Page précédente Table des matières Page suivante


CHAPITRE 3. Lignes directrices spécifiques pour intégrer les considérations nutritionnelles dans les projets et programmes


Dans le secteur agricole, les décideurs, les chercheurs et agents des services de vulgarisation jouent un rôle fondamental dans l’amélioration de la situation alimentaire et de l’état nutritionnel des petits agriculteurs démunis et des personnes à leur charge.

FAO/19743/L. Dematteis

Dans cette partie de l’ouvrage, des lignes directrices sur l’intégration d’objectifs nutritionnels dans les plans et les programmes de recherche agricole sont données par catégorie professionnelle. Quatre groupes sont concernés: les décideurs, les planificateurs et responsables de la recherche, les chercheurs, et enfin, les agents des services de vulgarisation. Pour chacune de ces catégories, des suggestions de trois ordres sont données: pour la planification et la mise en place dans les pays; pour l’établissement d’une coopération et d’une collaboration avec d’autres disciplines ou secteurs du développement; et enfin pour la diffusion des informations et la formation en vue d’appuyer la mise en œuvre des lignes directrices. Il s’agit de suggestions ou d’indications, destinées à être adaptées aux situations spécifiques de chaque pays. Le secteur ayant un rôle moteur dans l’application de ces lignes directrices doit donc s’assurer que les autres catégories et secteurs pertinents sont étroitement associés à la démarche, notamment le secteur privé et les ONG.

Pour les décideurs

Dans les différents pays, les politiques de recherche agricole ont souvent pour objectif d’accroître la production agricole, grâce à l’introduction de progrès d’ordre agronomique et technologique. Toutefois, les décideurs devraient également avoir conscience de l’importance que revêt l’intégration des questions de nutrition et de santé dans les programmes de recherche agricole. Les politiques agricoles devraient être conçues de manière à encourager:

la sécurité alimentaire des ménages, la sécurité sanitaire des aliments et une situation nutritionnelle optimale;

des programmes de lutte contre la pauvreté, peu onéreux et respectant l’environnement, qui permettent d’accroître la productivité;

la prise en compte de la condition des femmes et la diversification des cultures, pour assurer une répartition équitable des denrées, au sein des ménages;

le droit d’accès aux instruments qui peuvent permettre d’améliorer l’état nutritionnel (terres, crédit, matériel, formation de personnel qualifié);

la création de liens formels, de collaborations et d’échanges d’informations entre toutes les catégories et dans tous les secteurs concernés par le développement;

la participation de tous les acteurs à la conception, à la mise en place et à l’évaluation des projets et des programmes;

le renforcement des capacités des bénéficiaires et des fournisseurs de services;

la création de systèmes équitables de distribution des denrées alimentaires.

Les questions relatives à la nutrition et à la santé des familles doivent être intégrées dans les programmes de recherche agricole.

FAO/20636/E. Yeves

PLANIFICATION ET MISE EN ŒUVRE

Pour élaborer une politique relative à la sécurité alimentaire et à la nutrition au sein du secteur agricole, il est nécessaire d’établir une stratégie de mise en œuvre. Les points suivants offrent quelques suggestions et quelques renseignements utiles, susceptibles d’encourager l’adoption de ces mesures, dans un plan de développement national.

Dans chaque pays, les pouvoirs publics devraient considérer la sécurité alimentaire des ménages comme une priorité du développement, afin de régler de manière durable l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Les politiques agricoles nationales doivent soutenir et favoriser la sécurité alimentaire des groupes vulnérables, du point de vue nutritionnel.

Les décideurs devraient s’assurer que les objectifs de la recherche agricole tiennent compte des questions de nutrition.

Les gouvernements nationaux et les centres internationaux de recherche agronomique (CIRA) peuvent encourager les experts à introduire l’amélioration de la nutrition parmi les objectifs de recherche, tant au niveau des programmes que des projets. Les objectifs des politiques agricoles nationales peuvent aller outre l’accroissement de la production agricole et viser aussi la sécurité alimentaire, la création de revenus, l’équité et l’amélioration de l’état nutritionnel - notamment pour les petits exploitants démunis.

Les questions de nutrition devraient figurer dans les programmes et projets de réduction de la pauvreté, ces deux aspects étant indissociables et pouvant être réglés ensemble.

