FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.1, avril 2002 p.4

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PREMIÈRE PARTIE: VUE D’ENSEMBLE

Les perspectives de l’alimentation pour l’Afrique subsaharienne en 2002 sont généralement contrastées: plutôt encourageantes en Afrique de l’Est et en Afrique de l’Ouest, où les récoltes de céréales ont été satisfaisantes, moroses en revanche en Afrique australe en raison d’une forte baisse de la production de maïs en 2001 et d’une baisse prévue de la production céréalière de cette année dans presque tous les pays de la sous-région.


L’AFRIQUE AUSTRALE EST MENACÉE PAR DE GRAVES PÉNURIES ALIMENTAIRES

Dans la plupart des pays d’Afrique australe, la situation alimentaire, déjà précaire - la production céréalière de 2001 a en effet enregistré une forte baisse, imputable à des périodes de sécheresse prolongées, des inondations et à l’interruption des activités agricoles - pourrait encore s’aggraver, puisque l’on s’attend encore, pour la deuxième année consécutive, à une chute de la production céréalière. En février 2002, le Système mondial d’information et d’alerte rapide sur l’alimentation et l’agriculture de la FAO a publié une alerte spéciale pour signaler l’apparition dans la sous-région de graves pénuries alimentaires mettant en péril quelque 4 millions de personnes.

Au Zimbabwe, la mauvaise récolte céréalière de l’an dernier, des contretemps dans les importations de maïs et la crise économique et financière qui touche l’ensemble du pays menacent sérieusement les disponibilités alimentaires. Le gouvernement avait prévu d’importer 200 000 tonnes de maïs dès novembre 2001, mais une importante pénurie de devises a empêché la réalisation de ce projet: fin mars, 80 000 tonnes seulement étaient arrivées dans le pays. Le gouvernement a demandé une aide alimentaire internationale. Le PAM a annoncé qu’il débloquait 60 millions de dollars E.-U. pour la livraison, d’ici à novembre 2002, de 94 000 tonnes de céréales en faveur des populations urbaines et rurales touchées par de graves pénuries alimentaires. A la fin mars, les aides annoncées ne permettaient cependant de couvrir que 30 pour cent des besoins effectifs et le pays n’avait reçu que 5 000 tonnes de céréales.

Les perspectives concernant la sécurité alimentaire du pays sont peu encourageantes. La récolte de maïs s’annonce médiocre, comme l’an dernier, du fait d’une réduction des semis et de la sécheresse. L’épuisement des réserves publiques de maïs et la détérioration de la situation économique laissent prévoir une crise alimentaire en 2002/2003. Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires doit se rendre sur place du 23 avril au 11 mai 2002 pour évaluer la situation alimentaire et estimer les besoins d’importation et d’aide alimentaire pour la campagne de commercialisation 2002/2003 (avril/mars).

Au Malawi, le gouvernement a proclamé l’état d’urgence dans le pays et demandé à la communauté internationale une aide alimentaire pour éviter une famine. Cette situation est due à la mauvaise récolte de 2001, à l’épuisement des réserves stratégiques de céréales et à une planification trop tardive des importations de maïs. On a signalé des cas de décés par inanition ainsi que de graves problèmes nutritionnels. Le gouvernement du pays a lui aussi décidé d’importer 150 000 tonnes de maïs, dont seulement 83 000 étaient parvenues à destination à la fin mars, principalement à cause de problèmes de transport. La hausse considérable du prix du maïs rend l’approvisionnement en nourriture difficile pour une importante partie de la population. Le PAM distribue une aide alimentaire d’urgence aux familles les plus touchées.

En raison d’une longue période de sécheresse, les prévisions concernant la récolte céréalière de cette année se sont assombries. La production de maïs devrait baisser pour la deuxième année consécutive. La faim pousse la population à consommer du maïs qui n’est pas encore mûr, ce qui va atténuer les réserves dont disposera le pays pour la campagne de commercialisation 2002/2003 (avril/mai). Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires se rendra sur place entre le 22 avril et le 10 mai 2002 avec les mêmes objectifs que celle qui doit se rendre au Zimbabwe.

