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Systèmes culturaux intégrés


Systèmes culturaux intégrés graminées-poisson en Chine

Huazhu Yang, Yingxue Fang et Zhonglin Chen

Introduction

Les systèmes piscicoles intégrés se réfèrent à la production, à la gestion intégrée et à l’utilisation d’ensemble de l’aquaculture, de l’agriculture et du bétail, avec une attention particulière à l’aquaculture. La pisciculture intégrée est connue depuis longtemps en Chine. Des documents écrits indiquent que l’intégration de la pisciculture et de la culture de plantes aquatiques existait déjà au premier et au deuxième siècle av. J.-C..

La pisciculture en rizières est documentée à partir du neuvième siècle. La rotation de la pisciculture avec la culture de graminées est documentée du quatorzième au seizième siècle; la culture des mûriers sur les digues des étangs, l’intégration de la pisciculture à l’élevage du bétail et les systèmes complexes d’activités multiples intégrées à la pisciculture étaient déjà développés dans les années 1620.

Les systèmes piscicoles intégrés utilisant des graminées et des plantes aquatiques comme aliments pour les poissons sont très communs en Chine, en particulier dans les plaines irriguées des bassins des rivières Changjiang, Pearl et Yangtze. Beaucoup de ces exploitations agricoles sont grandes et communautaires, basées sur un système agricole coopératif ou collectif qui est très répandu en Chine. Les agriculteurs y cultivent plusieurs espèces de graminées en différents endroits de leur ferme, y compris des champs, de petits lots de terre non utilisés, des digues d’étangs et des étangs asséchés. Les graminées sont alors données directement aux poissons comme aliment de complément. Dans le sud de la Chine, les agriculteurs utilisent également les ressources d’eau disponibles, telles que rivières, lacs, fossés et mares, pour cultiver les plantes aquatiques leur servant d’aliment pour le poisson. Ci-dessous sont présentés trois systèmes intégrés originaires de Chine, dans lesquels on utilise des graminées et/ou la jacinthe d’eau: le système graminées-poisson, le système jacinthe d’eau-poisson et le système porc-graminées-poisson.

Figure 1. Circulation des bio-ressources dans le système


Figure 2. Calendrier saisonnier pour la production de poisson et de graminées/jacinthe d'eau

Systèmes de pisciculture intégrée

Graminées-poisson

Différentes espèces de graminées, facilement cultivables au sein même de la ferme, peuvent servir d’aliment de complément bon marché pour les poissons. Les espèces les plus communes de poisson d’élevage pouvant se nourrir directement ou indirectement de graminées, comprennent la carpe herbivore, la carpe argentée, la carpe marbrée et la carpe commune. Comme on le voit à la Figure 1, les graminées peuvent être cultivées sur les bords des étangs et données directement aux poissons. Les espèces de graminées couramment utilisées sont le rye-grass, l’herbe du Soudan et l’herbe napier. La Figure 2 présente un calendrier saisonnier pour la production de graminées au sein d’un système graminées-poisson. Ne sont pas inclues ici les informations relatives au travail et aux coûts globaux.

Les dimensions des étangs varient d’environ 0,5 à 1 ha, avec une profondeur d’eau de 2 à 2,5 m. Des récoltes de poisson atteignant 6 t/ha ont été réalisées sans apport d’aliments de complément, ni d’utilisation additionnelle d’engrais vert ou de fumier. Une superficie d’environ la moitié de l’étang est nécessaire pour produire la quantité de graminées suffisante pour l’alimentation de complément. La Figure 3 montre que la quantité de rye-grass et d’herbe du Soudan produite à la ferme peut être suffisante pour satisfaire les besoins de la production piscicole.

Table 1. Résumé des espèces aquatiques et terrestres importantes utilisées dans l'intégration graminées-poisson. Les parties utilisées sont les feuilles et les tiges. Le facteur de conversion est la quantité de plantes fraîches nécessaire pour produire 1 kg de poisson.

Espece

Rendement (poids frais moyen en t/ha)

Facteur de conversion

Rye-grass graminees (Lolium multiflorum)

75-150

17-23

Herbe du Soudan (Sorghum vulgare var. Sudanese)

150-225

19-28

Herbe à éléphant (Pennisetum purpureum)

225-450

30-40

Herbe napier hybride (Pennisetum americanum)

225-300

25-30

Jacinthe d'eau (Eichonia crassipes)

150-300

45-50

Figure 3. Besoin mensuel en aliments piscicoles et production journalière moyenne de rye-grass et d'herbe du Soudan

Les systèmes alimentés par graminées fonctionnent bien en Chine parce que: a) la compétition pour les graminées est limitée car les animaux aux pâturage sont moins importants; b) on peut trouver de grands alevins de carpes herbivores; c) la carpe herbivore a une certaine valeur; et d) on peut trouver d'autres espèces de poisson pour utiliser les déchets de la carpe herbivore dans la polyculture

Table 2. Plan d’empoissonnement/récolte pour le système graminées-poissons

Espèces

Empoissonnement

Récolte


Poids individuel (kg/poisson)

Densité (poisson/ha)

Poids total (kg/ha)

Survie (%)

Poids individuel(kg/poisson)

Rendement brut (kg/ha)

Rendement net (kg/ha)

Carpe herbivore

0,50

2 000

1 000

95

2,5

4 750

3 750

Carpe argentée

0,05

3 200

160

95

0,5

1 520

1 360

Carpe marbrée

0,05

800

40

95

0,5

380

340

Carpe commune

0,05

2 400

120

85

0,5

1 020

900

Total


1 320




7 670

6 350

La production de rye-grass et d’herbe du Soudan peut atteindre 112 t/ha/saison (poids frais) et celle de l’herbe napier hybride 300 t/ha/saison (poids frais).

Il est bien plus économique, dans la production piscicole, d'utiliser comme complément alimentaire différentes espèces de graminées plutôt que des céréales en grains. Si on nourrit le poisson avec des graminées, le coût de production relatif à l'alimentation de complément diminue de 50 pour cent (par kg de poisson produit) par rapport au poisson nourri avec des céréales (orge).

