Le projet sest basé sur le diagnostic et la comparaison de douze périmètres de la région situés au Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal entre 13 et 16° de latitude Nord (voir carte 1 ci-dessous et tableau 2).
Débé I (10), Débé II (11), et Lanfiéra (12) dans la vallée du Sourou, au Burkina Faso.
Diantakaye (6) et Kotaka (7) (Cercle de Kona, 60 km de Mopti), situés au cur du delta central du fleuve Niger, au Mali.
Nakhlet (3) (40 km en amont de Rosso) et Dieuck (4) (Rosso) sur le fleuve Sénégal, PPGII (5) (Kaédi) sur le Gorghol, en Mauritanie.
Toula (9) (70 km en amont de Niamey) et Lata (8) (40 km en amont de Niamey), sur le fleuve Niger, au Niger.
Boundoum (1) (70 km en amont de Saint-Louis) et Pont Gendarme (2) (40 km en amont de Saint-Louis), sur le fleuve Sénégal (axe hydraulique du Gorom - Lampsar), au Sénégal.
Ces sites sont soumis au climat sahélien, caractérisé par une saison des pluies courte (ou hivernage) de juin à octobre avec un maximum des précipitations en août. Cette période est favorable à la riziculture. La pluviométrie moyenne annuelle varie de 270 à 720 mm/an (CILSS, 1992). Les pluies sont aléatoires et prennent la forme dorages parfois violents. Lhivernage est suivi dune saison sèche doctobre à juin, décomposée en une saison sèche froide (favorable au maraîchage) et une saison sèche chaude (favorable à la riziculture). Lenvironnement pédoclimatique (eau - sol - températures - ensoleillement) confère à la zone sahélienne de lAfrique une exceptionnelle potentialité de production rizicole. Seules les températures basses de la saison sèche froide peuvent constituer un facteur limitant pour la riziculture de contre-saison sèche.
CARTE 1 |
Le riz, principale culture des aménagements étudiés (à lexception du périmètre maraîcher de Lanfiéra) est cultivé pendant lhivernage de juin à décembre. Une campagne de riz de contre-saison peut également être effectuée pendant la contre-saison chaude alors que la contre-saison froide est propice au maraîchage. Au Niger et sur les périmètres étudiés au Burkina Faso, la double riziculture est systématique et lintensité culturale avoisine les deux cents pour cent. En revanche, elle est plus rare au Mali, Mauritanie et Sénégal. Certains producteurs tentent néanmoins de diversifier leurs cultures en contre-saison.
Les périmètres de létude ont été choisis pour leurs caractéristiques communes, qui justifiaient la comparaison de leurs pratiques et de leurs résultats. Par ailleurs, ces sites devaient permettre didentifier des «bonnes pratiques»: ils présentaient a priori certaines avancées qui motivaient une étude plus approfondie. Ces périmètres ne sont donc pas représentatifs de la moyenne régionale: leurs résultats seraient plutôt supérieurs à ceux des autres aménagements.
TABLEAU 2
Principales caractéristiques des
douze périmètres étudiés
Nom du périmètre |
|
Pays |
Pluviométrie moyenne
annuelle |
Dates réalisation, réhabilitation |
Superficie
équipée |
Superficie moyenne par
exploitant |
Culture principale Intensité culturale (%) |
Boundoum |
1 |
Sénégal |
300 |
1964 |
3 295 |
1,3 |
Riz |
Pont Gendarme |
2 |
Sénégal |
300 |
1980 |
315 |
1 |
Riz et diversification |
Nakhlet |
3 |
Mauritanie |
270 |
1981 |
27,4 |
1 |
Riz |
Dieuck |
4 |
Mauritanie |
270 |
1978 |
50 |
1 |
Riz |
PPGII |
5 |
Mauritanie |
350 |
1997 |
1 188 |
1 |
Riz |
Diantakaye |
6 |
Mali |
540 |
1992 |
19,5 - 20,5 |
0,33 |
Riz (et eucalyptus) |
Kotaka |
7 |
Mali |
540 |
1990 |
34,5 + |
0,25 |
Riz (et eucalyptus) |
Lata |
8 |
Niger |
475 |
1990 |
290 |
0,4 |
Riz |
Toula |
9 |
Niger |
475 |
1975 |
350 |
0,4 |
Riz |
Débé I |
10 |
Burkina Faso |
720 |
1985 |
50 |
0,7 |
Riz |
Débé II |
11 |
Burkina Faso |
720 |
1993 |
500 |
1 |
Riz (et diversification) |
Lanfiéra I & II |
12 |
Burkina Faso |
720 |
|
144 + 144 |
0,5 |
Maraîchage |
RG: Rive gauche, RD: Rive droite.
