FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.3, décembre 2001 4

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PREMIÈRE PARTIE: VUE D'ENSEMBLE


A la fin de 2001, la situation des approvisionnements alimentaires en Afrique subsaharienne est plus satisfaisante dans l'ensemble qu'elle ne l'était à la fin de l'an passé, avec de meilleures récoltes dans la Corne de l'Afrique et des récoltes exceptionnelles au Sahel en Afrique occidentale. Toutefois, de nombreux pays connaissent encore des pénuries alimentaires graves en raison de catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme et ont besoin d'aide alimentaire. Le cas de la Somalie est particulièrement préoccupant. Dans ce pays, la situation alimentaire se détériore rapidement, les récoltes ayant été médiocres lors de la campagne principale de 2001 avec le volume le plus bas enregistré depuis sept ans, en raison de la sécheresse. Il est estimé que 800 000 personnes éprouvent des difficultés à se nourrir, dont 300 000 concentrées principalement dans les régions méridionales ont un besoin urgent d'aide alimentaire. Ailleurs en Afrique de l'Est, les populations pastorales d'Éthiopie et du Kenya continuent de dépendre de l'aide alimentaire à cause des conditions de sécheresse qui persistent depuis trois ans. Dans la région des Grands Lacs, plus de 2,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays (PDI) en République démocratique du Congo, dont la plupart sont hors d'atteinte des institutions humanitaires en raison de l'insécurité, vivent dans la misère et la famine. En Afrique australe, les troubles civils et les déplacements de population en Angola ne donnent aucun signe de fléchissement tandis que des pénuries alimentaires graves apparaissent dans certaines régions du Malawi, du Mozambique, de la Zambie et du Zimbabwe, principalement à cause des intempéries qui ont fait baisser fortement la production alimentaire au cours de la dernière campagne principale. Ailleurs en Afrique subsaharienne, l'aide alimentaire continue d'être nécessaire au Soudan méridional, dans plusieurs régions en Ouganda, Érythrée, Libéria, Guinée et Sierra Leone, principalement à cause des conflits en cours.



DÉTÉRIORATION DE LA SITUATION ALIMENTAIRE EN SOMALIE, TANDIS QUE LES DIFFICULTÉS ALIMENTAIRES PERSISTENT AILLEURS DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE

Malgré l'amélioration des perspectives alimentaires en Afrique de l'Est, la situation alimentaire en Somalie et dans les régions pastorales d'Éthiopie et du Kenya est source d'inquiétude.

En Somalie, la situation alimentaire se détériore rapidement après la forte baisse de production de la campagne principale "gu" en 2001, la plus faible des sept dernières années, sous l'effet de la sécheresse. Les pluies violentes qui se sont abattues récemment sur les hauts plateaux voisins en Éthiopie ont fait déborder les cours d'eau en Somalie occidentale, occasionnant le déplacement de nombreuses personnes et la détérioration de la situation des approvisionnements alimentaires, déjà grave. Une reprise de la production vivrière lors des deux campagnes agricoles précédentes avait eu un léger effet de détente sur la situation des approvisionnements alimentaires mais la mauvaise récolte actuelle a mis fin à ce bref répit, mettant à rude épreuve les mécanismes de défense déjà affaiblis par plusieurs vagues de sécheresse et par les effets à long terme de plusieurs années d'insécurité. En outre, le maintien de l'interdiction d'importer du bétail d'Afrique de l'Est pour les pays riverains de la Péninsule arabe à cause de la fièvre de la vallée du Rift cause des pertes de revenus importantes, en particulier en Somalie septentrionale. Il est estimé que l'interdiction imposée en septembre 2000 représente pour le pays une perte de devises équivalant à 120 millions de dollars É.-U. En outre, les rapatriements de salaire de ressortissants somaliens vivant à l'étranger ont été diminués par la fermeture récente de la société Al-Barakaat, spécialisée dans les virements monétaires, qui canalisait des millions de dollars vers le pays.

