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MATÉRIEL ET MÉTHODE


Sites d’étude

Présentation générale

Le projet s’est basé sur le diagnostic et la comparaison de douze périmètres de la région situés au Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal entre 13 et 16° de latitude Nord (voir carte 1 ci-dessous et tableau 2).

Ces sites sont soumis au climat sahélien, caractérisé par une saison des pluies courte (ou hivernage) de juin à octobre avec un maximum des précipitations en août. Cette période est favorable à la riziculture. La pluviométrie moyenne annuelle varie de 270 à 720 mm/an (CILSS, 1992). Les pluies sont aléatoires et prennent la forme d’orages parfois violents. L’hivernage est suivi d’une saison sèche d’octobre à juin, décomposée en une saison sèche froide (favorable au maraîchage) et une saison sèche chaude (favorable à la riziculture). L’environnement pédoclimatique (eau - sol - températures - ensoleillement) confère à la zone sahélienne de l’Afrique une exceptionnelle potentialité de production rizicole. Seules les températures basses de la saison sèche froide peuvent constituer un facteur limitant pour la riziculture de contre-saison sèche.

CARTE 1
Localisation des douze sites d’étude (adaptée de Tilmont et al., 1986)

Le riz, principale culture des aménagements étudiés (à l’exception du périmètre maraîcher de Lanfiéra) est cultivé pendant l’hivernage de juin à décembre. Une campagne de riz de contre-saison peut également être effectuée pendant la contre-saison chaude alors que la contre-saison froide est propice au maraîchage. Au Niger et sur les périmètres étudiés au Burkina Faso, la double riziculture est systématique et l’intensité culturale avoisine les deux cents pour cent. En revanche, elle est plus rare au Mali, Mauritanie et Sénégal. Certains producteurs tentent néanmoins de diversifier leurs cultures en contre-saison.

Les périmètres de l’étude ont été choisis pour leurs caractéristiques communes, qui justifiaient la comparaison de leurs pratiques et de leurs résultats. Par ailleurs, ces sites devaient permettre d’identifier des «bonnes pratiques»: ils présentaient a priori certaines avancées qui motivaient une étude plus approfondie. Ces périmètres ne sont donc pas représentatifs de la moyenne régionale: leurs résultats seraient plutôt supérieurs à ceux des autres aménagements.

TABLEAU 2
Principales caractéristiques des douze périmètres étudiés

Nom du périmètre


Pays
Fleuve

Pluviométrie moyenne annuelle
(mm/an)

Dates réalisation, réhabilitation

Superficie équipée
(ha)

Superficie moyenne par exploitant
(ha)

Culture principale Intensité culturale (%)

Boundoum

1

Sénégal
Sénégal (RG)

300
(Saint-Louis)

1964
1991-1997

3 295

1,3

Riz
150%

Pont Gendarme

2

Sénégal
Sénégal (RG)

300
(Saint-Louis)

1980
1990

315

1

Riz et diversification
< 100%

Nakhlet

3

Mauritanie
Sénégal (RD)

270
(Rosso)

1981
1988

27,4

1

Riz
100%

Dieuck

4

Mauritanie
Sénégal (RD)

270
(Rosso)

1978
1994

50

1

Riz
100%

PPGII

5

Mauritanie
Gorghol (RG)

350
(Kaédi)

1997
/

1 188

1

Riz
100%

Diantakaye

6

Mali
Niger (delta)

540
(Mopti)

1992
/

19,5 - 20,5
eucalyptus

0,33

Riz (et eucalyptus)
100%

Kotaka

7

Mali
Niger (delta)

540
(Mopti)

1990
/

34,5 +
eucalyptus

0,25

Riz (et eucalyptus)
100%

Lata

8

Niger
Niger (RD)

475
(Tillabéry)

1990
1998

290

0,4

Riz
200%

Toula

9

Niger
Niger (RG)

475
(Tillabéry)

1975
1998

350

0,4

Riz
200%

Débé I

10

Burkina Faso
Sourou (RG)

720
(Kaya)

1985
/

50

0,7

Riz
200%

Débé II

11

Burkina Faso
Sourou (RG)

720
(Kaya)

1993
/

500

1

Riz (et diversification)
200%

Lanfiéra I & II

12

Burkina Faso
Sourou (RG)

720
(Kaya)


144 + 144

0,5

Maraîchage
170%

RG: Rive gauche, RD: Rive droite.

Intensité culturale = Superficie annuellement cultivée sur le périmètre/Superficie équipée.