En Zambie, la situation des disponibilités alimentaires est critique, en raison de la mauvaise récolte céréalière de la dernière campagne et des retards dans les importations de maïs. On estime que, fin avril, - soit au terme de la campagne de commercialisation en cours - le pays n’aura reçu que 60 pour cent des 150 000 tonnes de maïs qui devaient être importées. Le prix du maïs est extrêmement élevé, ce qui rend l’approvisionnement en nourriture difficile pour une importante partie de la population. Le gouvernement a demandé à la communauté internationale une aide alimentaire en faveur des 2 millions de personnes habitant dans les districts dans lesquels l’état d’urgence a été proclamé. Le PAM a commencé fin janvier à distribuer une aide alimentaire d’urgence. A la fin du mois de mars, l’aide alimentaire annoncée permettait de couvrir 60 pour cent des besoins effectifs. On s’attend cependant à ce que 20 000 tonnes seulement soient distribuées avant la prochaine récolte.

La récolte céréalière de cette année s’annonce médiocre. La longue période de sécheresse qui a sévi dans les régions méridionales a sans doute fait baisser fortement les rendements sur de vastes zones de production. Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires doit se rendre sur place du 6 au 24 mai 2002.

Au Mozambique, la situation alimentaire reste préoccupante dans les provinces méridionales de Maputo, de Gaza et de Inhambane, où la récolte de céréales de 2001 a été très médiocre. Une aide alimentaire d’urgence est distribuée dans ces provinces à 172 000 personnes vulnérables. Selon de récentes estimations, 40 000 ménages ont perdu plus de 60 pour cent de la production prévue à cause d’une forte vague de sécheresse. Il s’agit de la troisième mauvaise récolte consécutive enregistrée dans ces provinces.

Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires doit se rendre sur place du 22 avril au 10 mai 2002.

Au Lesotho, la situation des disponibilités alimentaires est également rendue difficile par un recul de la production céréalière de 2001 et une insuffisance des importations commerciales. Les réserves alimentaires sont presque épuisées et certains ménages touchés par la mauvaise récolte de l’an dernier souffrent déjà de pénuries alimentaires. Les organisations d’aide humanitaire distribuent des vivres à 36 000 personnes parmi les plus touchées. La situation risque d’empirer car les pronostics concernant la récolte céréalière de 2002 sont de plus en plus pessimistes en raison des fortes pluies qui se sont abattues sur le pays au cours des derniers mois. La production devrait, pour la troisième année consécutive, être inférieure à la moyenne. Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires doit se rendre sur place du 25 avril au 4 mai 2002.

Au Swaziland, les perspectives concernant la récolte céréalière de cette année se sont assombries, une période de sécheresse survenue à mi-campagne ayant été préjudiciable aux rendements. Le pays risque ainsi d’avoir pour la troisième année de suite une récolte inférieure à la moyenne. La situation des disponibilités alimentaires est critique en raison de la mauvaise récolte de l’an dernier et de l’insuffisance des importations. Le gouvernement fournit une aide alimentaire d’urgence aux familles vulnérables les plus touchées par ces mauvaises récoltes successives. Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires doit se rendre sur place du 15 au 24 avril 2002.

En ce qui concerne les autres pays de la sous-région, la situation alimentaire reste précaire en Angola, en raison du conflit civil qui déchire le pays depuis longtemps ainsi qu’en Namibie, où les récoltes de l’an dernier ont été médiocres. A Madagascar, la crise politique actuelle est préjudiciable à l’ensemble du commerce. En revanche, on prévoit pour 2002 une bonne récolte de maïs en Afrique du Sud - le plus gros producteur et importateur de la sous-région - et une production en hausse par rapport à celle, inférieure à la moyenne, de l’an dernier.


LA SITUATION DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES S’AMÉLIORE EN AFRIQUE DE L’EST, MAIS DES DIFFICULTÉS PERSISTENT DANS CERTAINES RÉGIONS

Bien que la plupart des pays d’Afrique de l’Est aient fait de bonnes récoltes en 2001/2002, les sécheresses catastrophiques qui ont sévi récemment, les séquelles d’anciens conflits ou les conflits actuels font peser une forte menace sur la sécurité alimentaire d’un nombre de personnes estimé à 11 millions.

En Érythrée, malgré la forte reprise de la production céréalière qui a marqué la principale campagne agricole de 2001, la situation alimentaire d’un grand nombre de personnes reste précaire en raison du récent conflit avec l’Éthiopie et de la sécheresse. Environ 1,3 million de personnes restent tributaires de l’aide alimentaire d’urgence. La sécheresse qui persiste dans certaines régions (notamment Anseba, Debub, le nord et le sud de la Mer Rouge) suscite également une vive inquiétude.

