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CHAPITRE 1 Vue d'ensemble de la production et du commerce de la banane dans le monde


1.1 Introduction

Ce chapitre présente au lecteur l'importante distinction entre les bananes produites pour l'exportation et les autres, et décrit brièvement l'évolution récente intervenue dans la production et le commerce de la banane de 1985 à 2002, notamment en ce qui concerne la production, les exportations, les importations, les prix mondiaux et la consommation sur les marchés importateurs.

1.2 La production mondiale de bananes

Les bananes et les bananes plantains sont des cultures pérennes à croissance rapide qui peuvent être récoltées tout au long de l'année. En 2000, la culture de la banane concernait une superficie de quelques 9 millions d'hectares; en 1998-2000, la production mondiale était en moyenne de 92 millions de tonnes par an et en 2001, elle a été estimé à 99 millions de tonnes. Ces chiffres demeurent cependant approximatifs car la plus grande partie de la production mondiale de bananes (presque 85 pour cent) provient de parcelles relativement petites ou de potagers et d'arrière-cours, pour lesquels les statistiques font défaut. Dans beaucoup de pays en développement, la production de banane est, en majeure partie, destinée à l'autoconsommation ou à la vente locale, jouant par là un rôle crucial dans la sécurité alimentaire.

Les bananiers ont un mode de reproduction asexué qui procède par rejet végétatif à partir d'une pousse affleurant à la surface du sol. Les pousses ont une croissance vigoureuse, et peuvent produire un régime prêt à la récolte en moins d'un an. Les rejets continuent d'émerger d'une seule matte de racines année après année, faisant par là du bananier une culture pérenne. Les bananes sont une culture vivrière cruciale dans les régions tropicales. En Ouganda, par exemple, la consommation annuelle par habitant était de quelques 243 kg en 1996, et elle se situait entre 100 et 200 kg par an et par habitant au Rwanda, au Gabon et au Cameroun. Dans ces quatre pays, les bananes représentent entre 12 et 27 pour cent de l'apport calorique journalier des populations.

On distingue deux catégories de bananes:

· Les bananes à cuire, qui incluent les bananes plantains et les autres sous-groupes de variétés tel que la Pisang Awak en Asie.

· Les bananes dessert ou bananes sucrées, où le sous-groupe des Cavendish est prépondérant puisqu'il représente à lui seul 47 pour cent de la production globale de bananes. Presque toutes les bananes commercialisées dans le monde sont des Cavendish.

Figure 1 - Production mondiale de bananes par variété (moyennes 1998-2000)

Source: CIRAD-FLHOR

Selon les estimations, la production mondiale de bananes a augmenté de 30 pour cent au cours des années 90, ce qui résulte principalement de l'augmentation de la production des Cavendish. La valeur totale du commerce international de la banane varie entre 4,5 et 5 milliards de dollars EU par an.

Les bananes plantains sont majoritairement produites en Afrique et Amérique, alors que d'autres variétés de bananes à cuire sont cultivées en Afrique et en Asie (voir Figure 2). L'Amérique latine est la première région productrice de Cavendish, devant l'Asie. La majeure partie des autres bananes dessert est cultivée en Amérique latine et en Asie. Le premier producteur mondial de Cavendish est l'Inde, suivi par l'Équateur, la Chine, la Colombie et le Costa Rica. Ensemble, ces cinq pays assurent plus de la moitié de la production globale de Cavendish. (voir figure 3).

Figure 2 - Production par région 1998-2000 (en milliers de tonnes)

Source: CIRAD-FLHOR

Figure 3 - Production de bananes Cavendish par pays (en pourcentage, moyennes 1998-2000)

Source: CIRAD-FLHOR

La production mondiale de bananes sucrées a suivi une progression constante entre 1985 et 2000. Son volume moyen annuel a augmenté de 49 pour cent, passant de 42,5 millions de tonnes en 1985-1987 à 63,4 millions de tonnes en 1998-2000 (figure 4). Cet essor résulte avant tout d'un accroissement régulier de la superficie cultivée et, dans une moindre mesure, d'une augmentation des rendements. (tableau 1). De 1985 à 2000, la superficie cultivée est passée de 3,1 millions d'hectares en moyenne à plus de 4 millions d'hectares, soit un accroissement de 30 pour cent. Dans le même temps, le rendement moyen par hectare a grimpé de 13,7 à 15,8 millions de tonnes (soit une augmentation de 15 pour cent).