Les projets de recherche agricole visant à aider les agriculteurs démunis à accroître le rendement de leurs récoltes, devraient aussi s’interroger sur le fait de savoir si ces cultures apportent une amélioration de leur régime alimentaire.

Il faudrait aussi tenir compte des données disponibles sur la pauvreté, la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel lorsque l’on établit des priorités dans les programmes de développement. En particulier, les services de recherche agricole et de vulgarisation devraient insister tout spécialement sur les besoins des communautés agricoles démunies.

Au cours de la conception ou de la formulation des politiques, des projets et des programmes, il convient de prendre des dispositions pour contrecarrer ou éviter tout effet négatif sur les couches les plus pauvres de la population. Ainsi, une politique des prix visant à stimuler la production des agriculteurs moyens peut augmenter le prix d’une denrée qui devient alors inaccessible aux groupes à faibles revenus. Cela compromet l’apport alimentaire et l’état nutritionnel. Même si les politiques et les programmes agricoles ne sont pas directement destinés aux pauvres, ils peuvent avoir une incidence positive ou négative sur leurs vies. Ces politiques et programmes ont un impact sur la situation nutritionnelle, l’approvisionnement en vivres, l’habitat ainsi que sur l’accès au carburant, à l’eau potable, aux services sanitaires ou aux produits issus des activités de production.

Des considération d’ordre nutritionnel devraient figurer dans les politiques agricoles, ainsi que dans les politiques d’autres secteurs connexes (comme la santé, l’éducation, les finances, la planification économique, les échanges, le secteur industriel et les ONG). Enfin, les besoins de la nutrition et les considérations pertinentes devraient être élaborées de manière explicite dans les politiques de développement. A cet effet un comité peut être chargé de coordonner toutes les activités relatives à la nutrition.

Élaborer des plans d’action sur la base des politiques et des plans nationaux de développement, en consultant tous les principaux acteurs afin de cerner les grandes priorités et d’obtenir un consensus; identifier les ressources humaines et financières pour mettre en œuvre les actions prioritaires; et élaborer les plans de suivi et d’évaluation.

Encourager une recherche opérationnelle répondant aux problèmes identifiés.

Consolider les systèmes d’information et de collecte de données pour améliorer l’accès aux informations et leur diffusion auprès des chercheurs, des vulgarisateurs et des autres acteurs.

Tenir compte des spécificités culturelles locales ou régionales lors de la formulation des politiques de recherche, des priorités et des projets.

Établir un organisme national multidisciplinaire et multisectoriel chargé de la sécurité alimentaire et de la nutrition.

Établir des liens entre les organisations et les institutions de recherche agricole et les organisations d’agriculteurs; entre les services de vulgarisation agricole et/ou nutritionnelle et les organisations d’agriculteurs; entre les institutions de recherche et les services de vulgarisation. Renforcer en même temps les réseaux existants au sein des sous-régions.

Prévoir les moyens et actions de formation nécessaires pour que le personnel d’encadrement agricole et les chercheurs en nutrition, puissent s’investir dans les politiques institutionnelles.

COOPÉRATION ET COLLABORATION

Les possibilités de succès des activités susmentionnées augmenteront si elles sont menées conjointement par des nutritionnistes, des chercheurs et des vulgarisateurs. La collaboration entre institutions peut être envisagée, notamment, de la manière suivante:

Définir de manière claire les paramètres nutritionnels des groupes cibles qui figurent comme critère ou élément essentiel dans l’évaluation des projets de recherche agricole;

Contrôler à intervalles réguliers les denrées consommées par les plus démunis. La recherche délaisse trop souvent les cultures traditionnelles, qui ne sont pas exportées ou qui ne sont pas des cultures de rente;

Évaluer toutes les denrées de base et les cultures vivrières traditionnelles en collaboration avec les unités responsables de la nutrition afin de les intégrer dans les programmes de recherche. Déterminer l’importance du rôle des aliments de base dans l’alimentation et les conditions d’existence des groupes vulnérables du point de vue nutritionnel (influence sur l’état nutritionnel, les revenus et les dépenses alimentaires). Certaines denrées de base, consommées par la majorité des habitants, peuvent s’avérer trop coûteuses pour les plus défavorisés, qui, en contrepartie, sont les seuls à consommer d’autres produits.

