les stocks de réserve épuisés. A ce stade de la campagne, alors que la plupart des céréales d'hiver dans l'hémisphère Nord sont encore en dormance et que le gros des cultures des principales céréales secondaires et de paddy dans l'hémisphère Nord n'a pas encore été semé, il est encore trop tôt pour établir une prévision de la production céréalière mondiale en 1996. Toutefois, les premières indications concernant les cultures déjà en terre et celles qui seront semées plus tard dans l'année, laissent envisager une réponse positive à la limitation des approvisionnements et à la hausse des prix ainsi qu'un accroissement de la production. Les perspectives concernant les cultures de blé d'hiver de 1996 encore en terre sont généralement satisfaisantes voire favorables, et l'on signale une augmentation des semis dans plusieurs grandes régions productrices tandis que l'on prévoit une expansion des semis de printemps. Par conséquent, les perspectives sont favorables pour l'instant à une augmentation de la production mondiale de blé en 1996, malgré le froid qui a régné récemment aux Etats-Unis. On prévoit aussi pour l'instant une augmentation globale de la production de céréales secondaires. Les conditions sont bonnes pour les cultures en Afrique australe et satisfaisantes en Amérique du Sud. Les semis devraient augmenter sensiblement aux Etats-Unis au printemps, mais tout dépendra du temps qu'il fera à l'époque des plantations. Même si une expansion de la production céréalière totale est prévisible en 1996, il n'est pas encore certain pour l'instant qu'elle sera suffisante pour corriger la situation actuellement difficile de l'offre et de la demande. Tout échec aurait à nouveau une incidence importante sur les cours céréaliers internationaux et sur les perspectives de la sécurité alimentaire, surtout dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier. La situation est instable et nécessite une surveillance rapprochée dans les mois à venir.


PRODUCTION: SITUATION ACTUELLE
ET PERSPECTIVES DE RECOLTE

SITUATION PAR REGION

----------------
----------------------------------

VUE D'ENSEMBLE DE LA PRODUCTION MONDIALE DE CEREALES
Blé
Céréales secondaires
Riz (paddy)
Total
1994
1995
1994
1995
1994
1995
1994
1995
(. . . . . . . . . . . . . . . . . . . millions de tonnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .)
Asie 215.3 230.3 190.0 202.4 491.3 499.2 896.5 931.9
Afrique 15.7 13.9 75.8 62.8 14.0 15.0 105.6 91.7
Amérique centrale 4.2 3.6 25.7 23.1 1.7 1.7 31.6 28.4
Amérique du Sud 15.6 13.1 55.1 58.4 18.1 19.2 88.8 90.7
Amérique du Nord 86.3 84.9 308.8 233.9 9.0 7.9 404.1 326.7
Europe 120.4 124.5 140.1 146.1 2.3 2.3 262.8 272.9
CEI 59.7 58.5 80.7 60.6 1.6 1.5 142.0 120.6
Océanie 9.2 17.3 5.6 9.4 1.1 1.2 15.9 27.9
TOTAL MONDIAL 526.3 546.0 881.8 796.7 539.0 548.0 1 947.2 1 890.7
Pays en développement 248.3 257.7 332.2 341.0 510.1 521.8 1 090.7 1 120.4
Pays développés 278.0 288.3 549.6 455.7 28.9 26.2 856.5 770.3

SOURCE: FAO

ASIE

En Asie, les perspectives actuelles pour le blé d'hiver, qui sera moissonné à partir d'avril, sont mitigées. En Chine, selon les sources officielles, on prévoit une sécheresse au printemps dans tout le pays, car les températures de l'hiver ont été supérieures à la normale. Comme les précipitations ont été faibles, on signale déjà des dégâts sur les blés d'hiver le long du cours inférieur du Yangtze, dans les zones côtières du sud et certaines régions du nord-ouest. En Inde, bien qu'on s'attende à une récolte supérieure à la moyenne, les premières prévisions ont été démenties à cause des pluies inférieures à la normale dans de vastes zones non irriguées, mais les perspectives pour les cultures irriguées restent satisfaisantes. Au Pakistan, l'objectif officiel de production en 1995/96 est de 17,4 millions de tonnes, contre 17 millions de tonnes récoltées l'année précédente. En Syrie et en Turquie, les perspectives sont dans l'ensemble satisfaisantes car les conditions météorologiques ont été normales jusqu'à présent. La production devrait encore être inférieure à la moyenne en Afghanistan et en Iraq, ce qui est dû pour l'essentiel aux pénuries d'intrants agricoles.

