Perspectives de l'Alimentation 01/97

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VIANDE


Les cours mondiaux de tous les produits carnés, à l'exception du boeuf, se sont raffermis en 1996. Les augmentations étaient particulièrement marquées pour la viande de volaille, car la demande dynamique d'importation notamment de la CEI et des pays d'Extrême-Orient a devancé l'expansion des disponibilités exportables. Les cours de la viande porcine et ovine se sont établis aussi bien au-dessus des niveaux enregistrés l'année dernière, traduisant l'exiguïté des disponibilités exportables. En revanche, les cours mondiaux de la viande bovine ont fléchi tant sur les marchés du Pacifique que sur ceux de l'Atlantique. Dans les marchés du Pacifique (Amérique du Nord et Amérique centrale, Océanie et Asie de l'Est), ils étaient déprimés en raison d'une part de la vive concurrence entre les exportateurs d'Amérique du Nord et d'Océanie et, de l'autre, des inquiétudes au plan de la santé des consommateurs, qui ont restreint la croissance des importations au Japon. Sur le marché de l'Atlantique, la chute des prix a traduit non seulement la contraction de la demande mondiale d'importation, mais aussi la reconstitution d'importants stocks d'intervention ainsi que la hausse des subventions à l'exportation dans l'UE, phénomènes associés à la crise de l’encéphalopathie bovine spongiforme qui s’est déclarée en mars 1996.

COURS INTERNATIONAUX DE LA VIANDE

1994 1995 1996

( . . dollars E.-U./tonne . . )
Poulet en morceaux 1/ 921 922 954 8/
Viande de porc fraîche conglée 1/ 2 659 2 470 2 371 8/
Morceaux de boeuf congel. 2/ 2 420 2 668 . . .
Viande bovine, congel. désos. 3/ 1 510 1 607 7/ . . .
Viande de vache, transformée 4/ 2 384 1 947 1 775 9/
Mouton congelé 5/ 1 286 1 347 1 449 9/
Agnau congelé, carcas. entièr. 6/ 2 975 2 621 2 626 10/

SOURCE: FAO
1/ Valeur unitaire exportations aux E.-U.. 2/ Valeur unitaire exportations à l’Argentine. 3/ Valeur unitaire exportations à la CE. 4/ Australie, prix caf aux Etats.-Unis. 5/ Australie prix caf aux Emirats arabes unis. 6/ Nouvelle Zélande, prix de gros Londres. 7/ Janvier.-octobre 1995. 8/ Janvier-février 1996. 9/ Janvier-avril 1996. 10/ Janvier-mars 1996.

La production et la consommation mondiales de viande se sont accrues de 4 pour cent en 1996, soit un pour cent seulement de moins que l'année précédente. Bien que l'augmentation des prix des aliments pour animaux se soit atténuée, les sous-secteurs du porc et de la volaille se sont montrés le plus dynamiques parmi les divers sous-secteurs de la viande et, pour la première fois, la viande de volaille a pris la place qu'occupait celle de boeuf comme deuxième viande la plus

importante après le porc dans la production et la consommation mondiales. La consommation moyenne de viande par habitant s'est accrue de 2 pour cent pour s'établir à 36,9 kg. Bien qu'elle ait accusé une stagnation autour de 77 kg par an environ dans les pays développés, elle a augmenté de 5 pour cent pour atteindre 26 kg dans les pays en développement, sous l'effet de fortes augmentations dans les pays d'Extrême-Orient. En revanche, les prix élevés ont eu tendance à décourager la consommation dans les autres régions en développement.

