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1.REVISION ET EVALUATION DES INFORMATIONS DISPONIBLES

1.1 Aspects socio-économiques

1.1.1 Valeur économique

Informations qualitatives

Les PFNL au Cameroun, constituent une source monétaire pour les ménages ruraux et urbains qui les récoltent, les chassent, les pêchent, les produisent, les achètent et les revendent tout au long de l'année ou de façon saisonnière.

Tous les PFNL rencontrés au Cameroun se retrouvent dans tous les marchés locaux et nationaux, où ils sont vendus, achetés et revendus (FAO, 1999a; FAO 1999b). Certains constituent déjà une source de devises pour l'économie du pays. Il s'agit surtout de:Dacryodes edulis, Gnetum africanum, Ricinodendron heudelotii, Cola spp, Garcinia kola, Irvingia gabonensis, Prunus africana,etStrophantus gratus. Le Cameroun exporte ces PFNL vers le Nigeria, le Gabon, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et l'Europe (Ndoye, 1995; Ndoye et al. 1997 ; Ndoye et al., 1998; Perez et al., 1999, Ayuk et al., 1999a; Ayuk et al., 1999b; Tabuna, 1999).

Les travaux de Tabuna (1999) révèlent que, d'une manière générale, les pays du Bassin du Congo (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République Démocratique du Congo, République du Congo) exportent des quantités considérables de ces PFNL vers l'Europe où les marchés les plus importants étant localisés en France et en Belgique.

Informations quantitatives

Il n'existe encore aucune structure formelle permettant de déterminer la valeur économique des PFNL au Cameroun. Toutefois, certains PFNL font déjà l'objet d'une attention particulière en ce qui concerne cet aspect. Il s'agit de:

• Dacryodes edulis:Tabuna (1999) révèle que, en 1998, le Cameroun a exporté vers l'Europe, 1 000 tonnes de fruits deDacryodes edulis.

• Gnetum africanum:Un rapport de AEFRD (1993) évalue à 428 tonnes la quantité deGnetumspp. exportées vers le Nigeria en 1992. Le rapport d'une mission d'évaluation du MINEF effectué dans la zone du Mont Cameroun (Sud-ouest) indique que 5 296 415 tonnes deGnetum africanumont été exportées vers le Nigeria de 1985 à 1994 (Bokwe et Ngantun, 1994). Selon Tabuna (1999), le Cameroun a exporté vers l'Europe 50 tonnes deGnetumspp. en 1998. Une enquête menée dans le cadre de cette étude a révélé que entre 1993 et 1999, le Cameroun a exporté 2 010 et 63.3 tonnes deGnetum africanumvers le Nigeria par voie maritime et vers l'Europe par voie aérienne respectivement.

• Ricinodendron heudelotii:Quatre tonnes d'amandes deRicinodendronheudelotiiont été exportées vers l'Europe en 1998 (Tabuna, 1999).

• Cola spp:Cunningham et Mbenkum (1993) estiment à 92.448 tonnes la quantité de noix deCola sppqui a été exporté vers le Nigeria et la République centrafricaine en 1992. Deux tonnes de noix deCola spp. ont été exportées vers l'Europe en 1998 (Tabuna 1999).

• Garcinia kola:Trois tonnes d'écorces et de graines deGarcinia kolaont été exportées vers l'Europe en 1998 (Tabuna, 1999).

Irvingia gabonensis:Cinq tonnes de fruits et amandes d'Irvingia gabonensisont été exportées vers l'Europe en 1998.

Toutes ces exportations génèrent des revenus, certes encore faibles, mais suffisamment considérables pour l'économie du pays. A titre d'exemple, Ndoye et al (1998) estiment queDacryodes edulis,Gnetum africanum,Irvingia gabonensis, Cola spp, Garcinia kola et Ricinodendron heudelotiiont généré environ FCFA306 millions (soit $EU419 178) en 1995 et FCFA1 117 millions en 1996 ($EU1 530 137).

L'enquête menée dans le cadre de cette étude et citée plus haut révèle que les frais d'expédition deGnetum africanumpar voie aérienne ont généré environ FCFA28 160 000 ($EU38 575) de 1993-1999. En dehors de la taxe phytosanitaire relativement faible, le transport par voie maritime dans des pirogues n'est pas sous contrôle de l'Etat et ne génère pas de frais rentrant directement dans les caisses de l'Etat.

1.1.2 Consommation

Informations qualitatives

Les différents usages et modes de consommation des PFNL au Cameroun ont largement été décrits par FAO (2000). En résumé, les PFNL sont entre autres utilisés au Cameroun comme source d'aliments, produits traitants en médecine traditionnelle et pharmacopée, dans la construction, l'artisanat et la décoration, en cosmétique et dans le quotidien, comme fourrage, produits touristiques, plantes ornementales, arbres de couverture et d'ombrage.

Informations quantitatives

A l'heure actuelle, les quantités de PFNL consommées ou utilisées localement sont difficiles à estimer. En effet, les acteurs impliqués dans la filière des PFNL, les récoltent, chassent, pêchent, vendent, achètent et revendent sans tenir de comptabilité. Par conséquent, les données détaillées sur les quantités récoltées, chassées, pêchées, consommées, vendues ou achetées et revendues à tous les niveaux sont assez rares.

Toute fois, des études ponctuelles menées dans diverses zones forestières par l'ICRAF, l'IRAD, le Programme Tropenbos-Cameroun, le programme ECOFAC-Cameroun et le CIFOR donnent déjà quelques statistiques locales (Debroux et Dethier, 1993; De Wachter, 1995; Kempkes, 1995; Ioveva, 1998; Ngandjui, 1998; Ngnegeu, 1998; Zeh, 1998; Ayuk etal.,1999 a, b, c ; Owono, 1999; Mevian, 2000; Manga, 2000, Marfor, 2000).

Tableau 1. Apercu des études menées sur des PFNL au Cameroun

PFNL étudiés

Localités des études

Fruits deDacryodes edulis

Nko'ovos II et d'autres villages du département de la Mvila (2°22' 2°29'N ; 10°17'et 12°14'E), dans le Sud

Feuilles deGnetumspp.

Bipindi-Lolodorf-Akom II dans le site de recherche du Programme Troppenbos-Cameroun (2°47' et 3°15'N ; 10°44' et 10°51'E), dans le Sud Côtier

Fruits et amandes d'Irvingia gabonensis

La Communauté des Familles Ando Yétsang de Bengbis (COFAYET) (3°20'N ; 12°27'E), dans le Sud

Amandes deRicinodendron heudelottii

Elig Nkouma (3°50' et 4°30'N ; 11°00' et 12°00'E) dans le Centre ;

Huile de moabi (Baillonella toxisperma)

Makéné Est (4°52'N ; 10°48'E) dans le Centre ;

Ecorces deScorodophleus zenkeri

Le département du Haut-Nyong (2°05' et 4°35'N ; 12°30' et 14°30'E)  à l'Est

Rotins

La Réserve de faune du Dja et sa périphérie (2°40' et 3°23'N ; 12°25' et 13°35'E) à l'Est

Miel

Zoetele dans trois localités: Biyan (3°14'N ; 11°87'E), Bizang (3°11'N ; 11°96'E) et Mimbang (3°05'N ; 12°10'E)

Graines deStrophantus gratus

Alentours des villes de Mbalmayo et Dzeng situées respectivement à 50 et 70 km au Sud de Yaoundé

Gibier

Le département de la Lekié dans le centre (3°50' et 4°30'N) ; 11°00' et 12°00'E)

Les données recueillies auprès des populations des zones rurales concernent les quantités collectées (récolte, chasse, cueillette ou pêche) consommées et commercialisées par un ménage ou par un individu et par an.