Similitudes des périmètres étudiés

Similitudes physiques

Tous ces périmètres sont irrigués par pompage (station de pompage ou groupe motopompe) à partir d’un fleuve (la ressource en eau n’est pas limitante à l’heure actuelle). L’eau pompée est ensuite distribuée gravitairement (sauf dans le cas du réseau californien de Lanfiéra). Tous ces périmètres sont de construction récente ou ont connu une réhabilitation dans les dix ou quinze dernières années (sauf le périmètre de Lanfiéra).

Similitudes agronomiques

La spéculation principale actuelle de ces périmètres est la riziculture. Les performances générales de ces périmètres sont assez élevées et homogènes, avec un rendement moyen de 4,8 t/ha de paddy (écart type de 0,6 t/ha). Les cultures de diversification sont souvent minoritaires et au stade d’essai (sauf sur le périmètre maraîcher de Lanfiéra).

Similitudes organisationnelles

Tous ces périmètres sont collectifs. Les producteurs sont organisés en «coopératives» pour certaines fonctions (approvisionnement en intrants, commercialisation, fonctionnement hydraulique), mais chaque exploitant est responsable de sa propre parcelle. Le terme de «coopérative» est pris ici dans son sens large et désigne à la fois des sections villageoises (SV), des unions, des groupements d’intérêt économique (GIE), des groupes mutualistes de production (GMP), et des organisations paysannes qui attendent d’obtenir leur statut légal de coopérative (pré-coopérative). La gestion de ces périmètres a été transférée aux usagers, ou est en cours de transfert, ou bien ce sont des périmètres d’initiative locale. Ce transfert de gestion se traduit notamment par la prise en charge du fonctionnement et de l’entretien des aménagements hydrauliques par les exploitants. Généralement, les équipements de pompage sont entretenus et renouvelés par les coopératives, mais les entretiens plus importants des gros ouvrages (digues, réseaux) sont encore effectués par des institutions étatiques ou para-étatiques.

Similitudes de contextes politique et économique

Dans les cinq pays de l’étude, la filière rizicole est caractérisée par un désengagement de l’Etat (plus ou moins avancé) des secteurs de production, de transformation et de commercialisation du paddy. Par ailleurs, dans toute la région, le marché du riz a été libéralisé. Enfin, les périmètres étudiés ont tous été le site de projets (sauf celui de Dieuck) d’objectifs, de démarches et de résultats très différents.

Ces caractéristiques communes vont de pair avec des différences importantes, qui biaisent parfois les comparaisons et limitent le transfert de bonnes pratiques d’un site à l’autre.

Différences des périmètres étudiés

Différences physiques des infrastructures

La taille des périmètres est un élément essentiel de variabilité: l’échantillon choisi permet de représenter petits (< 100 ha), moyens (200 à 500 ha) et grands (> 1 000 ha) aménagements (voir tableau 3).

TABLEAU 3
Typologie des périmètres selon les infrastructures



Grands aménagements sophistiqués

Aménagements moyens assez sophistiqués

Petits aménagements moyennement sophistiqués

Petits aménagements sommaires

Taille du périmètre

Grand (> 1000 ha)

x




Moyen (200 à 500 ha)


x



Petit (< 100 ha)



x

x

Ouvrages régulateurs

Oui

x




Non


x

x

x

Revêtement des canaux

Oui


x

x (Débé I)


Non

x

(Pont Gendarme)

x (Kotaka)

x

Coût aménagement initial

Elevé (> 6,5 M FCFA/ha)

x

x

x (Débé I)


Moyen (2 à 6,5 M FCFA/ha)


(Pont Gendarme)

x (Kotaka)


Faible (< 2 M FCFA/ha)




x

Protection contre les crues

Oui

x

x

x


Non




x

Réseau de drainage existant et entretenu

Oui

x

x



Non



x

x

Type station pompage

Electropompe

x

x



GMP



x

x

Hydrovis


(Débé II)

x




Localisation

Boundoum, PPGII

Pont Gendarme, Toula, Lata, Débé II

Débé I, Kotaka

Nakhlet, Dieuck, Diantakaye

La sophistication des aménagements est également variable: complexité du pompage (hydrovis, groupe motopompe ou électropompe), canaux revêtus ou en terre, drainage (station et réseau) fonctionnel ou non, ouvrages de protection contre les crues, ouvrages de régulation automatique sur le réseau d’irrigation.

L’état actuel des aménagements diffère enfin. Bien que les périmètres soient neufs ou réhabilités depuis peu, la qualité et l’historique de leur entretien ne sont pas les mêmes, et les réhabilitations ont parfois été partielles.

