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Les éléments d’un contrat de fermage


Les éléments ci-après doivent être inclus dans un contrat de fermage. Ces éléments ne seront pas toujours tous inclus. Toutefois, un contrat de bail sera en général plus sécurisant s’il est relativement complet par rapport aux aspects suivants:

· Noms des parties

L’identification des parties est un aspect fondamental de l’accord. Elle garantit un certain degré de protection et de confiance entre les intéressés. Un accord conclu individuellement entre un propriétaire et un fermier ne pose pas de problème.

Toutefois, s’il existe des copropriétaires, la question se pose de savoir s’il s’agit d’une propriété conjointe (ce qui donnera lieu à la conclusion d’un seul accord) ou si la propriété est subdivisée (ce qui nécessitera des accords complémentaires distincts)?

S’il y a plusieurs fermiers ou co-locataires, il faudra veiller à ce que le bail demeure valide en cas de décès de l’un d’entre eux. À cet effet, il pourra être utile d’inclure dans le bail le nom de tous les membres de la famille qui travailleront sur la terre louée.

Bien souvent, seul le nom du chef de famille de sexe masculin figure dans le contrat, mais s’il décède les membres de sa famille risquent d’être privés de la terre qu’ils exploitaient.

· Date d’entrée en vigueur et durée de l’accord

La date d’entrée en vigueur indique à partir de quel moment la responsabilité de la terre passe du propriétaire au fermier. La durée de l’accord peut varier et revêtir diverses formes. Il peut s’agir d’un bail à durée déterminée (un an par exemple), avec ou sans faculté de renouvellement; ou périodique (pour une durée mensuelle ou annuelle renouvelable, jusqu’à préavis de résiliation de la part de l’une des parties), sous réserve souvent d’un terme initial minimum. Certains baux prévoient également une extension automatique qui permet au fermier de rester sur sa terre à l’expiration du bail pour une durée spécifiée.

Il importe que le fermier essaie d’obtenir un bail d’une durée correspondant aux résultats souhaités, compte tenu notamment des cultures prévues. Ainsi, si le cycle végétatif complet de certains légumes est de quelques mois seulement, celui du cocotier peut atteindre 50 ans.

De même, la durée du bail pourra être liée aux exigences de la famille. Ainsi, un propriétaire terrien peut souhaiter ne louer sa terre que jusqu’au moment où la génération montante sera prête à l’exploiter.

· Description des biens

Il importe, dans tous les cas, que les biens loués soient clairement décrits. Il conviendra notamment d’indiquer comment les limites de la propriété ont été déterminées (marque physique des frontières ou par levés ou plans). Dans le cas de petits lopins de terre loués pour moins d’un an (accord de pacage saisonnier, par exemple), un simple croquis suffira. Pour des baux de longue durée ou portant sur des exploitations plus vastes, il sera préférable d’inclure un plan et une description écrite qui non seulement permettront de déterminer quels sont les éléments inclus, mais qui pourront aussi constituer la base d’autres accords.

· Loyer

Normalement le fermier paie un loyer ou verse une autre contrepartie (comme une part de la récolte) au propriétaire. Il est indispensable, pour la protection tant du propriétaire terrien que du fermier, que la contrepartie versée soit spécifiée et certaine. Même si la valeur effective de cette contrepartie n’est pas connue au début du bail, celui-ci devra spécifier clairement comment la contrepartie sera calculée et quand elle sera exigible. Il pourra être nécessaire également de prévoir une éventuelle révision de la contrepartie à une ou plusieurs dates ultérieures, notamment pour les baux de longue durée. La valeur réelle du loyer peut en effet varier en raison de l’inflation ou de fluctuations monétaires ou lorsque la valeur relative des produits agricoles change avec le temps. Des révisions périodiques protégeront alors les intérêts financiers du propriétaire et les capacités de paiement du fermier.

· Droits de possession et d’utilisation

L’étendue des droits de disposition de la terre dont bénéficie le preneur est l’un des principaux éléments distinctifs du contrat de fermage. Le degré le plus élevé est celui du contrat de fermage pur et simple, où le fermier dispose intégralement et exclusivement de la terre. Ceci signifie que le propriétaire devra prendre rendez-vous pour accéder à sa terre, par exemple pour l’inspecter périodiquement. S’il s’agit d’un bail renouvelé chaque année, ces inspections pourront avoir lieu au moment de la préparation ou du renouvellement du bail. De même, le bailleur peut avoir des obligations spécifiques en matière de maintenance ou de réparation et devra se réserver le droit d’accéder à la terre pour s’acquitter de ses obligations. Les bonnes pratiques voudraient aussi que le fermier ait, dans des limites appropriées, le droit de choisir le type de culture qu’il entend exploiter, bien que cela soit parfois difficile dans le cas de baux de courte durée.