PRODUCTION MONDIALE DE VIANDE

1994 1995 1996

( . . . millions de tonnes . . . )
TOTAL MONDIAL 199.0 208.2 215.9
Viande de volaille 51.2 55.0 58.3
Viande porcine 78.5 83.0 86.4
Viande bovine 55.2 55.9 56.5
Viande ovine et caprine 10.4 10.4 10.7
Autres viandes 3.7 3.9 4.0
PAYS EN DEVELOPPEMENT 98.5 107.9 115.6
Viande de volaille 24.1 27.0 29.3
Viande porcine 42.3 47.0 50.9
Viande bovine 23.4 24.5 25.6
Viande ovine et caprine 6.5 7.0 7.4
Autres viandes 2.2 2.3 2.4
PAYS DEVELOPPES 100.5 100.3 100.3
Viande de volaille 27.1 28.0 28.9
Viande porcine 36.2 36.0 35.5
Viande bovine 31.8 31.4 30.9
Viande ovine et caprine 3.8 3.5 3.4
Autres viandes 1.6 1.5 1.6

SOURCE: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.

Le commerce des produits carnés en 1996 a progressé de plus de 5 pour cent grâce aux produits dérivés de la volaille, du porc et du boeuf, alors que celui de la viande ovine s'est contracté. La demande d'importation a été particulièrement forte dans la CEI et l'Extrême-Orient. Les livraisons au Japon ont aussi été plus importantes bien que la croissance ait été entravée par la hausse des droits d'entrée en prévision de la mise en vigueur des mécanismes spéciaux de sauvegarde au titre de l'OMC, et des inquiétudes des consommateurs au sujet de l'EBS et de la recrudescence des cas d'intoxication alimentaire provoquée par E-coli 0-157. Les exportations de viande se sont fortement redressées aux Etats-Unis, au Brésil, en Chine et en Uruguay. En revanche, celles de l'Argentine, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ont reculé. Les ventes de l'UE à des pays tiers avaient légèrement fléchi sous l'effet de la crise de l'EBS qui a tempéré la demande étrangère de boeuf et amenuisé les disponibilités d'autres viandes pour l'exportation, les consommateurs intérieurs s'étant tournés vers les produits d'origine autre que bovine.



Viande de volaille


La production mondiale de viande de volaille a augmenté de 6 pour cent en 1996 atteignant plus de 58 millions de tonnes. Grâce à ce résultat, la viande de volaille a supplanté celle de boeuf en tant que deuxième viande la plus importante dans le monde entier. Malgré la hausse marquée des prix des aliments pour animaux pendant la première moitié de l'année, la plupart des régions ont enregistré une croissance positive, à l'exception de la CEI. Parmi les principaux producteurs, les Etats-Unis ont connu d'importants accroissements stimulés par des revenus favorables pour les producteurs, de même que la Chine où est signalé à nouveau un taux de croissance à deux chiffres encouragé par le dynamisme persistant de la demande intérieure. La production accrue dans l'UE (2 pour cent) s'est montrée supérieure aux prévisions, les producteurs ont augmenté leur production depuis le mois de mars pour répondre à la croissance de la demande intérieure. Malgré les prix élevés des aliments pour animaux, la production de viande de volaille du Brésil reste stable, l'accroissement des exportations neutralisant la contraction des marchés intérieurs. Au Mexique, la croissance a été atténuée par l'affaiblissement du pouvoir d'achat de la population et la hausse des coûts. Un fléchissement est signalé au Japon, sous l'effet de la concurrence exercée par les produits importés et la restructuration encore en cours du secteur. La production de volaille dans la CEI a de nouveau accusé un brusque fléchissement imputable à l'accroissement net des prix des aliments pour animaux, de problèmes structurels et de la concurrence croissante des importations

EXPORTATIONS MONDIALES DE VIANDE 1/

1994 1995 1996

( . . milliers de tonnes . . )
MONDE 11 503 12 367 13 037
Viande de volaille 3 611 4 540 5 029
Viande porcine 2 189 2 229 2 305
Viande bovine 4 778 4 693 4 804
Viande ovine et caprine 679 659 653
Autres viandes 246 246 246

SOURCE: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.
1/ Y compris la viende (fraîche, réfrigérée, congelée préparée et en boite); en équivalent de poids carcasse; non compris les expéditions d’animaux sur pied, les abats comestibles et les échanges intracommunautaires de la CE.