En ce qui concerne les quantités consommées nous avons déjà les données qui suivent. Ces données sont spécifiques à chaque localité et varient généralement d'une année à une autre. En effet, en ce qui concerne les produits saisonniers tels queDacryodes edulis, Irvingia gabonensis, Ricinodendron heudelottiiouBaillonella toxisperma,la production des arbres varie d'une saison à l'autre et d'une année à l'autre. Quant aux produits permanents,Gnetum africanum, Strophantus gratus,le gibier, le miel ou les rotins, les quantités consommées ou utilisées dépendent des quantités disponibles:

Dacryodes edulis:En 1999, un ménage a consommé en moyenne 8.5 kg de fruits à Nko'ovos, 16.39 kg à Elig Nkouma et 36.1 kg à Makénéné Est;

Irvingia gabonenssis:De 1995 à 1998 un individu de la région de Zoetele a consommé en moyenne 46.7 litres d'amandes de cette espèce (Owono, 1999). En 1997, un individu de la région de Bipindi-Lolodorf-Akom II a consommé en moyenne 18.5 litres d'amandes (Zeh, 1998). En 1999, un ménage a consommé en moyenne 44 kg de fruits et 44.5 kg d'amandes à Nko'ovos (Mevian, 2000) ;

Ricinodendron heudeloti:De 1995 à 1998 un individu de la région de Zoetele a consommé en moyenne 5 litres d'amandes(Owono, 1999). En 1997, on a estimé à 1,5 litres la quantité d'amandes consommées par un individu de la région de Bipindi-Lolodorf-Akom (Zeh, 1998);

Gnetumspp.: En 1999 un ménage de Elig Nkouma a consommé en moyenne 21 kg de feuilles;

Strophantus gratu:On estime à 750 g la quantité de graines utilisées par un individu de la région de Bipindi-Lolodorf-Akom en 1997;

Baillonnella toxisperma:Owono (1999) estime à 4 litres la quantité d'huile de Moabi qu'un individu de la région de Zoetele a consommé de 1995 à 1998; Gibier: Dans la COFAYET, 45 kg de gibier ont été consommés par ménage en 1999;

• Miel: Dans le Haut-Nyong, un individu utilise 5 à 20 litres de miel par an.

1.1.3 Commercialisation

Historique

Dans la région de Bipinddi-Akom II-Lolodorf (Zeh, 1998; Van Dijck, 1999) et pratiquement dans toute la zone forestière, avant la période coloniale, les échanges de PFNL se faisaient sous forme de troc entre les populations Bantou et les Pygmées. Les pygmées, chasseurs-cueilleurs, livraient aux Bantous des PFNL tels que le gibier, les amandes d'Irvingia gabonensiset les graines et les écorces diverses. Ils obtenaient de ceux-ci en échange des produits agricoles tels que: le plantain, le manioc, le sel et le tabac.

La commercialisation de PFNL a véritablement commencé avec la colonisation et l'introduction des monnaies européennes (Dugast, 1949; Loung, 1996; Zeh, 1998). A cette époque, le commerce des PFNL s'est fait de façon sélective et a été surtout destiné à satisfaire la demande des colonisateurs. Parmi les PFNL les plus commercialisés à cette époque on peut citer l'ivoire, le caoutchouc sauvage (sève deFuntumia elastica), les palmistes, les écorces diverses et surtout les graines deStrophantus gratus, les écorces dePausinystalia yohimbeet l'huile deBaillonnella toxisperma.

Pour ce qui est des graines deStrophantus gratus,c'est à partir du botaniste allemand Zenker installé à Bipindi en 1896 que ce dernier produit était connu comme produit ayant des vertus médicinales, puis mis sur le marché de l'industrie pharmaceutique internationale. Zenker incite les pygmées à lui vendre les graines de cette plante.

Après Zenker, les Français ont commencé aussi à acheter ce produit à travers des intermédiaires qui s'approvisionnaient auprès des Pygmées Bagyeli. Vers les années 60, un groupe de S_urs religieuses de la congrégation "Petites S_urs de Jésus" a relevé les Français. Elles ont invité les Pygmées à venir leur vendre le produit. Parfois elles sillonnaient elles-mêmes les campements pygmées, collectaient les graines pour les vendre aux grossistes à Bipindi et ramener le fruit de la vente aux Pygmées.

En dehors duStrophantus gratus, la commercialisation des autres PFNL n'a véritablement commencé qu'après l'indépendance. Elle s'est intensifiée avec le développement des villes. Dans toute la zone Sud, juste après l'indépendance, on vendait déjà les amandesd'Irvingia gabonensis,les écorces deScorodophleus zenkeriet les Rotins. Le commerce des graines deRicinodendron heudelotiietGnetumspp., n'a pris de l'ampleur que ces 15 dernières années (Zeh, 1998).

Informations qualitatives

Sur le plan national, les travaux réalisés par Ndoye etal.(1997) ont montré queDacryodes edulis, Colaspp,Irvingia gabonensisetGnetumspp sont vendus dans toutes les villes de la zone forestière du Cameroun et que les marchés du Mfoundi (Yaoundé) et New-Bell (Douala) sont les plus importants; les commerçants des PFNL opérants dans ces marchés ont eu des revenus mensuels supérieurs au SMIG FCFA23 514 ($EU32.21) en vendant des fruits deDacryodes edulisen 1995 et 1996. D'une manière générale, la plupart des PFNL camerounais se rencontre dans tous les marchés des villes et villages de la zone forestière.

Les prix pratiqués dans ces marchés dépendent de chaque produit, des saisons, des quantités et qualités de l'offre et de la demande. Au niveau des villages, les prix d'un produit varient en fonction de la disponibilité de la ressource. Les prix sont généralement bas durantles saisons de grandes productions. Ils grimpent pendant les années de faibles productions.

A titre d'exemple, Debroux et Dethier (1993) et FAO (1999a) ont suivi les prix du gibier, de la production à la consommation, depuis Malen, un petit village des périphéries de la RFD jusqu'à Yaoundé; deuxième grande ville du Cameroun et Chef-lieu de Province en passant par Somalomo Chef-lieu de District et Akonolinga Chef-lieu de Département.

Les prix augmentent des villages aux grandes villes et le prix du kg de viande boucanée est légèrement plus élevé que celui de la viande fraîche, quelle que soit la localité, en zone rurale comme en zone urbaine (voir figure 1 et 2).

Figure 1. Prix du kg de gibier frais dans diverses localités du Cameroun

Source: Debroux&Dethier (1993)

Source: Debroux&Dethier (1993)

Sur le plan régional, les échanges de PFNL s'effectuent entre les pays de la sous région. Des marchés de PFNL se sont ainsi créés au niveau de certaines villes frontalières facilitant les échanges entre les pays limitrophes. Sur le plan international, les PFNL sont surtout exportés vers l'Europe et la Nigeria. Les prix du kg de quelques PFNL ont été relevés dans quelques villes européennes.

