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Les troubles dus à une carence en iode


La nature et les causes des troubles dus à une carence en iode, goitre endémique et crétinisme inclus, ont été revues au chapitre 7 sous l’angle de l’alimentation. La cause de ces troubles et les méthodes disponibles en principe pour les combattre et les éliminer sont connues depuis plusieurs dizaines d’années. Néanmoins, le goitre, souvent accompagné dans la communauté par ce triste état qu’est le crétinisme endémique affecte encore des millions de personnes dans le monde. Les caractéristiques de l’hypothyroïdie sont décrites au chapitre 7.

La cause immédiate des troubles dus à une carence en iode est le décifit d’iode dans l’alimentation. La cause sous-jacente est le déficit d’iode dans les sols locaux où pousse la végétation, où paissent les animaux, où sont faites les cultures vivrières et qui sont donc responsables du déficit en iode des aliments locaux. Les effets de ce déficit se manifestent le plus sévèrement pendant la grossesse et l’accouchement. Les troubles dus à une carence en iode ont également des conséquences économiques et sociales sur le développement (encadré 64).

La sévérité des troubles dus à une carence en iode est classée selon la prévalence du goitre et le taux moyen d’iode urinaire de la population témoin. Dans de nombreuses régions du globe, particulièrement en Afrique, la carence en iode existe, mais son importance n’a pas encore été entièrement reconnue. Selon des estimations récentes du Système d’information sur les carences en micronutriments, environ 1,572 milliard de personnes dans le monde courent le risque d’une carence en iode: 486 millions en Asie du Sud-Est, 423 millions dans le Pacifique Ouest, 168 millions dans les Amériques, 181 millions en Afrique continentale, 141 millions en Europe et 173 millions en Méditerranée orientale (OMS/UNICEF/ICCIDD, 1993).

ENCADRÉ 63
CAUSES ET CONTRÔLE DE L’ANÉMIE NUTRITIONNELLE EN RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE

En Tanzanie, plusieurs facteurs sont responsables de l’anémie ferriprive: apport alimentaire insuffisant; faible biodisponibilé car le fer de la ration est essentiellement d’origine végétale; médiocre absorption à cause de la présence dans l’organisme de certains inhibiteurs comme les phytates, les tannins et la caféine; enfin, pertes de fer accrues en raison de la présence dans l’organisme de parasites suceurs de sang, tels que les ankylostomes. La carence en acide folique est due principalement à une augmentation des besoins pendant la grossesse - besoins qui ne sont pas suffisamment couverts par une alimentation adéquate - et à la forte prévalence du paludisme.

Le programme de prévention et de contrôle de l’anémie nutritionnelle en Tanzanie a une portée nationale, mais il s’adresse surtout aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans. Il s’attaque aux causes principales de l’anémie. Le volet alimentaire vise l’anémie ferriprive et la carence en acide folique; il consiste à promouvoir la production et la consommation d’aliments riches en fer et en acide folique, en particulier des légumes à feuilles vertes et des aliments riches en vitamine C, comme les fruits, qui facilitent l’absorption de fer. La consommation de produits animaux et de laitages est également encouragée chaque fois que possible. Sur le plan pharmaceutique, des comprimés de folate de fer sont distribués depuis plusieurs années aux groupes les plus vulnérables, en l’occurrence les femmes enceintes. Des mesures de santé publique visant à renforcer la lutte contre le paludisme, la schistosomiase et les parasites intestinaux tels que les ankylostomes constituent un autre volet important du programme. L’intégration de ces mesures dans le programme sur la vitamine A et dans d’autres programmes de santé et de nutrition actuellement en cours, ainsi qu’une collaboration étroite dans les domaines de la recherche, de l’information, de la communication, de l’éducation et de la gestion de l’information, assure la participation de la communauté et la durabilité du programme.

Source: Kavishe, 1991.

Pour la seule Afrique, 86 millions de personnes, soit 13,1 pour cent de la population totale seraient porteuses de goitre. La carte de la figure 34 illustre les estimations de prévalence des troubles dus à une carence en iode dans les pays de l’Afrique continentale.

ENCADRÉ 64
POURQUOI IL EST IMPORTANT DE LUTTER CONTRE LES TROUBLES DUS À UNE CARENCE EN IODE

Une carence en iode retarde le développement économique et social d’une région pour plusieurs raisons:

  • Il y a davantage de personnes handicapées qui ont besoin des soins de la communauté.

  • Les bovins, les caprins, la volaille et les autres animaux domestiques ont aussi des carences en iode; ils se développent plus lentement et se reproduisent moins.

  • Les habitants d’une région déficitaire en iode ont l’esprit plus lent et sont moins énergiques que les personnes en bonne santé. Il est plus difficile de les motiver.

  • Les enfants qui souffrent d’une carence en iode apprennent moins facilement et, une fois adultes, ils auront probablement du mal à obtenir un bon emploi.

  • Les enfants atteints de crétinisme meurent jeunes. Les enfants gravement handicapés qui survivent sont parfois un fardeau pour leur famille et la communauté.

  • Une personne qui présente un goitre volumineux a moins de chances de trouver un emploi et de se marier.

Source: King et Burgess, 1993.

En République-Unie de Tanzanie, 6,25 millions de personnes, soit le quart de la population, étaient affectées de carence en iode à la fin des années 80 (Kavishe, 1987). Les femmes enceintes et les mères allaitantes accusaient la plus forte incidence (52 pour cent); les enfants de moins de cinq ans, la plus faible (13 pour cent). En Ethiopie, la prévalence moyenne du goitre dans sept provinces de la région Shoa s’élevait à 32,7 pour cent, et la population féminine de la province de Merhabete accusait l’énorme incidence de 60 pour cent (tableau 55).

Les interventions contre les carences en iode

Le traitement et la prévention des carences en iode prennent appui sur l’augmentation de l’apport iodé des populations affectées, obtenue soit par supplémentation médicinale, soit par enrichissement d’un aliment courant.

L’iodation du sel a nettement réduit la prévalence du goitre en Argentine, en Colombie, au Mexique et au Guatemala, mais il n’est pas toujours aisé de mettre une telle approche en pratique. La Tanzanie a choisi, comme mesure immédiate, de réaliser une distribution ciblée de capsules d’huile iodée. L’encadré 65 présente les résultats et les coûts de ce programme. Les besoins journaliers en iode ont été indiqués au chapitre 7, dans le tableau 45.

FIGURE 34
Prévalence des troubles dus à une carence en iode (TCI) en Afrique: taux total de goitres (TTG) chez les enfants d’âge scolaire

Source: OMS/UNICEF/ICCIDD, 1993.