Les ruraux quittent leurs villages, dont beaucoup avec leurs bêtes, à la recherche de nourriture et d'eau, s'installant dans les villes et se massant autour des centres de distribution où l'aide alimentaire est fournie par les organismes de secours internationaux. Les rapports indiquent que quelque 800 000 personnes sont touchées et auront besoin de 70 000 tonnes d'aide alimentaire d'urgence jusqu'à la prochaine récolte "gu" en août 2002. Le sort d'environ 300 000 personnes vulnérables menacées par la famine dans la région de Gedo en Somalie du sud-ouest ainsi que dans les régions de Hiran, Bay et Bakool est particulièrement inquiétant. Malgré les pluies récentes qui ont permis quelques semis, les perspectives de la campagne secondaire "deyr", qui va d'octobre à février, sont incertaines car les pluies ont tardé. Les perspectives sont défavorables et la gravité de la situation alimentaire actuelle pourrait s'accentuer en 2002 si les récoltes de la campagne en cours (deyr) sont perdues ou s'avèrent insuffisantes.

En Érythrée, la situation tendue des disponibilités alimentaires, qui découle du récent conflit avec l'Éthiopie voisine et d'une sécheresse prolongée dans certaines régions, s'est un peu améliorée grâce au redressement prévu de la production céréalière en 2001. L'espoir d'une relance vigoureuse a été mitigé par des pluies inférieures à la normale en septembre, au moment critique de la floraison et de la grenaison. Des évaluations réalisées sur le terrain en septembre ont donné des résultats inférieurs aux estimations de production faites par le Ministère de l'agriculture début août.

Malgré l'amélioration prévue de la production vivrière, l'aide alimentaire continue d'être nécessaire pour plus de 50 000 personnes déplacées qui sont dans l'impossibilité de regagner leurs foyers, tandis que de vastes étendues de terres restent incultes par crainte des mines.

En Éthiopie, les pluies abondantes dans les grandes zones agricoles laissent prévoir une production supérieure à la moyenne de légumineuses et de céréales pour la campagne principale "meher". Avec le bon résultat de la campagne de pluies courtes "belg" voici quelques mois, la situation des approvisionnements alimentaires s'est améliorée considérablement. Néanmoins, sous l'effet de la sécheresse persistante, de graves pénuries alimentaires sont signalées dans les zones pastorales du sud-est, ainsi que la migration hors saison des gens et du bétail. Une mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des disponibilités alimentaires est à peine revenue d'Éthiopie et un rapport sortira sous peu.

Au Kenya, la saison principale des pluies, qui fournit normalement 80 pour cent de la production vivrière totale, a été généralement favorable, entraînant l'amélioration des disponibilités vivrières dans la presque totalité du pays. Les estimations officielles préliminaires indiquent une production de maïs d'environ 2,31 millions de tonnes pour la campagne actuelle, soit une augmentation de 20 pour cent par rapport à la récolte réduite de l'année dernière. Avec la prévision de pluies normales pour la campagne secondaire, la production totale de maïs en 2001/2002 devrait atteindre 2,7 millions de tonnes, chiffre très supérieur à la moyenne.

En réaction aux bonnes récoltes céréalières et aux stocks de report, les prix du maïs, qui est la culture de base, ont considérablement baissé, poussant le Gouvernement à lancer un appel aux donateurs afin qu'ils intensifient leurs achats locaux pour soutenir le marché. Malgré l'amélioration globale de la situation des approvisionnements alimentaires, les pasteurs nomades du nord et de l'est du pays sont toujours en proie à de graves insuffisances des disponibilités vivrières. Les conditions hydriques et l'état des pâturages restent mauvais, et avec la prévision d'une pluviosité inférieure à la normale pendant la campagne allant de septembre à décembre, la situation devrait encore se détériorer. Les longues marches à la recherche d'eau et de pâturages paraissent désormais inévitables avec la menace d'une forte mortalité du bétail. En septembre 2001, le PAM a distribué des rations alimentaires complètes à 1,56 millions de personnes dans 13 districts pastoraux et agropastoraux.

