Perspectives de l'alimentation 06/96

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VIANDE



PERSPECTIVES POUR 1996

Les perspectives d'une croissance économique stable ou renforcée dans la plupart des régions devraient contribuer à une augmentation de la demande par habitant pour les produits carnés en 1996 en Extrême-Orient, en Amérique latine et Caraïbes, en Amérique du Nord et en Océanie. On s'attend à une expansion moins forte du marché en Afrique et au Proche-Orient, où la demande risque d'être freinée par les prix intérieurs relativement élevés de la viande cette année. La demande totale de viande devrait diminuer en Europe et dans la CEI.

La production et la consommation globales devraient augmenter de 3 pour cent pour atteindre 211 millions de tonnes, avec des hausses prévues dans toutes les catégories de viande. Toutefois, l'évolution de la situation mondiale des aliments pour animaux sera décisive pour le secteur de la viande cette année, car les perspectives de prix élevés des aliments ont déjà conduit quelques-uns des principaux pays producteurs à revoir à la baisse leurs prévisions de production. Une autre source d'incertitude touche à la récente crise dans la CE provoquée par les craintes que la consommation de viande d'animaux infectés par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) puisse affecter la santé humaine. Les répercussions immédiates de la crise sur la demande de viande bovine ont été très fortes, notamment dans la CE. Toutefois, l'effet négatif de cette situation sur la consommation totale de viande en 1996 devrait être limité, d'autant que la demande de viande bovine a commencé à se redresser dans plusieurs pays et que les consommateurs se sont tournés vers d'autres viandes (voir encadré sur l'ESB).


D'après les premières prévisions, la moyenne mondiale des disponibilités de viande par habitant en 1966 devrait augmenter d'un demikilo pour atteindre 36 kg, en raison de hausses dans les pays en développement où ces disponibilités atteindraient 24,6 kg en 1996 contre 23,8 kg l'an dernier. Dans les pays développés, les disponibilités de viande par habitant devraient diminuer de 76,7 kg à 76,5 kg, du fait principalement d'un recul dans les pays de la CEI et dans la CE.

L'accès amélioré aux marchés d'importations à la suite de l'Accord du Cycle d'Uruguay devrait contribuer à une expansion ultérieure du volume du commerce mondial de la viande que les prévisions actuelles situent à 13 millions de tonnes en 1996, soit 3 pour cent de plus que l'an dernier.

PRODUCTION MONDIALE DE VIANDE

1994
1995
1996 estim.
( . . . millions de tonnes . . . )
TOTAL MONDIAL 197,9 205,0 211,4
Viande de volaille 50,7 53,9 56,5
Viande porcine 78,7 81,8 83,9
Viande bovine 54,6 55,3 56,5
Viande ovine et caprine 10,2 10,3 10,6
Autres viandes 3,7 3,8 3,8
PAYS EN DEVELOPPEMENT 97,9 105,5 111,3
Viande de volaille 23,5 26,1 27,7
Viande porcine 42,3 46,1 48,7
Viande bovine 23,3 24,3 25,4
Viande ovine et caprine 6,6 6,9 7,3
Autres viandes 2,2 2,2 2,2
PAYS DEVELOPPES 100,1 99,5 100,1
Viande de volaille 27,2 27,8 28,8
Viande porcine 36,4 35,7 35,3
Viande bovine 31,3 31,0 31,1
Viande ovine et caprine 3,6 3,4 3,3
Autres viandes 1,6 1,6 1,6



























SOURCE: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.


VIANDE DE VOLAILLE

La production mondiale de viande de volaille est prévue à 56,5 millions de tonnes pour 1996, soit 5 pour cent de plus qu'en 1995. On s'attend encore à de fortes hausses aux Etats-Unis, en Chine et en Thaïlande, pays qui devraient bénéficier d'une forte demande intérieure et extérieure, alors que l'on prévoit une croissance modeste au Brésil et dans la CE. Par contre, la production devrait baisser au Japon, du fait de la hausse du coût des aliments pour animaux, ainsi que dans la CEI. Toutefois, dans cette dernière, le recul devrait être moins prononcé qu'en 1995, en raison de la diminution de la concurrence des importations et de l'accroissement de l'aide publique aux producteurs dans la Fédération de Russie.