Jacinthe d'eau-poisson

Plusieurs plantes aquatiques peuvent être utilisées comme aliment de complément dans la production piscicole, et la jacinthe d'eau en est une. Pour produire une quantité de jacinthes d'eau suffisante pour l'alimentation de complément, la superficie doit couvrir environ la moitié de l'étang piscicole. Cette production peut atteindre 300 t/ha/an (poids frais).

La production de poisson peut atteindre jusqu'à 6 t/ha/an sans devoir utiliser ni aliment de complément, ni engrais additionnel. La dimension des étangs et le taux d'empoissonnement sont les mêmes que dans le système graminées-poisson. Si les poissons sont nourris avec de la jacinthe d'eau, le coût des intrants est inférieur de 15 pour cent par rapport aux poissons nourris avec des céréales (orge). Les flux des ressources sont indiqués dans la Figure 4. Notez que la jacinthe d'eau est interdite dans de nombreux pays et qu'elle a causé de sérieux problèmes dans des lacs, des rivières et des estuaires.

Porc-graminées-poisson

Le système intégré porc-graminées-poisson est largement pratiqué et a une bonne rentabilité économique, qui dépend des coûts de la main d'œuvre. Les exploitations agricoles à grande échelle produisent une grande quantité d'excréments lesquels, aux fins de leur réutilisation et de leur traitement, sont utilisés comme engrais pour du fourrage à haut rendement, qui à son tour est utilisé comme alimentation principale pour des poissons herbivores. Les excréments de porc ne sont distribués directement dans les étangs que partiellement. Les excréments des poissons herbivores fertilisent l'eau des étangs et favorisent la croissance des poissons. L'humus de l'étang peut ensuite être utilisé comme engrais pour les cultures herbacées. De cette façon, on peut utiliser à la fois la productivité des plantes fourragères et celle du phytoplancton.

Figure 4. Flux des bio-ressources dans le système plantes aquatiques - poisson

Figure 5. Circulation des éléments nutritifs dans le système porc-poisson

Figure 6. Calendrier de fertilisation pour la production de graminées

Les composantes porc-poisson et graminées-poisson peuvent être intégrées pour optimiser le flux des ressources et pour une plus grande productivité (Figure 5). Environ 45-60 porcs sont suffisants pour la production annuelle d'un hectare de graminées (225-300 t de rye-grass et d'herbe du Soudan) nécessaire pour un étang de deux hectares (six t/ha/an de poisson) (Figure 6).

Autres points à considérer

L'exemple présenté ici a été réalisé dans des exploitations agricoles de l'état à grande échelle, dont les différentes activités avaient été conçues et gérées pour une production optimale, la main d'œuvre nécessaire pouvant être employée selon le besoin. Ce système est également largement utilisé dans des exploitations piscicoles à petite échelle, gérées au niveau familial.

La prospérité croissante et, par conséquent, les coûts plus élevés de la main d'œuvre, les changements dans la demande commerciale et dans les besoins des ménages agricoles, et l'existence d'autres gagne-pain ont eu un impact significatif sur ces pratiques. Nombre de ces exploitations agricoles dans certaines parties de la Chine préfèrent maintenant la pisciculture semi-intensive utilisant des aliments piscicoles.

Initialement, les graminées pour ce système étaient cueillies à différents endroits, mais la technologie a évolué est s'est améliorée par l'intensification de la production des graminées (tant en qualité qu'en quantité) et par l'introduction de polycultures de poisson mieux équilibrées. Ces nouvelles techniques peuvent être indiquées dans d'autres domaines ayant un contexte semblable.

Les systèmes basés sur les graminées sont peu intéressants pour de petits exploitants agricoles parce qu'ils requièrent beaucoup d'espace (la superficie doit être suffisante pour produire de grandes quantités de graminées, afin de nourrir le poisson d'une manière azdéquate) et beaucoup de main d'œuvre (pour couper les graminées pour l'étang, pour enlever la vase et l'épandre). Les coûts d’opportunité de la terre nécessaire pour cultiver les graminées plutôt que d'autres cultures doivent être évalués en tenant compte de la situation locale.

Il faut prendre en considération le coût des ressources requises pour cultiver la quantité nécessaire de graminées de haute qualité (facteur très important dans cette technique).Toutes les graminées ont besoin de beaucoup d'engrais pour un bon rendement et pour une qualité nutritionnelle acceptable pour les carpes herbivores. Les agriculteurs devront être informés sur la manière d'optimiser la production de graminées et leur qualité.

Les agriculteurs désireux d'adopter ce système doivent évaluer si la famille peut fournir la main d'œuvre requise pour cultiver les graminées et ensuite les récolter. Au Nord du Viet Nam, la plus grande partie de ce travail est faite par les femmes, qui consacrent deux à trois heures par jour à cette activité.

D'autres méthodes alternatives peuvent être conseillées là où des poissons macrophages (c.-à-d. herbivores) n'existent pas. Il est également important de savoir combien de graminées sont directement utilisées comme aliment par les carpes herbivores et combien sont utilisées comme engrais vert dans l'écosystème de l'étang.

Des recherches ont démontré que la jacinthe d'eau, comparée à d'autres plantes aquatiques, n'est pas beaucoup appréciée par les poissons. Normalement la jacinthe d'eau, qui dans de nombreux pays est interdite car considérée comme une peste constituant un danger pour l'environnement, pousse dans des étangs abandonnés, dans des fossés et dans les plans d'eau publiques. Le cas présenté ici indique les différentes possibilités d'utiliser cette ressource. Cette mauvaise herbe peut être également utilisée pour éliminer les aliments nutritifs, par ex. dans le traitement des eaux usées, quoique dans ce cas l'accumulation de polluants peut devenir un problème.

Une autre possibilité, en présence d'une grande disponibilité de fumier de porc (par ex. la présence d'un élevage de porcs) et de poissons herbivores dans une polyculture, consiste dans le recyclage du fumier de porc dans des champs de graminées pour les fertiliser, et la conséquente utilisation de graminées comme aliment pour les poissons. Dans les autres cas, il est plus efficace d'appliquer le fumier directement dans les étangs.

