Cultures et Pénuries alimentaires Janvier 1996

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RESUME

CONDITIONS METEOROLOGIQUES ET PERSPECTIVES DE RECOLTE

En Afrique du Nord, les récoltes de blé et d'orge s'annoncent bonnes en Algérie, en Tunisie et au Maroc, les conditions météorologiques ayant été généralement favorables. Cependant, des pluies en temps utile seront nécessaires pendant le reste de la campagne pour éviter une baisse des rendements. Au Maroc, les fortes pluies de la fin de janvier ont endommagé certaines cultures de céréales, mais elles ont reconstitué les réserves d'eau après la sécheresse de l'année dernière, d'une gravité sans précédent. En Egypte, où les cultures de blé sont presque entièrement irriguées, les emblavures et la disponibilité d'intrants agricoles sont satisfaisantes.

En Afrique de l'Ouest, il fait un temps sec de saison. Dans les pays du Sahel, la production de céréales de 1995 a atteint des records en Gambie et en Guinée-Bissau, elle a été proche des records précédents en Mauritanie et au Sénégal et supérieure à la moyenne au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger, les conditions de végétation ayant été généralement bonnes et les attaques de ravageurs limitées. En revanche, la production de maïs est restée faible au Cap-Vert, mais légèrement supérieure à la mauvaise récolte de 1994. Dans les pays côtiers du golfe de Guinée, la préparation des terres a commencé pour le maïs de la première campagne, habituellement semé à la fin de février et en mars après l'arrivée des pluies. Au Libéria et en Sierra Leone, les troubles civils perturbent encore la production et la distribution.

En Afrique centrale, la production de 1995 a été bonne au Cameroun et en République centrafricaine. Au Zaïre, le riz et le maïs ont été récoltés dans le nord et les céréales secondaires récemment semées se développent de manière satisfaisante dans le sud.

En Afrique de l'Est, les céréales de la campagne secondaire de 1995/96 sont actuellement récoltées dans la plupart des pays. La pluviométrie ayant été suffisante pendant la campagne, les perspectives sont bonnes au Kenya, en Somalie, en Tanzanie et en Ouganda. En Ethiopie, les précipitations inespérées du mois dernier ont amélioré l'état des sols pour les semis des cultures "belg" de la campagne secondaire. Au Soudan, les premières perspectives de la récolte de blé sont bonnes, les emblavures ayant été plus importantes et les températures appropriées jusqu'ici. Au Rwanda, bien que la production récemment rentrée de la première campagne de 1996 ait augmenté considérablement par rapport à celle de la campagne précédente, grâce au retour des agriculteurs, elle est restée inférieure à la normale. En revanche, au Burundi, une récente mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé que la production des cultures vivrières de la première campagne va baisser en 1996.

En Afrique australe, les perspectives des cultures de céréales de 1995/96 qui doivent être récoltées à partir d'avril sont généralement bonnes. Après une arrivée tardive, les pluies sont tombées depuis fin novembre sur la plupart des zones agricoles, favorisant le développement des cultures dans la plupart des pays. Au Botswana, au Lesotho, au Mozambique, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe, on attend une récolte moyenne à supérieure à la moyenne, tandis que la récolte de maïs en Afrique du Sud devrait être beaucoup plus importante que celle de l'année dernière, malgré des inondations localisées dans le nord et l'est. En Angola, les conditions météorologiques et la paix relative instaurée dans le pays encouragent une expansion des superficies ensemencées. Au Malawi et en Namibie, après un retard initial, les récentes pluies tombées un peu partout ont amélioré les perspectives et une récolte moyenne est attendue. A Madagascar, la perspective de récolte est incertaine après les cyclones de janvier, qui ont inondé les rizières dans la province de l'est, principale région rizicole du pays. La situation des approvisionnements alimentaires reste délicate dans plusieurs pays de la sous-région après les récoltes de 1994/95, qui avaient été amoindries par la sécheresse.

En Asie, les perspectives de récolte restent incertaines dans certaines régions du fait de l'insuffisance des pluies. En Chine, les perspectives globales de récolte du blé d'hiver en dormance restent incertaines, et on attend une sécheresse de printemps dans certaines zones. A Sri Lanka, les pluies très inférieures à la normale depuis octobre devraient réduire sensiblement la production de la principale récolte de riz "Maha" qui doit être rentrée en mars/avril. Dans les zones les plus touchées du nord, le riz se flétrit et la production pourrait reculer de 50 pour cent par rapport à celle de l'année précédente. La récolte de la deuxième campagne "Yala" pourrait également être compromise par la baisse des disponibilités d'eau d'irrigation. Le Myanmar, le Viet Nam, le Laos et le Cambodge ont également besoin de pluies supplémentaires qui permettent le développement du riz de la deuxième campagne. En Inde, les pluies de mousson supérieures à la normale l'année dernière ont accru les disponibilités d'eau d'irrigation et amélioré l'humidité des sols, favorisant les cultures "Rabi", essentiellement le blé. Au Pakistan, des ondées éparses tombées récemment sur les principales zones agricoles ont accru les réserves d'eau des sols et favorisé le développement du blé, dont l'objectif de production est fixé à 17,4 millions de tonnes. En Indonésie, les inondations à Sumatra et dans l'ouest de Java ont endommagé le riz, tandis que les pluies récentes tombées aux Philippines ont ralenti la récolte du riz de la deuxième campagne. La production céréalière en Afghanistan aura encore probablement à souffrir de la pénurie d'intrants agricoles. En Iraq, les emblavures devraient progresser, le gouvernement s'efforçant d'encourager les agriculteurs à produire davantage de céréales. Cependant, le potentiel de rendement sera probablement réduit par de graves pénuries d'engrais, de pièces détachées, de machines agricoles et autres intrants. En Syrie et en Turquie, la perspective globale des cultures de céréales reste favorable, le temps ayant généralement été normal depuis le début de la campagne. En Arabie saoudite, la production de blé devrait être inférieure à celle de la campagne précédente, le gouvernement ayant pris des mesures pour limiter l'utilisation des eaux souterraines et supprimer les subventions à la production.