TABLEAU 55

Prévalence du goitre, de la xérophtalmie (taches de Bitot) et de l’anémie dans sept provinces de la région de Shoa, en Ethiopie

Province/sexe

Nombre de personnes examinées

Goitre

Xérophtalmie

Anémie

(Nombre)

(%)a

(Nombre)

(%)

(Nombre)

(%)

Chebona-Gurage








Hommes

3 705

928

25,0

14

0,4*

960

25,9

Femmes

1 457

582

39,9*

1

0,1

288

19,8

Totalb

5 162

1 510

29,3

15

0,3

1 248

24,2

Merhabete








Hommes

704

276

39,2

15

2,1

226

32,1

Femmes

629

379

60,3*

9

1,4

183

29,1

Total

1 333

655

49,1

24

1,8

409

30,7

Selale








Hommes

493

61

12,4

16

3,2

153

31,0

Femmes

374

81

21,7

4

1,1

86

23,0

Total

867

142

16,4

20

2,3

239

27,6

Kembatana-Hadya








Hommes

1 063

296

27,8

4

0,4

275

25,9

Femmes

773

395

51,1*

2

0,3

168

21,7

Total

1 836

691

37,6

6

0,3

443

24,1

Tegultna-Bulga








Hommes

698

116

16,6

5

0,7

2

0,3

Femmes

676

195

28,8*

3

0,4

6

0,9

Total

1 374

311

22,6

8

0,6

8

0,6

Yifatna-Timuga








Hommes

1 878

533

28,3

44

2,3

217

11,6

Femmes

1 885

799

42,4*

16

0,8

165

8,8

Total

3 763

1 332

35,4

60

1,6

382

10,2

Menzena-Gishe








Hommes

238

87

36,6

0

0,0

5

2,1

Femmes

167

87

52,1

1

0,6

6

3,6

Total

405

174

43,0

1

0,2

11

2,7

Total








Hommes

8 779

2 297

26,2

98

1,1*

1 838

20,9*

Femmes

5 961

2 518

42,2*

36

0,6

902

15,1

Total

14 740

4 815

32,7

134

0,9

2 740

18,6

* La prévalence était nettement plus élevée que chez les individus de l’autre sexe, P<0,001.

b Les pourcentages de prévalence pour le total hommes/femmes n’ont pas été corrigés en raison d’un nombre différent d’individus de chaque sexe dans l’échantillon examiné.

Source: Wolde-Gebriel et al., 1992.

Dans les régions isolées, l’injection d’huile iodée peut se justifier comme mesure à long terme. Ce traitement a l’avantage d’exercer un effet prolongé -au moins trois ans -, mais il a l’inconvénient de coûter cher et de comporter un risque de transmission d’infections par la piqûre de l’aiguille.

L’avitaminose a et la cécité nutritionnelle

A l’échelle mondiale, il est estimé sur la base d’analyses biochimiques que plus de 251 millions d’enfants d’âge préscolaire sont exposés au risque d’avitaminose A; 2,8 millions d’entre eux ont des signes cliniques de carence (OMS/UNICEF, 1995). En Afrique, 52 millions d’enfants sont menacés et on estime à 1,04 million le nombre de ceux qui présentent des signes cliniques de carence. La figure 35 montre la distribution géographique de l’avitaminose A en Afrique en 1995.

Chaque année, de 250 000 à 500 000 enfants sont atteints de cécité partielle ou totale par carence en vitamine A, et les deux tiers d’entre eux meurent après quelques mois de cécité. En plus de ces victimes, un nombre d’enfants de 10 à 20 fois plus élevé risque sa santé et sa survie du fait que l’avitaminose A compromet la résistance à l’infection.

Causes de l’avitaminose A et de la cécité nutritionnelle

La xérophtalmie comprend une gamme de troubles caractérisés notamment par une sécheresse anormale des muqueuses de l’oeil. Elle est directement causée par un déficit en vitamine A dans l’alimentation et peut conduire à la cécité à moins d’être rapidement traitée. Plus de 50 pour cent des enfants atteints de xérophtalmie développent des infections très graves parce que l’avitaminose A réduit leur résistance naturelle, et nombre d’entre eux finissent par mourir. Les signes cliniques relevés pour estimer la prévalence de la xérophtalmie sont décrits dans l’encadré 66.

La prévalence de l’avitaminose A dans les communautés affectées peut également être estimée par analyse du taux de rétinol du sérum sanguin. Cependant, il est malaisé d’interpréter ce taux, car la plus grande partie de la vitamine est stockée dans le foie, et ce sont justement ces réserves-là qu’il faudrait estimer.

ENCADRÉ 65
DISTRIBUTION DE CAPSULES D’HUILE IODÉE EN RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE

La Tanzanie a décidé d’utiliser l’huile iodée dans les régions encore en proie à de sévères troubles dus à une carence en iode (TCI), car il avait fallu beaucoup de temps pour mettre en oeuvre son programme d’iodation du sel. L’objectif était d’éliminer les formes sévères de TCI avant 1993. L’avantage du traitement par voie orale est que même du personnel non médical peut l’administrer et que, vu l’absence de seringues, tout risque de propagation de maladies telles que le sida et l’hépatite B est écarté.

Tous les individus âgés de 1 à 45 ans qui habitent dans des régions affectées par une forte carence en iode forment le groupe cible pour la distribution de capsules d’huile iodée. On a exclu les enfants de moins de 1 an, car ils sont presque tous nourris au sein et tirent donc leur dose d’iode du lait maternel.

Les personnes de plus de 45 ans ont de faibles besoins en iode; par contre, elles sont plus sensibles que les personnes plus jeunes aux conséquences des doses excessives, et le programme voulait éviter ce risque. Pour le groupe cible, la dose administrée est de 380 mg d’iode, soit deux capsules, une fois tous les deux ans.

Le critère pour le choix des régions sévèrement touchées était au départ un taux de goitres visibles d’au moins 10 pour cent, mais suite aux pressions de la population et des hommes politiques, il a été fixé sur la base d’une prévalence du degré 1b avec un taux de goitres visibles de 10 pour cent ou davantage. En fonction de ce critère, 30 districts ont été classés dans la catégorie des régions gravement affectées de TCI. Les districts ont en moyenne un taux de goitres visibles de 11 pour cent, un taux de goitres visibles + 1b de 31,3 pour cent, et un taux global de goitres de 57,1 pour cent.

Il s’agit d’une population d’environ à 5 millions d’habitants. Les capsules d’huile iodée sont distribuées par le biais du système de soins de santé primaires ou d’une campagne utilisant les écoles de l’enseignement primaire, le gouvernement et les infrastructures du parti politique Chama Cha Mapinduzi pour la mobilisation et l’adhésion de la population.

Le programme de distribution de capsules d’huile iodée a eu des effets positifs sur les troubles causés par une carence en iode. Par exemple, dans trois écoles primaires de Mahenge (région de Morogoro), le taux de goitres visibles a chuté de 71,7 pour cent et le taux global de goitres de 30,7 pour cent. Des études spécifiques ont également indiqué une normalisation de l’excrétion d’iode urinaire ainsi que des niveaux d’hormones thyroïdiennes dans un délai de 56 jours après la prise de la capsule.

Une estimation des coûts a montré que ces derniers sont modestes. En additionnant le prix d’une capsule et les frais de distribution, de formation, de recherche, de suivi et évaluation, de conseils et de personnel, le coût s’élève à environ 0,40 dollar EU par cas de TCI évité ou par personne traitée pour carence sévère. Il s’agit là d’un coût modeste pour éviter la naissance d’enfants atteints de crétinisme.

Source: D’après Kavishe, 1991.


FIGURE 35
Prévalence de l’avitaminose A en Afrique, avril 1995

Source: OMS/UNICEF, 1995.
Notes: Cette représentation ne signifie pas forcément que la sévérité de l’avitaminose A est uniformément distribuée dans chaque pays. Se référer au tableau 52 pour la définitions des niveaux de sévérité.