Figure 4 - Bananes dessert: production mondiale 1985 - 2002

Source: FAOSTAT

Tableau 1 - Bananes dessert: production mondiale, superficies et rendements 1985 - 2002


Superficies

Rendement

Production

(en milliers d'hectares)

(tonnes/ha)

(en milliers de tonnes)

1985

2 978

13,46

40 088

1986

3 072

13,94

42 827

1987

3 240

13,72

44 454

1988

3 340

13,45

44 914

1989

3 297

13,60

44 826

1990

3 378

13,89

46 923

1991

3 458

14,04

48 539

1992

3 660

14,00

51 262

1993

3 767

14,11

53 150

1994

3 834

14,67

56 265

1995

3 824

14,76

56 427

1996

3 837

14,40

55 269

1997

3 900

15,52

60 529

1998

3 873

15,03

58 211

1999

4 020

16,03

64 422

2000

4 144

16,30

67 545

2001

4 409

15,41

67 941

2002

4 476

15,61

69 832

Source: FAOSTAT

Comme le montre la figure 4, la production a progressé lentement au cours de la seconde moitié des années 80, avant de connaître une forte croissance de 1989 à 1994, vraisemblablement liée à une extension de la superficie cultivée en Équateur. La production a ensuite plus ou moins stagné au cours des trois années suivantes, mais a connu un nouvel essor de 1997 à 2000, soutenu par un rapide accroissement à la fois des surfaces plantées (principalement aux Philippines) et des rendements au sol[1].

Figure 5 - Bananes dessert: superficies et rendements 1985-2002 (moyenne mondiale)

Source: FAOSTAT

1.3 Exportations

Le marché mondial de la banane consiste principalement dans le commerce des bananes du sous-groupe variétal Cavendish. Du fait de sa résistance à la maladie de Panama et de sa plus grande productivité (jusqu'à 60 tonnes pas hectares dans les plantations modernes), la Cavendish a remplacé la variété Gros Michel dans le commerce international. Les bananes Cavendish destinées aux marchés d'exportation sont actuellement produites partout dans le monde, aussi bien dans de petites exploitations que dans de vastes plantations de milliers d'hectares.

Les cultivars Cavendish sont prédisposés aux ravageurs et aux maladies, et la production de fruits conformes à une qualité d'exportation requiert de fréquentes applications de pesticides, notamment de fongicides actifs contre la cercosporiose noire, une maladie fongique[2]. Des inquiétudes ont été exprimées que la «banane telle que nous la connaissons», c'est à dire la Cavendish, puisse disparaître d'ici les 10 prochaines années. Un article de couverture du magazine New Scientist[3] a affirmé que, la plupart des bananes commercialisées dans le monde étant des clones, et étant par conséquent inadaptées pour combattre de nouvelles maladies, le fruit encourt un risque d'extinction. Il a été signalé qu'une nouvelle forme de la maladie de Panama (race 4) qui a infecté les récoltes de Cavendish en Afrique du Sud, en Australie et en Asie, représentait une menace potentielle. Cependant, de nombreux chercheurs de par le monde ont promptement répondu à cette affirmation et ont présenté un avenir plus souriant pour la banane[4]. La cercosporiose et la maladie de Panama (en même temps que les nématodes et les ravageurs) provoquent une chute de la productivité mais peuvent être maîtrisés au moyen de produits chimiques et de pratiques agronomiques. La maladie de Panama race 4 peut constituer une menace dans la mesure où aucun produit chimique n'est capable de la maîtriser, mais il est possible de ralentir sa propagation en la contenant dans les régions infectées[5]. En outre, la Race 4 semble moins critique pour les bananes cultivées dans les zones tropicales, où se concentre la majeure partie de la production.

Environ 26 pour cent de la totalité de la récolte de Cavendish est exportée, et 8 sur 10 de ces bananes exportées sont originaires d'Amérique latine (figure 6). Les trois pays prépondérants sont l'Équateur, le Costa Rica et la Colombie. Les autres principaux pays exportateurs sont en Asie, les Philippines, en Afrique, le Cameroun, et dans la Caraïbe, la République dominicaine et les Îles du Vent..

