FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.1, avril 2002 p.3

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FAITS SAILLANTS

Plusieurs pays d’Afrique australe sont menacés par une crise alimentaire suite à une forte baisse de la production de maïs en 2001 et aux mauvaises perspectives concernant les récoltes de cette année. De graves pénuries alimentaires touchent le Malawi, le Zimbabwe et la Zambie, dont les réserves alimentaires sont épuisées et où une grande partie de la population ne peut se procurer de denrées alimentaires en raison de leur prix excessif. Au Malawi, la production de maïs a enregistré l’an dernier une baisse de 33 pour cent, imputable surtout aux pluies torrentielles et aux inondations qui sont venues aggraver les effets d’un acheminement tardif des intrants agricoles. La réserve stratégique de céréales est épuisée et l’importation de maïs est fortement ralentie par des problèmes de transport. Le prix du maïs est par conséquent monté en flèche, avec une hausse de 300 pour cent depuis juillet 2001. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence et demandé une aide alimentaire à la communauté internationale. Au Zimbabwe, la production de maïs de 2001 - nettement inférieure à la moyenne en raison d’une réduction des semis, de périodes de sécheresse et de pluies torrentielles - est en baisse de 28 pour cent par rapport à celle de l’année précédente. Les stocks de maïs sont épuisés et l’importation est gravement compromise par une pénurie de devises. Le gouvernement a sollicité l’aide de la communauté internationale. En Zambie, les effets conjugués des pluies torrentielles, des inondations et de la sécheresse qui a sévi dans les régions méridionales ont fait reculer d’un quart la production de maïs de 2001. Comme au Malawi, des problèmes de transport compliquent gravement l’importation de maïs et le gouvernement a également dû demander de l’aide. La situation alimentaire est également préoccupante dans les régions méridionales du Mozambique ainsi que pour les populations rurales vulnérables du Lesotho, du Swaziland et de la Namibie touchées par les mauvaises récoltes de l’an dernier. On s’attend à une aggravation de la situation dans plusieurs pays en 2002/2003 car la production de cette année devrait encore enregistrer une baisse.

En Afrique de l’Est, la situation globale des disponibilités alimentaires s’est considérablement améliorée par rapport à l’an dernier, surtout grâce à de bonnes conditions métrologiques. Les excédents de céréales accumulés dans de nombreuses régions ont entraîné une baisse record des prix. Celle-ci ayant amputé le revenu des exploitants, il est question de réduire les semis lors de la prochaine campagne. Du fait d’une sécheresse persistante, de graves pénuries alimentaires continuent cependant à toucher la plupart des régions pastorales de la Somalie, du Kenya et de l’Éthiopie. En Érythrée, malgré une bonne récolte, un nombre important de personnes déplacées à l’intérieur du pays et de réfugiés en provenance du Soudan sont tributaires de l’aide alimentaire. Dans l’ensemble de la sous-région, 11 millions environ de personnes touchées par la sécheresse et/ou un conflit ont encore besoin d’une aide alimentaire.

Dans la région des Grands Lacs, les troubles intérieurs continuent à mettre en péril la sécurité alimentaire de millions de personnes. Dans la République démocratique du Congo, la situation alimentaire de plus de 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays reste extrêmement préoccupante. Il est difficile d’avoir accès à cette population, en particulier dans les régions qui sont sous le contrôle des rebelles et où l’insécurité entrave les opérations de secours. Deux bonnes récoltes successives ont considérablement amélioré la situation des disponibilités alimentaires au Rwanda et au Burundi. Dans certaines provinces de ce dernier pays, la situation reste toutefois instable et la violence qui éclate fréquemment force les populations rurales à se déplacer et perturbe la production vivrière.

En Afrique de l’Ouest, la situation alimentaire de 2002 est généralement encourageante, les récoltes ayant été exceptionnelles dans les pays du Sahel et satisfaisantes dans les autres. La situation des disponibilités alimentaires reste toutefois précaire en Mauritanie, où la récolte a été inférieure à la moyenne. Les choses se sont encore aggravées suite aux pluies torrentielles tombées en janvier dernier - ce qui est inhabituel pour la saison - et aux inondations qui ont fait des centaines de sans-abri et, selon les estimations, entraîné la mort de 120 000 têtes de bétail. Au Libéria, une reprise des troubles intérieurs a provoqué un nouveau déplacement de populations, des milliers de personnes ayant abandonné leur foyer pour se réfugier dans d’autres régions ou dans les pays avoisinants. En Sierra Leone, malgré une amélioration de la situation sur le plan de la sécurité, une véritable reprise de la production alimentaire reste pour l’instant peu probable. Ces deux pays resteront encore un certain temps tributaires de l’aide alimentaire internationale.

Les besoins d’importations céréalières de l’Afrique subsaharienne devraient continuer à être élevés en 2002, compte tenu de la forte baisse de la production céréalière qui devrait toucher l’Afrique australe. Les besoins d’importations céréalières pour 2001/2002 sont estimés à 15,9 millions de tonnes, dont 1,7 million de tonnes d’aide alimentaire.


FAO/SMIAR - avril 2002

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