ENCADRÉ 66
LES SIGNES DE LA XÉROPHTALMIE

Les signes de la xérophtalmie apparaissent en général dans l’ordre ci-après.

Cécité crépusculaire

L’enfant ne voit pas bien dans la pénombre, à la tombée de la nuit. Les familles, qui donnent souvent un nom local à ce type de cécité, expliquent qu’il se heurte aux objets, qu’il tombe ou les renverse et qu’il n’y voit pas clair pour manger. Il s’agit là d’un signe important parce que les familles reconnaissent la maladie, et on peut facilement la soigner. Pour savoir si un enfant souffre de cécité crépusculaire, il suffit de questionner son entourage. Avec de la vitamine A, la maladie guérit en deux ou trois jours.

Taches de Bitot

Les taches de Bitot sont de petites plaques blanchâtres, d’aspect mousseux, situées sur la partie blanche de l’oeil. Elles risquent de ne pas disparaître complètement après le traitement, surtout chez les grands enfants et les adultes, mais elles n’affectent pas la vue.

Xérosis de la conjonctive

Xérosis signifie sécheresse. La conjonctive (membrane qui recouvre la partie blanche de l’oeil) semble sèche et légèrement rugueuse ou ridée, au lieu d’être humide, lisse et brillante. Il est difficile de reconnaître la xérosis de la conjonctive sans formation appropriée. Les taches de Bitot, qui apparaissent en général au même moment, sont plus faciles à repérer. La vitamine A permet de guérir la xérosis conjonctivale en une ou deux semaines.

Lésions de la cornée

La cornée est la partie transparente de l’oeil à travers laquelle nous y voyons, devant l’iris brun. Une personne dont la cornée est abîmée n’y voit pas bien et risque de devenir aveugle.

Xérosis de la cornée

La superficie de la cornée devient laiteuse et se dessèche. «L’oeil est couvert d’écailles de poisson», comme disent certains. La xérosis de la cornée guérit en une semaine ou deux, mais elle peut aussi s’aggraver très rapidement, en quelques jours ou même quelques heures. Les lésions les plus graves sont incurables. Un enfant qui souffre de xérosis de la cornée doit immédiatement recevoir un traitement à fortes doses de vitamine A.

Ulcères de la cornée

Si la xérosis n’est pas traitée à temps, des ulcères (perforations) peuvent apparaître à la surface de la cornée. La vitamine A permet de guérir les ulcères, mais en général il reste une cicatrice qui gêne parfois la vision.

Si la xérosis ou les ulcères ne sont pas traités, toute la cornée devient laiteuse et molle. Elle peut même se perforer et laisser s’échapper une partie de l’intérieur de l’oeil. L’un des deux yeux est souvent plus atteint que l’autre. Un traitement d’urgence à la vitamine A empêche la kératomalacie d’empirer et peut permettre de conserver un peu de vision, surtout de l’oeil le moins atteint.

Cicatrices cornéennes

La cornée devient blanche, et l’individu n’y voit pas beaucoup. Comme il existe plusieurs causes aux cicatrices cornéennes, il est parfois difficile de savoir de laquelle il s’agit. Si la famille explique que les cicatrices sont apparues après que l’enfant a eu une rougeole ou une autre infection, ou après une dénutrition, on peut alors penser qu’elles sont dues à une carence en vitamine A.

Source: King et Burgess, 1993.

Les techniques de laboratoire existent, mais elles coûtent cher. Si ces techniques ne sont pas disponibles, il vaut mieux procéder à l’estimation par le biais d’enquêtes sur la consommation alimentaire dont on tire des données sur l’apport de vitamine A et de bêta-carotène assuré par le régime alimentaire de groupes spécifiques de la population (GCIVA, 1989).

La cause des faibles niveaux de consommation de vitamine A varie d’un pays à l’autre. Il faut donc analyser la situation pour la comprendre et pour formuler ensuite et réaliser des programmes d’intervention appropriés. Toutefois, la plupart des situations où l’avitaminose A constitue un problème de santé publique partagent des caractéristiques communes. Le plus souvent, la cause profonde est la pauvreté; les états de carence en vitamine A se manifestent surtout dans les pays, les régions et les familles incapables de se procurer la quantité et la variété d’aliments nécessaires à la satisfaction de leurs besoins en vitamine A. Entre autres problèmes particuliers, il faut mentionner la pauvreté du régime alimentaire en lipides et en aliments d’origine animale contenant de la vitamine A, ainsi que les fluctuations saisonnières de la disponibilité de fruits et de légumes riches en bêta-carotène.

Les facteurs écologiques ont aussi leur importance, dans la mesure où les plantes riches en vitamine A ont besoin d’eau et de certaines conditions de température pour se développer. Un approvisionnement hydrique insuffisant limite le potentiel des jardins domestiques et communautaires et, par voie de conséquence, les quantités d’aliments riches en vitamine A dont les ménages pourraient disposer à peu de frais. Les pays où règnent une chaleur constante et de longues périodes sèches sont spécialement vulnérables aux problèmes de carence en vitamine A. Les conditions de vie misérables, le manque d’hygiène et l’insalubrité du milieu contribuent au développement de ces problèmes. De nombreuses études ont mis en évidence une baisse du taux sérique de vitamine A à la suite de maladies infectieuses; la cécité qui suit la rougeole peut aussi trouver sa cause dans une carence en vitamine A (OMS/UNICEF, 1995).

Les bilans alimentaires de la FAO montrent que les disponibilités en vitamine A ont augmenté dans la plupart des pays en développement au cours des 20 dernières années. A la fin des années 80, les pays du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Amérique latine et des Caraïbes étaient arrivés à des niveaux nettement supérieurs au besoin minimal par personne de 250 µg d’équivalent de rétinol par jour et probablement même supérieurs à l’apport de sécurité de 550 µg d’équivalent de rétinol par jour. Pour estimer les disponibilités en vitamine A de l’Afrique subsaharienne, il convient d’établir une distinction entre les pays de l’Afrique de l’Ouest, productrice d’huile de palme rouge, et le reste de la région. En Afrique de l’Est, les disponibilités par personne en vitamine A sont généralement faibles et même en baisse. En Afrique australe, les niveaux sont inférieurs au niveau de sécurité par personne, qui est de 550 µg d’équivalent de rétinol par jour. En Afrique de l’Ouest et au Sahel, les disponibilités en vitamine A sont importantes mais en baisse, et l’avitaminose A est une réalité. Une des raisons majeures est que l’huile de palme n’est pas commercialisée à grande échelle dans chacun de ces pays et qu’elle n’est même pas présente sur les marchés de certaines zones spécialement pauvres en vitamine A (encadré 67).

Une démarche d’ensemble pour prévenir et traiter les carences en micronutriments

De nombreuses activités de lutte contre les carences en micronutriments ont été récemment menées dans les pays en développement, mais elles ont surtout consisté en initiatives traditionnelles de santé publique centrées sur la supplémentation et la distribution de capsules et de pilules.