Le commerce de la viande de volaille a enregistré une expansion de 11 pour cent qui l'a mise au premier rang du commerce international de la viande. L'expansion a été stimulée par les achats croissants des pays de la CEI, notamment la Fédération de Russie où il est signalé que les produits importés sont beaucoup moins chers que les disponibilités locales. La Chine a aussi augmenté ses importations de morceaux de faible valeur tout en stimulant les exportations de produits à valeur élevée. Les expéditions au Mexique, à Hong-kong et en Arabie saoudite ont également enregistré une hausse. En revanche les achats du Japon se sont quelque peu réduits causés par l'affaiblissement du yen par rapport au dollar E.-U. et les stocks d'ouverture relativement abondants, alors que des difficultés accrues d'accès au marché consécutives à l'Accord du Cycle d'Uruguay ont déprimé ceux de la Pologne et de la Roumanie. L'essentiel de l'augmentation des échanges de viande de volaille a concerné les Etats-Unis, qui représentent désormais 50 pour cent du marché mondial, et par le Brésil et la Chine. Les exportations de l'UE ont quelque peu fléchi, l'accroissement de la demande intérieure ayant réduit les disponibilités exportables. En Thaïlande, les ventes se sont ralenties sous l'effet de la hausse des coûts de production, la stagnation du marché japonais et une compétition plus acharnée entre les exportateurs. Dans l'ensemble, cependant, la croissance de la demande d'importation a devancé les disponibilités exportables, ce qui a raffermi les cours mondiaux.



Viande porcine


La production mondiale de viande porcine a progressé de 4 pour cent en 1996 pour s'établir à 86 millions de tonnes, la croissance concernant les pays en développement, notamment ceux d'Extrême-Orient et d'Amérique latine et des Caraïbes, tandis que la production a chuté dans les économies développées. En Chine, il y a eu à nouveau une forte augmentation de la production, étayée par la hausse de productivité par animal, mais la croissance s'est ralentie par rapport aux années précédentes. La production s'est également redressée dans la Province chinoise de Taïwan et la République de Corée, la forte rentabilité en 1995 ayant encouragé l'expansion des troupeaux de reproducteurs. Dans l'UE, les prix élevés en vigueur depuis le printemps ont déterminé une inversion de la tendance négative de la production qui a tempéré l'augmentation moindre des rendements. En revanche, il y a eu une contraction au Canada, dans la CEI, au Japon, au Mexique et aux Etats-Unis, les producteurs dans ces pays ayant réagi aux coûts croissants des aliments pour animaux en réduisant leurs effectifs porcins.

Les échanges mondiaux de produits dérivés du porc ont augmenté de 3 pour cent en 1996. Le facteur principal à la base de cette hausse a été l'expansion des importations du Japon, qui domine le marché comme principal importateur et absorbe plus du tiers du volume total des échanges. Le renforcement des achats du Japon s'explique par l'abondance des afflux entre avril et juin, la seule période où les mesures de sauvegarde n'ont pas été appliquées, alors que l'accès à ce marché a été interdit pendant le reste de l'année par le redressement des prix minimaux à l'importation. En revanche, des accroissements de la production ont ralenti les importations de la Pologne tandis que la hausse des cours mondiaux et la réduction des subventions à l'exportation de l'UE ont déprimé les achats des pays de la CEI. Les importations des Etats-Unis se sont également amenuisées. L'essentiel de la croissance des exportations mondiales a été le fait de ventes plus importantes aux Etats-Unis, au Brésil et dans la République de Corée, alors que les exportations de l'UE et de la Province chinoise de Taïwan ont reculé. Les hauts cours mondiaux des aliments pour animaux ont freiné la croissance des disponibilités exportables et contribué à renforcer les prix internationaux de la viande porcine en 1996.



