FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.2 - mai 2002 - P.16

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    Sucre

Fondées sur la prise en compte de l’état actuel des cultures ainsi que sur l’hypothèse d’un maintien de conditions météorologiques normales jusqu’au terme des campagnes, les prévisions de la FAO annoncent une production mondiale de sucre de 138,5 millions de tonnes en 2002/03. Cette hausse est due pour une large part à la production record attendue au Brésil, à l’augmentation de la production de la CE et à la reprise survenue dans plusieurs autres pays comptant parmi les plus gros producteurs. Cette progression de 4,4 millions de tonnes de la production mondiale permet de penser que cette campagne se caractérisera par un excédent des disponibibilités et une baisse probable des prix. L’évolution des disponibilités du Brésil continue de déterminer le niveau des prix sur marché mondial. La tendance à la baisse des cours s’est amorcée au début de 2002, influencée par des rapports faisant état de récoltes abondantes et de l’augmentation des disponibilités exportables du pays. En outre, compte tenu de sa robustesse et de sa grande compétitivité, l’industrie sucrière brésilienne (dont on affirme par ailleurs qu’elle bénéfice des coûts de production les plus bas du monde) pourrait facilement supporter l’impact d’une longue période de fléchissement des cours mondiaux.

Les cours mondiaux du sucre ont grimpé à la fin de novembre 2001, le marché réagissant à l’annonce des dégâts occasionnés aux cultures de canne à sucre de Cuba par un ouragan ainsi qu’à la faible reprise de la production de sucre de betterave dans la CE. Les cours ont cependant recommencé à descendre au début 2002, suite à l’annonce d’une hausse de la production des deux plus grands exportateurs mondiaux, le Brésil et la CE. Le prix quotidien de l'Accord international sur le sucre (AIS) a décliné tout au long du premier trimestre 2002, avec, pour les mois de janvier, février et mars une moyenne respective de 7,79, 6,55 et 6,70 cents E.-U la livre. En 2001, le prix quotidien de l’AIS avoisinait les 8,64 cents E.-U. la livre.

Selon les prévisions de la FAO, la consommation mondiale de sucre devrait atteindre 136,2 millions de tonnes pour l’année civile 2003, soit un taux de croissance annuelle de 2,6 pour cent soutenu par une forte croissance économique. C’est en Extrême-Orient que la croissance de la consommation sera la plus rapide (on prévoit un taux de 3,5 pour cent en 2003); la région enregistre par ailleurs une croissance annuelle du PIB supérieure à 5 pour cent et un taux de croissance démographique d’environ 1,5 pour cent. La croissance de la consommation devrait être de l’ordre de 3,2 pour cent dans les pays en développement, et de 1,5 pour cent dans les pays développés. Ce chiffre, légèrement supérieur au niveau de ces dernières années, s’explique par une croissance de la consommation plus importante que prévu dans la CEI, notamment dans la Fédération de Russie où l’industrie agroalimentaire connaît une forte croisance.

Production et consommation mondiales de sucre

Production Consommation
2000/2001 2001/2002 2002/20031/ 2001 2002 20031/
  (. . millions de tonnes, équivalent sucre brut . .)
MONDE 130,4 134,1 138,5 130,7 132,7 136,2
Pays en développement 88,5 94,2 96,8 84,7 86,2 89,0
Amérique latine et Caraïbes 37,7 43,0 45,0 23,8 24,2 25,0
Afrique 4,7 4,9 5,0 7,0 7,2 7,4
Proche-Orient 5,8 5,4 5,4 10,3 10,5 10,7
Extrême-Orient 39,8 40,5 41,0 43,5 44,2 45,8
Océanie 0,4 0,4 0,4 0,1 0,1 0,1
Pays développés 41,9 39,9 41,7 46,1 46,6 47,2
Europe 22,2 20,0 21,5 19,8 19,9 20,1
   dont: CE (18,2) (16,2) (17,5) (14,6) (14,7) (14,7)
Amérique du Nord 7,9 7,4 7,4 10,6 10,7 10,8
CEI 3,9 4,2 4,4 10,1 10,2 10,5
Océanie 4,4 4,8 4,8 1,2 1,3 1,3
Autres pays 3,6 3,6 3,6 4,3 4,4 4,4
Source: FAO 1/ Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.

