Previous PageTable Of ContentsNext Page

QUESTIONS CLES

Les commentaires et conclusions de l'atelier ont été regroupés selon 3 grandes lignes: 1) questions de politique et questions institutionnelles, 2) questions sociales et économiques, et 3) questions techniques et écologiques. Il convient de noter que toutes ces questions sont étroitement liées et peuvent se chevaucher.

Questions de politique et questions institutionnelles

L'importance des forêts secondaires doit être reconnue à l'échelle nationale et internationale.

Dans les budgets et les programmes nationaux, les forêts secondaires ont reçu une attention minime. Ceci s'explique notamment par une méconnaissance de la contribution (potentielle) des forêts secondaires à l'économie et à la vie de la communauté en général. Il est par conséquent nécessaire d'élaborer des mécanismes et des techniques pertinentes afin de mieux évaluer l'ampleur, le potentiel, les produits, la valeur et les services des forêts secondaires. Pour ce faire, il faut renforcer la collaboration entre les différentes parties prenantes, la sensibilisation, l'éducation, et la prise de conscience et la volonté politique des décideurs. Par ailleurs, l'aménagement durable des forêts secondaires devrait s'inscrire dans le cadre des programmes forestiers nationaux (PFN), programmes de développement nationaux et conventions internationales.

Il faut renforcer les capacités institutionnelles.

Les capacités institutionnelles peuvent être améliorées en favorisant et en lançant des programmes collaborateurs de recherche-développement sur les forêts secondaires au sein des institutions régionales; en renforçant la prise de conscience de cette ressource et des questions apparentées; et en formant le personnel. L'échange d'information et d'expériences sur la gestion des forêts secondaires et l'harmonisation de la communication entre les institutions à tous les niveaux sont essentiels. Au niveau de la communauté, il faut renforcer la prise de conscience sur l'importance des forêts secondaires et sur la manière dont elles peuvent être gérées durablement.

Une politique intersectorielle est primordiale pour l'aménagement durable des forêts.

Dans l'établissement des politiques et l'allocation des ressources, il n'est souvent tenu aucun compte du secteur forestier d'une façon générale, et de l'aménagement durable des forêts secondaires, en particulier. Ceci est dû essentiellement à la méconnaissance de la valeur des biens et services offerts par les forêts secondaires. Il faut concevoir des outils appropriés pour souligner la contribution de cette ressource au bien-être de la population. Renforcer la prise de conscience consolidera la position du secteur forestier dans le débat et les conflits intersectoriels. La nécessité d'une approche intégrée et intersectorielle est fondamentale pour la gestion durable des forêts secondaires.

La participation de tous les intervenants à la formulation des politiques et à l'aménagement durable des forêts est essentielle.

Les connaissances, l'expérience et les capacités locales sont souvent sous-estimées, bien que les communautés soient de plus en plus tributaires des forêts secondaires. La formulation et la mise en _uvre des politiques fait généralement l'objet d'une démarche du sommet à la base, qui n'est pas équitablement compensée par des approches de la base au sommet qui devraient permettre aux communautés dépendant des forêts de prendre part aux décisions sur un pied d'égalité. La participation locale passe par la reconnaissance des autorités locales et l'incorporation des droits d'utilisation des communautés locales dans le cadre de législations appropriées (arrêtés). En outre, la formation et la mise en réseau des groupes locaux pour développer leurs capacités de négociation, d'organisation et de mise en application devraient être soutenues.

Les conflits sur le régime foncier et la législation doivent être résolus.

L'incompatibilité entre le statut d'occupation des terres traditionnel (sols, arbres et autres ressources) et l'affectation officielle des terres ont souvent porté à des situations conflictuelles (et un accès libre), se traduisant par une mauvaise gestion des forêts secondaires. Ces questions conflictuelles doivent être harmonisées et rationalisées, c'est-à-dire que les lois coutumières doivent être incorporées dans les lois officielles d'affectation des terres. A cet égard, la participation de tous les partenaires, ainsi que des règles et règlements appropriés d'application effective de la législation à l'échelon local sont des thèmes clés indispensables à l'aménagement durable des forêts secondaires. Les conditions des femmes, des paysans sans terres, des fermiers et des immigrants, en particulier, doivent être examinées, car ils jouent un rôle fondamental dans la gestion de cette ressource.

Questions sociales et économiques

Les communautés doivent intervenir dans l'aménagement des forêts secondaires.

Les rôles et responsabilités des communautés locales dans la gestion, la conservation et l'utilisation des forêts secondaires doivent être reconnues et appréciées, car les populations locales sont souvent fortement tributaires de la ressource. L'auto-détermination et le renforcement des capacités des communautés sont des problèmes clés de l'intervention des partenaires. Renforcer l'accès et l'appropriation par les populations locales des forêts secondaires et le partage équitable des coûts et avantages contribuera à favoriser l'aménagement durable de la ressource.

Il faut améliorer la commercialisation et le développement des entreprises.