Viande bovine


La production mondiale de viande bovine a augmenté de 1 pour cent en 1996 pour s'établir à 56 millions de tonnes. Les rendements se sont accrus au Canada et aux Etats-Unis où commence la phase de liquidation du bétail après avoir atteint le sommet du cycle de production. La modeste croissance en Afrique reflète la reprise au Maroc et la progression marquée en Egypte et au Nigéria. La production s'est aussi redressée au Brésil, en Chine, en Inde et dans la République de Corée, stimulée par la demande croissante. Inversement, la production a chuté en Australie, car le commerce d'animaux sur pied se développe et la tendance est de plus en plus de garder davantage d'animaux vivants pour constituer les troupeaux, de même qu'au Japon. Malgré la tendance à la hausse de la production dans l'UE depuis 1995, les programmes d'abattage et d'élimination de la viande lancés pour maîtriser l'ESB ont déterminé une petite réduction de la production générale. Elle a continué à se contracter dans la CEI, la taille des troupeaux et la productivité par animal diminuant ultérieurement. Au Mexique, la décimation des troupeaux de bovins par la sécheresse de 1995 a également causé une baisse des rendements.

Le commerce de viande bovine a enregistré une reprise en 1996, progressant de 2 pour cent dans le monde entier. L'accroissement a été étayé par les exportations croissantes à destination du marché du Pacifique, notamment en provenance des Etats-Unis et du Canada. En Uruguay, les ventes se sont aussi redressées après que le pays a été déclaré exempt de la fièvre aphteuse. En revanche, les expéditions en provenance de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande se sont réduites, la baisse des cours mondiaux et le renforcement des taux de change ayant affaibli leur capacité de s'imposer sur le marché international. Les exportations en provenance du marché de l'Atlantique, notamment de l'UE et de l'Argentine, ont accusé un recul en réponse à la demande déprimée d'importation qui a été le résultat des inquiétudes relatives à l'ESB. Néanmoins, le Brésil a vu augmenter ses ventes à destination des marchés extérieurs. La croissance de la demande mondiale d'importation a été appuyée par une expansion des achats au Japon, encore que l'alarme causée par les bactéries d'E-coli, et des droits de douane plus élevés frappant la viande bovine congelée au titre du mécanisme de sauvegarde, aient atténué la hausse. L'Indonésie, la République de Corée, les Philippines, le Chili et le Mexique ont aussi accru leurs achats. En revanche, les importations de l'Egypte, de l'Arabie saoudite et de la République islamique d'Iran ont accusé un fléchissement en raison essentiellement de la crise de l'ESB qui a renforcé les restrictions sur les importations. D'abondants excédents dans les pays exportateurs conjugués à une demande d'importation languissante ont fait tomber les cours mondiaux de la viande bovine en 1996.



Viande ovine


La production de viande ovine a touché 10,7 millions de tonnes en 1996, ce qui représente une hausse de 3 pour cent par rapport à l'année précédente, due principalement à l'expansion en Chine, où des prix très élevés ont continué à encourager les investissements dans le secteur. En Afrique, la production a repris de l'élan, grâce à l'amélioration des pâturages depuis 1995 et à l'accroissement de la demande. L'UE a connu une légère baisse de production. De même, les rendements en Australie et en Nouvelle-Zélande ont chuté, traduisant les conditions climatiques et de marché plus favorables qui ont encouragé la reconstitution des troupeaux.

Les échanges de viande ovine se sont stabilisés autour de 655 000 tonnes. Les exportations en provenance de l'Australie ont enregistré une hausse modeste, du fait d'expéditions plus importantes de viande d'agneau, tandis qu'une production accrue a stimulé les ventes de l'Uruguay. En revanche, les exportations en provenance de la Nouvelle-Zélande ont baissé en raison de l'exiguïté des disponibilités intérieures. Dans l'UE les importations se sont redressées, bénéficiant d'un accès préférentiel accru, ainsi que dans la Province chinoise de Taïwan et aux Etats-Unis. Inversement, les achats du Japon et du Mexique étaient plus restreints. Les faibles disponibilités exportables associées à un renforcement de la demande ont contribué au redressement des cours mondiaux de la viande d'agneau et de mouton en 1996.


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