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INTRODUCTION


A. En quoi consiste le guide

Le présent guide s'adresse à tous ceux qui veulent améliorer l'alimentation et la nutrition des familles dans les pays en développement. Il s'adresse à vous, si vous êtes agent de santé, nutritionniste ou vulgarisateur agricole, ou si vous travaillez dans tout autre domaine du développement. Il s'adresse à vous, si vous êtes membre d'un groupement communautaire, mère de famille ou toute autre personne chargée de soins, et que vous souhaitiez en savoir davantage sur l'alimentation familiale. Ce guide peut aussi servir utilement aux personnes chargées de la formation du personnel de santé et des agents communautaires.

Si vous n'avez pas les connaissances de base en matière de nutrition et si vous n'êtes pas à l'aise pour traiter certaines parties techniques du guide, nous vous suggérons de rejoindre l'équipe locale de spécialistes, afin qu'ils puissent vous aider en cas de besoin.

Le présent guide a un double objectif:

Le guide comporte 11 thèmes, qui portent sur la nutrition de base, la sécurité alimentaire de la famille, la planification des repas, l'hygiène alimentaire, et les besoins alimentaires propres aux enfants, aux femmes et aux hommes, ainsi qu'aux personnes âgées, aux malades et aux personnes souffrant de malnutrition. Tous les thèmes ont la même présentation et comprennent deux parties: Notes sur la nutrition et Mettre en commun ces informations.

Les Notes sur la nutrition résument les connaissances les plus récentes sur chaque thème. Elles peuvent être utiles pour préparer:

Ces Notes peuvent aussi être utiles si vous souhaitez mettre à jour vos propres notes et actualiser éventuellement les connaissances de vos collègues en matière de nutrition.

La partie Mettre en commun ces informations est destinée aux personnes qui travaillent directement avec les familles ou les associations locales. Elle décrit les étapes nécessaires pour préparer une session d'éducation, c'est-à-dire se renseigner sur l'état nutritionnel actuel de la communauté et ses connaissances en matière de nutrition; décider quelles informations mettre en commun et avec qui les échanger; et choisir les méthodes de communication. Cette partie donne aussi quelques Exemples de questions pour entamer une discussion, qui peuvent aider à encourager la participation et à rendre la session plus attrayante.

Des messages clés apparaissent tout au long des Notes sur la nutrition et résument les points importants présentés dans le texte. Vous pouvez les utiliser comme «sujets de conversation» ou directives pour structurer une session d'éducation nutritionnelle.

Le livre contient trois annexes: les nutriments présents dans les aliments; les besoins énergétiques et nutritionnels; références et autres sources d'informations. Un glossaire se trouve à la fin de l'ouvrage.

Avant de vous servir de ce guide, il est important d'adapter les informations sur la nutrition à la zone où il sera utilisé. La section B explique comment le faire.

B. Se servir du guide et l'adapter

Les régimes et habitudes alimentaires varient selon les endroits. Les familles qui habitent des régions différentes consomment des aliments différents, et leurs façons de cuisiner sont diverses. Elles vivent dans des zones qui diffèrent, où les types d'aliments disponibles et leur quantité peuvent être fort dissemblables. Elles ont différentes croyances en ce qui concerne les aliments et la façon de nourrir les enfants. L'argent, le temps et les autres ressources disponibles varient, ce qui influe sur les aliments qu'elles consomment. Les familles diffèrent aussi quant à leurs connaissances en matière de nutrition, et elles obtiennent des informations à ce sujet de diverses façons. Comme le présent guide est écrit de manière «générale» et ne reflète pas un pays en particulier, une partie des informations techniques qu'il contient devront être adaptées, afin de convenir aux zones où il sera utilisé. Cela permettra aussi de l'enrichir avec des connaissances et expériences locales. On peut considérer cette adaptation comme une préparation normale pour utiliser le guide; des directives précises sont données ci-après pour mener à bien cette tâche.

