La situation alimentaire dans le sud du Soudan est critique. Des troubles intérieurs se poursuivent depuis longtemps dans le sud du pays; ils ont provoqué des manifestations de mécontentement et une grande souffrance humaine au cours des quinze dernières années. A ceux-ci sest ajoutée récemment une sécheresse qui sest prolongée sur deux campagnes agricoles, entraînant des pénuries alimentaires généralisées et des conditions de famine dans certaines zones. La région la plus touchée est Bahr-El-Ghazal où les combats intenses et les graves pénuries vivrières ont donné lieu à de nouveaux déplacements de personnes à la recherche de nourriture et de protection. A Wau, capitale de létat de Bahr-El-Ghazal occidental, on signale larrivée journalière de 2 500 personnes. Les enfants meurent de faim, en dépit de lintensification de la distribution de laide alimentaire par les organismes daide humanitaire. On estime à 1,2 million le nombre total de personnes vivant dans des conditions de famine dans les états les plus touchés. Les mécanismes dadaptation des familles étant épuisés depuis longtemps, une aide durgence massive est nécessaire au plus tôt, non seulement en termes daliments, mais aussi dappui logistique pour la distribution des denrées alimentaires et des semences pour la prochaine campagne agricole.
Dans les autres pays de lAfrique de lEst, les perspectives alimentaires sont alarmantes en Somalie, en raison des pluies insuffisantes de lactuelle campagne (Gu) et dune série de facteurs négatifs découlant des récentes inondations catastrophiques. Ces facteurs incluent les graves dommages à linfrastructure dirrigation dans les principales zones productrices, la pénurie de semences, les infestations anormalement importantes de ravageurs et la prolifération de plantes adventices. En outre, linsécurité continue à perturber les travaux agricoles. On estime donc que les superficies ensemencées en maïs et en sorgho ont diminué dun tiers par rapport à celles déjà réduites de 1997. En outre, les rendements devraient être nettement inférieurs à la moyenne. Selon les premières prévisions, la récolte céréalière ne devrait pas dépasser la moitié de la production Gu de la campagne précédente, soit un tiers du niveau enregistré avant les troubles intérieurs. Dans les autres pays de la sous-région, les perspectives de récoltes sont satisfaisantes dans lensemble, sauf dans le nord et louest de lOuganda où la production agricole est encore entravée par des troubles intérieurs.
Plusieurs pays de lAfrique de lOuest connaissent des difficultés dapprovisionnement alimentaire, essentiellement en raison de troubles intérieurs récents ou en cours, ou des intempéries, par endroits, en 1997. En Sierra Leone, la situation alimentaire sest améliorée à Freetown et dans le centre du pays où règnent des conditions de paix relative. Néanmoins, linsécurité a fait son apparition dans lest et le nord du pays où ce quil reste de la junte évincée du pouvoir continue à se battre contre les forces de lECOMOG, entraînant le déplacement de la population agricole locale à un moment crucial de la campagne agricole. En Guinée-Bissau, les combats qui ont éclaté début juin à Bissau auraient causé le déplacement de quelques 400 000 personnes ayant fui la capitale pour se réfugier dans les campagnes. Un accord de cessez-le-feu a été signé le 26 juillet. En ce qui concerne les pays sahéliens, des difficultés dapprovisionnement alimentaire ont été signalées par endroits au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, à la suite dune production vivrière insuffisante en 1997 dans certaines zones de ces pays. Plusieurs gouvernements ont fait appel à laide internationale pour assister les populations touchées.
En Afrique australe, la production vivrière a considérablement baissé dans plusieurs pays, en raison des anomalies météorologiques liées au phénomène El Niño. Les retombées négatives de ce phénomène ont certes été inférieures aux prévisions, mais des vagues de sécheresse prolongées et des inondations ont toutefois endommagé la production agricole dans plusieurs pays, en particulier au Lesotho, en Namibie et en Zambie, ainsi quau Botswana, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Par conséquent, les besoins dimportations céréalières de la sous-région pour 1998/99 (mai/avril) devraient augmenter sensiblement par rapport au niveau de 1997/98.
Les perspectives alimentaires dans la région des Grands Lacs se sont améliorées, même si elles restent mauvaises par endroits. Au Burundi, au Rwanda et en République démocratique du Congo, les conditions météorologiques favorables ont en partie déterminé de meilleures récoltes (celles-ci sont encore en cours). La situation alimentaire, difficile jusquici, sest quelque peu améliorée et les prix des denrées alimentaires ont commencé à baisser. Néanmoins, en République démocratique du Congo, les combats intenses de début août et linsécurité qui a suivi risquent de perturber la production vivrière et les activités de commercialisation dans les deux provinces du nord Kivu et du sud Kivu où les déplacements de population sont constants. De plus, les pénuries de semences et de plants ont contribué en grande partie à la faible production vivrière.
Au Sahel, la période de végétation a débuté dans des conditions variables. Larrivée tardive des pluies limitera la période de végétation au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Les pluies satisfaisantes tombées à partir de la mi-juillet ont été bénéfiques pour les cultures au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad.
Les besoins dimportations céréalières de lAfrique subsaharienne pour 1998 devraient croître par rapport à lannée dernière, essentiellement en raison des récoltes réduites en Afrique de lEst et en Afrique australe.