La région a rentré en 1995 une récolte record de céréales secondaires évaluée à quelque 203 millions de tonnes. Ce résultat est supérieur aux prévisions de novembre et dépasse de 6 pour cent la moyenne des cinq années précédentes. La révision en hausse est imputable en grande partie à une récolte plus importante que prévu en Chine. Les perspectives pour la deuxième récolte de céréales secondaires sont incertaines car on craint la sécheresse au printemps.

Selon les dernières prévisions de la FAO, la production de paddy de la région en 1995 a atteint 499 millions de tonnes, soit 8 millions de tonnes de plus qu'en 1994, et 1,6 million de tonnes de plus que les estimations précédentes. L'augmentation est due pour l'essentiel à la Chine (continentale) dont la production de paddy avec 6 millions de tonnes de plus, s'élève à 182 millions de tonnes, soit une augmentation plus forte que prévu. Bien que les cultures précoces n'aient augmenté que de 1,32 million de tonnes, les chiffres officiels montrent aussi de meilleurs résultats pour les campagnes intermédiaire et tardive en riziculture. Au Myanmar, l'extension des semis devrait entraîner une récolte record d'environ 19,6 millions de tonnes. Au Bangladesh, des inondations pendant presque toute la campagne Aman ont endommagé les cultures de, que l'on évalue maintenant à un peu moins de 8 millions de tonnes (équivalent riz usiné), soit 18 pour cent de moins que l'objectif et 6 pour cent de moins que la récolte déjà médiocre de l'année précédente. Comme les récoltes Aus et Aman de 1995 ont été très faibles, la production totale au Bangladesh dépendra avant tout de sa capacité à accroître la production de riz de la campagne Boro, qui vient d'être semé. En Inde, la récolte de paddy Kharif (qui représente environ 85 pour cent de la production totale de l'Inde) est pratiquement achevée et, selon les estimations officielles, elle atteindrait 70,8 millions de tonnes (en équivalent riz usiné), soit 0,6 million de tonnes de moins que la récolte record de 1994. Les conditions ont été favorables pour les semis de la récolte Rabi (deuxième campagne). En République de Corée, le mauvais temps et la réduction des semis ont fait chuter la production à son niveau le plus faible depuis 10 ans. En République populaire démocratique de Corée, des raz de marée et des pluies abondantes en juillet ont provoqué de graves inondations; la récolte de 1995 a été réduite, ce qui aggrave la situation déjà critique des approvisionnements en céréales vivrières du pays. Au Laos, de graves inondations pendant la période de végétation auraient détruit 200 000 tonnes de riz, faisant baisser la production de 1995 à environ 1,4 million de tonnes, contre 1,7 million de tonnes l'année précédente.

Ailleurs, aucun changement majeur n'a été apporté aux estimations figurant dans le rapport précédent. En Thaïlande, la deuxième récolte de paddy devrait nettement augmenter, ce qui compenserait largement la baisse de la récolte principale. Au Viet Nam, l'essentiel de la récolte du dixième mois a été moissonné. Dans le nord, malgré des typhons et des pluies torrentielles, la récolte du dixième mois a produit 4,5 millions de tonnes, ce qui est nettement plus que l'année précédente. Les semis de riz d'hiver-printemps sont en cours dans le sud et dans le delta du Mékong. Pour la campagne à venir, le pays se fixe comme objectif de récolter 12 millions de tonnes de riz d'hiver-printemps, mais les semis sont légèrement inférieurs à ceux de l'année précédente. Compte tenu de ce qui précède, et si les conditions météorologiques sont normales dans les prochains mois, la production totale de paddy au Viet Nam en 1995/96 pourrait atteindre quelque 25,5 millions de tonnes, soit un peu plus que l'année précédente.

Dans l'hémisphère austral et le long de la zone équatoriale, la campagne principale de paddy de 1996 est bien avancée. En Indonésie, de graves inondations ont été signalées dans l'ouest de Java et à Kalimantan, endommageant certaines rizières. Pour 1996, le pays compte produire au total 51,2 millions de tonnes de paddy, contre 48,5 millions de tonnes en 1995. Jusqu'à une date récente, les conditions générales de végétation avaient été favorables et le pays a beaucoup investi pour augmenter la production. A Sri Lanka, la sécheresse qui sévit depuis octobre touche de vastes zones du pays. En conséquence, la récolte de riz Maha (campagne principale) serait réduite de 21 pour cent et n'atteindrait pas 1,4 million de tonnes. Le manque de pluie risque aussi de compromettre la récolte Yala (campagne secondaire) car les niveaux d'eau pour l'irrigation dans les réservoirs sont extrêmement bas.
Retour


