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Chapitre 7 ENTREPOSAGE DES SEMENCES (suite)

Choix de la méthode d'entreposage

Comme nous l'indiquons ci-après, il existe différentes méthodes d'entreposage. Les principaux facteurs influant sur le choix de la méthode sont les caractéristiques des semences de l'espèce considérée, la durée de l'entreposage et le coût. Si plusieurs méthodes permettent de préserver la viabilité des semences pendant la période requise, on choisit généralement la plus simple et la moins onéreuse.

Entreposage à température et humidité ambiantes

On peut conserver les semences en tas, en couches, dans des sacs ou des récipients non fermés, en les mettant à l'abri de la pluie, en les ventilant convenablement et en les protégeant contre les rongeurs (Holmes et Buszewicz, 1958; Magini, 1962; Stein et col., 1974). Cette méthode est particulièrement efficace sous des climats froids et secs. Dans ces conditions, il est possible de conserver des semences de plusieurs espèces de Pinus, d'Eucalyptus, de Pseudotsuga et de Tectona de façon satisfaisante pendant au moins six mois, alors que les semences à tégument imperméable et à teneur en eau naturellement faible de légumineuses telles qu'Acacia, Prosopis ou Robinia gardent leur viabilité pendant des années (Magini, 1962; Stein et col., 1974).

Entreposage au sec avec contrôle de la teneur en eau, mais pas de la température

Les semences orthodoxes, lorsqu'on les fait sécher jusqu'à ce que leur teneur en eau se situe entre 4 et 8 pour cent (voir pages 153–156) et qu'on les entrepose dans des récipients hermétiquement fermés ou dans un local à humidité contrôlée, restent viables plus longtemps que lorsqu'elles sont soumises aux variations d'humidité de l'air ambiant. Il est possible d'améliorer encore la durée de conservation en conservant les semences dans un endroit frais (sans que la température soit pour autant contrôlée), par exemple à haute latitude ou altitude et dans un cellier ou un autre local protégé des rayons du soleil.

Les semences sont parfois conservées dans des récipients ouverts placés dans un local où l'humidité relative est maintenue à 15–20 pour cent par un déshumidificateur. En sylviculture, on préfère généralement présécher les semences jusqu'à la teneur en eau adéquate, puis les entreposer dans des récipients hermétiquement clos. Pour peu que les récipients ne soient pas ouverts trop fréquemment et qu'ils soient bien étanches, cette méthode permet de maintenir une faible teneur en eau pendant des années. Elle est moins onéreuse que la méthode d'entreposage dans un local à humidité contrôlée, en particulier lorsqu'il y a peu de semences en magasin, et n'est pas exposée aux aléas des pannes mécaniques.

Cette méthode convient à un grand nombre d'essences, y compris de nombreuses espèces de Pinus et d'Eucalyptus, dont la viabilité doit être maintenue pendant une ou plusieurs années.

Entreposage au sec avec contrôle de la teneur en eau et de la température

Cette méthode d'entreposage est la méthode ordinaire de conservation des semences de nombreuses essences orthodoxes qui font l'object de plantations annuelles dans le cadre de projets de boisement à grande échelle et dont la production semencière est néanmoins sujette à des fluctuations périodiques. Dans la plupart des cas, une teneur en eau de 4 à 8 pour cent et une température de 0 à +5 °C combinées permettent de préserver leur viabilité pendant 5 ans ou plus. Certains genres des régions tempérées froides s'accommodent fort bien d'un entreposage à des températures inférieures à 0 °C, à savoir -4 °C ou moins pour Abies (Barner, 1982), -10 °C pour Fagus (Suszka, 1966, 1974), -5 °C pour Fagus (Muller et Bonnet-Masimbert, 1982) ou -18 °C pour Pinus strobus, Populus deltoides et autres (Wang, 1980). Pinus merkusii est un exemple de pin tropical qui réagit bien à un entreposage à basse température et à faible teneur en eau. Ainsi, des semences provenant de Zambales (Philippines) conservaient encore un taux de germination de 80 pour cent après trois ans d'entreposage à 2 °C et à une teneur en eau de 6 à 10 pour cent, alors qu'elles manifestaient une perte évidente de leur faculté germinative après 3 à 4 mois d'entreposage à température et humidité ambiantes (Gordon et col., 1972). Pinus caribaea et Pinus oocarpa ont, de ce point de vue, un comportement similaire. Outre les graines stricto sensu, certains types de fruits s'accommodent également de cette méthode. Par exemple, dans le cadre du projet brésilien de Jari, on est parvenu à conserver des noyaux dépulpés, nettoyés et séchés de Gmelina arborea dans des récipients fermés à une température de 5 °C, la teneur en eau variant de 6 à 10 pour cent (Woessner et McNabb, 1979). Alors que le taux de germination des noyaux frais est de 90 pour cent, il atteint encore 80 pour cent après deux ans d'entreposage.

