D'une façon générale, la transformation peut avoir lieu à trois niveaux ou échelles différents: la famille, le village et l'usine. Avant d'examiner la transformation au niveau du village, il est bon de faire le point sur les limites de la transformation aux niveaux familial et industriel.
La transformation au niveau familial ne concerne qu'une production à petite échelle dont la qualité est variable. Elle suffit aux besoins de la famille immédiate avec un léger excédent pour la vente sur le marché local ou en bordure des routes. Comme ce type de transformation n'est pas adapté au matériel mécanique, sauf si l'électricité est disponible, son impact sur la communauté sera minime.
La transformation et la production industrielles présentent le potentiel de transformer une société d'agriculteurs de subsistance en ouvriers d'usine. Cependant, la communauté dans son ensemble ne participe pas souvent aux bénéfices et le mode de vie traditionnel se perd. Avec l'argent gagné, les ouvriers doivent acheter leur nourriture et leurs vêtements, et vivre dans des logements souvent précaires. L'usine présente l'attrait de produire et transformer des quantités importantes d'aliments et d'améliorer l'économie nationale grâce à la vente des produits comme le café et le cacao sur le marché mondial. Des entreprises trop grandes ou mal planifiées entraînent la perte d'investissements massifs et la détérioration, voire la destruction, du style de vie local, de la culture et de la tradition.
La transformation au village est une option nouvelle. L'introduction de machines de production au niveau du village offre de nombreux avantages:
la diminution des pertes après récolte;
des disponibilités alimentaires toute l'année;
des possibilités de cultures marchandes;
des possibilités de planter et produire des cultures de remplacement;
la mise en valeur des produits avant la vente;
des travaux de transformation moins pénibles;
davantage de temps libre pour les loisirs ou autres;
des procédés de transformation moins dangereux.
La production au niveau du village permet aux communautés locales d'accéder à une prospérité plus grande sans changer radicalement leurs cultures.
Les machines rendent les travaux de transformation moins dangereux et moins fastidieux, et les produits obtenus sont fréquemment de meilleure qualité. Il est plus facile de décortiquer le riz en machine; le décorticage manuel est un travail pénible qui entraîne souvent des pertes abondantes en raison du nombre de grains brisés. Dans certaines régions, sans machines ni outils, il ne vaudrait probablement pas la peine de cultiver le riz. Il en est de même pour les autres cultures telles que le café, le cajou et le thé. Le nettoyage au tamis est une autre opération manuelle difficile, alors qu'à l'aide d'un tamis de série et bon marché, actionné manuellement ou mécaniquement, on obtient à chaque fois un produit parfaitement calibré.
Nombreuses sont les situations où il est possible de limiter les pertes après récolte. Un produit correctement séché et entreposé, comme les céréales dans un silo d'acier, peut se conserver pendant des années en ne subissant qu'une détérioration négligeable, alors qu'un tas de céréales humides et exposées aux intempéries va se détériorer en l'espace de quelques jours. Les machines qui font gagner du temps en produisant davantage offrent aussi à leurs utilisateurs des débouchés de cultures marchandes.
