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Chapitre IX
ANALYSE FINANCIÈRE ET PRÉPARATION DES RECOMMANDATIONS


L'analyse financière concerne principalement les projets générateurs de revenus. Il est possible d'analyser des projets sociaux, des activités environnementales ou de support à la production, en effectuant des calculs sur la base de prix artificiels, mais une telle «analyse économique» ne peut se faire sans entrer dans un processus beaucoup trop complexe pour un projet de petite ou de moyenne dimension[17].

Pour les projets générateurs des revenus, la rentabilité de l'activité est le premier et le plus important facteur déterminant leur durabilité, parce aucun projet «commercial» ne pourra survivre s'il ne génère pas suffisamment de recettes pour couvrir les dépenses de fonctionnement et les frais financiers. Toutefois, il existe de nombreuses façons de déterminer la rentabilité d'un investissement. Chaque approche a ses forces et ses faiblesses. Aussi est-il recommandé d'utiliser plusieurs méthodes.

Il est aussi important de comprendre que les chiffres fournis par l'analyse financière ne sont pas suffisants en tant que tels; il est nécessaire de les interpréter. Il est de la responsabilité du technicien qui conduit le processus de formulation et d'évaluation d'un projet d'expliquer aux promoteurs, ainsi qu'au comité qui décidera de l'attribution du financement, la signification des résultats, et de combiner les calculs de rentabilité avec d'autres indicateurs de probabilité de succès et de durabilité, tels que la capacité et l'engagement des porteurs de projet, la fiabilité du marché, la complexité de la technologie, l'impact environnemental et le degré d'organisation de la direction.

A. Evaluation de la faisabilité d'un investissement

Lorsque toutes les dépenses et recettes ont été déterminées pour la période d'analyse (8, 12 ou 20 ans), il est nécessaire de se poser les questions suivantes: Quels indicateurs devrons-nous utiliser pour déterminer la faisabilité de l'investissement en termes financiers? Comment pourrons-nous interpréter les résultats?

La méthodologie RuralInvest utilise deux indicateurs différents, chacun ayant ses avantages et ses limites. Pris ensemble, ils donnent une vue globale de la faisabilité du projet proposé, au niveau financier.

1. Flux de trésorerie annuel

Le calcul du flux de trésorerie annuel ne s'intéresse qu'à la partie monétaire des dépenses et des recettes effectuées chaque année. Le coût de l'investissement est pris en compte dans cette analyse l'année (où les années) où les dépenses correspondantes sont effectivement effectuées par les bénéficiaires, c'est-à-dire notamment au moment du remboursement de l'emprunt pris pour le financer.

Le flux de trésorerie annuel est calculé en additionnant toutes les recettes monétaires de l'année et en soustrayant toutes les dépenses monétaires de la même année; le résultat ainsi obtenu est le solde de trésorerie annuel avant financement, puis les frais financiers (remboursement du capital et des intérêts) sont déduits de ce résultat. Si le montant restant est encore positif, le projet générera suffisamment de recettes durant l'année considérée pour couvrir les coûts de production, ainsi que les coûts liés au crédit, et pour dégager un certain bénéfice (correspondant au montant restant).

Le flux de trésorerie annuel, sur la durée du projet, est l'indicateur qui présente le plus d'intérêt pour les structures susceptibles d'accorder un emprunt (banques, projets, coopératives, etc.) car il montre si le projet sera ou non capable de générer suffisamment recettes pour payer toutes les dépenses et couvrir les frais financiers. C'est aussi généralement l'indicateur le plus facile à comprendre pour les porteurs de projets eux-mêmes, bien qu'ils doivent réaliser que cette approche - qui ne prend en compte que la partie monétaire - peut négliger des coûts et des bénéfices importants qui ne se mesurent pas en termes monétaires.

2. Rentabilité financière

L'évolution du flux de trésorerie, qui présente une succession de résultats annuels, n'est pas très adaptée pour comparer différents projets ou pour évaluer un projet par rapport à une situation de référence. Un gouvernement, un projet de développement ou le porteur de projet lui-même, qui souhaitent choisir la façon la plus productive d'utiliser les fonds disponibles, doivent avoir recours à des indicateurs différents. Ils doivent notamment estimer la rentabilité financière du projet.