En Éthiopie, une récolte de céréales exceptionnelle lors de la principale campagne de l’an dernier, précédée par une bonne récolte «belg» (ou «des courtes pluies») ont considérablement amélioré les perspectives concernant les disponibilités alimentaires pour 2002. Selon les prévisions de la mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires qui s’est rendue dans le pays en décembre 2001, la production de céréales et de légumineuses de la principale campagne (« meher ») devrait atteindre 12,3 millions de tonnes, soit 9 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. La chute du prix de marché des céréales survenue dans les principales zones de production crée de graves difficultés financières pour les agriculteurs. Malgré cette bonne récolte, on estime cependant à 5,2 millions le nombre de personnes menacées par de graves pénuries alimentaires auxquelles il faut fournir une aide alimentaire. Dans les zones pastorales du sud-est du pays, la sécheresse persistante est à l’origine de déplacements de personnes et de bétail inhabituels en cette saison.

Au Kenya, la situation des disponibilités alimentaires s’est grandement améliorée grâce aux pluies bénéfiques qui sont tombées sur les principales zones de production. Le revenu des exploitants agricoles se ressent cependant de la baisse abrupte du prix du maïs. Dans les régions du nord et de l’est, les pluies ne sont pas tombées en quantité suffisante pendant la campagne actuelle pour redonner espoir aux éleveurs, encore marqués par les effets de la terrible sécheresse qu’ils ont eu à endurer récemment.

En Somalie, bien que la récente récolte céréalière de la campagne secondaire (« Deyr ») ait été meilleure que prévu, jusqu'à 500 000 personnes sont menacées par de graves pénuries alimentaires. En 2001, les médiocres récoltes de la principale campagne (« Gu »), les difficultés que connaît le pays à se remettre de la série de sécheresses de ces dernières années et les effets d’une insécurité qui règne depuis des années ont entamé la capacité des ménages à gérer les situations difficiles. Le maintien de l’embargo imposé par certains pays de la péninsule arabique sur les importations de bétail en provenance d’Afrique de l’Est entretient une pénurie de devises qui réduit les possibilités d’importation du pays.

Au Soudan, les disponibilités alimentaires sont généralement suffisantes grâce à la bonne récolte céréalière faite - dans le nord comme dans le sud du pays - lors de la principale campagne de 2001. Des récoltes exceptionnelles dans le centre et le nord-est ont entraîné une forte baisse des prix qui est préjudiciable aux agriculteurs. En revanche, plusieurs zones situées dans le sud du pays - en particulier dans les provinces d’Equatoria (Est et Ouest) et de Bahr-el-Ghazal - sont confrontées à de graves pénuries alimentaires consécutives aux déplacements de populations et à l’insécurité. Par ailleurs, dans l’ouest du pays, certaines régions du grand Darfour et du Kordofan ont fait de mauvaises récoltes en raison de l’irrégularité des précipitations. Dans ces régions, une aide alimentaire devra être fournie à un nombre important de personnes jusqu'à la prochaine récolte.

En Tanzanie, la situation des disponibilités alimentaires est stable dans l’ensemble. Le prix du maïs continue cependant à monter dans le sud du pays, en raison de l’augmentation des exportations (souvent non officielles) à destination des pays voisins (Malawi, Zambie, République démocratique du Congo) qui sont menacés par de graves pénuries alimentaires. On a également noté une hausse des prix sur la côte orientale et dans le nord en raison des maigres récoltes de la campagne «vuli».

En Ouganda, la situation des disponibilités alimentaires est globalement satisfaisante, grâce aux bonnes récoltes engrangées récemment et à l’amélioration de l’état des pâturages. Des difficultés alimentaires persistent cependant dans certaines régions des districts de Katakwi et de Moroto, en raison de sécheresses localisées et/ou de l’insécurité.


LA SITUATION ALIMENTAIRE RESTE PRÉCAIRE EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO MAIS S’AMÉLIORE DANS LES AUTRES PAYS DE LA RÉGION DES GRANDS LACS

En République démocratique du Congo, l’économie et l’agriculture continuent à pâtir de la guerre civile et des déplacements de populations qu’elle occasionne. La situation alimentaire et nutritionnelle de plus de 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, en particulier dans les régions du nord-est, et de plus de 330 000 réfugiés en provenance des pays avoisinants est hautement préoccupante. On estime que dans les provinces orientales 64 pour cent de la population souffrent de sous-alimentation. La pauvreté a atteint une ampleur considérable: selon les estimations 16 millions de personnes - soit un tiers de la population du pays - sont dans une situation d’insécurité alimentaire. Si la simplification des procédures auxquelles sont assujetties les organismes internationaux leur pemettent d’accéder plus facilement aux régions qui sont sous le contrôle du gouvernement, l’insécurité et la violence rendent extrêmement difficile la distribution de l’aide humanitaire dans les régions tenues par les rebelles.

