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6. RECOMMANDATIONS


Le présent chapitre contient les recommandations suivantes:

1. Recommandations générales

2. Thèmes d’étude recommandés pour comprendre la culture des communautés de petits pêcheurs

3. Recommandations visant à promouvoir et légitimer les organisations de pêcheurs

4. Recommandations visant à harmoniser les nouveaux programmes de gestion et de développement avec les systèmes traditionnels des pêcheurs

5. Recommandations concernant le renforcement des capacités

6. Recommandations visant à promouvoir une sensibilisation de l’opinion aux cultures des communautés de petits pêcheurs.

Ces recommandations sont définies à l’intention des agents de vulgarisation des pêches, des hauts responsables de la fonction publique et des différentes personnes qui s’emploient à promouvoir une gestion plus efficace des pêches tout en améliorant le bien-être des populations des communautés de petits pêcheurs. En particulier, elles tiennent compte du rôle important des agents de vulgarisation au sein de ces communautés, puisqu’ils travaillent habituellement en étroite collaboration avec les pêcheurs, appliquent les règles et les réglementations des pêches, font office d’agents de coordination entre les travailleurs des pêches et les hauts fonctionnaires de l’administration, visent au bon déroulement des programmes de formation, d’enseignement et de développement et enfin assument plusieurs autres responsabilités.

6.1 Recommandations générales

1. Quelles que soient les initiatives de gestion des pêches envisagées par les responsables officiels de ce secteur, demander aux membres des communautés de petits pêcheurs en premier lieu ce qu’ils en pensent et s’assurer leur participation et leur coopération, tout au long de la mise en place desdites initiatives.

2. La planification, la mise en oeuvre et les orientations en matière de gestion des pêches doivent explicitement reconnaître l’importance fondamentale de la préservation des droits d’accès des petits pêcheurs et de leurs droits d’exploitation des espèces de poisson, qui jouent un rôle important pour assurer leur subsistance.

3. Les politiques et les pratiques de gestion des pêches doivent avoir des objectifs précis et explicites. Elles doivent indiquer explicitement les pêcheurs qui ont accès aux pêches et ceux qui n’y ont pas accès. Lorsque la protection et la promotion du bien-être des communautés de petits pêcheurs figurent parmi les principaux objectifs, il y a lieu de le mentionner explicitement.

4. La participation aux tâches de planification et de mise en oeuvre des mesures de gestion doit être favorisée parmi les membres des communautés de petits pêcheurs, en associant à ces tâches les dirigeants et leurs représentants qui bénéficient de leur confiance, ainsi que les pêcheurs les plus influents.

5. La transparence des décisions de gestion des pêches doit être assurée, grâce à leur élaboration dans le cadre de rencontres ouvertes auxquelles participent les membres des communautés de petits pêcheurs et lors desquelles des efforts systématiques sont déployés pour parvenir à un accord.

6. Il convient de développer des possibilités d’éducation pour les membres des communautés de petits pêcheurs, en rapport avec les exigences propres aux activités de pêche et de façon à offrir aux adultes et aux enfants la possibilité de développer leur connaissance, non seulement de la pêche, mais aussi d’autres activités professionnelles.

7. Il convient en outre de favoriser une amélioration de l’image des pêcheurs dans l’opinion et de renforcer l’intérêt à leur égard, en attirant l’attention sur leur contribution au sein des régions et des pays où ils vivent. Ces différentes initiatives doivent être intégrées aux programmes d’étude des écoles publiques, aux programmes d’information financés par les pouvoirs publics, ainsi qu’aux enquêtes documentaires publiées dans la presse.

8. Les recommandations ci-dessus ne doivent être mises en oeuvre qu’au terme d’une évaluation de leur caractère approprié et des répercussions possibles pour les communautés de pêche concernées.

6.2 Thèmes d’étude recommandés pour comprendre la culture des communautés de petits pêcheurs

Il importe particulièrement d’entreprendre des études consacrées aux cultures des communautés de petits pêcheurs dans le cadre de l’élaboration et de la mise en place de nouveaux programmes de gestion et d’aménagement des pêches. Sinon, les fonctionnaires des pêches risquent de ne pas comprendre pourquoi les pêcheurs à petite échelle poursuivent différentes activités d’une certaine façon, tandis que les pêcheurs risquent de faire obstacle aux nouvelles initiatives dont ils estiment qu’elles leur ont été imposées subrepticement de l’extérieur et qu’elles sont incompatibles avec leurs pratiques habituelles.

