Les objectifs de la présente étude étaient l'établissement comme suit: évaluation de l'importance de la pêche sportive sur le plan économique et récréatif, notamment en ce qui concerne l'Europe, y compris:
recommandations permettant aux pays intéressés de prendre les décisions en vue de mesurer:
les valeurs relatives de la pêche sportive comparées à celles de la pêche commerciale et des autres utilisations de l'eau;
leur valeur pour l'économie nationale.
Après rassemblement et étude de la documentation relative à la pêche sportive et aux loisirs en général, et après avoir établi des contacts avec les chercheurs1 dans ce domaine dans diverses parties du monde, il s'est révélé que la recherchs et l'observation systématique des faits ont été ou sont minimes en Europe. Par contre, aux Etats-Unis et au Canada, on a pu observer une importante quantité de recherche appliquée et d'études sur la terrain an cours de ces 15 dernières années. Cette répartition inégale de la recherche et du rassemblement des données entre l'Europe et l'Amérique du Nord a été reconnue par Dill (1964) quand il établit sa bibliographie sur l'évaluation économique de la pêche sportive et des ressources de la pêche.
Il s'ensuit que les données sur la structure et les tendances de la pêche sportive dans le cadre des activités récréatives de plein air, ainsi que l'analyse des concepts, des mesures et des méthodes sont principalement fondées sur la documentation nord-américaine et sur les contacts personnels de l'auteur avec, notamment, les experts nord-américains. Cetto référence particulière aux Etats-Unis et au Canada est donc nécessairs et ne doit pas être considérée comme un problème sérieux. Dans l'étude du comportement récréatif, divere concepts, mesures, méthodes et variables élaborés dans d'autres pays peuvent étre utilisés du fait qu'ils appartiennent à la science du comportement et qu'ils ont une application internationale. Il convient de souligner cet aspect, car d'après l'expérience de l'auteur et des experts de la gestion des pêches, les personnes qui ont une connaissance limitée des sciences du comportement tendent à penser que leur pays, leur région ou leur milieu est unique, et que les concepts et les méthodes élaborée ailleurs ne peuvent s'appliquer à leur cas.
Après avoir rassemblé et étudié la documentation sur ce sujet, avoir correspondu et discuté avec des chercheurs, des officiers et des administrateurs des pêches, des biologistes et des experts des questions touristiques, il fut décidé que la présent rapport se composerait de deux sections principales qui seraient complétées par la suite à l'aide d'une version mise à jour de la bibliographie de Dill.
La Section I traite, sous forme abrégée, de l'évaluation économique de la pêche sportive, ainsi que de ses principaux problèmes, concepts, measures et méthodes. La Section II est une compilation de citations, d'extraits, de conclusions appartenant à des rapports publiés et non publiés et à des articles sur les aspects socio-économiques de la pêche sportive et des ressources des pêches - plusieurs ont été extraits du SFI Bulletin, auquel j'exprime ici mes remerciements. D'autres ont été choisis en consultation avec certains des experts figurant à l'Annexe A. La Section II est subdivisée comme suit: données socio-économiques, planification et pêche commerciale et sportive (voir table des matières détaillée page 35).
Les problèmes et les méthodes rencontrés dans l'évaluation économiques de la pêche sportive sont complexes et il n'existe encore aucune méthode d'évaluation généralement acceptée. Il est donc préférable d'étayer la Section I sur une large gamme d'exemples d'évaluation, de planification, de conflits de consommateurs, de politique, d'études socio-conomiques, etc., comme pour la Partie II. Cette disposition sera particulièrement utile aux lecteurs qui ne possèdent pas l'expérience des sciences du comportement (économie, sociologie, psychologie, etc.) et qui cherchent à connaître et à rassembler des références importantes sur ce sujet.
Dans le but d'encourager les pays européens à évaluer leur pêche sportive intérieure aussi rapidement que possible, il est nécessaire qu'un courant d'idées soit lancé immédiatement à l'intérieur, et surtout entre les pays. La Section II sera particulièrement utile à cette fin, ainsi que la bibliographie mise à jour, qui devrait comprendre aussi une liste des documents essentiels sélectionnés ayant trait à ce sujet. Des suggestions supplémentaires seront fournies à la fin de la Section I, afin d'accélérer l'échange international d'informations, d'idées et d'expériences.
Il apparaît, d'après la documentation existante et la correspondance de l'auteur avec les experts des Etats-Unis et du Canada, que les principaux problèmes à l'étude peuvent êtude peuvent être groupés sous deux rubriques:
- Définitions, structures, objectifs et tendances de la pêche sportive
- Concepts et méthodes utilisés pour l'évaluation de la pêche sportive et des ressources des pêches
La Section I du présent rapport analyse ces aspects.
La pêche sportive est surtout considérée comme une forme d'activité de plein air, une des formes d'utilisation d'une ressource naturelle, o'est-à-dire l'eau.
Dans les études publiées en Europe et en Amérique du Nord (U.S. 1962b, Sweden 1964) au cours de ces dernières années, le principal objectif de la pêche sportive est réoréatif. La pêche sportive, en termes opérationnels (équipement utilisé, etc.), varie selon les pays (U.S. 1962a). Un certain type d'équipement, par exemple le trident ou le filet, est autorisé dans un pays et interdit dans un autre (USFWS, 1966, Sweden, 1968). Ces variations de règlements dépendent probablement des différences affectant la demande, l'offre, la tradition et l'absence d'objectifs empiriques. Cette lacune relativement à la pêche sportive reflète et crée une série de problèmes.
Les conflits entre les différentes formes d'utilisation des eaux de pêche, par exemple pour le commerce et le sport, entre les formes d'utilisation récréatives, par exemple pêche et canotage, et entre les formes d'utilisation récréative et commerciale, par example pêche et industrie, ne peuvent étre résolus en vue de l'obtention d'un maximum d'avantages économiques et sociaux avant l'établissement de définitions et d'objectifs exacts.
Le terme “récréatif” a revêtu une grands valeur dans la planification moderne des sones récréatives de plein air, notamment en Amérique du Nord et en Suède. II souligne les aspects de la consommation, c.à-d. que l'accent passe “du poisson aux personnes” (Clawson, 1965). Les variables du consommateur, c. à-d. les désirs, le fait d'être prêt à payer, la répartition des âges et la formation du goût, auront une grande influence sur les modèles de planification pour l'utilisation des ressources aquatiques; néanmoins, les nombreux problèmes ne peuvent être résolus à l'aide d'un vague concept tel que la récréation. Ce point est illustré par plusieurs exemples dans la Section II (voir 2.2, 2.5, 2.13, 2.26).
Clawson (1968, II.2.24) a effectué une analyse du processus temporel de l'activité récréative (attente, déplacement, sur place, retour, souvenir) et a souligné que ce macro-cercle doit être considéré dans son ensemble pour la planification et l'évaluation, et que les activités récréatives de plain air sur place (micro-cercle) ne constituent qu'une partie, souvent minime, du tout.
