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VI. EXERCICES DE LA MARP SUR LE TERRAIN.

L'atelier de KAOLACK a pu recevoir, comme dit plus haut, des responsables de services régionaux ou de projets qui ont présenté des thèmes et des villages susceptibles d’accueillir les exercices MARP. Ainsi Modou SENE, Agro-pédologue de l ‘Institut sénégalais de Recherche Agronomique, l’ISRA à KABACOTO a expliqué le processus cyclique qui est à l’origine d’une baisse de la production. Un dispositif de recherche a été mis en place pour la sensibilisation et l’obtention d’un appui et la participation les paysans.

D leur côté, Younouss M’BALLO et. Mandian WALY de Ia SODEVA (Société de Développement et de Vulgarisation Agricole) ont présenté les structures du village de Keur Coumba Daga, avec ses 300 habitants environ. L’approche de la SODEVA consiste à trouver des paysans volontaires pour la démonstration des nouvelles technologies concernant le maraîchage, une activité assez développée dans la localité. 

Bocar DIAO de PAGERNA a quant à lui. souligné la démarche du projet qu’il coordonne. Celle-ci consiste à apporter un soutien aux structures d’auto-promotion paysanne avec, comme partenaires les différents groupements paysans. L'approache participative est adoptée dans cette démarche. Le projet intervient dans des villages situés dans les régions de Kaolack et de Fatick.

Enfin, Ibrahim NABI TOURE a présenté le projet SCOF dont l’objectif est d’envoyer á 1 école les filles en âge de scolarisation et de les y maintenir. Les contraintes auxquelles le projet fait face sont â la fois économiques, sociales, religieuses, institutionnelles, etc. La situation de la communauté rurale de Thiaré est particulièrement préoccupante car I augmentation récente du taux de scolarisation des filles ne l’a nullement affectée du fait de la résistance développée par des maîtres d’écoles coranique hostiles á l’école francophone. Thiaré est un centre religieux, avec notamment I’implantation de plusieurs marabouts.

Le choix d’une MARP appliquée á la Radio Rurale s’est porté sur le village de Keur Coumba Daga encadré par la SODEVA, pour l’utilisation de la Radio comme outil d’évaluation.

PREPARATION DE LA SORTIE DE LA RADIO RURALE A KEUR COUMBA DAGA: 5. 4. 96.

Sa préparation a nécessité l’inventaire des outils de la MARP d’un côté, puis ceux de la RADIO RURALE de l’autre pour finalement déterminer les similitudes entre les deux, comme illustré sur ce tableau synoptique:

N B : A chaque outil présenté pour la MARP correspond à peu près son équivalent en Radio Rurale. Cette présentation est également intéressante du fait qu’elle met en valeur des outils de la MARP qui peuvent être utilisés par la Radio Rurale et inversement. 

L’autre spécificité à souligner est la typologie de Radio ainsi que les genres de MARP qui peuvent leur convenir comme moyen d’enquête sociale. Ainsi:

Genre de Radio Rurale Genre de MARP Radio Rurale
La Radio Rurale centrale carte de ressource carte sociale l’ISS, transect, focus groupe Exploratoire Centrale, régionale et locale
La Radio Rurale régionale l’ISS, profil historique, le transect, focus groupe Thématique Sortie sur le terrain (prospection)
La Radio Rurale locale L' ISS, profil historique, le transect Suivi- évaluation Evaluation du milieu

L’observation générale ici est que la Radio rurale centrale peut utiliser toutes les trois MARP, alors que par exemple la radio rurale locale n’aura pas besoin de MARP exploratoire. 

La préparation de la sortie  pour l’application de la MARP sur le terrain a nécessité encore une fois le recours à un responsable de l’Institut Sénégalais Recherche Agronomique, c.à.d. 1’ ISRA, M. Modou SENE, en compagnie de l’un de ses collaborateurs, M.Papa Serigne SALL, des encadreurs de la localité de Keur Ndiankou choisis par le groupe pour l’expérimentation de la MARP. Cette descente a permis non seulement de visualiser sur le terrain les méthodes apprises en théorie, mais également de compléter les connaissances sur l’enquête-recherche dans le domaine d’intervention de l’ISRA, avec comme toile de fonds l’implication des populations bénéficiaires.