Au Soudan, une récente mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des disponibilités alimentaires dans le Sud du Soudan a fait état d'une amélioration générale des disponibilités alimentaires par rapport à l'année dernière, mais a conclu à un déficit global de la production céréalière. Des pluies violentes en août ont causé des inondations localisées et l'engorgement des terres basses, particulièrement dans l'Est du pays. Cependant, globalement, la forte pluviosité semble avoir eu plus d'avantages que d'inconvénients. Malgré l'amélioration de la situation, l'insécurité alimentaire demeure par endroits, aggravée par l'absence de routes commerciales normales sans lesquelles l'acheminement de la farine de céréales et de manioc des zones excédentaires vers les zones déficitaires est difficile.

Au Soudan central et septentrional, la récolte de céréales de la campagne principale de 2001 vient de commencer. Malgré les inondations à grande échelle qui ont déplacé un grand nombre de personnes et détruit les cultures, les perspectives d'ensemble concernant la récolte sont favorables. Une mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des disponibilités alimentaires vient de rentrer du pays et un rapport doit être publié bientôt.

En Tanzanie, la production alimentaire en 2001 devrait se situera près de 15 pour cent au-dessus du niveau de 2000 mais légèrement au-dessous de la moyenne des cinq dernières années. La Réserve céréalière stratégique a fixé des achats de 25 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 2001/02 (juin/mai) ce qui reconstituerait les stocks à 59 000 tonnes, soit environ 84 pour cent de la réserve totale prévue de 70 000 tonnes.

La situation globale des disponibilités alimentaires est satisfaisante avec des prix céréaliers stables ou en baisse dans les régions du Centre, de l'Est, des Lacs et du Nord. Toutefois, de brusques hausses de prix ont été signalées dans les hautes terres et dans les zones côtières méridionales, dues en partie à l'accroissement de la demande céréalière des pays voisins, particulièrement le Malawi et la Zambie. En outre, il est signalé qu'environ 12 districts de Tanzanie centrale et septentrionale, surtout dans les régions d'Arusha, Kilimandjaro, Dodoma, Morogoro, Shinyanga et Singida, connaissent l'insécurité alimentaire à divers degrés.

En Ouganda, les perspectives de récolte de la seconde campagne du début de l'année prochaine sont favorables. Des précipitations abondantes et diffuses en septembre et octobre ont favorisé la pousse des cultures vivrières. Les pluies ont également amélioré l'état des pâturages et la disponibilité d'eau pour le bétail dans les districts pastoraux de Kotido et Moroto. La situation globale des disponibilités alimentaires est satisfaisante. Toutefois, la situation demeure précaire dans le District de Katakwi en raison, principalement, de l'insécurité et de la perte d'animaux lors des incursions. L'aide alimentaire continue d'être nécessaire dans le district de Bundibugyo, à l'ouest, pour environ 112 000 personnes déplacées par les troubles civils.



RESSERREMENT DE LA SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN AFRIQUE AUSTRALE

Au Zimbabwe, la situation déjà tendue des disponibilités alimentaires s'est détériorée après la diminution de la production céréalière et la récession économique généralisée. De graves difficultés alimentaires sont signalées dans le sud, l'est et l'extrême nord où la production a été limitée par le temps sec ou les pluies excessives. Une récente évaluation de la vulnérabilité a indiqué que 705 000 personnes dans les zones rurales risquent des pénuries alimentaires. En outre, 250 000 habitants des zones urbaines ont du mal à se nourrir à cause de la flambée des prix alimentaires tandis qu'environ 30 000 travailleurs agricoles ont perdu leur emploi et se retrouvent privés de moyens d'existence. Le Gouvernement a commencé à distribuer des vivres dans les zones sujettes à la sécheresse des provinces de Masvingo et de Matabeleland et a lancé un appel d'aide alimentaire internationale le 8 novembre. Le PAM prévoit de distribuer de l'aide alimentaire d'urgence à environ 558 000 personnes parmi les plus nécessiteuses qui sont disséminées sur 22 districts situés dans les zones qui sont en déficit vivrier chronique.