Si l'on désire établir des modèles de planification pour le maximum d'avantages et l'utilisation multiple des ressources aquatiques, les aspects du macro-micro cercle sont très importants. Il est possible de fournir une grande quantité d'activités récréatives si les phases importantes telles que l'attente et le souvenir sont prises en considération. Il est asses étrange de constater qu'il est possible d'assurer un divertissement de bonne qualité en satisfaisant les besoins et les fonctions acquises telles que la probabilité de prise ou la perspective d'un bon combat avec le poisson. Dans l'un des modèles de planification, le plan Hazzard (pêche et libération du poisson) est réussi quand il existe une importante demande et un nombre limité de poissons disponibles (c'est souvent le cas des rivières à truites à proximité des centres urbains). Ce plan est largement appliqué aux Etats-Unis (Beall, 1964). Les pêcheurs rejettent souvent les poissons blancs (coarse fish) à l'eau. Ces principes sont semblables aux techniques de simulation telles que le tir au pigeon d'argile ou la chasse avec un appareil photographique. L'important est que les niveaux de divertissement pratiqué puissent être variés par le changement des conditions dans les différentes parties des macro-micro cercles. Il est aussi très important de découvrir ce que les individus peuvent apprendre à aimer (formation du goût), ce qu'ils aiment (ce qui produit le divertissement) et ce qu'ils (ou l'Etat) sont prêts à dépenser dans ce but.
Cet examen montre que le concept de l'expérience du divertissement est très complexe. Il peut être mesuré, comme d'autres activités, en termes monétaires, c. à-d. la dépense et l'acceptation des frais. Mais ces éléments ne peuvent constitue qu'une indication générale de l'activité récréatrice pratiquée; ils devraient être complétés par des méthodes plus directes de mesure telles que les méthodes modernes psycho-physiques.
2.2.1 Nombre de pêcheurs sportifs, niveau d'activité, dépenses, etc.
Les données provenant du Canada, de la Suède, du Royaume-Uni et des Etats-Unis montrent que la pêche sportive est l'un des sports de plein air les plus répandus, sinon le plus répandu, engageant jusqu'à 40 pourcent du total de la population et quelquefois deux tiers de la population masculine de certains districts (y compris tous les niveaux d'activité) (U.S. 1962c; USFWS, 1966; Norling, 1968; la plupart de ces rapports sont résumés en II.1).
La pêche sportive est répartie d'une façon plus équilibrée entre les groupes d'âge que la plupart des autres activités de plein air (U.S. 1962b, Sweden 1964). Aux Etats-Unis la dernière Etude Nationale de la Chasse et de la Pêche (USFWS, 1966), étendue au groupe d'âge de 9 à 11 ans confirme aussi cette constatation.
Le rapport des sexes varie selon les pays: aux Etats-Unis (USWFS, 1966) et en Suède (Norling, 1968), le nombre de femmes pratiquant la pêche est plus élevé qu'au Canada et au Royaume-Uni (II.1.17, II. 1.2). La pêche familiale est assez répandue aux Etats-Unis (U.S. 1962c, II.2.12) et en Suède (Norling, 1968). Les déplacements des pêcheurs et la pêche touristique, mesurés à partir d'un état des Etats-Unis (USFWS, 1966), des Etats-Unis au Canada (U.S. 1962c), du Royaume-Uni à l'Irlande (Eire, 1966, II. 3.6) et à l'intérieur de la Suède sont très importants.
Si l'on considère la pêche et le nombre de pêcheurs par rapport au niveau des revenus (USFWS, 1966), on constate une répartition assez égale avec des activités légèrement supérieures dans les groupes jouissant de revenus plus élevés. La pêche sportive est donc un sport pratiqué par tous les âges et à tous les niveaux de revenus (Davidson et al., 1966).
La participation à la pêche sportive et à la chasse est plus élevée parmi les personnes vivant dans les zones et les agglomérations rurales que parmi celles qui vivant dans les petites et les grandes villes (USFWS, 1966). Un taux de participation plus élevé est souvent observé dans les zones riches en faune (USFWS, 1966; Norling 1968).
La demande relative aux différents types de pêche est variable. La pêche de la truite et du saumon semble spécialement attrayante (U.S. 1962c; Norling, 1968), tandis que l'intérêt manifesté pour les poissons blancs varie (U.S.1962a; Norling, 1968). L'intérêt pour la pêche à la ligne en mer, qui était assez faible dans de nombreux pays, s'accroît maintenant rapidement (USFWS, 1966; II.3.6).
La valeur économique de la pêche sportive a fait l'objet d'une étude approfondie. Les dépenses brutes des pêcheurs sportifs aux Etats-Unis (USFWS, 1966; II.1.12) et des membres des associations et des clubs de pêche sportive en Suède (Norling, 1968) sont élevées. En 1965, aux Etats-Unis, 28 millions de pêcheurs sportifs ont dépensé une moyenne de 103 dollars chacun, soit un total de près de 3 milliards de dollars. On trouve des résultats semblables dans les études effectuées dans d'autres parties du monde (Opperman, 1965). La répartition des dépenses selon les divers articles est décrite à la section 2.3 (méthode de la dépense brute).
La répartition géographiques des dépenses et des recettes occasionnées par la pêche sportive est inégale. Une faible partie seulement se manifeste sur les lieux où l'activité se déroule (Clawson, 1965; II.2.4). Plusieurs études sur l'économie de la pêche sportive par rapport à la pêche commerciale ont montré que les bénéfices économiques et sociaux résultant de la pêche sportive sont plus élevés dans les pêcheries intérieures et côtières, dans les zones proches des centres urbains et celles où les espèces attirantes se trouvent, par exemple la truite et le saumon (II.3.1, U.S. 1962c).
Les effets de la pêche sportive sur la santé mentale n'ont pes été spécifiquement étudiés, mais certains rapports indiquent que la pêche sportive se révèle avoir un effet thérapeutique élevé sur les malades mentaux (II.2.12, II.2.10).
2.2.2 Tendances de la pêche sportive
Quelles que scient les mesures utilisées, on constate un mouvement ascendant de la pêche sportive dans les pays où les études ont été effectuées. Le nombre des participants et l'estimation de la demande jusqu'en l'an 2.000 indiquent une multiplication par quatre de la demande relative à la pêche sportive aux Etats-Unis (USFWS, 1966). Une augmentation générale semblable est prévue en Suède pour les activités récréatives de plein air (Norling, 1968).
La demande relative à la pêche à la ligne en mer s'accroît rapidement et absorbers probablement la majeure partie des nouveaux amateurs dans de nombreux pays (USFWS, 1966). Des tendances semblables se révèlent aussi pour la pêche du poisson blanc (USFWS, 1966, II.3.6).