Certains calculs d'analyse financière permettent de simplifier l'analyse en prenant en compte les résultats de toutes les années étudiées pour calculer une donnée unique. Toutefois, pour arriver à ce résultat, la méthodologie doit prendre en compte la valeur dégressive de la monnaie et donc des flux financiers au cours du temps. Comment mener cette analyse?

L'exemple suivant illustre cette notion: si on proposait à une personne la possibilité d'investir aujourd'hui dans un projet d'un coût de 1 000 dollars EU, mais qui générerait demain des recettes de 2 000 dollars EU, celle-ci ne refuserait pas (en supposant qu'elle ait confiance dans l'honnêteté des directeurs du projet). Toutefois, personne n'accepterait la proposition d'un investissement de 1 000 dollars EU pour gagner 1 001 dollars EU dans cinq ans. La question est donc de décider quel retour sur investissement rendra un projet attractif. En d'autres termes, quel retour sur investissement rend un projet intéressant et correspond à une bonne utilisation des ressources disponibles?

Deux principaux indicateurs contribuent à répondre à cette question: la valeur actuelle nette (VAN) et le taux de rentabilité interne (TRI). Tous les deux ont en commun un certain nombre d'éléments essentiels:

Ce procédé est appelé actualisation.

a) Valeur actuelle nette (VAN)

L'indicateur le plus simple est la valeur actuelle nette (VAN). Au solde financier annuel (qui, contrairement au flux de trésorerie, inclut les éléments non-monétaires), on applique un taux d'actualisation est pour réduire la valeur des recettes et des dépenses qui auront lieu au cours des futures années. On remarquera qu'un taux d'actualisation est l'inverse d'un taux d'intérêt, ainsi, un dollar EU placé aujourd'hui à un taux d'intérêt annuel de 10 % vaudra 1,10 dollar EU dans un an. De la même façon, un taux d'actualisation de 10 % signifie que 1,10 dollar reçu dans un an ne vaut aujourd'hui qu'un dollar (sa valeur actuelle). Aussi la VAN représente-t-elle la valeur d'un projet après actualisation des soldes financiers futurs.

Si, par exemple, un investisseur souhaite recevoir un taux d'intérêt de 8 % par an, il est nécessaire d'appliquer un taux d'actualisation de 8 pour cent aux futurs soldes financiers du projet. Si la VAN calculée sur cette base est nulle, le projet génèrera exactement les 8 pour cent demandés. Si la VAN est positive, l'investisseur obtiendra le taux demandé (8 pour cent) et un bénéfice additionnel correspondant à la VAN. Lorsque la VAN est négative, cela signifie que l'investissement ne peut pas rapporter les 8 pour cent requis; il devrait rapporter (après actualisation) un montant additionnel équivalent au montant de la VAN pour atteindre ce seuil de rentabilité.

Prenons l'exemple d'un projet de six ans pour lequel le coût d'investissement initial est de 250 dollars EU et qui génère un solde financier positif de 50 dollars chaque année, soit un total de 300 dollars EU en 6 ans (voir tableau ci-dessous). Il semble que le projet ait un bénéfice global de 50 dollars EU. Mais ceci n'est vrai que si l'on ne prend pas en compte l'actualisation. Par contre, si on applique un taux d'actualisation de 8 pour cent (voir tableau) on constate que le projet n'est pas très attractif. La VAN du projet est de -0,34 dollars EU. C'est-à-dire qu'il manque 0,34 dollars EU pour que cet investissement rapporte le taux d'intérêt de 8 pour cent qui était fixé.

Il est évident que le choix du taux d'actualisation est l'aspect critique du calcul de la VAN. Un taux élevé entraînera le rejet d'un plus grand nombre de projets et favorisera les projets générant des bénéfices durant les premières années. Un taux d'actualisation bas entraînera l'acceptation d'un plus grand nombre de projets et donnera plus de poids aux bénéfices générés en fin de période d'analyse.

Mais comment choisir le taux d'actualisation? La définition la plus correcte, telle que donnée par la Banque mondiale, est qu'il s'agit d'un taux égal à l'augmentation du produit intérieur brut (PIB) résultant de l'investissement d'une unité monétaire (UM) supplémentaire dans un pays donné. Aussi, si, dans un pays donné, un investissement d'une UM entraîne une augmentation de 1,07 UM du PIB, le taux d'actualisation devrait être de 7 pour cent - ce qui permettra de situer la rentabilité de votre projet vis-à-vis de la moyenne de l'économie dans son ensemble. Toutefois, une telle définition est plus facile à énoncer qu'à mesurer, parce qu'il n'existe pas de méthode simple pour effectuer le calcul nécessaire.