INFORMATION ET FORMATION

Inclure dans le cadre des politiques de vulgarisation, des dispositions visant à diffuser les résultats de la recherche, ainsi qu’à fournir des informations et des conseils aux agriculteurs. Ces dispositions devraient couvrir tous les facteurs de production y compris la commercialisation, le traitement après récolte, la transformation, l’utilisation et les qualités nutritionnelles. Comme nombre d’agriculteurs démunis sont souvent illettrés, il convient d’envisager le développement des moyens de communications de masse, comme la radio et la télévision (quand cela est possible).

Accroître la place de la nutrition dans les cours d’économie domestique et inscrire cette matière dans toutes les formations agricoles, de sorte que les liens entre la nutrition et le développement puissent être compris et inculqués, par le biais de la formation.

Créer un environnement permettant une sensibilisation à l’égalité des chances.

Pour les planificateurs et responsables de la recherche

Les présentes lignes directrices, destinées aux planificateurs et aux responsables des activités de recherche agricole, favoriseront l’intégration de considérations et de critères d’ordre nutritionnel dans la conception de projets et de programmes de recherche, ainsi que dans l’évaluation de l’incidence de la recherche. Ces lignes directrices soutiennent aussi la conception et la mise en place de projets de recherche multidisciplinaire, visant à une meilleure compréhension des rapports entre la production et la nutrition et de l’incidence de la production alimentaire sur l’état nutritionnel des communautés démunies. Les informations tirées de ces initiatives peuvent faciliter la formulation de politiques ainsi que la mise au point et le transfert de technologies.

Dans le présent document, on entend par planificateurs et responsables de la recherche, les cadres de haut niveau chargés de contrôler les programmes de politique interne et de recherche et d’établir les priorités pour la gestion et l’organisation de la recherche agricole, tant au plan national qu’international.

Participation des agriculteurs démunis et des autres acteurs à la planification et à l’évaluation des activités de recherche.

FAO/R. Faidutti

Afin d’encourager les planificateurs et les responsables de la recherche à tenir compte des questions de nutrition et des questions connexes, dans l’élaboration et l’évaluation des programmes et des projets de recherche agricole, on peut proposer les actions suivantes:

Établir des groupes consultatifs, au niveau national, régional et du district, avec la participation des principaux acteurs, dans les secteurs de l’agriculture, de la nutrition et de la santé, (agents de recherche, vulgarisateurs agricoles et nutritionnels, nutritionnistes, agriculteurs, distributeurs de produits alimentaires, consommateurs...)

Inviter les agriculteurs démunis et les utilisateurs finaux à participer à la détermination des priorités de recherche, ainsi qu’à la planification, au suivi et à l’évaluation des activités de recherche. Les problèmes de production et les besoins nutritionnels spécifiques doivent êtres définis et réglés;

Effectuer les recherches en collaboration avec les agriculteurs, notamment pour ce qui est des activités susceptibles d’améliorer la situation des pauvres ruraux, en couvrant leurs besoins nutritionnels.

Mettre au point des technologies qui permettront et encourageront la mise en place des recommandations issues de la recherche;

Développer les systèmes permettant d’associer agriculteurs et consommateurs dans les programmes de recherche agricole;

Établir des liens formels et informels entre les institutions de recherche, les services de vulgarisation, les agriculteurs (à titre individuel ou en associations) et les agences de développement rural.

Développer des liens avec les services de vulgarisation, les institutions de nutrition et les programmes d’alphabétisation des adultes.

Les besoins nutritionnels des populations locales doivent être pris en considération dans la planification des programmes de recherche.

FAO/9676/F. Botts

PLANIFICATION ET MISE EN ŒUVRE

Rechercher l’engagement des décideurs et des responsables de la recherche en vue de l’adoption de nouvelles activités de recherche.

Assurer la participation de toutes les acteurs aux prises de décision dans la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des programmes et des projets de recherche.

Renforcer les connaissances et les compétences des communautés agricoles locales. La participation des agriculteurs à la conception et à la mise en place de projets est particulièrement importante puisque les démarches de recherche participatives des agriculteurs complètent les démarches conventionnelles. Les connaissances techniques et l’expérience des populations locales peuvent compléter une démarche scientifique classique dans les activités de localisation et de classification relatives à l’environnement biophysique. Elles peuvent permettre de compléter les explications et les prévisions scientifiques. En fonction du niveau de participation des agriculteurs les modes d’action peuvent varier. Il convient donc d’établir clairement ce niveau de participation au cours de la phase de planification.

