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8. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

8.1. Conclusions

• Sur la liste (non exhaustive) de 350 plantes introduites à Mayotte dressée par Pascal (1997), une trentaine de plantes ligneuses sont devenues envahissantes, soit environ 10 pour cent du total ce qui semble très élevé en comparaison de la règle générale de Williamson (1996) qui stipule qu’un pour cent des plantes introduites dans un pays deviennent envahissantes. Ce calcul ne prend de plus pas en considération les espèces non ligneuses, ce qui renforcerait ce pourcentage élevé d’envahissement à Mayotte.

Degré d’invasion

Impacts économiques et environnementaux

Contrôle et restauration des habitats

• Un certain contrôle biologique est exercé par la pression des 272 000 têtes de bétail présentes dans l’archipel, notamment sur les espèces fourragères.

• Aucune expérience de contrôle chimique n’a été documentée. Le coût des intrants et leur indisponibilité sur le marché semblent limiter les possibilités.

• Des actions de contrôle mécanique ont lieu essentiellement dans les espaces cultivées, mais aussi à Mayotte dans les espaces naturels pour protéger la biodiversité. Les actions d’envergure et de long terme se portent pour le moment essentiellement sur l’éradication de L. camara en bord de mer et des lianes en forêt.

• Les conditions du succès des projets semblent être la continuité des actions sur le long terme, une éradication par contrôle mécanique, une approche par le biais de l’Etat (Service des eaux et forêts) à Mayotte et les associations villageoises en Union des Comores.

Conflits d’intérêts et sensibilisation

• Le Service des eaux et forêts de Mayotte met en oeuvre des actions de contrôle et réhabilitation depuis le début des années 1990 en zone de réserve forestière. Aux Comores, la prise de conscience est freinée par le mauvais fonctionnement institutionnel ou l’inexistence des structures (Ex. : Service des forêts démantelé et service de la protection des végétaux inexistant à la Grande Comore).

• La sensibilisation du public reste faible, notamment en terme d’impact sur la biodiversité. Les plantes ligneuses envahissantes sont le plus souvent jugées ‘utiles’, à juste titre puisqu’elles servent de nourriture, fourrage, bois de construction et de chauffe entre autres. Des activités sont néanmoins menées dans le domaine de la sensibilisation, notamment sous forme de publications ou de bulletins d’information. A Mayotte, des livres sur la flore locale présentant notamment les milieux et les espèces envahissantes existent déjà. En Union des Comores, les plantes envahissantes ne sont pas encore un thème en elle-même et leur approche se fait de manière plus globale en tant que composante explicative parmi d’autres des menaces pesant sur l’environnement (pour la préservation des ressources en eau, la disparition des plantes médicinales…).

• L’engagement des sociétés villageoises et des mouvements paysans est un pré requis à toute opération de lutte contre les espèces envahissantes en Union des Comores, car les conflits d’intérêts sont évidents. Les plantes envahissantes sont avant tout une ressource pour les populations agricoles. Elles ne sont perçues comme néfastes que lorsque leur impact se fait sentir dans les cultures.

Cadre législatif

• Le cadre législatif pour prévenir l’introduction de nouvelles espèces de plantes envahissantes est dépassé ou incomplet à Mayotte comme en Union des Comores.

• Les ressources humaines et infrastructures nécessaires pour contrôler l’introduction de plantes exotiques sont insuffisantes à inexistantes en Union des Comores.

8.2. Recommandations

Combler les lacunes de connaissance sur les plantes locales/indigènes et sur le phénomène d’envahissement

• Les études relatives à la dynamique et l’écologie des plantes envahissantes ainsi qu’à leur impact sur la flore et la faune locales sont insuffisantes et devraient être multipliées. L’objectif d’un tel travail serait d’amener l’archipel des Comores et Mayotte à développer un système de prévention et de détection rapide des espèces envahissantes. Ce travail devrait se faire en coopération avec les autres îles de l’océan Indien et sur le modèle de systèmes mis en place en Australie ou en développement en Afrique du Sud.

• Il est aussi nécessaire d’approfondir les connaissances sur la multiplication et le développement des plantes indigènes de l’archipel des Comores pour proposer par type de milieu des espèces alternatives aux espèces standard pour la replantation. Ainsi par exemple, G. myrianthea (plante indigène) pourrait être à même de concurrencer le L. glutinosa en forêt; M. comorensis, E. platycladum, O. ciliata ou le palmier, P. reclinata pourraient, en sol pauvre, remplacer avantageusement A. mangium sur les ‘padzas’.

Poursuivre les actions de sensibilisation

• Une sensibilisation des agriculteurs sur l’impact des plantes envahissantes dans les cultures en terme de productivité du travail et des terres et l’apport de nouvelles techniques de lutte seraient un pré requis intéressant pour aborder les dégâts que ces mêmes plantes causent en zone naturelle.

• Un programme ‘payer pour planter’ en utilisant des espèces intéressantes et non envahissantes (ex. : fruitiers…) pourrait initier un mouvement de fermeture du couvert forestier.

• La priorité doit être donnée à la sensibilisation des groupements d’agriculteurs et associations villageoises qui constituent en Union des Comores les ‘prescripteurs’ en matière de gestion des parcelles et de la forêt.

• Une sensibilisation de l’Etat sur l’intérêt de résoudre les problèmes liés au droit foncier en Union des Comores permettrait de limiter les atteintes à l’environnement et l’envahissement.

Promouvoir la restauration des habitats

• Un prérequis est le développement d’une politique d’aménagement du territoire qui délimite des zones de conservation des espaces et des espèces.

• Des projets de petite échelle, menés sur le long terme, avec un engagement financier continu de l’institution en charge (Services de l’Etat à Mayotte) ou du donneur (en Union des Comores) sont indispensables à la réussite des projets de restauration.

• En Union des Comores, ces projets de restauration doivent être une composante d’un projet plus large qui embrasse la modification du droit foncier, l’amélioration des techniques culturales, l’intensification raisonnée de l’agriculture.

• Ces projets doivent se faire par une approche participative, particulièrement en Union des Comores où les associations villageoises et les groupements d’agriculteurs sont très actifs.

• La coopération régionale permettrait de diminuer les coûts et accélérer la circulation des informations pour organiser un contrôle plus efficace de l’envahissement. Mayotte a par exemple une expérience significative de l’envahissement par les lianes qui pourrait servir aux Seychelles. La connaissance de C. hirta est avancée aux Seychelles et balbutiante à Mayotte et aux Comores, qui pourraient bénéficier des initiatives de sensibilisation et éradication mises en oeuvre aux Seychelles.

Améliorer la législation et renforcer les capacités de contrôle

• La législation devrait être modifiée pour être moderne et complète et concerner directement la gestion de plantes envahissantes.

• Un système de détection rapide devrait être développé en Union des Comores comme à Mayotte.

• Des infrastructures de contrôle et de quarantaine, des ressources humaines plus nombreuses, et formées spécifiquement sont un pré requis à une meilleure gestion de l’envahissement.

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