Au Burundi, la situation alimentaire s’est globalement améliorée grâce à la récolte satisfaisante de la première campagne de 2001, surtout en ce qui concerne les cultures non céréalières. Ce bon résultat s’explique par la sécurité relativement accrue qui règne dans la majeure partie du pays et par les bonnes conditions climatiques qui ont accompagné la période de végétation. Sur les grands marchés de province, le prix des denrées de base est nettement moins élevé que l’an dernier. La production a cependant souffert de l’insécurité dans les provinces orientales et dans certaines zones de Bujumbura Rural.

Malgré l’accord de paix signé dans le courant 2000, ces provinces ne connaissent encore qu’une sécurité toute relative. En mars, de violents combats entre les forces du gouvernement et les rebelles ont entraîné le déplacement d’un grand nombre de personnes. Selon les estimations, ces déplacements auraient touché jusqu'à 80 000 civils depuis janvier 2002.

Au Rwanda, des récoltes supérieures d’un tiers à celles de l’an dernier pour la première campagne de 2002 ont considérablement amélioré la situation des disponibilités alimentaires. Les marchés sont bien approvisionnés en denrées alimentaires de base.

Le prix des denrées alimentaires, extrêmement bas depuis 1994, a encore chuté en janvier dernier avec l’arrivée sur les marchés des produits de la dernière récolte, puis il s’est stabilisé. Malgré la bonne situation des disponibilités alimentaires, l’insécurité continue à menacer de nombreux ménages, en particulier dans les provinces de Gikongoro, Butare et Gisenyi.


LA SITUATION GLOBALE DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAURES EST SATISFAISANTE EN AFRIQUE DE L’OUEST, MAIS DES DIFFICULTÉS PERSISTENT DANS CERTAINES RÉGIONS

Dans les neuf pays du Sahel, la totalité de la production céréalière de 2001 est estimée à 11,7 millions de tonnes, niveau record qui correspond à une hausse de 26 pour cent par rapport à l’an dernier et d’environ 20 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les récoltes faites au Burkina Faso, en Gambie et au Niger ont été exceptionnelles; celles du Tchad, du Mali et du Sénégal ont été supérieures à la moyenne. Au Cap-Vert, la production a été inférieure à celle de l’an dernier tout en restant supérieure à la moyenne. Au début du mois de janvier, de fortes pluies et un temps froid inhabituels pour la saison ont touché certaines zones de la sous-région, faisant quelques morts et des milliers de sans-abri, surtout au Sénégal et en Mauritanie.

Des récoltes satisfaisantes permettent d’envisager la situation alimentaire de 2002 avec optimisme. Les ménages vont pouvoir reconstituer des réserves qui, dans certains pays, étaient épuisées. Il se pourrait cependant que certains segments de la population aient des difficultés à se procurer des denrées alimentaires: suite à des inondations ou des vagues de sécheresse, le prix des céréales est en effet supérieur à la moyenne dans certains pays. Selon les estimations de la mission conjointe FAO/CILSS d’évaluation des récoltes qui s’est rendue en Mauritanie en octobre 2001, la production céréalière totale de 2001 serait, avec environ 160 000 tonnes, inférieure à celle de l’an dernier et à la moyenne. Ce recul s’explique principalement par l’insuffisance des réserves d’eau d’irrigation. Les difficultés que cela a entraîné pour les disponibilités alimentaires ont encore été aggravées par les fortes pluies et le temps froid qui, dans les régions de Brakna, de Trarza et de Gorgol, ont fait des victimes, des milliers de sans-abri et causé la mort de plus de 120 000 têtes de bétail. Le prix des céréales, déjà plus élevé que l’an dernier, est monté en flèche sur la plupart des marchés locaux.

Au Libéria, des conditions météorologiques dans l’ensemble satisfaisantes font que la récolte de paddy de 2001 devrait dépasser les 144 000 tonnes de l’an dernier. Sur le plan de la sécurité, la situation s’est toutefois dégradée au cours des derniers mois, à tel point que, le 8 février 2001, le gouvernement à décrété l’état d’urgence. On a signalé la présence d’environs 60 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays près de Monrovia et dans le proche comté de Bong et d’au moins 12 000 réfugiés en provenance du Libéria à Jendema, ville située sur la frontière avec la Sierra Leone. Tout laisse à penser qu’en raison de ces flambées de violence et des déplacements de la population agricole qui en résultent, le pays va continuer à dépendre de l’aide alimentaire internationale. Dans l’ensemble du pays, 75 000 personnes déplacées bénéficient actuellement de l’aide du PAM.

