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6. TRANQUILLISANTS: LEUR EMPLOI DANS LA REPRODUCTION ARTIFICIELLE ET POUR LE TRANSPORT DES POISSONS

Les tranquillisants jouent un rôle important dans la propagation artificielle des poissons. Utilisés à la fois à l'écloserie et pour le transport, ils ont pour avantages:

  1. de calmer les poissons et donc de les empêcher de sauter dans leur bac, ce qui réduit beaucoup les risques de blessures;

  2. de faciliter la manipulation des très gros reproducteurs;

  3. de réduire au minimum la dispersion des oeufs au moment de leur extraction manuelle des femelles.

Figure 61

Figure 61 Installation provisoire d'une écloserie, adjacente à un bassin ou à un réservoir

Figure 62

Figure 62 Confection d'un filet à plancton, utilisé au cours des opérations de culture en bassin

Figure 63

Figure 63 Mode de confection d'une épuisette ronde

Figure 64

Figure 64 Confection d'une épuisette en forme de pelle (genre de haveneau)

Figure 65a

Figure 65a Tamis cylindriques à disposer à l'entrée et à la sortie de l'eau

Figure 65b

Figure 65b Confection d'un petit filet traînant pour pêcher les juvéniles et les alevins

Figure 66

Figure 66 Collecteurs de laitance

Figure 67

Figure 67 Oxygénation des poissons pendant leur transport

Le même géniteur peut être tranquillisé à plusieurs reprises au cours des opérations: lorsqu'on le trie, le pèse ou le marque pour déterminer le stade de sa maturité; ou bien lorsqu'on lui administre les injections préparatoires et décisives; enfin, au moment de l'extraction manuelle de ses oeufs ou de sa laitance.

Deux produits chimiques, la quinaldine et le MS 222 sont d'un emploi courant comme tranquillisants des poissons.

a) La Quinaldine (méthylquinoléine 2–4) est un liquide toxique qu'on ne doit utiliser qu'avec précaution. Les poissons sont en général traités dans un grand volume d'eau: par exemple, dans un vaste réservoir de ciment, ou bien dans un angle du bassin où l'on rassemble les poissons derrière un pan de filet. Le taux de dilution est d'une partie pour 40 000, autrement dit 25 cm3 pour 1 m3 d'eau. Si, au cours du traitement, le poisson manifeste des battements irréguliers de ses opercules, pour le sauver il faut le retirer immédiatement et le plonger dans une eau bien aérée, sans tranquillisant.

b) MS 222 (Sandoz-Bâle, Suisse). C'est un tranquillisant très doux, dont le poisson se remettra sans peine de ses effets, même après être demeuré longtemps comme anesthésié. Le traitement se fait en mélangeant le produit dans l'eau à la dose de 1/10 000 (soit 10 grammes de MS 222 dans 100 litres d'eau) et en maintenant le poisson une demi-heure environ dans la solution à 20–25°c. Mais ce produit coûte très cher, aussi faut-il ne l'employer que parcimonieusement..

On prépare en général cent litres de cette solution pour traiter dix reproducteurs (de 5 à 8 kg chacun) dans la journée. La même solution peut servir pour tranquilliser toute une série de poissons, à condition de ne pas la diluer au fur et à mesure. Parfois, il est nécessaire d'aérer la solution. Elle conserve ses propriétés même après 24 heures, mais, au-delà, elle devient malodorante à cause du mucus visqueux que secrète le poisson traité.

On emploie aussi le MS 222 avant de suturer l'orifice génital de la femelle de carpe commune. A cet effet, on introduit dans la bouche du poisson un tampon de coton imbibé d'une solution concentrée du produit.

Le “phénoxy-éthanol” a été employé récemment comme tranquillisant. C'est un produit plus doux et moins efficace que MS 222, mais bien moins coûteux. On en mélange 30 à 40 cm3 dans 100 litres d'eau pour le traitement.

Emploi de tranquillisants pour le transport des reproducteurs. Tranporter des reproducteurs sur un long trajet de plusieurs heures n'est pas une entreprise facile. Notamment sous les tropiques ou dans les régions subtropicales, lorsque la température est élevée et qu'il est difficile de se procurer de l'eau fraîche, saturée d'oxygène. Les poissons se jettent généralement contre les parois des récipients et se blessent parfois si gravement qu'ils sont inutilisables pour la reproduction, du moins pendant la saison en cours.

Dans la pratique, on commence par tranquilliser le poisson à la dose normale, puis on l'introduit dans le bac ou la citerne qui servira à son transport où la concentration est diluée à 50 pour cent, par addition du même volume d'eau fraîche. Le géniteur restera calme et tranquille dans cette solution diluée.

Il est recommandé de chercher en tâtonnant par essais successifs la bonne dose de tranquillisant à employer pour le poisson en question. La sensibilité, comme la résistance et l'endurance varient d'un sujet à l'autre. Même des espèces très voisines peuvent avoir des réactions très différentes à cet égard.


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