Figure 6 - Bananes: exportations par continent, moyennes 1998-2000

Source: FAOSTAT

L'Amérique latine domine l'économie mondiale de la banane, du fait non seulement de sa part du commerce mondial mais aussi de sa meilleure capacité, en comparaison des autres régions productrices, à s'adapter aux conditions changeantes du marché. Dans ses projections de l'évolution du commerce de la banane, la FAO a récemment utilisé des équations d'offre à l'exportation pour les pays d'Amérique latine qui utilisaient des élasticités par rapport au prix relativement élevées en comparaison des autres régions (tableau 2). D'autres auteurs ont également jugé important de prendre en compte une offre élastique en Amérique latine afin d'indiquer la capacité de cette région productrice à s'adapter aux prix mondiaux[6]. De plus, les équations de l'offre ayant englobé des coefficients de tendance pour mettre en évidence une croissance antérieure qui n'était pas imputable aux prix (les économies d'échelle, de meilleurs fonctionnements techniques et l'évolution technologique, par exemple) comportent des valeurs élevées pour les pays d'Amérique latine. Tout au long de son histoire, le commerce mondial des bananes a été alimenté par une croissance de l'offre induite par des gains de productivité.[7]

Tableau 2 - Élasticités des prix et coefficients de croissance de l'offre de bananes à l'exportation


Élasticité des prix
1970-2000

Élasticité des prix
1985-2000

Croissance annuelle
1985-2000

Équateur

0,7

0,27

0,03

Costa Rica

0,4

0,50 (NS)

0,02

Colombie

0,5

0,30

0,02

Autre Dollar

0,4

n/a

-0,03

Caraïbes

0,2

0,01

-0,03

Afrique

0,2

0,07

0

Philippines

0,7

0

0,03

Source: Calculé à partir des données statistiques de FAOSTAT, du FMI et de CORBANA

Entre 1985 et 2002, le volume des exportations mondiales a augmenté au taux sans précédent de 5,3 pour cent par an, soit plus du double qu'au cours des 24 années précédentes. La croissance a été relativement stable jusqu'en 1997, année où les exportations ont atteint un record, avec un volume excédant 12 millions de tonnes. Une légère décroissance est survenue en 1998, car la plupart des régions productrices ont dû faire face cette année-là à des conditions climatiques défavorables. Depuis lors, les volumes ont été relativement stables, dépassant à peine les 11,7 millions de tonnes. La valeur des exportations de bananes a sensiblement augmenté de 1985 à 2000, mais cette croissance a été moins remarquable en termes réels, et elle est nettement retombée de 1998 à 2000, du fait d'un recul des prix.

Figure 7 - Évolution des exportations de bananes par principales régions 1985-2000

Source: FAO

Entre 1985 et 2000, les exportations ont enregistré une hausse dans toutes les régions. C'est en Amérique latine, suivie par l'Afrique, que l'on a observé la plus forte croissance. Dans ces deux régions, les exportations ont doublé, grimpant respectivement de 5 à presque 10 millions de tonnes et de 200 000 à plus de 400 000 tonnes (figures 7 et 8). Les exportations des pays d'Extrême-Orient et des Caraïbes ont également augmenté, mais à des taux légèrement plus lents. Leurs parts respectives dans les exportations totales n'ont connu aucun changement spectaculaire: celle de l'Amérique latine est passée de 78 pour cent en 1985-87 à 80 pour cent en 1998-2000, et celle de l'Afrique de 3 à 4 pour cent. Inversement, la part des pays d'Extrême-Orient a baissé de 14 à 13 pour cent et celle de la région des Caraïbes de 4 à 3 pour cent. Dans ce dernier cas, la croissance des exportations observée depuis la fin des années 80 et jusqu'aux premières années de la décennie suivante a été partiellement compensée par un déclin depuis le milieu des années 90. À l'inverse, aux Philippines, les importations ont stagné durant les années 80, avant d'enregistrer une forte croissance à partir de 1992.

Toutefois, au cours de la période 1985-2000, tous les pays d'une même région n'ont pas eu un comportement identique. En Amérique latine, entre 1988 et 1997, les exportations ont fait un bond en Équateur, mais elles ont enregistré une croissance plus timide au Costa Rica et en Colombie, et un repli au Panama et au Honduras. À la fin des années 80, dans la région des Caraïbes, les exportations de bananes ont d'abord augmenté dans la plupart des pays, mais à partir du milieu des années 90, elles ont chuté dans les Îles du Vent et en Jamaïque. Les exportations de la République dominicaine sont en hausse depuis la fin des années 90 et ce pays est aujourd'hui le principal exportateur de bananes de la région des Caraïbes.

