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B. REVUES PAR RÉGION(continuer)

B8. OCÉAN INDIEN OCCIDENTAL
Zone statistique 51 de la FAO

par Ross Shotton*

INTRODUCTION

La zone de l'océan Indien occidental (Figure B8.1) a une superficie d'environ 30millions de km2, dont environ 6,3 pour cent de plateau continental, et englobe des régions dont les caractéristiques océanographiques et les ressources halieutiques sont très diverses. Dans sa partie nord-ouest, la mer d'Arabie est influencée par les moussons du nord-est et du sud-ouest et comprend des zones rendues extrêmement fertiles par la présence d'un upwelling pratiquement permanent au large de la côte d'Oman (Sharp 1995). Des upwellings saisonniers se produisent aussi au large des côtes de l'Iran, du Pakistan, dans le golfe d'Oman et le long des côtes indiennes en mer d'Arabie, ce qui rend aussi les eaux très productives en certaines périodes. Le golfe Persique est une zone fermée peu profonde, caractérisée par des eaux d'une température élevée et fortement salines, qui possède des pêcheries ciblées sur des espèces de récifs et des mers tropicales peu profondes. L'eau en provenance du golfe d'Oman circule dans le golfe Persique dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et ressort sous forme de courant profond plus chaud, plus dense et plus salé, se dirigeant ensuite vers le centre de l'océan Indien. Le golfe Persique a une profondeur limitée, ne dépassant jamais 200 m, et souvent inférieure à 50 m au nord et à l'ouest. Il est bordé par de vastes zones coralliennes du côté de l'Arabie. Autour du golfe d'Oman, le plateau continental est extrêmement étroit et la pêche est concentrée sur des espèces pélagiques, et de plus en plus depuis quelques décennies, sur des pélagiques de taille moyenne comme les thazards (Scomberomorus spp.) et diverses espèces de thons.

Figure B8.1 - L'Océan Indien Occidental

Figure B8.1

Les conflits qui ont secoué la zone dans le passé (la guerre irano-iraquienne dans les années 80, l'invasion du Koweït suivie de l'opération Tempête du désert) ont gravement compromis les pêches, à la fois en désorganisant les activités et en perturbant l'écologie, notamment à cause de la pollution par le pétrole ou, au moment de l'invasion du Koweït et de l'opération Tempête du désert, à cause de l'assombrissement et de la pollution dus à la combustion à l'air libre des puits de pétrole brut. Par exemple, en 1991, la combustion du pétrole a complètement perturbé la ponte des mérous qui n'ont pas pu se reproduire et, dans les années qui ont suivi, les débarquements de crevette ont considérablement diminué (Mathews, Toloday et Ismail 1993). En général, la situation s'est bien rétablie après ces catastrophes, même si l'on poursuit les recherches sur les effets de la guerre de 1991 sur les récifs de corail. Le détournement accru des eaux rentrant dans le Chatt al Arab, formé par la confluence du Tigre et de l'Euphrate, continue à préoccuper les pays du golfe Persique. Cette réduction des apports d'eau douce, et par conséquent de nutriments, découle de changements dus à l'intervention de l'homme, principalement du drainage des zones marécageuses près de l'embouchure du Chatt-al-Arab dans le golfe, mais aussi du détournement des eaux dans des pays situés plus en amont, comme la Turquie. Selon une théorie écologique, ces changements ne peuvent qu'altérer la productivité biologique du Golfe, mais on ne possède aucune information permettant de faire une estimation quantitative des conséquences. Avec le «changement de régime» en Iraq, la circulation d'eau vers l'ancienne zone marécageuse est déjà rétablie et des chercheurs sont dans la zone pour mettre au point un système qui permettra de suivre les changements futurs dans le nord du golfe Persique.

Figure B8.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dansl'Océan Indien occidental (Zone 51)

Figure B8.2

Source FAO

Dans la mer Rouge, une mer fermée avec des plateaux continentaux étroits, les conditions sont tout à fait exceptionnelles pour la pêche. Des ressources démersales abondantes sont principalement associées aux plateaux continentaux plus larges au large de la côte érythréenne (autour de l'archipel de Dahlak) et pratiquement en face, le long de la côte sud du Yémen. Le golfe d'Aden et le littoral somalien sont aussi des zones d'upwelling influencées par la mousson qui sont extrêmement productives en certaines saisons. La zone 51 contient plusieurs petites îles océaniques, les Seychelles, l'île Maurice et les Comores, avec leurs propres pêcheries de type océanique ou pré-océanique. Plus au sud, l'Afrique du Sud a des pêcheries de type tempéré et sub-antarctique. Bon nombre de pays de la région ont des pêcheries bien développées de crevettes pénéidées, notamment Madagascar, le Mozambique, les pays du golfe Persique et, dans une moindre mesure, la Tanzanie, le Kenya, et le Yémen (côté océan Indien et mer Rouge).