Entreposage au sec en vue de la préservation à long terme des ressources génétiques

Les meilleures conditions d'entreposage en vue de la conservation à long terme des ressources génétiques des semences agricoles orthodoxes consistent en une température de -18 °C et en une teneur en eau de 5 pour cent ± 1 pour cent (CIRP, 1976). Ces conditions semblent également appropriées à la conservation à long terme des semences forestières orthodoxes. Les quantités de semences à entreposer dans ces conditions sont faibles en comparaison des quantités utilisées chaque année dans le cadre des projets de boisement, et le coût par kg de semences est plus élevé. C'est pourquoi de nombreux pays souhaitent que les ressources génétiques des semences forestières comme des semences agricoles soient conservées dans un lieu d'entreposage à long terme commun. Un bon exemple est fourni par la Banco Latino Americano de Semillas Forestales du CATIE de Turrialba, qui possède son propre magasin à graines (d'une capacité de 55 m3 à 5 °C) pour l'entreposage à court et moyen terme, mais a en outre accès aux installations d'entreposage à long terme (à -20 °C) du Centre régional des ressources génétiques (décrit à l'annexe 3), qui se trouve lui aussi à Turrialba (Chang, 1980).

La perte de viabilité pendant l'entreposage, outre qu'elle réduit le nombre de plants produits à partir d'un lot de semences donné, peut entraîner une altération de la constitution génétique des semences entreposées. Cela est particulièrement important dans le cas des arbres forestiers, qui constituent des populations variables, essentiellement exogamiques. En effet, la perte de viabilité peut se produire plus rapidement dans certains génotypes que dans d'autres; si les pertes sont grandes, disons 50 pour cent du total, les génotypes dont les semences ont une durée de vie brève peuvent être entièrement éliminés. Or, ils possèdent souvent des traits de caractère très intéressants en matière d'adaptation, de croissance ou de résistance aux maladies des arbres en développement et contribuent en tout cas à la variabilité génétique de l'espèce, ce qui est le but même de la préservation des ressources génétiques. Par ailleurs, il est avéré en agriculture que des altérations et des modifications chromosomiques se produisent et s'accumulent dans les semences entreposées et que le risque d'apparition de telles mutations génétiques héréditaires ne dépend pas tant de l'âge des semences que de l'évolution de leur viabilité (Roberts, 1972; Barner, 1975b). Si l'on peut aisément prévoir l'apparition presque certaine de mutations génétiques chez les survivants d'un lot de semences ayant subi une forte perte de viabilité, il n'existe pour ainsi dire pas de preuves directe d'apparition de telles mutations héréditaires lorsque les conditions d'entreposage sont bonnes et n'entraînent qu'une perte limitée de viabilité.

Les conditions d'entreposage très strictes recommandées par le CIRP et décrites ci-dessus, associées au contrôle régulier des semences et à leur régénération dès que le taux de germination tombe à 85 pour cent de sa valeur initiale (Ellis et col., 1980), réduisent le risque de mutation génétique pendant l'entreposage. Il est possible que des températures encore plus basses améliorent davantage la longévité. Depuis quelques années, on a entrepris des recherches sur la conservation dans l'azote liquide et des progrès considérables ont été accomplis dans ce domaine; il faudra toutefois réaliser des essais pendant quelques années supplémentaires avant qu'il soit possible de recommander l'adoption générale de cette méthode dans les banques de gènes (CIRP, 1981).

Entreposage à l'humidité sans contrôle de la teneur en eau ou de la température

Cette méthode convient à l'entreposage des semences récalcitrantes pendant les quelques mois d'hiver. Les semences peuvent être conservées en tas sur le sol, dans des trous peu profonds creusés dans des sols bien drainés ou en couches dans des hangars bien ventilés; elles sont souvent recouvertes ou mélangées avec des feuilles, du sable humide, de la tourbe ou d'autres substances poreuses (Holmes et Buszewicz, 1958; Magini, 1962). Les semences entreposées en plein air sont arrosées par la pluie ou la neige, mais celles qui sont à couvert doivent être humectées périodiquement (Stein et col., 1974). Il s'agit de maintenir des conditions d'humidité et de température adéquates, tout en assurant une bonne aération afin d'éviter l'échauffement excessif qui peut résulter des taux de respiration relativement élevés associés à l'entreposage à l'humidité. A cet effet, on peut retourner régulièrement les tas de semences (Aldhous, 1972) ou y introduire des bottes de paille ou des brindilles (Magini, 1962).

Cette méthode convient à l'entreposage à court terme des semences de feuillus à grosses graines de la zone tempérée, tels que Quercus, Castanea et Aesculus. Il est peu probable qu'elle convienne à l'entreposage des semences d'essences tropicales récalcitrantes, en raison de la température ambiante trop élevée.

La stratification en plein air, décrite aux pages 220–223, est une méthode permettant de lever la dormance interne. Quoiqu'il s'agisse à proprement parler d'un prétraitement des semences, elle sert incidemment à conserver les semences pendant quelques semaines ou quelques mois et ressemble beaucoup aux méthodes décrites dans la présente section.

Entreposage à l'humidité et au froid. avec contrôle de la température

Cette méthode implique un contrôle de la température, qui doit rester de très peu supérieure ou, moins couramment, inférieure au point de congélation (Magini, 1962). Il est possible de contrôler approximativement l'humidité en ajoutant aux semences une substance humide (sable, tourbe ou mélange des deux, par exemple), à raison d'un volume de substance pour un volume de semences, et en l'humectant péroidiquement. On peut aussi parvenir à un résultat plus précis en contrôlant l'humidité relative dans la chambre froide; cette méthode est cependant rarement employée, car elle est souvent trop coûteuse (Magini, 1962; Holmes et Buszewicz, 1958). La faible température a pour effet de diminuer le taux de respiration et de prolonger la durée de conservation. Il faut toutefois veiller à ne pas entreposer les semences dans des récipients hermétiques étanches aux gaz, ce qui limiterait les apports d'oxygène. Des sacs de polythène fermés, de 100 à 250 microns d'épaisseur, permettent les échanges d'oxygène et de gaz carbonique avec l'air ambiant, tout en réduisant au minimum les échanges d'humidité (Stein et col., 1974).