Certains pays ou régions décideront peut-être de préparer une version locale (nationale) du guide, afin de mieux l'orienter sur leur situation particulière en ce qui concerne les problèmes alimentaires et nutritionnels, les types de vivres de la région, les habitudes alimentaires, etc. Cela aidera le personnel de santé national et d'autres utilisateurs du pays à se servir facilement du guide et à en faire bon usage. On trouvera également ci-après des directives pour ce travail plus approfondi d'adaptation, qui aboutira à une nouvelle version locale du guide (ou d'un matériel semblable).

Directives pour se servir du guide

1 Lisez le guide. Contrôlez les Notes sur la nutrition de chaque thème. Comprenez-vous les informations données et les approuvez-vous? Etant donné les recherches récentes en matière de nutrition, certaines données peuvent ne pas correspondre à ce que vous aviez appris. Le cas échéant, consultez votre superviseur. Vous désirez peut-être inclure certaines informations, modifier le nom des aliments, etc., afin d'adapter le guide aux communautés avec qui vous travaillez.

2 Décidez avec des collègues quels sont les thèmes qui présentent de l'intérêt pour les familles de la région. Cela dépend des problèmes nutritionnels de votre zone et des personnes qu'ils affectent. Vous souhaitez peut-être obtenir une réponse aux questions suivantes: Est-ce que beaucoup de nouveau-nés ont un faible poids de naissance? Y a-t-il beaucoup de bébés qui ne sont pas nourris exclusivement au sein? Les habitudes alimentaires médiocres chez les enfants ou les femmes posent-elles un problème? Les personnes âgées ou malades sont-elles mal nourries? L'anémie pose-telle un problème et qui en souffre le plus? Y a-t-il beaucoup de personnes qui présentent un surpoids? Quelles sont les causes nutritionnelles ou autres de ces troubles? Est-ce que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA savent quels sont les aliments qui les aident à bien se porter? Quelles sont les informations sur la nutrition que les associations et les familles souhaitent avoir?

3 Choisissez le/les thème(s) dont vous désirez parler ensemble et décidez comment le faire. Vous devriez essayer d'insérer les thèmes 1, 2, 3 et 4 dans tous les cours (ou stages) d'éducation nutritionnelle quels qu'ils soient, sauf si vous êtes certain que les participants possèdent les notions fondamentales sur une bonne nutrition. L'encadré 1 propose un ordre satisfaisant pour traiter les thèmes. Les exemples qui suivent suggèrent comment choisir les thèmes dans différentes situations.

4 Choisissez dans les Notes sur la nutrition les informations qui s'appliquent et qui sont utiles à tel groupe ou telle famille. N'essayez pas de donner trop d'informations à la fois. Il est préférable de traiter peu d'informations pertinentes plutôt que de couvrir tout le contenu d'un thème. Adaptez les informations et les conseils à la situation et aux ressources du groupe ou de la famille (par exemple, suggérez les aliments de la région que la famille peut produire ou acheter; faites des démonstrations culinaires en utilisant les fourneaux et les combustibles locaux; employez les termes locaux pour désigner des troubles tels que l'anémie).

5 Choisissez la méthode à utiliser pour mettre en commun les informations. Elle variera selon qui vous essaierez d'atteindre. Quelques exemples sont donnés ci-après.

6 Trouvez les obstacles qui peuvent empêcher les familles d'améliorer leurs habitudes alimentaires. Il peut s'agir d'un manque de ressources (par exemple, argent, ou temps dont dispose les femmes); de croyances, traditions ou tabous concernant certains aliments; de pressions exercées par d'autres membres de la famille, notamment les hommes; d'un manque de denrées ou de moyens de production agricole; de conseils inadaptés ou impossibles à mettre en pratique pour des raisons culturelles.

