Les prix moyens à l'exportation des produits laitiers en 1998 ont été plus faibles qu'en 1997, à l'exception du beurre. D'une manière générale, les prix ont été affectés par l'abondance des approvisionnements dans les principaux pays exportateurs, jointe à la réduction du pouvoir d'achat entraînée par la dévaluation de la monnaie dans plusieurs des principaux pays importateurs du sud-est de l'Asie ainsi qu'en Fédération de Russie. Les cours internationaux se sont quelque peu raffermis en décembre 1998 et janvier 1999 lorsque on a appris que les stocks avaient diminué en Océanie, mais ils sont retombés depuis lors. Les raisons de cette dernière baisse des prix sont notamment une demande de beurre importé inférieure à la moyenne dans le premier importateur du monde, la Fédération de Russie, pendant l'hiver.
Une légère augmentation de la production mondiale de lait est prévue pour 1999; la production devrait augmenter légèrement dans la plupart des grands pays producteurs. En Australie, la production de lait en 1998/99 pourrait dépasser le chiffre record atteint l'an dernier, en dépit du temps sec qui a régné dans certaines régions. En Nouvelle-Zélande, en revanche, le temps sec risque de se traduire en 1998/99 par un recul de quelque 3 pour cent de la production de lait. En dépit des vicissitudes causées par le temps, l'industrie laitière de ces pays est fermement engagée dans une phase cyclique d'expansion, essentiellement du fait que l'industrie laitière est plus rentable que l'élevage. En outre, la dévaluation de la monnaie dans ces deux pays a, dans une certaine mesure, amorti l'impact pour les exploitants de la baisse des prix (en termes de dollars E.-U.) enregistrée sur les marchés internationaux en 1998
1997 | 1998 | |||||
sept. | juillet | août | sept. | |||
( . . dollars E.-U./tonne, f.o.b. . . ) | ||||||
Beurre | 1 775 | 1 700 | 1 650 | 1 575 | ||
Lait écrémé en poudre | 1 575 | 1 350 | 1 400 | 1 350 | ||
Lait entier en poudre | 1 800 | 1 625 | 1 625 | 1 575 | ||
Fromage (Cheddar) | 2 163 | 1 850 | 1 850 | 1 850 | ||
Caséine acide | 4 100 | 3 950 | 3 950 | 3 950 |
Chose curieuse qui reflète la mesure dans laquelle ce secteur dépend des pâturages, l'augmentation de la production de lait en Océanie est fondée sur l'expansion des troupeaux plutôt que sur une progression des rendements. Dans d'autres régions, et en Europe orientale en particulier, la production de lait augmente surtout grâce à un meilleur rendement: tel est le cas par exemple en Pologne, premier producteur de lait de la région. En Bulgarie, la privatisation de l'industrie laitière du pays devrait s'achever en 1999. Ce processus - joint à l'expansion économique, à l'amélioration des approvisionnements en aliments pour le bétail et à des prix favorables du lait - a entraîné une augmentation constante de la production de lait depuis 1997. Aux Etats-Unis, la production de lait ne devrait augmenter que très légèrement en 1999, la baisse des prix du lait se traduisant par une moindre rentabilité pour les producteurs. Dans plusieurs autres pays développés (la Communauté européenne, le Canada, le Japon, la Norvège et la Suisse), la production est soumise à des politiques de contingentement et ne change donc guère d'une année sur l'autre. En Fédération de Russie, la production de lait en 1998, de 33,6 millions de tonnes, a enregistré un fléchissement de près de 3 pour cent par rapport à l'année précédente. Néanmoins, depuis la dévaluation du rouble, le renchérissement des produits laitiers importés pourrait se traduire par une légère augmentation de la production de lait en 1999. En Ukraine, deuxième producteur de la CEI, la production laitière semble s'être stabilisée à un peu moins de 15 millions de tonnes après avoir régulièrement diminué depuis 1990, date à laquelle la production était de 24 millions de tonnes. La production des exploitants privés occupe une place de plus en plus grande dans le secteur laitier ukrainien, tandis que celle des anciennes grandes exploitations étatiques représente une proportion de plus en plus réduite du total.
