FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.1 - février 2001 - P. 3

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Céréales

Situation de l'offre et de la demande

Après une légère révision à la hausse, la production céréalière mondiale pour 2000 est désormais provisoirement estimée à 1 852 millions de tonnes (y compris le riz en équivalent usiné), résultat inférieur de 1,8 pour cent à celui de l'an passé et plus faible que la moyenne des cinq dernières années. Les prévisions de l'utilisation mondiale de céréales en 2000/01 ont également été revues à la hausse par rapport au précédent rapport et augmentées de 14 millions de tonnes, ce qui les porte à 1 909 millions de tonnes. Le déficit de production s'établit donc maintenant à 51 millions de tonnes. En dépit de la perspective d'une importante réduction des stocks, les cours du blé et des céréales secondaires sur les marchés internationaux n'ont enregistré dans les trois derniers mois que de faibles augmentations, pour la plupart imputables à l'abondance des approvisionnements dans les pays exportateurs.

Si l'on en juge les premières indications concernant la récolte 2001 de blé dans l'hémisphère Nord où les semis sont quasiment achevés, la production devrait au mieux se maintenir au faible niveau enregistré en 2000. En Amérique du Nord, les cultures de blé d'hiver ont encore reculé aux États-Unis du fait de la sécheresse qui sévissait à l'époque des semis tandis qu'au Canada, les superficies ensemencées en blé au cours du printemps devraient rester sensiblement les mêmes. En Asie, les premières indications reçues laissent présager une réduction des emblavures en Chine, en Inde et au Pakistan. En Europe, on peut s'attendre à un recul des superficies ensemencées en blé dans la CE, suite aux intempéries qui ont frappé certaines régions au moment des semis et à la réaffectation probable de terres à la culture de céréales fourragères et d'oléagineux. Dans le reste de l'Europe, la production devrait toutefois se redresser quelque peu, la production ayant chuté en 2000 du fait de la sécheresse. En Fédération de Russie et en Ukraine, les semis ont sensiblement augmenté et les conditions étaient bonnes. En Afrique du Nord, les cultures de blé d'hiver ont jusqu'à présent profité de conditions globalement satisfaisantes et la production sera sans doute supérieure à la maigre moisson engrangée l'année dernière. Dans l'hémisphère Sud, les semis du blé de 2001 débuteront en avril.

Production, disponibilités, commerce et stocks céréaliers mondiaux

 
1998/99
1999/2000
estim.
2000/01
prévis.
 
(. . . millions de tonnes . . .)
Production 1/
1 900
1 885
1 852
Blé
599
591
586
Céréales
     
secondaires
911
886
869
Riz (usiné)
390
408
397
Disponibil. 2/
2 574
2 585
2 543
Utilisations
1 872
1 898
1 909
Commerce 3/
219
235
236
Stocks de
     
clôture 4/
700
691
640

Les semis des céréales secondaires de 2001 sont déjà achevés dans plusieurs des grands pays producteurs de l'hémisphère Sud. En Afrique australe, en dépit des conditions généralement favorables enregistrées cette saison, la production pourrait accuser cette année un fléchissement dû à une réduction des emblavures. En Amérique du Sud également, les conditions météorologiques ont été dans l'ensemble favorables aux cultures. Les superficies ensemencées ont baissé en Argentine, mais sont en hausse au Brésil. Les semis des céréales secondaires dans l'hémisphère Nord commencent vers avril. Dans l'hémisphère Sud et le long de la ceinture équatoriale, la campagne 2001 de paddy (campagnes principales) est déjà bien engagée et la récolte devrait démarrer vers le mois de mars. Dans l'hémisphère Nord, les semis de la campagne 2001 ne commenceront pas avant avril ou mai.