Impliquer les exploitants pratiquant l’agriculture de subsistance, lors de la phase d’évaluation des besoins et des objectifs de la recherche.

Faire figurer l’étude des besoins nutritionnels des populations locales, dans la planification des programmes de recherche et avoir recours à des prises de décisions participatives pour satisfaire leurs besoins.

Mobiliser les ressources humaines et financières nécessaires à la mise en oeuvre des activités proposées.

Établir une procédure de travail avec tous les partenaires pertinents, en s’assurant de leur engagement. Chercher les intrants disponibles pour la mise en oeuvre des activités de recherche à tous les niveaux, notamment au plan communautaire, local, national et sous-régional.

Faire figurer, dans la mesure du possible, les plantes vivrières et les espèces locales peu connues et sous-exploitées dans les programmes de recherche. Cela permet de diversifier l’alimentation de base, d’améliorer la sécurité alimentaire des ménages et l’état nutritionnel des consommateurs.

Collaborer avec les services et les agents de vulgarisation pour assurer l’adoption de méthodes de protection des récoltes respectant l’environnement et la régularité des approvisionnements en intrants essentiels (engrais, irrigation, machines, équipement, semences et matériel végétal) nécessaires aux agriculteurs pour qu’ils puissent utiliser les résultats de la recherche et suivre efficacement leurs recommandations.

Renforcer les activités liées à la recherche sur les problématiques post-récolte, la transformation et l’utilisation des produits dans les instituts de recherche agricole afin qu’elles reflètent la demande et les besoins des consommateurs. Les questions de nutrition doivent être considérées comme essentielles dans le cadre des recherches conduites sur les activités post-récolte et de transformation des aliments.

Mettre au point des technologies sûres, respectueuses de l’environnement, sans risque pour la santé des utilisateurs et des consommateurs.

Informer les décideurs et les responsables de la recherche sur l’état nutritionnel des communautés agricoles.

Évaluer les effets, tant négatifs que positifs, des recommandations de la recherche, sur les variations des prix des produits agricoles.

INFORMATION ET FORMATION

Organiser des ateliers et/ou des activités de formation de courte durée, pour fournir aux responsables de la recherche des informations sur les liens entre la recherche agricole, la situation alimentaire et l’état nutritionnel au sein des communautés. Si l’on attire l’attention des responsables de la recherche sur les besoins nutritionnels des communautés et sur l’irrégularité des approvisionnements au fil des saisons, il sera possible de planifier les interventions appropriées dans le secteur de la recherche.

Créer des associations locales d’agriculteurs en vue d’organiser des activités éducatives sur les différents systèmes d’exploitation agricole.

Pour les agents de recherche agricole

Les lignes directrices énoncées ci-après sont conçues pour aider les agents de recherche et le personnel impliqué dans les projets, à tenir compte des questions de nutrition lors de la conception et de la conduite des expériences, des projets et des essais de recherche agricole. Afin d’aborder les points énoncés ci-après de manière efficace, il est recommandé de former des comités de liaison entre la recherche et la vulgarisation au plan national, régional et au niveau du district, avec la participation de tous les principaux acteurs; notamment les agriculteurs, décideurs, chercheurs, consommateurs et agents agricoles, de nutrition et de santé publique. Ces questions devraient être inscrites à l’ordre du jour des réunions des comités.

Les plantes et les espèces animales autochtones peu connues et peu utilisées doivent figurer dans les programmes de recherche.

FAO/10995/J. Van Acker

PLANIFICATION ET MISE EN ŒUVRE

Concevoir des programmes de recherche visant spécialement à accroître l’utilisation des ressources naturelles sous-exploitées et notamment des variétés locales de plantes, d’animaux, de champignons et d’insectes. Cela peut permettre d’améliorer la sécurité alimentaire des ménages, l’état nutritionnel des consommateurs potentiels, au niveau des villages, et d’exploiter le rôle des différentes variétés dans l’amélioration des systèmes d’exploitation.

Dans les programmes d’amélioration de la sélection des plantes et des animaux, choisir des lignées ou du matériel végétal local, qui convienne aux besoins des agriculteurs (notamment aux femmes); évaluer les variétés ou espèces qui apparaissent prometteuses du point de vue de leur qualité culinaire et nutritionnelle ainsi que par leur teneur en nutriments pour lesquels la population est carencée. On peut également tenir compte de la durée de conservation et de la déperdition de nutriments pendant le stockage, surtout dans le cadre des petites exploitations pratiquant l’agriculture de subsistance.