En Amérique centrale et dans les Caraïbes, la récolte des cultures de la première campagne 1995/96 est terminée dans la plupart des pays. La production globale de céréales de la sous-région s'établit, d'après les estimations provisoires, à 28,4 millions de tonnes, soit le plus bas volume depuis 1989, contre 31,6 millions de tonnes en 1994. Cette baisse tient principalement à la mauvaise récolte au Mexique qui a plus que compensé un redressement de la production en El Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua, par rapport aux récoltes de 1994, qui avaient été amoindries par la sécheresse. Dans les Caraïbes, la récolte a été normale, bien que l'on attende une production sensiblement inférieure à la moyenne à Cuba.

En Amérique du Sud, la récolte du blé de 1995 vient de se terminer et la production devrait tomber de 15,6 à 13 millions de tonnes, soit un chiffre inférieur à la moyenne. Ce fléchissement tient en grande partie à la baisse de la production en Argentine, principal producteur, imputable au temps sec au moment des semis. On attend également une baisse de la production au Brésil et au Chili, tandis qu'en Uruguay, la production devrait être normale. Dans les pays andins, la production a été supérieure à la moyenne en Bolivie et au Pérou et moyenne en Equateur et en Colombie. Les semis des céréales secondaires de 1996 sont terminés dans les zones australes, où l'on attend une expansion des emblavures, en particulier en Argentine, au Chili et en Uruguay.

En Europe, les premières perspectives des récoltes de 1996 sont généralement bonnes. Les semis de céréales d'hiver ont été plus étendus (en particulier le blé) dans la CE, après un assouplissement des restrictions concernant les superficies et grâce au temps généralement favorable de l'automne dernier. Ils ont également connu une expansion dans certains pays de l'est. Cependant, les contraintes financières vont probablement maintenir la production au-dessous du potentiel. Dans les Etats baltes, les premières perspectives de récolte de céréales de 1996 sont bonnes. On pense que la hausse des prix et la baisse des disponibilités exportables de céréales dans la CEI ont entraîné une expansion des superficies ensemencées en céréales d'hiver.

Dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), l'expansion des superficies ensemencées et l'état satisfaisant des céréales d'hiver (essentiellement blé et seigle) dans les principaux Etats producteurs laissent présager une récolte de céréales plus abondante en 1996 que celle de 1995 (123 millions de tonnes), qui était médiocre. Cependant, les conditions de végétation jusqu'à la récolte et la disponibilité de fonds de roulement dans les exploitations pour l'achat des intrants indispensables en temps voulu seront cruciaux pour le résultat final. Dans les régions européennes de la CEI, la proximité des marchés et la hausse générale des prix des céréales laissent prévoir un redressement de la production, en particulier en Ukraine et en Fédération de Russie. Les perspectives sont également bonnes en Géorgie, où les terres à blé de l'Etat ont été louées aux agriculteurs privés. Cependant, les efforts visant à accroître la production de céréales dans la CEI sont compromis par la baisse progressive des rendements imputable aux pénuries de crédit et d'intrants essentiels.

En Amérique du Nord, les estimations officielles définitives des Etats-Unis concernant la production de 1995 s'élèvent à 59,5 millions de tonnes pour le blé, soit 3,7 millions de tonnes de moins que l'année précédente, et 209,6 millions de tonnes pour les céréales secondaires, soit 75,5 millions de tonnes de moins que le record de 1994. Les premières perspectives pour le blé d'hiver de 1996 sont inégales. Les superficies ensemencées sont plus étendues, mais les cultures ont souffert en janvier. Au Canada, d'après les dernières estimations, la production de blé de 1995 s'élève à 25,4 millions de tonnes, soit 2,3 millions de tonnes de plus que l'année précédente et la production de céréales secondaires a également progressé, d'environ 0,5 million de tonnes, pour atteindre 24,3 millions de tonnes. Pour 1996, les premières indications laissent penser que les emblavures de blé vont augmenter. La plus grande partie des céréales secondaires ne seront pas semées avant mai-juin.

En Océanie, les dernières estimations de la récolte de blé de 1995 s'élèvent à 17,1 millions de tonnes, soit près du double du volume de la récolte de l'année précédente, qui avait été amoindrie par la sécheresse. La récolte de céréales secondaires d'hiver a également été bien meilleure en 1995. Le sorgho d'été de 1996 a continué à se développer de manière satisfaisante après les bonnes pluies dans les principales zones productrices de l'est de l'Australie à la fin de décembre et en janvier.


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