Les secteurs de l’agriculture, de l’éducation et de la technologie alimentaire ont également mené des activités de prévention à long terme, mais la généralisation de ces interventions s’est heurtée à l’incompréhension des donateurs et des pays affectés eux-mêmes en ce qui concerne l’efficacité et la durabilité de ces approches, d’où des engagements financiers insuffisants en faveur de ces activités.

ENCADRÉ 67
LES DISPONIBILITÉS DE VITAMINE A EN AFRIQUE

La situation de la vitamine A en Afrique requiert un examen attentif. Tout d’abord, il faut faire une distinction entre les pays producteurs d’huile de palme rouge - situés en Afrique de l’Ouest - et les autres pays. On s’aperçoit aisément que les pays de l’Afrique orientale et de l’Afrique australe ont de faibles disponibilités de vitamine A. En Afrique australe, les disponibilités se situent en moyenne au-dessous des besoins, de sorte que la carence en vitamine A y est vraisemblablement répandue. En outre, certaines indications font penser que les disponibilités globales sont en train de diminuer en Afrique orientale, ce qui devrait aggraver la situation. En Afrique de l’Ouest et dans les pays du Sahel, les disponibilités apparemment satisfaisantes n’excluent pas l’existence d’une carence. Comme il a été mentionné ci-dessus, cela tient au fait que l’huile de palme rouge n’est pas largement commercialisée dans un certain nombre de ces pays.

Cependant, les disponibilités de rétinol telles qu’elles sont estimées dans les bilans alimentaires ne devraient être considérées que comme potentielles. Les niveaux réels d’apport physiologique dépendent de nombreux facteurs, comme le degré de maturité de certains légumes et fruits, les effets des graisses ingérées sur l’absorption intestinale de la vitamine A et la consommation d’aliments enrichis. De 1986 à 1988, les pays en développement trouvaient plus de 70 pour cent de leur apport en vitamine A dans les aliments d’origine végétale: légumes à feuilles vertes, carottes, différents fruits, patate douce, huile de palme. A l’opposé, les pays développés n’en tiraient que 45 pour cent. La proportion de vitamine A provenant des aliments d’origine animale a tendance à être plus forte dans les pays à revenu plus élevé.

Source: D’après ONU CAC/SCN, 1992.

Une lutte efficace et soutenue contre les carences en micronutriments ne peut être envisagée sans que les gouvernements et les décideurs ne soient informés des différentes approches possibles. Le Sommet mondial de l’enfance, organisé à New York en 1990, a attiré un surcroît d’attention sur les carences en micronutriments et suscité l’intérêt en faveur de nouvelles stratégies intégrées visant à résoudre ces problèmes.

En 1992, la Conférence internationale sur la nutrition a traduit cette prise de conscience en une stratégie cohérente que les participants se sont engagés à mettre en oeuvre au travers d’un ensemble d’actions à long terme dans le domaine alimentaire et agricole, afin d’assurer aux groupes à risque un meilleur accès à la nourriture et l’augmentation de leur consommation alimentaire. Pour concrétiser cette stratégie, il faut renforcer la coordination, allier les mesures de santé aux activités du domaine agricole et alimentaire et allouer des ressources suffisantes pour soutenir les activités de promotion de l’alimentation.

La meilleure stratégie de lutte préventive et curative contre les carences en micronutriments est celle qui se fonde sur la production et la consommation d’aliments riches en micronutriments, sur la fortification des aliments et sur l’éducation nutritionnelle et les activités connexes. Il s’agit là de la seule solution réelle et durable du problème. La supplémentation doit être considérée comme un élément de la stratégie applicable aux zones et aux populations affectées des formes cliniques de l’avitaminose A; mais il doit être entendu que cet élément sera retiré (sauf dans des cas spéciaux, comme celui de réfugiés ou de populations déplacées qui dépendent d’une aide alimentaire pauvre en micronutriments) dès que les activités du domaine alimentaire seront en place et qu’elles garantiront effectivement à la population à risque assez d’aliments riches en micronutriments pour prévenir et combattre les carences. L’importance relative de chaque élément de la stratégie dépendra de la situation qui prévaut dans le pays. Il faudra tenir le plus grand compte de la durabilité du programme, de la disponibilité du personnel et des coûts.

Promotion de la production et de la consommation des aliments riches en micronutriments

Au cours des 30 dernières années, les politiques agricoles de nombreux pays africains ont principalement visé l’augmentation du revenu des agriculteurs, les gains en devises à l’exportation des produits alimentaires et la sécurité alimentaire nationale (voir aussi le chapitre 2). Les politiques alimentaires ont surtout cherché à accroître la production des céréales de base. Certes, ces considérations sont importantes pour la nutrition, mais cependant les politiques alimentaires et agricoles ont peu fait pour améliorer la diversité de l’alimentation et pour augmenter la consommation. Il reste beaucoup à faire à cet égard, spécialement pour favoriser le progrès nutritionnel par le biais d’actions sur la propriété de la terre, la diversification de la production, l’accès au crédit modeste et l’éducation nutritionnelle.

Les politiques alimentaires et nutritionnelles influencent directement la consommation d’aliments riches en micronutriments, en agissant sur leur disponibilité et sur leur prix. En particulier, ces politiques peuvent promouvoir les produits horticoles, les légumineuses, le petit élevage, le poisson, l’arboriculture fruitière et la foresterie sociale, les pratiques agricoles et les procédés de transformation qui réduisent les pénuries saisonnières et assurent aux ménages une disponibilité accrue et plus constante d’aliments riches en micronutriments (voir aussi le chapitre 5, sur la diversification alimentaire). Les objectifs nutritionnels devraient également figurer à l’ordre du jour de la recherche agricole. Ainsi, la recherche devrait explorer, d’une part, les moyens de rendre les systèmes agricoles plus productifs en micronutriments, afin que les principales cultures contiennent davantage de micronutriments biodisponibles et, d’autre part, les moyens de développer les petites exploitations agricoles intégrées qui maximisent la production des végétaux riches en micronutriments ainsi que les petites exploitations d’élevage durablement adaptées au milieu et les techniques agroforestières de production combinant aliments et combustible (Combs et al., 1996).

Le développement du secteur horticole peut servir à augmenter la production des fruits, des légumes, des légumineuses et des arbustes à feuilles comestibles. Dans les régions mal arrosées, il est possible de stimuler ce développement grâce à l’installation d’un modeste équipement d’irrigation ou de captage des eaux souterraines. L’encadré 68 contient une description des liens observés en Ethiopie entre les profils agricoles des régions et la prévalence de l’avitaminose A, qui peut inspirer le choix des programmes d’intervention dans le domaine alimentaire.

De nombreux ménages pourraient être encouragés à cultiver pour leur consommation des légumes à feuilles vert sombre, par exemple l’amarante, et des fruits et légumes de couleur orange ou jaune, comme le potiron, la papaye ou la mangue. La promotion des jardins potagers, des bassins piscicoles et des poulaillers, ainsi que du petit élevage, peut être également considérée comme une stratégie viable pour augmenter à long terme la consommation de bêta-carotène et de rétinol. Les régions d’Afrique de l’Ouest où l’huile de palme rouge est largement consommée ne connaissent pas de carence en vitamine A. La culture du palmier à huile devrait être encouragée dans les autres régions jouissant d’un climat favorable.