Le périmètre de Lanfiéra est un cas particulier: c’est le seul aménagement étudié où l’irrigation se fait sous pression (réseau californien) et où la production est maraîchère et non rizicole. Le choix d’étudier ce périmètre s’explique par la volonté au début du projet d’évaluer les performances des techniques d’irrigation sous pression. Les résultats obtenus sur Lanfiéra devaient être comparés à ceux de périmètres du Sourou. Une diversité trop importante des résultats obtenus n’a pas permis de tirer des conclusions de cette comparaison. Ce qui explique que le périmètre de Lanfiéra soit rarement mentionné dans les résultats et conclusions.

Différences agronomiques, variabilité des itinéraires techniques

Une première clé de différenciation concerne l’intensification en main-d’œuvre. On peut schématiquement définir trois types d’itinéraires techniques.

L’intensité culturale (surface annuelle cultivée/surface équipée) et la pratique d’une riziculture simple ou double semblent relativement corrélées à l’adoption du repiquage, qui facilite la succession chronologique, voire le chevauchement, de deux campagnes. Cependant, d’autres éléments interviennent, comme au Mali (repiquage et simple campagne): protection de l’aménagement contre les crues en contre-saison, intérêt économique et moyens dont disposent les exploitants (disponibilité du crédit, écoulement rapide de la production).

Le dernier élément de diversité concerne l’intensification en intrants: de 250 à 700 kg/ha d’engrais, de 60 à 270 kg/ha de semences.

TABLEAU 4
Typologie des périmètres selon le choix de l’itinéraire technique



IT peu intensif en main-d’œuvre

IT moyennement intensif en main d’œuvre

IT très intensif en main-d’œuvre

Main-d’œuvre en hivernage

< 100 h·j/ha

X



100-200 h·j/ha


X


> 200 h·j/ha



X

Intensité culturale

Simple campagne

X



Double campagne

Boundoum

X

X

Culture principale

Riz

X

Débé I

X

Riz et diversification

Pont Gendarme

Débé II


Motorisation

Travail du sol et récolte en grande partie motorisés

X



Travail du sol motorisé et récolte manuelle


X


Travail du sol en culture attelée et récolte manuelle



X

Désherbage

Manuel

PPGII

X

X

Mécanisé


X


Chimique

X


Lata

Pré-irrigation

Nakhlet



Mode de semis

Semis direct

X



Semis pépinière

PPGII (50%)

X

X

Engrais

< 300 kg/ha

Dieuck, PPGII



300-500 kg/ha

X

X

Diantakaye Kotaka

> 500 kg/ha



Toula Lata

Périmètres

Boundoum
Pont Gendarme
Nakhlet, Dieuck
PPGII

Débé I
Débé II

Diantakaye
Kotaka
Toula, Lata

Différences organisationnelles

De même que la taille des périmètres est un facteur physique important, la taille des coopératives est un élément essentiel à l’organisation des irrigants. Le nombre de membres des coopératives varie ainsi d’une trentaine à plusieurs milliers sur les périmètres suivis.

La cohésion des membres de la coopérative est notamment issue d’un historique social différent selon les coopératives: irrigants autochtones ou immigrés, hétérogénéité ethnique, provenance d’un même village, voire d’une même famille.

Pour les grandes coopératives, l’organisation en petites unités paysannes de base, facilitant la concertation et la prise de décision, n’est pas toujours effective.

Le degré de maturité et de capacité d’autogestion des coopératives est également variable: le transfert de la gestion de l’aménagement de l’Etat aux organisations paysannes est plus ou moins ancien, plus ou moins achevé et s’est déroulé dans des conditions différentes (abandon brusque ou plus progressif, avec appui à l’organisation et formation à l’autogestion des usagers).

Différences de contextes politique et économique

D’un point de vue macro-économique, des différences de prix pour le paddy existent si le pays est côtier ou enclavé. On distingue trois cas: prix des intrants et du paddy faibles (Mauritanie, Sénégal), prix des intrants et du paddy élevés (Mali, Niger), pris des intrants élevés et prix du paddy faible (Burkina Faso). La concurrence avec un riz importé bon marché est ainsi plus sensible en Mauritanie et au Sénégal.