La méthode convient aux mêmes genres récalcitrants de la zone tempérée que ceux mentionnés à la section précédente et permet, dans la mesure où la température se situe entre 0 et 5 °C, de préserver la viabilité des semences pendant un an et demi ou deux ans. Les températures inférieures au point de congélation, si elles ont parfois donné de bons résultats, abîment fréquemment les semences à forte teneur en eau et ne doivent être employées qu'après démonstration de leur applicabilité aux essences en question.

On en sait beaucoup moins au sujet de l'application de cette méthode aux essences tropicales, mais il semble qu'elle mérite beaucoup plus d'attention que celle dont elle a bénéficié jusqu'ici, notamment en ce qui concerne les diptérocarpacées et les genres tels qu'Araucaria, Agathis et Triplochiton. Comme nous l'avons déjà mentionné, il est avéré que certaines essences ne supportent pas des températures basses, quoique supérieures à 0 °C; cela a amené Gordon (1981) à proposer la division des semences récalcitrantes en deux catégories: celles qui résistent aux températures inférieures à 10 °C sans parte de viabilité et celles qui n'y résistent pas. Tamari (1976), récapitulant plusieurs années de recherche sur les diptérocarpacées de Malaisie, conclut que, pour plusieurs essences, le meilleur traitement consiste à: (1) faire sécher à une température n'excédant pas 35 °C, de manière à ramener la teneur en eau à 35 pour cent; (2) enfermer dans des sacs de polythène contenant un fongicide; et (3) entreposer à 15 °C, ou encore pendant 3 semaines à 15 °C, puis à 10 °C. Quoique ce traitement ait permis de faire passer la longévité des semences de Hopea helferi d'une semaine ou deux à deux mois, il reste un long travail à accomplir pour garantir un entreposage sûr durant la période séparant les “années à semences”, qui varie de 3 à 6 ans chez de nombreuses diptérocarpacées (Tang, 1971). On est également parvenu à conserver des semences récalcitrantes d'Araucaria hunsteinii sur des périodes d'au moins six mois en les entreposant à 3,5 °C avec une teneur en eau de plus de 32 pour cent (Arentz, 1980).

Les semences de certaines essences récalcitrantes entreposées à l'humidité et au froid restent viables plus longtemps après germination qu'à l'état non germé. D'après Gordon (1981), des lots de semences prégermées de Quercus spp. ont produit à peu près le même nombre de plants vivants après une année d'entreposage à 3 °C dans des sacs de polythène légèrement fermés de 125 microns d'épaisseur, alors qu'une fraction importante des semences viables mais non germées conservées dans des sacs identiques pendant la même période sont mortes.

Autres méthodes

D'autres méthodes d'entreposage ont été employées dans le passé, mais ne sont toujours guère répandues (Magini, 1962; Stein et col., 1974):

  1. Conservation des semences récalcitrantes dans de l'eau courante (et non stagnante).

  2. Conservation sous vide partiel.

  3. Conservation dans des gaz autres que l'air, comme l'azote ou le gaz carbonique.

  4. Enrobage des grosses graines dans la paraffine ou le latex, afin d'empêcher les échanges d'humidité. Cette méthode sert aussi à stabiliser la teneur en eau pendant le transport.

Récipients d'entreposage

Pour entreposer la plupart des semences, il faut disposer de récipients permettant d'accéder aisément aux divers lots de semences et de les manipuler tout en les maintenant séparés, de faire le meilleur usage possible de l'espace d'entreposage, de fournir une protection contre les ravageurs et, dans certains cas, d'empêcher l'humidité et les gaz de passer de l'atmosphère intérieure à l'atmosphère extérieure ou inversement. De nombreuses sortes de récipients ont servi à la conservation des semences forestières; on peut commodément les diviser en trois catégories: (1) les récipients totalement perméables à l'humidité et aux gaz; (2) les récipients totalement imperméables, une fois fermés, à l'humidité et aux gaz; et (3) les récipients résistants, mais pas totalement imperméables, à l'humidité.

Récipients totalement perméables à l'humidité et aux gaz

Parmi ces récipients figurent les sacs en toile de jute et en toile d'emballage, les sacs en coton et les récipients en papier, en carton et en panneaux fibreux. Le jute et le coton ont l'avantage de comporter des mailles à travers lesquelles il est possible de prélever des échantillons sans qu'il soit nécessaire d'ouvrir le sac. L'élasticité du tissu permet aux trous de se refermer et évite toute perte ultérieure de semences, ce que ne permettent pas les récipients en papier ou en carton (Harrington, 1973). Le jute et le coton sont en outre des matériaux robustes qui peuvent servir plusieurs fois.