6.2.1 Thèmes d’étude recommandés pour comprendre la culture des communautés de petits pêcheurs (une description complète des thèmes d’étude appropriés figure à l’Appendice 7.2)

1. Origines et importance des capitaux investis et niveaux de production correspondants.

2. Influence sociale, économique et politique de la communauté au-delà de ses limites.

3. Menaces extérieures affectant la production halieutique.

4. Type d’habitat (par exemple, degré de concentration/dispersion des communautés de pêche).

5. Principaux écosystèmes marins et espèces exploitées; influence sur les caractéristiques culturelles telles que l’organisation sociale et économique, ainsi que les techniques de pêche et le type de matériel utilisés.

6. Nature et importance du rôle des activités de pêche pour chacun des membres de la communauté, et imbrication plus ou moins grande de ce rôle avec l’identité de la communauté et avec sa vie sociale, économique, rituelle et symbolique.

7. Savoir écologique traditionnel et modalités d’utilisation.

8. Division du travail dans les activités de pêche, en fonction du sexe et de l’âge, et comportement attendu des hommes, des femmes, des enfants, des adultes et des personnes âgées.

9. Rôle des femmes au niveau des activités de pêche, des ménages et des familles.

10. Mode de recrutement des équipages de pêche et des différents groupes professionnels liés aux pêches.

11. Problèmes sociaux, interpersonnels et psychologiques liés à la participation aux activités de pêche.

12. Adaptations aux risques et aux incertitudes liés aux activités de pêche - marge de sécurité propre aux différentes méthodes de pêche, préservation du pluralisme professionnel, systèmes de rémunération partagée et croyances, comportements rituels et tabous susceptibles de faciliter la prise en charge psychologique.

13. Accès plus ou moins satisfaisant aux possibilités de crédit et d’assurance et répercussions correspondantes sur l’effort de pêche et la production.

14. Systèmes traditionnels de gestion communautaire des pêches susceptibles d’être dissociés du mode de gestion institué par les pouvoirs publics et modalités de mise en oeuvre correspondantes.

6.2.2 Recommandations à l’intention des agents de vulgarisation

1. Aider les chercheurs oeuvrant au sein des communautés de pêcheurs, en leur indiquant les noms des principaux correspondants et des principaux organismes de liaison, et en leur faisant part de points de vue généraux quant à la situation actuelle des activités de pêche dans ces communautés.

2. Faire part aux membres des communautés de petits pêcheurs l’examen des thèmes qui intéressent les chercheurs, tout en incitant les premiers à indiquer les thèmes dont ils jugent l’étude particulièrement importante.

6.2.3. Recommandations à l’intention des hauts responsables de la fonction publique

1. Organiser l’action des équipes d’étude qui travailleront au sein des communautés de pêcheurs en consultation avec les personnes familiarisées aux méthodes des sciences sociales et avec les agents de vulgarisation qui en dépendent hiérarchiquement.

2. Faciliter les activités d’éducation et de formation visant à enseigner aux agents de vulgarisation l’importance de la réalisation d’études de sciences sociales consacrées aux communautés de pêche et du choix de méthodes de recherche judicieuses, pour que les agents de vulgarisation puissent assister les chercheurs oeuvrant au sein des communautés de pêcheurs et acquérir en définitive les compétences requises pour mener eux-mêmes ce type d’études.

3. Bien préciser aux agents de vulgarisation le but de l’étude, les thèmes retenus et l’information recherchée, tout en assurant la supervision d’ensemble nécessaire pour garantir que les travaux consacrés aux communautés de petits pêcheurs sont menés conformément à la déontologie et qu’ils disposent d’un financement adéquat pour atteindre leurs objectifs.

4. Veiller à ce que les études consacrées aux communautés de petits pêcheurs soient menées en stricte conformité aux critères de la déontologie des enquêtes en sciences sociales.

5. Faire appel aux méthodes d’évaluation rapide et aux méthodes d’évaluation rurale rapide pour élaborer de nouvelles initiatives de gestion et de développement, lorsque le temps et les moyens financiers disponibles ne permettent pas de mener des investigations plus approfondies.

6.3 Recommandations visant à promouvoir et à légitimer les organisations de pêcheurs6

Lorsque les responsables des pouvoirs publics ont pris connaissance des principales caractéristiques sociales et culturelles et se sont rendu compte des possibilités dont ils disposent pour promouvoir des moyens d’existence durables fondés sur la pêche, ils souhaitent alors vraisemblablement intégrer ces indications aux nouveaux programmes de gestion et aux nouveaux plans de développement. Or, à cet effet ils doivent au préalable disposer d’un moyen pour échanger des points de vue avec les membres des communautés locales.