Tableau 2. Prix du kg de quelques PFNL dans quelques villes européennes

 

Prix du kg en FCFA

Produit

Paris

Lyon

Toulouse

Bruxelles

Gnetumspp.frais

8 000 - 15 000

     

Gnetumspp.sec

8 000 - 13 000

2 000

18 000

36 600

I. gabonensis(amandes)

5 000

     

D. edulis

2 000 - 4 500

10 000

 

35 000

R. heudelotii

5 000

     

Champignons

14 000

     

Chenilles

13 000

     

Source: Tchatat & Ndoye (1998); Tabuna (1999)

Les fruits deD. edulissont échangés entre:

• Le Cameroun et le Nigéria au port d'Idenau (Limbé, Sud-ouest);

• Le Cameroun et le Gabon dans les marchés de la ville camerounaise d'Abang-Minko située à 50 km du Gabon et ceux de Kye-Osi et Ebibiyin situés sur la frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale;

Le Cameroun et la Guinée Equatoriale dans les marchés de Kye-Osi et Ebibiyin;

• Le Cameroun et la République Centrafricaine. Les échanges ici se font au niveau de beaucoup de marchés dont les plus importants sont ceux de Mbainboum et celui de Kenzou situés en territoire camerounais (Tchatat etal.,sous presse);

Les amandes d'Irvingia gabonensissont échangées entre:

• Le Cameroun et le Nigéria au port d'Idenau (Limbé, Sud-ouest);

• Le Cameroun et le Gabon dans les marchés de la ville camerounaise d'Abang-Minko située à 50 km du Gabon et ceux de Kye-Osi et Ebibiyin situés sur la frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale;

Le Cameroun et la Guinée Equatoriale dans les marchés de Kye-Osi et Ebibiyin.

Les échanges de noix deColaspp. et d'autres PFNL entre la République centrafricaine et le Cameroun se font au niveau de beaucoup de marchés dont les plus importants sont ceux de Mbainboum et celui de Kenzou situés en territoire camerounais (Tchatat etal,Sous presse).

Au port d'Idenau (Limbé, Sud-ouest), il existe un marché périodique transfrontalier deGnetumspp communément appelé «marché d'eru» qui favorise les échanges entre le Cameroun et le Nigeria.

Informations quantitatives

Des études réalisées au niveau local donnent quelques statistiques sur les quantités de PFNL vendues par ménage ou par individu et par an:

Dacryodes edulis:Mevian (2000) rapporte qu'en 1999, un ménage a vendu en moyenne 63,14 kg de fruits à Nko'ovos II, 98.36 Kg à Elig-Nkouma et 327.1 kg à Makénéné Est;

Irvingia gabonensis:Dans la région de Zeotele, un individu a vendu environ 60 litres d'amandes de 1995-1998 soit une moyenne de 15 litres par an. En 1997, un individu de la zone de Bipindi-Lolodorf-Akom II a vendu en moyenne 21.5 litres d'amandes (Zeh, 1998). En 1999, un ménage de Nko'ovos a vendu en moyenne, 168 kg de fruits frais et 42.5 kg d'amandes (Mevian, 2 000);

Gnetumspp: En 1999, un ménage de Elig-Nkouma a vendu en moyenne 130 kg de feuilles (Mevian, 2 000);

Ricinodendron heudelotii:Zeh (1998) rapporte qu'en 1997, un individu de la zone de Bipindi-Lolodorf-Akom II a vendu en moyenne 13.5 litres de d'amandes.Owono (1999) évalue à 15 litres la quantité de graines de cette espèce vendues par un individu de la région de Zoetele de 1995 à 1998 soit une moyenne de 3.75 litres par an;

Strophantus gratus:Selon Zeh (opt. cit.) la quantité de graines vendues par un individu de la zone de Bipindi-Lolodorf-Akom II en 1997 est de 12.75 kg;

Baillonella toxisperma:De 1995-1998, un individu de la région de la région de Zoetele a vendu environ 8 litres d'huile de Moabi, soit une moyenne annuelle de 2 litres;

Prunus africana (Pygeum africanum):Cunningham et Mbenkum (1993) estiment que le commerce de l'écorce à $EU150 millions par an. Les écorces deP. africanasont surtout collectées pour l'exportation vers les grands laboratoires pharmaceutiques européens, déjà suffisamment structurés et organisés en comptabilité pour évaluer leurs chiffres d'affaires. D'où la disponibilité de la valeur internationale de ce produit. Quant à la valeur nationale, les collecteurs locaux (habitants des zones rurales) vendent et dépensent tout le revenu au jour le jour sans tenir de comptabilité. En plus, il n'existe pas encore de structure formelle nationale chargée d'inventorier les quantités exportées, les frais de douanes, les différentes taxations pouvant servir de valeur commerciale nationale;

• Legibier:Joiris (1996) estime à plus de 2 288 kg la quantité de viande de brousse qui entre à Yaoundé par jour. La quantité de gibier vendue par un ménage dans la COFAYET de Bengbis en 1999 est estimée à 19 kg.

Becker (1993) estime que les PFNL peuvent procurer des revenus nets plus élevés que les autres modes d'utilisation de l'espace comme l'exploitation du bois d'oeuvre . C'est dans cette optique que des marchés nationaux, régionaux et internationaux sont organisés. Ndoye etal.(1997) évaluent l'importance de ces marchés dans le cas du Cameroun à l'aide de statistiques basées sur le nombre de personnes impliquées, les quantités vendues, le nombre de marchés et les revenus générés (voir tableau 3).

Tableau 3. PFNL commercialisés dans les Marchés d'Exportation de la Zone Forestière Humide du Cameroun en 1995* et 1996**

Produits

% des commerçants

qui vendent

Echantillon enquête

Projection sur les marchés

 

Quantités vendues (kg)

Valeur FCFA ($EU)

Quantités vendues (kg)

Valeur FCFA ($EU)

1995

1996

1995

1996

1995

1996

1995

1996

1995

1996

Dacryodes edulis(fruits)

15

27

197 230

1 771 650

41 108 000

(5 631)

56 856 000

(77 885)

1 044 000

2 846 000

217 667 000

(298 174)

913 218 000

(1250 994)

Cola spp

21,5

27

13 770

31 730

5 882 000

(8 058)

21 756 000

(29 803)

46 000

74 000

19 484 000

(26 690)

50 876 000

(69 693)

Irvingia gabonensis(amandes)

59

42

24 440

37 910

28 668 000

(39 271)

49 374 000

(67 636)

59 000

85 000

691720000

(94 756)

126 789 000

(173 684)

Gnetum sppnon-coupé

 

6

 

14 680

 

5 445 000

(7 459)

 

24 000

 

898 000

(1 230)

Gnetum sppcoupé

 

6

 

7 830

 

5 434 000

(7 444)

 

26 000

 

17 825 000

(24 418)

Total

   

235 440

186 500

69 776 000

(95 583)

65 025 000

(89 075)

1 149 000

3 055 000

306 323 000

(419 621)

1 117 688 000

(1 531 079)

*29 semaines pourCola spp, les amandes deIrvingia gabonensis, 16 semaines pourDacryodes edulis.
**52 semaines pourCola spp, les amandes deIrvingia gabonensis, etGnetum spp, 43.5 semaines pourDacryodes edulis.
Source : Ndoye etal.(1997)

Grâce aux données déjà disponibles les quantités deGnetumspp exportées vers le Nigéria et l'Europe de 1992 à 1999 et celles deD. edulis,Colaspp.,I. gabonensisetGnetumspp., échangées avec les pays de la sous région et l'Europe de 1995 à 1996. (figure 3 et 4).

Figure 4. Quantités de quelques PFNL exportés par le Cameroun en 1995 et 1996

Source: AEFRD (1993); Bobwe&Ngantun (1994); Ndoye et al. (1997); Tchatat&Ndoye (1998); Tabuna (1999); Ewos (2000)

Les quantités deGnetumspp exportées varient avec les années. C'est entre 1993-1994 qu'a été exporté la plus fort tonnage de ce produit (659 t). Les exportations ont chuté en 1994-1995 (260.5 t) pour remonter en 1995-1996 (439 t). L'année 1996-1997 a été celle où les exportations de ce produit ont atteint leur plus bas niveau (203.3 t). Depuis 1997, les exportations ont repris pour atteindre 364.9 tonnes en 1999.