Aucun de ces matériaux n'offre une protection absolue contre les insectes et les rongeurs, et tous sont totalement perméables à la vapeur d'eau et aux gaz. En ce qui concerne les semences orthodoxes conservées en l'absence de tout contrôle, ces récipients ne conviennent donc qu'à un entreposage relativement court, qui peut cependant se prolonger quelque peu s'il s'agit de graines à tégument dur ou d'un entreposage au froid et au sec. Si les semences sont entreposées dans de grands récipients après séchage jusqu'à la teneur en eau adéquate, les graines situées en périphérie font elles-mêmes partiellement obstacle au passage de l'humidité. Cela permet donc de préserver la viabilité des graines situées à l'intérieur pendant un certain temps, même si les semences des couches extérieures se détériorent quelque peu par suite de l'augmentation de leur teneur en eau. Si le magasin à graines est muni de dispositifs de contrôle de la température et de l'humidité relative, il est possible d'y conserver des semences orthodoxes placées dans des récipients perméables pendant plusieurs années, pour peu que les ravageurs ne puissent y pénétrer.

Pour ce qui est de l'entreposage à l'humidité des semences récalcitrantes, il convient d'employer des récipients ouverts ou totalement perméables comme les sacs en toile de jute, de manière à permettre le libre passage de l'air et à éviter ainsi les risques d'échauffement excessif qui peuvent résulter du confinement de semences humides et respirant abondamment dans un milieu mal ventilé. Il est parfois nécessaire d'asperger périodiquement les sacs pour que les semences de cette sorte conservent comme il se doit une teneur en eau suffisamment forte.

Récipients totalement imperméables, une fois fermés, à l'humidité et aux gaz

Après séchage des semences orthodoxes jusqu'à la teneur en eau adéquate, il est possible de maintenir cette teneur en déshumidifiant la totalité de l'espace d'entreposage. Un autre moyen très efficace, couramment employé pour l'entreposage des semences forestières, consiste à placer les semences dans des récipients étanches hermétiquement clos. Cela évite de procéder à une coûteuse déshumidification. Pour ce qui est de la conservation à long terme, la méthode la plus efficace consiste à combiner l'entreposage dans des récipients étanches et la réfrigération à une température contrôlée. La plupart des récipients de ce type présentent en outre l'avantage d'être imperméables à l'oxygène, ce qui a pour effet de réduire encore un peu plus le taux de respiration. Les récipients étanches hermétiquement clos ne conviennent pas à l'entreposage des semences récalcitrantes ou des semences orthodoxes à forte teneur en eau, qui s'altèrent plus rapidement dans un milieu clos que dans un milieu ouvert. Certaines semences absorbent l'humidité rapidement, et il importe donc de les placer sans délai dans des récipients fermés une fois le séchage achevé, si possible dans le séchoir lui-même.

Parmi les récipients étanches figurent les boîtes et les bidons en étain ou en aluminium, les bocaux en verre du type Mason ou Kilner, les flacons en plastique et les emballages en feuille d'aluminium laminé. Les boîtes métalliques rigides et incassables fournissent la meilleure protection contre l'endommagement mécanique des semences et conviennent également à la conservation et à l'expédition ultérieure. L'étanchéité des récipients dépend de l'efficacité de leur dispositif de fermeture. Ainsi, les récipients rigides doivent être munis de couvercles vissables ou verrouillables comportant un joint d'étanchéité si l'on prévoit de les ouvrir périodiquement afin d'y prélever des semences. Quant aux emballages en feuille d'aluminium, ils doivent être thermosoudés. Une parfaite étanchéité est particulièrement importante dans le cas d'un entreposage à long terme. On considère que trois sortes de récipients conviennent à la conservation à long terme en milieu hermétiquement clos des semences agricoles: les bocaux ou les flacons en verre, les boîtes en métal et les emballages en aluminium laminé. Ils conviennent également à l'entreposage des semences forestières orthodoxes. Cependant, selon le rapport du CIRP (1976), les boîtes métalliques fermées sont les récipients les plus sûrs et les plus commodes. Ce rapport fait remarquer que les joints d'étanchéité des bocaux à couvercle vissable ne sont pas toujours parfaits et qu'il faut encore faire la preuve de la durabilité des sachets en aluminium laminé avant de pouvoir en recommander l'usage pour un entreposage qui dure souvent plusieurs décennies.

Récipients résistants, mais pas totalement imperméables, à l'humidité

Dans cette catégorie entrent les récipients en polyéthylène et autres feuilles de matière plastique ainsi que les récipients en feuille d'aluminium. Ces matériaux résistent au passage de l'humidité, mais, sur une longue période de temps, permettent un lent passage de vapeur d'eau, qui tend à équilibrer l'humidité relative à l'intérieur du récipient et l'humidité relative extérieure. Certains des chiffres cités par Justice et Bass (1979) au sujet de la perméabilité à la vapeur d'eau sont étonnamment élevés: ainsi, une feuille de polyéthylène à basse densité d'une épaisseur de 250 microns laisse passer 0,13 g de vapeur d'eau par 645 cm2 et par 24 heures, alors que ce chiffre est multiplié par dix dans le cas d'une feuille d'une épaisseur de 25 microns. Toutefois, les conditions habituelles d'essai de ces matériaux sont une humidité relative de 0 pour cent d'un côté de la feuille, et de 90 à 100 pour cent de l'autre. Le gradiant d'humidité relative n'est jamais aussi prononcé durant l'entreposage, et le passage de la vapeur d'eau s'effectue par conséquent de façon beaucoup moins rapide en pratique. Lors d'un essai réalisé à l'aide d'une feuille de polyéthylène à haute densité d'une épaisseur de 150 microns, on a constaté que, sur deux ans, le passage de vapeur d'eau dans le cas d'une humidité relative extérieure de 95 à 100 pour cent à 20–30 °C était quatre fois plus important que dans le cas d'une humidité relative extérieure de 50 pour cent à 10 °C (Justice et Bass, 1979). Plus la feuille est épaisse, plus la résistance au passage de l'eau est grande et, pour une épaisseur donnée, les feuilles de polyéthylène à haute densité sont plus résistantes que les feuilles à basse densité.