Discuter avec les communautés agricoles, les principaux objectifs et les répercussions possibles des expériences menées dans les exploitations. Prévoir des entretiens avec les groupes de femmes participant aux activités après-récolte. Vérifier, au cours de la phase de planification, comment les agriculteurs peuvent participer à la recherche. Cela peut impliquer la location des terres des agriculteurs comme sites de recherche sur le terrain, des discussions à propos de leurs apports au cours de la recherche, ou encore une collaboration destinée à obtenir leur opinion sur les besoins en matière de recherche ou sur les nouveaux développements possibles. Cette dernière démarche, connue sous le nom d’écoles d’agriculture de terrain, renforce nettement la capacité locale à mener des recherches informelles et de réaliser des travaux, au niveau des exploitations et des communautés.

Envisager la nécessité de multiplier, certifier et entretenir les semences, ou tout autre matériel végétal de variétés nouvelles ou améliorées, en tenant compte de leur durabilité, et des possibilités d’adoption et d’utilisation par les agriculteurs pauvres.

Encourager l’adoption de technologies améliorées, après avoir vérifié au préalable qu’elles sont abordables par les agriculteurs démunis.

Déterminer des moyens simples et pratiques de rassembler et de diffuser les informations relatives aux habitudes alimentaires et d’évaluer les nutriments limitants. De cette manière les interventions de recherche agricole reposeront sur des informations solides.

Faire participer des équipes multidisciplinaires à l’évaluation des recherches en cours, notamment les agents de nutrition.

Évaluer les effets des expériences de la recherche sur l’état nutritionnel des communautés agricoles bénéficiaires, notamment les effets positifs ou négatifs sur des groupes déterminés au sein des communautés.

Évaluer les coûts de production du nouveau matériel végétal retenu, par rapport aux variétés déjà connues.

Examiner la pertinence des méthodes dont l’adoption est recommandée pour la production et après la récolte, pour les petits exploitants pratiquant l’agriculture de subsistance et pour les transformateurs, en accordant une attention particulière à l’environnement local, aux besoins nutritionnels, aux exigences de main-d’œuvre, aux coûts et au niveau général de développement économique.

COOPÉRATION ET COLLABORATION

S’assurer qu’il a été tenu compte de toutes les utilisations secondaires envisageables pour les variétés végétales retenues (fourrage, litière pour le bétail, carburant ou matériel de construction). Les sélectionneurs, les agronomes, et les experts en zootechnie et en génie génétique devraient collaborer avec les nutritionnistes et les techniciens de l’alimentation dans les institutions pertinentes pour évaluer les qualités nutritionnelles et alimentaires potentielles des nouvelles variétés de cultures et des nouvelles races animales.

Instaurer un dialogue entre les vulgarisateurs et les agents chargés de l’économie domestique, de la santé et de la nutrition, pour la démonstration des résultats de la recherche. Celle-ci qui devrait porter sur tous les aspects de la production, de la transformation et de l’utilisation.

Faire participer les communautés agricoles au travail de recherche en utilisant des approches participatives dans la planification et la conception des projets de recherche.

Effectuer des essais à la ferme et des démonstrations avec les agriculteurs et les vulgarisateurs.

S’assurer que les résultats de la recherche sont présentés de manière claire, facilement compréhensible, et qu’ils peuvent être appliqués et acceptés par les groupes cibles.

Renforcer les partenariats et les liens entre les agriculteurs, la vulgarisation et la recherche.

Les préférences alimentaires des consommateurs urbains doivent être prises en considération dans la sélection végétale et la production pour réduire l’insécurité alimentaire et permettre aux petits agriculteurs de se procurer des revenus.

FAO/19786/G. Bizzarri

QUESTIONS CONCERNANT LES CONSOMMATEURS

Identifier et définir les nutriments limitants dans l’alimentation du groupe cible avant la planification des projets et en collaboration avec les agents chargés de la nutrition et de la vulgarisation. A cet effet, il est possible d’envisager des enquêtes sur l’état nutritionnel et des études sur la consommation des divers aliments.

Étudier les préférences alimentaires des consommateurs urbains et en tenir compte lors de la sélection des plantes et dans le cadre de la production vivrière. Les consommateurs urbains peuvent être touchés par l’insécurité alimentaire. Ils peuvent aussi procurer des revenus aux petits agriculteurs en achetant les denrées qu’ils produisent.