Certaines études de la demande potentielle concernant la pêche sportive ont été faites (voir aussi 2.3, l'examen de la demande de choix “option demand” et des effets des possibilités offertes en liaison avec les méthodes directes). On a constaté aux Etats-Unis (USFWS, 1966) et en Suède (Norling, 1968) que la pêche sportive se classe parmi les estimations les plus élevées en raison du “désir de commencer ou du désir d'en faire plus”. Dans une excellente analyse des données sur les loisirs en plein air, le Directeur exécutif du SFI, M. R.H. Stroud (voir l'Annexe A, p.82) a montré que la pêche et la chasse, les sports de plein air traditionnels, représentent des valeurs-clé dans la planification de la répréation de plain air. Elles sont plus ou moins l'objectif final d'activités comme le canotage (l'utilisation des bateaux est liés pour 80 pourcent à la pêche ou à la chasse) et le camping (86 pourcent). Il dit, par exemple, “Il est certain que le rôle du pique-nique en tant qu'objectif principal de récréation reste sujet à de sérieux doutes” (SFI, 1966; II.2.13).
Les données sur les tendances de la pêche sportive sont impressionnantes. Nous pouvons accepter les chiffres donnés ou en douter, et nous pouvons discuter des différentes méthodes utilisées pour mesurer les tendances et les besoins en matière de récréation. Mais si, dans de nombreux pays européens, les tendances se révèlent semblables à celles que l'on peut observer aux Etats-Unis et en Suède, il est sérieusement nécessaire de refaire la planification des pêches intérieures européennes. Ces tendances affecteraient fortement la planification de la pêche touristique et commerciale dans de nombreuses zones, ainsi que la gestion des pêches, l'introduction de nouvelles espèces, d'engins et de règlements nouveaux, etc. Ces problèmes ont été sérieusement examinés dans les rapports Bledisloe (U.K.MAFF, 1961) et Hunter (U.K., 1965) (voir aussi II.3.2 et II.2.11) et dans plusieurs rapports nord-américains (par exemple II.3.1, II.3.3, II.2.12, II.2.15, II.2.23).
Plusieurs facteurs de la société moderne occidentale contribuent à la croissance rapide de la demande de récréation de plein air. Certains facteurs sont souvent mentionnés: nombre supérieur d'heures de loisir, affluence sans précédent, meilleurs moyens de transport, équipement et fournitures nouveaux et de meilleure qualité. A tout ceci viennent s'ajouter une population croissante et une industrie touristique qui se développe rapidement.
Ce n'est que récemment qu'on a reconnu que les activités récréatives, et la pêche sportive en particulier, représentaient une utilisation vaste et importante des ressources naturelles. Cette prise de conscience tardive est cependant un effet de l'étude systématique du domaine de la récréation.
Ainsi qu'on peut le voir à la section 2.2, les données sur la structure et les tendances sont importantes. Il est parfaitement évident, cependant, qu'une évaluation économique de ces données est nécessaire à une prise de décisions objective.
Presque toutes les études importantes entreprises sur la structure, les tendances et les valeurs ont été pré parées au cours des 15 dernières années, comme le montre la bibliographie de Dill (1964). Une grands partie de la récréation de plein air semble s'être développée principalement comme une activité non commerciale, ce qui a retardé la mise au point de méthodes d'êvaluation adéquates (Crutchfield, 1965). D'après une sélection des derniers rapports que j'ai pu rassembler, il est évident que nous nous trouvons au centre d'une importante évolution des méthodes d'évaluation. Aucune méthode n'a été jusqu'à présent généralement acceptée (Bollman, 1967) et il reste beaucoup à faire en ce qui concerne le tourisme (Knetsch, 1966) et l'utilisation des lacs de barrage (Jackson, 1966; Stroud, 1966).
Les ressources naturelles telles que l'eau répendent à divers besoins. Il existe très souvent une concurrence entre différentes formes de récréation (pêche, natation, chasse, etc.) et entre l'utilisation de l'eau à des fins récréatives et commerciales (évacuation de l'eau, installations hydro-électriques, pêche commerciales, etc.).
Il n'existe pour les bureaux de planification nationale d'autre solution que l'évaluation économique s'ills désirent prendre des décisions objectives, obtenir une utilisation équilibrée des ressources et résoudre les conflits entre les divers groupes se disputant l'eau. L'un des critères acceptés est celui du plus grand avantage pour la société ou le bénéfice net maximum résultant de la jouissance d'un bien commun. Les lecteurs intéressés par ces problèmes et l'évaluation sociale qui leur est liée pourront consulter les articles de Crutchfield (1962, 1965), de Spargo (1965) et divers autres articles figurant dans le rapport du Symposium d'Ottawa sur les aspects économiques de la pêche sportive (Canada, 1965) et Davidson et al. (1966).
Nous devons disposer d'une mesure commune pour cette évaluation. L'échelle monétaire est utilisée pour évaluer d'autres formes d'utilisation de l'eau, par exemple l'utilisation hydro-électrique, et, ainsi qu'il a été dit auparavant, elle peut être employés pour l'évaluation de la pêche sportive.
On oppose de nombreux arguments à l'évaluation d'activités récréatives telles que la pêche sportive. Le plus commun est l'opinion que l'expérience de la récréation de plein air se trouve hors du cadre de l'économie, qu'il s'agit d'une expérience esthétique, psychologique entièrement personnelle, qui ne peut être mesurée.
Il est à la fois erroné et fallacieux de dire que les expériences esthétiques ne peuvent être mesurées par les méthodes économiques et psychologiques. Comme on le verra plus loin, les mesures déterminées par le marché ou indirectement peuvent être utilisées avec un certain degré de précision et de validité. Nous pouvons maintenant, avec une chance considérable de succès, mesurer et prévoir le comportement du pêcheur-consommateur sportif, par example, présence, demande et disposition à payer.
La mesure des variables psychologiques (par exemple, pourquoi est-on disposé à payer plus pour ceci que pour cela) est étudiée avec beaucoup moins d'intensité, ce qui signifie aussi que le concept fondamental, la récréation, est médiocrement analysé.
Nos connaissances relatives à l'aspect mental - thérapeutique - des activités récréatives sont très minces, et nous no possédons que des observations telles que celles qui figurent dans le Rap. 7 ORRRC (U.S. 1962c, II.2.12, II.2.10) au sujet de l'utilisation fructueuse de la pêche sportive dans des hôpitaux de vétérans (voir aussi 2.21). L'étude de la formation du goût ou du processus d'acquisition dans le cadre des activités récréatives est aussi peu avancée. Nous ne savons pratiquement pas pourquoi et comment nous devenons des pêcheurs sportifs et comment nous adaptons notre comportement à de nouvelles formes de pêche. Cela pose un sérieux problème à l'économiste, du fait que les hypothèses sur la stabilité de l'intérét, etc., sont indispensables aux modèles de prêvision (Bollman, 1967).
L'optique contemporaine adoptée pour ces problèmes est que nous pouvons et nous devons mesurer la pêche sportive en termes économiques descriptifs afin d'obtenir des informations sur les montants, les tendances, etc. Mais il est aussi parfaitement évident que nous devons utiliser des mêthodes psychologiques pour mesurer les variables de l'expérience, l'hygiène mentale et les effets thérapeutiques, etc. Les données de ce type ont une grande importance pour l'évaluation sociale et politique du bénéfice récréatif.