Figure 8 - Afrique, Extrême-Orient et pays des Caraïbes: exportations de bananes 1985-2000

Source: FAOSTAT

Dans la catégorie des fruits et légumes, les bananes sont demeurées, tout au long de la période 1985-2000, un produit de premier plan. Leur part dans la valeur mondiale des exportations de fruits et légumes s'est comportée de manière relativement stable entre 1985 et 2001, se situant aux alentours de 4 pour cent. Ce taux permet aux bananes de soutenir favorablement la comparaison avec les autres fruits traditionnels, comme les agrumes - dont la part, de 21 pour cent en 1985, a chuté à 15 pour cent en 2001 - mais il n'en va pas de même vis-à-vis des légumes surgelés, dont la part, qui était de 1,9 pour cent en 1985, s'est hissée à 3,1 pour cent en 2001 (figure 9).

Figure 9 - Exportations mondiales de bananes, agrumes, pommes et légumes surgelés en pourcentage de la valeur totale des fruits et légumes exportés (1985-2001)

Source: FAOSTAT

1.4 Importations

Les principaux marchés importateurs sont l'Amérique du Nord, la Communauté européenne, le Japon, et les pays de l'Europe de l'Est et de l'ex-URSS (tableau 3 et figure 10). Les pays développés absorbent 83 pour cent des importations mondiales de bananes. On s'attend à ce que l'Amérique du Nord et la Communauté européenne demeurent des importateurs majeurs, malgré une réduction conséquente de leur part du marché mondial dans la période considérée (figure 11).

Tableau 3 - Importations de bananes 1998-2000

Région

Importations
(en milliers de tonnes)

Part (%)

EU et Canada

4 491

38

CE

3 175

27

ex-URSS

604

5

Japon

976

8

Chine

521

4

Proche Orient

720

6

Amérique latine

525

4

Autres

888

7

Total

11900

100

Source: FAO

Figure 10 - Parts des importations de bananes des principaux marchés importateurs 1998 - 2000

Source: FAOSTAT

Les importations nettes de bananes ont progressé régulièrement: elles sont passées de moins de 7 millions de tonnes en 1985-88 à quelques 11,7 millions de tonnes en 1998-2000 (figure 12). Cette augmentation de 70 pour cent contraste avec la lente croissante observée au cours des 15 précédentes années, où les importations mondiales n'avaient augmenté que de 17 pour cent. Cette expansion est imputable, entre autres causes, à l'ouverture des marchés des pays de l'Europe de l'Est et de la Chine, aux bas prix de la banane en termes constants et à l'augmentation, durant les années 1990, d'environ 2 pour cent par an du revenu par habitant dans les principaux pays importateurs de bananes.

Figure 11 - États-Unis et Communauté européenne: part du commerce mondial de la banane 1985-2000

Source: FAOSTAT

Figure 12 - Volume et valeur des importations mondiales de bananes 1985-2000

Note: Les valeurs sont exprimées en prix constants, en utilisant l'indice des prix à la consommation aux États-Unis

Source: FAO

La croissance des importations dans les pays développés a eu lieu principalement à la fin des années 80 et au début des années 90. Elle s'est accélérée depuis 1991, et cela résulte en partie de la libéralisation économique intervenue dans quelques pays à économie planifiée tels que les pays d'Europe de l'Est, la Fédération de Russie et la Chine. En moins de dix ans, ces économies ont réussi à s'emparer de plus de 10 pour cent des importations mondiales, et sont devenues des acteurs importants dans l'économie mondiale de la banane. L'augmentation des populations et du pouvoir d'achat dans quelques pays d'Asie et du Moyen-Orient ont également joué un rôle dans la progression des importations au cours de cette période.

Figure 13 - Importations de bananes dans les pays développés et dans les pays en développement 1985-2000

Source: FAO

Le commerce international des bananes suit, dans une certaine mesure, un schéma régional. Pour simplifier, il peut être divisé en trois systèmes d'échanges internationaux (tableau 4). Le premier système, "Les Amériques", comprend les États-Unis, le Canada et les pays du continent sud-américain qui ne cultivent pas de bananes et s'approvisionnent en Amérique latine.

