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Histoire de la production avicole domestique


Les volailles sont domestiquées depuis des milliers d’années. Des fouilles archéologiques révèlent qu’il y avait des poulets domestiques en Chine il y a 8 000 ans et qu’ils se sont répandus plus tard en Europe occidentale, probablement en passant par la Russie. En Inde, la domestication a eu lieu indépendamment ou bien les oiseaux domestiques sont venus de l’Asie du Sud-Est. Des témoignages sur des combats de coqs il y a 3 000 ans en Inde indiquent que les poulets appartiennent à cette culture depuis très longtemps.

En Afrique, les poulets domestiques sont apparus il y a des siècles; ils font maintenant intégralement partie de la vie africaine. Le coq y est fréquemment représenté dans l’emblème des partis politiques. L’extrait qui suit montre le rôle joué par un coquelet dans l’histoire de la création des Yoruba, qui étaient les maîtres de l’ancien état d’Ife, situé dans l’actuel Nigeria:

«Dans le mythe de la création des Yoruba, Ife est le lieu d’origine de l’Homme. Olorun, le dieu suprême des Yoruba, a fait descendre son fils, Oduduwa, du ciel à l’aide d’une chaîne à laquelle étaient accrochés un coquelet possédant cinq doigts à chaque patte, une noix de palme et une poignée de terre. La terre a été éparpillée par Oduduwa au dessus de l’eau. Le coquelet à cinq doigts a gratté la terre et elle a séché; la noix de palme y a germé pour devenir un palmier: ce palmier avait seize frondes représentant les seize maîtres de Yorubaland (Crowder, 1977)».

Principaux types et races de volailles

Les poulets domestiques

Le poulet domestique descend d’un oiseau sauvage de la jungle asiatique. Dans les dernières décennies, deux types de poulet domestique ont été développés, l’un pour ses œufs, l’autre pour sa chair. Auparavant, les races comme le New Hampshire et le Light Sussex produisaient les deux. Les races à deux fins ne sont pas rentables sur les marchés commerciaux où s’exerce la concurrence, mais elles sont idéales en tant que poulets domestiques: les coqs sont élevés pour leur chair, les poules à la fois pour leurs œufs et leur chair.

Il existe de nombreuses races locales de poulets domestiques. Ils sont bien adaptés à leur environnement: ils peuvent voler pour échapper aux prédateurs, et la couleur et le motif de leur plumage leur sert de camouflage. Grâce à leur instinct profond pour la ponte, les poules couvent leurs propres œufs et maternent leurs fragiles poussins. Comme les poulets cherchent leur nourriture par eux-mêmes, il faut peu s’en occuper. Leur chair a une saveur forte qui plaît généralement aux consommateurs; elle convient bien aux plats de viande bouillie qui sont courants dans les pays en développement. Leurs œufs ont souvent une coquille brune et un jaune foncé qui plaisent aux consommateurs.

Les dindons domestiques

Le dindon a probablement été domestiqué au Mexique. Il était utilisé comme volaille domestique par les communautés d’Indiens d’Amérique dans ce qui constitue maintenant le sud-ouest des Etats-Unis. La chair de dinde est très riche en protéines et pauvre en graisse; sa valeur nutritionnelle est par conséquent très élevée. Les dindons ont été introduits en Europe dans les années 1500, suite à la colonisation européenne de l’Amérique centrale. Des élevages existent maintenant dans le monde entier; plus de 50 pour cent de la production provient des pays développés. Les principales races sont le noir de Norfolk, le dindon bronzé d’Amérique, et le dindon bronzé à poitrine large. Les races plus légères donnent de bons résultats sous les tropiques secs quand elles sont laissées en liberté et qu’elles ont accès à suffisamment d’ombre et de nourriture.

