FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique, Août 1998:

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FAITS SAILLANTS


La situation alimentaire dans le sud du Soudan est critique. Des troubles intérieurs se poursuivent depuis longtemps dans le sud du pays; ils ont provoqué des manifestations de mécontentement et une grande souffrance humaine au cours des quinze dernières années. A ceux-ci s’est ajoutée récemment une sécheresse qui s’est prolongée sur deux campagnes agricoles, entraînant des pénuries alimentaires généralisées et des conditions de famine dans certaines zones. La région la plus touchée est Bahr-El-Ghazal où les combats intenses et les graves pénuries vivrières ont donné lieu à de nouveaux déplacements de personnes à la recherche de nourriture et de protection. A Wau, capitale de l’état de Bahr-El-Ghazal occidental, on signale l’arrivée journalière de 2 500 personnes. Les enfants meurent de faim, en dépit de l’intensification de la distribution de l’aide alimentaire par les organismes d’aide humanitaire. On estime à 1,2 million le nombre total de personnes vivant dans des conditions de famine dans les états les plus touchés. Les mécanismes d’adaptation des familles étant épuisés depuis longtemps, une aide d’urgence massive est nécessaire au plus tôt, non seulement en termes d’aliments, mais aussi d’appui logistique pour la distribution des denrées alimentaires et des semences pour la prochaine campagne agricole.

Dans les autres pays de l’Afrique de l’Est, les perspectives alimentaires sont alarmantes en Somalie, en raison des pluies insuffisantes de l’actuelle campagne (Gu) et d’une série de facteurs négatifs découlant des récentes inondations catastrophiques. Ces facteurs incluent les graves dommages à l’infrastructure d’irrigation dans les principales zones productrices, la pénurie de semences, les infestations anormalement importantes de ravageurs et la prolifération de plantes adventices. En outre, l’insécurité continue à perturber les travaux agricoles. On estime donc que les superficies ensemencées en maïs et en sorgho ont diminué d’un tiers par rapport à celles déjà réduites de 1997. En outre, les rendements devraient être nettement inférieurs à la moyenne. Selon les premières prévisions, la récolte céréalière ne devrait pas dépasser la moitié de la production Gu de la campagne précédente, soit un tiers du niveau enregistré avant les troubles intérieurs. Dans les autres pays de la sous-région, les perspectives de récoltes sont satisfaisantes dans l’ensemble, sauf dans le nord et l’ouest de l’Ouganda où la production agricole est encore entravée par des troubles intérieurs.

Plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest connaissent des difficultés d’approvisionnement alimentaire, essentiellement en raison de troubles intérieurs récents ou en cours, ou des intempéries, par endroits, en 1997. En Sierra Leone, la situation alimentaire s’est améliorée à Freetown et dans le centre du pays où règnent des conditions de paix relative. Néanmoins, l’insécurité a fait son apparition dans l’est et le nord du pays où ce qu’il reste de la junte évincée du pouvoir continue à se battre contre les forces de l’ECOMOG, entraînant le déplacement de la population agricole locale à un moment crucial de la campagne agricole. En Guinée-Bissau, les combats qui ont éclaté début juin à Bissau auraient causé le déplacement de quelques 400 000 personnes ayant fui la capitale pour se réfugier dans les campagnes. Un accord de cessez-le-feu a été signé le 26 juillet. En ce qui concerne les pays sahéliens, des difficultés d’approvisionnement alimentaire ont été signalées par endroits au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, à la suite d’une production vivrière insuffisante en 1997 dans certaines zones de ces pays. Plusieurs gouvernements ont fait appel à l’aide internationale pour assister les populations touchées.

En Afrique australe, la production vivrière a considérablement baissé dans plusieurs pays, en raison des anomalies météorologiques liées au phénomène El Niño. Les retombées négatives de ce phénomène ont certes été inférieures aux prévisions, mais des vagues de sécheresse prolongées et des inondations ont toutefois endommagé la production agricole dans plusieurs pays, en particulier au Lesotho, en Namibie et en Zambie, ainsi qu’au Botswana, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Par conséquent, les besoins d’importations céréalières de la sous-région pour 1998/99 (mai/avril) devraient augmenter sensiblement par rapport au niveau de 1997/98.

Les perspectives alimentaires dans la région des Grands Lacs se sont améliorées, même si elles restent mauvaises par endroits. Au Burundi, au Rwanda et en République démocratique du Congo, les conditions météorologiques favorables ont en partie déterminé de meilleures récoltes (celles-ci sont encore en cours). La situation alimentaire, difficile jusqu’ici, s’est quelque peu améliorée et les prix des denrées alimentaires ont commencé à baisser. Néanmoins, en République démocratique du Congo, les combats intenses de début août et l’insécurité qui a suivi risquent de perturber la production vivrière et les activités de commercialisation dans les deux provinces du nord Kivu et du sud Kivu où les déplacements de population sont constants. De plus, les pénuries de semences et de plants ont contribué en grande partie à la faible production vivrière.

Au Sahel, la période de végétation a débuté dans des conditions variables. L’arrivée tardive des pluies limitera la période de végétation au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Les pluies satisfaisantes tombées à partir de la mi-juillet ont été bénéfiques pour les cultures au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad.

Les besoins d’importations céréalières de l’Afrique subsaharienne pour 1998 devraient croître par rapport à l’année dernière, essentiellement en raison des récoltes réduites en Afrique de l’Est et en Afrique australe.


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