La production mondiale de blé en 2000 est provisoirement estimée à 586 millions de tonnes, soit une augmentation de 4 millions de tonnes par rapport aux prévisions de novembre, mais un chiffre néanmoins inférieur d'environ 1 pour cent à celui de 1999 et en légère baisse par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La révision opérée ce mois-ci traduit essentiellement les ajustements à la hausse des dernières estimations concernant certains pays d'Asie, le Canada et la CE. La production mondiale de céréales secondaires en 2000 s'établit donc aujourd'hui à 869 millions de tonnes, ce qui confirme quasiment les prévisions de novembre dernier et constitue un recul de 2 pour cent par rapport au niveau de 1999 et par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les révisions récentes s'expliquent aussi par une nouvelle chute de la production estimée des États-Unis et par des corrections à la baisse pour divers pays d'Afrique; elles sont toutefois compensées par des révisions à la hausse pour certains pays d'Asie, d'Amérique du Sud et de la CE. Dans l'hémisphère Nord, la récolte de la campagne 2000 de paddy se poursuit dans plusieurs pays d'Asie et a été retardée au Laos, en Thaïlande, au Bangladesh et au Cambodge du fait des inondations. La production mondiale de paddy est maintenant provisoirement estimée à 594 millions de tonnes, soit un faible accroissement par rapport aux prévisions de novembre. Une production mondiale de cet ordre serait inférieure de quelque 17 millions de tonnes aux estimations révisées de 1999, soit le plus fort effondrement enregistré en trois décennies. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette contraction majeure, imputable aux catastrophes naturelles, à la faiblesse persistante des cours lors des campagnes actuelles et passées, comme aux politiques publiques destinées à enrayer l'offre excédentaire.

Les dernières prévisions concernant les échanges céréaliers mondiaux en 2000/01 (juillet/juin) s'établissent à l'heure actuelle à 236 millions de tonnes, soit un chiffre inférieur de 2 millions de tonnes à celui annoncé en novembre qui n'en demeure pas moins un volume record, supérieur de plus d'un million de tonnes à celui de l'année précédente. Les prévisions du commerce mondial de blé et de farine de blé (en équivalent grain) en 2000/01 ont été ramenées à 108 millions de tonnes, soit une baisse de 1,5 million de tonnes par rapport aux prévisions de novembre et une estimation légèrement moins bonne que celle de l'année précédente. En revanche, les prévisions relatives aux échanges mondiaux de céréales secondaires en 2000/01 sont en augmentation de 500 000 tonnes depuis le dernier rapport, ce qui les porte à 105 millions de tonnes. Avec 1,8 million de tonnes de plus, le commerce des céréales secondaires atteindrait un volume record, de quelque 2 pour cent de mieux que l'an dernier. Les prévisions publiées dans le dernier rapport pour les échanges de riz en 2001 ont été diminuées de 80 000 tonnes et s'établissent désormais à 23,2 millions de tonnes. Ce volume représenterait une amélioration d'environ 3,5 pour cent par rapport au volume estimé des échanges en 2000.

Le volume total des importations céréalières des pays en développement en 2000/01 atteindra probablement 168 millions de tonnes, résultat qui serait supérieur à la moyenne mais néanmoins légèrement en deçà du volume record enregistré au cours de la dernière campagne. En valeur, la facture des importations céréalières des pays en développement devrait s'établir au total à 23 milliards de dollars E.-U. en 2000/01, soit quelque 2 milliards de dollars E.-U. ou 9 pour cent de plus qu'en 1999/2000. Les prévisions concernant le volume total des importations des pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) en 2000/01 se situent à présent à quelque 70 millions de tonnes, soit une baisse par rapport au précédent rapport et plus de 1 million de tonnes de moins que le volume estimé de l'année précédente. À ce niveau, la facture globale des importations céréalières de l'ensemble des PFRDV pourrait s'élever à 9,5 milliards de dollars E.-U., soit une augmentation de 8 pour cent par rapport à 1999/2000. Cette hausse traduirait essentiellement les cours relativement soutenus enregistrés pendant cette campagne.

Suite à des révisions majeures du bilan de l'offre et de la demande en Chine, les estimations relatives aux stocks mondiaux de céréales et à leur utilisation ont fait l'objet d'ajustements sur les deux dernières décennies. La révision des données anciennes concernant le bilan de l'offre et de la demande de céréales en Chine a eu pour effet d'augmenter massivement les estimations antérieures de la taille des stocks et de l'utilisation des céréales fourragères, et de rabaisser celles concernant la consommation alimentaire par habitant. Il y a toutefois lieu de signaler que, pour importants qu'ils paraissent en valeur absolue, ces changements ne traduisent que des ajustements statistiques opérés sur les séries chronologiques de l'offre et de la consommation et n'ont donc qu'un effet négligeable, voire nul, sur les marchés céréaliers mondiaux.