En ce qui concerne les autres PFNL, d'une manière générale, les exportations ont été plus basses en 1995 qu'en 1996 (voir figure 4).

1.1.4 Contribution au revenu et à l'emploi

Contribution au revenu

En zone forestière, les résultats des enquêtes montrent que, si les cultures vivrières génèrent des revenus tout au long de l'année, ce n'est pas le cas des cultures de rente qui ont un caractère saisonnier et demandent une main d'oeuvre abondante parfois rémunérée pour l'entretien des plantations. Par ailleurs, les cultures de rente souffrent aujourd'hui de la chute continu des cours et d'un encadrement technique et matériel insuffisants de la part de l'Etat. Pour cette raison, les populations des zones rurales se sont lancées dans la commercialisation des PFNL pour combler le déficit monétaire que connaissent leurs revenus.

Toutefois la contribution des PFNL au revenu dépend des réalités locales. D'une manière générale, les revenus générés par la vente des PFNL permettent aux personnes exerçant dans la collecte, le transport, la transformation et la commercialisation de ces produits de subvenir à leurs besoins quotidiens (achat du savon, pétrole, intrants agricoles).

Dans les localités d'Ekom et Mekas (Est du Cameroun), la contribution des produits forestiers d'origine animale est évaluée à 51.2 pourcent du revenu d'un ménage par an (Joiris, 1996).

Mevian (2000) rapporte que les PFNL contribueraient de 40 pourcent aux revenus des ménages de Makénéné Est, 20 pourcent à ceux de Elig Nkouma et 15 pourcent à ceux de Nko'ovos.

Revenus générés

La marge nette moyenne par semaine et par commerçant a été évaluée dans quelques marchés dont neuf nationaux et un transfrontalier par le CIFOR (Tableau 4).

Tableau 4. Marge nette moyenne par semaine et par commerçant dans quelques marchés nationaux et transfrontaliers

Marchés

Province

Marge nette moyenne

Par semaine en FCFA ($EU)

Marge nette en % des ventes

Bafia

Mfoundi (Yaoundé)

Ombessa

Marché Central (Douala)

Mokolo (Ydà)

Sa'a

Ebolowa

Abang Minko

(frontalière gabonaise)

New Bell (Douala)

Edéa

Centre

Centre

Centre

Littoral

Centre

Centre

Sud

Sud

Littoral

Littoral

20 100 (28)

42 100 (58)

8000 (11)

19 600 (27)

28 800 (39)

8 700 (11)

12 600 (7)

22 700 (31)

78 300 (107)

29 900 (41)

31

22

35

21

29

48

14

29

24

38

Source: Ndoye &al.(1998)

En ce qui concerne d'autres paramètres, des études donnent quelques chiffres estimatifs pour chaque produit:

Dacryodes edulis:Les commerçants opérant dans les marchés de PFNL ont eu des revenus mensuels supérieurs au SMIG, soit FCFA23 514 ($EU 329) par mois, en vendant des fruits deDacryodes edulisen 1995 (Ndoye etal.1997). Pour Ayuk etal.(1999), les mêmes fruits génèrent comme revenus annuels à un paysan engagé dans la filière: FCFA31 680 ($EU43) dans la Mvila, FCFA4 430 ($EU6) dans le Haut-Nyong et FCFA40 235 ($EU55) dans la Lekié. Mevian (2000) rapporte que en 1999, ces fruits ont généré à un ménage, un revenu moyen de FCFA15 825 ($EU22) à Nko'ovos II, FCFA22 035 ($EU30) à Elig-Nkouma et FCFA84 480 ($EU116) à Makéné-Est.

Irvingia gabonensis: Les bénéfices réalisés par les revendeurs d'amandes de ce produit dans le marché international d'Abang-Minko peuvent être évalués FCFA13 700 ($EU19) par saison de récolte et par personne (Ndoye etal., 1998). Zeh (1998) rapporte que dans la zone de Bipindi-Lolodorf-Akom II, la vente d'amandesd'Irvingia gabonensisrapporte à un individu environ FCFA32 000 ($EU44) par an. Une étude réalisée par Ayuk etal. (1999) révèle que les fruits et amandesd'Irvingiagabonensisgénèrent approximativement par an et en moyenne à un paysan engagé dans la filière FCFA46 475 ($EU64), dans le Sud (Département de la Mvila), FCFA16 170 ($EU22) à l'Est (Département du Haut-Nyong) et FCFA14 080 ($EU19) au Centre (Département de la Lékié). Owono (1999) révèle que, de 1995-1998, la vente des amandes d'Irvingia gabonensisa rapporté à un individu de la région de Zoetele un revenu global de FCFA135 000 ($EU185) soit un revenu annuel de FCFA33 750 ($EU46). Mevian (2000) rapporte que en 1999, la vente des fruits d'I. gabonensisa généré à un ménage de Nko'ovos II, FCFA23 585 ($EU) en moyenne.

Gnetumspp: En 1999, la vente des feuilles deGnetumspp. a généré en moyenne FCFA72 560 ($EU99) à un ménage d'Elig Nkouma (Mevian, 2000).

Ricinodendron heudelotii:Zeh (1998) rapporte que dans la région de Bipindi-lolodorf-akom II, la vente des grains deRicinodendron heudelotiirapporte en moyenne à un individu, un revenu annuel de FCFA12 000 ($EU16). Owono (1999) estime que, de 1995 à 1998, la vente des amandes deR. heudelotiia généré à un individu de la région de Zoetele un revenu global de FCFA30 500 ($EU42), soit un revenu annuel de FCFA7 625 ($EU10).

Strophantus gratus:Selon Zeh (opt. cit.), la vente de ce produit rapporte environ FCFA41 000 ($EU56) par an à un individu de la zone de Bipindi-lolodorf-akom II.

• Rotins: Debroux et Dethier (1993) rapporte que dans la RFD, un exploitant de Rotins réalise un bénéfice de FCFA36 800 ($EU50) en 20 jours en écoulant son produit à Yaoundé soit un revenu de FCFA55 200 ($EU76) par mois et soit environ FCFA662 400 ($EU907) par an. En fabricant des chaises, un artisan réalise un bénéfice de FCFA1 000 à 3 500 ($EU1-5) par chaise. Dans la zone de Bipindi-Lolodorf-Akom II, la vente des rotins rapporte à un individu environ FCFA51 600 ($EU71) par an (Zeh, 1998).

Baillonella toxisperrma:De 1995-1998, la vente de l'huile de Moabi à généré un revenu global de FCFA42 000 ($EU58) soit un revenu annuel de FCFA3 750 ($EU5) (Owono, 1999).

• Gibier: Tilquin (1996) rapporte qu'à Minfoubé (RFD) un poseur de pièges a une recette mensuelle de l'ordre de FCFA38 636 ($EU53) et un chasseur au fusil FCFA35 600 ($EU49). Dans les villages de Bodjoum, Ekom et Eloudjo (RFD) la chasse rapporte environ FCFA30 000 ($EU41) par mois à un chasseur (Ngnegueu,1998). Dans un ménage de la COFAYET de Bengbis (Sud-Cameroun), le revenu provenant de la vente du gibier est estimé à FCFA7 281 ($EU 10) en saison des pluies et FCFA11 587 ($EU16) en saison sèche soit un revenu total de FCFA18 868 ($EU26) par an.

Contribution à l'emploi

Sur le plan social, l'exportation des PFNL constitue une source d'emplois pour les populations rurales et urbaines qui y sont engagées, en particulier les femmes qui jouent un rôle essentiel dans la récolte, la transformation et la commercialisation. Une enquête du CIFOR a révélé que en ce qui concerneGnetumspp par exemple, la grande majorité des commerçants est constituée par les femmes (Ndoye&Eyebe, 1999).