Quoique le polyéthylène ne convienne pas à l'entreposage à long terme des semences orthodoxes aux fins de préservation des ressources génétiques, il convient très bien à l'entreposage à court ou moyen terme et a donné, d'excellents résultats à l'occasion de l'entreposage, pour une durée n'excédant pas cinq ans, de semences de Pinus caribaea et de Pinus oocarpa au Honduras, sans changement notable de la teneur en eau. Dans les conditions propres au Honduras, il convient d'utiliser des feuilles d'au moins 100 à 125 microns d'épaisseur, car des feuilles de polythène plus minces laisseraient à la longue passer d'importantes quantités de vapeur d'eau et risqueraient en outre d'être endommagées lors des manipulations (Robbins, 1983a, b). D'après Harrington (1973), des feuilles à haute densité de 75 microns ou des feuilles ordinaires de 125 microns sont adaptées aux conditions des régions tempérées, alors qu'il convient d'utiliser des feuilles à haute densité de 175 microns ou des feuilles ordinaires de 250 microns dans les conditions plus dures propres aux régions tropicales. Il est essentiel que les sacs soient parfaitement fermés, ce qu'on obtient en combinant chaleur et pression. Si l'on employait auparavant des fers chauds, on utilise maintenant des machines à thermosouder plus efficaces et plus commodes, dont il existe actuellement différents modèles sur le marché.

Si ces différents matériaux sont chacun légèrement perméables à la vapeur d'eau, il peuvent devenir totalement imperméables lorsqu'ils sont laminés ensemble. Ainsi, diverses combinaisons de feuilles de polyéthylène, d'aluminium et de papier kraft laminées se sont avérées totalement imperméables à la vapeur d'eau pendant deux ans, même en cas de forte variation de l'humidité relative entre l'intérieur et l'extérieur (Justice et Bass, 1979).

Addition de déshydratants dans les récipients

Si l'on fait sécher des semences jusqu'à la teneur en eau adéquate et qu'on les entrepose dans des récipients étanches hermétiquement clos, la teneur en eau reste d'ordinaire constante pendant des années. Si, toutefois, les semences sont entreposées dans des récipients résistants, mais pas totalement imperméables, à l'humidité comme des sacs de polythène, ou qu'il faille périodiquement ouvrir et refermer les récipients pour y prélever des semences, il se produit une lente accumulation d'humidité. Pour y remédier, un moyen commode consiste à mettre un déshydratant tel que du gel de silice dans les récipients. La capacité d'adsorption de ce gel dépend de l'humidité relative de l'air ambiant, comme le montre le tableau ci-dessous (Harrington, 1972).

Teneur en eau du gel de silice en équilibre avec diverses valeurs de l'humidité relative

Humidité relativeQuantité d'eau adsorbéeHumidité relativeQuantité d'eau adsorbée
  %  %  %  %
  0  0,0  5531,5
  5  2,5  6033,0
10  5,0  6534,0
15  7,5  7035,0
2010,0  7536,0
2512,5  8037,0
3015,0  8538,0
3518,0  9039,0
4022,0  9539,5
4526,010040,0
5029,0  

Une méthode commode consiste à utiliser du gel de silice traité au chlorure de cobalt, dont la couleur passe du bleu au rose à environ 45 pour cent d'humidité relative, ce qui correspond, pour beaucoup de semences orthodoxes, à une teneur en eau d'équilibre de 7 à 9 pour cent (voir graphiques des figures 6.23 et 6.24). On met le gel de silice séché avec les semences; dès que les granules deviennent roses, on le retire et on le réactive en le faisant sécher à l'étuve à 175 °C, puis en le laissant refroidir dans un récipient fermé avant nouvel usage. On recommande de mettre un poids de gel de silice égal au dixième du poids de semences (Harrington, 1972). Il faut veiller à ne pas trop en mettre, car cela conduirait à une dessication excessive des graines. Même avec la quantité recommandée, des semences d'une teneur en eau de 6 pour verront cette teneur baisser à moins de 5 pour cent dans la phase initiale d'entreposage. Une réactivation plus fréquente du gel de silice préserverait l'équilibre de l'humidité relative et de la teneur en eau des semences à des niveaux plus faibles que les 45 pour cent et les 7–9 pour cent mentionnés ci-dessus, mais ne permettrait plus de tirer profit du changement de couleur.

On emploie également des déshydratants lorsqu on sait que la teneur en eau des semences est supérieure à la valeur la plus appropriée à un entreposage en milieu clos, par exemple parce que seul un séchage à l'air est possible. Comme nous l'avons mentionné à la page 155, l'addition d'un poids de gel de silice égal à celui des semences dans les récipients fermés ramène et maintient généralement la teneur en eau des semences à un niveau convenable.