A l'échelle nationale, les stocks sont en voie d'épuisement. Le Gouvernement a pris des dispositions pour importer 150 000 tonnes de maïs mais l'expédition n'est pas encore arrivée dans le pays. Les prix des produits alimentaires de base ainsi que ceux des intrants agricoles, qui avaient grimpé en flèche ces derniers mois, sont maintenant contrôlés par le Gouvernement. Toutefois, les réductions de prix ont entraîné des pénuries importantes de produits sur les marchés. La situation pourrait se détériorer encore l'année prochaine car les semis de la récolte de maïs de 2002, actuellement en cours, seront probablement perturbés par un décret gouvernemental autorisant la saisie des exploitations commerciales destinées au rachat. Des pertes de recettes d'exportation et une intensification des difficultés économiques sont aussi prévues en raison de l'abandon des activités agricoles par les grosses exploitations commerciales.

Au Malawi la situation des disponibilités alimentaires est très tendue après la baisse de 25 pour cent de la récolte de maïs en 2001, causée par un excès de pluies et des inondations pendant la dernière campagne. La réserve céréalière stratégique est épuisée. Les prix du maïs, l'aliment de base du pays, ont augmenté d'environ 400 pour cent depuis l'année dernière. En octobre 2001, un kilogramme de maïs coûtait 18 Kwacha, contre 2 à 5 Kwacha à la même période en 2000. L'augmentation radicale des prix a gravement restreint l'accès à la nourriture pour de vastes segments de la population. Le Gouvernement a pris des dispositions pour importer 150 000 tonnes de maïs mais 10 000 tonnes seulement avaient été livrées fin octobre. Toutefois, d'importants flux transfrontaliers de céréales sont signalés en provenance du Mozambique et de la Tanzanie.

A l'échelle des ménages, des pénuries alimentaires apparaissent dans les régions méridionales du pays, où les inondations ont touché environ 650 000 personnes il y a quelques mois, endommageant gravement les récoltes. Une aide alimentaire d'urgence est actuellement fournie à 208 500 personnes parmi les plus touchées. La disponibilité de denrées comme le manioc et les pommes de terre permet aussi d'atténuer les effets de la pénurie de vivres. Des semences et d'autres intrants agricoles pour la nouvelle campagne, déjà commencée, ont été distribués par le Gouvernement avec l'aide de la FAO et d'autres institutions. Les zones ciblées incluent les districts les plus touchés de Chikwawa et de Nsanje. La FAO assiste aussi les opérations de vaccination et de traitement du bétail pour combattre les maladies.

En Zambie, la situation des disponibilités alimentaires pendant la campagne commerciale 2001/02 (avril/mars) est tendue à la suite d'une récolte céréalière en forte baisse. La production de maïs, la denrée de base du pays, a été négativement touchée par les pluies et les inondations excessives ainsi que par un temps trop sec dans les régions méridionales. Les prix du maïs ont augmenté considérablement à partir de juin, alors qu'ils sont censés baisser à cette période. Le Gouvernement a annoncé début septembre une interdiction d'exporter le maïs et a pris des dispositions pour en importer 150 000 tonnes.

Les difficultés alimentaires sont le lot des communautés rurales qui ont subi de mauvaises récoltes et des ménages urbains vulnérables dont l'accès à la nourriture a été grandement compromis par la montée des prix. Le Gouvernement a lancé un appel d'aide alimentaire internationale pour les deux millions de personnes les plus gravement touchées dans 42 districts (sur les 73 du pays) qui ont été déclarés en état d'urgence. Le PAM a l'intention de distribuer 42 000 tonnes à 1,3 million de personnes dans les districts ciblés, de décembre jusqu'à la prochaine récolte.