Pour des considérations pratiques, il est préférable de dire que le taux d'actualisation est le taux de rémunération annuelle net (moins l'inflation) nécessaire pour qu'un investissement vaille la peine d'être réalisé. Toutefois, ce taux ne sera pas le même pour tous les investisseurs ou pour tous les investissements. Il dépendra beaucoup des différentes opportunités existantes et, encore plus, des risques auxquels le projet doit faire face. Une personne investissant dans une grosse banque solide réclamera probablement un taux d'actualisation plus bas sur les futurs gains que quelqu'un mettant de l'argent dans une compagnie d'exploration pétrolière, où les retours peuvent être importants mais la faillite toujours possible.

Il est devenu habituel dans beaucoup de cas d'utiliser 8 pour cent, mais tout chiffre entre 6 et 12 pour cent est acceptable. Toutefois, rappelez-vous qu'un investissement avec un niveau de risque élevé exige un taux de retour sur investissement plus important, et que s'il est difficile d'identifier d'autres utilisations des fonds disponibles, on peut accepter de baisser ce taux.

b) Taux de rentabilité interne (TRI)

Le calcul du taux de rentabilité interne (TRI)[18] utilise une méthodologie très semblable à celle de la VAN. La principale différence est qu'en utilisant le TRI on se pose la question de savoir quel taux d'actualisation (ou taux d'intérêt) cet investissement sera capable de supporter? Si le TRI est de 15 pour cent, cela veut dire que l'investissement initial rapportera un taux d'intérêt de 15 pour cent durant la vie du projet.

Le calcul manuel du TRI est difficile car on doit d'abord essayer de deviner le TRI, ensuite calculer la VAN et voir si celle-ci est positive ou négative. La valeur estimée du TRI est ensuite ajustée (vers le haut si la VAN est positive, vers le bas si la VAN est négative) et le calcul est répété à nouveau. Cette opération est poursuivie jusqu'à ce que la VAN atteigne exactement zéro. Cette valeur est alors le TRI.

Ce calcul était un processus fastidieux, mais l'ordinateur le rend aujourd'hui plus facile, faisant instantanément ce qui aurait nécessité de nombreuses minutes de travail à un analyste il y a quelques années.

B. Impact des impôts

La méthodologie RuralInvest attache peu d'importance au calcul des impôts, en particulier aux impôts sur les revenus. Bien que ces impôts puissent être importants pour un projet qui fonctionne et réussit bien (comme dans le cas d'une usine agroindustrielle) ils sont hors de propos dans la détermination de la faisabilité des petits investissements. Le problème auquel ces projets doivent faire face est plus celui de leur survie que l'estimation des impôts sur leurs revenus.

La méthodologie RuralInvest considère les autres types d'impôts et de taxes (impôts sur la propriété, par exemple) comme de simples coûts indirects ou frais généraux qui doivent être inclus dans les tableaux listant les dépenses.

C. Préparation des recommandations

Il est dangereux d'avoir une foi aveugle dans les résultats des analyses financières pour approuver un dossier d'investissement, pour les raisons suivantes:

a) Un ordinateur ne peut traiter que les données que l'on a entrées. Aussi la qualité des résultats dépend-elle largement de la qualité des informations fournies par les porteurs de projets et par les techniciens qui les ont aidés. En réalité, très peu d'informations sont sûres à 100 pour cent. Les estimations de prix, de coûts, de volumes et de durées peuvent être fausses, malgré tous les efforts des personnes impliquées. Aussi est-il important de se rappeler qu'une analyse financière représente les résultats dans le cadre des hypothèses faites par ceux qui ont fourni l'information.

b) Un projet estimé rentable peut être un succès, mais ce n'est pas sûr. Même si les chiffres utilisés pour le calcul sont dignes de confiance, un projet peut encore échouer. D'autres facteurs comme les problèmes soulevés par un engagement limité des participants, un encadrement inefficace ou un changement inattendu des prix, peuvent ruiner la rentabilité d'un projet. Aussi est-il essentiel de considérer tous les facteurs pouvant avoir une influence sur le succès de l'investissement et non pas seulement sa rentabilité financière.