AFRIQUE

AFRIQUE DU NORD: La production totale de céréales en 1995 dans la sous-région est évaluée à quelque 22 millions de tonnes, soit 18 pour cent de moins que la récolte supérieure à la normale de l'année précédente. La production de blé a diminué de 22 pour cent (8,9 millions de tonnes), tandis que la récolte de céréales secondaires a chuté de 2,5 millions de tonnes pour s'établir à 8,3 millions de tonnes. Ces fortes baisses correspondent à des réductions importantes des moissons de blé et d'orge au Maroc, qui ont chuté de 80 et 84 pour cent respectivement; des récoltes supérieures à la normale ont été rentrées en Algérie et en Egypte. En Tunisie, les récoltes de blé et d'orge sont restées très inférieures à la moyenne pour la deuxième année consécutive. En Egypte, la récolte de paddy de 1995 (4,8 millions de tonnes) est supérieure de 7 pour cent à celle de l'année précédente.

Les perspectives pour la récolte céréalière de 1996 se sont améliorées au Maroc. Des pluies inférieures à la normale au début de la période de végétation, qui ont retardé les semis dans plusieurs grandes régions productrices, ont été suivies de pluies abondantes vers la fin janvier, ce qui a nettement augmenté les réserves d'humidité. En Algérie et en Tunisie, les pluies ont continué en janvier, permettant la levée et le démarrage des cultures. Toutefois, des pluies seront encore nécessaires pendant le reste de la période de végétation dans tous les pays de la sous-région pour assurer une récolte normale. Les superficies consacrées au blé et à l'orge en Egypte seraient légèrement supérieures en 1996 à celles de l'année précédente.

AFRIQUE DE L'OUEST: En Afrique de l'Ouest, un temps sec de saison règne sur la zone sahélienne où des récoltes généralement bonnes ont été rentrées en 1995. Au total, la production céréalière est évaluée à 9,6 millions de tonnes, ce qui est inférieur au record de 10 millions de tonnes en 1994, mais ce résultat est encore supérieur à la moyenne. Des récoltes records ont été rentrées en Gambie et Guinée-Bissau; la production a été proche des niveaux records antérieurs en Mauritanie et au Sénégal. La production a baissé par rapport à 1994 au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger, mais elle est encore supérieure à la normale. Au Cap-Vert, la récolte de maïs a été moyenne.

Dans les pays côtiers, la préparation du sol est en cours pour les semis de la première récolte de maïs en février/mars. Dans l'ensemble, les conditions de végétation ont été favorables pour les cultures céréalières de 1995 dans la plupart des pays côtiers. La production céréalière, évaluée à 21 millions de tonnes pour les neuf pays côtiers, est normale ou supérieure à la normale, sauf au Libéria et en Sierra Leone. Les déplacements de populations et l'insécurité ont gravement perturbé la production agricole dans ces deux pays et les estimations de récolte sont très basses. La paix qui vient d'être conclue au Libéria a permis d'améliorer les approvisionnements alimentaires de la population éprouvée. En Sierra Leone, les troubles civils persistent et le transport de l'aide alimentaire de Freetown vers l'est a été interrompu, suite aux embuscades répétées sur les routes principales. Selon une enquête récente, on compte de 2,5 à 3 millions de personnes déplacées dans la région.

Grâce aux conditions météorologiques généralement favorables et aux prix élevés du riz sur les marchés internationaux, les semis et la production de riz en 1995 ont augmenté dans de nombreux pays de la sous-région. On estime donc que la production de paddy dans la sous-région a progressé de 0,5 million de tonnes pour atteindre 6 millions de tonnes en 1995. La Côte d'Ivoire et le Ghana ont rentré des récoltes plus importantes et la production s'est légèrement améliorée au Sénégal par rapport à l'année précédente. Au Nigéria, selon les dernières estimations officielles, la production de paddy serait de 2,9 millions de tonnes en 1995, en hausse par rapport à 1994 mais nettement moins que l'estimation antérieure. Par contre, en Sierra Leone, la récolte n'aurait atteint que 284 000 tonnes, soit 30 pour cent de moins qu'en 1994, car la guerre civile a gravement perturbé la production. Au Libéria, une récente mission FAO d'évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires a estimé la production de paddy en 1995 à environ 60 000 tonnes, soit à peine le quart du niveau d'avant la crise.

AFRIQUE CENTRALE: Comme les conditions de végétation ont dans l'ensemble été favorables, la récolte de riz et la deuxième récolte de maïs s'achèvent, sauf dans le sud du Zaïre où les céréales secondaires qui viennent d'être semées se développent de manière satisfaisante. Un million de Rwandais et de Burundais sont encore réfugiés au Zaïre. Le gouvernement et le HCR préparent un nouveau plan pour leur rapatriement.