Il convient donc à ce stade, soit qu’ils reconnaissent comme représentants légitimes de la communauté de pêche certaines de ses organisations de pêcheurs, soit, en leur absence, qu’ils contribuent à les mettre en place. Ces organisations constitueront des relais importants entre les responsables des pêches et la communauté de pêcheurs, en contribuant à améliorer la communication entre eux. De plus, la reconnaissance officielle par les responsables des pouvoirs publics du caractère légitime de certaines organisations contribuera à valoriser le rôle politique de ces dernières.

6.3.1 Recommandations à l’intention des agents de vulgarisation

1. Encourager les membres des communautés de petits pêcheurs à identifier les individus et les organisations qu’ils jugent les plus aptes à les représenter.

2. Travailler avec les membres des communautés de petits pêcheurs afin de choisir les personnes et de créer les organisations chargées de les représenter lorsque les membres desdites communautés ne sont pas en mesure de les choisir pour leur propre compte.

3. Lorsque le choix des personnes et des organisations chargées de les représenter a été effectué et communément approuvé, les reconnaître explicitement en tant que principaux interlocuteurs pour les futures initiatives de gestion et de développement.

4. Promouvoir les initiatives en coopération dans le cadre des activités liées aux pêches, pour renforcer la cohésion des communautés de petits pêcheurs.

6.3.2 Recommandations à l’intention des hauts responsables de la fonction publique

1. Fournir le concours spécialisé et l’aide nécessaires à l’identification ou à la création d’organisations représentatives au sein des communautés de petits pêcheurs et mettre en évidence leur rôle vis-à-vis des activités d’étude, de gestion et de développement.

2. Au moment opportun et s’il y a lieu, aider les groupes de pêcheurs à mettre sur pied des groupes ou des associations de pêcheurs au niveau national/régional.

3. Dans la mesure du possible, recruter des agents de vulgarisation et différents responsables des pêches au sein des communautés de petits pêcheurs et leur fournir l’éducation et la formation nécessaires. Parallèlement, veiller à ce que les responsables des pêches suivent entièrement l’enseignement et la formation concernant la culture et la dynamique culturelle des communautés de petits pêcheurs, en tant que condition requise de leur habilitation professionnelle.

6.4 Recommandations visant à harmoniser les nouveaux programmes de gestion et de développement avec les systèmes traditionnels des pêcheurs

En tenant compte des connaissances tirées de l’étude des caractéristiques socioculturelles d’une communauté de petits pêcheurs, et sur la base des échanges de vue avec ses membres et avec les organisations représentatives, les responsables publics devraient s’attacher à intégrer les systèmes traditionnels de pêche de la communauté, à de nouveaux schémas de gestion et de développement. Cette approche pourra exiger la reconnaissance juridique et la revendication par la communauté de ses droits traditionnels sur ses pêcheries.

6.4.1 Recommandations à l’intention des agents de vulgarisation

1. Dans la mesure du possible, expliciter par écrit les méthodes traditionnelles de pêche et s’il y a lieu suggérer aux représentants de la fonction publique d’en reconnaître la légitimité dans la réglementation et les politiques de gestion et de développement des pêches.

2. Le cas échéant, recommander la reconnaissance juridique des droits traditionnels sur les pêcheries revendiqués par les communautés de petits pêcheurs.

3. Explorer les possibilités d’intégration des systèmes traditionnels de gestion des pêches, notamment le savoir écologique traditionnel, aux nouveaux systèmes de gestion des sites ou des régions de pêche spécifiques.

4. Mettre au point des programmes de formation et d’homologation pour les pêcheurs à petite échelle, qui leur confèrent des droits d’accès et de participation, en prenant en considération les modalités coutumières de recrutement des équipages de pêche et des différents groupes professionnels liés aux pêches et qui, dans la mesure du possible, mettent à profit ces pratiques coutumières. Il faut également veiller à ne pas promouvoir des droits d’accès sur la base d’une spécialisation à plein temps dans les activités de pêche, si cela doit diminuer la diversité professionnelle actuelle des communautés de petits pêcheurs.

5. Chercher à conférer des activités de gestion au niveau le plus bas possible en encourageant la gestion conjointe en coopération au sein des communautés de petits pêcheurs lorsque celle-ci peut être assurée moyennant un contrôle réduit au minimum par les pouvoirs publics.