Du fait de politiques d’irrigation différentes, la vocation des aménagements n’est pas toujours la même: vocation sociale (surfaces aménagées réparties entre de nombreux exploitants, productions irriguées en complément des productions pluviales, réduction du risque d’insuffisance alimentaire) ou vocation économique (riziculteurs professionnels, production destinée à la vente, effets attendus sur la balance commerciale), qui est susceptible d’évoluer. Les périmètres choisis pour cette étude sont tous à vocation sociale ou mixte: les surfaces attribuées ne dépassent pas un hectare et les parcelles irriguées ne constituent qu’un appoint (plus ou moins important) au revenu que l’exploitant tire de ses autres activités.

Selon le contexte national et local (proximité de grands marchés notamment), la disponibilité en intrants, matériels et main-d’œuvre est variable.

La disponibilité financière diffère également selon les cas: facilité d’accès au crédit de campagne, au crédit d’équipement, aide extérieure (dons, jumelage, fonds de garantie).

Méthodologie

Démarche générale

Pour évaluer les résultats des périmètres choisis, et les mettre en relation avec les pratiques en vigueur, une démarche comparative, à la fois d’analyse et de diagnostic, a été suivie. L’étude couvre les aspects agricoles, hydrauliques, organisationnels et financiers.

Les points clés de la démarche sont les suivants:

Les suivis et enquêtes ont couvert une, deux ou trois campagnes suivant les sites: hivernage 1999, contre-saison 2000 et hivernage 2000. Les pratiques et performances enregistrées durant ces campagnes ont été comparées aux pratiques et performances habituelles. La plupart des résultats agronomiques, économiques et financiers n’est donc pas contingente à ces années spécifiques, mais reflète des moyennes sur 3-4 ans (les prix sont ceux de l’année 2000). En revanche, les résultats hydrauliques sont spécifiques des années de suivi (pluviométrie, pompage).

Les résultats ont été discutés, validés et diffusés via:

Cette démarche a permis d’obtenir d’une part une évaluation des performances des périmètres étudiés grâce à un certain nombre d’indicateurs (facteurs d’élaboration du rendement, résultats économiques et financiers, résultats hydrauliques), et d’autre part une caractérisation de «bonnes pratiques» dont des principes d’amélioration des performances ont été ensuite extraits.

La base de données des indicateurs pourrait constituer un référentiel pour la région, sans pour autant être représentatif de tous les systèmes irrigués rencontrés localement.

Indicateurs de performance utilisés

Ci-après sont mentionnés les principaux indicateurs utilisés. Les hypothèses de calcul figurent en annexe 3.

Agronomique

Rendement (t/ha)

Le rendement est évalué sur la parcelle après battage lors de la mise en sacs. Pour déterminer les facteurs d’élaboration des performances, le rendement de chaque parcelle est utilisé. Pour les calculs économiques et financiers, un rendement moyen pour le périmètre est calculé sur trois à quatre ans pour tenir compte des variabilités inter annuelles.

Intensité culturale annuelle (%)

L’intensité culturale annuelle est évaluée par suivi des campagnes et consultation des registres des coopératives.

Hydraulique

Volumes pompés (m3/ha)

Les volumes pompés sont mesurés en tête de réseau, pour chaque campagne, à partir d’un seuil (Mali et Mauritanie) ou en utilisant la courbe caractéristique des pompes associée à la lecture d’une échelle limnimétrique (Niger et Sénégal). Au Burkina Faso, on fait l’approximation à partir d’un débit des hydrovis constant (hauteur d’eau peu variable, et le pompiste ne modifie jamais le régime des moteurs).

RWS (Relative Water Supply)

L’IWMI définit l’approvisionnement relatif en eau comme le rapport de l’offre sur la demande en eau (Irrigation + pluie efficace/évapotranspiration réelle). Les différents paramètres sont calculés à partir d’un calendrier moyen sur le périmètre, avec un coefficient cultural entre 0,8 et 1,2 selon le stade cultural du riz, les mesures de pluviométrie de l’année considérée à la station météorologique la plus proche, une évapotranspiration moyenne fournie par les catalogues Aghrymet.

[Volumes pompés + (pluviométrie * 0,9)]/(ETP * Kc).

Productivité de l’eau d’irrigation (FCFA/m3 et kg/m3)

Pour chaque saison, la productivité de l’eau d’irrigation est calculée en kg de paddy par m3 pompé, ou bien en FCFA (équivalent paddy) par m3 pompé.

Rendement/Volume pompé
[Rendement * prix du paddy] volume pompé.

Coût de pompage (FCFA/m3 ou FCFA/ha)

Cet indicateur ne considère que les frais d’énergie et de lubrifiant du pompage.