Intensité culturale = Superficie annuellement cultivée sur le périmètre/Superficie équipée.
Similitudes physiques
Tous ces périmètres sont irrigués par pompage (station de pompage ou groupe motopompe) à partir dun fleuve (la ressource en eau nest pas limitante à lheure actuelle). Leau pompée est ensuite distribuée gravitairement (sauf dans le cas du réseau californien de Lanfiéra). Tous ces périmètres sont de construction récente ou ont connu une réhabilitation dans les dix ou quinze dernières années (sauf le périmètre de Lanfiéra).
Similitudes agronomiques
La spéculation principale actuelle de ces périmètres est la riziculture. Les performances générales de ces périmètres sont assez élevées et homogènes, avec un rendement moyen de 4,8 t/ha de paddy (écart type de 0,6 t/ha). Les cultures de diversification sont souvent minoritaires et au stade dessai (sauf sur le périmètre maraîcher de Lanfiéra).
Similitudes organisationnelles
Tous ces périmètres sont collectifs. Les producteurs sont organisés en «coopératives» pour certaines fonctions (approvisionnement en intrants, commercialisation, fonctionnement hydraulique), mais chaque exploitant est responsable de sa propre parcelle. Le terme de «coopérative» est pris ici dans son sens large et désigne à la fois des sections villageoises (SV), des unions, des groupements dintérêt économique (GIE), des groupes mutualistes de production (GMP), et des organisations paysannes qui attendent dobtenir leur statut légal de coopérative (pré-coopérative). La gestion de ces périmètres a été transférée aux usagers, ou est en cours de transfert, ou bien ce sont des périmètres dinitiative locale. Ce transfert de gestion se traduit notamment par la prise en charge du fonctionnement et de lentretien des aménagements hydrauliques par les exploitants. Généralement, les équipements de pompage sont entretenus et renouvelés par les coopératives, mais les entretiens plus importants des gros ouvrages (digues, réseaux) sont encore effectués par des institutions étatiques ou para-étatiques.
Similitudes de contextes politique et économique
Dans les cinq pays de létude, la filière rizicole est caractérisée par un désengagement de lEtat (plus ou moins avancé) des secteurs de production, de transformation et de commercialisation du paddy. Par ailleurs, dans toute la région, le marché du riz a été libéralisé. Enfin, les périmètres étudiés ont tous été le site de projets (sauf celui de Dieuck) dobjectifs, de démarches et de résultats très différents.
Ces caractéristiques communes vont de pair avec des différences importantes, qui biaisent parfois les comparaisons et limitent le transfert de bonnes pratiques dun site à lautre.
Différences physiques des infrastructures
La taille des périmètres est un élément essentiel de variabilité: léchantillon choisi permet de représenter petits (< 100 ha), moyens (200 à 500 ha) et grands (> 1 000 ha) aménagements (voir tableau 3).