6. Si l’on s’aperçoit que des pêcheurs à petite échelle se livrent à des activités illégales, en étudier et en préciser les motifs.

6.4.2 Recommandations à l’intention des hauts responsables de la fonction publique

1. Promouvoir une législation garantissant les méthodes traditionnelles de pêche et conférant une légitimité aux droits traditionnels dans certaines pêcheries.

2. En particulier dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), veiller à ce que la couverture des besoins de subsistance des communautés de petits pêcheurs constitue le volet prioritaire de toute politique de répartition des pêches, la notion de subsistance impliquant en l’occurrence au moins la satisfaction des besoins minimum en matière d’alimentation et de revenu.

3. Envisager l’élaboration de mesures garantissant qu’aucune initiative de gestion visant à limiter la pêche dans les eaux côtières ne portera préjudice aux petits pêcheurs, du moment que d’autres types de pêcheurs opèrent également dans les mêmes eaux.

4. Etudier les possibilités d’élaboration d’approches de gestion des communautés de petits pêcheurs qui soient fondées sur la pluralité des espèces et sur la préservation de l’écosystème.

5. Etudier les possibilités d’intégration du savoir écologique traditionnel des pêcheurs à petite échelle et de participation de ces derniers aux activités d’évaluation des stocks, comme aux initiatives visant à mettre au point des programmes de gestion conjointe en coopération.

6. Etudier les possibilités d’institution de droits de propriété à l’intérieur des pêches à petite échelle, par exemple des droits d’usage territoriaux (DUTP) susceptibles de mieux garantir les droits d’accès des pêcheurs à petite échelle, tout en empêchant les pêcheurs concurrents de porter atteinte à ces mêmes droits.

7. Envisager l’élaboration de politiques reconnaissant que la préservation de moyens d’existence fondés sur la pêche au sein des communautés de petits pêcheurs peut s’avérer aussi importante que la préservation de stocks de poissons sains ou l’obtention du rendement maximal des ressources halieutiques.

8. Si l’on constate la participation de pêcheurs à petite échelle à des activités illicites, envisager alors la modification des règles et des politiques en vigueur, de façon à ce qu’ils ne soient pas obligés d’adopter ce comportement.

9. Organiser des programmes de formation et d’homologation des pêcheurs à petite échelle, leur conférant des droits d’accès et de participation, et tenant pleinement compte des systèmes locaux en vigueur de recrutement en vue des activités de pêche.

10. Promouvoir uniquement les initiatives de gestion et de développement des pêches les plus susceptibles de présenter une durabilité à long terme.

11. Promouvoir les évaluations d’impact culturel et socioéconomique qui étudient les répercussions possibles des initiatives de gestion et de développement envisagées. Les activités entreprises dans ce sens devraient se caractériser par une forte participation au sein des populations de pêcheurs concernées.

12. Faciliter et soutenir les études de suivi visant à évaluer les répercussions culturelles et socioéconomiques des initiatives de gestion et de développement. Ces études devraient être réalisées périodiquement par des parties indépendantes, suite à la mise en oeuvre des initiatives de gestion et de développement (par exemple, études de suivi chargées d’évaluer l’impact de mesures novatrices en matière de captures totales admissibles, de contingents individuels transférables et de DUTP, de différentes formules de privatisation, de limitations de l’accès aux pêches et autres actions de limitation de l’effort de pêche, ainsi que d’initiatives visant à accroître la capacité).

13. Prendre les mesures de gestion et de développement en étant conscient de leurs implications réciproques éventuelles, comme de leurs ramifications possibles dans d’autres domaines ayant un rapport avec les communautés de petits pêcheurs

6.5 Recommandations en matière de renforcement des capacités

Le renforcement des capacités sera dans nombre de cas une préoccupation majeure, surtout dans les communautés de petits pêcheurs des pays en développement, et ce pour différentes raisons: premièrement, les petits pêcheurs sont souvent isolés ou sans rapport avec des zones de commercialisation plus vastes; deuxièmement, la participation aux échanges avec ces zones plus étendues est susceptible d’exiger la mise en oeuvre de programmes d’éducation et de formation - renforcement du niveau d’hygiène et gestion de la qualité des produits à forte valeur commerciale; troisièmement, les membres des communautés, en particulier les plus jeunes, doivent comprendre les raisons de l’efficacité des pratiques de leurs prédécesseurs en termes de durabilité, car faute de cette connaissance, ils risquent d’abandonner trop rapidement les méthodes traditionnelles de pêche, ou de quitter la communauté pour se livrer à d’autres activités; et quatrièmement, bien que les petits pêcheurs agissent parfois dans l’illégalité et de façon violente à l’égard des intrus pour protéger les droits de pêche et leurs zones de pêche, ils auront tout intérêt à long terme à s’informer des moyens légaux dont ils disposent pour résoudre pacifiquement ce type de problèmes. Aussi incombera-t-il par ailleurs aux responsables des pouvoirs publics de promouvoir un enseignement qui leur apprendra leurs droits et les moyens appropriés dont ils disposent pour mener une action en justice.