Le projet de développement d'une pêche pour la farine de lanternules (Myctophidae - Benthosema pterotum) dans le golfe d'Oman et la mer d'Arabie est toujours dans l'air, mais il reste encore à créer une pêcherie rentable pour exploiter cette ressource. Les opérations de pêche pilotes au large de la côte d'Oman ont été abandonnées car les poissons sabres (Trichiuridae), qui étaient capturés accidentellement, endommageaient constamment les filets à petites mailles avec leurs dents, si bien que la compagnie a cessé ses opérations pilotes. Il reste beaucoup à faire pour étudier la structure du stock de lanternules, les variations saisonnières et annuelles de leur abondance et les facteurs océaniques qui les sous-tendent, ainsi que l'impact potentiel de la pêcherie de lanternules sur les autres composantes de l'écosystème dans la zone, en particulier sur les gros scombridés migrateurs. En mer Rouge, le tourisme est une activité en expansion constante, non seulement dans les deux golfes du nord, mais aussi en Érythrée, et la beauté (et le potentiel économique) des récifs de corail de la zone commencent seulement aujourd'hui à être appréciés à leur juste valeur. La situation des pêches reste déplorable en Somalie où les statistiques sur les captures et les rapports sur la pêche non réglementée et illicite brillent encore le plus souvent par leurs absence.

PROFIL DES CAPTURES

Il est difficile d'interpréter les statistiques sur les débarquements de l'océan Indien occidental car de nombreux pays de la région ne parviennent toujours pas à collecter des données précises sur les captures. Dans certains cas, les pays ont tenté de les estimer en extrapolant à partir des années précédentes, mais lorsque ce processus est poursuivi pendant une trop longue période, des biais importants peuvent se produire, sans que l'on sache si les captures déclarées sont sur ou sous évaluées. D'après des travaux récents effectués dans l'un des pays de la sous-zone, les débarquements signalés pour une période allant bien au-delà de la dernière décennie sont probablement six fois supérieurs à la réalité.

Les captures nominales déclarées se sont situées à un peu plus d'un million de tonnes par an en moyenne durant les années 60, elles sont passées à approximativement 2,6 millions de tonnes par an durant les années 80 pour culminer à 4,2 millions de tonnes en 2002 (Figure B8.2 et Tableau D8). Sur les 153 catégories de types de poissons dont les captures ont été déclarées en 2002, 22 représentaient 80 pour cent du total. Sans parler du groupe hétéroclite des «Poissons marins nca» (16,5 pour cent des captures), le listao (Katsuwonus pelamys) a été la catégorie la plus abondante (9,3 pour cent des captures totales déclarées), suivi de la sardinelle indienne (Sardinella longiceps) 9,2 pour cent, les Sciaenidae 6,2 pour cent; l'albacore (Thunnus albacares) 5,7 pour cent; les poissons-sabres, sabres nca (Trichiuridae) 3,0 pour cent; les crevettes (Natantia) 3,0 pour cent; le scopelidé (Harpadon nehereus) 2,4 pour cent; les percomorphes pélagiques nca (Percoformes) 2,3 pour cent (Figures B8.3, B8.4, B8.5 et B8.6). Il existe des variations considérables suivant les régions, ce qui n'a rien de surprenant dans une sous-zone statistique aussi vaste. En mer Rouge, les percomorphes pélagiques représentent 35,1 pour cent des captures déclarées; les percomorphes démersaux 6,9 pour cent, le thazard (Scomberomorus commerson) 8,8 pour cent et les Poissons marins nca (non compris ailleurs) 5,6 pour cent.