EXPORTATIONS MONDIALES DE VIANDE 1/

1994
1995
1996 prévis.
( . . milliers de tonnes . . )
TOTAL MONDIAL 12 012 12 636 13 004
Viande de volaille 3 524 4 280 4 506
Viande porcine 2 258 2 339 2 368
Viande bovine 4 855 4 702 4 858
Viande ovine et caprine 725 687 644
Autres viandes 650 628 628







SOURCE: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.
1/ Y compris la viande (fraîche, réfrigérée, congelée préparée et en boite); en équivalent de poids carcasse; non compris les expédi-tions d’animaux sur pied, les abats comestibles et les échanges intracommunautaires de la CE.

Le commerce de la viande de volaille devrait progresser de 5 à 6 pour cent et atteindre 4,5 millions de tonnes. Les augmentations d'importations seront l'écho probable d'achats plus importants par les pays d'Extrême-Orient, notamment la Chine et le Japon. On s'attend également à une hausse des achats par le Mexique, grâce à l'élargissement des marchés accessibles en franchise de droits en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et à de meilleures perspectives économiques. Par contre, l'augmentation des tarifs douaniers, l'introduction d'un prix minimum d'importation et le renforcement des prescriptions sanitaires à l'importation risquent de provoquer un fléchissement des livraisons à la Fédération de Russie. On prévoit également une diminution des expéditions vers l'Arabie saoudite du fait de l'accroissement de sa production intérieure.

La plus grande partie de l'expansion du commerce de la viande de volaille devrait provenir de l'accroissement des ventes des Etats-Unis, de la Chine, du Brésil et, dans une moindre mesure, de la Thaïlande. En revanche, on prévoit un recul des exportations de la CE, dans la logique des engagements de l'Accord du Cycle d'Uruguay sur les subventions à l'exportation, bien que l'on s'attende à une hausse des livraisons faites aux conditions du marché.

Les prix internationaux de la viande de volaille ont montré une nette tendance à la hausse au cours des premiers mois de 1996. On prévoit un maintien de cette tendance pour le reste de l'année, du fait des coûts relativement élevés des aliments pour animaux supportés par les producteurs et d'une forte demande d'importation.



VIANDE PORCINE

On prévoit que la production mondiale de viande porcine augmentera de 3 pour cent en 1996, pour atteindre 84 millions de tonnes. La plus grande partie de cette expansion devrait provenir de la Chine, où une situation de surproduction pourrait apparaître au cours du second semestre, et éventuellement déclencher une intervention des gouvernements des provinces sous forme d'achats et de stockage, comme en 1995. La production devrait également progresser aux Etats-Unis, du fait de prix favorables à la production, ainsi qu'au Brésil, où la demande devrait rester ferme. De même, la République de Corée retrouverait vraisemblablement une croissance de production grâce à l'augmentation des effectifs porcins. On prévoit aussi une expansion de la production aux Philippines et au Viet Nam sous l'impulsion d'une forte demande intérieure. Par contre, la production devrait fléchir dans la CE, en raison de la contraction des troupeaux de reproducteurs, ainsi qu'au Japon, à Hong Kong, au Mexique, en Pologne, en Roumanie et dans la CEI, du fait, dans la plupart des cas, de la hausse du coût des aliments pour animaux, et, dans d'autres cas, de l'effet modérateur des réglementations concernant l'environnement.

En 1996, les échanges commerciaux de la viande porcine sont prévus à 2,4 millions de tonnes, soit une hausse de 1 pour cent par rapport à l'an dernier. Un redressement des importations au Mexique et des augmentations à Hong Kong et dans la CEI devraient soutenir la croissance. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les importations du Japon pourraient rester stables, du fait du ralentissement des livraisons au cours du premier trimestre, lorsque le prix minimum d'importation a été relevé de 24 pour cent conformément à la clause de sauvegarde de l'Accord du Cycle d'Uruguay, et dans l'éventualité d'une nouvelle application de cette clause avant la fin de l'année. On s'attend à un repli des importations en République de Corée, en relation avec l'expansion prévue de sa production. La Pologne devrait elle aussi réduire ses achats, malgré une probable chute de sa production, car elle pourrait mettre sur la marché une partie des stocks d'intervention constitués en 1995.

Les cours internationaux de la viande porcine se sont raffermis au début de l'année 1996. Toutefois, cette hausse pourrait être tempérée dans le courant de l'année par l'absence de croissance prévue dans la demande d'importations du Japon. De plus, la valeur moyenne unitaire des exportations pourrait diminuer du fait de la plus grande place occupée par les morceaux de faible valeur marchande dans les échanges commerciaux.