L'impression générale de la documentation étudiés est que l'usage de la méthode d'approche orientée vers l'offre (stocks, gestion) est abandonnée en favour de l'étude en termes économiques du comportement ou de la demande du consommateur. Nous devons souligner le rôle du consommateur dans l'utilisation récréative des ressources nationales, point auquel l'économiste doit céder le pas à d'autres chercheurs sociaux. Ce changement affectant les objectifs qui passent des études d'offre aux études de demande est vivement souligné dans les Rapports ORRRC et le Symposium d'Ottawa de 1965 (Canada, 1965). D'après ces rapports, il est évident que le groupe des experts manifestant un intérêt actif pour ces étude est, nécessairement, en train de s'élargir pour inclure non seulement des biologistes et des économistes-techniciens, mais aussi des psychologues, des éducateurs, des sociologues, etc.
La dernière partie de l'exposé principal prononcé au Symposium d'Ottawa par Marion Clawson (1965) montre l'importance de ces tendances: “Le problème des individus dans le cadre de la pêche se déplacera de plus en plus du poisson vers l'individu - comment éduquer, aider, guider et satisfaire au mieux l'homme disposant de loisirs et cherchant à pêcher. Ceci imposera inévitablement des charges nouvelles et différentes aux chercheurs comme aux gérants. Que l'on accueille ces changements avec plaisir ou qu'on les considère avec regret, les problèmes seront plus facilement résolus s'ils sont prévus et traités à mesure qu'ils se présentent.”
1 Deux échantillons de questionnaire sont fournis à l'Annexe B, p.83.
La planification de l'utilisation rêcréative des ressources naturelles est plus ou moins basée sur des estimations subjectives de l'offre et de la demande. Les méthodes d'évaluation suivantes traitent principalement des utilisateurs ou de la demande.
Il convient de souligner dès le début que la plupart des méthodes décrites sont fondées sur la théorie du comportement de la demande, mais que le terme “demande” est utilisé ici et dans les rapports à la place du mot “utilisation”. Les chiffres de présences sont utilisés pour des projections, des courbes de demande, etc. Ces chiffres sont des mesures d'utilisation où l'offre et la demande ne sont pas séparées (Stevens et Bollman, 1966).
Avant d'entreprendre une description et une évalution des différentes méthodes, il convient de répéter que les experts ne sont pas d'accord sur l'utilité des diverses méthodes. Comme on l'a dit plus haut, aucune méthode n'a été jusqu' à présent généralement acceptée. La description des méthodes ne peut être faite en détail, elles ne sont résumées ici que pour faire connaître leur existence au lecteur (voir aussi Section II).
- Méthode des dépenses brutes
Cette méthode sert généralement à mesurer les dépenses totales annuelles consacrées aux activités récréatrices ou à chaque déplacement. Le montant total est souvent divisé en frais de déplacement, d'équipement, et en dépenses sur place. La méthode est largement utilisée, et les résultats - la dépense totale - sont souvent impressionnants. L'Etude Nationale de la Pêche et de la Chasse aux Etats-Unis pour 1965 (USFWS, 1966; voir questionnaire) indique un chiffre total de dépenses de la part des pêcheurs sportifs de l'ordre de 3 milliards de dollars (dépense individuelle moyenne 103 dollars). La montant total se répartit comme suit en pourcentage; équipement auxiliaire, 26, 9 pourcent; équipement de pêche, 11 pourcent; appêts, guides et antres, 27,7 pourcent; nourriture et logement, 15,2 pourcent; transport, 14,7 pourcent; permis, 2,3 pourcent; droit de pêche, 2,2 pourcent (II.1.12).
Pour autant que le laissent entrevoir la documentation récente et les discussions avec les experts, cette méthode a une valeur limitée (Crutchfield, 1965a). Elle peut être utilisée pour évaluer les conséquences du développement ou de la baisse de la pêche sportive dans des sones localisées (Crutchfield, 1965,a,b) comme par example certains projets de tourisme. Elle est précieuse en tant que moyen d'indication des sommes dépensées pour différents types d'activités récréatives de plein air, mais il convient de se souvenir que les valeurs sont une fonction des méthodes utilisées et des types d'offre.
La méthode a été largement utilisée, mais les résultats ont eu très peu d'effet sur les décisions se rapportant aux gains primaires (Crutchfield, 1965,a,b). Il convient de mentionner certaines des restrictions les plus importantes:
La méthode ne fournit pas un accroissement net de valeur au-delà de ce que l'on trouverait en l'absence d'une occasion particulière de loisir ou d'un acoroissement dans une occasion particulière de pêche sportive. Ce n'est qu'un bénéfice net qui peut être comparé de façon significative avec les bénéfices nets découlant de l'utilisation concurrentielle de la terre et de l'eau (Knetsch, 1966; Crutchfield, 1965b).
La méthode ne réflète pas les changements d'opportunit récrêative, par exemple l'offre, en partie parce que les dépenses de présence ne différencient pas demande et offre, et ne réfléchissent pes le rapport prix-quantité, qui se trouve derrière les courbes de demande (Bollman, 1967).
Si nous utilisons seulement les données sur les dépenses brutes pour une évaluation du bénéfice primaire, nous pouvons en arriver à des conclusions aberrantes, telles que “plus le poisson est loin, plus il est difficile et coûteux d'y arriver, plus il a de valeur” (Crutchfield, 1965a).
A titre de conclusion, on peut dire que la méthode des dépenses brutes sera moins utilisée à l'avenir en raison de son application limitée aux études de profits nets et de la part qu'elle accorde aux définitions opérationnelles des méthodes utilisées et des types d'offre.
Les lecteurs intéressés par d'autres études peuvent consulter les parties adéquates de la Section II, des études de Crutchfield, 1965,a,b; 1962) et celles du groupe du Département de l'Economic Agricole, Station Expérimentale, Université de Californie, Berkeley (Bollman, 1967; Stevens et Bollman, 1966).
- Valeur marchande des prises de poisson
Cette méthode est fondée sur une hypothèse suivant laquelle la valeur récréative (la valeur “ressource”, etc.) est identique à la valeur marchande des prises de poisson (Knetsch et Davis, 1966).
L'hypothèse fondamentale suivant laquelle seul le poisson est l'objectif principal de l'activité ou du processus récréatif est trèe trompeuse (Clawson, 1965).
Quelques chercheurs estiment que la mesure de la valeur marchande attribue une valeur minimum à la ressource. Cette méthode est rarement utilisée indépendamment des autres méthodes. La valeur récréative appliquée, notamment, à un site particulièrement agréable dépasse de beaucoup la valeur de la chair du poisson (II.3.1).
On a également souligné que l'évaluation des prises est une méthode judicieuse et pratique lorsque l'on compare les profits de la pêche commerciale et sportive. Cela n'est évidemment pas vrai pour différentes raisons: l'une d'elles est illustrée dans l'hypothèse décrite ci-dessus; une autre repose sur le fait que les produits de la pêche sportive ne sont généralement pas commercialisés (Knetsch et Davis, 1966).
Pour ces raisons, il n'est pas judicieux d'utiliser un multiple de la valeur marchande en établissant, par example, qu'une prise commerciale de 1.000 dollars représente une valeur récréative de 10.000 dollars.