En Sierra Leone, la production céréalière de 2001 est estimée à 348 000 tonnes. Ce résultat, meilleur que celui de l’an dernier, est dû à un accroissement des semis (rendu possible par le retour des réfugiés et des agriculteurs qui avaient été déplacés dans le pays) ainsi qu’à une amélioration de la situation en ce qui concerne la distribution des intrants agricoles. Le pays semble avoir retrouvé une relative sécurité. Plus de 47 000 combattants - parmi lesquels on compte des centaines d’enfants-soldats - ont déposé les armes et, le 18 janvier, le président a déclaré que le désarmement était terminé. Le pays restera cependant tributaire de l’aide alimentaire internationale jusqu’au redressement définitif de la production alimentaire.

En Guinée, de bonnes récoltes en 2000 et 2001 font que la situation des disponibilités alimentaires est dans l’ensemble encourageante. Selon les estimations, la production totale de céréales serait de 1 026 000 tonnes, résultat légèrement inférieur à celui de l’an dernier mais supérieur à la moyenne. Les marchés sont bien approvisionnés, sauf dans le sud-est du pays où les fréquentes attaques de rebelles venus de Sierra Leone continuent à perturber les activités agricoles. La présence d’une importante population de réfugiés et l’instabilité durable qui règne dans les pays avoisinants éprouvent lourdement le pays. Les heurts qui se sont produits dans le pays ou à proximité ont entraîné une hausse du nombre de personnes déplacées. Un appel global interinstitutions des Nations Unies a été lancé le 26 novembre 2001 dans le but d’aider le pays à surmonter une situation très préoccupante sur le plan humanitaire.

Dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest, la situation des disponibilités alimentaires est satisfaisante en dépit de quelques déficits vivriers localisés (comme, par exemple, dans le nord du Ghana).


LE POINT SUR LES ANNONCES ET LES LIVRAISONS D’AIDE ALIMENTAIRE

L’amélioration des récoltes dans certaines régions devrait permettre de réduire les besoins d’importations de céréales de l’Afrique subsaharienne en 2001/2002. Ces besoins restent cependant importants, car on prévoit pour 2002 une récolte peu abondante en Afrique australe et la production de l’an dernier a enregistré une forte baisse. Les dernières estimations du SMIAR concernant la production céréalière de 2001 et les besoins en matière d’importations et d’aide alimentaire figurent dans le tableau 1. Les besoins d’aide alimentaire devraient être de l’ordre de 1,7 million de tonnes, soit 36 pour cent de moins que pour 2000/2001. Une aide alimentaire de 0.9 million de tonnes de céréales a été annoncée (ce chiffre comprend les reports de 2000/2001) dont 0.8 million de tonnes ont pour l’instant été livrées.


DOMAINES D’INTERVENTION PRIORITAIRES

Dans plusieurs pays d’Afrique australe, la gravité de la situation en matière de disponbilités alimentaires suscite une vive inquiétude. La production vivrière devrait être en baisse pour la deuxième année consécutive, principalement en raison des mauvaises conditions météorologiques. En Afrique de l’Est, la population souffre encore des conséquences des récentes sécheresses et des conflits qui ont éclaté dans certaines régions; une aide alimentaire doit être fournie à environ 11 millions de personnes. Par ailleurs, les troubles intérieurs continuent à perturber la production vivrière dans les pays suivants: Angola, Burundi, Guinée, Libéria, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Somalie et Soudan. Il faut prévoir une aide alimentaire pour les populations touchées de ces pays.

Dans ce contexte, la communauté internationale devra cibler son action sur les domaines d’intervention prioritaire suivants:

Premièrement: priorité doit être accordée à la fourniture d’une aide alimentaire aux pays d’Afrique australe dans lesquels une crise alimentaire semble imminente, en particulier le Malawi, mais aussi le Mozambique, le Lesotho et le Swaziland.

Deuxièmement: il faut poursuivre la distribution d’aide alimentaire aux populations de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne touchés par des conflits et de mauvaises conditions météorologiques, notamment l’Angola, le Burundi, l’Érythrée, l’Éthiopie, la Guinée, le Kenya, le Libéria, la République démocratique du Congo, la Sierra Leone, la Somalie et le Soudan.

Troisièmement: dans le cadre de leurs programmes d’aide alimentaire en faveur de l’Afrique subsaharienne, les donateurs sont instamment priés d’accorder la priorité aux achats locaux et aux opérations triangulaires afin de soutenir la production vivrière intérieure.


FAO/SMIAR - avril 2002

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