Ainsi:

1 kg (poids sec à l'étuve) de semences d'une teneur en eau initiale de 19 pour cent (% du poids sec) contient190 g d'eau
  
1 kg (poids sec à l'étuve) de semences d'une teneur en eau de 6 pour cent (% du poids sec) contient  60 g d'eau
  
La quantité d'eau à enlever est donc de130 g
  
Humidité relative en équilibre avec une teneur en eau de 6 pour cent= 25 pour cent
  
A une humidité relative de 25 pour cent, 1 kg de gel de silice adsorbe125 g d'eau

7.1

7.1 Récipients étanches à l'air servant à l'entreposage des semences, division of Forest research, CSIRO, Canberra CFAO Division of Forest Research, CSIRO, Canberra).


7.27.2 Vue intérieure d'une chambre d'entreposage au froid à Humlebaek, Danemark (Centre des semences forestières de la DANIDA).

7.3

7.3 Divers modèles danois de récipients servant à l'entreposage ou à l'expédition des semences (Centre des semences forestiéres de la DANIDA).

Par conséquent, un poids de gel de silice égal au poids de semences ramènera la teneur en eau initiale de 19 pour cent à un peu plus de 6 pour cent en vue de l'entreposage.

Choix et usage du récipient

Les facteurs suivants, qu'il convient de prendre en considération au moment du choix du récipient le mieux adapté à un usage donné, sont tirés de la liste établie par Stein et col. (1974):

Lorsque le séchage des semences doit se poursuivre pendant l'entreposage, il ne faut pas utiliser de récipients à fermeture hermétique, car l'excès d'humidité est dommageable aux semences (Barton, 1961). On utilisera ces récipients uniquement si les semences peuvent souffrir d'une augmentation de leur teneur en eau ou si l'humidité relative à l'intérieur du magasin à graines est élevée.

Les récipients et les semences peuvent se couvrir rapidement d'une condensation indésirable lorsqu'on met un terme à leur entreposage à basse température. On recommande donc de laisser les récipients se réchauffer à température ambiante avant de les ouvrir.

Les sacs de polyéthylène de 100 à 250 microns d'épaisseur restreignent considérablement les échanges d'humidité, mais permettent encore les échanges d'oxygène et de gaz carbonique avec l'air extérieur. Ces échanges sont profitables ou dommageables, selon les essences.

Il vaut mieux utiliser des récipients faciles à ouvrir et à refermer lorsqu'on est très souvent amené à ajouter ou à retirer des semences. Pour réduire au minimum les fluctuations de température et d'humidité relative, on évitera d'ouvrir les récipients inutilement. On peut aussi entreposer les semences dans de petits récipients, de manière à pouvoir les vider de leur contenu en une seule fois.

Pour ce qui est des semences orthodoxes, il importe de remplir entièrement les récipients, de manière à réduire au minimum les échanges d'humidité entre les semences et l'air piégé et, surtout, à limiter la quantité d'oxygène enfermée.

Lorsqu'on désire empêcher ou restreindre les échanges d'humidité à travers les parois des récipients, il convient d'utiliser des récipients étanches ou résistants à l'humidité. Plus la période d'entreposage est longue et plus l'écart entre les humidités relatives extérieure et intérieure est important, plus le matériau doit être imperméable.

Lorsque les semences sont fragiles et s'endommagent facilement, il faut employer des récipients à parois rigides. On utilise souvent des sacs en plastique étanches pour “doubler” les récipients rigides.

Il faut choisir une forme de récipient et une technique d'empilage qui permettent de maintenir une température et une aération uniformes dans le magasin à graines.

Il arrive que certains récipients soient faits avec des substances nocives aux semences forestières (Barton, 1954). Il convient de soumettre les récipients non homologués à des essais de toxicité.

Certains matériaux, comme le PVC, sont propices à la lente accumulation d'électricité statique, ce qui les rend difficiles à nettoyer entre vidage et remplissage.

Il faut bien savoir qu'aucun récipient ou matériau d'emballage ne convient à tous les calibres de semences, à toutes les conditions et à tous les objectifs poursuivis possibles. Il convient donc de faire la part des avantages et des inconvénients (dont le coût) de chaque sorte de récipient avant de procéder au choix final.

Conception et aménagement des locaux d'entreposage des semences

Capacité d'entreposage

Il est possible d'évaluer le poids des semences à conserver en magasin de la manière indiquée au chapitre 3; ce poids dépend, pour chaque essence, de la superficie plantée annuellement, des réserves à constituer par suite de la périodicité de la production semencière et du nombre de graines par kilo. Le poids en kg (ou en g) peut être converti en volume net exprimé en litres (ou en cm3) par un facteur lié à la densité moyenne. Dans le cas de la majorité des essences forestières, on utilise un facteur moyen de 2,0, ce qui correspond à une densité apparente de 0,5 (la densité vraie est légèrement supérieure en raison des espaces existant entre les graines).