AFRIQUE DE L'EST: La moisson du blé de 1995 est achevée au Kenya et en Ethiopie, tandis qu'au Soudan la récolte de 1996 devrait commencer en mars. Selon les dernières prévisions de la FAO, la production totale de la sous-région pour 1995 est de 2,5 millions de tonnes, soit 15 pour cent de plus que le bon volume récolté l'année précédente. Au Kenya et en Ethiopie, la production a augmenté de 19 pour cent pour atteindre 330 000 tonnes et 1,6 million de tonnes respectivement, ce qui reflète une augmentation des emblavures et de bons rendements. Au Soudan, la récolte de blé de 1996 devrait atteindre 530 000 tonnes, soit 19 pour cent de plus que la récolte de 1995 et résultat moyen.

La moisson des céréales secondaires de la campagne principale de 1995 est achevée dans la sous-région. On rentre actuellement les récoltes de la deuxième campagne sauf en Ethiopie où on en est au stade des semis. La production totale de la sous-région pour 1995/96 serait proche de 20 millions de tonnes, soit un peu plus que le volume supérieur à la moyenne de l'année dernière. En Ethiopie, comme les conditions météorologiques ont été favorables pendant toute la campagne, que la distribution d'engrais a été améliorée et qu'il n'y a pas eu de ravageurs migrateurs, la récolte de céréales secondaires de la campagne principale, qui représente plus de 90 pour cent de la production annuelle, devrait atteindre un record. En Ouganda, la récolte principale de céréales secondaires a atteint le chiffre record de 2 millions de tonnes et la récolte secondaire, dont la moisson est en cours, s'annonce bonne car les semis ont été conformes à la moyenne et les pluies abondantes. En Tanzanie, la production céréalière a augmenté d'un tiers par rapport au niveau réduit de l'année précédente et le résultat est supérieur à la moyenne. Les perspectives de la campagne secondaire dont les récoltes sont en cours sont satisfaisantes car les pluies ont été abondantes dans la plupart des régions productrices. Par contre, au Soudan, la production a baissé de 29 pour cent par rapport au record de l'année précédente (3,2 millions de tonnes) mais le résultat est encore moyen. Au Kenya, la production de maïs de 1995 atteindrait, selon les estimations préliminaires, 2,6 millions de tonnes, soit 11 pour cent de moins que le niveau record de 1994, mais ce serait encore un résultat supérieur à la moyenne. Les perspectives de la campagne secondaire, dont la moisson est en cours, sont favorables car les pluies ont été abondantes. En Erythrée, la récolte de céréales secondaires a été inférieure de 43 pour cent à celle de 1994 et inférieure à la moyenne à cause des pluies irrégulières et des dégâts localisés provoqués par des ravageurs. La production de céréales secondaires de la campagne principale en Somalie a aussi beaucoup baissé, à cause de graves infestations de ravageurs et de pluies irrégulières; la production totale en 1995 serait de 282 000 tonnes, soit un tiers de moins que le bon niveau de l'année précédente. Les perspectives pour les cultures de la campagne secondaire en cours de moisson sont favorables car les conditions météorologiques ont été bonnes et on s'attend à une production voisine de la moyenne. Les récoltes de céréales secondaires en 1995 ont été réduites au Burundi et au Rwanda du fait de l'insécurité et des déplacements de population. La moisson des céréales secondaires de la première campagne de 1996 est en cours dans ces deux pays. Au Burundi, la production devrait baisser par rapport à l'année dernière car les conditions de sécurité se sont aggravées tandis qu'au Rwanda, la production pourrait être nettement supérieure à celle de 1995, mais encore loin de la moyenne.

AFRIQUE AUSTRALE: La récolte totale de blé de 1995 est évaluée à environ 2,4 millions de tonnes, dont 2,3 millions de tonnes en Afrique du Sud où le résultat de cette année devrait dépasser de 28 pour cent celui de l'année précédente. Au Zimbabwe, une autre récolte inférieure à la moyenne a été rentrée, correspondant à moins de la moitié du volume normal, car le pays manque d'eau d'irrigation.

Après les pluies irrégulières et les sécheresses localisées de la campagne 1994/95, la production totale de céréales secondaires est évaluée à 10,5 millions de tonnes, soit 47 pour cent de moins que l'année précédente. Cela s'explique par des récoltes médiocres dans plusieurs pays, en particulier en Afrique du Sud et au Zimbabwe, deux des principaux producteurs de céréales secondaires de la sous-région.