En effet chacune des étapes (cueillette, transformation et commercialisation) offre des emplois qui ne nécessitent pas une formation particulièreGnetum spp. La cueillette et le traitement du raphia et des rotins emploient quelques 3 000 personnes (C.C.C.C, 1991).

Il ressort de cette enquête que le transport procure des emplois. Premièrement, il utilise de nombreux conducteurs (chauffeurs) tout au long de la filière du point de triage et d'échanges au marché frontalier. Au niveau de chaque point d'échanges, des emplois sont créés: chauffeurs, pousseurs. Au niveau des ports d'exportation on retrouve des chargeurs, déchargeurs et des conditionneurs. Ce sont autant d'emplois ne nécessitant pas une formation particulière. Des "petits métiers" qui permettent de réduire le taux de chômage. Ceci concerne aussi les autres PFNL.

1.1.5 Accès aux ressources et droits de propriétés

L'exploitation des PFNL à des fins commerciales fait que l'on assiste de plus en plus à la restriction des droits de collecte de ces produits. Ces droits tendent à se restreindre de plus en plus à la famille nucléaire (le père, sa ou ses femmes et les enfants). Cette restriction se fait surtout ressentir au niveau des champs de cultures de rente, des champs vivriers, des Jachères voir des forêts secondaires. En d'autres termes les arbres se trouvant sur ces terres appartiennent aux propriétaires de celles-ci. Eux seuls ont le droit de collecte, les non membres de leur famille direct ne peuvent récolter qu'à condition de recevoir leur autorisation (Zeh, 1998; Owono, 1999).

Avant l'exploitation commerciale des PFNL, toute personne avait le droit de collecter dans toute la forêt primaire. A l'heure actuelle dans certaines localités la personne qui découvre le premier le produit en forêt primaire, en devient le propriétaire et en obtient le droit d'usage. Il peut consolider ce droit soit en mettant des signes sur l'écorce et en défrichant les alentours de l'arbre, soit en créant un champ autour de la plante. Ce droit d'usage va s'étendre ensuite à toute la famille.

En zone rurale la restriction des droits de collecte aux seuls membres des lignages ou des familles sur certaines catégories de terre, génère de plus en plus de conflits. Ceux-ci opposent souvent ceux qui prétendent être les seuls à avoir des droits d'accès à ces terres et par conséquent des droits sur les PFNL qui s'y trouvent, à ceux qui contestent ces droits. Parfois ces disputent dégénèrent en conflits d'usage ou d'utilisation d'un espèce donnée. On peut citer, à titre d'exemple, les conflits entre les chasseurs et les collecteurs de Rotins.Les premiers accusent les seconds de détruire les pistes suivies par les animaux à cause de leurs activités (Zeh, 1998).

1.1.6 Tendances récentes de l'utilisation

Informations qualitatives

L'urbanisation galopante entraîne un brassage des populations, des cultures et des m_urs qui est à l'origine de l'accroissement de la demande en PFNL dans les villes. Les natifs de certaines localités, émigrés en ville, encore attachés à leurs habitudes alimentaires et culturelles utilisent les PFNL de leurs localités et les proposent à leurs amis, voisins connaissances. Ces derniers y prennent goût, ce qui contribue à augmenter la demande de ces produits. Il se constitue alors une catégorie de personnes dont le rôle est d'acheter les PFNL dans les villages pour les revendre auprès des consommateurs urbains. Parfois, ce sont les natifs de ces localités qui retournent de temps à autre chez eux pour s'approvisionner en ces produits.

Les mariages et unions inter-ethniques et inter-régionaux favorisent aussi le brassage des m_urs et des cultures. On assiste petit à petit à l'introduction de certains PFNL dans certaines localités. Ainsi,Gnetumspp, ignorées des populations du Sud et de l'Est, et surtout consommées au centre, au Sud-ouest et au Nord-ouest jusque dans les année 80, est actuellement consommé et commercialisé dans tout le reste du pays et même considéré comme plat national.

De même, Irvingia gabonensisetBaillonella toxispermaà l'origine très priés par les populations du Sud et de l'Est, sont actuellement rentrés dans les habitudes alimentaires des populations camerounaises.

Ricinodendronheudelotii, Zingiber officinalis, Monodora myristica, Piper guineensis, Scorodophleus zenkerietAframmomunspp. sont considérés comme condiments et épices de base à l'assaisonnement de plusieurs mets locaux, et nationaux.

On assiste à l'accroissement du nombre de PFNL vendus sur les marchés locaux et nationaux. Zeh (1998) identifie 21 PFNL commercialisées dans la région de Bipindi-Lolodorf-Akom II auxquels s'ajoutent le gibier, les larves de hanneton, les champignons et les chenilles. Il s'agit de:Irvingia gabonensis, Ricinodendron heudelotii, Calamusssppet Eresmospatha spp, Strophanthus gratus, Scorodoploeus Zenkeri, Piper guineensis Garcinia kola, Gnetumspp, Cola acuminata, Halopegia azura, Garcinia lucida, Saccogltis gabonensis, Guiboutia tesmanii, Dacryodes macrophylla, Coula edulis, Trihoscyphaspp, Elaeis guinensis, Raphia montbuttorum, Panda oleosa, Poga oleosaetAframomum citratum. FAO (1999a, 1999b, 2001) a également inventorié les espèces végétales utilisées comme PFNL au Cameroun.

Dans la zone de Bipindi-Lolodorf-Akom, il a été constaté que, certains PFNL largement commercialisés pendant la colonisation et juste après l'indépendance, ne le sont plus ou alors sont utilisés ou commercialisés en faibles quantités, parce que devenus rares dans les forêts. C'est le cas de l'huile deBaillonella toxispermaet des écorces dePansynistalia yohimbeou du caoutchouc sauvage (sève deFuntumia elastica).

78.5 pourcent des individus interrogés pensent que la rareté ou la disparition des deux premiers produits sont dues aux activités de l'exploitation forestière. Pour ce qui est du caoutchouc sauvage, son utilisation s'est interrompue avec l'introduction des objets manufacturés et sa commercialisation, avec l'introduction du cacao (Theobroma cacao) et de l'hévéa (Hevea brasiliensis) comme culture de rente (Zeh, 1998; Van Dijck, 1999).

Figure 5. Quantités collectées, consommées et vendues de quelques PFNL dans trois départements de la zone forestière au Cameroun

(Ayuk et al., (1999a, 1999b, 1999c)

Informations quantitatives

Sur la base des données existantes, en 1996, les quantités vendues étaient relativement plus élevées que les quantités consommées (Ayuk etal.,1999a,b,c) (Fig. 5). Quant à ce qui concerne les pourcentages vendus et consommés tous produits confondus, 47 à 94 pourcent de la quantité collectée ou produite est commercialisée (Fig. 6).

Figure 6. Pourcentage des Quantités vendues et connsommées
de quelques PFNL au Cameroun
NB: Les données concernent plusieurs années. *1996-99; **1999; ***1995-98; *****1998; ****** 1999

En ce qui concerne les cas particuliers d'I. gabonensiset deD. edulis, les quantités vendues sont aussi supérieures aux quantités consommées avec de légères variations d'une région à l'autre (Fig. 7).

Toutefois, en ce qui concerne les amandes d'I. gabonensisdans l'extrême Sud (Nko'ovos et tout le département de la Mvila), les quantités consommées sont légèrement supérieures aux quantités vendues.

Ceci peut s'expliquer par le fait que dans cette région, les populations utilisent ces amandes comme un condiment de base pour assaisonner et lier leurs mets toute l'année. Pour cette raison on n'est pas souvent surpris de constater que ce produit ne soit pas du tout vendu, dans ces régions, les années de faible production.