- Coût de création (Generation cost)
Sur la base de cette méthode, la valeur de la ressource récréative est considérée égale au coût de génération ou à un multiple de ce coût.
C'est là une méthode très étrange, et d'une utilisation restreinte dans le domaine de l'évaluation économique. Elle est limitée notamment en ce qu'elle ne tient compte ni de la dépense du consommateur ni du fait qu'il est prêt à encourir la dépense. Il est inutile d'évaluer la perte d'occasions récréatives ou les effets de projets ou d'investissements alternatifs (Knetsch et Davis, 1966).
- Valeur marchande du terrain de pêche
Ce type d'évaluation revêt des formes variées. Les frais ou valeurs unitaires fondés sur le coût net ou les recettes réalisées sur les fournitures sont multipliés par le nombre réel ou estimé de présences. Cette méthode est utilisée pour évaluer les activités récréatives, au niveau fédéral, aux Etats-Unis (White, 1965; II.2.9). On y retrouve la relation prix-qualité des courbes de l'offre et de la demande ainsi qu'une évaluation fondamentale de la qualité de l'eau aussi bien qu'une valeur unitaire convenable. Par exemple, des indications techniques sont données dans le Document No. 97, Supplément 1 du Sénat des Etats-Unis d'Amérique (White, 1965), où nous pouvons lire “En l'absence total de prix du marché, la valeur de certaines activités récréatives peut être déduite ou estimée sur la base d'un marché fictif tenant compte de toutes les considérations opportunes, y compris les frais que les individus s'adonnant à cette activité sont disposés à encourir, ainsi que de toutes les dépenses effectivement encourues par les utilisateurs d'installations comparables ou encore sur la base de frais alternatifs dûment justifiés”.
Ces directives sont considérése comme transitoires. Une discussion de ces problèmes figure au paragraphe II.2.9 et dans une communication de Stevens et Bollman (1966).
L'une des formes prises par cette méthode consiste dans l'évaluation d'une ressource sur la base de sa valeur marchande à la criée ou sur toutes sortes d'offres. Ce type d'évaluation est le plus fréquent en Europe et au Canada (Spargo, 1965) et s'applique sans doute davantage à la chasse qu'à la pêche.
Cette méthode se fonde entièrement sur le principe économiquement valable de la “volontéde payer” pour une activité récréative et pour les activités connexes.
Certaines objections sont parfois avancées, ainsi le marché récréatif ne serait commercial que dans une faible mesure. Cela est vrai tant pour les propriétés de l'Etat que de particuliers. Les deux régimes ne sont pas toujours comparables et les valeurs appliquées dans le domaine privé ne sont pas toujours utilisables dans le domaine public (Knetsch et Davis, 1966).
Les valeurs unitaires ne sont pas suffisamment sensibles par rapport aux importantes variables de distance (distance entre consommateur et ressource) et aux variations de qualité (Knetsch et Davis, 1966).
- Méthodes directes et indirectes fondées sur la volonté de payer
Ainsi qu'on l'a vu pour la méthode tenant compte de la valeur marchande des lieux de pêche, l'objectif principal de l'évaluation réside dans l'étude du profit net et dans la mesure de la volonté de payer démontrée par les consommateurs de services récréatifs en plein air, comme si ces consommateurs se procuraient les services d'un marché ouvert.
Ce que nous cherchons à mesurer pour constituer la base de nos décisions de programme ce sont les desiderata concomittants et futurs, en termes statistiques, de la superficie limitée par la courbe de demande.
Deux séries de méthodes d'évaluation ont été mises au point - les méthodes directes et indirectes.
(a) Méthodes directes
Les consultations et enquêtes sont des méthodes directes destinées à établir la volonté de payer pour obtenir des services récréatifs en plein air comme la pêche sportive. En général, différentes variables importantes sont examinées: revenus, âge, structure familiale et répartition des dépenses. Nous citerons la description de Knetsch et Davis (1966): “L'importance de la méthode de consultation pour mesurer des bénéfices récréatifs résids essentiellement dans le fait que par une conception appropriée de l'enquête il nous est possible d'obtenir des informations sur le maximum que des individus recherchant une activité récréative sont disposés à payer pour ne pas être privés de l'utilisation d'un domaine donné, quel que soit l'usage qu'ils en font”.
Le problème, qui a été mentionné ci-dessus, consiste à mette au point des méthodes suffisamment précises (le prix rapporté est-il asses proche du prix que l'on accepte effectivement de payer?) et permettant des prévisions valables (les variables mesurées présentent-elles une corrélation avec les variables du comportement récréatif, choix du site, fréquence de la présence, etc?).
Jusqu'à une date récente, les économistes ont affiché un certain scepticisme quant à la méthode directe (Crutchfield, 1965b), mais des études, effectuées notamment par l'équipe de Davis “Resources for the Future, Inc.” (Annexe A) ayant donné des résultats prometteurs, leur attitude est devenue positive. Le Département canadien des Pêcheries (Spargo, 1965) a également apporté une importante contribution à cet égard.
On trouvera notamment ches Davis (1963) et Knetsch et Davis (1966) des exemples détaillés concernant les techniques appropriées1. Le rapport de Knetsch et Davis donne une intéressante comparaison entre mesures directes et indirectes.
La discussion relative à l'utilité des méthodes directes pour la mesure des activités récréatives n'est ouverte que depuis quelques années. Il est difficile et peut-être prématuré de la récapituler. Toutefois, nous reproduisons ci-dessous les principaux arguments avancés. Le lecteur intéressé trouvera de plus amples détails dans la Section II du présent rapport et dans la documentation proposée.
La méthode étant destinée à mesurer la volonté de payer ainsi que le profit net, elle repose sur une base théorique saine. Elle est toutefois limitée par les éléments suivants:
- elle est plus onéreuse que la méthode indirecte;
- elle ne permet pas de distinction précise dans les cas d'usage multiple, d'alternative, etc. (Crutchfield, 1965a);
- elle sous-estime systématiquement la contribution économique effective du poisson, du gibier et les activités qui leur sont associées (Crutchfield, 1965a) (incidemment, cela s'applique aussi à la méthode indirecte); enfin,
- elle ne permet pas de distinguer clairement l'offre de la demande lorsque les chiffres sont utilisés aux fins de projection.
Ce problème, dit d'identification, concerne toutes les méthodes (Bollman, 1967).
Pour ce qui est du dernier problème signalé, il convient de mentionner une discussion conduite par Knetsch et Davis (1966). A leur avis, aucune méthode existants ne permet de mesurer la demande optionnelle (c'est-à-dire la demande d'individus qui ne sont pas actuellement consommateurs ou qui ne consomment pas présentement autant qu'ils envisagent de consommer et qui, par conséquent, accepteraient de payer pour assurer la disponibilité continue des produits) ni l'effet occasionnel (qui dérive des augmentations imprévisibles provoquées par des méthodes nouvelles ou par l'amélioration des possibilités de participation à une activité récréative, ce qui permet de faire connaître aux consommateurs des séries nouvelles et différentes de possibilités auxquelles ils pourront s'adapter à la suite d'un processus de formation). Ce dernier a été analysé par Bollman lors de sa discussion sur la formation des goûts en tant qu'élément de la théorie dynamique de la demande. Les réponses à de nouvelles opportunités comme le ski, la pêche au trident, la luge motorisée (snowmobile), etc., sont comparées à la dissemination d'une maladie contagieuse. Le modèle épidémique suggère que la croissance est de type sigmoïde plutôt que linéaire.