Au Mozambique, malgré une récolte céréalière et des disponibilités alimentaires généralement satisfaisantes en 2001, de graves difficultés vivrières ont été signalées dans les provinces méridionales touchées par des conditions prolongées de sécheresse pendant la période végétative. Ces provinces ont été les plus touchées par les graves inondations qui se sont produites l'année dernière et les mécanismes de survie des ménages sont pratiquement épuisés. Une récente évaluation de la vulnérabilité dans ces régions, réalisée par le Gouvernement et le PAM, indique que près de 100 000 personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence jusqu'à la prochaine récolte. La situation alimentaire est aussi difficile pour les segments à faible revenu de la population urbaine à la suite de la hausse très importante des prix du maïs. Les augmentations ont été particulièrement élevées dans les zones septentrionales, en partie sous l'effet des exportations transfrontalières importantes réalisées vers le Malawi. Des pénuries de maïs à destination des minoteries ont également été signalées à Maputo, où les prix du maïs ont atteint des niveaux records.

À Madagascar, une récolte record de céréales, de riz notamment, en 2001, a amélioré la situation alimentaire générale. Dans les zones du sud, en proie à un déficit vivrier chronique, la production de maïs et de tubercules a été également bonne et les besoins structurels d'aide alimentaire sont estimés au plus bas. Les prix du paddy ont baissé jusqu'à 50 pour cent des niveaux habituels après la récolte exceptionnelle et les niveaux élevés des stocks de report dus aux importations tardives effectuées dans le cadre de la campagne de commercialisation 2000/01 (avril/mai). Le faible prix du paddy a influé négativement sur les revenus des exploitants commerciaux et les perspectives concernant les semis de la nouvelle campagne, tout juste commencée, suscitent une vive inquiétude.

Ailleurs dans la sous-région, la production céréalière de 2001 accuse une baisse prononcée au Botswana, au Lesotho, en Namibie et au Swaziland. Malgré la capacité d'importation commerciale relativement forte de ces pays, les difficultés alimentaires n'épargnent pas les groupes vulnérables qui ont un faible pouvoir d'achat. En Angola, bien que la production vivrière ait augmenté cette année, la situation alimentaire d'un grand nombre de PDI reste très grave. La distribution de l'aide humanitaire continue d'être désorganisée par l'insécurité et l'insuffisance des ressources.



SITUATION ALIMENTAIRE CRITIQUE EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, TANDIS QUE LES PERSPECTIVES S'AMÉLIORENT AILLEURS DANS LES GRANDS LACS

En République démocratique du Congo, la situation vivrière est extrêmement tendue, particulièrement dans les zones orientales les plus touchées par la persistance des combats et de l'insécurité. Les semis pour la première campagne agricole de 2002 ont débuté dans de bonnes conditions météorologiques dans ces régions mais le conflit en cours continue de perturber les activités agricoles. Le nombre des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des réfugiés de pays voisins augmente sans cesse. L'accès à la population déplacée dans certaines zones s'est amélioré au cours des mois récents avec le retrait partiel des armées étrangères et le renforcement des troupes de maintien de la paix des Nations Unies. Toutefois, presque partout, l'insécurité continue à gêner la distribution d'aide alimentaire. Globalement, il est estimé que des quelque 2,5 millions de personnes déplacées, moins de la moitié ont accès aux secours humanitaires.

La situation nutritionnelle et sanitaire de la population déplacée cause de graves préoccupations. Des évaluations récentes indiquent des taux alarmants de malnutrition infantile dans la province de Katanga au sud-est, où il est signalé que 11 enfants meurent chaque jour. En général, la situation nutritionnelle reste préoccupante dans l'ensemble du pays, y compris à Kinshasa et dans d'autres agglomérations.