Les récoltes de céréales secondaires de 1996 s'annoncent bonnes pour l'instant et on s'attend à un redressement de la production. Le temps est resté sec sur presque tout le Malawi et le Mozambique en octobre et début novembre, mais des pluies éparses ont été enregistrées au Botswana, au Lesotho, en Namibie, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. En décembre, les pluies sont arrivées dans toute la sous-région et ont été abondantes dans la plupart des pays. La sécheresse a persisté seulement en Namibie, qui n'a commencé à recevoir des pluies indispensables pour les semis qu'en janvier 1996. Selon les premières indications, les superficies consacrées au maïs en Afrique du Sud, qui est de loin le plus gros producteur de céréales secondaires de la sous-région, seront bien supérieures à la superficie réduite par la sécheresse de l'année dernière mais elles pourraient encore être en dessous de la moyenne. En Angola, comme les pluies ont été bonnes dans l'ensemble et qu'un calme relatif règne dans tout le pays, on estime que davantage de terres sont cultivées cette année par rapport aux années précédentes. Dans l'ensemble, s'il continue à pleuvoir jusqu'en mars, les récoltes dans la sous-région seront bien supérieures à celles de l'année dernière qui avaient été inférieures à la normale.

La culture du paddy de 1996 est bien avancée dans la sous-région. A Madagascar, le résultat de la récolte de 1996 est incertain car des pluies abondantes dans le sillage des cyclones de janvier ont endommagé de vastes terres cultivées.
Retour


AMERIQUE CENTRALE ET CARAIBES

La récolte s'annonce médiocre pour le blé de 1995/96 récemment semé au Mexique, qui est pratiquement le seul producteur de la sous-région. La moisson doit commencer en avril et, selon les premières prévisions, la production de 1996 serait de 3,6 millions de tonnes, en baisse par rapport aux 4,2 millions de tonnes de l'année dernière. C'est essentiellement le résultat d'une réduction des emblavures et des rendements due au mauvais temps à l'époque des semis et à l'augmentation des prix des intrants et du crédit provoquée par la dévaluation de la monnaie nationale.

La moisson des céréales secondaires de la deuxième campagne de 1995 est achevée dans la plupart des pays. Malgré une production normale ou supérieure à la normale, en particulier à El Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua, la production totale de céréales secondaires de 1995 (pour les deux campagnes) dans la sous-région aurait baissé de 25,7 millions de tonnes en 1994 à seulement 23,1 millions de tonnes. Cette baisse correspond avant tout aux médiocres récoltes de maïs et de sorgho du Mexique, qui ont souffert de très mauvaises conditions météorologiques, venant s'ajouter aux problèmes financiers des agriculteurs. Dans la zone des Caraïbes, les semis de maïs et de sorgho de la troisième campagne sont en cours en République dominicaine; ils seront récoltés en avril et la production totale pour l'année devrait être supérieure à la moyenne. A Cuba, on a rentré une récolte de maïs légèrement inférieure à la normale. En Haïti, la moisson du sorgho de la deuxième campagne est terminée et la production serait normale. La production totale de céréales secondaires du pays en 1995 serait légèrement supérieure à la moyenne.

La production de paddy dans la sous-région en 1995 a été légèrement supérieure au faible niveau de l'année précédente, à cause surtout d'une augmentation sensible de la production en République dominicaine. Ailleurs, la production a dans l'ensemble été médiocre. A Cuba, la production de paddy est restée faible par manque d'intrants. Au Mexique, la production de la récolte principale a baissé de 7 pour cent (309 000 tonnes).
Retour


AMERIQUE DU SUD

La récolte du blé de 1995 est achevée; et la production pour la sous-région est estimée à 13 millions de tonnes, soit 17 pour cent de moins que l'année précédente. Ce résultat est bien inférieur à la moyenne et la baisse est imputable essentiellement à la production réduite de l'Argentine (9 millions de tonnes) contre 11,1 millions de tonnes l'année précédente. Au Brésil, la production est passée de 2,1 millions de tonnes à seulement 1,7 million de tonnes, conséquence surtout d'une réduction des semis et d'une baisse de la consommation d'engrais à cause des restrictions de crédit. Au Chili et en Uruguay, la production serait légèrement inférieure à la normale. Dans les pays andins, la superficie consacrée au blé de la campagne principale de 1996 en Bolivie serait proche du niveau supérieur à la normale de l'année dernière. En Equateur, une production totale normale a été rentrée en 1995 et les conditions de semis du blé de la campagne principale de 1996 qui commenceront en février sont favorables. Au Pérou, une production supérieure à la moyenne, proche du volume de 1994, a été rentrée. En Colombie, les moissons de la campagne secondaire ont commencé dans de bonnes conditions et la production devrait être normale.