Ainsi, en dépit de la correction à la hausse des estimations des stocks céréaliers mondiaux imposée par les révisions concernant la Chine, la chute des stocks mondiaux prévue pour cette campagne se maintient au niveau annoncé dans le numéro de novembre des Perspectives de l'alimentation.

La révision à la hausse du volume des stocks en Chine est principalement due à une augmentation des estimations des stocks privés (pour la plupart à la ferme) comme des stocks publics. Il convient de souligner que ces dernières révisions donnent un tableau plus précis de l'état des approvisionnements céréaliers de la Chine et permettent en outre d'expliquer le maintien de l'important volume des exportations céréalières ainsi que la modicité des prix sur le marché intérieur alors que la production céréalière de 2000 accuse un fléchissement assez prononcé.

Ces révisions concernant la Chine ont en outre pour conséquence d'abaisser les estimations de la consommation intérieure de céréales alimentaires par habitant. À l'analyse, celle-ci se révèle en effet inférieure aux précédentes estimations, tandis que l'utilisation de céréales pour l'alimentation du bétail semble bien plus importante, notamment dans les années récentes. Étant donné la taille de sa population, la modification des estimations de la consommation par habitant en Chine a de surcroît un effet perceptible sur les estimations mondiales et régionales de la consommation de céréales alimentaires par habitant. Ainsi, l'abaissement de la consommation par habitant en Chine, qui a été ramenée de plus de 200 kg à presque 190 kg, détermine une réduction d'environ 5 kg de la moyenne du groupe des pays en développement. Toutefois, la révision des chiffres de la consommation en Chine consistant essentiellement en une réaffectation des volumes de la catégorie des céréales alimentaires à celle des céréales fourragères, elle n'a qu'une incidence mineure sur les chiffres révisés de l'utilisation totale de céréales dans le monde.

Dans l'ensemble, les cours internationaux du blé ont continué à monter légèrement à la fin 2000 et au début 2001. Les gains demeurent cependant réduits du fait du ralentissement des achats pendant la période festive de fin d'année ainsi que de l'arrivée des nouvelles récoltes de l'hémisphère Sud. En janvier, le prix du blé américain No 2 (blé roux d'hiver, fob) était en moyenne de 134 dollars E.-U. la tonne, soit une augmentation de 3 dollars E.-U. la tonne par rapport à octobre 2000, et 23 dollars E.-U. (17 pour cent) de plus que l'année précédente. Étant donné l'abondance des stocks exportables encore disponibles et les perspectives globalement satisfaisantes des récoltes 2001, les marchés à terme demeurent soumis à une pression à la baisse et le marché des contrats d'achat à court terme du blé s'est clôturé en légère baisse en janvier par rapport au mois précédent. Les cours internationaux du maïs se sont aussi améliorés sur l'ensemble de la période d'octobre à janvier. En janvier, les prix à l'exportation du maïs américain se situaient en moyenne à 95 dollars E.-U. la tonne, soit une augmentation de 10 dollars E.-U. la tonne par rapport à octobre et 2 dollars E.-U. la tonne de mieux que l'année précédente. L'importance des stocks céréaliers dans les grands pays exportateurs continue néanmoins à peser sur le marché et les prix moyens pour la première moitié de la campagne de commercialisation en cours restent en deçà de ce qu'ils étaient à la même période de la dernière campagne. Sur les marchés à terme, les contrats à court terme du maïs ont à nouveau accusé une tension en janvier, car on prévoit la reprise de ventes massives de la Chine. Les prix d'exportation du riz ont repris leur mouvement baissier tout au long de novembre et décembre 2000, après un bref répit en octobre où ils se sont temporairement raffermis, reflétant le ralentissement des expéditions du Viet Nam suite aux conditions météorologiques défavorables. L'indice FAO des prix d'exportation du riz s'établissait en moyenne à 95 points en janvier 2001, en baisse par rapport aux 97 points d'octobre 2000. À moins d'un choc imprévu, les prix devraient à nouveau amorcer une tendance à la baisse dans les semaines à venir, en raison principalement de l'arrivée, en février-mars, des nouvelles récoltes de riz des exportateurs de l'hémisphère Sud et du Viet Nam.


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