Dans la zone de compétence de la Commission régionale des pêches - COREP - (golfe Persique et golfe d'Oman), les principales catégories d'espèces aux fins de l'établissement des rapports étaient les Poissons marins «nca» 23,7 pour cent; la sardinelle indienne 10,1 pour cent; le thon mignon (Thunnus tonggol) 7,3 pour cent; les empereurs (Lethrinidés) 6,3 pour cent; les mérous (Serranidae) 5,0 pour cent et l'albacore 4,8 pour cent. En dehors de ces régions, c'est-à-dire dans l'océan Indien proprement dit, les espèces qui ont le plus contribué aux captures ont été les poissons marins «nca» (15,2 pour cent), la sardinelle indienne (9,8 pour cent); le listao (8,3 pour cent); les Sciaenidés (7,3 pour cent); l'albacore (5,5 pour cent); le scopelidé (4,4 pour cent); la crevette tigrée verte (4,2 pour cent) et les céphalopodes (3,2 pour cent).

Figure B8.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 35 et 37, Océan Indien occidental (Zone 51)

Figure B8.3

Source FAO

Figure B8.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 33, Océan Indien occidental (Zone 51)

Figure B8.4

Source FAO

Figure B8.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Océan Indien occidental (Zone 51)

Figure B8.5

Source FAO

Figure B8.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 45, Océan Indien occidental (Zone 51)

Figure B8.6

Source FAO

Mer d'Arabie orientale: Pakistan, Inde et Maldives

Les captures déclarées pour cette zone ont culminé à 2,55 millions de tonnes en 1997 et sont restées plus ou moins à ce niveau depuis (les débarquements déclarés sont de 2,56 millions de tonnes pour 2002). Les variations des captures déclarées, par pays, pour l'océan Indien occidental n'ont pas été uniformes au cours de la dernière décennie. L'Inde et les Maldives signalent des augmentations respectives de 1,2 et de 78 pour cent pour cette période, alors que le Pakistan a enregistré une légère baisse de 3,0 pour cent. Au cours de la période 2000–02, les captures ont varié, avec une diminution de 4,0 pour cent au Pakistan et une augmentation de 8,0 et 22,0 pour cent en Inde et aux Maldives respectivement.

Durant la période 2000–02, les plus fortes augmentations des captures (pour les catégories pour lesquelles les captures ont été supérieures à 1000 tonnes) ont concerné les crustacés marins nca (Crustacea) passant de 11047 tonnes en 2000 à 30769 tonnes en 2002. Parmi les espèces ayant constitué des débarquements importants, le thazard ponctué indo-pacifique (Scomberomorus guttatus) est le poisson qui a enregistré la plus forte augmentation relative, 175 pour cent, suivi du sapsap nca (Leiognathidae) 136 pour cent, du bregmacère de l'océan Indien (Bregmaceros mcclellandi) 87 pour cent et du rouget-souris (Upeneus sp.) 82 pour cent. Parmi les petits pélagiques, l'alose palli (Hilsa kelee) a enregistré une forte augmentation de 42 pour cent avec prés de 6000 tonnes. Parmi les espèces dont les captures sont restées pratiquement inchangées, citons les mérous (-0,07 pour cent), les seiches, sépioles nca (-0,09 pour cent) et le vivaneau des mangroves (Lutjanus argentimaculatus), (-8209;0,09 pour cent). Parmi les catégories d'espèces en baisse, la plus forte réduction a concerné la thonine orientale (Euthynnus affinis) (-79 pour cent), les marlins et voiliers (Istiophoridae) (-55 pour cent), les auxide et bonitou (Auxis thazard , A. rochei) (-52,6 pour cent) et les anolis nca (Synodontidae) (-42 pour cent).

Golfe Persique et golfe d'Oman

L'analyse des captures provenant de cette zone, constituée des sous-zones 51.2 et 51.3 de la FAO, est un peu complexe car une partie des quantités débarquées à Oman sont pêchées en dehors de la zone. Toutefois, on considère que la différence est négligeable, même si des mécanismes sont prévus pour en tenir compte à l'avenir. Les débarquements totaux de cette zone continuent à grimper par rapport au niveau signalé en 1998 (535000 tonnes) atteignant 586600 tonnes en 2001, un record absolu. Une fraction notable des débarquements continue d'être déclarée de façon tout à fait indifférenciée dans la catégorie Poissons marins nca (23,7 pour cent, contre 25,2 pour cent en 2000) ce qui indique que les données enregistrées pour cette zone sont encore entachées d'une grande incertitude. La sardinelle indienne demeure la première espèce individuelle déclarée (10,1 pour cent des débarquements totaux), avec une augmentation de 47 pour cent par rapport à l'an 2000. Au deuxième rang, vient le thon mignon, avec 7,3 pour cent des débarquements, soit une baisse de 12 pour cent par rapport à l'année précédente. Le thazard rayé indo-pacifique (Scombermorous commerson) poursuit sa tendance vers la baisse amorcée en 1995, où les débarquements se chiffraient à 30610 tonnes, pour tomber à 18454 tonnes en 2001, une baisse qui a suscité une grande inquiétude dans la région. Quant aux captures de crevettes, à 15664 tonnes, ce qui est mieux que le niveau de 10880 tonnes pêché en 1999 (le plus bas de la décennie), elles sont en baisse de 18,9 pour cent par rapport aux débarquements de l'an 2000. Pour l'autre groupe d'espèce important, qui est celui des mérous et des serranidés, les captures globales restent stables et le résultat de 2001 est dans la fourchette décennale de 4120 à 7148 tonnes.