Dans l'ensemble, un temps très sec en novembre/décembre a entravé les semis de céréales secondaires de 1996 dans les principales zones de production du sud de la sous-région et on s'attend à une contraction générale de la production. En Argentine, la superficie plantée en maïs a augmenté, mais les rendements devraient chuter car les réserves d'humidité sont faibles. Selon les premières prévisions, la production serait de 10,8 millions de tonnes, contre 11 millions de tonnes en 1995. Au Brésil, la récolte du maïs de 1996 va commencer et la production devrait également diminuer par rapport au niveau record de l'année dernière (36,2 millions de tonnes) à un niveau (32 millions de tonnes) qui sera encore supérieur à la moyenne. La baisse correspond à des précipitations insuffisantes et à l'emploi de semences de moins bonne qualité. En Uruguay et au Chili, on prévoit des productions de maïs normales à supérieures à la normale. En Bolivie, les récoltes de céréales secondaires s'annoncent bonnes; la moisson commencera en avril, à condition que le temps reste clément. En Equateur, où les semis de maïs de la campagne principale de 1996 sont en cours, la superficie consacrée à cette culture devrait être proche du niveau supérieur à la normale de 1995. Au Pérou, les semis de maïs de 1996 devraient être proches des niveaux satisfaisants de l'année dernière. Par contre, en Colombie, la production totale de maïs (pour les deux campagnes) devrait baisser par rapport au niveau normal de l'année précédente. Au Venezuela, on prépare les sols pour les semis de maïs et de sorgho de 1996 qui commenceront en avril.

La campagne rizicole de 1995 est pratiquement achevée dans la région, à l'exception de quelques pays de la zone équatoriale, notamment la Colombie et le Guyana. En Argentine, au Brésil, au Pérou et en Uruguay, la campagne rizicole de 1996 est bien avancée. La prévision concernant la production de paddy au Brésil, principal producteur et consommateur de la région, a été légèrement réduite en raison d'une diminution des semis dans le Rio Grande do Sul. La chute du prix de soutien aux producteurs pour le paddy et une augmentation sensible des prix des engrais expliquent la diminution des semis dans ce pays. Par contre, en Argentine, l'augmentation des cours internationaux du riz et les arrangements préférentiels dans le cadre du marché commun austral (MERCOSUR) ont entraîné une nouvelle extension des superficies consacrées au riz. En 1996, 200 841 hectares ont été ensemencés, soit 9 pour cent de plus qu'en 1995.
Retour


AMERIQUE DU NORD

Aux Etats-Unis, l'estimation officielle finale pour la récolte de blé de 1995 est de 59,5 millions de tonnes, soit 3,7 millions de tonnes de moins que l'année dernière; ce résultat reste comparable à la moyenne des cinq années précédentes.

Les perspectives sont mitigées pour le blé d'hiver de 1996, qui représente environ 75 pour cent de la production totale de blé du pays. Confirmant les prévisions antérieures, les semis ont augmenté de 7 pour cent, mais les conditions sont loin d'être idéales pour les cultures dans de nombreuses régions. L'humidité a été insuffisante dans la plupart des zones de production après les semis d'octobre et de novembre, et le démarrage a été médiocre, ce qui rend les jeunes plants plus vulnérables à de mauvaises conditions météorologiques pendant l'hiver. Fin janvier, le gel et le vent ont balayé une grande partie des plaines à blé du Kansas et les cultures ont beaucoup souffert. Toutefois, il est encore trop tôt pour évaluer les dégâts et les conséquences sur la récolte de blé de cette année car les conditions météorologiques pendant le reste de la campagne seront déterminantes.

Au Canada, selon les dernières estimations, la production totale de blé en 1995 a été de 25,4 millions de tonnes, soit 2,3 millions de tonnes de plus que l'année dernière, mais ce résultat est encore bien inférieur au volume du début des années 90, avant que les agriculteurs ne décident de consacrer une grande part de leurs superficies aux oléagineux. Toutefois, vu les prix compétitifs du blé cette année, on pourrait s'attendre à une augmentation sensible des emblavures en mai-juin pour la principale récolte de 1996, avec un retour au blé au détriment des oléagineux.

L'estimation officielle finale pour les céréales secondaires de 1995 aux Etats-Unis est de 209,6 millions de tonnes, soit 75,5 millions de tonnes de moins que la récolte record de l'année précédente et niveau inférieur à la moyenne des cinq dernières années. Sur ce total, le maïs représente quelque 187 millions de tonnes. En ce qui concerne le maïs de 1996 qui ne sera semé qu'au printemps, le Programme de réduction des superficies (ARP) a été fixé à zéro pour cent, contre 7,5 pour cent l'année dernière. De plus, les agriculteurs ayant des terres en jachère au titre du Programme de réserve pour la conservation (CRP), dont les contrats arrivaient à expiration le 30 septembre de cette année, peuvent choisir d'en sortir à temps pour les semis du printemps. Il est encore trop tôt pour savoir exactement combien d'hectares seront remis en culture après ces révisions des politiques, mais il est clair que la superficie consacrée au maïs pourrait beaucoup augmenter par rapport à l'année précédente. Toutefois, tout dépend des conditions météorologiques au moment des semis.