Le second système, "Europe", comprend l'ensemble du continent européen et les pays de l'ex-URSS pour la demande, et les pays d'Amérique latine, d'Afrique occidentale et des Caraïbes pour l'offre. A l'intérieur de ce système, c'est la Communauté européenne qui possède le schéma d'importation le plus diversifié, en raison d'un accord de commerce privilégié avec les pays ACP (Afrique-Caraïbe-Pacifique)[8] et de l'accès qu'il offre aux bananes dollars. En 1998-2000, les pays ACP ont fourni 22 pour cent de la totalité des importations de bananes de la Communauté européenne, et le reste des importations provenait d'Amérique latine[9]. Les pays de l'Europe de l'Est et la Fédération Russe importent la majeure partie de leurs bananes d'Amérique latine: en 1998-2000, l'Équateur, la Colombie et le Costa Rica étaient à l'origine de 98 pour cent de leurs importations.

Le troisième système d'échanges, "Asie", se compose des pays d'Asie et du Moyen-Orient et de leurs fournisseurs - les Philippines et l'Équateur principalement. Le Japon importe la majeure partie de ses bananes des Philippines, qui sont également le principal fournisseur de la Chine et de la Corée du Sud. Les pays du Moyen-Orient importent des quantités relativement similaires d'Équateur et des Philippines. La Chine (Taiwan) et l'Indonésie comptent au nombre des quelques fournisseurs mineurs des pays de l'Asie orientale.

Tableau 4 - Courants d'échange des bananes selon les différents systèmes 1998-2000 (en milliers de tonnes)



Équateur

Costa Rica

Colombie

Autres
d'Am.lat.

Caraïbes

Afrique

Philippines

Système 1

EU

1 246

1 204

624

1 045

9

0

0

Les Amériques

Canada

158

111

102

38

0

0

0

Amérique du Sud

489

0

0

107

0

0

0

 

Système 2

CE

741

587

550

590

340

451

1

Europe

Autres pays de
l'Europe
occidentale

195

45

40

20

0

2

0

Europe de l'Est

93

27

84

3

0

0

0

Ex-URSS

449

18

76

4

0

0

4

 

Système 3

Moyen-Orient

143

29

32

5

0

0

131

Asie

Japon

216

7

0

2

2

0

786

Autres pays d'Asie

182

4

28

0

0

0

435

 

Total

3 911

2 035

1 672

1 873

351

430

1 415

Source: FAO

La politique d'importation varie considérablement dans chacun des principaux pays importateurs. Au cours de la période étudiée ici (1985-2000), les États-Unis ont maintenu, à l'égard des importations de bananes, une politique d'exemption de droits de douane, de contingents d'importation et de restrictions phytosanitaires. À l'inverse, au cours de cette même période, la Communauté européenne a considérablement modifié sa politique. Entre 1985 et 1992, les pays de la Communauté européenne ont eu recours à divers régimes d'importation, allant d'une ouverture préférentielle aux territoires d'outre-mer et aux anciennes colonies à un libre accès. Cependant, après la création du Marché Unique européen en 1993, les différents régimes ont fait l'objet d'une harmonisation, et par le Règlement (CEE) N° 404/93 du Conseil, la Communauté européenne a mis en place l'Organisation commune de marché de la banane (OCMB). Les changements intervenus dans les politiques d'importations, celles de la Communauté européenne, au cours de la période étudiée dans ce rapport font l'objet d'une description au Chapitre 4.

1.5 Prix

Entre 1970 et 2002, et relativement à ceux d'autres secteurs économiques, les prix des matières premières ont régressé en moyenne de 2 pour cent par an[10]. Dans la même période, le prix de la banane a chuté de 1,4 pour cent. Ce repli a été particulièrement marqué de 1985 à 2000 (-2,4 pour cent), mais une légère reprise s'est amorcée en 2001 et 2002, ramenant le taux de diminution à moyen terme à sa tendance historique de déclin à long terme de -1,4 pour cent (voir figure 14).

Figure 14 - Prix des bananes importées aux États-Unis 1973-2002 (prix réels exprimés en dollars EU)