Au Rwanda, des pluies excessives en septembre et octobre ont gravement endommagé les récoltes dans les zones de haute altitude, principalement dans la province de Gisenyi au nord-ouest, mais aussi dans les provinces de Gitarama et Gikongoro. Des pertes en vies humaines et la dévastation des logements et des infrastructures, dues aux inondations, ont été signalées. Il est estimé que 5 000 ménages ont été gravement touchés par les inondations et ont besoin de secours d'urgence.

La situation générale des disponibilités alimentaires s'est considérablement améliorée après les bonnes récoltes des campagnes agricoles A et B en 2001. En particulier, les zones touchées par la sécheresse récurrente au cours des années récentes ont obtenu de bonnes récoltes cette année. Les prix se sont stabilisés et les besoins d'importation ont considérablement diminué.

Au Burundi, la situation de la sécurité reste instable dans de nombreuses zones. Des épisodes de violence sont toujours signalés dans les provinces de Makamba, Rutana et Ruyigi. Des attaques armées ont également été observées à Bujumbura Rural et dans la banlieue de Bujumbura, la capitale.

La situation générale des disponibilités alimentaires s'est améliorée grâce à la forte augmentation de la production vivrière en 2001. La situation nutritionnelle est aussi meilleure, avec une baisse du nombre des bénéficiaires dans les centres de nutrition au cours des derniers mois. Toutefois, l'aide alimentaire d'urgence continue d'être nécessaire pour environ 432 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays et autres segments vulnérables de la population.



PERSPECTIVES ALIMENTAIRES FAVORABLES AU SAHEL, MAIS LES DIFFICULTÉS PERSISTENT DANS PLUSIEURS PARTIES D'AFRIQUE DE L'OUEST

Au Sahel, la saison des pluies est terminée et les perspectives de récolte sont bonnes. Les pluies ont commencé à temps et ont été dans l'ensemble bien réparties et régulières en juin, juillet et août. Aucun épisode de sécheresse prolongée ne s'étant produit, il n'a fallu répéter les semis que très ponctuellement de façon localisée. Toutefois, en septembre, les précipitations ont cessé un peu tôt au Burkina Faso et sont restées inférieures à la moyenne au Cap-Vert. En général, la situation a été calme en ce qui concerne les ravageurs. Les pluies ont permis une régénération satisfaisante des pâturages et la reconstitution des réserves d'eau.

En octobre 2001, des missions conjointes FAO/CILSS d'évaluation des récoltes dans les neuf pays membres du CILSS ont estimé la production céréalière totale pour 2001 aux environs de 11,7 millions de tonnes, bien au-dessus de la production de 2000 et au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Des récoltes records ont été estimées au Burkina Faso, en Gambie et au Niger, tandis que la production était supérieure à la moyenne au Tchad, au Mali et au Sénégal. Les perspectives sont moins favorables au Cap-Vert, en Mauritanie et en Guinée-Bissau par rapport à l'année dernière.

Après ces bonnes récoltes, la situation générale des disponibilités alimentaires s'est améliorée, particulièrement dans certaines zones du Burkina Faso, du Tchad et du Niger, où les récoltes avaient été médiocres l'an passé. Les agriculteurs pourront reconstituer leurs stocks de céréales, tandis que la reconstitution des réserves vivrières nationales, vidées par les distributions d'aide alimentaire ou les ventes à des prix subventionnés pendant la saison maigre de 2001, sera facilitée par les prix bas des céréales sur les marchés locaux. Des déficits localisés dans certaines régions peuvent être couverts par des transferts à partir des zones excédentaires. Globalement, donc, la situation des approvisionnements alimentaires au Sahel devrait être stable pendant la campagne de commercialisation 2002.