Si un particulier ou une famille ne suit pas les conseils donnés en matière d'alimentation, trouvez-en la raison. Il peut y avoir de nombreux motifs, et il vous faudra peut-être procéder avec tact pour les découvrir (par exemple, la famille peut être gênée par le manque d'argent, ou une mère ne nourrit pas son enfant au sein parce qu'elle a peur d'être séropositive). Discutez ensuite ensemble de ce que la famille peut et souhaite faire. Il est parfois préférable au départ de l'encourager à modifier légèrement sa façon de faire. Il est possible qu'une famille accepte un petit changement mais pas un grand. Par exemple, une mère peut être d'accord pour passer plus de temps à nourrir son jeune enfant, mais elle ne pourra pas lui donner un autre repas chaque jour. En parlant avec d'autres membres de la famille, on peut parfois aider une mère à accepter un changement. Par exemple, la famille peut faire une partie du travail de la mère, de sorte que cette dernière ait plus de temps pour nourrir un enfant malade.

7 Evaluez votre travail. Le présent guide a pour objectif d'aider les familles à améliorer les pratiques alimentaires. Vous souhaitez peut-être interroger les familles ou les groupements pour leur demander quelles informations ils jugent utiles, ce qu'ils ont appris de nouveau et ce qu'ils ont mis en pratique. La prochaine fois que vous verrez la famille, essayez de savoir si le comportement a été modifié comme suggéré. Si ce n'est pas le cas, tâchez de savoir pourquoi. Cela vous aidera à modifier les informations que vous échangez et la façon de les échanger. Vous aurez peut-être besoin d'insister davantage sur les conseils donnés, en les présentant de façon différente. Assurez-vous que vous-même et vos collègues délivrez les mêmes messages sur la nutrition.

ENCADRÉ 1 · ORDRE PROPOSÉ POUR DISCUTER ENSEMBLE DES THÈMES


ENCADRÉ 2 · GROUPES DE DISCUSSION - COMMENT ENCOURAGER LA PARTICIPATION

L'un des moyens qui permet de rendre une discussion plus intéressante et efficace est de poser des questions au lieu de dire aux personnes ce qu'elles doivent faire. Le fait de poser des questions vous permet de découvrir ce que les gens savent déjà et ce qu'ils croient. Les personnes prennent ainsi une part active à la discussion et parlent ensemble des croyances traditionnelles et des nouveaux concepts. Il y a plus de chances que la discussion conduise à des changements de comportement plus ou moins profonds.

Exemple de la façon de démarrer une discussion sur l'alimentation pendant la grossesse (voir le thème 5)

Situation: une réunion d'un groupement de femmes dans une zone rurale d'Afrique. Le groupement a noté que certaines femmes ne mangent pas plus que d'habitude pendant leur grossesse. Vous, infirmière, êtes invitée à cette réunion pour mener le débat. Voici quelques questions que vous pouvez poser pour stimuler la participation. Vous devrez peut-être encourager certaines personnes, en particulier les femmes timides ou jeunes, à prendre part à la discussion. Il vous faudra peut-être aussi empêcher une ou deux personnes de dominer la scène. Restez toujours très courtoise. Ne dites jamais à une personne qu'elle a tort, mais insistez sur les bonnes réponses et les idées correctes. Votre objectif doit être que le groupement accepte de faire au moins un petit changement pour améliorer des pratiques alimentaires médiocres.

Vous: «Merci de m'avoir invitée à cette réunion. Nous pourrons ainsi voir ensemble comment bien manger pendant la grossesse. Laissez-moi d'abord vous demander si nous devons manger davantage ou moins manger pendant la grossesse.» Attendez qu'il y ait quelques réponses, puis dites: «Je suis d'accord avec celles qui ont répondu «davantage». Il est important de manger davantage pendant la grossesse.»

Vous: «Pourquoi est-ce que les femmes enceintes ont besoin de nourriture supplémentaire?» Approuvez les bonnes réponses, par exemple «Nous avons besoin de nourriture supplémentaire pour que le placenta et le corps du bébé puissent se former». Ajoutez d'autres raisons si elles ne sont pas mentionnées. Corrigez avec gentillesse les éventuelles «mauvaises» réponses. Expliquez qu'une femme qui ne mange pas assez risque d'avoir un bébé faible et petit.