Intégration pisciculture-culture sur digues en Chine

Kuanhong Min et Baotong Hu

La pisciculture associée à la culture de bambous et de mûriers sur des digues de terre a été pratiquée dans les deltas des fleuves Yangtze et Pearl du centre et du sud de la Chine depuis des siècles. A l’origine, ces deltas étaient seulement des zones marécageuses. Les agriculteurs creusaient et déplaçaient la terre, l’amoncelant en forme d’énormes rectangles ou de cercles, et utilisant ces remblais pour planter des produits agricoles. Les superficies excavées devinrent plus profondes, idéales pour la pisciculture. On peut planter des bambous et des mûriers là où les digues de terre sont suffisamment larges (voir Figures 1 et 2). La vase est raclée du fond de l’étang et appliquée aux digues comme fertilisant, 2 à 5 fois par an, au taux de 750 à 1 125 kg/ha/an.

Figure 1. Vue d'un système cultural intégré sur digues d'étangs

Mûrier-étang piscicole

Dans ce système, qui est plus communément pratiqué à grande échelle, les feuilles de mûrier sont utilisées comme aliment pour des vers à soie. La sériciculture fournit une grande variété d'aliments et d'engrais pour la pisciculture. En revanche, cette technologie demande beaucoup de main d'œuvre.

Il a été calculé qu'on peut produire 36 700 kg/ha de feuilles de mûrier qui permettent de produire 2 700 kg de cocons et 18.400 à 18 750 kg d'excréments et de dépouilles (peaux muées) de vers à soie. Les excréments des vers à soie peuvent à la fois servir d'aliment et d'engrais pour les poissons. Le poids des cocons est constitué à 80 pour cent par les chrysalides. Le quotient nutritif des chrysalides pour les poissons est de 2:1, c'est à dire que 2 kg de chrysalides sont nécessaires pour produire 1 kg de poisson.

Figure 2. Section d'une exploitation agricole qui utilise le système intégré pisciculture-culture sur digues d'étangs

L'ensemble des aliments et des engrais provenant de la culture des vers à soie peut suffire à une bonne production de poisson; la Figure 3 résume le cycle de transformation des déchets de vers à soie. Les taux d'empoissonnement conseillés dans le système mûrier-étang piscicole sont indiqués à la Table 1.

Figure 3. Cycle et processus de conversion des déchets de vers à soie

Rapports de conversion et de production des matières

Bambou-étang piscicole

Les pousses de bambou sont le produit principal du bambou. La ville de Zhangchai, Fusan, province de Guangdong, produit des pousses de bambou en conserve depuis longtemps. Il a été estimé que 25 à 30 pour cent des déchets et des sous-produits peuvent être utilisés pour la pisciculture.

Les déchets et les sous-produits dérivant de la récolte de pousses de bambous sur 1 ha peuvent produire environ 500 kg de poisson.

Une estimation modeste faite par des agriculteurs de Zhangchai indique que la production de bambou par hectare varie entre 22,5 et 26,3 t/an. Une fois la production de pousses terminée, les agriculteurs récoltent en outre les vieilles perches, pour un total de 52,5 à 67,5 t/ha/an, et les utilisent comme bois de chauffage, comme matériel de construction pour les enclos des animaux, ou encore comme support pour des plantes grimpantes (voir Figure 4).

Espèce de carpe

Empoissonnement

Survie (%)

Récolte

Poids ind. poisson (g)

Poids total (Kg)

Nombre (pièces)

Poids ind. poisson (Kg)

Nombre de poisson

Augmentation en poids (facteur)

Rendement (Kg)

Argentée

50

97,5

1 950

90

0,75

1 755

12,50

1 218,8

Marbrée

50

22,50

450

90

0,75

405

12,50

281,2

Herbivore

500

225,00

450

90

1,75

405

2,15

483,8

Commune

25

18,75

750

85

0,60

637

19,38

363,4

Carassin

10

19,50

1 950

95

0,20

1 852

18,00

351,0

Total


383,25






2 698,2

Figure 4. Flux des matières dans le système bambou-étang piscicole

La vase provenant du fond des étangs fournit une très grande quantité d’engrais composés utile pour les parcelles de bambou. Il faut 6 000 kg/ha de vase d’étang contenant 168 kg N, 109 kg P et 150 kg K pour la production de pousses, mais un quart de la quantité de vase fournie est plus que suffisante pour apporter les substances nutritives nécessaires. La quantité de substances nutritives fournie par la vase ne peut donc être totalement absorbée par les plantes. Les agriculteurs de Zhangchai se sont rendus compte que la production de pousses autours des étangs est 20 à 30 fois supérieure à la production en colline, peut-être grâce à une bonne ventilation entre les plantes et à une bonne provision d’eau et d’engrais. En outre, la vase empêche la prolifération des plantes sauvages et améliore la qualité du sol. Le taux d’empoissonnement utilisé dans un système bambou-étang piscicole est illustré à la Figure 5. La Figure 6 montre le calendrier cultural de la production poisson-sériciculture-bambou.

Figure 5. Taux d'empoissonnement conseillé dans le système bambou-étang piscicole

Figure 6. Calendrier cultural pour la production poisson-sériciculture-bambou

VARIABLES MOYENNES

JAN

FÉV

MARS

AVR

MAI

JUIN

JUIL

AUG

SEP

OCT

NOV

DÉC


• EMPOISSONNEMENT











• RÉCOLTE













• SÉRICICULTURE







• POUSSES DE BAMBOU









Autres points à considérer

Suite à l'industrialisation, le système mûrier-poisson est en déclin dans plusieurs régions du Sud de la Chine, à cause des coûts d'opportunité de la terre et de la main d'œuvre. Le système bambou-poisson est dépendant d'une industrie de transformation dans les environs. Dans la plupart des cas, les pousses de bambou ne constituent pas le principal produit agricole cultivé.

Les deux systèmes, mûrier et bambou, comparés à d'autres cultures potentielles sur digues, sont insolites car pérennes. La grande quantité de vase qu'il faut enlever de l'étang pour la fertilisation des cultures sur digues nécessite une énorme quantité de travail.

Au cours des dix dernières années, cette pratique a perdu sa popularité à cause des variations économiques qui se manifestent par l'augmentation des coûts de la main d'œuvre, par la modification de la demande commerciale et des goûts alimentaires, et par la possibilité d'autres gagne-pain.