Lors de la planification des projets de recherche, faire participer les secteurs industriels qui produisent et livrent des intrants (produits chimiques, engrais...).

Concevoir et cibler des projets de recherche pour aider les groupes vulnérables du point de vue nutritionnel, à produire des aliments répondant à leurs besoins nutritonnels. Une attention toute particulière devrait être portée aux nutriments limitants dans l’alimentation de ces groupes.

Élaborer des procédures simples et rapides pour évaluer et mesurer la teneur en nutriments et les caractéristiques des cultures produites par des groupes vulnérables, afin de déterminer si ces denrées couvrent leurs besoins nutritionnels.

INFORMATION ET FORMATION

Organiser à intervalles réguliers des programmes de formation continue sur la nutrition, destinés aux chercheurs et aux assistants techniques.

Préparer les outils pédagogiques sur les recommandations de la recherche à l’usage des vulgarisateurs, des autres agents de développement rural et des agriculteurs.

Faire connaître les résultats des recherches en matière de nutrition aux planificateurs de la recherche, aux décideurs et aux travailleurs communautaires, afin qu’à l’avenir la recherche soit mieux adaptée aux besoins communautaires.

Fournir des informations et des conseils sur les méthodes de transformation des aliments et sur leur utilisation en vue de réduire les pertes en nutriments et encourager les combinaisons équilibrées d’aliments du point de vue nutritionnel.

Pour les responsables et agents de vulgarisation

Les services nationaux de vulgarisation peuvent tenir compte des points suivants lorsqu’ils encouragent l’intégration de considérations d’ordre nutritionnel parmi les priorités de recherche. Ils devraient le plus possible s’appuyer sur des équipes multidisciplinaires. Par services de vulgarisation, on entend les personnels de vulgarisation œuvrant dans les domaines de l’agriculture et de la nutrition. Les suggestions sont destinées aussi bien à l’encadrement qu’au personnel. Des progrès satisfaisants ne pourront être obtenus qu’avec un engagement énergique des dirigeants et un soutien au plan ministériel afin de stimuler l’action du personnel de terrain.

RESPONSABLES DE SERVICES DE VULGARISATION

Organiser des ateliers de planification avec tous les acteurs, dans diverses régions, pour déterminer les secteurs prioritaires et les actions à prendre.

Établir des priorités dans divers domaines et commencer le travail par les secteurs à examiner de manière pressante.

Établir des liens formels entre les décideurs, les agents de recherche et de vulgarisation, les nutritionnistes, les agriculteurs et les consommateurs afin de s’assurer que les programmes de recherche tiennent compte des besoins de production et de nutrition des petits agriculteurs. La stratégie visant à créer des comités de liaison entre la recherche et la vulgarisation, dans lesquels tous les acteurs sont représentés, peut donner de bons résultats.

Engager des nutritionnistes et des experts en économie familiale si ces deux spécialités ne sont pas déjà représentées dans le service de vulgarisation. Des experts en nutrition peuvent collaborer avec les agronomes et contribuer à la planification, la mise en place et l’évaluation de projets agricoles communautaires, respectant les besoins alimentaires et les exigences nutritionnelles de ces groupes.

Donner aux spécialistes de la vulgarisation agricole et horticole la possibilité de se mettre en contact avec des nutritionnistes, si ces derniers ne sont pas déjà employés par le service de vulgarisation.

Employer des vulgarisateurs spécialisés dans les domaines de la commercialisation, de la manutention post-récolte, de la transformation et de l’utilisation des produits.

Employer un personnel de vulgarisation suffisant pour couvrir les besoins des communautés agricoles, et lui fournir les ressources nécessaires à l’accomplissement de ses missions.

Créer des équipes de vulgarisation multidisciplinaires au niveau des départements ou des ministères, sous la direction de responsables d’équipes compétents, afin de coordonner et contrôler les services régionaux de vulgarisation.

Offrir aux responsables de la vulgarisation la possibilité de communiquer de manière efficace avec les spécialistes de la recherche, de la nutrition et des cultures, afin d’augmenter les chances de réussite des projets.

AGENTS DE VULGARISATION

Coopération et collaboration

Initier des essais conjoints avec les instituts de recherche et les agriculteurs. Cette collaboration constitue le premier pas à accomplir pour mettre en œuvre l’approche multidisciplinaire souhaitée.