Vous: «Comment les femmes enceintes peuvent-elles accroître leur apport alimentaire pendant la grossesse?» Parmi les réponses, il peut y avoir «en mangeant plus souvent» ou «en mangeant davantage à chaque repas». Décrivez la quantité d'aliments locaux supplémentaires qui sont nécessaires ou donnez un exemple.

Vous: «Est-ce qu'il y a des aliments particulièrement bons pour les femmes enceintes?» Laissez donner plusieurs réponses et relevez les réponses «correctes» (par exemple, les aliments riches en fer, comme le bœuf ou le foie).

Continuez de poser des questions, et de relever et expliquer les réponses correctes. Laissez souvent aux participantes la possibilité de vous poser des questions. A la fin, dites «Est-ce qu'il y a d'autres questions? Merci. Aujourd'hui, j'ai beaucoup appris grâce à vous».

Figure 1. Démonstration sur la façon de préparer un bon repas

Directives pour adapter le guide

Adapter le guide permet de:

L'adaptation du guide peut être faite au niveau national ou provincial. Les personnes ci-après pourraient être en mesure d'aider à préparer et à produire une version locale du guide:

1 Avant que vous-même et vos collègues adaptiez le guide, il vous faudra discuter, trouver les réponses et prendre des décisions sur ce qui suit.

- quels sont les aliments disponibles et consommés aux différentes saisons; quelles sont les habitudes, connaissances et croyances relatives à l'alimentation; quelles sont les recettes utilisées dans la région; quelle est la quantité de nourriture partagée entre les membres de la famille; comment sont nourris les bébés, les jeunes enfants, les adolescents, les femmes, les hommes et les personnes âgées; quelles sont les ressources disponibles (par exemple, terre, argent, eau, temps); comment les aliments sont produits, stockés, conservés et cuisinés; quel est le degré d'hygiène; quels sont les aliments consommés en dehors du foyer et qui les consomme; qui prend les décisions en ce qui concerne l'alimentation de la famille;

- quels sont les types de problèmes nutritionnels et de malnutrition rencontrés dans ces familles; quels membres de la famille sont en danger et quelles en sont les causes probables; quelles sont les idées reçues et les croyances des communautés, de même que leurs explications, en ce qui concerne les troubles nutritionnels et leurs causes (voir la section C).

2 Décidez quelles sont les sections du guide original à modifier ou à supprimer, et quelles informations ajouter. Vous désirerez probablement faire des changements ou donner d'autres renseignements sur:

3 Préparez le guide révisé. Ne le faites pas trop long; incluez seulement les informations dont les éducateurs ont besoin pour aider les familles à avoir une bonne alimentation équilibrée.

4 Testez le guide sur le terrain avec quelques éducateurs et familles cibles. L'information est-elle pratique et correcte sur le plan technique et culturel? Les conseils donnés pourront-ils être suivis par les différents types de familles que vous désirez atteindre? Les éducateurs comprennent-ils le texte, les concepts et les illustrations? Votre guide est-il facile à lire et à utiliser?

5 Si des modifications sont encore nécessaires, révisez le guide, testez-le de nouveau, puis préparez la version finale.

C. Ce qu'il arrive quand les familles ne mangent pas bien

Les conséquences d'une alimentation médiocre

(voir aussi le thème 11)

Les personnes qui ont un régime alimentaire médiocre et qui ne consomment pas la juste quantité d'aliments énergétiques ou de nutriments sont souvent malades et commencent à souffrir de malnutrition. Le type de malnutrition qui se produit varie selon le genre de nutriments et la quantité d'énergie alimentaire qui sont insuffisants (ou trop abondants), la durée de cette insuffisance et l'âge de la personne.