ENCADRÉ 68
CARENCE EN VITAMINE A EN ÉTHIOPIE: INTERVENTIONS ALIMENTAIRES RECOMMANDÉES

Les résultats cliniques et biochimiques de l’enquête nationale ont révélé une très faible prévalence de carence en vitamine A dans les régions où l’ensete constitue l’aliment de base. Les enquêtes alimentaires précédentes avaient indiqué que l’ensete était consommée avec du chou et du fromage, qui apportent respectivement de la provitamine A et de la vitamine A. Les régions céréalières et les régions d’élevage connaissent les taux les plus élevés de carence en vitamine A. Un taux encore supérieur a été enregistré à Melkaye, un village de la région céréalière de Hararge. Ce village n’a pas la capacité de pratiquer des cultures commerciales, telles que le café ou le qat (Catha edulis), qui pourraient lui permettre d’avoir une économie monétaire. La prévalence de la carence en vitamine A dans cette région était élevée non seulement à cause du choix des cultures, mais aussi en raison d’une période de sécheresse de six années, qui a rendu les habitants totalement tributaires des secours alimentaires.

Les aliments distribués contenaient très peu de vitamine A. La conclusion qui peut être tirée de ces études est que la carence en vitamine A constitue un problème de santé publique dans les régions céréalières et les régions d’élevage du pays, et ce problème est plus grave dans les régions qui dépendent de l’aide alimentaire. En revanche, les régions productrices d’ensete sont relativement à l’abri de cette carence.

La distribution de capsules de vitamine A ne devrait pas éclipser d’autres approches susceptibles d’être utilisées pour lutter contre l’avitaminose A. Jusqu’à présent, presque tous les efforts ont été dirigés vers l’utilisation de capsules de vitamine A, mais des programmes d’intervention fondés sur l’alimentation conviennent mieux dans des pays comme l’Ethiopie. Le faible taux de carence en vitamine A dans les régions productrices d’ensete, où le chou et le fromage sont largement consommés, indique quelle méthode pourrait être suivie pour lutter contre la carence en vitamine A. Par exemple, dans la région céréalière de Kobo et de Robi, la prévalence de cette carence n’était pas particulièrement forte, probablement à cause des petits projets d’irrigation qui permettent de produire des légumes, qui sont de bonnes sources de provitamine A.

Source: Wolde-Gebriel et al., 1992.

On peut aussi cueillir périodiquement les feuilles vertes comestibles de certaines plantes sauvages. La végétation précoce peut constituer une source intéressante d’herbes potagères, car elles poussent très vite avec les premières pluies et peuvent être récoltées avant d’entrer en compétition avec les plantes cultivées. Outre ces variétés herbacées, divers arbres et arbustes sont couramment utilisés, notamment le baobab Adansonia digitata. Bon nombre de ces arbres et arbustes ne sont identifiés que par leurs noms vernaculaires, qui peuvent varier d’un pays à l’autre. Une étude a montré que dans le Haut Shaba la population mange les feuilles de 50 espèces d’arbres (Malaise et Parent, 1985), et plus de la moitié des adultes interrogés au Swaziland ont déclaré consommer des feuilles sauvages au moins deux fois par semaine en saison (Ogle et Grivetti, 1985). Le tableau 56 donne la composition nutritionnelle d’un choix de légumes à feuilles vertes de l’Afrique orientale.

Il faut augmenter la production, mais il est également nécessaire d’apporter des améliorations à la conservation, à la transformation, à la distribution et à la commercialisation des aliments riches en micronutriments dans le but de réduire le gaspillage, les pertes après la récolte et les pénuries saisonnières. La commercialisation des aliments périssables doit retenir particulièrement l’attention. Il est inévitable que, une fois récoltés, les légumes et les fruits perdent une partie de leur contenu vitaminique, surtout s’ils sont directement exposés à la lumière solaire pour de longues périodes. Lors de la cueillette des feuilles vertes des légumineuses et des espèces à tubercules, il faut éviter de réduire à l’excès la capacité de photosynthèse de la plante. Beaucoup d’agriculteurs appliquent à la cueillette des feuilles des méthodes bien rodées qui leur permettent de réduire au minimum le risque de voir baisser le rendement de la plante.

TABLEAU 56

Composition nutritionnelle de quelques légumes à feuilles vertes d’Afrique orientale

Légume

Energie

Protéines

Graisses

Calcium

Fer

ß-carotènea

Vitamine C

(kcal)

(g)

(g)

(mg)

(mg)

(µg)

(mg)

Amarante (feuilles crues)

45

4,6

0,2

410

8,9

2 300

50

Manioc (feuilles crues)

90

7,0

1,0

300

7,6

3 000

310

Dolique (feuilles crues)

45

4,7

0,3

255

5,7

700

56

Citrouille (feuilles crues)

25

4,0

0,2

475

0,8

1 000

80

Patate douce (feuilles crues)

49

4,6

0,2

160

6,2

2 620

70

a 6 µg de bêta-carotène = 1 équivalent de rétinol (ER).
Source: West, Pepping et Temalilwa, 1988.

En règle générale, les méthodes traditionnelles de transformation, de conservation et de stockage des légumes entraînent des pertes sensibles de nutriments. De grandes quantités d’aliments sont gâchées faute de techniques villageoises de conservation appropriées. Pourtant, les fruits conservés et transformés avec soin, en particulier les mangues, gardent intacte une bonne part de leur activité vitaminique. Une étude au Sénégal a montré que les mangues séchées au soleil peuvent constituer une source excellente de bêta-carotène et de vitamine C, en même temps qu’une assez bonne source de fer (Rankins, Hopkinson et Diop, 1989). La rétention du bêta-carotène après séchage solaire, sur séchoir économique spécialement conçu, s’est avérée bien supérieure à la rétention que permettent les méthodes traditionnelles de séchage (voir l’encadré 24 au chapitre 5). Il est facile d’adapter les méthodes de séchage solaire au niveau de développement du milieu. Le séchage solaire ouvre de réelles possibilités, tant pour améliorer la nutrition familiale, surtout lors des pénuries saisonnières de fruits et de légumes, que pour augmenter le revenu familial car les fruits séchés peuvent atteindre de bons prix de vente sur les marchés.

L’éducation nutritionnelle est une activité complémentaire d’une importance décisive pour assurer l’efficacité de l’approche alimentaire. Le consommateur doit comprendre qu’il lui faut adopter certains principes s’il veut acquérir une bonne santé et la conserver, par exemple manger des aliments variés, préparer et consommer des aliments conformes à ses besoins nutritionnels, veiller à l’innocuité et à l’hygiène des aliments qu’il prépare, se maintenir en forme et actif. Ces messages de base font partie des conseils que la FAO a rassemblés dans sa publication Profitons au mieux de notre nourriture, destinée à l’information et l’éducation nutritionnelles du grand public (FAO, 1997a). Cet ensemble de conseils tient compte du fait que les traditions culinaires et les habitudes alimentaires varient d’un endroit à l’autre, sans que cela empêche les systèmes alimentaires locaux d’être pratiquement tous en mesure de fournir les aliments nécessaires pour prévenir les carences en micronutriments. L’encadré 69 donne une liste détaillée des approches et des activités alimentaires qui peuvent être mises en oeuvre pour augmenter la disponibilité et la consommation d’aliments riches en micronutriments. Le chapitre 9 fournit d’autres précisions sur l’éducation nutritionnelle.