Le système mûrier-poisson demande beaucoup de main d'œuvre et une usine de transformation de la soie devrait se trouver en proximité.

La production de pousses de bambou requiert une demande commerciale adéquate, des usines dans les environs, une haute pluviométrie et un climat humide toute l'année.

Il faut vérifier les intrants alimentaires en fonction de la qualité du sol et des exigences des plantes. Il n'est pas clair si, en plus de la vase de l'étang, des engrais supplémentaires sont appliqués aux cultures sur digues.

Le système de culture VAC dans le nord du Viet Nam

Le Thanh Luu

Le proverbe vietnamien Nhat canh tri, canh vien affirme que la première activité rentable est l’aquaculture, la seconde l’agriculture, l’horticulture ou le jardin potager. Dans les régions rurales pauvres du Viet Nam, l’agriculture intégrée est une méthode traditionnelle de production alimentaire familiale. L’intégration des activités de la ferme, à savoir du jardin potager, du bétail et de l’étang piscicole, s’appelle le système VAC (VAC en vietnamien est vuon, ao, chuong qui signifie jardin/étang/enclos pour les animaux).

C’est au début des années 80 que la promotion sur grande échelle du système VAC, appelé mouvement VAC, a commencé. A la fin des années 60, feu le président Ho Chi Min souligna l’importance de l’intégration à petite échelle. Le mouvement visait à augmenter et à stabiliser le niveau alimentaire des paysans pauvres. Grâce au système VAC, le niveau du régime alimentaire des paysans pauvres s’est amélioré considérablement, surtout dans les villages isolés des régions montagneuses.

Ce système agricole est géré au niveau familial, presque toute la main d’œuvre provenant du ménage. On peut trouver ce système VAC dans différentes conditions agro-écologiques, y compris les plaines, les hauts plateaux pluvieux et les zones péri-urbaines (Figure 1). D’habitude, les étangs sont construits en premier lieu pour rehausser le terrain pour la maison et le jardin. Traditionnellement, l’eau puisée dans l’étang était utilisée pour les besoins domestiques et pour produire les plantes aquatiques destinées à l’alimentation des porcs. La plupart du fumier provenant des porcs et des autres animaux est utilisé pour les cultures, surtout celle de riz, bien qu’une partie croissante soit utilisée également pour la production de poisson au fur et à mesure que son importance augmente.

On estime que 85 à 90 pour cent des familles rurales entretiennent un jardin potager et un enclos pour du bétail, et que 30 à 35 pour cent d’entre elles possèdent un étang piscicole. Dans de nombreux villages, 50 à 80 pour cent des familles utilisent entièrement le système VAC. Les chiffres indiquent que 30 à 60 pour cent, et même 100 pour cent dans de nombreux cas, du revenu des familles des villages provient du système VAC.

Figure 1. Calendrier saisonnier des activités d'agriculture-aquaculture dans les hauts plateaux et dans les plaines

Figure 2. Système cultural intégré dans les hauts plateaux

Figure 3. Système cultural intégré en plaines

Le système VAC dans les hauts plateaux

On trouve le système VAC (Figure 2) surtout dans les régions montagneuses, telles que les provinces de Hoa binh, Son la, Ha giang, Tuyen quang, Thais nguyen et autres.

L’étang piscicole est construit près de la maison afin de pouvoir y déverser les déchets domestiques et les restes de cuisine. Les enclos pour animaux et le jardin potager se trouvent eux aussi près de l’étang. Le potager, de 1000 à 5000 m² de superficie, comprend une variété de légumes (oignons verts, patates douces, cresson d’eau, etc.), de fruits (bananes, oranges, pêches, abricots, etc.) et d’autres produits agricoles, y compris la canne à sucre, le thé et le manioc. Ceci constitue un mélange de cultures pérennes et annuelles.

Une partie du fumier du bétail est utilisée pour fertiliser les arbres une ou deux fois par an, et les légumes selon leur besoin. Tous les trois à quatre ans, on extrait la vase de l’étang et on l’utilise comme engrais.

La plupart des familles élèvent plusieurs animaux à la ferme, y compris un ou plusieurs buffles d’eau et bovins, un ou plusieurs porcs, et plusieurs canards et poules. Les animaux ruminants de grosse taille sont libres de paître, ou alors sont nourris avec des sous-produits de la ferme. Les porcs et la volaille sont nourris avec des déchets de cuisine et avec des sous-produits de la ferme tels que manioc, son de riz, patates douces, troncs de bananiers et jacinthes d’eau.

Particularités fondamentales du système de culture VAC dans le Nord du Viet Nam

Particularités fondamentales

Hauts plateaux

Plaines

Jardin



1. Superficie

1 000-15 000 m²


2. Pratiques culturales

Plantations pérennes + saisonnières en mars

200-300 m3


- Arbres fruitiers

Cultures saisonnières

Pérenne + saisonnière


- Légumes

Cultures saisonnières



- Ri


Cultures saisonnières

3. Fertilisation


Cultures saisonnières


- Arbres fruitier

Vase d'étang



- Légumes

Fumier de bétail + excréments humains

Vase d'étang


- Riz

Fumier de porc

Fumier de bétail +excréments humains

4. Nombre et type de bétail


Fumier de porc


- Buffle

1-3



- Vache

1-6

1-2


- Porc

1-3

1-4


- Poules et canard

Plusieurs

1-2

5. Ressources alimentaires


Plusieurs


- Buffle et vache

Herbe, paille de riz, son de riz, patates

Herbe, paille de riz, son de riz, douces patates


- Porc, poule, canard

Son de riz, manioc, déchets de cuisine, patates douces, bananes, jacinthe d'eau

Manioc, son de riz

Etang piscicole



1. Superficie

100-1500m²

50-400m²

2. Profondeur moyenne

1 m

1.0-1.2 m

3. Taux d'empoissonnement

Carpe argentée: 20-25%

Carpe argentée: 25-35%


Carpe herbivore: 5-10%

Carpe herbivore: 2-5%


Carpe commune: 5-10%

Carpe commune hybride: 10-15%


Rohu: 20-30%

Rohu: 20-30%


Mrigal: 20-30%

Mrigal: 15-25%

4. Densité d'empoissonnement

0,5-2 alevins/m²

1-2 alevins/m² (5-6 cm de long)