Figure 7. Quantité d'amandes d'I. gabonensiscollectées, consommées et vendues par individu et par an, dans trois localités du Sud Cameroun Zoetele, Bipindi-Lolodorf-Akom II et Nko'ovos

Les mêmes explications sont aussi valables en ce qui concerne la région de Bipindi-Lolodorf. Dans la région de Zoetele, les quantités vendues sont légèrement supérieures aux quantités consommées sans doute à cause de la proximité des villes de Zoetele et Sangmélima et aussi du fait qu'ont accède facilement à la ville de Sangmélima par une route bitumée.

En ce qui concerne les fruits deD. edulisles tendances de l'utilisation sont largement à la commercialisation au détriment de la consommation avec 87 pourcent de la production qui est vendue quelle que soit la région (Fig. 8).

Figure 8. Quantité de fruits deD. eduliscollectés, consommés et vendus par individu et par an, dans trois localités du Sud Cameroun: Nko'ovos, Elig-Nkouma et Makéné-Est

Lorsqu'on compare les quantités vendues et consommées en 1996 et 1999 pourI. gabonensis, D. edulisetR. heudelotii, on constate qu'en 1996, la consommation était supérieure à la vente. En 1999, on constate plutôt l'inverse. Ce qui amène à dire que la consommation est à la baisse contrairement à la commercialisation qui est à la hausse

(Fig. 9).

Figure 9. Pourcentage des quantités vendues et consommées de quelques PFNL au Cameroun en 1996 et 1999

1.2 Aspects écologiques

1.2.1 Production

Informations qualitatives

Au Cameroun, les PFNL sont, soit récoltés (cueillette, chasse, pêche), soit cultivés. La cueillette concerne entre autres:Baillonnella toxisperma, Coula edulis, Irvingia gabonensis, Gnetumspp., Pausynistalia yohimbe, Prunus africana, Ricinodendron heudelotii, Raphiaspp,les Rotins, Scorodophleus zenkeri, Garcinia kola, Garcinia lucida, Cola sppetStrophantusspp. (FAO, 1999a; FAO, 1999b; FAO, 2001).

La chasse et la pêche intéressent toute la faune terrestre et aquatique. Concernant la collecte du miel, l'apiculture prend de plus en plus de l'ampleur au Cameroun (Marfor, 2000).

Quant à la récolte, elle concerne surtoutDacryodes edulisqui est d'ailleurs considéré comme un arbre hors de la forêt.

Informations quantitatives

Au niveau national, les données relatives aux quantités récoltées, chassées, pêchées ou produites sont pratiquement absentes. La collecte des PFNL relevant du secteur informel.

Au niveau local, les populations impliquées dans la collecte des PFNL récoltent et produisent sans tenir aucune comptabilité. Par conséquent, il est aussi difficile à ce niveau d'avoir des données chiffrées.

Toutefois quelques études ont été faites çà et là, dans la zone forestière qui révèlent déjà les quantités collectées ou produites par ménage et par saison, par mois ou par année dans une localité. Les données disponibles et diffusées dans la présente étude proviennent des études ponctuelles séparées dans le temps et dans l'espace, de durée relativement courte (trois à 12 mois). Il n'existe pas encore de données sur l'évolution des quantités collectées par année dans les différentes localités. Ces études concernent surtout les espèces suivantes:

La production des fruits deDacryodes edulisest annuelle. Les individus produisent une fois par an ou une fois tous les deux ans. A titre indicatif le tableau 5 donne les quantités produites dans quelques localités par ménage et par année de production.

Tableau 5. Quantités de fruits deD. edulisproduites par ménage et par an dans trois localités de la zone forestière du Cameroun

Localité

Nko'Ovos

Elig-Nkouma

Makéné-Est

Quantités (kg) produites/ménage/an

71.64

114.75

363.2

Comme dans le cas précédent,Irvingia gabonensisproduit des fruits une fois par an ou une fois tous les deux ans. Le tableau indique les quantités de fruits et/ou d'amandes d'Irvingia gabonnesiscollectés par ménage et par année de production dans quelques localités de la zone forestière du Cameroun.

Tableau 6. Quantités de fruits et/ou d'amandes d'Irvingia gabonnesiscolletés par ménage et par année de production dans quelques localités de la zone forestière du Cameroun

Localité

Nko'Ovos

Zoetele

Bipindi-Lolodort-Akom II

Quantités (l) collectées/ménage/an

87

26.7

40

La collecte des feuilles deGnetum spp.se fait tout au long de l'année. A titre indicatif, un ménage de la localité d'Elig-Nkouma a collecté en 1999 pendant trois mois 141 kg de feuilles de ce produit soit une projection annuelle de 564 kg.

Les noix de cola sont collectées ou produites tout au long de l'année. Les données sur les quantités collectées ou produites même au niveau d'un ménage ou d'un individu ne sont pas disponibles, aucune étude n'ayant été menée à ce sujet. Ce qui est vrai pour les noix de Cola l'est aussi pour les écorces et les graines deGarcinia kola.

Ricinodendron heudelotiiproduit une fois l'an ou une fois tous les deux ans. A titre indicatif, un individu de la région de Bipindi-Lolodorf-Akom II a collecté en 1997, 15 litres d'amandes deR. heudelotiitandis qu'un individu de la région de Zoetele a collecté environ 20 litres d'amandes de 1995 à 1998.

Baillonella toxispermaproduit une fois l'an ou très régulièrement, une fois tous les deux ans. A titre indicatif, un individu de la région de Zoetele a produit environ 12 litres d'huile de Moabi de 1995 à 1998.

La collecte des graines deStrophantuss gratusest saisonnière, les individus produisant une fois l'an. A titre indicatif, un individu de la région de Bipindi-Lolodorf-Akom II a collecté en 1997 13.5 kg de graines de cette espèce.

Dans l'état actuel des lieux, il n'est pas encore possible de déterminer les quantités collectées des autres PFNL. Même dans les différentes études, projets et programmes, l'accent n'a pas été mis sur cet aspect.

1.2.2 Durabilité du potentiel de l'offre

Les quantités disponibles n'ont pas encore fait l'objet d'une quelconque étude encore le sont moins les quantités récoltées ou produites. Par conséquent, il est difficile de savoir, dans l'état actuel des lieux, si le potentiel existant peut soutenir le rythme et la quantité de la collecte, si la collecte est durable ou non, si la ressource est menacée ou non.

Toutefois, suivant les enquêtes menées auprès des populations des zones rurales, certains produits se font de plus en plus rares en forêt. Il faut déjà parcourir des dizaines de kilomètres (10-30 km) pour les procurer.

PourDacryodes edulisla durabilité du potentiel est assurée parce que l'espèce a été domestiquée et est cultivée depuis très longtemps. Le propriétaire et les membres de sa famille veillent à la durabilité du potentiel. En outre, les travaux de l'IRAD orientés vers l'amélioration de la production, l'amélioration et la conservation génétiques contribuent déjà largement à la durabilité du potentiel.

On peut affirmer sans risque de se tromper que la durabilité du potentiel de l'offre des fruits et amandes deIrvingia gabonensiset des amandes deRicinodendron heudelotiiest assurée. La durabilité du potentiel de ces deux espèces voit son salut à quatre faits:

• La restriction des droits de collecte aux seuls membres de la famille. Chaque famille protège désormais sa ressource pour les générations futures.

• Le bois qui n'est pas très sollicitée par l'exploitation forestière.

• La méthode de récolte qui n'est pas destructrice.

• Le programme de domestication desdites espèces mis sur pied par l'ICRAF depuis 1998 et en cours de réalisation.