6.5.1 Recommandations à l’intention des agents de vulgarisation

1. Déterminer les besoins des membres de la communauté de pêche en matière d’éducation et de formation et les transmettre aux hauts responsables de la fonction publique.

2. Promouvoir au sein des communautés de pêche les niveaux élevés de participation aux programmes d’éducation et de formation.

3. Rendre compte de l’avancement et des résultats des programmes d’éducation et de formation auprès de hauts responsables de la fonction publique.

6.5.2 Recommandations à l’intention des hauts responsables de la fonction publique

1. Promouvoir des programmes d’éducation et de formation qui facilitent l’adaptation des communautés de pêcheurs à des modes de production, de transformation et de distribution plus modernes.

2. Promouvoir des programmes d’éducation et de formation qui démontrent aux jeunes membres des communautés de pêche l’efficacité des pratiques traditionnelles de leurs prédécesseurs en termes de durabilité et qui leur montrent leurs possibilités de réussite dans différentes activités liées aux pêches.

3. En particulier dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), centrer les initiatives de développement visant à renforcer les communautés de petits pêcheurs sur le développement d’activités plus productives et relativement moins coûteuses de pêche, de transformation et de distribution, par exemple, en encourageant une exploitation accrue et durable des espèces sous-utilisées. En pareille circonstance, déterminer si, de l’avis des pêcheurs locaux, cette exploitation accrue est adaptée au contexte culturel et respectueuse de l’environnement.

4. S’employer tout spécialement à améliorer les conditions de vie et de travail des femmes dans les communautés de petits pêcheurs en tenant pleinement compte de leur double importance dans le cadre du foyer et dans celui des activités de pêche. L’action ainsi menée en leur faveur pourra comporter une assistance familiale, une aide visant à résoudre les problèmes liés à la perte ou à l’invalidité de membres essentiels de la famille et la défense des droits professionnels des femmes participant aux activités de pêche.

5. Etudier en détail les raisons justifiant le choix par les pêcheurs à petite échelle du matériel et des techniques qu’ils utilisent actuellement, avant de lancer des initiatives susceptibles d’imposer un changement dans ce domaine. Il convient par ailleurs d’étudier de façon plus approfondie les répercussions éventuelles à long terme de l’obligation pour eux d’utiliser de nouveaux types d’équipements de pêche ou des techniques différentes.

6. Promouvoir un meilleur accès aux possibilités de crédit et aux différents types d’assurance (assurance professionnelle, assurance-vie et assurance-santé) dans les communautés de petits pêcheurs. Dans la mesure du possible, les initiatives prises dans ce sens devraient faire appel aux institutions existantes des communautés.

7. Développer les programmes visant à renforcer la sécurité des pêcheurs qui travaillent en mer, ainsi que les programmes visant à améliorer les conditions de travail dans les activités auxiliaires du secteur de la pêche.

8. Entreprendre prudemment et mettre en place progressivement les mesures de développement des pêches destinées à modifier les pratiques alimentaires, en encourageant la population à consommer de nouveaux produits alimentaires d’origine marine, en particulier, lorsque de telles initiatives risquent d’enfreindre des tabous instaurés de longue date.

9. Veiller à ce que les interventions de gestion et de développement des pêches se caractérisent par une forte probabilité de durabilité à long terme.

10. Définir explicitement dans le cadre des politiques de gestion, les moyens visant à protéger les communautés de petits pêcheurs contre les effets préjudiciables du développement de l’aquaculture, de l’établissement de liens avec de nouveaux marchés, du développement des industries de tourisme, du développement mondial de protection des animaux et des conflits avec les personnes dont les pratiques et les choix culturels sont différents.

11. Surtout dans les pays en développement, réfléchir soigneusement aux éventuelles implications culturelles, sociales et économiques d’une intensification du commerce international, de nouveaux accords de commerce international, de la croissance économique intérieure et des améliorations introduites dans les infrastructures internes des communautés de petits pêcheurs et des autres communautés rurales.