Mer Rouge et golfe d'Aden

Les captures déclarées pour la mer Rouge ont poursuivi leur ascension régulière de la dernière décennie, atteignant 299190 tonnes en 2001, soit une augmentation de 55,8 pour cent pour la période. Cette hausse reflète probablement en partie une amélioration des procédures d'établissement des rapports de captures, mais reste néanmoins substantielle par rapport à celles enregistrées dans les autres zones statistiques de la FAO. Ce résultat a aussi représenté une augmentation de 6,9 pour cent par rapport aux débarquements de 2000. En termes d'espèces, les percomorphes pélagiques nca restent la principale catégorie signalée, ce qui montre l'imperfection des pratiques d'établissement des rapports dans la sous-zone statistique 51.1 de la FAO. D'une année sur l'autre, les débarquements de ce groupe, qui a représenté plus d'un quart des débarquements totaux déclarés, soit 27,0 pour cent, ont progressé de 26,6 pour cent. La catégorie suivante, tout aussi peu utile sur le plan statistique, est celle des poissons marins nca, qui ont représenté 10,9 pour cent des débarquements soit un changement mineur par rapport à l'année précédente (-1,1 pour cent). Ainsi, près de 40 pour cent des débarquements sont signalés en bloc, ce qui empêche de suivre efficacement l'évolution des débarquements par espèces, et plus encore des stocks. En ce qui concerne les débarquements ayant fait l'objet de déclarations ventilées par espèces, l'espèce dominante dans les captures est le thazard rayé indo-pacifique, avec 8,5 pour cent des débarquements totaux, soit une hausse de 3,2 pour cent par rapport à l'an 2000 et de 1029 pour cent sur l'ensemble de la décennie. Cette augmentation, qui a pour contrepartie des réductions des débarquements de cette espèce dans les sous-zones 51.2 et 51.3 semble indiquer qu'il s'agit d'une pêcherie partagée. Les autres poissons dont les captures ont augmenté depuis l'an 2000 sont les mulets (56,8 pour cent), les lethrinidés (22,6 pour cent), les serranidés (3,5 pour cent) et les élasmobranches (22,8 pour cent). Les principales baisses des captures ont concerné les crabes, tombés à 1783 tonnes (-43,6 pour cent); les scombridés 543 tonnes (-33,4) - mais elles pourraient n'être que le reflet d'une meilleure ventilation des captures par espèces; les Natantia non différenciés ont enregistré une baisse de -31,1 pour cent, qui pourrait cependant être compensée par une augmentation des débarquements de pénéidés passés à 7151 tonnes (7,0 pour cent); les lutjanidés, avec 9115 tonnes, soit une baisse de 26,8 pour cent, mais un niveau encore supérieur à celui de 1997; Sardinella spp. tombés à 4343 t (-23,9 pour cent) et Anolis nca à 10686 tonnes (-23,1 pour cent). Au cours de la décennie 1992 - 2001, les plus fortes réductions ont concerné «Caranx spp.» -8209;90,7 pour cent, les langoustes (Panulirus spp.) -64,0 pour cent, le maquereau des Indes (Rastrelliger kanagurta) -35,3 pour cent et les cohanas (Nemipteridae) -22,9 pour cent.