Etant donné l'absence de données sur le potentiel existant et les quantités réellement collectées des feuilles deGnetumspp. dans le temps, on ne peut pas spécifier si le potentiel de l'offre est durable ou non. Toutefois, lorsqu'on sait que les méthodes utilisées pour la récolte de cette liane sont destructrices, il y a lieu de s'inquiéter sur la durabilité de son potentiel de l'offre. Dans le Sud-ouest, le projet Sud-Bakundu de l'ONADEF, le Jardin Botanique de Limbe et le projet Mont-Cameroun mènent actuellement des activités de régénération artificielle par germination et bouturage duGnetumspp. pour le grand bien de la durabilité du potentiel de ce produit, très prisé dans cette région.

Pour les mêmes raisons évoquées dans le cas deGnetumspp., il est difficile, à l'état actuel des lieux, de préciser si le potentiel de l'offre deCola spp.etGarcinia kolaest durable ou non. Toutefois, la méthode de récolte des écorces deG.kolaétant destructrice, elle ne permet pas d'assurer la durabilité du potentiel de l'offre.

Baillonella toxisperma,se fait de plus en plus rare dans certaines localités. Ainsi, dans la région de Bipindi-Lolodorf-Akom II, d'après les populations locales interviewées, cette espèce est devenue rare en forêt, la cause étant les activités de l'exploitation forestière. A l'Est, la restriction des droits de collecte aux seuls membres de la famille contribue à la sauvegarde de quelques peuplement et individus. Les propriétaires protègent de plus en plus leur ressource. La forte sollicitation du bois par l'exploitation forestière reste une menace pour la durabilité du potentiel de l'offre de cette espèce. Les mesures préconisées par la loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche au Cameroun et son décret d'application ne sont pas respectés.

Pour les mêmes raisons évoquées dans le cas deGnetumspp., il est difficile, à l'état actuel des lieux, de préciser si le potentiel de l'offre des graines deStrophantus gratusest durable ou non. Toutefois, la méthode de récolte non destructrice, laisse envisager la durabilité du potentiel de l'offre.

L'apiculture rentrant de plus en plus dans les habitudes de production des populations camerounaises avec l'appui des ONG et de la communauté internationale, on peut se rassurer quant à la durabilité du potentiel de l'offre de ce produit.

Prunus africanaa tellement été écorcée que des peuplements entiers ont disparus. Face à cette situation, le Gouvernement camerounais a dû prendre des mesures rigoureuses diminuant le taux de prélèvement. Ceci a provoqué la fermeture de PLANTECAM qui estime le quota de prélèvement fixé par le Gouvernement trop faible pour faire fonctionner son usine.

Dans toute la zone forestière, d'après les personnes interviewées il faudrait aller de plus en plus loin en forêt (15-40 km) pour avoir du gibier et surtout les gros mammifères. Dans certaines localités, ils ont totalement disparus. On ne les rencontre plus que dans les réserves de faune où ils sont d'ailleurs menacés par le braconnage.

Les méthodes de chasse sont destructrices, surtout la chasse au fusil. La méthode de pêche par empoisonnement avec les pesticides menace la diversité biologique et n'assure pas la durabilité du potentiel. En ce qui concerne le cas particulier du poisson, des micro-projets de pisciculture mis en place çà et là dans toute la zone forestière, avec l'appui des élites locales, des ONG et des Organisations internationales laisse envisager la durabilité du potentiel de ce produit.

Pour les raisons évoquées plus haut, on ne peut rien affirmer sur la durabilité ou non du potentiel de l'offre des autres PFNL. L'extension de la forêt secondaire est une menace qui pèse sur la durabilité du potentiel des PFNL dont l'habitat est plutôt la forêt primaire.

1.2.3 Habitat et origine de la ressource

Dacryodes edulispeut être considéré comme un arbre hors de la forêt. En effet, cette espèce a été domestiquée depuis très longtemps et est plantée par les populations rurales qui échangent entre elles les différentes variétés depuis des décennies. Elle peut être considérée comme rudérale puisqu'elle accompagne toujours l'homme et se rencontre toujours dans ses jardins de case. Elle témoigne même du séjour des hommes dans certains milieux. Par conséquent on la rencontre dans les champs de culture vivrières et de rente, les jachères, et les forêts secondaires jeunes (15-20 ans). Il existe des variétés sauvages rencontrées dans les forêts secondaires adultes (20-30 ans) et les forêts primaires. Les fruits de ces variétés sont surtout consommés par les enfants.

A l'origine,B. toxispermaetIrvingia gabonensissont des espècesdela forêt primaire. On les rencontre maintenant en forêt secondaire jeune et adulte, dans les jachères, les champs vivriers et de culture de rente (cacaoyère, caféière). Ces espèces se rencontrent actuellement dans ces milieux parce que qu'elles sont protégées par les propriétaires de ces terres. En détruisant la forêt primaire, l'arbre a été laissé et est protégé par la suite pour ses multiples usages. Grâce au programme de domestication mis en place par l'ICRAF on rencontre actuellement des jeunes pieds deIrvingia gabonensisplantés dans les champs et les jardins de case. A l'heure actuelle l'essentiel de la ressource est sauvage.

En plus de la forêt primaire qui est son habitat d'origine,Gnetumspp. se retrouve dans les jachères àChromolaena odorata,la longue jachère d'un champ et les forêts secondaires jeunes ou adultes. L'espèce semble très bien s'adapter dans ces forêts secondaires, où elle pousse et se développe spontanément. Toute la ressource est sauvage.

Ricinodendron heudelotiiest une espèce des forêts secondaires que l'on rencontre actuellement dans les jachères, les champs de cultures vivrières et de rente, les jardins de case. Avant le programme de domestication de l'ICRAF, les arbres rencontrés dans ces formations végétales n'étaient plantés. Ils y poussaient spontanément et étaient laissés et protégés pour leurs usages. Dans l'état actuel des lieux, la ressource est sauvage.

Prunus africanaest une espèce qui vit sur les pentes des montagnes (1 500-2 000 m) en forêt primaire. C'est une espèce du Mont Cameroun qui se retrouve souvent en peuplements purs. La ressource est sauvage.

Les rotins sont des espèces de forêts primaires qui se développent dans des chablis et des trouées. On les rencontre déjà de plus en plus dans les forêts secondaires. Certaines espèces se rencontrent dans les bas-fonds et les milieux marécageux. La ressource est sauvage.

Garcinia kola, Garcinia lucida,etGarcinia conrouanaont pour habitat d'origine la forêt primaire où ils se retrouvent souvent en peuplements purs. A cause la secondarisation de la forêt, on rencontre déjà des individus isolés çà et là dans les forêts secondaires, les jachères et les champs de cultures vivrières et de rente. La ressource est sauvage dans la majorité des cas. On peut de temps en temps rencontrer quelques tiges plantées.

Les arbres du genreColaont pour habitat d'origine la forêt primaire. A cause la secondarisation de la forêt, on rencontre déjà des individus isolés çà et là dans les forêts secondaires, les jachères et les champs de cultures vivrières et de rente. La ressource est sauvage dans la majorité des cas. On peut de temps en temps rencontré quelques tiges plantées.

Strophantus gratusest une liane des forêts primaires. On peut la rencontrer accidentellement dans les jachères et les forêts secondaires où elle s'adapte difficilement. La ressource reste sauvage.

Coula edulisest une espèce des forêts primaires et souvent grégaire. Quelques individus isolés peuvent se rencontrés disséminés çà et là dans les forêts secondaires, les jachères et les champs. Dans ces milieux l'espèce s'adapte si difficilement que la productivité des individus baisse au cours du temps. La ressource est sauvage.