(b) Méthodes indirectes
Les méthodes indirectes utilisent la variable de distance, c'est-à-dire la distance d'un voyage, ou les frais de voyage encourus par des visiteurs ayant parcouru des distance variables et tenant lieu de prix ou de dépenses, la fréquence de ces visites de la part de voyageurs vivant dans des régions ou zones données. Des fonctions de la “demande” sont établies compte tenu de l'hypothèse suivant laquelle la variable représentant le coût du voyage est étroitement liée au rapport de coût-fréquence. En d'autres termes, les valeurs de frais de voyage sont utilisées pour simuler un système de prix et de présence (fonctions de “demande”).
Les méthodes indirectes ont été largement utilisées, notamment du fait qu'elles sont plus simples et moins onéreuses que les méthodes directes.
Le modèle de mesure se fonde sur des suggestions de Hotelling mais c'est principalement Marion Clawson qui a mis au point la technique relative à la région récréative (Bollman, 1967). Les travaux de Brown, Singh et Castle sur la pêche sportive sont fréquemment cités et recommandés (Brown et al., 1964).
La lecteur intéressé est invité à se référer à la Section II du présent rapport et aux articles de Spargo (1965), Crutchfield (1965b), Knetsch et Davis (1966) et Scott (1965).
La méthode indirects consiste en un modèle simplifié fondé sur deux facteurs et comportant de nombreuses limitations du fait qu'elle tente en réalité de réfléter un processus complexe. Elle est toutefois particulièrement appropriée à la chasse et à la pêche pour lesquelles les courbes de demande sont probablement plus exactes que pour des activités récréatives complexes (Crutchfield, 1965b).
Parmi les principales limitations, il convient de noter:
- la distance et la durée du voyage traduites en termes économiques. Cela implique l'hypothèse que “tous les utilisateurs de la ressource dans toutes les régions sont indifférents su temps mis et au plaisir ou au désagrément lié au voyage lui-même” (Crutchfield, 1965b).
Il convient de noter que la valeur économique du tempe varie systématiquement avec le revenu et le type d'occupation (Scott, 1965).
Crutchfield (1965b) suggère que des informations complémentaires devraient être fournies sur les caractéristiques socio-économiques de la population actuellement et potentiellement disponible pour un site donné, et notamment sur le groupe de revenu et sur les occupations. Il souligne en outre que si l'on fait abstraction des utilisations alternatives (coûte relatifs aux occasions de temps), les résultats constitueront un surestimation de l'élastioité de la demande et une sous-estimation du produit maximum net de la pêcherie.
Il convient également de rappeler que la place accordée dans le présent modèle aux différences de qualité (profit réoréatif) et à la valeur physique de l'objet fourni est faible. Le principal critère étant celui du plaisir dérivé de l'activité il importe de connaître les préférences du consommateur en matière de qualité et de disponibilité de pêcheries sportives. Aux fins d'évaluation économique, il est par conséquent nécessaire de connaître les coûts comparés de différents niveaux de services, dans l'ordre des préférences.
Le problème du choix différents sites de pêche présente une certaine importance pour le bénéfice de chaque propriétaire de ces terrains. Si l'on dispose de deux terrains situés à la même distance, de la même qualité - les pêcheurs sportifs étant parfaitement informés de ces deux aspects - le revenu et le nombre de pêcheurs présents sera pour chacun des deux sites la moitié de ce qu'il serait pour un seul site présentant ces caractéristiques. Si l'on constate des différences entre les sites, la répartition des présences variera.
Le modèle de Clawson (Spargo, 1965) indique que la valeur d'une sone de pêche sportive peut être déterminée en évaluant le bénéfice maximum qu'un propriétaire unique pourrait en tirer. Le montant du droit peut être déterminé en fonction du revenu maximum.
D'après Spargo (1965), la méthode de Clawson serait valable dans les cas suivants:
lorsqu'aucune autre alternative n'existe;
lorsque des alternatives existent, mais que le droit perçu est le même;
lorsque des alternatives existent, mais que les pêcheurs sportifs étrangers (visiteurs) n'en ont pas connaissance;
lorsque le nombre d'alternatives est si limité et leur capacité si restreinte que l'afflux de pêcheurs sportifs, qui avaient l'habitude de pêcher dans la région devenue propriété privée, influe défavorablement sur la qualité de la pêche sportive dans ces domaines alternatifs.
La Méthode des zones alternatives est complémentaire du modèle de Clawson. Il s'agit d'une méthode indirecte qui n'a pas été fréquemment utilisée pour l'évaluation des profits récréatifs. Le principe fondamental en est identique, celui qui est appliqué pour l'évaluation des bénéfices primaires (notamment pour les projets concernant l'énergie hydro-électrique), et permet d'évaluer la différence des coûts de production par deux moyens différents mais voisins. Il s'agit d'une méthode orientée vers la prise de décisions, du fait qu'elle satisfait le besoin qu'ont les administrateurs prenant une décision de disposer de données sur des alternatives possibles, compte tenu de certaines priorités.
L'une des études les mieux connues a été faite par Ullman et Volk (1962). Ils ont éprouvé certaines difficultés à prévoir le nombre d'individus présents, ainsi que le profit devant provenir d'une nouvelle zone de réservoir. Conformément à une technique d'étude, ils ont examiné le cas des individus fréquentant les terrains de pêche les plus éloignés et ont cherché à déterminé dans quels cas les individus se dirigeraient vers le nouveau réservoir. Ils ont déterminé le profit, tant sur la base des frais de voyage que de l'économie sur la durée du trajet.
Il est évident que cette méthods a ses limitations, qui sont en général valables pour toutes les méthodes indirectes. Elle présente toutefois une certaine utilité àl'occasion d'une programmation d'ensemble pour une région donnée, destinée à bénéficier de plusieurs projets récréatifs. Elle peut également permettre de déterminer la limite maximum des valeurs eécréstives. La valeur estimative d'un projet ne peut excéder le coût des mêmes avantages fournis ailleurs.
Les lecteurs intéressés pourront utilement se référer à Spargo (1965).
Les nouvelles données publiées aux Etats-Unis, notamment les études de l'ORRRC (1958–62) ont eu un effet intéressant dans de nombreux domaines. L'administration fédérale et celle des Etats ont été réorganisées, les évaluations du Congrès ont varié, de nouvelles institutions ont étécréés, les instructions pratiques et les définitions ont été adaptées aux faits nouveaux et les activités sur le terrain à l'échelon local ont été intensifiées.