EXPLICATION DES INTERVENTIONS DE L’ISRA A KEUR NDIANKOU

Les spécialistes de l’ISRA ont fait un exposé sur la localisation de la zone d ’action.C’est à une trentaine de km de KAOLACK, une zone de 611Km2 avec 23 villages, dont le plus petit a 150 habitants, et le plus gros 1600 habitants. Sur le plan ethnique, ce sont des wolofs de la famille des TOURE. Le personnage le plus important est El hadji Katime TOURE. Sur le plan pédologique, ce sont des sols tropicaux délavés, avec par endroits des cuirasses qui effleurent.

L’objectif de l’intervention de l’ISRA à cet endroit est la protection du patrimoine foncier, grâce notamment à la lutte contre l’érosion. Mais les paysans ne seraient pas spontanés à venir creuser en amont des sillons anti-érosifs, craingant que ceux-ci ne soient pas placés dans leur domaine foncier. L’ISRA y a pourtant conçu d’autres moyens de lutte contre l’érosion, comme la plantation des haies vives notamment. La population est également constituée en groupements d’intérêt économique, ou GIE, basés sur les ressources naturelles disponibles localement. Le Président du groupement est Moussa TOURE. L’ISRA mise sur la régénération du milieu naturel actuellement dégradé très fortement. Les réalisations de L’ISRA se font grâce au compromis avec la population; et cela marche. On note également que le Marabout joue un rôle extrêmement important, en tout cas incontournable dans la vie sociale des populations. D’autres personnes indiquées pour leur influence dans le milieux seraient les frères El hadji Moussa et El hadji Kati.

Les méthodes MARP appliquées dans ce cas sont : le profil historique, la toponymie, le transect, le diagramme de Venn, ainsi la carte des ressources; un travail qui a pris toute une journée avec l’avantage de la participation de tout le monde. On a pris en compte également que c’est une zone islamisée, et que par ailleurs il fait très chaud dans cette région. D’où l équipe est partie très tôt le matin, c.à.d. vers 5 heures et demi afin de réellement arriver à réaliser les différentes méthodes MARP proposées. Le groupe, qui était composé d’une douzaine de personnes, s’est restauré sur place dans une famille qui avait reçu une somme de la part de l’équipe afin de préparer le repas de midi. Par ailleurs, le responsable de l’ISRA avait remis aux participants un exemplaire manuscrit de la monographie qu’il avait déjà faite sur la région dans laquelle I’équipe allait travailler.

ORGANISATION ET DISTRIBUTION DES ROLES SUR LE TERRAIN

Horaire : 04 H 30 Levée
05 H 00  Petit déjeuner
05 H 30 Départ de l’hôtel pour Keur Ndiankou
08 H 00 Salutations
08 H 30 Travail sur le terrain
14 H 00 Repas
14 H 30/15H00 Prière de vendredi (musulmans)
15 H 00 Reprise du travail
Soir  Retour de Kaolack

Après la mise au point et l’horaire, c’est la distribution des tâches; mais d’abord la fixation des objectifs, des outils et du guide d’entretien pour la descente sur le terrain. 

Objectif principal : connaissance des ressources naturelles et humaines du site, en utilisant différents outils de la MARP.

Ainsi, pour la connaissance du milieu humain, on utilisera le diagramme de Venn et le profil historique; tandis que pour la connaissance des resscurces naturelles, on utilisera la transect et la. carte des ressources. Le thème central est bien entendu l’érosion des sols.

A la fin de l’identification du guide d’entretien sur les quatre méthodes à employer, on a procédé à la répartition effective des rôles suivants : la traduction et le protocole (confiés aux natifs qui connaissent la langue du pays), la prise des notes en vue de la restitution au groupe, l’animation générale de la descente sur le terrain, notamment en posant des questions à la population, la traduction des propos de part et d’autre entre la population et l’équipe MARP. Puis concrètement au niveau du travail technique sur le terrain, il a été désigné celui qui devait prendre le profil topographique et la pédologie des champs et des réserves, un autre devait prendre des notes sur l’élevage et la faune sauvage, un autre a été désigné pour relever les infrastructures rencontrées sur place, un autre s’est occupé de noter sur le système foncier, et enfin deux personnes ont été désignées pour noter les problèmes rencontrés sur le terrain et les solutions préconisées pour les résoudre. Cette distribution des tâches est valable pour la réalisation du transect.