Les espèces du GenreAfammomumsont desherbes hautes du sous-bois des forêts secondaires jeunes. En forêt primaire, on les rencontre dans les chablis et les trouées. La ressource demeure sauvage dans la majorité des cas. On peut rencontrés de temps en temps quelques cultivées et entretenues dans les jardins de case.

Scorodophleus zenkeriest une espèce des forêts primaires d'où elle est entièrement exploitée. La ressource est par conséquent sauvage.

La collecte du miel sauvage se fait par les Pygmées en forêt. Les Bantous se prêtent aussi à cet exercice lorsqu'ils découvrent une ruche sur leurs terres ou en forêt. Actuellement, comme nous l'avons signalé plus haut le miel est de plus en plus produit par les apiculteurs.

Pour ce qui est de la viande, la ressource est sauvage. Aucun projet n'a pas encore été initier en ce qui concerne l'élevage du petit gibier. Quant aux poissons, la majorité de la ressource reste sauvage. Toutefois, on rencontre de plus en plus de poissons provenant des étangs de pisciculture dans les marchés nationaux.

Pausinystalia yohimbeest une espèce confinée à la forêt primaire. La ressource est sauvage.

1.2.4 Méthodes de récolte

Jusqu'à ce jour, les méthodes de récolte deDacryodes edulisrestent durables. Lorsque les fruits sont mâtures, la récolte se fait à l'aide d'une perche. On n'arrache que les grappes, laissant les branches intactes. Pour les arbres de 3-5 m de hauteur, on utilise la perche à partir du sol. Pour des arbres plus grands, il faut grimper pour cueillir soit avec le mains soit à l'aide d'une perche pour les grappes éloignées. Lorsqu'un arbre est devenu trop vieux et très haut (plus de 15 m), on peut soit l'abattre, soit en couper quelques branches.

ChezBaillonnella toxispermaetIrvingia gabonensis, la méthode de récolte des fruits est durable. On attend que les fruits soient mûrs et tombent au sol avant de les ramasser. Grâce à leurs vertus médicinales, on prélève aussi les écorces de ces espèces. Dans les régions oùB. toxispermadevient rare, son écorce est tellement sollicitée que l'arbre voit son tronc se dénudé au fil du temps et il finit par mourir.

La méthode de récolte deGnetumspp. n'est pas pour la durabilité du potentiel. La liane est arrachée sur toute sa tige et très régulièrement avec toutes ses racines (Photo 1. Feuilles deGnetumspp. prêtes à l'exportation). Remarquer les tiges déracinées.

La méthode de récolte des fruits deRicinodendron heudelotiiest durable. Les fruits mûrs sont ramassés au pied de l'arbre. C'est le prélèvement de l'écorce qui est destructeur. On prélève parfois toute l'écorce, laissant le bois complètement nu sur une bonne longueur (20-30, voire 50 cm). Ceci réduit ou tout simplement interrompt la circulation de la sève, diminuant les chances de régénération de l'écorce. Ce qui entraîne à la longue la mort de l'arbre.

PourPrunus africana, Pausinystalia yohimbeetGarcinia lucida,la méthode de prélèvement de l'écorce n'est pas durable parce que les écorces des arbres sont devenus commercialisables. Ceci est dû à plusieurs raisons. Il est déjà connu du grand public que l'on réalise des extractions de substances chimiques à partir des écorces certaines espèces qui peuvent par conséquent être vendues en grande quantité. Avec la crise économique, les prix des médicaments de base sont devenus inaccessibles aux couches sociales les plus démunies (surtout en zone rurale).

La commercialisation des écorces a par conséquent pris de l'ampleur. Il faut récolter plus pour gagner plus. Les arbres sont alors écorchés sur toute la longueur de leur fût et même sur les branches. Les arbres ainsi écorchés ne résistent plus très longtemps et meurent. Des populations entières dePrunus africana, Pausinystalia yohimbe, Garcinia lucidaont déjà été décimées à cause de cette méthode de récolte.

Les autres espèces dont l'écorce est utilisées d'une manière ou d'une autre sont toutes aussi menacées par cette méthode de récolte.

Pour l'instant, le mode de prélèvement des rotinsreste durable. Les individus sont coupés un niveau du sol sans destruction des bourgeons situés en dessous du sol. C'est le rythme de prélèvement qui inquiète. Les prélèvements sont effectués sur des peuplements de plus en plus jeunes. La régénération est bonne mais les collecteurs n'attendent plus que les arbres atteignent la maturité.

La méthode de récolte des fruits deGarcinia kolaest durable. Les fruits mûrs sont ramassés au pied de l'arbre ou cueillis à l'aide d'une perche. Comme nous l'avons signalé plus haut, le prélèvement des écorces ne laissent pas présager la durabilité.

Jusqu'à ce jour, la méthode de récolte des fruits deCola spp.reste durable. Les follicules mûrs sont ramassés au pied l'arbre ou tout simplement cueillis. Seul le prélèvement des écorces peut porter préjudice à la durabilité du potentiel.

Pour le moment, les gousses mûres deStrophantusspp. sont cueillies sur les tiges, ne portant aucun préjudice à la plante-mère. Cette façon de récolter est donc durable.

Les fruits mûrs deCoula edulissont ramassés une fois tombés au pied de l'arbre. La méthode de récolte est par conséquent durable.

Les fruits d'Aframommumspp les tiges sont récoltées une fois qu'elles sont mûres. Quant aux feuilles, on coupe les tiges aériennes juste au dessus du niveau du sol sans détruire les bourgeons situés en dessous du niveau du sol. La méthode de récolte est donc durable.

L'écorce et les graines deScorodophleus zenkerisont commercialisées. Pour ce qui est des graines, la méthode de récolte est durable. Les fruits mûrs sont ramassés au pied de l'arbre. Quant à l'écorce, comme nous l'avons signalé plus la méthode de récolte des écorces d'arbre au Cameroun reste pour le moment destructrice.

Pour récolter le miel sauvage, les Pygmées grippent aux arbres et vont le collecter. Quant aux Bantous, Ils abattent le plus souvent l'arbre qui abrite la ruche pour en extraire du miel. Cette méthode de récolte n'est pas favorable à la sauvegarde de la forêt.

Pour ce qui est de la viande, les méthodes de chasse utilisées au Cameroun sont les suivantes:

• Le piège-pont: L'idée est de construire un pont entre deux zones avec des arbres. Ainsi les singes passent sur ce pont (ils n'aiment pas passer sur le sol) et se font attraper par un piège au collet posé sur ce pont. Ce piège dont le but est d'attraper les moustacs, protège les bananiers et les cacaoyères contre ces singes.

• Les simples pièges: Dans et autour des champs on peut poser des simples pièges au collet. Ces pièges se déclenchent avec un levier, dès que l'animal met le pied dans le collet et sur le levier. On les pose là où on voit les passages des animaux. Ainsi on attrape des rongeurs et des antilopes.

• La chasse à courre: La chasse à courre se pratique avec des chiens et une lance. Le chasseur est aidé par des enfants. Dans les champs et jachères on attrape l'arthérure, l'aulacode et dans les vieilles jachères le céphalophe à bande dorsale noire.

• La chasse au fusil: Elle se pratique à l'aide d'un fusil («calibre 12»), de jour comme de nuit. Elle tue tous les animaux, des grands mammifères aux petits rongeurs.

Parmi toutes les méthodes de chasse énumérées ci-dessus, la chasse au fusil est la plus meurtrière et la plus menaçante pour le potentiel existant. Elle tue tous les animaux des plus grands aux plus petits. Les chasseurs aux fusils recherchent, le plus souvent, les plus gros animaux, les plus gros mâles ou les plus grosses femelles.

Les pièges ne menacent pas le potentiel. Seuls les animaux les plus faibles et les moins malins y sont pris.

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