· Entretien de la terre

Les bonnes pratiques veulent que le bail répartisse les obligations de réparation et d’entretien entre le bailleur et le preneur. Cette répartition dépendra de la durée et des autres conditions du bail, les baux de longue durée allant généralement de pair avec l’imposition d’obligations plus lourdes au fermier. Des clauses de ce type doivent être incluses dans le bail, même si celui-ci ne porte que sur une superficie réduite car, même en pareil cas, les canaux de drainage et les clôtures peuvent exiger un entretien.

· État de la terre à l’expiration du bail

Tous les baux devraient comporter une clause décrivant l’état dans lequel la terre doit se trouver au moment de sa restitution au propriétaire. Le bail pourra comporter une clause selon laquelle le fermier doit restituer la terre dans un état analogue à celui dans lequel elle se trouvait lors de sa location, indépendamment de la répartition des responsabilités décrite sous la rubrique «Entretien de la terre», ou bien le fermier peut s’engager à restituer la terre en «bon état», plutôt que dans une condition analogue. Dans certains systèmes juridiques, l’obligation de conserver la terre en bon état comporte également celle de la mettre d’abord dans un tel état.

Dans le cas d’une propriété de plus grande superficie ou d’un accord à plus long terme, il importe d’inclure une description détaillée de l’état dans lequel se trouve la propriété lors de la conclusion du bail.

· Améliorations ou modifications d’utilisation

Il est bon de veiller à ce que le fermier ne puisse pas altérer la terre ou modifier son utilisation sans le consentement exprès du propriétaire. Il peut y avoir des exceptions qui doivent être spécifiées, par exemple s’il faut ériger une clôture pour protéger une parcelle des incursions du bétail.

· Clauses d’indemnisation

Le fermier doit souvent améliorer et modifier la terre pour qu’elle puisse être utilisée. Parfois, ces améliorations supposent des coûts qui ne peuvent pas être récupérés à l’expiration du bail, mais qui ajoutent de la valeur à la terre. En pareil cas, le fermier doit pouvoir obtenir une indemnisation pour cette augmentation de valeur.

Inversement, des altérations peuvent avoir endommagé la terre et l’avoir dévalorisée. Dans ce cas, ce sera le propriétaire qui voudra réclamer une indemnisation.

Dans tous les cas, il est bon de négocier et d’inclure dans le bail une clause exigeant le consentement exprès du propriétaire en cas d’amélioration et d’altération. Le bail doit aussi spécifier les conditions dans lesquelles une indemnisation sera versée, ainsi que la façon dont elle sera calculée.

· Responsabilité en matière de paiement des impôts et d’autres taxes

Dans les baux de longue durée, notamment si la jouissance exclusive de la terre est accordée au fermier, le propriétaire pourra devoir définir les responsabilités respectives en ce qui concerne le paiement de divers droits liés au bien. Il pourra s’agir d’impôts et de droits locaux (comme les droits d’eau), d’une proportion des frais d’entretien des ressources communes (comme les routes d’accès et les réseaux de drainage) et d’une prime d’assurance couvrant les risques de vol, d’incendie et d’autres dégâts.

Encore une fois, ces responsabilités et obligations devront être spécifiées dans le bail et dépendront de la nature de la terre louée et de la durée escomptée du bail.

· Règlement des différends

Le bail devrait également comporter une disposition relative au règlement d’éventuels différends. Cette disposition devrait couvrir aussi bien les différends de caractère général entre les parties (à propos, par exemple, de l’interprétation du libellé du bail) que des différends spécifiques touchant des points comme la révision du loyer, l’obligation d’entretien ou les demandes d’améliorations.

Dans tous les cas, le bail devrait essayer de prévoir dans quels domaines des litiges pourront surgir de façon à faire le nécessaire pour les éviter. Ainsi, si la récolte doit être divisée entre le fermier et le propriétaire, le bail devrait stipuler que le fermier doit informer le propriétaire de la date à laquelle la récolte est prévue, de façon que les deux parties puissent évaluer la récolte effective.

· Enregistrement de l’accord

Les contrats concernant l’occupation de biens fonciers sont souvent conclus oralement. Toutefois, il est préférable de les établir par écrit. Dans certains pays, tous les baux agricoles doivent être établis par écrit dans un style ou un format particuliers ou sous sceau légal. Dans certains cas, les fermiers choisissent de faire enregistrer leurs baux.

Les dispositions juridiques varient selon les juridictions et tant les propriétaires que les fermiers doivent être au courant des dispositions en vigueur au niveau local. Ils devraient tirer parti de ces dispositions pour disposer d’un maximum de souplesse, de protection et de sécurité.


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