Pour convertir le volume net en espace d'entreposage brut, en tenant compte des rayonnages (fixes), de la ventilation, des espaces dans et entre les récipients, des accès et de l'appareillage de la chambre froide, on utilise généralement un facteur multiplicatif de 8 (Magini, 1962). L'emploi de rayonnages mobiles permet de doubler la quantité de semences entreposables dans un espace donné (CIRP, 1976), et l'on utilise en ce cas un facteur multiplicatif de 4. Ainsi, 500 kg de semences d'une densité de 0,5 nécessitent un espace d'entreposage brut de 500 × 2 × 8 = 8 000 litres ou 8 m3 si l'on utilise des rayonnages fixes, et de 4 m3 si l'on utilise des rayonnages mobiles. Lorsqu'il s'agit d'entreposer des lots de semences relativement peu nombreux, mais constitués chacun de grandes quantités de semences, il est possible d'employer des récipients de dimensions standard en les remplissant à ras bords et d'espacer le rayonnage de sorte qu'il s'adapte exactement aux dimensions des récipients. Cela permet d'économiser un espace considérable. On a ainsi utilisé un facteur de seulement 3, 12 pour aménager le magasin à graines - pourtant équipé de rayonnages fixes - de Humlebaek, au Danemark (Barner, 1982a).

Conception et équipement

La conception et l'équipement des chambres frigorifiques sont du ressort des ingénieurs frigoristes. On trouvera cependant certains conseils au sujet des particularités qui doivent être incluses dans tout devis d'installation dans les extraits du rapport du CIRP (1976), qui apparaissent à l'annexe 2, et dans l'exemple d'installations réalisées à Turrialba dans le cadre du projet régional de préservation des ressources génétiques (Goldbach, 1979), que l'on trouve à l'annexe 3. Il faut souligner que ces deux documents traitent de l'entreposage à long terme des semences agricoles aux fins de la préservation des ressources génétiques.

Il est essentiel que la conception et l'équipement soient adaptés aux conditions et aux ressources locales. La meilleure installation du monde est d'une piètre utilité s'il n'est pas possible d'en assurer la maintenance. Il est par conséquent indispensable d'évaluer les ressources locales en matière d'entretien et de fourniture de pièces de rechange avant de s'engager sur quelque article que ce soit. La fiabilité de l'alimentation en électricité et la présence d'un régulateur de tension et d'un générateur de secours sont d'une importance primordiale. Un compresseur de secours peut s'avérer également nécessaire.

Le choix correct de l'emplacement d'un magasin à graines peut contribuer à réduire considérablement les dépenses d'équipement. Par exemple, un pays tropical à climat et à topographie variables peut résoudre beaucoup de problèmes en déplaçant son magasin à graines d'un site côtier chaud et humide à un autre site situé à 2 000 m d'altitude sur le versant sous le vent d'une montagne. Dans un tel cas, un local bien ventilé devrait offrir des conditions tout à fait propices à l'entreposage plusieurs années durant des semences d'essences relativement “faciles”, comme les pins et les eucalyptus, et pourrait être complété par un ou plusieurs congélateurs permettant de conserver de petites quantités de semences d'essences plus “difficiles”, requérant des températures inférieures au point de congélation. Les qualités des congélateurs en la matière ont été soulignées par le CIRP (1976), dont les commentaires sont reproduits à l'annexe 4.

Expédition des semences

Les avantages procurés par des méthodes de récolte, de traitement et d'entreposage exemplaires peuvent être en grande partie annihilés par le peu de soin apporté à l'expédition des semences du magasin à graines à la pépinière. C'est la viabilité des semences au moment du semis, et non pas au moment du départ du magasin, qui détermine le nombre de plants sains produits à partir d'un lot de semences donné. Il est par conséquent essentiel d'adopter des méthodes d'expédition qui réduisent au minimum la perte de viabilité entre l'entreposage et le semis. Le choix du matériel d'emballage approprié dépend des caractéristiques de l'essence, des quantités à expédier, de la durée et du mode de transport et des conditions de température et d'humidité durant l'expédition (Baldwin, 1955).

Des températures élevées et fluctuantes et une humidité défavorable sont les principales causes des pertes de viabilité pendant l'expédition (Stein et col., 1974). Ces facteurs sont aussi ceux qui sont à l'origine de la détérioration des fruits frais cueillis entre le site de récolte et le dépôt de traitement, comme nous l'avons mentionné aux pages 101–103. Toutefois, entre l'entreposage et le semis, les semences ont l'avantage d'avoir bénéficié de conditions optimales de température et de teneur en eau pendant la période d'entreposage. En fait, le maintien des conditions d'entreposage durant le transport constituerait une solution idéale, malheureusement souvent impossible (Stein et col., 1974).

Pour peu que la teneur en eau initiale des semences soit adéquate, il est aisé de la garder constante pendant le transport grâce à l'usage de récipients fermés. Il est parfois possible d'expédier les semences dans les récipients mêmes où elles étaient entreposées. Dans d'autre cas, il est avisé de les transvaser des grands récipients d'entreposage dans des récipients plus petits en vue de leur expédition. Il arrive que les pépinières n'aient besoin que d'une petite fraction d'un lot de semences donné. De surcroît, les emballages petits et légers s'endommagent souvent moins pendant le transport que les emballages gros et lourds. Magini (1962) recommande des emballages séparés de l à 20 kg, mais pas plus. Il existe un grand nombre de matériaux étanches ou résistants à l'humidité, comme nous l'avons mentionné à la section consacrée aux récipients d'entreposage. Le polyéthylène de 100 à 200 microns d'épaisseur a l'avantage de s'opposer au passage de l'humidité tout en permettant les échanges d'oxygène et de gaz carbonique.