Les canards domestiques

Le colvert est généralement considéré comme l’ancêtre des canards domestiques, à l’exception du canard musqué d’Amérique du Sud, qui appartient en réalité à la famille des oies. Sur les 500 millions de canards qui existent dans le monde, 430 millions sont en Asie. Les canards d’élevage commercial comme le canard d’Aylesbury et le canard de Pékin sont principalement élevés pour leur viande; les canards comme le Campbell kaki sont élevés pour les œufs. Les races locales de canards sont bien considérées dans beaucoup de pays. Le canard musqué est un excellent chercheur de nourriture bien adapté à la vie en liberté, parce qu’il n’a pas besoin de beaucoup d’eau; sa chair est moins riche en graisse que les autres races.

FIGURE 2 Un dindon en Ouganda. (Photo: Baguma Francis)

Les oies domestiques

Les oies sont principalement élevées pour leur chair; elles produisent également des plumes de qualité. Les oies domestiques descendent de l’oie sauvage grise d’Europe et l’oie cygnoïde d’Asie. Les oies domestiques sont de taille beaucoup plus grande que leurs ancêtres et elles ne volent plus. Les oies sont des brouteurs exceptionnels qui peuvent manger d’énormes quantités d’herbe et de plantes herbagères; de ce fait, elles sont utiles dans les pays en développement où elles broutent là où les animaux comme les chèvres endommagent les cultures. En Egypte, elles contribuent à la propreté des villages en mangeant les détritus; elles assuraient le désherbage des champs de coton avant l’utilisation des pesticides.

Les principales races d’oies élevées pour leur chair sont l’oie de Toulouse, l’oie des Landes, l’oie d’Embden, l’oie romane, l’oie buff américaine, et l’oie pèlerin, qui descend de l’oie cendrée. La race chinoise descend probablement de l’oie cygnoïde; elle est bien adaptée aux climats chauds et peut pondre jusqu’à 100 œufs par an.

Les pintades

Les pintades originaires d’Afrique de l’Ouest sont maintenant élevées dans beaucoup de régions du monde mais, à l’exception de l’Afrique de l’Ouest, ce ne sont que de petits élevages. En France et en Italie, les élevages sont de type commercial et intensif, axé sur la production des œufs et de la chair. Dans les villages, les pintades ne couvent généralement pas leurs œufs; ils sont couvés par les poules domestiques. Les trois variétés bien connues sont: la gris perle, la blanche et la lavande.

Les colombes et les pigeons

Dans les pays où on élève des colombes et des pigeons, les aviculteurs installent un abri pour la nuit, et les oiseaux trouvent leur nourriture par eux-mêmes. Dans les villages, on les élève souvent avec les poulets domestiques et les canards.

Systèmes de production, démographie et géographie

FIGURE 3 Oies de basse-cour. (Photo: FAO)

Le troupeau avicole rural est principalement composé de poulets en Afrique, de canards en Asie et de dindons en Amérique latine. Les troupeaux familiaux varient de 3 à 100 têtes en Afrique, 10 à 30 têtes en Amérique du Sud et 50 à 2000 têtes en Asie. Le nombre d’oiseaux dans le troupeau est fonction des objectifs de l’entreprise; la productivité est très basse par rapport aux systèmes agricoles de haute production. Une poule qui cherche seule sa nourriture ne pond que 30 à 50 œufs par an, ou jusqu’à 90 dans des conditions d’alimentation et d’élevage améliorés; une poule d’élevage commercial dans des conditions optimales pond 280 œufs par an.

Un guide sur l’adaptation des interventions aux conditions locales se trouve en encadré 7.

FIGURE 4 Au Myanmar, les petits exploitants font souvent couver les œufs des canards par les poules. (Photo: Peter Spradbrow)


FIGURE 5 Un arbre généalogique des volailles domestiques (Adapté de Smith, 1990)


ENCADRÉ 1 Définition des éléments de la production avicole

· Volaille: ensemble des oiseaux domestiques comme les canards, les oies et les dindons élevés pour la consommation.

· Œufs: objet oval-sphéroïdal produit par la femelle des oiseaux et qui contient le germe d’un nouvel oiseau.