Source: FMI et FAO

Les prix des bananes importées aux États-Unis[11] sont demeurés stables de la fin des années 80 jusqu'au début des années 90, du fait d'importations plus importantes de la part des pays d'Europe de l'Est, de la Chine et de la Communauté européenne. L'espoir que la CE augmenterait ses importations de bananes en 1993, ainsi que les attentes liées à la libéralisation du commerce mondial qui ont suivi le GATT ont favorisé un accroissement des exportations de bananes à des taux qui n'avaient jamais été observés au cours des 25 années précédentes. Malheureusement, aucune de ces attentes ne s'est matérialisée: la croissance élevée des importations des économies émergentes n'a été que de courte durée; les réformes du marché de la Communauté européenne n'ont pas permis aux importations de bananes le développement attendu; enfin, les tours de table de négociations du GATT en vue d'une libéralisation des échanges ont abouti à une impasse. L'accroissement de l'offre et la stagnation de la demande ont entraîné un effondrement des prix de la banane depuis 1993. Le secteur s'est ajusté à ce nouveau scénario mondial, et les prix se sont quelque peu stabilisés au milieu des années 90. Mais à la fin de cette même décennie, ils ont de nouveau chuté, car la crise économique qui a frappé l'Asie orientale et la Fédération de Russie en 1997-2000 a entraîné une diminution des importations de bananes à destination de ces marchés. En 1998, l'ex-URSS a réduit ses importations de bananes de 400 000 tonnes, et de 100 000 tonnes supplémentaires en 1999. Les prix mondiaux de la banane ne se sont pas rétablis avant 2001, année où l'offre s'est contractée en raison de mauvaises conditions climatiques en Amérique latine (voir figure 15).

Figure 15 - Exportations mondiales de bananes et indices mondiaux de prix (indexés sur l'année 1985) en 1985-2000

Source: FMI et FAO

Entre 1985 et 2000, les prix nationaux dans tous les marchés d'importation ont décru, tant au niveau de la vente en gros qu'à celui de la vente de détail. De plus, au cours de cette même période, les quotients des prix d'importation sur prix des marchés de gros et ceux des prix des marchés de gros sur prix au détail se sont contractés de manière conséquente, comme le montrent les taux de croissance négatifs du tableau 5. Ces taux de croissance négatifs indiquent une augmentation des marges de commercialisation à différents stades de la filière de la banane. Les raisons de cette hausse généralisée des prix restent à explorer. Elle pourrait découler, notamment, d'une augmentation des coûts pour se conformer à de nouvelles réglementations aux niveaux de la vente en gros ou de détail; d'une augmentation du coût des emballages pour satisfaire à des normes plus exigeantes de présentation du produit; d'un accroissement des coûts de stockage ou de mûrissage; de rentes de contingentement plus élevées, ou de rentes monopsones résultant d'une concentration accrue du marché au niveau de la vente de détail.

Tableau 5 - Croissance des marges commerciales: marges importation/marchés de gros, et marges marché de gros/vente au détail aux États-Unis, en France et au Japon en 1985-2002

Pays

Quotient de prix

Croissance
annuelle (%)

Degré de
signifiance

États-Unis

De l'importation vers les marchés de gros

-0,82

5%

De l'importation vers la vente au détail

-2,82

**

Des marchés de gros vers la vente au détail

-2,00

**

France

De l'importation vers les marchés de gros

-1,69

**

De l'importation vers la vente au détail

-3,17

**

Des marchés de gros vers la vente au détail

-1,48

**

Japon

De l'importation vers les marchés de gros

-3,73

**

De l'importation vers la vente au détail

-4.77

**

Des marchés de gros vers la vente au détail

-1,04

ns

Source: FAO, New York City Wholesale Fruit & Vegetable Report et Banque Mondiale

Tableau 6 - Évolution des importations (franco wagon), prix de gros et de détail aux États-Unis en France et au Japon 1985-2002 (en dollars EU constants par kg)