Quant au profil historique, l’animateur principal de la méthode a travaillé avec un preneur de note désigné; même chose pour la réalisation de la carte des ressources. 

RESULTATS DE LA SORTIE SUR LE TERRAIN A KEUR NDIANKOU SOUS FORME DE TRANSECT : 5.4.1996
Thème : Application des outils de la MARP 
   
                 (DIAGNOSTIC PARTICIPATIF).

COMMENTAIRES SUR LE TRANSECT

Il ressort de cette expérience que pour la MARP, la variable langue locale est importante. Par ailleurs, il s’est avéré difficile de faire le transect et réaliser des interviews en même temps; c’est à dire après avoir étudier une zone ou un thème, s’arrêter et faire des interviews sur le thème avant de reprendre le transect; cela demanderait beaucoup de temps et serait plus qu’ardu. En revanche, on peut se référer au travail fait lors du transect pour identifier des thèmes de magazines radio ou pour réaliser des magazines sur les différents aspects du village (topographie, sols, eau,  végétation, système foncier, problèmes sociaux) . D’autre part, on s’est rendu compte qu’il était possible de faire le transect pendant la prospection.

RESTITUTION DU PROFIL HISTORIQUE SUR KEUR NDIANKOU

ORGANISATION DE LA SORTIE DE KEUR COUMBA DAGA : 8.4.1996.

Le choix de cette deuxième sortie sur le terrain s;’est porté sur le village de KEUR COUMBA DAGA. C’est ainsi que le groupe s’est rendu dans la matinée dans ce village situé à une vingtaine de kilomètres de Kaolack. Alors que la première sortie, celle effectuée au village de Keur Ndiankou avait permis d’utiliser certains outils de la MARP et de réfléchir ensuite sur leur exploitation par la Radio Rurale, cette deuxième sortie avait pour objet d’adapter des techniques d’inspiration “marpienne” à la Radio Rurale : le dialogue entre les populations et les experts, et la reconstitution du diagramme de Venn par l’interview semi-structurée d’ informateurs.

Keur Coumba Daga est un village où. se pratique le maraîchage avec l’encadrement de la SODEVA (Société de Développement et. de Vulgarisation Agricole. Certains paysans refusent toutefois de suivre les conseils des experts de la SODEVA, alors que d’autres les acceptent volontiers. Cette sortie a donc  permis, après La visite d’un périmètre maraîcher, de recueillir les avis des paysans sur les avantages et les inconvénients de l’utilisation des planches de 10 mètres de long, principale pomme de discorde. 

Cet entretien mené par deux animateurs de La Radio Rurale sénégalaise, membres de l’atelier a été diffusé dans l’aprésmidi par La station de Kaolack, et suivi des réponses d’un responsable de la SODEVA. Mais dans queue mesure la radio a-telle pu favoriser un dialogue entre paysans et encadreurs? La question fut posée; et on a retenu déjà la suppression du biais que peut constituer la présence des experts sur le terrain d’experts, une présence qui aurait pu entraîner une retenue de la part des villageois à s’exprimer librement. Par ailleurs, I’animateur de la Radio Rurale, plus connu et donc mieux intégré et accepté, collecte plus facilement des données, quitte à les restituer à l’expert pour analyse et réponses à apporter.

Le deuxième exercice a été la reconstitution orale du Diagramme de Venn, un outil de la MARP. Il s’agissait de démontrer que la Radio Rurale parvient au même résultat que la MARP quand il s’agit de dresser la carte des structures internes et externes d’un village ainsi que les connections éventuelles par le jeu des questions-réponses avec des informateurs. 

Comment a été structurée cette journée

En premier lieu, la préparation de l’émission publique: elle a été bâtie à. partir de l’interview communautaire et des réponses aux questions posées par les maraîchers de Coumba Daga, ainsi qu’ aux réponses faites par l’encadreur de la SODEVA sur les antennes de Radio Kaolack. 