TABLEAU 3
Typologie des périmètres
selon les infrastructures
|
|
Grands aménagements sophistiqués |
Aménagements moyens assez sophistiqués |
Petits aménagements moyennement sophistiqués |
Petits aménagements sommaires |
Taille du périmètre |
Grand (> 1000 ha) |
x |
|
|
|
Moyen (200 à 500 ha) |
|
x |
|
|
|
Petit (< 100 ha) |
|
|
x |
x |
|
Ouvrages régulateurs |
Oui |
x |
|
|
|
Non |
|
x |
x |
x |
|
Revêtement des canaux |
Oui |
|
x |
x (Débé I) |
|
Non |
x |
(Pont Gendarme) |
x (Kotaka) |
x |
|
Coût aménagement initial |
Elevé (> 6,5 M FCFA/ha) |
x |
x |
x (Débé I) |
|
Moyen (2 à 6,5 M FCFA/ha) |
|
(Pont Gendarme) |
x (Kotaka) |
|
|
Faible (< 2 M FCFA/ha) |
|
|
|
x |
|
Protection contre les crues |
Oui |
x |
x |
x |
|
Non |
|
|
|
x |
|
Réseau de drainage existant et entretenu |
Oui |
x |
x |
|
|
Non |
|
|
x |
x |
|
Type station pompage |
Electropompe |
x |
x |
|
|
GMP |
|
|
x |
x |
|
Hydrovis |
|
(Débé II) |
x |
|
|
|
|||||
|
Localisation |
Boundoum, PPGII |
Pont Gendarme, Toula, Lata, Débé II |
Débé I, Kotaka |
Nakhlet, Dieuck, Diantakaye |
La sophistication des aménagements est également variable: complexité du pompage (hydrovis, groupe motopompe ou électropompe), canaux revêtus ou en terre, drainage (station et réseau) fonctionnel ou non, ouvrages de protection contre les crues, ouvrages de régulation automatique sur le réseau dirrigation.
Létat actuel des aménagements diffère enfin. Bien que les périmètres soient neufs ou réhabilités depuis peu, la qualité et lhistorique de leur entretien ne sont pas les mêmes, et les réhabilitations ont parfois été partielles.
Le périmètre de Lanfiéra est un cas particulier: cest le seul aménagement étudié où lirrigation se fait sous pression (réseau californien) et où la production est maraîchère et non rizicole. Le choix détudier ce périmètre sexplique par la volonté au début du projet dévaluer les performances des techniques dirrigation sous pression. Les résultats obtenus sur Lanfiéra devaient être comparés à ceux de périmètres du Sourou. Une diversité trop importante des résultats obtenus na pas permis de tirer des conclusions de cette comparaison. Ce qui explique que le périmètre de Lanfiéra soit rarement mentionné dans les résultats et conclusions.
Différences agronomiques, variabilité des itinéraires techniques
Une première clé de différenciation concerne lintensification en main-duvre. On peut schématiquement définir trois types ditinéraires techniques.
Lintensité culturale (surface annuelle cultivée/surface équipée) et la pratique dune riziculture simple ou double semblent relativement corrélées à ladoption du repiquage, qui facilite la succession chronologique, voire le chevauchement, de deux campagnes. Cependant, dautres éléments interviennent, comme au Mali (repiquage et simple campagne): protection de laménagement contre les crues en contre-saison, intérêt économique et moyens dont disposent les exploitants (disponibilité du crédit, écoulement rapide de la production).
Le dernier élément de diversité concerne lintensification en intrants: de 250 à 700 kg/ha dengrais, de 60 à 270 kg/ha de semences.
TABLEAU 4
Typologie des périmètres
selon le choix de litinéraire technique
|
|
IT peu intensif en main-duvre |
IT moyennement intensif en main duvre |
IT très intensif en main-duvre |
Main-duvre en hivernage |
< 100 h·j/ha |
X |
|
|
100-200 h·j/ha |
|
X |
|
|
> 200 h·j/ha |
|
|
X |
|
Intensité culturale |
Simple campagne |
X |
|
|
Double campagne |
Boundoum |
X |
X |
|
Culture principale |
Riz |
X |
Débé I |
X |
Riz et diversification |
Pont Gendarme |
Débé II |
|
|
Motorisation |
Travail du sol et récolte en grande partie motorisés |
X |
|
|
Travail du sol motorisé et récolte manuelle |
|
X |
|
|
Travail du sol en culture attelée et récolte manuelle |
|
|
X |
|
Désherbage |
Manuel |
PPGII |
X |
X |
Mécanisé |
|
X |
|
|
Chimique |
X |
|
Lata |
|
Pré-irrigation |
Nakhlet |
|
|
|
Mode de semis |
Semis direct |
X |
|
|
Semis pépinière |
PPGII (50%) |
X |
X |
|
Engrais |
< 300 kg/ha |
Dieuck, PPGII |
|
|
300-500 kg/ha |
X |
X |
Diantakaye Kotaka |
|
> 500 kg/ha |
|
|
Toula Lata |
|
Périmètres |
Boundoum |
Débé I |
Diantakaye |
Différences organisationnelles
De même que la taille des périmètres est un facteur physique important, la taille des coopératives est un élément essentiel à lorganisation des irrigants. Le nombre de membres des coopératives varie ainsi dune trentaine à plusieurs milliers sur les périmètres suivis.