[(Frais d’énergie + frais de lubrifiant)/ha irrigué]/volume pompé.

Coût de l’irrigation (FCFA/ha)

Toutes les charges hydrauliques sont prises en compte dans le calcul du coût de l’irrigation, à l’exception du coût initial du réseau.

Economique et financier

Revenu par hectare (FCFA/ha/campagne)

Le revenu par hectare est le revenu moyen sur plusieurs années dégagé sur un hectare cultivé, toutes charges comprises. Il est calculé à partir de l’itinéraire technique type et du rendement moyen sur le périmètre considéré (il ne s’agit donc ni d’un revenu réel, ni d’une moyenne de revenus sur le site).


FCFA/ha

Description

-

Intrants agricoles

Engrais, semences, herbicides.

-

Service de l’eau

Coût de fonctionnement (énergie, lubrifiant), des entretiens effectivement effectués (réseau et pompes), salaires des aiguadiers et pompistes.

-

Frais de gestion de la coopérative

Salaires, indemnités et frais de missions, coûts de fonctionnement et d’entretien des bureaux (électricité) et des véhicules, autres frais de gestion.

-

Main-d’œuvre familiale et prestation de service

Services de préparation du sol et de récolte, coût de la main-d’œuvre familiale et salariée.

-

Amortissement des équipements de pompage

Provisions effectivement effectuées.

-

Coût du crédit de campagne

Taux d’intérêts payés.

-

Impôts et taxes


=

Total des charges/ha


+

Total des produits/ha

Production de paddy récoltée et valorisée au prix payé au producteur.

=

Revenu/ha

Revenu toutes charges comprises, y compris la valorisation de la main-d’œuvre familiale.

Revenu par exploitant (FCFA/exploitant/campagne)

Le revenu par exploitant est le revenu monétaire moyen sur plusieurs années de l’exploitant, en considérant que celui-ci vend toute sa production et sans considérer la main-d’œuvre familiale dans les charges d’exploitation. Par contre, on intègre les charges de la main-d’œuvre salariée, et on considère la surface moyenne d’une exploitation sur le périmètre.

[Revenu (sans valorisation de la main-d’œuvre familiale)/ha] * surface moyenne d’une exploitation

Valorisation du travail (FCFA/h·j)

La valorisation du travail est le revenu dégagé par une journée de travail. Pour chaque système de production, le nombre d’homme*jour nécessaire à la culture d’un hectare de riz a été évalué.

[Revenu (sans valorisation de la main-d’œuvre)/ha]/nombre d’homme*jour.

Rendement minimum de rentabilité (t/ha)

Le rendement minimum de rentabilité est, sur plusieurs années, le rendement minimum moyen, qui permet de couvrir la totalité des charges, dont les charges de main-d’œuvre.

[Total des charges/ha]/prix de la tonne de paddy.

Coût de revient du kilogramme de paddy (FCFA/kg)

Le coût de revient du kilogramme de paddy correspond à l’ensemble des charges nécessaires à la production d’un kilogramme de paddy, y compris la main-d’œuvre.

[Total des charges/ha]/production de paddy en kilogramme.

Coût de revient d’un kilo de riz (FCFA/kg)

Pour obtenir le coût de revient d’un kilogramme de riz on tient compte du rendement à l’usinage du paddy (en pourcentage) et du coût de transformation (en FCFA/kg de paddy), marge du transformateur comprise. Dans ce calcul, les sous-produits ne sont pas considérés (ne sont pas valorisés). En revanche, comme pour la plupart des indicateurs, la main-d’œuvre familiale est valorisée.

[Coût de revient du kg de paddy + coût de transformation du kg de paddy]/rendement au décorticage.

Couverture des besoins alimentaires (en pourcentage)

Ce calcul approximatif est basé sur l’hypothèse des besoins alimentaires annuels d’une famille de huit personnes, soit 1760 kg de céréales (220 kg de céréales/personne/an).

[(Revenu par exploitant/prix du paddy) * rendement au décorticage]/1760

Taux interne de rentabilité (financière)

Le calcul est mené pour une durée de 20 ans, en tenant compte du coût d’investissement approximatif (réseau et pompes), des annuités (revenu/ha + amortissement des équipements de pompage, pour éviter un double comptage), du renouvellement des équipements de pompage toutes les quinze campagnes. La valeur résiduelle éventuelle des pompes en vingtième année n’est pas prise en compte.

Organisationnel

Taux de recouvrement de la redevance (en pourcentage)

Il est évalué à partir d’enquêtes auprès des responsables des coopératives et des documents comptables, lorsqu’ils sont disponibles.