Établir des liens plus étroits entre les ministères de l’agriculture et de la santé.

Établir une communication et une collaboration entre les nutritionnistes, les spécialistes de l’économie familiale et les vulgarisateurs afin de faciliter les échanges d’information et de conseils en vue de produire des aliments adaptés à la conservation et au stockage domestiques.

Obtenir de la part des spécialistes locaux et autres experts, des suggestions pour s’assurer que les technologies proposées sont adaptées aux destinataires. Les capacités physiques propres aux hommes et aux femmes et leurs responsabilités sociales respectives devraient être prises en considération lors de la conception ou de l’introduction de nouvelles technologies.

Information et formation

Donner aux agriculteurs des informations sur la réduction des pertes post-récolte, la manutention et le stockage des produits à court et long terme, pour conserver les qualités nutritionnelles des aliments.

Aider les agriculteurs en leur fournissant des informations sur l’utilisation optimale des systèmes d’irrigation, en particulier dans les cas où les disponibilités en eau sont limitées. Proposer un calendrier d’irrigation qui préserve les ressources en eau.

Donner des informations et des conseils sur la production, la commercialisation, la transformation et l’utilisation des cultures vivrières traditionnelles sous-exploitées et sur les variétés indigènes.

Aider les agriculteurs des zones pluviales, à planifier les cultures pour tirer parti au mieux des moments propices aux semis et aux récoltes.

Donner des informations et des conseils sur les techniques culturales et d’élevage permettant de réduire au maximum les pertes et d’améliorer la salubrité des produits.

Promouvoir l’adoption de pratiques de lutte intégrée et de gestion de production respectant l’environnement.

Organiser des sessions de formation et des ateliers, pour que les nutritionnistes et le personnel de vulgarisation agricole prennent connaissance de leurs besoins réciproques et apprennent à mieux se connaître et à se respecter.

Introduire les considérations nutritionnelles dans les programmes des universités agronomiques et dans les cours de formation continue.

Donner des informations et des conseils aux agriculteurs et aux producteurs pour la production de semences (ainsi que sur la propagation végétative) à la ferme et leur stockage sur place avec le maximum de garanties de sécurité. Cela peut permettre d’effectuer les semis en temps voulu et partant, d’accroître la sécurité alimentaire.

Donner des informations et des conseils d’ordre agronomique et nutritionnel aux agriculteurs et aux producteurs qui se spécialisent dans la production et la distribution de semences, de matériel végétal et de plants de pépinières.

Préparer des outils de formation simplifiés à l’usage des vulgarisateurs, des agriculteurs, des agents de développement rural et des autres utilisateurs pour appuyer les recommandations de la recherche. Les vulgarisateurs et nutritionnistes peuvent se charger de cette tâche.

Préparer des lignes directrices détaillées permettant aux agents de vulgarisation d’utiliser de manière plus efficace le matériel de formation sur la nutrition. Cela peut être fait grâce à une collaboration entre spécialistes de la vulgarisation, de la nutrition et de la production.

Former les agents de vulgarisation et de nutrition à la production et à la distribution de matériel de formation et de brochures d’information, pour l’éducation nutritionnelle des populations rurales démunies.

Encourager les expériences menées par les agriculteurs et la conduite de sessions de formation en groupes dans les écoles d’agriculture de terrain. Cela permettra aux agriculteurs démunis de prendre des décisions en connaissance de cause, pour la mise en place d’une agriculture durable.

Les potagers devraient être conçus pour fournir les micronutriments nécessaires et assurer un approvisionnement régulier en toute saison.

FAO/11173/F. Botts

Planification et mise en œuvre

Créer et entretenir au niveau des villages des jardins témoins pour illustrer les concepts de continuité des approvisionnements et d’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages, en mettant en place une variété de cultures susceptibles d’améliorer l’état nutritionnel des individus dans la communauté.

Aider les agriculteurs et les producteurs à planifier leurs activités agricoles afin d’obtenir une régularité de l’offre, en mettant l’accent sur une plus grande diversité d’espèces et de variétés culturales qui peuvent améliorer et équilibrer les régimes alimentaires.

Mener des discussions régulières, des inspections et un suivi des stratégies susmentionnées, afin d’évaluer les progrès.


Page précédente Début de page Page suivante