· Viande de volaille: chair des oiseaux utilisée comme nourriture.

· Duvet: premier plumage des jeunes oiseaux; plumes menues et douces utilisées dans les coussins et dans les doublures d’isolation.

· Plume: appendice qui recouvre la peau des oiseaux, formé du calamus, du tuyau et des barbes latérales.

· Fumier: déjections, excréments.

Importance sociale, culturelle et religieuse de la production avicole

Dans beaucoup de pays, les bonnes convenances veulent que l’on offre à ses invités un repas à base de viande, et le plus souvent, il s’agit de viande de volaille. Il arrive que les invités reçoivent une volaille vivante à emporter chez eux comme marque de respect. Les volailles et les produits avicoles sont vendus pour acheter des articles qui permettent à la famille de participer pleinement aux activités de la communauté. Dans le sud du Bhoutan, les volailles jouent un rôle important dans le culte des déités locales. Les animaux doivent être offerts par paire: un poulet, un canard ou un pigeon peut être associé à un animal plus gros, ou peut être offert à la place d’une chèvre ou d’un cochon. Par exemple, un cochon et un poulet, ou une chèvre et un pigeon sont considérés égaux à deux gros animaux. Les exploitants de cette région croient que les offrandes protègent leur famille contre les maladies.

Les poulets jouent un rôle important dans la vie culturelle du Ghana rural, notamment dans les régions du nord: John Miller Chernoff a décrit le rôle des poulets dans la cérémonie qui a marqué sa consécration comme apprenti du maître joueur de tambour Gideon Folie Alowoyie dans le culte de la tribu Ewe:

«En définitive, la cérémonie devait m’aider à me concentrer et à apprendre mieux et plus vite. L’oncle de Gideon, prêtre fétichiste de haut rang, était chargé de la cérémonie. D’abord, cet après-midi-là, Gideon et moi avons acheté deux poulets blancs, un mâle et une femelle pour l’équilibre et l’harmonie, et une bouteille de gin... Pendant que le ragoût de poulet mijotait, Gideon était occupé à faire davantage de libations et à m’expliquer le but de la pratique rituelle....Le prêtre a annoncé que le poulet était prêt. Il a posé les poitrines de poulet sur la sépulture des ancêtres. Il m’a ensuite donné un grand bol et m’a dit: "Mange". Dans le bol, se trouvait les parties des poulets correspondant aux parties de mon corps qui devaient être protégées: les deux têtes, les pieds, les ailes, les queues, les gésiers et les cœurs. J’ai tout avalé» (Miller Chernoff, 1979).

Rôle de l’aviculture dans l’exploitation et dans la famille

Les exploitants élèvent des volailles pour diverses raisons, depuis le besoin de créer une source de revenus au simple plaisir de contempler des oiseaux en bonne santé. D’une façon générale, l’aviculture rurale fournit les protéines animales sous la forme de viande et d’œufs; ces produits sont disponibles pour la vente, ou pour le troc dans les sociétés qui manquent d’argent liquide. L’aviculture villageoise remplit une série de fonctions dont il est difficile d’évaluer le prix: les volailles servent de protection phytosanitaire et fournissent le fumier, elles sont utilisées dans les festivals, les cérémonies, pour soigner les maladies et remplir certaines obligations sociales.

Ressources nécessaires à la production avicole

Dans la plupart des régions rurales propices à la production avicole, les exploitants pratiquent déjà l’élevage des volailles. La production avicole villageoise exprimée en gain de poids et en nombre d’œufs par poule par année est généralement faible, mais les intrants exprimés en bâtiments, prévention des maladies, gestion et alimentation complémentaire sont minimaux. Pour améliorer la production avicole de façon rentable, il est nécessaire d’introduire des méthodes de gestion appropriées, des intrants d’élevage comme l’alimentation complémentaire, la prévention des maladies, les bâtiments, et développer des stratégies de commercialisation efficaces.


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