L’enrichissement des aliments

L’enrichissement des aliments consiste à ajouter des nutriments essentiels aux produits alimentaires. Il représente un élément de l’approche alimentaire visant à prévenir et à traiter les carences en micronutriments. L’enrichissement n’est pas une solution applicable à toutes les situations; il doit donc, dans la plupart des cas, être combiné à d’autres techniques pour donner les meilleurs résultats. L’enrichissement s’avère particulièrement utile et approprié dans les cas où les carences ne peuvent pas être corrigées par la production ou l’achat d’aliments frais et très nutritifs, par exemple les fruits, les légumes, la viande et le poisson, ou bien dans les situations d’urgence. L’enrichissement est une des mesures qui influencent la qualité des aliments, à côté des pratiques agricoles améliorées, des méthodes de transformation et de stockage appropriées et de l’éducation du consommateur.

Divers produits alimentaires, comme les produits céréaliers, le riz, le sel, le sucre, le lait, l’huile et les condiments, ont été identifiés comme supports d’enrichissement. Dans les pays industrialisés, une grande variété d’aliments sont enrichis avec différents nutriments tels que la vitamine A, les vitamines du complexe B, le fer et l’iode. L’iodisation du sel a eu beaucoup de succès pendant plusieurs dizaines d’années, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. L’huile de cuisine est un candidat évident pour l’enrichissement, mais, comme indiqué au chapitre 7, la présence d’huiles et de graisses est ordinairement faible dans l’alimentation africaine, surtout chez les consommateurs pauvres car ces produits sont chers. L’enrichissement du sucre en vitamine A a été réalisé avec succès au Guatemala où, après quelques années d’interruption, il a été repris. En République-Unie de Tanzanie, des tentatives sont en cours pour enrichir le thé en vitamine A. Le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Union européenne (UE), l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et d’autres agences nationales et internationales engagées dans l’aide humanitaire distribuent des aliments enrichis de divers nutriments. Il s’agit principalement de lait écrémé en poudre enrichi en vitamine A et de divers mélanges, tels que le CSM (maïs/soja/ lait), destinés à une distribution ciblée sur les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.

L’enrichissement n’oblige ordinairement pas le consommateur à modifier ses habitudes alimentaires. Bien qu’il s’agisse d’une stratégie soutenable pendant de longues périodes, et souvent considérée comme une approche performante par rapport à son coût dans la lutte contre les carences en micronutriments (Banque mondiale, 1994), il convient de l’adopter avec précaution car, dans le passé, le maintien des programmes d’enrichissement dans les pays en développement a souvent entraîné les gouvernements donateurs dans un effort financier à long terme.

ENCADRÉ 69
APPROCHES ALIMENTAIRES POUR COMBATTRE LES CARENCES EN MICRONUTRIMENTS

La liste ci-après énumère les approches et les activités alimentaires qui peuvent aider à combattre les carences en micronutriments. Les activités devront être choisies en fonction des caractéristiques géographiques, démographiques ou socio-économiques de la région. La participation active de la communauté dans l’élaboration et la mise en route des programmes est la condition essentielle de leur succès et de leur durabilité.

Agriculture

  • Former des agents de vulgarisation et autres formateurs dans le domaine de l’alimentation et de la nutrition.

  • Faire prendre conscience aux agriculteurs que cultiver des plantes riches en micronutriments permet non seulement d’améliorer le régime quotidien de leur famille, mais aussi d’augmenter leurs revenus.

  • Développer les jardins potagers domestiques, communautaires et scolaires.

  • Encourager les systèmes de culture mixte qui procurent à la famille un régime alimentaire plus varié.

  • Introduire des variétés plus riches en vitamine A.

  • Encourager la culture de fruits et légumes tout au long de l’année pour éviter les pénuries alimentaires saisonnières.

  • Encourager le petit élevage, qui offre une nourriture riche en micronutriments et des revenus supplémentaires.

  • Promouvoir l’aquaculture, y compris la formation de membres de la communauté et d’agents de vulgarisation.

  • Empêcher les pertes après récolte, grâce à de bonnes techniques de manipulation, transport, stockage, conservation ou traitement des aliments, et à des installations adéquates.

  • Renforcer la collecte de données statistiques sur l’horticulture en y incluant les cultures traditionnelles riches en micronutriments (fruits et légumes).

  • Introduire des activités sur les micronutriments dans les programmes de développement agricole et rural, les projets de production horticole, les activités féminines, les projets visant à réduire les pertes après récolte, les programmes de communication et d’information, les activités de foresterie communautaire et de pêche.

  • Mettre sur pied des systèmes de crédit à petite échelle accessibles aux producteurs ayant de faibles revenus.

Education et formation

  • Préparer du matériel ou des directives sur des méthodes plus saines de transformation et de conservation des aliments riches en micronutriments. Ce matériel et ces directives devraient s’adresser au grand public et plus expressément aux femmes, aux agriculteurs, aux petits commerçants et aux agents communautaires.

  • Former des vulgarisateurs en agriculture ou en nutrition, des agents communautaires, du personnel de santé, des chefs religieux, des enseignants, des étudiants, des femmes et des membres de la famille dans les domaines suivants:

    - importance de la vitamine A, du fer, de la vitamine C et des graisses dans l’alimentation, et identification des aliments riches en micronutriments;

    - méthodes saines de transformation et de conservation des aliments riches en micronutriments, c’est-à-dire méthodes de cuisson, lieux de conservation et utilisation de séchoirs solaires;

    - jardins potagers domestiques comme sources de vitamines A et C et d’autres micronutriments.

    - petit élevage et aquaculture comme sources de vitamine A, de fer et de calcium;

    - importance de saler avec du sel iodé.

  • Introduire la nutrition - en insistant notamment sur la prévention des maladies de carence en micronutriments - dans les programmes des écoles primaires et secondaires, les instituts universitaires de formation des maîtres et les centres chargés des groupements de jeunes et de la formation des adultes.

  • Promouvoir l’allaitement au sein en mettant l’accent sur les bienfaits du lait maternel et sur l’importance de l’allaitement au sein pour éviter les maladies infectieuses.

  • Se servir du marketing social pour promouvoir la production et la consommation d’aliments riches en micronutriments.

Marketing

  • Créer des marchés locaux pour assurer la disponibilité d’aliments riches en micronutriments.

  • Améliorer le système d’infrastructure locale pour permettre la distribution d’aliments riches en micronutriments jusque dans les régions reculées.

  • Accorder des crédits à faibles taux à des groupements de femmes qui produisent et commercialisent des fruits et des légumes.

Recherche

  • Evaluer les disponibilités en aliments riches en micronutriments, y compris les aliments traditionnels des marchés locaux.

  • Connaître les habitudes de consommation alimentaire des différents groupes d’âge et les raisons avancées quand certains aliments ne sont pas consommés.

  • Evaluer les interventions nutritionnelles en cours.

  • Identifier les organisations nationales et internationales, les organisations non gouvernementales (ONG), les groupes de volontaires, les groupements de femmes et autres travaillant sur des programmes concernant les micronutriments.

  • Identifier les aliments traditionnels riches en micronutriments et développer des tables de composition des aliments.