La cohésion des membres de la coopérative est notamment issue dun historique social différent selon les coopératives: irrigants autochtones ou immigrés, hétérogénéité ethnique, provenance dun même village, voire dune même famille.
Pour les grandes coopératives, lorganisation en petites unités paysannes de base, facilitant la concertation et la prise de décision, nest pas toujours effective.
Le degré de maturité et de capacité dautogestion des coopératives est également variable: le transfert de la gestion de laménagement de lEtat aux organisations paysannes est plus ou moins ancien, plus ou moins achevé et sest déroulé dans des conditions différentes (abandon brusque ou plus progressif, avec appui à lorganisation et formation à lautogestion des usagers).
Différences de contextes politique et économique
Dun point de vue macro-économique, des différences de prix pour le paddy existent si le pays est côtier ou enclavé. On distingue trois cas: prix des intrants et du paddy faibles (Mauritanie, Sénégal), prix des intrants et du paddy élevés (Mali, Niger), pris des intrants élevés et prix du paddy faible (Burkina Faso). La concurrence avec un riz importé bon marché est ainsi plus sensible en Mauritanie et au Sénégal.
Du fait de politiques dirrigation différentes, la vocation des aménagements nest pas toujours la même: vocation sociale (surfaces aménagées réparties entre de nombreux exploitants, productions irriguées en complément des productions pluviales, réduction du risque dinsuffisance alimentaire) ou vocation économique (riziculteurs professionnels, production destinée à la vente, effets attendus sur la balance commerciale), qui est susceptible dévoluer. Les périmètres choisis pour cette étude sont tous à vocation sociale ou mixte: les surfaces attribuées ne dépassent pas un hectare et les parcelles irriguées ne constituent quun appoint (plus ou moins important) au revenu que lexploitant tire de ses autres activités.
Selon le contexte national et local (proximité de grands marchés notamment), la disponibilité en intrants, matériels et main-duvre est variable.
La disponibilité financière diffère également selon les cas: facilité daccès au crédit de campagne, au crédit déquipement, aide extérieure (dons, jumelage, fonds de garantie).
Pour évaluer les résultats des périmètres choisis, et les mettre en relation avec les pratiques en vigueur, une démarche comparative, à la fois danalyse et de diagnostic, a été suivie. Létude couvre les aspects agricoles, hydrauliques, organisationnels et financiers.
Les points clés de la démarche sont les suivants:
un suivi quantitatif sur un échantillon de 30 à 50 agriculteurs par périmètre permet de fournir des informations pour la base de données qui seront utilisées pour le calcul des indicateurs de performance;
une enquête qualitative sur un échantillon de 30 à 50 agriculteurs par périmètre permet de compléter la description des pratiques;
une analyse à différentes échelles des informations collectées: échelles de la parcelle du périmètre de la filière et de la région;
une comparaison des performances et pratiques des douze périmètres étudiés permet de les mettre en perspective, et ainsi didentifier certaines pratiques existantes qui permettent daméliorer les performances.
Les suivis et enquêtes ont couvert une, deux ou trois campagnes suivant les sites: hivernage 1999, contre-saison 2000 et hivernage 2000. Les pratiques et performances enregistrées durant ces campagnes ont été comparées aux pratiques et performances habituelles. La plupart des résultats agronomiques, économiques et financiers nest donc pas contingente à ces années spécifiques, mais reflète des moyennes sur 3-4 ans (les prix sont ceux de lannée 2000). En revanche, les résultats hydrauliques sont spécifiques des années de suivi (pluviométrie, pompage).