Les principales préoccupations des populations se résumaient à:

-   

la qualité des semences

-   

la protection des végétaux, des semences et des planches

-   

l’achat des intrants

-   

le ponçage des puits

-    la clôture

-   

les conditions d’acquisition des prêts

-   

l’aménagement des planches

-   

le problème d’équipement

Sur la base des principales préoccupations villageoises, le jeu public à Coumba Daga se proposait de savoir si le message de l’encadreur avait été bien perçu. Les animateurs au cours de cette séance de jeu public devaient alors effectuer leur enquête. Il faut rappeler que les populations devaient au préalable écouter l’émission faite la veille avec eux et les explications à leurs préoccupations pour répondre parfaitement aux questions posées par l’animateur. C’est ainsi que lors du jeu public, les animateurs de l’émission ont pris en compte les questions suivantes: 

  1. Avez-vous été convaincus par le technicien de la SODEVA? 
  2. Quelles sont les différentes manières de produire de petits oignons?
  3. Quels sont les avantages de l’arrosoir?
  4. Comment faire pour protéger les semis et les cultures?
  5. Où trouver les engrais?

Autant de questions auxquelles il fallait bien répondre lors du jeu public pour bénéficier de deux arrosoirs pour le premier gagnant, et d’un sac d’engrais pour le second.

Après avoir pris l’ensemble des dispositions relatives à l’émission publique, la seconde partie du programme de la matinée a été axée sur la restitution du Diagramme de Venn, autrement dit voir si à partir de l’oralité (interview communautaire) le Diagramme de Venn pourrait être correctement établi.

C’est ainsi que le diagramme de Venn a pu être établi, en s’inspirant de l’interview communautaire pendant laquelle il a été demandé aux villageois de faire non seulement l’inventaire des associations, institutions ou personnes individuelles dans le village, mais aussi d’établir si besoin était des liens ou des  relations entre institutions, associations ou personnes individuelles et le village.

Quelques remarques sur cette expérience s’imposent:

Ce sont les participants à. l'atelier qui ont effectué le travail à la place de la population. II s'agit la d'une interview communautaire à partir de laquelle le Diagramme de Venn a été établi, interview au cours de laquelle les inter-relations d’institutions et d’associations one été ressorties. Ce n'est donc pas la un diagramme de Venn, mais une expérience à approfondir pour effectuer une enquête de ce genre. Toutefois, l'interview (basée sur l'oralité) demeure plus vivante et probablement plus appropriée pour les populations.

La dernière phase du programme de la journée s'est déroulée à Coumba Daga avec le jeu public au. terme duquel deux prix ont été distribués :

-   

deux arrosoirs pour le premier prix enlevé par une dame 

-   

un sac d'engrais pour le second prix (enlevé par un homme).

En plus de ces deux prix, le Représentant de la Coopération suisse a offert une contribution pour la répartion du moulin des femmes de Keur Coumba Daga.

Enfin, il faut noter que l'interview communautaire diffusée la veille avait été bien écoutée et perçue jusqu'à Dakar, la capitale, au point où certaines personnes ont fait le déplacement pour assister à l'émission publique de Coumba Daga.

EVALUATION FINALE

SUCCES POTENTIALITES
-   Nouvelles prise de conscience des réalités de la Radio Rurale -   Nouvelle utilisation des techniques et méthodologie de la Radio Rurale
-   Nécessité de rompre avec les habitudes passées -   Amélioration des méthodes de production en Radio rurale
-   Initiation à la MARP   
-   Approfondissement des techniques de la MARP -   Formation des agents de la Radio Rurale a la MARP, formation dans les écoles de communication
-   Méthodologie MARP -   Meilleure compréhension des production du monde rural
-   Meilleure compréhension de la participation -   Meilleure connaissance du terrain
-   Formateurs très compétents -   Nouvelle opportunité de collaboration Radio Rural –ONG, structure technique
-   Disponibilité des personnes ressources -   Diffusion à tous les partenaires
-   Disponibilité et qualité des participants -   Meilleure participation des populations
ECHECS OBSTACLES
-   Programme très serré -   Manque de formation
-   Goût d'inachevé -   Manque de moyens des Radios Rurales
-   Pas assez de temps pour le travail pratique -   Routine dans le travail quotidien
  -   Manque d'autonomie de la Radio Rurale

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