12. Veiller à ce que les membres des communautés de petits pêcheurs participent largement et bénéficient pleinement du développement du commerce des fruits de mer tourné vers l’exportation, tout en veillant à la durabilité à long terme de ce même commerce.

13. Ne pas perdre de vue le fait que si les subventions sont parfois de fortes incitations à accroître la capacité de pêche des communautés de petits pêcheurs, leur multiplication risquent par ailleurs à la limite, de favoriser une capitalisation excessive, un renchérissement des coûts de production, ainsi qu’une surexploitation des ressources halieutiques. De plus, il peut s’avérer difficile de les supprimer lorsqu’elles ont réussi à susciter les effets escomptés.

14. Chercher à empêcher l’attribution de subventions aux entreprises de pêche qui feront concurrence aux communautés de petits pêcheurs, en particulier lorsqu’elles ne fourniront pas d’importantes possibilités d’emplois dans ces communautés.

15. Développer les programmes éducatifs qui aideront la population des communautés de petits pêcheurs à apprendre à revendiquer judicieusement et de façon pacifique leurs droits socioéconomiques, politiques et juridiques légitimes.

16. Veiller à ce que les initiatives multilatérales et bilatérales de gestion et de développement des pêches prévoient différentes formes de soutien notamment financier, pour les évaluations d’impact culturel et socioéconomique qui étudient les conséquences éventuelles des initiatives de ce type dans les communautés de petits pêcheurs.

6.6 Recommandations visant à promouvoir une sensibilisation de l’opinion aux cultures des communautés de petits pêcheurs

En raison essentiellement de leur niveau particulièrement faible de revenu et d’instruction, les petits pêcheurs sont rarement tenus en haute estime par les non-pêcheurs, et considérés comme arriérés - bien que, dans nombre de cas, ils aient une grande connaissance des écosystèmes marins et utilisent des méthodes dignes d’éloge visant à les exploiter de façon durable. Les responsables de la fonction publique devraient donc publier et diffuser les résultats des études consacrées aux communautés de petits pêcheurs, en faisant largement connaître l’importance de leur apport, tant du point de vue des disponibilités alimentaires que du développement durable du secteur des pêches de leur pays.

6.6.1 Recommandations à l’intention des agents de vulgarisation

1. Ne pas supposer a priori l’arriération et le sous-développement des communautés de petits pêcheurs traditionnelles axées sur les activités de subsistance. Elles ont vraisemblablement largement contribué à leur propre sécurité économique et alimentaire comme à celle des communautés voisines, et ce depuis longtemps; de plus, elles peuvent contribuer à l’avenir à la prospérité de la communauté, ainsi qu’à une meilleure gestion des ressources locales.

2. Rester sensibilisés aux thèmes et aux événements majeurs affectant les communautés de pêcheurs, en dehors des thèmes et des événements directement liés aux pêches proprement dites.

6.6.2 Recommandations à l’intention des hauts responsables de la fonction publique

1. Ne pas supposer a priori l’arriération et le sous-développement des communautés de petits pêcheurs traditionnellement axées sur les activités de subsistance. En effet, elles ont vraisemblablement largement contribué à leur propre sécurité économique et alimentaire, comme à celle des communautés voisines, et ce depuis longtemps; de plus, elles peuvent contribuer à l’avenir à la prospérité de la communauté, ainsi qu’à une meilleure gestion des ressources locales.

2. Publier et diffuser les résultats des études consacrées aux communautés de petits pêcheurs, en faisant largement connaître l’importance de leur apport, tant du point de vue des disponibilités alimentaires que du développement durable du secteur des pêches de leur pays.

3. Lorsqu’il y a lieu, intégrer aux programmes des écoles primaires les apports et les caractéristiques culturelles des communautés de petits pêcheurs d’un pays.

4. Aider les communautés de petits pêcheurs à obtenir au niveau local un relèvement du degré d’instruction et une meilleure efficacité des formations techniques, et atténuer par ailleurs les problèmes psychologiques, la toxicomanie et l’alcoolisme, et les différentes difficultés connexes. Les programmes de développement qui s’emploient à augmenter le temps passé en mer par les pêcheurs devraient être réexaminés à la lumière des risques qu’ils comportent d’aggraver les problèmes susmentionnés.

5. Promouvoir une sensibilisation accrue aux avantages pour la collectivité et à l’importance d’un point de vue éthique de la préservation de la diversité culturelle.


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