5. Fertilisation

Déchets de cuisine, fumier de bétail (50 g/m², deux fois par mois), engrais vert

Déchets de cuisine, fumier de bétail

6. Récolte

Récolte continue, après 3 mois de

Récolte continue

7. Production estimée

1,0-1,2 t/ha/an

1,5-2 t/ha/an

Généralement, l’étang est situé au centre de la ferme afin d’en faciliter la gestion. Les étangs couvrent une superficie de l’ordre de 100 à 1 500 m², avec une profondeur d’environ un mètre. Les étangs sont souvent vidés après la dernière récolte, d’habitude en février. Le fond de l’étang est asséché pendant 1 à 3 semaines; il est ensuite nettoyé, chaulé et fertilisé et enfin mis sous eau pour l’empoissonnement. Eaux domestiques et déchets de cuisine sont versés dans l’étang chaque jour. Du fumier animal est également appliqué deux fois par mois à raison de 50 à 150g/m². Trois mois après l’empoissonnement, les fermiers commencent à récolter des poissons une fois par semaine en utilisant de petits filets tout en repeuplant régulièrement l’étang de poissons.

Le système VAC de plaine

Le système VAC de plaine (Figure 3) est généralement présent dans les provinces de Ha noi, Hai duong, Hung yen, Ha Nam, Nam dinh, Hai phong et autres.

L’intégration du jardin potager, du bétail et de l’élevage de poisson est commune également dans les plaines du Nord du Viet Nam. D’habitude, les maisons sont construites tout près de l’étang, sauf dans les régions sableuses où elles sont souvent construites à une certaine distance pour des raisons hygiéniques. D’habitude, le jardin potager est petit, 400 à 500 m². Les fruits couramment cultivés sont les bananes, oranges, papayes, pêches, litchis, longanes et pommes. Dans beaucoup de jardins familiaux de banlieue, les arbres ornementaux et les fleurs sont les principales sources de revenus. Les légumes cultivés comprennent les oignons verts, patates douces, cresson, tomates, choux et épinards d’eau. Plantes pérennes et plantes annuelles sont toutes deux plantées afin d’assurer, tout au long de l’année, nourriture à la famille et produits pour le marché.

Chaque année la vase de l’étang est prélevée pour fertiliser les arbres; le fumier du bétail est utilisé pour fertiliser les légumes, et l’eau de l’étang pour irriguer le jardin, en particulier les légumes.

La plupart des familles élèvent plusieurs animaux à la ferme, y compris un ou plusieurs buffles d’eau et bovins, un ou plusieurs porcs, et plusieurs canards et poules. Les animaux ruminants de grosse taille sont libres de paître, ou bien ils sont nourris avec des sous-produits de la ferme. Les enclos pour les porcs, les buffles et les vaches sont construits au coin du jardin près de l’étang. Les porcs et la volaille sont généralement nourris avec des déchets de cuisine et avec des produits et de sous-produits de la ferme, tels que manioc, son de riz, patates douces, troncs de bananiers et jacinthes d’eau.

La plupart des familles possèdent des étangs de forme variable, d’une superficie variante de 50 à 400 m2, avec une profondeur d’environ un mètre. Les étangs sont souvent vidés après la dernière récolte (d’habitude en janvier ou février). L’étang est maintenu au sec pendant quelques jours, chaulé et fertilisé, et enfin rempli avec de l’eau de pluie ou d’irrigation (les premières pluies commencent fin mars). Les eaux domestiques et les déchets de cuisine peuvent être versés dans l’étang, et une petite partie du fumier provenant du bétail est utilisé pour fertiliser l’étang (selon l’expérience du fermier). Des feuilles de légumineuses, telles que arachide, haricot vert, etc., sont également utilisées comme engrais.

Autres points à considérer

Au cours des dernières années, des progrès considérables ont été faits dans le système VAC, entraînant une augmentation importante de la production piscicole. Dans les régions montagneuses, les fermiers ont également réussi à mieux maîtriser l'eau et à la faire passer à travers une série d'étangs VAC, avec une production piscicole considérablement supérieure. Cette pratique améliorée possède les atouts pour être utilisée dans plusieurs autres pays de la région, là où les fermiers ont des exploitations agricoles relativement petites.

En plus des aliments pour le bétail produits à la ferme, en particulier le son de riz et les patates douces, les déchets humains représentent un intrant agricole fondamental dans le système VAC. Le lien complémentaire entre toutes les composantes de la ferme peut être mieux étudié si l'on considère le calendrier cultural comprenant poisson, riz, bétail et autres cultures.

Les systèmes VAC de plaine sont fort différents des systèmes des hauts plateaux en ce qui concerne la disponibilité et l'utilisation des ressources. On peut distinguer trois systèmes: (a) suburbain, (b) intensif (par ex. production de riz) et (c) de zones inondables.

Les systèmes de culture VAC sont des systèmes traditionnels. Les agriculteurs et les chercheurs ont développé des méthodes plus intensives au cours des dix dernières années, à partir du moment où des changements économiques ont eu lieu. Les conditions requises pour leur application sont moins spécifiques que celles nécessaires pour les systèmes chinois présentés dans ce livre. Il serait utile de résumer quantitativement les résultats des dernières recherches, afin de représenter le niveau actuel des bénéfices.

Intégration fourrage-poisson en Malaisie

Raihan Sh. Hj. Ahmad

C’est depuis les années 30 qu’en Malaisie on pratique des systèmes agricoles intégrés (Figure 1), avec la production de poisson en rizières et de porc-poisson en étangs. Bien que les résultats des recherches indiquent que ces techniques sont praticables et viables du point de vue économique, il est toutefois nécessaire de prendre en considération les facteurs socio-économiques, tels que les goûts des consommateurs, l’adoption de ces systèmes par les agriculteurs, etc. L’intégration fourrage-poisson est un système largement accepté.