  • Encourager les instituts de recherche à mettre au point des variétés végétales plus riches en vitamine A et autres micronutriments.

  • Evaluer les programmes de formation en nutrition et/ou santé sous l’angle des micronutriments.

Industrie alimentaire, commerce et négoce

  • Enrichir les aliments appropriés avec les micronutriments nécessaires et promouvoir ces aliments auprès des groupes d’individus qui ne peuvent accéder aux aliments nourrissants et de bonne qualité.

  • Pour les groupes de consommateurs peu argentés, emballer de façon économique les aliments enrichis.

  • Améliorer l’étiquetage et la publicité des aliments enrichis en micronutriments.

  • Créer des systèmes alimentaires régulateurs pour permettre un enrichissement approprié sur le plan nutritionnel.

  • Former des inspecteurs et du personnel de laboratoire à l’analyse du contenu des aliments enrichis par adjonction de micronutriments.

Considérations spéciales

  • Mettre sur pied des groupes chargés de coordonner les activités des différents secteurs.

  • Informer les hommes politiques et les décideurs responsables des secteurs du commerce, de l’éducation et de la communication au sujet de l’importance d’éviter les maladies de carence en micronutriments.

  • Organiser des groupements de femmes pour accorder une attention particulière à la production domestique, à la transformation et au petit élevage.

  • Associer la communauté à l’élaboration du programme, à sa mise en route et à son évaluation.

  • Inviter les ONG à fournir un appui technique et la formation.

  • Réaliser des formations à court terme pour les cadres.

  • Développer ou renforcer les systèmes de surveillance existants pour suivre l’efficacité des programmes sur les micronutriments.

Source: FAO/ILSI, 1997.

Il n’est pas simple d’assurer la bonne marche et la viabilité d’un programme d’enrichissement. Un programme de ce type ne fonctionne correctement que s’il reflète des décisions bien fondées concernant divers aspects: choix du support d’enrichissement parmi les aliments consommés en quantités suffisantes par le public le plus large; nutriment que l’on veut ajouter; procédé d’enrichissement, par exemple mélange, revêtement, infusion ou extrusion; taux de l’enrichissement. Il importe également que l’aliment retenu comme support soit consommé en quantités assez constantes toute l’année par la population visée et que la densité de l’enrichissement n’affecte pas les qualités organoleptiques de l’aliment. Dans certains pays, il pourra s’avérer difficile, sinon impossible, d’identifier un produit alimentaire qui convienne comme support d’enrichissement, spécialement dans les pays les moins industrialisés d’Afrique, où seul le sel se prête à la distribution généralisée. Il faut considérer soigneusement la question du prix et de la commercialisation des aliments enrichis, car les groupes les plus pauvres et les plus exposés de la population doivent pouvoir se les procurer. L’encadré 70 donne une liste des étapes clés de la planification d’un programme d’enrichissement.

Tout programme d’enrichissement doit comporter un contrôle attentif des effets qu’ont sur la santé les fortifiants qu’un individu peut être amené à consommer. Dans de nombreux pays en développement, on fournit à certaines populations à risque, à savoir les enfants en bas âge et les femmes enceintes, des micronutriments sous forme de pilules ou de capsules, en diverses circonstances et dans le cadre de différents programmes. Il faut avoir la certitude que l’apport cumulé ne dépasse pas le niveau de sécurité et ne cause pas d’intoxication. En outre, il convient quelquefois de renforcer les programmes d’enrichissement par une éducation nutritionnelle pour faire barrière au risque de surconsommation de l’aliment de support. Tel est particulièrement le cas du sel et du sucre, dont la surconsommation peut contribuer à provoquer ou à aggraver certaines maladies non transmissibles liées à l’alimentation dans les groupes à risque, telles les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, d’hypertension ou de diabète.

ENCADRÉ 70
LES ÉTAPES DE LA PLANIFICATION DES PROGRAMMES D’ENRICHISSEMENT DES ALIMENTS

La planification d’un programme d’enrichissement des aliments comprend les étapes suivantes:

  • Déterminer la prévalence de la carence en micronutriments.

  • Diviser la population en groupes si la prévalence en indique le besoin.

  • Déterminer l’apport en micronutriments par le biais d’une enquête alimentaire.

  • Obtenir des données sur la consommation d’aliments pouvant servir de support.

  • Déterminer la disponibilité en micronutriments dans le régime alimentaire typique.

  • Rechercher l’appui du gouvernement (responsables politiques et personnalités juridiques).

  • Rechercher l’appui de l’industrie alimentaire.

  • Evaluer les aliments de support potentiels et la chaîne de transformation industrielle.

  • Choisir le type et la quantité des micronutriments fortifiants ou des mélanges.

  • Mettre au point la technologie de l’enrichissement.

  • Mener des études sur les interactions, l’efficacité, la stabilité, le stockage et la qualité organoleptique du produit enrichi.

  • Déterminer la biodisponibilité de l’aliment enrichi.

  • Mener des expériences sur le terrain pour déterminer l’efficacité.

  • Etablir des normes pour les aliments enrichis.

  • Définir le produit final, ainsi que la législation concernant l’emballage et l’étiquetage.

  • Mettre au point des lois et des règlements en ce qui concerne la conformité.

  • Promouvoir des campagnes de publicité pour inciter le consommateur à accueillir favorablement le produit.

Source: Lofti et al., 1996.

Pour garantir le bon fonctionnement et la durabilité d’un programme d’enrichissement, protéger la santé des consommateurs et garantir la qualité des aliments enrichis, il faut absolument établir un système de surveillance de l’alimentation des consommateurs. Il faut aussi mettre en place un système de contrôle de la qualité des aliments, chargé d’inspecter et d’analyser officiellement les aliments enrichis et de vérifier leur conformité avec les normes nationales de qualité et d’innocuité. Tant que les systèmes de surveillance alimentaire et de contrôle de qualité ne fonctionnent pas, il est pour ainsi dire impossible de gérer correctement un programme national d’enrichissement en micronutriments.

Le renforcement des systèmes de santé et la supplémentation médicinale

Les mesures prises pour renforcer l’efficacité et la couverture des systèmes de santé doivent normalement exercer un effet positif sur les carences en micronutriments, grâce à l’amélioration générale de la santé et de l’hygiène, à la prise en charge précoce des maladies et à la surveillance de la croissance et du développement. Un bon système de santé forme son personnel à la promotion des soins de santé préventifs, à la détection et au traitement des carences nutritionnelles, à la gestion efficace des produits pharmaceutiques et - plus important encore - au contact des groupes les plus vulnérables sur le plan économique. Pour faire face aux situations nutritionnelles sévèrement compromises, les agents de santé doivent être en mesure de diagnostiquer les carences, de fournir les remèdes et les matériels de soins et d’information qui conviennent, et de référer à des services spécialisés les cas rebelles ou trop sévères.

Bien que l’avitaminose A puisse être traitée par des capsules de vitamine A à forte dose, il faut considérer cette stratégie comme une intervention thérapeutique ou d’urgence réservée aux groupes à risque des zones affectées d’avitaminose

A endémique. Les hôpitaux et les dispensaires de ces zones peuvent fournir des suppléments de vitamine A à tous les enfants atteints de diarrhée, de malnutrition ou de rougeole. Conformément aux directives de l’OMS, on peut également donner de la vitamine A immédiatement après l’accouchement aux mères dénutries, à la fois pour leur propre santé et pour que leur lait soit, en toute certitude, suffisamment vitaminé (OMS/UNICEF/IVACG Groupe consultatif, 1997).