Les résultats ont été discutés, validés et diffusés via:
deux ateliers de travail regroupant les partenaires du projet, en mai 2000 et janvier 2001;
une à deux réunion(s) de restitution aux agriculteurs organisée(s) par périmètres irrigués étudiés, entre septembre et décembre 2000;
des réunions avec les professionnels de lirrigation (recherche, développement, agriculteurs) dans chacun des cinq pays, entre novembre 2000 et juillet 2001;
une restitution des résultats finaux à loccasion des «Journées de lirrigation en Afrique de lOuest et du centre», 23-26 avril 2001, Ouagadougou.
Cette démarche a permis dobtenir dune part une évaluation des performances des périmètres étudiés grâce à un certain nombre dindicateurs (facteurs délaboration du rendement, résultats économiques et financiers, résultats hydrauliques), et dautre part une caractérisation de «bonnes pratiques» dont des principes damélioration des performances ont été ensuite extraits.
La base de données des indicateurs pourrait constituer un référentiel pour la région, sans pour autant être représentatif de tous les systèmes irrigués rencontrés localement.
Ci-après sont mentionnés les principaux indicateurs utilisés. Les hypothèses de calcul figurent en annexe 3.
Agronomique
Rendement (t/ha)
Le rendement est évalué sur la parcelle après battage lors de la mise en sacs. Pour déterminer les facteurs délaboration des performances, le rendement de chaque parcelle est utilisé. Pour les calculs économiques et financiers, un rendement moyen pour le périmètre est calculé sur trois à quatre ans pour tenir compte des variabilités inter annuelles.
Intensité culturale annuelle (%)
Lintensité culturale annuelle est évaluée par suivi des campagnes et consultation des registres des coopératives.
Hydraulique
Volumes pompés (m3/ha)
Les volumes pompés sont mesurés en tête de réseau, pour chaque campagne, à partir dun seuil (Mali et Mauritanie) ou en utilisant la courbe caractéristique des pompes associée à la lecture dune échelle limnimétrique (Niger et Sénégal). Au Burkina Faso, on fait lapproximation à partir dun débit des hydrovis constant (hauteur deau peu variable, et le pompiste ne modifie jamais le régime des moteurs).
RWS (Relative Water Supply)
LIWMI définit lapprovisionnement relatif en eau comme le rapport de loffre sur la demande en eau (Irrigation + pluie efficace/évapotranspiration réelle). Les différents paramètres sont calculés à partir dun calendrier moyen sur le périmètre, avec un coefficient cultural entre 0,8 et 1,2 selon le stade cultural du riz, les mesures de pluviométrie de lannée considérée à la station météorologique la plus proche, une évapotranspiration moyenne fournie par les catalogues Aghrymet.
[Volumes pompés + (pluviométrie * 0,9)]/(ETP * Kc).
Productivité de leau dirrigation (FCFA/m3 et kg/m3)
Pour chaque saison, la productivité de leau dirrigation est calculée en kg de paddy par m3 pompé, ou bien en FCFA (équivalent paddy) par m3 pompé.
Rendement/Volume pompé
[Rendement * prix du paddy] volume pompé.
Coût de pompage (FCFA/m3 ou FCFA/ha)
Cet indicateur ne considère que les frais dénergie et de lubrifiant du pompage.
[(Frais dénergie + frais de lubrifiant)/ha irrigué]/volume pompé.
Coût de lirrigation (FCFA/ha)
Toutes les charges hydrauliques sont prises en compte dans le calcul du coût de lirrigation, à lexception du coût initial du réseau.