Dans le Troisième Plan pour la Malaisie, l’élevage de poisson est encouragé avec plus d’envergure. Le gouvernement accorde des subventions pour la construction d’étangs, fournit des alevins et offre

Figure 1. Système cultural intégré en Malaise

Figure 2. Calendrier des activités pour l'intégration fourrage-poisson

Figure 3. Espèces de fourrage utilisées comme aliment pour les poissons

Dans l’intégration fourrage-poisson (Figure 2), les espèces les plus communes de fourrage sont utilisées comme aliment pour les poissons (Figure 3). Ces espèces sont: l’herbe napier (Pennisetum americanum), le manioc (Manihot esculenta) et le ipil-ipil (Leucaena leucocephala).

Système fourrager

1. Sarclez le champ.

2. Plantez les cultures fourragères.

3. Gestion.

4. Récoltez le fourrage.

5. Préparation des aliments.

Système piscicole

1. Conception de l’étang

L’étang (d’une superficie de 0,1 à 0,5 ha) devrait être placé près d’une source d’eau et dans un endroit qui n’est sujet ni aux inondations ni à la sécheresse.

On construit des digues pour séparer les étangs; elles devraient être de 2 à 3 m de large et pouvoir contenir une profondeur d’eau de 1 m. L’alimentation en eau se fait par gravité. On installe des tuyaux pour la prise d’eau et pour l’évacuation protégés par du grillage.

On construit une zone de distribution des aliments à l’intérieur de l’étang (située sur le côté). On peut utiliser des tiges de bambou ou des troncs d’arbres pour la délimiter.

Il existe deux types d’étang:

2. Préparation de l’étang et mise sur pied du système

- température = 22 à 32° C
- concentration en oxygène dissout, tôt le matin = 3 mg/litre au moins
- pH = 6,5 à 8,3

Option 1


Étang d’alevinage

: 200 kg (le premier mois)


Étang de grossissement

: 300 kg (le premier mois)

300 kg (le troisième mois)

300 kg (le cinquième mois)

Option 2



Étang de grossissement

: 100 kg (le premier mois)

20 kg (les mois suivantes)

Option 1: l'on élève des carpes herbivores dans l'étang d'alevinage. Après 4 à 6 mois, les poissons sont transférés dans l'étang de grossissement avec les carpes marbrées et les Tilapias.

Carpe herbivore: 500 (10 cm)

Étang de grossissement

(0.3 ha)


Carpe herbivore

500


Carpe marbrée

100 (1,5 cm)


Tilapia

1500 (2,5 cm)

Option 2: poissons et crevettes géantes d'eau douce peuvent être mis directement dans l'étang de grossissement.

Carpe herbivore

100 (10-13 cm)

Carpe de Java

300 (10-13 cm)

Crevette d'eau douce

3 000 (1 cm)

- Vérifiez qu'il n'y ait pas de pertes d'eau.

- Nettoyez les filtres (entrée et sortie d'eau). Si les poissons sont à la surface de l'étang, il faut les nourrir. S'ils viennent piper l'air en surface ou si les crevettes d'eau douce se regroupent aux bords de l'étang, il faut oxygéner l'eau. Oxygénez l’eau de l’étang en agitant l’eau avec une branche. Arrêtez la fertilisation et reprenez-la plus tard en quantités réduites.

Faites aussi attention aux prédateurs.

- Nourrissez les poissons/crevettes d’eau douce.

Option 1: introduisez des lentilles d’eau après avoir fertilisé l’étang. Pendant le premier mois, les carpes herbivores se nourrissent de lentilles d’eau. Par la suite, donnez-leur des feuilles de manioc et de l’herbe napier hachées. La distribution des aliments a lieu deux fois par jour (matin et soir). Après le transfert dans l’étang de grossissement, nourrissez les poissons avec des graminées et des feuilles de manioc (200 kg/jour). Donnez aux tilapias du maïs cuit, des restes alimentaires et des feuilles hachées. La quantité dépend du comportement des poissons. S’ils se trouvent toujours dans la zone de distribution des aliments, cela signifie qu’ils ont besoin de plus de nourriture.

Option 2: Au départ, nourrissez les poissons quatre fois par jour. Distribuez-leur du son de riz, du pain, du sagou haché, du manioc et de l’herbe napier.

Pour les poissons, placez les aliments dans la zone d'alimentation.

Pour les crevettes d'eau douce, éparpillez les aliments à la volée. Si dans l'étang il reste de la nourriture, arrêtez d'en donner.

- Contrôlez les parois et le fond de l'étang. Enlevez tous les débris qui pourraient gêner au moment de la récolte, par ex. les petites branches, les feuilles, etc.

- Pour contrôler la fertilité et la turbidité de l'eau, trempez le bras dans l'eau. Si la paume de la main disparaît avant que l'eau ait atteint le coude, cela indique une prolifération d'algues suffisamment dense.

- Contrôlez attentivement les poissons pour découvrir d'éventuels signes de maladie.

3. Avantages du système

4. Contraintes du système

Budget (en M$) pour l’intégration fourrage-poisson en étang d’un hectare

Articles

Option 1

Option 2

Coûts




Cultures





Défrichement du terrain, brûlage, préparation du sol, fertilisation, ensemencement et entretien d'un ha de terrain

300



Coûts d'entretien

150

150


Alevins





Carpe herbivore

225 (500 pcs)

40 (100 pcs)



Carpe marbrée

100 (100 pcs)

-



Tilapia

300 (1500 pcs)

-



Carpe de Java

-

15 (300 pcs)



Crevette géante d'eau douce

-

120 (3000 pcs)


Aliments

300

30


Fientes de volaille

360

-


Chaux

125

-


Divers


300


Dépenses totales

2 160

355

Revenus




Carpe herbivore

3 200 (800 kg)

180 (60 kg)


Carpe marbrée

510 (300 kg)

-


Tilapia

3 240 (720 kg)

-


Carpe de Java

-

180 (60 kg)


Crevette géante d'eau douce


- 700 (70 kg)


Revenus totaux

6 950

1 060

Bilan

4 790

705

Bénéfice annuel (deux cycles/an)

9 580

-

1992: US$1 = M$ 2.70

Intégration pisciculture-horticulture en Inde

S.D Tripathi et B.K. Sharma

L'intégration des cultures de fruits et de légumes sur les digues d'étangs piscicoles a été expérimentée en Inde, et elle présente plusieurs avantages:

Flux du matériel en pisciculture-horticulture intégrée

Pisciculture

Mise en place du système

Choisissez des étangs près de votre habitation. Cela facilite leur gestion et décourage les braconniers.