1 Il arrive que des enfants ou des adultes mangent trop peu et deviennent dénutris parce qu'ils n'ont pas assez de nourriture ou qu'ils ont peu d'appétit. Ils manquent de calories et de nombreux nutriments, ce qui a plusieurs conséquences.

2 Certaines personnes peuvent avoir un régime alimentaire déséquilibré, qui fournit trop peu d'un nutriment particulier. En voici quelques exemples.

3 Il arrive que des personnes consomment plus de nourriture (en particulier plus d'aliments riches en énergie, avec beaucoup de graisses et/ou d'huile) qu'il ne leur en faut. En absorbant un excès de calories, elles deviennent trop grosses (elles présentent un surpoids ou sont obèses). Ces personnes risquent ainsi davantage de souffrir de maladies chroniques, telles que les maladies de cœur, l'hypertension ou le diabète (voir la section Surpoids et obésité à la page 16).

La malnutrition (due soit à un manque d'énergie alimentaire et/ou de nutriments, soit à un excès) est un des problèmes de santé les plus graves du monde, notamment dans les pays en développement.

Les causes de la malnutrition

Il existe de nombreuses raisons qui font qu'un enfant ou un adulte devient dénutri. Les causes varient d'un individu à l'autre, mais on peut les diviser en trois catégories: les causes immédiates, les causes sous-jacentes et les causes fondamentales.

Causes immédiates

Un régime alimentaire médiocre et la maladie constituent les causes immédiates de la malnutrition.

· Un régime alimentaire médiocre peut être dû à:

· En cas de maladie, il arrive que les personnes:

Causes sous-jacentes

Parmi les causes sous-jacentes, figurent les pénuries de vivres dans la famille, des soins et des habitudes alimentaires inadaptés, notamment en ce qui concerne les enfants et les femmes, de mauvaises conditions de vie et des services de santé médiocres.

· Les pénuries de vivres dans la famille peuvent être dues à:

· Les soins et les habitudes alimentaires inadaptés concernent:

· De mauvaises conditions de vie signifient par exemple une quantité d'eau insuffisante, des installations sanitaires inadéquates et un logement surpeuplé. Par services de santé médiocres, on entend le manque de médicaments et de personnel de santé qualifié, ce qui accroît le risque de maladies. Quand les services d'assainissement du milieu sont inadéquats, le risque d'infections d'origine alimentaire augmente.

Le rôle des femmes dans la production, le commerce et la préparation des aliments est capital, mais il est souvent négligé lorsqu'on analyse les causes de la malnutrition et qu'on planifie les programmes de nutrition. Dans de nombreux pays, les femmes produisent beaucoup d'aliments ou la plupart d'entre eux. Le niveau de soins et la qualité du régime alimentaire que les femmes peuvent donner à leur famille (y compris elles-mêmes) dépendent en grande partie de leur charge de travail et de leur rôle social au sein de la famille. Par exemple, quand les femmes ont de lourdes charges de travail, et c'est souvent le cas, il arrive qu'elles n'aient pas le temps de préparer plus d'un repas par jour, ce qui est très insuffisant pour de jeunes enfants. Si les femmes ont peu d'autorité ou de contrôle sur les ressources, par exemple sur la terre ou l'argent, cela influe également sur le type de soins qu'elles sont en mesure de donner aux différents membres de la famille. La charge de travail et le rôle social des femmes peuvent être d'importantes causes sous-jacentes de malnutrition.