Comment peut-on reconnaître ces risques et les prendre en compte dans la présentation des résultats de l'évaluation? Premièrement, il est essentiel de profiter de l'extrême puissance et de la rapidité de l'ordinateur. Il est ainsi possible d'estimer immédiatement l'impact de tout changement, parfois en ne modifiant qu'un seul chiffre. On appelle cela «l'analyse de sensibilité», celle-ci sert à montrer comment les résultats d'une étude peuvent changer en modifiant légèrement une des hypothèses.

Par exemple, si le prix moyen d'un produit est de 10 dollars EU, que se passera-t-il si le prix tombe à huit dollars EU? On sait que la rentabilité de l'investissement dépend étroitement du prix des biens et des services qu'il produit et qu'il vend. Le même raisonnement peut être appliqué au projet ne générant par de profit. Comment sera-t-il possible de couvrir les frais d'exploitation du dispensaire d'une communauté si le nombre de patients à soigner était plus faible que prévu? Si la communauté compte sur une subvention fixe par malade de la part du Ministère de la santé, un nombre de patients plus faible que prévu peut entraîner l'incapacité du dispensaire à couvrir ses frais généraux (infirmières, électricité, réparation, etc.) et sa fermeture.

Afin de conduire une analyse de sensibilité, le technicien doit:

a) Identifier les éléments du projet: (i) pour lesquels un doute subsiste quant aux chiffres à utiliser (le prix sera-t-il de 6, 8 ou 10 unités monétaires?), et (ii) qui sont importants pour le projet (on peut avoir un doute sur le prix des trombones, mais il ne servira probablement à rien d'étudier l'impact de ce changement de prix sur les performances du projet). Les éléments importants à considérer sont généralement les suivants: le prix des produits, le nombre prévu d'utilisateurs, le prix des intrants, les volumes de production, l'efficacité du processus de production (c'est-à-dire la quantité d'intrants nécessaire pour la production d'un kilo de matière), le temps nécessaire pour démarrer une production (dans le cas de production arboricole par exemple) et, une fois que la production a démarré, le temps nécessaire pour atteindre le niveau de production maximum.

b) Déterminer une plage de variation réaliste pour chaque facteur. Par exemple, pour une analyse de prix on peut dire que, bien que le prix moyen soit de 10 dollars EU, la plage de variation se situe entre 7 et 12 dollars EU.

c) Introduire les nouveaux chiffres dans les tableaux du logiciel de RuralInvest et noter les résultats. La meilleure façon de présenter les résultats est de préparer des graphiques montrant la rentabilité de l'investissement pour chaque facteur clé (prix, coûts, etc.) estimée à partir d'hypothèses moyennes, pessimistes et optimistes, mais ce type de présentation n'est pas essentiel.

d) Dans la lettre de transmission qui doit obligatoirement accompagner l'analyse détaillée, l'analyste doit identifier les facteurs du projet les plus sensibles et indiquer dans quelle mesure une variation de ces facteurs peut entraîner des changements dans la rentabilité de l'investissement, comme dans l'exemple présenté ci-après:

«Bien que la proposition qui consiste à installer un système d'irrigation semble assez rentable, il est bon d'avoir à l'esprit que la rentabilité est très sensible aux variations de rendement des cultures de légumes. Si, par exemple, le rendement n'était que de 10 tonnes/ha au lieu de 12 le projet serait tout juste rentable. Si le rendement chutait à 9 tonnes ou moins, le projet cesserait d'être rentable.»

e) Lorsque la proposition est très sensible aux variations de facteurs importants, le technicien doit étudier la probabilité de ces variations. Par exemple:

«Toutefois, les promoteurs de projet ont une grande expérience de la production de légumes et ont déjà obtenu des rendements dépassant 12 tonnes/ha sur les quelques sites où l'eau est disponible pendant l'été. Le risque d'obtenir des rendements plus faibles que ceux prévus est donc considéré comme limité.»

La description des étapes présentées ci-dessus garantit que les personnes qui examineront les propositions de projet soumises pour financement auront l'information nécessaire pour prendre une décision en connaissance de cause.