Littoral est-africain (de la Somalie au Mozambique)

Les captures effectuées par les pays de la région dans le sud-ouest de l'océan Indien occidental ont été à peu près stables durant la décennie, celles de 2001 (319000 tonnes) représentant le niveau le plus élevé de tous les temps, même si les augmentations n'ont concerné que quatre des dix dernières années. Une bonne partie des captures déclarées sont des espèces non identifiées (33,4 pour cent en 2001, un pourcentage depuis peu en augmentation, quoique considérablement inférieur aux 42 pour cent enregistrés en 1994), ce qui interdit toute analyse détaillée par espèce. Les captures totales dans cette zone ont augmenté de 2,2 pour cent entre 2000 et 2001, et de 10,6 pour cent par rapport à la décennie précédente. Les pays pratiquant la pêche hauturière demeurent les principaux producteurs, avec en tête l'Espagne, la province chinoise de Taïwan, le Japon, la France et l'Uruguay. L'un des événements cruciaux de la période 1997 – 2002 a été le développement de la pêche hauturière ciblée sur les monts sous-marins de l'océan Indien austral. Cette pêche a été développée à la suite des activités d'exploration et de pêche exploratoires de l'Union soviétique (Romanov 2003). Il a été extrêmement difficile d'obtenir les données relatives à ces opérations. Toutefois en 1999, des bateaux de sept pays ont pêché 14 526 tonnes de poissons, constitués d'hoplostètes oranges, d'oreos, de béryx, de sanglier, de poisson cardinal et de rouffe antarctique. En 2000, ces captures sont montées à 39413 tonnes, mais en 2001 les débarquements officiels sont tombés à 7965 tonnes. Les plus fortes réductions ont concerné l'hoplostète orange. Beaucoup de problèmes de gestion liés à cette exploitation sont examinés à la FAO (2001 et 2002)

En termes d'espèces, le listao (plus de 500 tonnes par an, selon les rapports) a été la principale composante des captures (18,3 pour cent) suivi de l'albacore (14,3 pour cent), de Sardinella spp(4,9 pour cent) et des crevettes indifférenciées (4,5 pour cent). En ce qui concerne les augmentations interannuelles des captures déclarées pour les groupes d'espèces, les plus élevées ont concerné les Lutjanidae (356 pour cent), le germon (Thunnus allalunga) (51,9 pour cent) et la crevette (Penaeus spp.) (51,9 pour cent). Les principales réductions ont été enregistrées pour les Scombroidei (-52,3, mais elles pourraient être dues à des changements dans les modes d'établissement des rapports), Rastrelliger spp. (même observation) et le makaire noir (Makaira indica) (-50,0 pour cent).

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Mer d'Arabie orientale: Pakistan, Maldives et Sri Lanka

Il y a tant de petits bateaux de pêche dans cette zone qu'il est difficile de suivre l'état des stocks et de mettre en œuvre des mesures de gestion des pêches. Bien souvent, l'accès aux pêcheries n'est pas limité pour des raisons sociales. Les réglementations concernent plutôt le type d'engins autorisés. Dans de nombreuses zones, pratiquement tous les poissons capturés peuvent être vendus, quelles que soient leur forme et leur taille. Les autres possibilités d'emploi étant rares, l'intensité de pêche reste élevée, et elle augmente partout où les taux des captures et les conditions économiques le permettent. Du point de vue socio-économique, la pêche artisanale de crevettes est importante tant au Pakistan que le long de la côte occidentale de l'Inde. Les restrictions concernant les engins sont rares et la pêche elle-même est très peu réglementée dans les faits. La majorité des espèces commerciales sont fortement exploitées. Il s'ensuit que la surpêche et l'altération des écosystèmes due à la pêche aux pièges ou aux filets maillants dans les récifs coralliens deviennent bien évidemment un problème; on ne connaît pas encore les effets du chalutage démersal intensif, ordinairement ciblé sur les crevettes. On estime qu'une réduction de l'effort, dans les pêcheries de crevettes de ces régions, serait très bénéfique aussi bien pour la ressource que du point de vue économique, mais il reste à analyser les caractéristiques bio-économiques de ces pêcheries.