Comme nous l’avons vu plus haut, la production mondiale de sucre devrait atteindre les 138,5 millions de tonnes en 2002/03, ce qui représenterait une hausse de 4,4 millions de tonnes par rapport à 2001/02. Parmi les grands pays producteurs, l’Australie, le Brésil, la CE, la Thaïlande et l’Afrique du Sud devraient réaliser les plus fortes productions. Si les conditions métérorologiques restent favorables, la production de canne à sucre de l’Australie pourrait dépasser de 15 pour cent le niveau de 2001/02. Selon les dernières estimations, la production des pays en développement pourrait quant à elle enregistrer une croissance de l’ordre de 3 pour cent en 2002/03. Maurice et les Fidji sont les seuls pays où la production pourrait être moins importante que prévu.

Pendant la période 2001/02, le Brésil a bénéficié quasiment sans interruption d’un temps favorable et de bonnes conditions de croissance, raison pour laquelle on pronostique une récolte record qui devrait se traduire par un accroissement des disponibilités exportables et une pression à la baisse sur les cours internationaux. Selon les estimations de la FAO, la production sucrière 2002/03 du pays devrait enregistrer une hausse d’un peu plus de 2 millions de tonnes et s’établir à 23 millions de tonnes. La production de sucre du Brésil a ainsi plus que doublé au cours des dix dernières années: en 1992/93, elle dépassait à peine les 11 millions de tonnes.

La hausse de la production sucrière du Brésil, étant sans doute appelée à se poursuivre à court et à moyen termes, donne lieu à une controverse portant sur les quantités de canne à sucre qu’il convient d’affecter respectivement à la production d’alcool (éthanol) et à la production sucrière. Début 2002, le Brésil a annoncé une hausse de 22 à 24 pour cent de la production de carburant à base d’éthanol, dans le double objectif d’accroître les stocks nationaux d’éthanol et de réduire le volume des cultures de canne à sucre destinées aux exportations sucrières. En outre, compte tenu de la probabilité de la poursuite d’une production excédentaire de sucre au niveau mondial, les grands pays producteurs, comme la République dominicaine, l’Inde, le Mexique, Maurice, la Thaïlande et les États‑Unis ont tout intérêt à développer et à renforcer (le cas échéant,à créer) leur production nationale d’éthanol.

Un des faits marquants survenus sur le marché mondial et qui tend à prouver que la demande à court terme va augmenter est l’annonce attendue en 2003 d’une hausse (de 3,65 à 4 millions) des quotas d’importation de sucre du plus gros importateur mondial, la Fédération de Russie. Ce nouveau quota fera l’objet d’un appel public en 2002. La croissance de la consommation intérieure reste soutenue dans la Fédération de Russie, avec une hausse - estimée à presque 4,5 pour cent entre 2001 et 2002 - liée à l’expansion continue de l’industrie agroalimentaire du pays.

Un autre gros producteur et consommateur, la Chine, pourrait contribuer à l’excédent de disponbilités qui devrait caractériser le marché mondial en 2002/03. En effet, le bas niveau des cours mondiaux pourrait inciter la Chine à s’approvisionner en sucre sur le marché international, d’autant plus que ses propres réserves sont en train de s’épuiser suite à leur écoulement, à des prix réduits, sur le marché intérieur. Mais, bien que ses stocks soient peu importants, les rapports commerciaux indiquent qu’il est peu probable que la Chine atteigne le quota d’importations de 1,764 millions de tonnes qu’elle s’était assignée pour 2002, du fait que la différence entre le cours intérieur et le cours international du sucre n’est pas assez grande pour véritablement l’inciter à importer.

La baisse des récoltes à Cuba, la faible reprise de la production de betterave sucrière dans la CE et la croissance soutenue de la consommation sont les facteurs qui ont contribué à la hausse des prix enregistrée en 2001/02. Bien que l’accroissement de la consommation en Extrême-Orient et dans la Fédération de Russie et la constitution de stocks par la Chine puissent contribuer à un raffermissement des cours, le bilan de l’offre et de la demande prévu pour 2002/03 laisse envisager le contraire.


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