On trouvera ci-après un certain nombre d'exemples. D'autres exemples, plus détaillés, figurent à la Section II du présent rapport. Le rapport du Symposium d'Ottawa (Canada, 1965) ainsi que différents numéros du SFI Bulletin1 sont recommandés à l'attention du lecteur intéressé.
1 The Sport Fishing Institute, 719-13th Street, N.W., Washington DC, 20005
La pêche sportive, ainsi que d'autres activités récréatives, a été considérée comme une activité privée; la formation des goûts et des niveaux d'activité étant fonction des revenus, des habitudes sociales et de l'intérêt. Les problèmes importants liés aux impératifs sociaux, l'équilbre en matière d'utilisation des ressources et la planification de l'offre et de la demande n'ont pas été reconnus tant que les données relatives à la structure et aux tendances en matière d'activités de plein air n'ont pas été compilées.
Le matériel impressionnant publié par l'ORRRC et d'autres institutions a affecté tous les groupes en cause. L'évaluation et la politique ont évolué au niveau du Congrès et des Ministères. Le feu président Kennedy a vivement encouragé les activités récréatives en plein air dans aes commentaires au Congrès relatifs au Projet de Budget pour 1963 (Norling, 1968).
Lors de la réunion de la “Golf States Marine Fisheries Commission”, tenue en Florida en 1962, Thomas Rice (Etats-Unis), l'un des meilleurs experts du “Fish and Wildlife Service”, a déolaré que jusqu' alors l'Administration des Pêches avait été orientée presqu' uniquement vers la pêche commerciale dans les domaines de l'administration, de l'économie, de la législation et de la recherche. Les nouvelles données fournies par l'ORRRC sur la pêche sportive ont complètement modifié les choses et rendu indispensable la réorganisation de tout le système (II. 2.23).
Dans le Rapport No. 24 de l'ORRRC sur l'étude économique des activités récréatives en plein air, on trouve des exemples dont il ressort qu'une planification convenable en matière d'offre, de règlements et de matériel, permet un profit considérable dans les régions disposant de bonnes eaux piscicoles (II. 1.7, II.2.22). La programmation des activités récréatives dans ce genre de région est difficile, du fait que les aspects économiques et sociaux doivent être pris en considération. On note fréquemment que malgréun besoin pressant de revenus, les groupements locaux opposent une certaine résistane à l'utilisation économique et rationnelle de leurs ressources aquatiques. Certains sont d'avis notamment que les désagréments sociaux dépassent le profit économique. Dans la Section II on trouvera un example intéressant et important concernant l'utilisation à des fins récréatives de la Réserve Indienne de Fort Apache (II.2.22).
Le modèle de programmation établi a pour effet une importante activité récréative, des recettes importantes pour la tribu, du travail et des responsabilités pour les membres de la tribu, activités conformes aux coutumes, aux habitudes et à la philosophie de vie de la tribu.
La connaissance des modèles de programmation tenant compte de ces aspects sociaux sera nécessaire pour la programmation des ressources récréatives de l'Europe, par exemple en Laponie (Scandinavie septentrionale), en Irlande, dans différents Etats d'Europe orientale et dans d'autres parties du monde (Scudder, 1966). Des considérations similaires pourraient être appliquées à l'occasion d'un passage éventuel de la pêche commerciale à la pêche sportive dans les eaux intérieures et côtières.
La Section II du présent rapport et de nombreuses références de Dill (1964) montrent que la pêche sportive est très prometteuse dans le domaine de l'industrie touristique. La demande est en augmentation rapide (II.3.6), de nombreux individus s'adonnent à la pêche sportive ou souhaitent s'y adonner (U.S.1962c) et l'on note un désir certain de payer pour avoir l'occasion de pêcher. En outre, les rentrées nettes de devises étrangèles sont importantes pour les pays susceptibles de satisfaire des pêcheurs étrangers.
Il ressort des statistiques américaines que 75 pourcent des touristes américains se rendant au Canada souhaitent pêcher (U.S. 1962o). Une somme considérable d'argent est dépensée par des touristes passionnés de pêche dans des pays comme la Norvàge, l'Irlande (II. 3.6) at la Yougoslavie (comm. pers.).
Dans des communications relatives à la pêche sportive ou commerciale, on trouve de nombreuses descriptions de pêcheurs commerciaux ayant servi de guides à des pêcheurs sportifs et utilisé leurs bateaux pour la pêche à la ligne en mer.
Ainsi qu'on l'a vu précédemment, les informations manquent en Europe sur les structures et tendances relatives aux touristes intéreseés à la pêche.
Les avantages économiques et sociaux de la pêche commerciale sont asses bien connus. La concurrence croissante pour les ressources halieutiques entre la pêche commerciale et la pêche sportive laisse prévoir un conflit sérieur, avec tous les désagréments politiques et émotionnels que cela comporte. Les pays en cause, désireux de porter au maximum l'utilisation des ressources naturelles en faveur de leur société, ent l'obligation morale d'évaluer avec précision leurs pêches intérieures. Des mesures objectives ont été effectuées dans certains cas et la pêche sportive a souvent produit des bénéfices nationaux ou locaux supérieurs à ceux de la pêche commerciale. C'est le cas pour la pêche du saumon au Canada oriental (II.3.1), la pêche de la truite et du saumon en Angleterre et en Ecosse (U.K. MAFF, 1961; U.K., 1965; II.3.2, II.2.11) et dans une large mesure pour les pêches intérieure et côtière aux Etats-Unis (U.S. 1962c; Crutchfield, 1965a; II.3.5, II.2.12).
Le problème de l'évaluation devient de plus en plus important à mesure que la demande d'activités récréatives augmente et que les pêches commerciales intérieures et côtières dans certains pays européens deviennent peu rentables, ou que ces pêcheries disparaissent entièrement du fait de la pollution croissante.
Les problèmes sont internationaux, ainsi qu'il ressort du passage suivant de Knetsch (1966): “Il semble évident que si la demande en services récréatifs de plein air qui apparaît dans le comportement des consommateurs américains est effective, et les preuves à l'appui suggèrent qu'il en est ainsi, le bien public sera mieux servi si l'on utilise l'eau non à des fins secondaires, mais en vue d'activités récréatives. Cette dernière utilisation est en train de prendre une valeur do plus en plus élevés. Toutefois, avant d'en venir à de telles décisions, il convient d'établir convenablement ces valeurs”.
Les conditions de la pollution changent rapidement. Toutes les formes d'utilisation de l'eau, y compris la pêche sportive en seront affectées. Les problèmes en cause sont très complexes. Jusqu'à présent, les études consacrées à la pêche sportive et à la pollution ont été peu nombreuses. Deux études importantes ont cependant pu être rapportées ici. L'une concerne les effets de la pêche sportive sur les conditions de pollution; l'autre, au contraire, est consacrée aux effets de la pollution sur la pêche sportive.