VIANDE BOVINE

En 1996, la production mondiale de viande bovine est prévue à 56,5 millions de tonnes, soit 2 pour cent de plus que l'an dernier. La production devrait se redresser en Afrique, en raison d'une augmentation des troupeaux bovins et d'une hausse des taux de prélèvement due aux prix attractifs à la production. On prévoit des hausses aux Etats-Unis et surtout au Canada où les effectifs bovins ont atteint un nouveau record. Toutefois, les augmentations prévues en Amérique du Nord pourraient sous-estimer l'expansion qui se produirait si un processus de liquidation des troupeaux se mettait en place en raison de la poursuite de faibles prix intérieurs et de coûts élevés des aliments du bétail. La production devrait nettement augmenter au Brésil avec un marché intérieur ferme, et en Uruguay avec de bonnes perspectives d'exportation, renforcées par sa condition de pays reconnu comme exempt de fièvre aphteuse. On s'attend à peu de changements en Argentine. En Asie, la production de viande bovine devrait progresser en Chine, en République de Corée et au Pakistan, sous l'impulsion d'une hausse de la demande intérieure. Au Mexique, on s'attend à une chute de la production à la suite de la forte réduction des effectifs bovins l'an dernier.

Dans la CE, on prévoit une légère augmentation de la production de viande bovine qui, associée à la tendance actuelle d'une réduction des exportations nettes et d'une chute de la consommation, pourrait se traduire cette année par une baisse des prix intérieurs et un gonflement des achats d'intervention. Certaines de ces tendances, en particulier celles relatives à la consommation et aux stocks, pourraient être aggravées à court terme par la crise récente qui a frappé le secteur à l'annonce publique du lien possible entre la découverte d'une nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt Jakob chez l'homme (MCJ) et l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) (voir ci-dessous). Cette annonce a eu un impact fortement négatif sur la demande des consommateurs pour la viande de boeuf en mars et avril, mais celle-ci a ensuite commencé à se redresser dans plusieurs pays membres, y compris le Royaume-Uni, où la majorité des cas d'EBS ont été enregistrés.

Dans l'Europe de l'Est, la reconstitution des troupeaux continuera de limiter la production, alors que dans la CEI, on prévoit une nouvelle diminution mais moins accentuée qu'en 1995. En Océanie, les perspectives d'exportation encore médiocres cette année entraîneront probablement un nouveau recul en Australie, alors que la Nouvelle-Zélande pourrait enregistrer un léger mieux, notamment si les éleveurs, devant la faiblesse persistante des cours, procèdent à des abattages sélectifs dans leurs troupeaux de reproducteurs.

COURS INTERNATIONAUX DE LA VIANDE

1994
1995
1996
( . . dollars E.-U./tonne . . )
Poulet en morceaux 1/ 921 922 954 8/
Viande de porc fraîche conglée 1/ 2 659 2 470 2 371 8/
Morceaux de boeuf congelées 2/ 2 420 2 668 . . .
Viande bovine, congelée désos. 3/ 1 510 1 607 7/ . . .
Viande de vache, transformée 4/ 2 384 1 947 1 775 9/
Mouton congelé 5/ 1 286 1 347 1 449 9/
Agneau congelé, carcas. entières 6/ 2 975 2 621 2 626 10/


SOURCE: FAO
1/ Valeur unitaire exportations aux E.-U..
2/ Valeur unitaire expor-tations à l’Argentine.
3/ Valeur unitaire exportations à la CE.
4/ Australie, prix caf aux Etats.-Unis.
5/ Australie prix caf aux Emirats arabes unis.
6/ Nouvelle Zélande, prix de gros Londres.
7/ Janvier.-octobre 1995.
8/ Janv.-février 1996.
9/ Janvier-avril 1996.
10/ Janvier-mars 1996.

Selon les prévisions, le commerce de la viande bovine devrait augmenter d'environ 3 pour cent pour atteindre 4,8 millions de tonnes en 1996. Cette hausse devrait être alimentée par la progression des achats au Japon, marché en forte croissance ces dernières années, où les tarifs douaniers ont été abaissés à 46,1 pour cent en avril 1996. Ceux-ci avaient déjà diminué de 50 à 48,2 pour cent en avril 1995, mais les tarifs douaniers concernant le boeuf congelé ont été relevés à 50 pour cent du 1er août 1995 au 31 mars 1996, conformément à la clause de sauvegarde, en raison de l'essor des livraisons au cours du premier semestre 1995. On prévoit également une hausse des importations en Chine, au Chili, en Egypte, en République de Corée, en Malaisie et en République d'Afrique du Sud, stimulées par une demande intérieure soutenue. On s'attend également à des achats plus importants au Mexique, pour compenser le déficit des approvisionnements intérieurs. Ces hausses devraient être partiellement neutralisées par la contraction des achats aux Etats-Unis et au Canada, en raison de la progression de la production. On prévoit actuellement peu de changements en ce qui concerne les importations de la CE et de la CEI.