Contrôlez et réparez les digues et protégez les prises et évacuations d'eau avec des grilles pour empêcher la fuite des poissons élevés et l'entrée de poissons indésirables. L'étang doit être suffisamment profond, de manière à conserver plus d'un mètre d'eau pendant la saison sèche.

Renforcez les digues et terrassez-les pour y planter produits agricoles et arbres fruitiers.

Préparation de l'étang

Enlevez les mauvaises herbes aquatiques. Faites-en du compost et utilisez-le par la suite pour fertiliser l'étang. Enlevez tous les poissons de l’étang en passant plusieurs fois avec un filet et en drainant l’eau. S’il n’est pas possible de vidanger l’étang, éliminez les poissons en versant dans l’eau 15 kg de poudre de blanchiment chlorée et 15 kg d’urée (pour un étang de 1 000 m²). La poudre chlorée peut être appliquée un jour après l’urée. Pour éliminer les poissons, on peut également appliquer 250 kg de tourteau de Mahua (Basia latifolia). Diluez-le soigneusement dans l’eau et éliminez ensuite tous les poissons avec un filet.

Fertilisez l’étang avec le compost (celui préparé avec les mauvaises herbes aquatiques). Appliquez-en une base de 500 kg; le reste (500 kg) peut être appliqué en deux fois à quatre mois d’intervalle, mais des doses plus fréquentes sont conseillées (par ex. tous les 15 jours).

Empoissonnez l’étang avec des alevins sept jours après l’éradication, car la toxicité de la poudre chlorée persiste environ une semaine. Les taux recommandés (pour une densité totale de 600/alevins/1 000 m2) sont:

Catla

240

Catla

180

Catla

90

Rohu

180

Rohu

180

Rohu

120

Mrigal

180

Mrigal

120

Mrigal

90



Carpe commune

120

Carpe argentée

90





Carpe herbivore

90





Carpe commune

120

On peut modifier cette densité totale et ces proportions d'espèces, selon les conditions de l'étang et la disponibilité en alevins.

Calendrier des activités pour la pisciculture-horticulture intégrées

Août

Préparation de l'étang


Préparation des digues et

Septembre

Empoissonnement


Application aux cultures

Octobre

Lutte contre les ennemis des

Novembre

Récolte de légumes, application

Décembre

Récolte de légumes

Janvier

Récolte de légumes


Récolte de papayes

Février

Préparation des digues pour


Récolte de papayes


Plantation de la seconde

Mars

Récolte partielle du poisson


Récolte de papayes et de

Avril

Récolte de papayes et de

Mai

Récolte de légumes (P & B)

Juin

Récolte de légumes (P & B)

Juillet

Récolte finale du poisson


Récolte de légumes, de papayes

Récolte

Il ne faudrait récolter que les poissons ayant atteint une taille commerciale et laisser les autres grandir davantage. La récolte finale peut avoir lieu 10 à 12 mois après l'empoissonnement.

Horticulture

Il faut renforcer, terrasser et préparer les digues, et les fertiliser avec la vase de l'étang.

On y cultive bananes, papayes, potirons, gourdes, épinards, brinjals, tomates, concombres et légumes à feuilles.

Outre la vase de l'étang, on donne également aux plantes de l'engrais inorganique à raison de 10 kg/an, en plusieurs fois.

Arrosez les cultures avec l'eau fertilisée de l'étang.

Les papayers sont plantés en juin/juillet et les bananiers en octobre/novembre. La récolte des fruits commençant respectivement six et huit mois après la plantation. L'agriculteur consomme une partie des fruits récoltés et vend le reste au marché.

Les légumes sont cultivés et récoltés deux fois par an - une fois en août/septembre et une autre fois en mars/avril. Une fois les besoins de la famille satisfaits, les légumes sont vendus. Quelques unes des cultures qui peuvent être faites sur les digues d'étangs sont les suivantes:

Arbres fruitiers

Papayers
Bananiers
Cocotiers

Légumes

Brinjal
Choux
Choux-fleurs
Tomates
Concombres
Potirons
Gourdes
Calebasses
Radis
Haricots
Doliques
Okra
Colocasia
et autres légumes à feuilles

Budget (en roupie) pour le système pisciculture-horticulture dans un étang de 0,1 ha

Coûts

Rs

Préparation de l'étang



15 kg de poudre de blanchiment chlorée et 15 kg d'urée à Rs 4,15/kg

125


Fertilisation avec du compost d'herbes aquatiques, 1 000 kg

100


600 alevins à Rs 250/1 000

150


Main d'œuvre et filets

200


Outils et équipement pour la pisciculture

25

Matériel de plantation



10 surgeons de bananiers à Rs 2/pc

20


20 jeunes plants de papayers à RS 2/pc

20


Semence de légumes

6


10 kg d’engrais inorganique à Rs 5/kg

50


Pesticides/équipement pour l'horticulture

25


Coûts globaux

800

Loyer de l'étang (coût d'opportunité)

800

Intérêts sur le fond de roulement au taux de 5%

165


Total des coûts opérationnels

1 265

Recettes



Vente du poisson (200 kg à Rs 20/kg)

4 000


Papayes (150 kg à Rs 3/kg)

450


Bananes (10 régimes à Rs 20/régime)

200


Légumes verts (159 kg à Rs 3/kg)

450

Bénéfice

3 835

Cash flow en pisciculture-horticulture intégrées pour 0,1 ha d'étang


Août

Sept

Oct

Nov

Déc

Jan

Fév

Mars

Avr

Mai

Juin

Juil

Recettes

0

0

0

+60

+90

+75

+75

+1 075

+115

+160

+205

+3 245

Dépenses

-314

-199

-64

-49

-44

-49

-94

-179

-44

-49

-44

136

Notes:

  1. Les recettes commencent à partir de novembre, avec la récolte des légumes.
  2. Le cash flow atteint Rs 1 075 en mars, quand la récolte partielle du poisson a aussi lieu.
  3. Les recettes comprennent la récolte de la seconde culture de légumes d'avril à juillet.