1996 | 1997 estim. |
1998 prévis. |
|
(. . . . millions de tonnes . . . .) | |||
TOTAL MONDIAL | 561 | 546 | 556 |
CE | 124 | 124 | 124 |
Etats-Unis | 76 | 71 | 74 |
Inde | 73 | 71 | 72 |
Féd. de Russie | 33 | 34 | 34 |
Pakistan | 23 | 21 | 22 |
Brésil | 23 | 21 | 22 |
Ukraine | 15 | 15 | 15 |
Pologne | 13 | 12 | 12 |
Nouvelle Zélande | 12 | 11 | 12 |
Australie | 10 | 9 | 10 |
Dans les pays en développement, l'augmentation de la production laitière devrait se poursuivre en Asie et en Amérique latine. A supposer que les conditions météorologiques soient normales, la production laitière en Inde pendant la campagne de commercialisation 1999/2000 (avril/mars) pourrait atteindre 76 millions de tonnes, ce qui consoliderait son statut de premier producteur mondial. La production laitière dans ce pays a été stimulée par l'augmentation de la demande intérieure, qui s'est traduite par une hausse des prix à l'exploitation. Comme l'Inde applique un régime de prix fondé sur la teneur du lait en matières grasses, l'augmentation de la production a été imputable surtout au lait de bufflesse, qui contient 7 pour cent de matières grasses, contre 4 pour cent pour le lait de vache. En Chine, on s'attend à une légère augmentation de la production totale de lait. A la différence de la décennie précédente, l'augmentation de la production de lait en Chine pendant les années 90 a été imputable surtout à l'amélioration des rendements plutôt qu'à l'expansion des troupeaux. En Amérique latine, les secousses qu'a connues l'économie brésilienne à la fin de 1998 ont eu d'importantes conséquences pour les autres pays membres du Mercosur. Le Brésil, principal marché régional, absorbe 75 pour cent des exportations de l'Argentine et une proportion semblable de celles de l'Uruguay. En dépit des incertitudes qui entourent aussi bien la demande intérieure que le volume des importations futures du Brésil, la production laitière des pays du Mercosur devrait augmenter, étant donné l'élan acquis par la phase d'expansion des troupeaux, ce qui pourrait avoir pour effet de déprimer les prix à la production. Dans les autres pays d'Amérique latine, l'augmentation de la production laitière en Colombie, jointe à la stagnation de la demande intérieure, a conduit les entreprises laitières à essayer d'écouler l'excédent de leur production sur les marchés d'exportation sous forme de produits laitiers. Au Mexique, la production de lait pourrait être stimulée par la libéralisation des prix au détail du lait intervenue à la fin de 1998; néanmoins, comme le coût des aliments pour le bétail a apparemment augmenté pour les exploitants, cette mesure pourrait, dans l'immédiat, avoir un impact plus marqué sur la nature des produits vendus - par exemple une production accrue de lait pasteurisé - que sur son volume en tant que tel.
Comme il est peu probable que la production de lait dans les principaux pays exportateurs augmente beaucoup en 1999, l'offre de produits laitiers sur les marchés mondiaux ne devrait guère changer par rapport à l'année précédente. De même, la demande d'importations de fromages dans les principaux pays importateurs sera sans doute semblable à celle de 1998. L'une des causes de cette absence de croissance du commerce de fromage pourrait être la réduction de la demande d'importations de la Fédération de Russie et du Brésil, causée par la dévaluation de la monnaie de ces pays. Le commerce mondial de beurre pourrait se contracter si la demande d'importations de la Fédération de Russie baisse, celle-ci ayant, ces dernières années, représenté en moyenne 50 pour cent des échanges mondiaux. S'agissant du lait en poudre, la demande d'importations devrait demeurer relativement stable dans le sud-est de l'Asie, en Afrique du Nord et au Mexique, mais les importations du Brésil pourraient diminuer.
CE | Etats-Unis | |||
Beurre | Lait écrémé en poudre |
Beurre | Lait écrémé en poudre |
|
(. . . . . milliers de tonnes. . . . . ) | ||||
févr. '97 | 56 | 120 | 0 | 0 |
févr. '98 | 27 | 130 | 0 | 0 |
févr. '99 * | 16 | 173 | 0 | 0 |
La question de savoir si les stocks d'intervention dans la Communauté européenne augmenteront beaucoup pendant l'année dépendra directement de la demande d'importations de pays tiers. Si les exportations communautaires demeurent semblables à celles de 1998, les stocks d'intervention de lait écrémé en poudre en fin d'année pourraient dépasser de 100 000 tonnes, c'est-à-dire de 50 pour cent, ceux de 1998, tandis que, dans le cas du beurre, les stocks d'intervention et les stocks privés financés au moyen de fonds publics pourraient s'accroître de 50 000 tonnes (60 pour cent). Toute augmentation substantielle des stocks d'intervention pourrait contribuer à exercer une pression baissière sur les cours internationaux pendant le second semestre de 1999.
Les éléments qui influeront sur les perspectives des prix pendant le reste de 1999 seront notamment le niveau de la demande d'importations du Brésil après la dévaluation substantielle du real, l'expansion de la production pendant le second semestre de l'année dans les principaux pays exportateurs de produits laitiers de l'hémisphère austral (Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine et Uruguay), tous tributaires des pâturages non irrigués; le niveau des subventions à l'exportation versées par les Etats-Unis et la Communauté européenne et le volume des stocks d'intervention dans la Communauté. A supposer que les conditions météorologiques soient normales dans l'hémisphère Sud, on ne devrait pas enregistrer de déséquilibre marqué sur les marchés internationaux des produits laitiers en 1999, mais les prix moyens pendant l'année risquent d'être légèrement inférieurs à ceux qui prévalaient à la fin de 1998.