A l'occasion de l'examen d'un réservoir de 283 ha à usage domestique dans le Missouri (Etats-Unis), on a trouvé qu'une gamme étendue d'activités récréatives intensives n'affecte nullement la santé publique en souillant l'eau potable (Roseberry, 1964). On a noté pour la période 1958–60 une moyenne annuelle de 291.000 visiteurs. Pendant l'été, environ 22 pourcent se sont contentés d'admirer le panorama, 19 pourcent ont pris part à des pique-niques, 16 pourcent ont pratiqué la natation, 14 pourcent la pêche, Il pourcent le canotage, 6 pourcent le camping et 4 pourcent le ski nautique (8 pourcent sans activités connues).
Dans une autre étude (Stevens, 1966), des méthodes ont été mises au point en vue d'établir la relation entre les résultats obtenus par les pêches à la ligne et la valeur récréative de la pêche sportive. Les résultats obtenus par les pêcheurs, traduits en unité d'effort, ont été examinés pour trois types de pêcheries sportives à Yaquina Bay, dans l'Oregon. On a trouvé qu'une augmentation de 10 pourcent des résultats de la pêche du saumon produirait à longue échéance une augmentation de quelque 10 pourcent de l'effort de pêche. Pour le poisson de fond comme la perche de mer et la limande étoilée, Il a été noté que l'effort de pêche répond moins directement aux variations des résultats.
Le traitement des données par Stevens est particulièrement intéressant. Par exemple, des “fonctions de la demande et l'élasticité du taux de prise pour chaque pêcherie ont été utilisées en vue d'établir la baisse de valeur économique nette liée à une réduction des résultats de la pêche provoquée par la pollution. Cette méthods pourrait également a'appliquer à l'évaluation des mesures aptes à accroître les résultate de la pêche à la ligne, comme les investissements dans des aleviniers”. (II.2.19)
Dans la programmation à long terme des activités récréatives en plein air, les lacs artificiels joueront un rôle important. L'ORRRC a reconnu ce fait et, après évaluation, des plans détaillés ont été mis au point en vue d'une utilisation intensive et de la création de lacs artificiels destinés aux activités récréatives (II.2.12). L'utilisation convenablement programmée des lacs artificiels peut produire une quantité appréciable d'effets récréatifs, mesurés par exemple en termes de pêcheur-jour/ha. Les dépenses sont élevées et peuvent constituer une importante source de revenue pour les propriétaires individuels et les terrains locaux (II. 1.7).
De nombreux rapports ont été publiés sur la planification des étangs de ferme et sur les petits et grands réservoirs. L'essentiel de la discussion figure dans un certain nombre de résumés reproduits dans le présent rapport (II.2.21).
Les recherches relatives à la gestion des activités récréatives dans les lacs artificiels présentent une importance considérable. Le principe de l'usage multiple a été développé et mis au point. La pêche pendant toute l'année, conformément à une règle admise tout au moins pour les espèces des eaux chaudes, se fonde sur des recherches écologiques dans les vastes réservoirs à usage multiple de l'administration de la Tennessee Valley Authority (Stroud, 1966). Divers principes de répartition en zones ont été mis au point en vue de résoudre les conflits relatifs à l'utilisation des eaux à différentes fins récréatives; ces principes ont trait à la superficie, à l'époque ou à une combination de ces éléments de l'utilisation. L'utilisation à des fins récréatives des eaux à usage domestique n'est pas dangereuse pour la santé publique si elle a fait l'objet d'une planification satisfaisante (4.4 et Roseberry, 1964). La production annuelle de loisirs, pêcheur-jour/ha, par exemple, peut être très élevée compte tenu des principes modernes de gestion et l'on rapporte des prises de 190 kg par ha et le chiffre de 1.086 parties de pêche par ha (Stroud, 1966).
Les loisirs en plein air constituent une activité importante et en plein essor, et la pêche sportive est l'un de leurs principaux éléments. Elle présente une valeur élevée du point de vue de la santé physique et mentale et bénéficie d'un appui considérable dans la planification empirique au niveau étatique.
Les dépenses liées à la pêche sportive sont considérables et constituent une importants source de revenu pour les propriétaires des superficies d'eau naturelles ou artificielles, allant des étangs de forme aux réservoirs.
La pêche sportive en tant que forme d'utilisation de nos eaux gagne une place de plus en plus considérable parmi les principaux usages possibles de l'eau: usage domestique, usage industriel comme l'évacuation des eaux usées et la production d'énergie hydro-électrique, pêche commerciale et autres formes d'utilisation à des fins récréatives telles que la natation et le canotage. Dans certains pays, lorsque les conditions sont favorables (présence de poissons, distance, etc.), la pêche sportive est fréquement plus importante que la pêche commerciale (du point de vue économique et social) dans l'utilisation des eaux intérieures et côtières, qu'elles soient naturelles ou artificielles. Dans plusieurs cas, néanmoins, les pêches sportive et commerciale peuvent coexister avec succès.
L'un des principaux objectifs de l'initiative de la CECPI, en encourageant l'évaluation économique de la pêche sportive est de fournir aux personnes intéressées une quantité suffisante d'informations aptes à promouvoir une meilleure compréhension des problèmes et à diriger l'action dans la bonne voie.
Il me semble qu'il est nécessaire de poursuivre ces travaux et de proposer un programme qui assurera la circulation des informations destinées aux pays membres. Le programme est divisé en trois parties: documentation, recherche, et coordination.
Un Centre d'Information devrait être organisé pour la région européenne, en collaboration avec les chercheurs nord-américains, de préférence au sein du Secrétariat de la CECPI, afin d'aider les pays members sur divers sujets, tels que la méthodologie, les bibliographies pour projets spéciaux, et d'encourager les échanges entre les experts.
Afin d'assurer le bon fonctionnement de ce Centre d'Information, il est suggéré que:
un groupe de travail devrait, d'une façon continue, rassembler des données sur l'évaluation des ressources en matière de pêches du point de vue socio-économique tant commerciale que sportive, identifier toute documentation y relative, préparer des résumés;
des réunions devraient être organisées avec l'aide des experts nord-américains pour faciliter les échanges de vue et de données expérimentales;
un Bulletin d'Information, semblable au Sport Fishing Institute (SFI) Bulletin (Etats-Unis), ou une section d'un journal similaire, devrait être réservé à la vulgarisation de la documentation au fur et à mesure de son identification;
des contacts devraient être établis avec des organisations européennes intéressées, telles que les organisations de pêche sportive ou de tourisme, et en particulier avec la Confédération Internationale de la Pêche Sportive (CIPS);
une méthode d'évaluation simplifiée devrait être définie, afin de faciliter la collection de données standard et comparatives.
La recherche et les travaux sur le terrain devraient être encouragés d'une façon générale et, en particulier, dans le domaine des sciences “behavioristiques” (économic, sociologie, psychologie, etc.) où les connaissances sont moins avancées dans l'étude de la récréation et de la pêche sportive. Une équipe “multi-discipline” composée de biologistes, techniciens et sociologues devrait être organisée, afin de poursuivre les recherches et développer des modèles de planning.
Les études ultérieures sur la pêche sportive en Europe devraient être coordonnées avec les autres études économiques de récréation en plein air dans le planning à usage multiple, les études de pêches commerciales, les études sur les autres usages de l'eau, les études d'aménagement et de planification et les études de lacs de barrage.
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