Parmi les pays riverains du Golfe de Guinée, les difficultés alimentaires persistent pour certains d'entre eux. En Guinée, bien que les perspectives de récolte soient favorables, sous l'effet de conditions météorologiques généralement bonnes, l'inondation en Haute Guinée en août et septembre a touché quelque 220 000 personnes et détruit plus de 20 000 hectares de cultures. Dans les zones frontalières, les incursions récurrentes de rebelles de la Sierra Leone ont également nui à l'agriculture et aux activités de commercialisation. La situation de la sécurité s'est améliorée récemment sauf dans la région de Kissidougou, en Guinée du Sud. Les réfugiés de Parrot's Beak ont été réinstallés dans de nouveaux camps en Haute Guinée. Les PDI sont environ 180 000 dans le pays.

Au Libéria, la période de végétation s'est déroulée dans de bonnes conditions pour le riz, dont la récolte est imminente. Toutefois des difficultés de disponibilités alimentaires subsistent car l'appareil productif national souffre encore des séquelles de plusieurs années de guerre civile. Les estimations font état d'environ 70 000 réfugiés de la Sierra Leone, dont la plupart dans le comté de Lofa, l'une des principales régions rizicoles du Libéria. Les combats récents dans le pays ont perturbé les activités agricoles et déplacé des milliers de personnes. Les distributions de vivres sont en cours dans les camps de PDI mais certaines zones restent inaccessibles aux organisations humanitaires.

En Sierra Leone, la production de riz devrait dépasser le volume de l'année dernière grâce à l'augmentation des superficies ensemencées consécutive au retour des agriculteurs et à l'amélioration des conditions de distribution des intrants. Toutefois, la situation des approvisionnements alimentaires reste tendue après toutes les années de troubles intérieurs. Environ 400 000 PDI et rapatriés sont actuellement abrités dans divers camps mais la plupart se trouvent dans les principales villes et dans les districts de Tonkili et de Port Loko. La sécurité améliorée a facilité l'accès aux populations vulnérables. La Sierra Leone continue d'être largement tributaire de l'aide alimentaire internationale.



DOMAINES D'INTERVENTION PRIORITAIRES

Tandis que les perspectives alimentaires globales pour l'Afrique subsaharienne sont meilleures qu'elles n'étaient l'an passé au même moment, plusieurs pays ont encore besoin d'aide alimentaire et d'un appui pour relancer l'agriculture nationale et mener à bien les programmes de reconstruction. La communauté internationale est invitée à porter l'attention sur les domaines suivants, pour lesquels une intervention prioritaire est nécessaire.

Premièrement, une aide alimentaire d'urgence est nécessaire en Somalie où la situation alimentaire se détériore rapidement en raison de la sécheresse, de l'insécurité accrue et de la diminution marquée des recettes en devises et des rapatriements de salaires. Il est estimé que près de 800 000 personnes risquent de graves pénuries alimentaires, voire la famine, si une aide alimentaire n'est pas fournie de toute urgence.

Deuxièmement, en Afrique australe, de graves pénuries alimentaires apparaissent au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe, principalement à cause des intempéries pendant la dernière campagne agricole. Étant donné la capacité restreinte d'importations commerciales de ces pays, une aide alimentaire internationale est nécessaire pour atténuer les souffrances des populations touchées.

Troisièmement, un soutien international soutenu est nécessaire pour le redressement et la reconstruction du secteur agricole dans les pays à peine sortis de plusieurs années de conflits ou de situations d'urgence. Parmi ces pays figurent l'Érythrée, le Libéria, le Mozambique et la Sierra Leone.

Quatrièmement, les situations d'urgence complexes et prolongées en Angola et en République démocratique du Congo devraient bénéficier d'une attention soutenue, aboutissant à des solutions qui permettent d'apporter aux populations souffrantes de ces pays les secours dont elles ont désespérément besoin.


FAO/SMIAR - d�cembre 2001

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