Au Canada, la production totale de céréales secondaires a augmenté en 1995 de quelque 1 million de tonnes, mais elle est restée légèrement supérieure à la moyenne des cinq dernières années. Comme pour le blé, les céréales secondaires de 1996 ne seront pas semées avant le printemps.

Aux Etats-Unis, la production de paddy en 1995 a atteint quelque 7,9 millions de tonnes, soit 1,1 million de tonnes de moins qu'en 1994, ce qui est imputable pour l'essentiel à une réduction des semis et à de mauvaises conditions météorologiques pendant la récolte. Des discussions sont en cours sur le programme de soutien de la production de riz pour 1996 et les années à venir. Les semis de paddy pour 1996 aux Etats-Unis ne commencent pas avant le mois d'avril.
Retour


EUROPE

D'après les dernières estimations de la FAO, la production totale de céréales de la région s'établit à 272,9 millions de tonnes en 1995, soit 10 millions de tonnes de plus qu'en 1994. La production a progressé dans l'ensemble de la CE et dans certains pays d'Europe orientale, notamment la Pologne et la Roumanie. La production de blé de la région s'élève à 124,5 millions de tonnes, contre 120,4 millions de tonnes en 1994, tandis que celle de céréales secondaires est de 146,1 millions de tonnes, contre 140,1 millions de tonnes en 1994. La production de riz, de l'ordre de 2,3 millions de tonnes, est restée stable.

Pour 1996, les premières perspectives de récolte de céréales de la CE sont généralement bonnes et, jusqu'ici, l'état des cultures est dans l'ensemble satisfaisant. Les semis de blé d'hiver ont connu une expansion sensible dans les principaux pays producteurs de la CE après l'assouplissement des restrictions relatives aux superficies et grâce aux conditions atmosphériques favorables de l'automne. En France, on attend une expansion de 6 pour cent des emblavures de blé tendre, et on prévoit une progression de 3 pour cent en Allemagne et au Royaume-Uni. En Espagne, les fortes pluies de décembre laissent espérer que la sécheresse catastrophique qui sévit depuis cinq ans touche peut-être à sa fin, et elles ont grandement amélioré les perspectives des semis des cultures d'hiver et de printemps.

Dans l'est de la région, on estime que la superficie consacrée au blé d'hiver a augmenté d'environ 4,6 pour cent en Pologne. La couverture neigeuse généralement abondante a protégé le blé d'hiver et le seigle contre les gelées de décembre et du début de janvier, mais l'orge d'hiver a été assez endommagé par le gel. En Hongrie, après les intempéries de l'automne, les conditions météorologiques de l'hiver ont été jusqu'ici satisfaisantes. L'épaisse couverture neigeuse a protégé les cultures en dormance contre les fortes gelées de la fin de décembre et elle libérera de bonnes réserves d'eau pour la croissance des cultures du printemps. En Roumanie, les perspectives des cultures de blé d'hiver et de seigle restent bonnes malgré les rigueurs de l'hiver et les graves inondations du mois dernier. Cependant, on s'inquiète de plus en plus de la lenteur de la préparation des terres pour les semis de printemps (essentiellement maïs et tournesol). En Bulgarie, on estime que les superficies des cultures de blé d'hiver ont augmenté d'environ 18 pour cent par rapport à l'année précédente, pour s'établir à quelque 1,1 million d'hectares, tandis que les semis d'orge d'hiver sont restés pratiquement stables.

En Croatie, malgré les bonnes conditions de croissance, la récolte de blé de 1996 devrait être moins bonne que celle de l'année dernière, à la suite d'une baisse de 9 pour cent des superficies ensemencées. D'après les premières prévisions, la production de blé en République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) est elle aussi en baisse, du fait d'une réduction des emblavures, les terres ayant ét 9‚ reconverties aux cultures industrielles, et les intrants agricoles étant insuffisants. En revanche, en Bosnie-Herzégovine, la production de blé devrait augmenter sous l'effet de l'expansion des superficies ensemencées, en particulier dans le centre. En Slovénie, la récolte du blé s'annonce bonne. Dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, la récolte de blé de cette année devrait être plus abondante que celle de 1995, qui était assez mauvaise.