Autres points à considérer

En Inde, les systèmes commerciaux semi-intensifs sont bien établis dans certaines zones. Toutefois, l'adoption de technologies semblables par des agriculteurs pauvres en ressources n'est pas bien documentée et le système ici décrit est une version réduite du système commercial semi-intensif. En pratique, il est difficile de réaliser ce système réduit, car les agriculteurs pauvres en ressources ne peuvent se procurer le matériel en quantité, fréquence et qualité requises (par ex. chaux, engrais, mauvaises herbes) ou dans les proportions et tailles exactes pour l'empoissonnement de la polyculture piscicole, etc. Dans beaucoup de cas, les étangs des petits exploitants agricoles ne peuvent être drainés et asséchés. Il est donc difficile et laborieux d'enlever la vase de l'étang et le coût du pompage est prohibitif.

La littérature scientifique présente de nombreux autres exemples d'intégration légumes-poisson et fruits-poisson provenant d'autre pays, d'autres systèmes agricoles et d'autres zones agro-écologiques. L'exemple donné ici devrait encourager les usagers potentiels à évaluer quels légumes sont appropriés et commercialisables, en fonction de leur situation. Ils devraient en outre décider à quel endroit des digues il est plus indiqué de planter les cultures, selon les besoins saisonniers d'ombre, d'eau, etc. En général, la décision de l'agriculteur de se lancer dans ces activités est déterminée par la disponibilité en terre et en main d'œuvre à la ferme, et par les besoins du ménage et la demande du marché. Les institutions de soutien devraient évaluer la viabilité de la nouvelle composante, et ses bénéfices synergiques par rapport à d'autres possibilités.

Culture d’espèces à cycle court en étangs saisonniers et en fossés au Bangladesh

Modadugu V. Gupta

L’élevage d’espèces ayant un cycle de vie court, comme le barbeau argenté de Thaïlande (Puntius gonionotus) ou le tilapia du Nil (Oreochromis niloticus), peut être réalisé tant en étangs saisonniers de la ferme qu’en fossés et canaux le long des routes (formés suite aux travaux de creusement effectués pour construire une maison ou une route), ainsi qu’en étangs creusés pour des usages domestiques (bain, lessive) ou pour l’irrigation. Même des fossés de 80 à 100 m² et profonds de 70 à 80 cm seulement peuvent être utilisés pour la culture de ces espèces, en utilisant comme intrants des déchets agricoles et des sous-produits de la ferme. On peut même utiliser des étangs qui ne maintiennent l’eau que pendant trois à quatre mois. La pratique de cette culture étant simple et ne demandant que très peu de travail, elle peut être entreprise par des femmes et des enfants, et elle permet de produire du poisson pour la consommation familiale et pour le marché. Les agriculteurs ne possédant pas de terre peuvent également bénéficier de cette technologie, en élevant des poissons dans des fossés longeant des routes de propriété commune.

Section de l'agro-écosystème de la plaine d'inondation de Mymensingh-Sylhet au Bangladesh

FLUX DES MATÉRIAUX ENTRE LES DIFFÉRENTES ACTIVITÉS D'UNE FERME AU BANGLADESH (à gauche: seulement paysan sans terre; au centre et à droite: agriculteur)

Technologie pour l'élevage d'espèces à cycle court

1. Préparation de l'étang

2. Fertilisation

3. Empoissonnement

4. Alimentation

5. Gestion de l'étang

6. Récolte

7.Maladies.

Budget (in taka) pour la culture de Puntius gonionotus et du Tilapia du Nil en étang saisonnier de 500 m² pendant six mois

Coûts

Puntius

Tilapia

300 kg de bouse de vache à TK 0,35/kg

105

105

300 kg de son de riz à TK.1,50/kg

450

450

Travail pour le nettoyage de l’étang et la récolte

135

135

12,5 kg de chaux à TK.3/kg

38

38

750 alevins

225

250

Coût de transport des alevins

30

30

Coût total

963

1 008

Recettes



75 kg de poisson à TK.40/kg

3 000

2 250

Solde

2 017

1 242

1992: US$1= TK38

Note: Si on utilise la bouse de vache et le son de riz de la ferme, ainsi que la main d'œuvre familiale, on peut alors économiser TK 690 ce qui augmente le solde à TK 2 707 pour Puntius et TK 1 932 pour tilapia.

Autres points à considérer

Ce type de pisciculture est largement pratiqué dans la région ici décrite et représente un système important pour les paysans les plus pauvres. Toutefois, il faut encore voir si les personnes ne possédant pas de terre savent contrôler et intensifier comme décrit la propriété commune locale, en la désinfectant et en la fertilisant. Les aspects sociaux représentent une question critique. La propriété multiple des étangs est une contrainte courante pour un niveau de gestion plus élevé et souvent engendre une gestion irrégulière et discontinue.

On perçoit que cette pratique a un grand potentiel, mais pour pouvoir formuler des recommandations, estimer les zones potentielles et évaluer les caractéristiques et le nombre de personnes qui pourraient l'adopter, il faut disposer d'informations décisives: par ex. la façon dont les petites communautés ou les groupes familiaux étendus se sont organisées; la mesure dans laquelle la pratique a déjà été adoptée; les bénéfices effectifs apportés aux exploitants agricoles, etc.

En ce qui concerne le poisson de "taille de table", une étude récente effectuée dans le Nord-Ouest du Bangladesh indique que les petits tilapias sont acceptables pour les ménages pauvres en ressources, et sont même recherchés par les femmes car, leur valeur économique étant basse, ils peuvent être consommés par tous les membres de la famille.

L'importance que ces systèmes ont pour des personnes marginales de la communauté (par ex. celles qui n'ont pas de terre) et du ménage (par ex. les femmes) est considérable. Les derniers résultats témoignent qu'une approche de vulgarisation correcte permet d'accroître l'accès des femmes à ces systèmes et la productivité de ceux-ci.


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