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2. Approche écosystémique des besoins en matière de données et d’informations sur la pêche et de leur utilisation


Les données et l’information sont la base d’une bonne gestion. Elles servent d’appui à tous les stades de la gestion écosystémique, notamment la formulation de la politique, la création des plans de gestion, l’évaluation des progrès et l’actualisation de la politique et des plans pour les améliorer en permanence (voir le chapitre 4 et la figure 1 pour plus de détails sur ce processus général de gestion). Comme l’indiquent les Directives pour l’aménagement des pêcheries, bien que les données et l’information nécessaires à chaque stade se chevauchent, les processus sont distincts, se déroulent sur des échelles de temps différentes et nécessitent des niveaux de détail et d’agrégation de l’information différents. Les directives présentées dans le présent supplément ne répètent pas la plupart des points importants concernant la collecte et l’analyse des données qui sont déjà exposés dans les Directives pour l’aménagement des pêcheries, mais s’efforcent en revanche de montrer dans quelles conditions l’approche écosystémique nécessitera de développer les données, les analyses et les informations à fournir.

L’approche écosystémique constituant une extension des pratiques actuelles de gestion des pêches, les besoins de données et d’information seront nécessairement plus vastes. Toutefois, il importe de souligner que les mesures immédiates devraient s’appuyer, autant que possible, sur les données et l’information déjà existantes. Dans certains pays, une grande partie des informations sont déjà disponibles dans des rapports et des statistiques émanant de divers instituts de recherche, services de l’État et ministères. Dans d’autres, l’approche écosystémique devra se fonder sur des données comparativement moins nombreuses, mais il y existe souvent un vaste savoir traditionnel sur l’écosystème et la pêche qui peut s’avérer extrêmement utile une fois recueilli et validé par des entretiens avec les pêcheurs locaux et d’autres partenaires. Dans tous les cas, l’information sur la situation locale devrait être complétée par des informations provenant de situations écologiques analogues ailleurs.

2.1. Formulation des politiques

Les politiques seront conçues à la lumière des considérations générales sur le rôle que joue la pêche dans l’économie régionale, nationale et locale et dans le contexte social. Comme pour la gestion axée sur les ressources ciblées et autres méthodes de gestion halieutique, des renseignements doivent être recueillis concernant les parties intéressées, les facteurs économiques ayant trait à la pêche, les coûts et avantages détaillés, le rôle de la pêche comme source d’emploi ou de moyens de subsistance, les autres sources qui existent, l’accès aux ressources et la propriété des ressources, les institutions chargées de la planification et des décisions, et une perspective historique de la pêche et des parties concernées. L’approche écosystémique requerra des connaissances similaires des autres usages et usagers possibles des ressources dans l’écosystème, et une meilleure connaissance des nombreuses interactions se produisant à l’intérieur de l’écosystème est essentielle. Les pêcheries affectent souvent des espèces dont la distribution s’étend au-delà de leur zone de répartition. Les autres usagers devraient aussi être informés par le secteur de la pêche du rôle que celle-ci joue dans le contexte socioéconomique plus large et des effets que toute action risque d’avoir sur les autres parties intéressées.

2.2. Élaboration des plans de gestion

L’élaboration des plans de gestion est une composante importante de la mise en oeuvre de l’approche écosystémique (voir le chapitre 4). Autant que possible, les plans doivent être fondés sur un vaste fonds de connaissances, mais le manque de données ou l’incertitude quant aux effets de la pêche ne devrait pas servir de prétexte pour retarder l’élaboration d’un plan de gestion écosystémique. Ce n’est que lorsque les renseignements existants sont insuffisants pour déterminer s’il existe effectivement des effets susceptibles d’être importants qu’il sera nécessaire de recueillir et d’analyser des données supplémentaires (techniques d’évaluation rapide, par exemple).

Comme on le voit dans les Directives pour l’aménagement des pêcheries, les informations nécessaires pour élaborer un plan de gestion des pêcheries devraient porter sur:

Outre ces exigences de la gestion axée sur les ressources ciblées, les effets potentiels directs et indirects de la pêche sur les espèces et les habitats devront être décrits. Dans l’idéal, les informations devraient porter sur les points ci-après, mais si cela n’est pas possible, il convient d’inclure au moins une observation sur ces points:

Les directives soulignent la nécessité de traduire les objectifs d’orientation et les grands objectifs de pêche en objectifs opérationnels permettant la mise en oeuvre de l’approche écosystémique. Le processus doit aussi être élaboré à la lumière des meilleurs conseils scientifiques disponibles de manière à ce que, dans une premier temps, tous les problèmes posés par une pêche particulière aient été abordés et que, dans un second temps, tous les objectifs, indicateurs et points de référence de substitution puissent être évalués.

2.3. Suivi, application et examen des résultats

La fixation d’objectifs opérationnels et d’indicateurs permettra de déterminer quels sont les renseignements à recueillir sur une base régulière pour la prise de décisions, ainsi que pour l’examen et l’évaluation à court terme (annuels) et à long terme (tous les 3 à 5 ans) des résultats de la gestion. Comme on le verra au chapitre 4, les indicateurs mis au point varieront d’une pêche à une autre en fonction des principaux problèmes affectant chacune d’elles. Cependant, de nombreuses pêcheries partageront un certain nombre de problèmes, d’objectifs et d’indicateurs pour lesquels il sera nécessaire d’obtenir des renseignements et des données portant sur la dimension écologique (entre autres les ressources halieutiques), et la dimension économique et sociale du développement durable. On trouvera à l’annexe 4 un exemple hypothétique d’objectifs opérationnels possibles, d’indicateurs liés à ces objectifs et des données nécessaires pour calculer les valeurs des différents indicateurs. Cet exemple est, par nécessité, une simplification de ce qui pourrait normalement être requis dans une pêcherie complexe opérant dans le cadre d’une planification et d’un processus de décision écosystémiques, mais il permet de démontrer comment il convient de recueillir les données pour qu’elles soient adaptées à la gestion.

2.4. Incertitude et rôle de la recherche

Étant donné la complexité des écosystèmes dans lesquels la pêche prend place et le caractère dynamique des innombrables interactions susceptibles de se produire, la science (au sens le plus large du terme, c’est-à-dire comprenant les biologistes, les mathématiciens, les sociologues, les économistes et les technologues opérant en collaboration avec les parties intéressées) ne peut espérer tenir ses promesses pour tous les renseignements requis. Les recherches indispensables pour réduire en partie cette incertitude seront présentées au chapitre 5. A l’évidence, il faudra développer les renseignements dont on dispose sur les écosystèmes, améliorer ceux qui concernent les conséquences sociales et écologiques, mieux comprendre le processus de gestion proprement dit (y compris l’apport d’informations aux systèmes d’appui des décisions) et mettre en place des méthodes de suivi et d’évaluation.


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