EU

France

Japon

Importation

Gros

Détail

Importation

Gros

Détail

Importation

Gros

Détail

1985

0,65

0,84

1,15

0,82

0,94

1,47

0,62

0,85

1,37

1986

0,64

0,88

1,18

1,01

1,20

1,88

0,67

0,85

1,65

1987

0,64

0,79

1,08

1,14

1,39

2,19

0,64

0,94

1,75

1988

0,72

0,82

1,19

1,14

1,39

2,21

0,73

0,96

2,04

1989

0,73

0,86

1,21

1,02

1,24

2,00

0,70

1,13

1,90

1990

0,66

0,86

1,19

1,05

1,41

2,33

0,57

1,05

1,83

1991

0,64

0,81

1,19

1,07

1,44

2,37

0,57

1,02

2,03

1992

0,53

0,73

1,10

1,00

1,38

2,47

0,69

1,07

2,02

1993

0,48

0,67

1,02

0,79

1,11

2,05

0,51

1,20

2,02

1994

0,45

0,66

1,05

0,85

1,16

2,07

0,42

0,96

1,98

1995

0,45

0,60

1,08

0,77

1,14

2,15

0,46

0,89

2,19

1996

0,46

0,65

1,05

0,64

0,97

1,91

0,49

1,03

1,99

1997

0,49

0,68

1,02

0,68

0,97

1,78

0,44

1,02

1,85

1998

0,46

0,61

1,01

0,73

1,01

1,72

0,49

0,93

1,93

1999

0,38

0,52

0,99

0,57

0,82

1,53

0,51

1,04

2,16

2000

0,38

0,55

0,98

0,43

0,63

1,26

0,47

1,11

2,12

2001

0,50

0,63

0,96

0,51

0,75

1,40

0,49

0,95

2,77

2002

0,45

0,53

0,95

0,44

0,70

1,32

0,63

0,87

2,35

Source: FAO, New York City Wholesale Fruit & Vegetable Report et Banque Mondiale

1.6 Consommation

Au cours de la période concernée par cette étude, la consommation mondiale de bananes et de plantains par individu a progressé de 1 pour cent par an. Cette progression marque un revirement par rapport à la stagnation que la consommation de bananes avait connue dans les 15 années précédentes (1970-1984) et résulte d'une plus grande consommation de bananes desserts dans les pays développés, où le taux de croissance était, tout au long de cette période, de 4,2 pour cent par an[12]. En revanche, la consommation a stagné dans les pays en développement, et elle n'a que modérément progressé chez les nouveaux venus dans l'économie mondiale (l'Europe de l'Est et la Chine, par exemple). La consommation mondiale en 1998-2000 s'élevait en moyenne à 15,3 kg par individu - soit une consommation d'environ 13 kg par individu dans les pays développés, contre 21 kg dans les pays en développement (où elle repose presque entièrement sur une production locale). Dans les économies en transition, les habitants ne consomment que de faibles quantités de bananes, mais on prévoit que cette consommation augmentera au fur et à mesure que ces économies vont se fortifier. Entre 1998 et 2000, la consommation par individu était de 3 kg dans la Fédération de Russie, et de 5 kg en Chine.


[1] Les rendements de bananes ont augmenté à leurs taux les plus rapides en 15 ans, à l’exception de l’année 1998, quand le phénomème climatique connu sous le nom d’El Niño a causé d’importants dommages dans les exploitations bananières Amérique latine.
[2] Daniells, J. (2002); Infomusa 11(2): 18 et 19.
[3] Pearce, F. (2003) Last days of the banana: the world’s favourite fruit is about to disappear; The New Scientist, 18 janvier.
[4] INIBAP (2003): Just how far are bananas from extinction? et FAO (2003) “ Pas de risque d’extinction pour la banane selon la FAO”.
[5] D. R. Jones (2002); Risk of spread of banana diseases in international trade and germplasm exchange; In: Memorias XV Reunión Internacional Acrobat, Cartagena de Indias, Colombie.
[6] Guyomard, H., C. Laroche and C. Le Mouël (1999), Impact of the Common Market Organization for Bananas on European Union markets, International Trade, and Welfare; Journal of Policy Modeling 21(5): 619-631. Guyomard, H., Le Mouël, C. and M. Nicolas (2001) An assessment of the new (April 2001) banana import regime in the European Union; Institut national de la recherche agronomique (INFA); France.
[7] Bucheli, M. (2001) The role of demand in the historical development of the banana market; Stanford University.
[8] Pays de l’Afrique subsaharienne, des Caraïbes et du Pacifique qui sont des anciennes colonies de certains états membres de la Communauté européenne et qui ont signé avec celle-ci un accord de partenariat économique (accord de Cotonou).
[9] De surcroît, quelque 18 pour cent de la consomation de bananes de la Communauté européenne est satisfaite par une production interne, principalement en provenance des îles Canaries et des Antilles françaises. Cette production est soutenue par des subventions communautaires.
[10] FAO (2003) Projections à moyen terme pour les produits agricoles de base. CCP: 03/08. Rome.
[11] Aucun prix seul ne peut prétendre représenter le “prix mondial” des bananes, mais les prix à l’importation des États-Unis sont ici utilisés comme approximation en raison de la taille du marché américain de la banane et parce que les importations aux États-Unis ne sont sujettes à aucune restriction.
[12] Les États-Unis, le Canada, la CE, le Japon, l’Australie et la Nouvelle- Zélande.

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