Les récipients hermétiquement clos conviennent tout à fait aux essences orthodoxes, dont les semences doivent rester sèches pendant le transport. L'addition d'un déshydratant tel que le gel de silice peut être une sage précaution si les semences risquent d'absorber de l'humidité durant leur transfert des récipients d'entreposage aux récipients d'expédition. Par contre, il vaut mieux ne pas fermer les récipients contenant des semences d'essences récalcitrantes, car un certain dessèchement a un effet moins prejudiciable qu'un échauffement excessif dû à une respiration trop rapide dans des sacs fermés à température ambiante. Il convient au contraire de mélanger ces semences avec de la sphaigne pulvérisée, de la tourbe, de la sciure ou de la fibre de noix de coco, auparavant humectée et pressée. Le mélange à poids égal d'eau et de ces matières leur confère un degré d'humidité convenable (Baldwin, 1955). En cas de transport international, il vaut pourtant mieux utiliser une substance inerte non organique comme la vermiculite, mieux appréciée des services sanitaires.

Il est recommandé d'utiliser des récipients étanches à fermeture hermétique pour les longs transports - par exemple d'un pays à un autre - de semences orthodoxes d'une faible longévité, à condition que leur teneur en eau initiale soit adéquate. Si toutefois ces semences sont expédiées peu de temps après la récolte sans avoir été séchées convenablement en vue de leur entreposage, il est préférable de les expédier dans des sacs perméables à l'air plutôt que de les enfermer avec une teneur en eau trop élevée. Un certain nombre d'essences à tégument ou péricarpe résistant, telles que Tectona et beaucoup d'autres légumineuses, peuvent demeurer pendant des périodes prolongées dans les conditions ambiantes et peuvent très bien être placées dans des sacs de coton, de papier ou de jute.

Il est possible d'enrober séparément les grosses graines humides de cire de paraffine ou de latex. Selon la méthode décrite par Baldwin (1955), on fait chauffer la cire de paraffine à 71–77 °C et l'on y trempe pendant quelques secondes les semences ou les graines placées dans un récipient de type tamis, que l'on remue énergiquement durant l'immersion. Les semences cirées doivent être emballées dans un matériau doux ne risquant pas d'endommager l'enrobage pendant le transport. Au moment du semis, on peut éliminer en partie la cire, afin de permettre à l'eau de pénétrer.

S'il est plus difficile de protéger les semences contre les hausses ou les fluctuations rapides de température, il faut toutefois éviter de les placer à proximité de sources de chaleur telles que des radiateurs ou des tuyaux chauds. Dans le cas de semences très sensibles, on peut atténuer les effets de la température en employant un emballage isolant. Les températures inférieures à 0 °C n'ont d'ordinaire aucun effet préjudiciable sur les semences sèches, mais peuvent endommager les semences récalcitrantes qui doivent rester humides. La germination prématurée est un autre risque auquel sont exposées les semences humides. Si, durant l'entreposage, il est possible de restreindre la germination en faisant descendre la température juste au-dessus du point de congélation, les températures plus élevées rencontrées pendant le transport peuvent amener un bon nombre de graines à germer. Les semences prédisposées à germer dans un emballage humide peuvent être traitées avec un inhibiteur tel que l'hydrazide maléique (Baldwin, 1955).

Quel que soit le type de semences à expédier, il est nécessaire de prendre des précautions contre la détérioration mécanique des graines et les pertes dues à l'endommagement des récipients pendant le transport. Il est souvent judicieux de procéder à un double emballage, par exemple en utilisant un sac de polythène hermétiquement clos placé dans un solide sac de toile. Les récipients hermétiquement clos en polythène ou en feuille d'aluminium placés dans de solides emballages cylindriques en carton conviennent tout à fait aux semences qui craignent l'humidité. L'étiquetage du sac intérieur est en outre une garantie contre l'effacement accidentel de l'étiquette extérieure. Un étiquetage clair est une mesure indispensable. De plus, il importe d'informer le destinataire de l'expédition en lui faisant parvenir un bordereau de consignation ou un avis de livraison approprié (voir annexe 1).

Stein et col. (1974) ont établi une liste de contrôle des diverses opérations à accomplier lors de l'expédition de semences. Nous la reproduisons ci-dessous:

  1. Mettre les semences dans un double emballage. Placer le récipient contenant les semences dans un second récipient solide et, de préférence, rigide.

  2. Les récipients de dimension modeste résistent d'ordinaire mieux aux aléas de l'expédition que les grands récipients.

  3. Remplir entièrement les récipients, de manière à réduire au minimum la quantité d'air piégé et à limiter les heurts des semences pendant le transport.

  4. Tous les emballages doivent porter une étiquette d'identification clairement rédigée sur l'enveloppe intérieure et une autre à l'intérieur du récipient.

  5. En cas de transport sur de longues distances, il vaut mieux expédier les semences fragiles par voie aérienne.

  6. Si les semences doivent être exportées dans un pays exigeant leur fumigation, employer des emballages qui puissent s'ouvrir et se refermer facilement. Joindre en outre une copie du certificat phytosanitaire à l'usage des services sanitaires, par exemple en la plaçant dans une enveloppe fermée fixée solidement à l'extérieur de l'emballage.

Les pépinières et les stations forestières de district ne disposent pas d'installations d'entreposage équivalentes à celles du magasin à graines central. Il convient donc de procéder aux expéditions de sorte que le semis puisse avoir lieu le plus tôt possible après réception.


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