Il est de la responsabilité du technicien chargé de la formulation et de l'évaluation d'examiner soigneusement et d'identifier tous les autres facteurs qui, en plus des aspects financiers, sont susceptibles d'influer sur le succès du projet. La lettre de transmission de la proposition doit mentionner: (i) la capacité des promoteurs de projet à gérer et à administrer durablement l'investissement; (ii) la durabilité du projet en termes d'impact sur l'environnement et d'utilisation des ressources et (iii) les risques que l'investissement pourrait courir.

Souvenez-vous que vous ne rendrez service à personne en recommandant un investissement qui n'a pas de bonnes chances de succès. Lorsque l'on a recours au crédit pour financer un projet, son échec peut entraîner l'incapacité du groupe ou de la communauté à rembourser ses dettes (limitant ainsi probablement son accès futur au financement). Même dans le cas d'un projet faisant uniquement appel à des dons, vous devez vous rappeler que chaque échec signifie qu'un autre projet, meilleur, n'a pu obtenir les ressources nécessaires à son succès.

Investir dans des activités existantes - Calculer les dépenses et les recettes additionnelles


Les méthodes présentées dans ce chapitre assument pour la plupart que l'investissement proposé est totalement nouveau et que toutes les dépenses et les recettes de l'activité considérée seront donc imputables au projet. Cela est certainement le cas le plus simple. Toutefois, que faire lorsque l'investissement permet d'améliorer une activité préexistante qui génère déjà des dépenses et des recettes? L'investissement proposé va induire des changements dans les dépenses et les recettes de l'activité. Ce sont ces changements qui doivent être pris en compte, il faut donc comparer les dépenses et les recettes de l'activité dans la situation avec projet et dans la situation sans projet.

Considérons par exemple le cas d'un groupement qui cultive actuellement 3 ha de melons. Le groupement souhaite installer une motopompe dans le cours d'eau voisin afin d'apporter une irrigation de complément. Il est clair que les coûts d'achat et de fonctionnement de la motopompe sont des dépenses supplémentaires liées au projet; mais qu'en est-il des coûts de production? Dans la mesure où plus d'eau sera disponible, ce qui permettra une production plus intensive, il pourra être utile d'apporter plus d'engrais, afin de permettre à la plante de profiter pleinement de l'eau disponible. Le groupement applique aujourd'hui 2,5 sacs d'engrais à l'hectare, mais il pense en utiliser 3,5 si des ressources en eau supplémentaires sont disponibles. La dépense supplémentaire en engrais sera d'un sac par hectare, soit 3 sacs pour les 3 ha cultivés. Par ailleurs, les rendements sont actuellement de 5 tonnes par hectare, mais le groupement est sûr que l'irrigation permettra d'atteindre un rendement de 8 tonnes par hectare, soit 9 tonnes additionnelles au total sur les 3 ha du projet. Enfin, d'autres dépenses additionnelles seront liées à l'augmentation éventuelle de la quantité de semences utilisée, l'augmentation de la quantité de melons à récolter, et l'augmentation du nombre de sacs ou de caisses nécessaires pour conditionner la production.

Il est essentiel de garder présent à l'esprit que si l'on considère toutes les recettes et les dépenses de la situation avec projet, sans prendre en compte la situation antérieure, on peut se faire une idée fausse de la rentabilité du projet. Dans le cas présenté ci-dessus, il ne faut comparer que les dépenses additionnelles (achat et fonctionnement de la motopompe, coût des intrants supplémentaires...) avec les recettes additionnelles (9 tonnes de melons pour les 3 hectares). Si les dépenses de carburant pour la motopompe sont élevées et que l'augmentation prévue du rendement est faible, il est possible que l'activité du groupement soit plus rentable sans irrigation, mais le groupement ne peut le savoir que s'il compare les recettes et dépenses additionnelles (comparaison des situations avec et sans projet).



[17] Les prix calculés dans le cadre de l'analyse économique fournissent non seulement des valeurs pour les intrants et les produits qui n'ont pas de prix de marché, mais permettent souvent d'ajuster les prix du marché qui ne reflètent pas la valeur réelle des biens et des services (en raison de taxes, de mesures de protection ou du niveau de salaire minimum fixé, par exemple).
[18] Appelé aussi taux de rendement financier annuel, TRFA, pour le distinguer du taux de rendement économique annuel, TREA.

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