Il n’est pas recommandé d’organiser de grands programmes de supplémentation par la vitamine A à forte dose pour prévenir l’avitaminose A. Ces programmes ont tendance à coûter cher, à durer peu, à entretenir une dépendance à l’égard des donateurs et à détourner le soutien politique et gouvernemental des approches alimentaires, qui sont pourtant plus viables. L’emploi de fortes doses de vitamine A peut également entraîner de sérieuses complications de santé, depuis les malformations congénitales des nouveau-nés, si les femmes ont été traitées pendant leur grossesse ou peu avant, jusqu’à l’intoxication des nourrissons - et peut-être le ralentissement de leur développement cérébral -, si le traitement leur est administré dans le tout premier âge (de Francisco et al., 1993).

Le coût réel des programmes de supplémentation dépasse de beaucoup le coût du seul supplément, estimé inférieur à 0,02 dollar des Etats-Unis par personne à la sortie d’usine. Toutefois, peu d’études encore ont évalué le coût de la distribution des capsules dans les régions reculées où se trouve en général la population la plus exposée. Une évaluation de 1989 a montré qu’un programme de supplémentation à grande échelle initié au Bangladesh en 1973 comme mesure intérimaire de prévention et de contrôle de l’avitaminose A n’a pas réussi à réduire les dimensions du problème (Greiner, 1992), et les taux d’avitaminose A sont encore très élevés dans ce pays. De nombreux autres pays d’Asie et d’Afrique ont tenté le même genre d’expérience que le Bangladesh et se sont heurtés aux mêmes problèmes. La couverture était souvent très large au début du programme, atteignant jusqu’à 75 pour cent de la population-cible, mais cette proportion diminuait considérablement après deux ou trois années d’opération et finissait par ne plus dépasser 30 à 40 pour cent de la population cible. Ce déclin n’est pas surprenant, surtout si l’on considère que les grands programmes sont souvent subventionnés avec largesse au début par les donateurs ou les gouvernements, qui offrent gratuitement les capsules et fournissent un appui logistique sous forme de véhicules, de carburant et d’indemnités pour le personnel. Une fois que cet appui diminue ou disparaît, les pays en développement se retrouvent souvent dépourvus des ressources et de l’infrastructure nécessaires pour prolonger ces programmes à moyen ou long terme jusque dans les zones les plus reculées.

En privilégiant les stratégies basées sur la supplémentation médicinale, les donateurs ont souvent fourni aux techniciens et aux décideurs politiques une indication trompeuse concernant l’importance cruciale des actions centrées sur l’aliment, prolongeant ainsi le retard des gouvernements à se réorienter vers les solutions alimentaires. A la longue, cela peut faire du tort.

Il importe désormais de mettre l’accent sur les activités alimentaires, à savoir la production et la consommation d’aliments riches en micronutriments et l’enrichissement des aliments, spécialement en fer et en iode. Les tableaux 57 et 58 résument les principaux types de stratégies de lutte contre les trois carences en micronutriments analysées dans ce chapitre, les interventions possibles et les aliments concernés par la diversification et l’enrichissement.

L’application des connaissances actuelles couplée à la mobilisation d’un volume suffisant de ressources permettrait d’éliminer presque totalement les principales maladies de carence en micronutriments, notamment l’anémie ferriprive, le goitre endémique et la xérophtalmie. Il faut que l’on s’attaque également à la malnutrition énergétique et protéique, qui va souvent de pair avec les carences en micronutriments. Outre la mise en oeuvre de projets spécifiques de lutte préventive et curative contre les carences en micronutriments, il est nécessaire d’entreprendre de vastes programmes de sécurité alimentaire et de promouvoir le développement agricole - pêches, forêts et industries agro-alimentaires comprises - afin d’améliorer l’ensemble des ressources alimentaires et l’accès de tous à la nourriture par le biais de l’augmentation du revenu et de la multiplication des emplois. La prévalence des quatre principaux types de malnutrition pourrait fortement diminuer si l’on accordait plus d’attention, à l’échelon politique, à la demande du consommateur ainsi qu’aux aspects de sécurité alimentaire des politiques et des programmes de recherche et d’investissement agricoles.

TABLEAU 57

Les principales stratégies pour combattre les carences en micronutriments

Carence

Diversification de l’alimentation

Enrichissement

Supplémentation

Mesures de santé publique

Carence en iode

Promotion de la consommation d’aliments riches en iode

Production, distribution et consommation d’aliments enrichis

Contrôle de la qualité des aliments, législation et mise en application des lois et des règlements

Distribution de suppléments alimentaires aux groupes de populations visés (par exemple aux réfugiés)

Amélioration des soins de santé primaires Amélioration du traitement des aliments goitrigènes

Carence en Vitamine A

Promotion de la production et de la consommation d’aliments riches en vitamine A

Education nutritionnelle

Amélioration du système de distribution

Amélioration de la conservation et du traitement

Production, distribution et consommation d’aliments enrichis

Contrôle de la qualité des aliments, législation et mise en application des lois et des règlements

Distribution de suppléments alimentaires aux groupes de populations visés(par exemple aux réfugiés)

Amélioration des soins de santé primaires

Prévention des infections:

- hygiène de l’environnement

- vaccination

- thérapie de réhydratation orale

- mesures anti-parasitaires

Anémie

Promotion de la production et de la consommation d’aliments riches en vitamine A

Education nutritionnelle

Amélioration du système de distribution

Amélioration de la conservation et du traitement

Production, distribution et consommation d’aliments enrichis

Contrôle de la qualité des aliments, législation et mise en application des lois et des règlements

Fourniture de suppléments alimentaires aux groupes de populations visés(par exemple aux réfugiés)

Amélioration des soins de santé primaires

Prévention des infections:

- hygiène de l’environnement

- vaccination

- thérapie de réhydratation orale

- mesures anti-parasitaires(notamment contre ankylostomes et paludisme)

Source: D’après FAO/OMS, 1992e.

TABLEAU 58

Les principaux types d’interventions contre les carences en micronutriments

Carence

Diversification de l’alimentation

Enrichissement

Supplémentation

Carence en iode

Aliments d’origine marine
Autres aliments contenant de l’iode(réduire les aliments goitrigènes)

Sel
Eau
Aliments pour bébés
Condiments
Farines
Lait

Huile iodée
Comprimés d’iodure de potassium

Carence en vitamine A

Légumes à feuilles vertes
Légumes et fruits jaunes
Huile de palme rouge
Aliments d’origine animale
Lait maternel

Sucre
Sel
Lait en poudre
Aliments pour bébés
Condiments

Capsule (d’huile) à faible ou à forte dose

Anémie

Légumes à feuilles vertes
Légumineuses
Fruits et légumes (vitamine C)
Foie, viande rouge (éviter café et thé aux repas)

Sel
Céréales ou farine de céréales
Condiments

Fer par voie parentérale

Source: FAO/OMS, 1992e.


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