Economique et financier
Revenu par hectare (FCFA/ha/campagne)
Le revenu par hectare est le revenu moyen sur plusieurs années dégagé sur un hectare cultivé, toutes charges comprises. Il est calculé à partir de litinéraire technique type et du rendement moyen sur le périmètre considéré (il ne sagit donc ni dun revenu réel, ni dune moyenne de revenus sur le site).
|
FCFA/ha |
Description |
- |
Intrants agricoles |
Engrais, semences, herbicides. |
- |
Service de leau |
Coût de fonctionnement (énergie, lubrifiant), des entretiens effectivement effectués (réseau et pompes), salaires des aiguadiers et pompistes. |
- |
Frais de gestion de la coopérative |
Salaires, indemnités et frais de missions, coûts de fonctionnement et dentretien des bureaux (électricité) et des véhicules, autres frais de gestion. |
- |
Main-duvre familiale et prestation de service |
Services de préparation du sol et de récolte, coût de la main-duvre familiale et salariée. |
- |
Amortissement des équipements de pompage |
Provisions effectivement effectuées. |
- |
Coût du crédit de campagne |
Taux dintérêts payés. |
- |
Impôts et taxes |
|
= |
Total des charges/ha |
|
+ |
Total des produits/ha |
Production de paddy récoltée et valorisée au prix payé au producteur. |
= |
Revenu/ha |
Revenu toutes charges comprises, y compris la valorisation de la main-duvre familiale. |
Revenu par exploitant (FCFA/exploitant/campagne)
Le revenu par exploitant est le revenu monétaire moyen sur plusieurs années de lexploitant, en considérant que celui-ci vend toute sa production et sans considérer la main-duvre familiale dans les charges dexploitation. Par contre, on intègre les charges de la main-duvre salariée, et on considère la surface moyenne dune exploitation sur le périmètre.
[Revenu (sans valorisation de la main-duvre familiale)/ha] * surface moyenne dune exploitation
Valorisation du travail (FCFA/h·j)
La valorisation du travail est le revenu dégagé par une journée de travail. Pour chaque système de production, le nombre dhomme*jour nécessaire à la culture dun hectare de riz a été évalué.
[Revenu (sans valorisation de la main-duvre)/ha]/nombre dhomme*jour.
Rendement minimum de rentabilité (t/ha)
Le rendement minimum de rentabilité est, sur plusieurs années, le rendement minimum moyen, qui permet de couvrir la totalité des charges, dont les charges de main-duvre.
[Total des charges/ha]/prix de la tonne de paddy.
Coût de revient du kilogramme de paddy (FCFA/kg)
Le coût de revient du kilogramme de paddy correspond à lensemble des charges nécessaires à la production dun kilogramme de paddy, y compris la main-duvre.
[Total des charges/ha]/production de paddy en kilogramme.
Coût de revient dun kilo de riz (FCFA/kg)
Pour obtenir le coût de revient dun kilogramme de riz on tient compte du rendement à lusinage du paddy (en pourcentage) et du coût de transformation (en FCFA/kg de paddy), marge du transformateur comprise. Dans ce calcul, les sous-produits ne sont pas considérés (ne sont pas valorisés). En revanche, comme pour la plupart des indicateurs, la main-duvre familiale est valorisée.
[Coût de revient du kg de paddy + coût de transformation du kg de paddy]/rendement au décorticage.
Couverture des besoins alimentaires (en pourcentage)
Ce calcul approximatif est basé sur lhypothèse des besoins alimentaires annuels dune famille de huit personnes, soit 1760 kg de céréales (220 kg de céréales/personne/an).
[(Revenu par exploitant/prix du paddy) * rendement au décorticage]/1760
Taux interne de rentabilité (financière)
Le calcul est mené pour une durée de 20 ans, en tenant compte du coût dinvestissement approximatif (réseau et pompes), des annuités (revenu/ha + amortissement des équipements de pompage, pour éviter un double comptage), du renouvellement des équipements de pompage toutes les quinze campagnes. La valeur résiduelle éventuelle des pompes en vingtième année nest pas prise en compte.
Organisationnel
Taux de recouvrement de la redevance (en pourcentage)
Il est évalué à partir denquêtes auprès des responsables des coopératives et des documents comptables, lorsquils sont disponibles.
Arriérés de crédit (oui/non)
Idem que précédemment.
Le concept de «bonnes pratiques» est un raccourci facile, et utile, mais dangereux, car il recouvre plusieurs idées. Dautres formulations sont possibles, mais toutes semblent également insatisfaisantes.
