Le moins que l’on puisse dire est que les statistiques sur le secteur forestier en général et le secteur des plantations forestières en particulier sont désuètes, incertaines décrivant de façon incomplète voire contradictoire, la situation forestière du pays.
Ce fait est clairement exprimé par l’équation de l’offre-demande des produits ligneux posée par Q. Ducenne, (1998) en ces termes :
« Le bois de feu et le charbon de bois représentent à eux seuls 90% des termes de l’équation globale. Selon HALL (1992), la demande du bois est estimée à 7½ millions de m3 alors que la production annuelle vaut respectivement 3½ millions de m3 ou 5 millions de m3 selon que l’hypothèse de production retenue soit modérée ou optimiste. Le bilan global montre donc un déficit valant respectivement 4 ou 2½ millions de m3 de bois de feu (HALL, 1992 ; VERHEGGHEN, 1998).
Ces estimations élaborées en 1992 n’ont jamais été vérifiées.
Cependant il est possible de montrer qu’elles ne sont pas réalistes. En effet, le prélèvement du matériel ligneux sur l’ensemble du pays se fait selon le type de propriété et selon l’accessibilité des boisements. Les paysans utilisent la biomasse ligneuse à des fins énergétiques. Ils récoltent cette biomasse (branche, brindilles, rondins) essentiellement sur leurs propres de terres. Les autres consommateurs (populations urbaine, institutions, briqueteries...) achètent le bois ou le charbon produits dans leurs communes ou dans d’autres. Or de grandes superficies boisées, principalement les boisements domaniaux, n’ont jamais été exploitées. Le problème peut être simplifié de la manière suivante.
Tableau n°26 : Evolution des surfaces boisées en situation de pénurie de bois de feu
Termes et paramètres de l’équation du bois-énergie |
1993 x1000 m3 |
1994 x 1000 m3 |
1995 x1000 m3 |
1996 x 1000 m3 |
1997 x 1000 m3 |
1998 x 1000 m3 |
Demande |
7500 |
7500 |
8031 |
8348 |
8704 |
9104 |
Production annuelle |
3500 |
3231 |
2927 |
2583 |
2195 |
1157 |
Déficit annuel |
4000 |
4519 |
5105 |
5765 |
6509 |
7347 |
Superficie forestière (ha) |
260.000 |
240.000 |
217.404 |
191.881 |
163.057 |
130.514 |
Suppression des boisements (ha) |
20.000 |
22.596 |
25.523 |
28.823 |
32.543 |
36.736 |
Si les termes de l’équation globale avaient fidèlement traduit l’évolution réelle de la demande et de l’offre en bois de feu selon les hypothèses de travail posées par HALL (1992), alors ces surfaces boisées auraient déjà diminué de moitié entre 1993 et 1998. Il n’en est rien. Par contre, on peut remarquer certains signes qui plaident en faveur d’une ressource suffisante, voire pléthorique dans certaines communes. (Extrait de : Mission d’appui « Appui à la Planification Forestière Communale », p 11-12 ; Rapport de mission).
1 Au Rwanda, de nombreuses statistiques circulent entre les administrations et les ONG sans vérifications des données. Cette utilisation aveugle de tels chiffres peut conduire à des décisions malheureuses dans le sous-secteur forestier.