L'essentiel de la croissance du commerce sera couvert par l'augmentation des exportations des Etats-Unis, du Canada, du Brésil et de l'Uruguay. Dans le même temps, on prévoit une nouvelle contraction des expéditions de la CE et de l'Australie, les deux principaux exportateurs de viande bovine, en raison, pour la première, des engagements pris dans le cadre des Accords du Cycle d'Uruguay sur les subventions aux exportations, et, pour la seconde, par la faiblesse des cours internationaux. Toutefois, le recul des exportations de la CE pourrait être moins important que celui prévu pour les ventes subventionnées car les expéditions faites aux conditions du marché devraient augmenter à la suite de la reconnaissance de tous les membres de la CE comme pays exempts de fièvre aphteuse, ce qui devrait leur donner accès aux marchés rémunérateurs du Pacifique.

La pression à la baisse sur les cours du boeuf devrait se poursuivre en 1996 sur le marché du Pacifique, pour la troisième année consécutive, étant donné les disponibilités importantes en Amérique du Nord et la vive concurrence entre les exportateurs d'Extrême-Orient. A l'inverse, les cours sur le marché de l'Atlantique pourraient s'orienter à la hausse, parallèlement à la réduction des ventes de la CE. Aussi, les écarts de cours internationaux du boeuf entre les marchés de l'Atlantique et du Pacifique sont-ils appelés à diminuer encore en 1996, ce qui devrait éliminer peu à peu le fondement d'une délimitation entre les deux marchE9‚s. Cette convergence traduirait non seulement la diminution progressive des subventions à l'exportation de la CE mais également l'évolution de la situation des principaux pays producteurs, ou d'une partie de leurs territoires, en ce qui concerne la fièvre aphteuse.



VIANDE OVINE ET CAPRINE

La production mondiale de viande ovine et caprine est prévue à 10,6 millions de tonnes en 1996, soit 3 pour cent de plus que l'an dernier. Cette tendance s'appuie sur une forte croissance en Chine, soutenue par la hausse de la demande et l'assouplissement des restrictions commerciales intérieures au cours des dernières années. Dans la même région, des progrès sont attendus au Bangladesh et au Pakistan. La production devrait également augmenter en Afrique, étant donné les progrès réalisés au Soudan et au Kenya, mais aussi en République d'Afrique du Sud où le redressement de la production devrait suivre la reconstitution des troupeaux. En Amérique latine, une certaine reprise est attendue en Argentine après les pertes considérables d'ovins provoquées par les tempêtes de neige de l'an dernier, alors qu'un fléchissement est possible au Mexique et en Uruguay, en raison du besoin accru d'ovins pour reconstituer les troupeaux.

On prévoit une baisse de la production dans la plupart des pays développés. Dans la CE, les restrictions sur le nombre de brebis pouvant bénéficier de primes annuelles devraient encore freiner la croissance. Dans la CEI, on prévoit une nouvelle baisse de la production du fait de la réduction des troupeaux. En Australie, la conservation des animaux pour la reconstitution des troupeaux devrait une nouvelle fois se traduire par un recul de la production. On prévoit une évolution semblable en Nouvelle-Zélande vu les perspectives de prix médiocres dans la CE, son marché principal.

Pour 1996, on estime le commerce de la viande ovine et caprine à environ 644 000 tonnes, de nouveau en déclin cette année. Ce chiffre traduit la baisse de la demande d'importation prévue aux Etats-Unis, au Mexique et dans les pays du Proche-Orient, notamment en République islamique d'Iran. Par contre, on peut s'attendre à une certaine hausse des importations dans la CE. Le fléchissement de la demande d'importation devrait en grande partie correspondre à une baisse des exportations tant en Australie qu'en Nouvelle-Zélande.

Les cours internationaux du mouton devraient se raffermir en 1996, compte tenu de la réduction des disponibilités en Australie. Les perspectives concernant les cours de l'agneau sont encore incertaines, ceux-ci dépendant de l'évolution de la demande dans la CE, premier marché importateur.

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