Il ne sagit pas simplement de «facteurs de succès» des périmètres. Car une «bonne pratique» prise isolément, ne garantit pas de bonne performance: ce nest pas une condition suffisante au succès. Elle nest pas non plus une condition nécessaire, puisque plusieurs «bonnes pratiques» alternatives, interchangeables, peuvent exister.
Serait-ce alors des pratiques innovantes? Mais les «bonnes pratiques» ne sont pas toujours des innovations. Il peut savérer quune pratique donnée soit connue des agriculteurs depuis longtemps, mais que le contexte du périmètre ne permette pas de la mettre en uvre. Il sagit alors davantage de «bon contexte» que de «bonne pratique».
Les «bonnes pratiques» ont été identifiées dans un contexte précis, donné. La diffusion régionale de chacune requiert certaines conditions favorables, voire obligatoires, à sa mise en uvre. Ladoption de la pratique ailleurs que là où elle a été identifiée peut donc demander une évolution radicale, et parfois impossible, du contexte. Par ailleurs, les effets dune bonne pratique sont positifs sur le site didentification, mais son impact pourrait être amoindri ou même être négatif sur un autre périmètre.
Enfin les pratiques évoluent sans arrêt. Les agriculteurs explorent des techniques et des organisations nouvelles, de leur propre initiative ou dans le cadre de projets de développement. Ils les évaluent et les adoptent, ou non. Certaines pratiques décrites dans ce rapport ne sont ainsi que des idées innovantes qui, une fois évaluées positivement et adoptées largement deviendront de «bonnes pratiques», propres à leur contexte.
Bonne pratique
Pratique individuelle ou collective dont la mise en uvre dans un contexte donné permet de meilleures performances agronomiques, hydrauliques, économiques et financières ou organisationnelles. Une «bonne pratique» peut être adoptée largement sur laménagement, seulement par quelques producteurs, ou encore être en test. Mais dans tous les cas, il sagit de pratiques réelles, et non de recommandations théoriques.
Etudes de cas
Les «bonnes pratiques» observées sur un site sont décrites comme des études de cas (annexe 2): le contexte et le champ dapplication des pratiques sont systématiquement développés en introduction. La pratique est évaluée dans le contexte donné selon des indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Limpact sur la durabilité des systèmes irrigués ne peut cependant pas toujours être évalué.
Principe damélioration des performances
Certaines «bonnes pratiques» sont confinées à des contextes dapplication, cest-à-dire des cadres dans lesquels leur adoption est possible et leurs résultats positifs, très spécifiques. Cependant, si ces pratiques ne sont pas transposables telles quelles, elles sont potentiellement porteuses dinnovation. Des leçons, des principes, peuvent être tirés et appliqués à dautres contextes, moyennant une mise en uvre adaptée. On a ainsi identifié des principes damélioration des performances plus largement valables.
Cest avec toutes ces précautions que lon utilise dans ce document le concept de «bonne pratique» et la notion de principe damélioration des performances.
Les deux points essentiels de la démarche sont donc:
une analyse diagnostic basée sur une démarche comparative - la dimension régionale du projet est ainsi ressortie comme la réelle plus-value du projet;
une analyse diagnostic de pratiques réelles des agriculteurs (et non des recommandations théoriques).
Le référentiel de performances issu de létude des douze périmètres, et les principes damélioration des performances identifiés, associés à une modélisation économique simple, permettent de proposer un outil de diagnostic comparatif rapide (DCR) sur des aménagements. Un exemple de DCR conduit sur le périmètre de Débé II (Burkina Faso) est donné ultérieurement dans ce document.
La limite principale des résultats obtenus par le projet «bonnes pratiques» réside dans le fait que les aménagements étudiés ne sont pas représentatifs des systèmes irrigués dAfrique de lOuest. Les périmètres étudiés sont des aménagements irrigués par pompage, en maîtrise totale de leau, essentiellement rizicoles, collectifs, transférés aux usagers. Ainsi les résultats ne tiennent pas compte de la petite irrigation privée ou des aménagements de bas-fonds, par exemple. Malgré cette limite, des leçons peuvent être tirées pouvant bénéficier à dautres types daménagements.