Les informations commerciales au-delà des marchés locaux ne sont pas aisément disponibles dans les pays d'Afrique anglophone. La valeur des produits, des biens et services tirés des forêts secondaires est sous-estimée et mal évaluée. En conséquence, les produits des forêts secondaires ne sont pas estimés à leur juste valeur au niveau national et local. Pour un système adéquat de commercialisation et de développement des entreprises, il faut un meilleur accès à l'information et au crédit. En outre, une amélioration de la logistique (transport) et des mécanismes de commercialisation sont essentiels.

Le partage équitable des rôles, responsabilités, coûts et avantages peut améliorer l'aménagement des forêts secondaires.

A l'heure actuelle, les coûts et avantages dérivés des forêts secondaires ne sont pas répartis de façon équitable. Ils devraient être exprimés non seulement en termes financiers, mais aussi en ressources humaines et en services environnementaux. Le déséquilibre est souvent causé par un accès inégal à la ressource, à des méthodes d'évaluation inadéquates, et à l'absence de mécanismes de commercialisation efficaces. Une distribution et un accès plus équitables aux ressources devraient se traduire par une amélioration des moyens d'existence des populations locales.

L'influence de la pauvreté et de la démographie sur l'aménagement des forêts secondaires est souvent sous-estimée.

Le lien entre croissance démographique, densité de population et dégradation des forêts n'est pas manifeste et souvent simplifié à l'extrême. Un problème plus immédiat est le cycle de la pauvreté, exacerbé par l'incapacité d'aligner les besoins à court terme des populations locales sur les buts à long terme d'utilisation des terres et d'aménagement forestier durables. Une politique fructueuse d'aménagement durable des forêts peut contribuer à l'atténuation la pauvreté - et vice-versa -par la création de conditions socio-économiques et institutionnelles propices, le renforcement de la participation des groupes locaux et l'intégration de l'aménagement des forêts secondaires dans les PSRP et autres stratégies de lutte contre la pauvreté.

Questions techniques et écologiques

La typologie et la définition générales des forêts secondaires doivent être adaptées aux conditions spécifiques des pays.

L'harmonisation des définitions et typologies des forêts secondaires peut améliorer la communication et la collaboration entre les partenaires et contribuer à attirer de nouvelles ressources; elle devrait également améliorer son évaluation. Toutefois, il importe d'envisager, tant pour des raisons opérationnelles que de politique, d'adapter les définitions et typologies générales aux contextes nationaux et régionaux. Ceci devrait être accompli dans le cadre d'un processus consultatif et d'ateliers nationaux, en veillant à utiliser  les connaissances locales existantes pour stratifier et classer les types de végétation locale.

La gestion des forêts secondaires devrait être insérée dans le cadre de l'utilisation globale des sols et non isolément (approche des paysages).

Les relations socio-économiques et écologiques entre les forêts secondaires et autres utilisations des terres sont complexes et multiples. Une planification intégrée se traduit par une utilisation optimale des ressources mais devrait être soutenue par des politiques et une législation adéquates et se fonder sur la participation. La viabilité et l'efficacité des plans d'aménagement intégré augmentent lorsque les intérêts des acteurs sont pris en compte, et lorsqu'elles contribuent à une meilleure compréhension et une délimitation des frontières et de l'autorité sur la terre.

Il faut une approche participative et adaptative d'aménagement et de recherche pour élargir la base de connaissances écologiques et technologiques en vue de l'aménagement des forêts secondaires.

Il y a une carence d'information et de compréhension des processus écologiques et de la dynamique des forêts secondaires, tant au niveau des essences que des écosystèmes. Parmi les lacunes, on peut citer notamment: le rôle des feux et des animaux; la sylviculture et l'économie des essences cibles; comment soutenir, accroître et surveiller la productivité et la biodiversité liées à cette ressource. Le développement des connaissances devrait se concentrer sur toutes les composantes et processus de l'écosystème; ceci requiert une approche pluridisciplinaire où les connaissances pratiques et l'expérience locales s'alignent sur la recherche formelle. Ceci devrait se traduire par des directives techniques et des technologies abordables et compatibles avec les compétences des utilisateurs locaux et par des stratégies de gestion qui optimisent le flux de biens et services aux communautés locales.

Un meilleur aménagement des forêts secondaires exige une amélioration des inventaires et de l'accès et de la diffusion de l'information.

Les forêts secondaires sont désormais une ressource largement "cachée", qui, à l'heure actuelle, ne figure pas dans les statistiques nationales et internationales. Il faut veiller à ce que les inventaires

Savanes boisées de miombo ancien à sous-étage clair, Mwekera, près de Kitwe (Copperbelt, Zambie), avant le défrichage pour la production de charbon de bois

disposent des ressources adéquates pour évaluer les types de forêts secondaires. Des informations supplémentaires et de plus amples connaissances sont nécessaires, mais la synthèse, un meilleur accès et une meilleure diffusion des connaissances existantes sont fondamentales. A cet égard, une meilleure mise en réseau et collaboration entre les institutions forestières nationales et internationales, ONG et experts individuels, tirant parti des technologies modernes de l'information et de communication, est fondamentale. Les gouvernements nationaux et autres parties prenantes - bénéficiant d'un soutien externe si nécessaire- devraient élaborer des stratégies nationales d'information et offrir des moyens de transmission des technologies de l'information.

Previous PageTop Of PageNext Page