Arriérés de crédit (oui/non)

Idem que précédemment.

Concept de bonne pratique et principe d’amélioration des performances

Le concept de «bonnes pratiques» est un raccourci facile, et utile, mais dangereux, car il recouvre plusieurs idées. D’autres formulations sont possibles, mais toutes semblent également insatisfaisantes.

Il ne s’agit pas simplement de «facteurs de succès» des périmètres. Car une «bonne pratique» prise isolément, ne garantit pas de bonne performance: ce n’est pas une condition suffisante au succès. Elle n’est pas non plus une condition nécessaire, puisque plusieurs «bonnes pratiques» alternatives, interchangeables, peuvent exister.

Serait-ce alors des pratiques innovantes? Mais les «bonnes pratiques» ne sont pas toujours des innovations. Il peut s’avérer qu’une pratique donnée soit connue des agriculteurs depuis longtemps, mais que le contexte du périmètre ne permette pas de la mettre en œuvre. Il s’agit alors d’avantage de «bon contexte» que de «bonne pratique».

Les «bonnes pratiques» ont été identifiées dans un contexte précis, donné. La diffusion régionale de chacune requiert certaines conditions favorables, voire obligatoires, à sa mise en œuvre. L’adoption de la pratique ailleurs que là où elle a été identifiée peut donc demander une évolution radicale, et parfois impossible, du contexte. Par ailleurs, les effets d’une bonne pratique sont positifs sur le site d’identification, mais son impact pourrait être amoindri ou même être négatif sur un autre périmètre.

Enfin les pratiques évoluent sans arrêt. Les agriculteurs explorent des techniques et des organisations nouvelles, de leur propre initiative ou dans le cadre de projets de développement. Ils les évaluent et les adoptent, ou non. Certaines pratiques décrites dans ce rapport ne sont ainsi que des idées innovantes qui, une fois évaluées positivement et adoptées largement deviendront de «bonnes pratiques», propres à leur contexte.

Bonne pratique

Pratique individuelle ou collective dont la mise en œuvre dans un contexte donné permet de meilleures performances agronomiques, hydrauliques, économiques et financières ou organisationnelles. Une «bonne pratique» peut être adoptée largement sur l’aménagement, seulement par quelques producteurs, ou encore être en test. Mais dans tous les cas, il s’agit de pratiques réelles, et non de recommandations théoriques.

Etudes de cas

Les «bonnes pratiques» observées sur un site sont décrites comme des études de cas (annexe 2): le contexte et le champ d’application des pratiques sont systématiquement développés en introduction. La pratique est évaluée dans le contexte donné selon des indicateurs quantitatifs et qualitatifs. L’impact sur la durabilité des systèmes irrigués ne peut cependant pas toujours être évalué.

Principe d’amélioration des performances

Certaines «bonnes pratiques» sont confinées à des contextes d’application, c’est-à-dire des cadres dans lesquels leur adoption est possible et leurs résultats positifs, très spécifiques. Cependant, si ces pratiques ne sont pas transposables telles quelles, elles sont potentiellement porteuses d’innovation. Des leçons, des principes, peuvent être tirés et appliqués à d’autres contextes, moyennant une mise en œuvre adaptée. On a ainsi identifié des principes d’amélioration des performances plus largement valables.

C’est avec toutes ces précautions que l’on utilise dans ce document le concept de «bonne pratique» et la notion de principe d’amélioration des performances.

Intérêt et limite de l’approche

Les deux points essentiels de la démarche sont donc:

Le référentiel de performances issu de l’étude des douze périmètres, et les principes d’amélioration des performances identifiés, associés à une modélisation économique simple, permettent de proposer un outil de diagnostic comparatif rapide (DCR) sur des aménagements. Un exemple de DCR conduit sur le périmètre de Débé II (Burkina Faso) est donné ultérieurement dans ce document.

La limite principale des résultats obtenus par le projet «bonnes pratiques» réside dans le fait que les aménagements étudiés ne sont pas représentatifs des systèmes irrigués d’Afrique de l’Ouest. Les périmètres étudiés sont des aménagements irrigués par pompage, en maîtrise totale de l’eau, essentiellement rizicoles, collectifs, transférés aux usagers. Ainsi les résultats ne tiennent pas compte de la petite irrigation privée ou des aménagements de bas-fonds, par exemple. Malgré cette limite, des leçons peuvent être tirées pouvant bénéficier à d’autres types d’aménagements.


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