Dans les pays de la Baltique, où, d'après les estimations de la FAO, la récolte de blé de 1995 s'établit à 3,4 millions de tonnes, soit 12 pour cent de moins qu'en 1994, essentiellement en raison d'une réduction des emblavures, les premières perspectives des céréales d'hiver sont bonnes. On estime qu'il y a eu une expansion des emblavures due à la hausse des cours mondiaux et à la baisse des disponibilités de céréales dans les pays voisins.
Retour


COMMUNAUTE DES ETATS INDEPENDANTS 1/

D'après les dernières estimations officielles, la récolte de céréales et légumineuses de 1995 de la CEI ne s'élève qu'à 123 millions de tonnes, soit 16 pour cent de moins qu'en 1994. La production de blé, qui s'établit, d'après les estimations, à 58,5 millions de tonnes, a légèrement baissé (1,3 million de tonnes); celle de céréales secondaire a accusé un fort recul (-20 millions de tonnes), tombant à 60 millions de tonnes; celle de paddy a fléchi de plus de 10 pour cent pour tomber à 1,3 million de tonnes et celle de légumineuses, de 30 pour cent, pour tomber à près de 4 millions de tonnes. Cependant, on a de bonnes raisons de penser que la récolte de 1995 a peut-être été sous-estimée et que la production réelle pourrait être de 10 pour cent supérieure au chiffre indiqué.

Les premières perspectives de la récolte de céréales et de légumineuses de 1996 dans la CEI sont plus encourageantes que l'année dernière. La hausse des prix des céréales et les conditions météorologiques favorables au moment des semis ont incité les agriculteurs à semer davantage de céréales d'hiver et à labourer de plus grandes superficies avant l'hiver pour les semis de printemps. A ce jour, l'état des cultures dans les principaux Etats est meilleur qu'il y a un an. Dans la Fédération de Russie, on estime que les superficies ensemencées en cultures d'hiver ont augmenté de 1,1 million d'hectares pour passer à 15,3 millions d'hectares et que celles qui ont été labourées pour les semis de printemps ont progressé de 1,5 million d'hectares pour atteindre 41,1 millions d'hectares. L'objectif de production pour 1996 est fixé à 77-80 millions de tonnes, soit un volume bien supérieur à l'estimation officielle de récolte de 63,5 millions de tonnes pour 1995. En Ukraine et au Bélarus, les emblavures de céréales d'hiver auraient augmenté de 4 pour cent pour atteindre respectivement 7,1 et 1,1 million d'hectares. Au Kazakhstan, il y a eu une expansion des semis des cultures d'hiver (secondaires) et des labours d'automne pour la préparation des semis de la culture principale de printemps. En Géorgie, la plus grande partie des superficies des exploitations d'Etat destinées à la production céréalière ont été louées à des agriculteurs privés et la production pourrait se redresser un peu malgré des pénuries d'intrants, et notamment de semences. Ailleurs, les superficies des céréales d'hiver sont probablement restées assez stables, à l'exception du Kirghizistan et du Tadjikistan, où des pénuries de semences ont limité les semis.


1/ La Communauté des Etats indépendants (CEI) se compose de 12 Etats membres (Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Fédération de Russie, Géorgie, Kazakhstan, Moldova, Ouzbékistan, République kirghize, Tadjikistan, Turkménistan, et Ukraine).
Retour

OCEANIE

On estime qu'en Australie la récolte de blé d'hiver de 1995 est bien supérieure à celle de l'année précédente, qui était réduite par la sécheresse, les conditions ayant en général été favorables pendant toute la période de végétation. D'après les dernières estimations officielles (5 décembre 1995), la production de blé s'établit à 17,1 millions de tonnes, soit un peu plus que les prévisions précédentes et un chiffre supérieur de 92 pour cent à celui de l'année précédente. D'après les prévisions, la récolte d'orge d'hiver s'établira à 5,6 millions de tonnes, soit, là encore, à peu près le double de la récolte précédente. Le sorgho d'été de 1996 a continué à se développer dans de bonnes conditions après les pluies abondantes tombées sur les principales régions productrices de l'Est à la fin de décembre et en janvier. Bien que la présence massive d'acridiens en Nouvelle-Galles du Sud et dans le Queensland soit préoccupante, aucun dégât important n'a encore été signalé et les autorités suivent de près la situation pour prendre des mesures de lutte le cas échéant. La production devrait, d'après les prévisions actuelles, passer de quelque 900 000 tonnes l'année dernière à plus d'un million de tonnes.

La campagne du riz de 1996 est bien avancée en Australie. Les bonnes pluies de novembre/ décembre ont amélioré les perspectives de récolte et la production de paddy devrait s'élever à 1,2 million de tonnes, soit 7 pour cent de plus que l'année dernière.

Previous Page TOC Next Page