Causes fondamentales

Pour chaque type de cause sous-jacente, il existe des causes plus profondes, qui peuvent être les suivantes:

La figure 2 met en évidence bon nombre des différents facteurs, à divers niveaux de la société, qui peuvent entraîner la malnutrition. Il est évident que ces facteurs sont plus complexes dans la réalité. En fait, la malnutrition elle-même peut réduire la capacité d'une famille à prendre soin de tous ses membres, et créer ainsi un cercle vicieux de malnutrition et de ses causes sous-jacentes. C'est le cas, par exemple, quand un enfant qui souffre de malnutrition a besoin de recevoir plus d'attention de la part des personnes qui s'occupent de lui, d'où une moindre capacité de la famille de veiller aux besoins (alimentation, santé, etc.) des autres membres de la maisonnée. La série d'illustrations de la figure 2 nous aide toutefois à identifier les raisons les plus importantes qui font qu'une personne, une famille ou une communauté peuvent être mal nourries.

Adapté du Schéma des causes sous-jacentes de la malnutrition et de la mortalité établi par l'UNICEF.

Figure 2. Les causes immédiates, sous-jacentes et fondamentales de la malnutrition

L'encadré 3 montre comment le VIH/SIDA constitue une cause à la fois immédiate et sous-jacente de malnutrition (voir également le thème 10 à la page 92).

ENCADRÉ 3 · COMMENT LE VIH/SIDA CAUSE LA MALNUTRITION

Le VIH peut être une cause immédiate de malnutrition parce que:

  • une personne qui vit avec le VIH/SIDA:
  • peut manquer d'appétit, avoir des douleurs dans la bouche ou des nausées, et donc moins manger;

  • absorbe moins de nutriments en raison de diarrhée et de lésions à l'intestin;

  • utilise plus rapidement les nutriments, car le système immunitaire fonctionne de façon plus intense qu'à la normale;

  • une mère séropositive qui décide de ne pas allaiter son enfant au sein n'est pas toujours en mesure de lui donner des aliments de remplacement appropriés.

Le VIH/SIDA peut être une cause sous-jacente d'insécurité alimentaire et de malnutrition si:

  • des adultes actifs tombent malades et sont moins capables de cultiver la terre ou de gagner de l'argent pour la nourriture, ou s'ils meurent;

  • une famille vend ses biens (par exemple, du bétail, des outils) pour obtenir de l'argent qui servira à acheter des vivres et des médicaments;

  • des membres de la famille arrêtent de cultiver la terre ou de faire un travail salarié, afin de prendre soin d'un parent malade;

  • des orphelins doivent s'occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes; ces enfants, bien souvent, manquent de compétence et de ressources pour produire assez de nourriture ou assurer de bons repas; ils doivent parfois arrêter d'aller à l'école, ce qui compromet leurs chances d'avoir plus tard un bon emploi;

  • des personnes âgées qui doivent prendre soin de jeunes orphelins n'ont pas l'énergie ou l'argent nécessaires pour bien les nourrir.

Il arrive souvent que les enfants commencent à souffrir de malnutrition quand un de leurs parents, ou les deux, tombe malade ou meurt. Parfois, ils n'ont pas assez de nourriture et manquent de soins, ou bien ils mangent moins parce qu'ils sont tristes et déprimés.

Surpoids et obésité

Le surpoids et l'obésité sont dus essentiellement au fait de:

L'obésité est actuellement répandue dans le monde entier. Plus de 1 milliard d'adultes présentent un surpoids et au moins 300 millions d'adultes sont obèses (voir le glossaire pour la définition du surpoids et de l'obésité). Le surpoids et l'obésité touchent presque tous les âges et toutes les classes socio-économiques, et l'augmentation du nombre d'enfants obèses est une des principales sources de préoccupation. Dans beaucoup de pays développés et de pays en développement, la proportion des obèses dans la population a triplé depuis 1980. Cet accroissement est souvent plus rapide dans les pays en développement que dans les pays développés. Dans la plupart des pays en développement, l'obésité et la dénutrition constituent actuellement de très graves problèmes.

L'augmentation du nombre des cas d'obésité est l'une des principales causes de l'accroissement des maladies chroniques et de l'invalidité permanente liées au régime alimentaire.

Les conséquences de ces conditions sur la santé vont de la mort prématurée aux handicaps qui portent atteinte à la qualité de la vie.


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