Golfe Persique et Golfe d'Oman

Dans cette zone, la pêche joue un rôle majeur depuis l'antiquité, qu'elle soit axée sur la subsistance ou sur le commerce. La pêcherie d'huîtres perlières du golfe Persique, jadis réputée, poursuit ses activités à un rythme très réduit. Grâce à la hausse des revenus et à la popularité du poisson, un aliment traditionnellement apprécié des populations, la quasi-totalité des ressources halieutiques de la zone sont pleinement exploitées, sauf la shadine ronde indienne, principalement parce qu'elle est boudée par les consommateurs, qui la trouvent trop grasse. Aujourd'hui, la pêche se pratique à bord de sambuks et de boutres à moteur, de petits bateaux de bois et de chalutiers de type industriel, où le poisson capturé est presque toujours conservé dans la glace. On trouve ces bateaux dans la majorité des pays de la région, sauf dans les Émirats arabes unis, où le chalutage a été interdit, et en Iran, ce pays ayant sévèrement limité la pêche chalutière à l'intérieur du golfe, et ne l'autorisant que durant la saison de la pêche à la crevette. La flottille industrielle iranienne qui pêchait à l'intérieur du golfe Persique est maintenant obligée de limiter ses opérations au golfe d'Oman et au nord-ouest de la mer d'Arabie.

Trois ressources conservent une importance primordiale dans la zone: le thazard, les crevettes (diverses espèces Penaeid et Metapenaeid) et divers percidés, en particulier de la famille des serranidés. Il est encore difficile d'obtenir des informations précises sur l'état d'un stock ou d'une espèce individuelle, quand il en existe, car les captures sont normalement déclarées en bloc. Les données disponibles sur les captures indiquent que la majorité des groupes de poissons sont pleinement exploités, mais la situation du thazard rayé indo-pacifique, un poisson «noble», très demandé sur le marché, suscite de grandes préoccupations

Mer Rouge et golfe d'Aden

En tant qu'anciennes voies maritimes, la mer Rouge et, dans une moindre mesure le golfe d'Aden, ont aussi été importantes, au moins à l'échelon régional, pour leurs pêcheries. Toutefois, les caractéristiques de la mer Rouge, un plan d'eau oligotrophe entouré de pays, avec ses plateaux continentaux étroits et ses affleurements de coraux, font que la pêche ne peut avoir qu'une importance locale, et non mondiale. Plusieurs états côtiers ont eu des pêcheries crevettières importantes pour la région, en particulier l'Arabie saoudite et le Yémen et, dans une moindre mesure l'Érythrée. Comme dans beaucoup de pays tropicaux, les ressources halieutiques sont celles que l'on rencontre normalement près des récifs de corail, et dans les pêcheries de petits pélagiques et de scombridés plus gros et plus mobiles, avec notamment quelques thons. Là où c'est possible, on pratique la pêche chalutière, avec des chaluts à petite maille au niveau de la poche, qui capturent une multitude d'espèces de poissons (et abîment bien évidemment les coraux au passage). À l'exception de quelques ressources de petits pélagiques pour lesquels il existe peu de débouchés, les différentes ressources doivent être considérées comme pleinement exploitées.

Dans le golfe d'Aden, de grosses pêcheries industrielles utilisaient autrefois des chalutiers-usines de haute mer basés dans la zone pour exploiter des poissons démersaux et de petits pélagiques, mais faute de rentabilité, ces opérations ont cessé depuis un certain temps. La situation reste incertaine en Somalie où des rapports officieux signalant des activités menées par des compagnies de pêche ainsi que d'importantes activités de pêche illicite entreprises par des opérateurs étrangers, en particulier à l'extérieur du golfe d'Aden.

On ne dispose d'aucune évaluation des stocks décrivant l'état des ressources halieutiques dans cette zone et les données sur les captures ne peuvent pas être utilisées comme indicateur du niveau d'exploitation car la base de données sur les pêches de la FAO regroupe les données émanant de l'Arabie saoudite pour la mer Rouge et le golfe Persique. Les données disponibles montrent cependant clairement que le taux d'augmentation des captures effectuées par les pays de la région s'est brusquement ralenti durant les années 90, et s'est même stabilisé depuis quelques années. Il est inutile d'analyser en détail ces données car les captures de ces pays sont surestimées et les modalités de ventilation des données changent. Les augmentations dans les différentes catégories reflètent probablement surtout une ventilation par espèce plus poussée dans les chiffres déclarés.

La petitesse des zones se prêtant au chalutage et l'absence de toute réglementation efficace dans de nombreuses zones de la mer Rouge expliquent probablement que les pêcheries en arrivent vite à être pleinement exploitées ou surexploitées. Les marchés du poisson sont dynamiques dans cette zone, en particulier au Yémen et en Égypte et, pour les espèces qui se vendent le plus cher, en Arabie saoudite. La faible demande de petits pélagiques sur le marché a entraîné une diminution des captures, accentuée par le retrait des opérateurs d'Europe de l'Est qui pêchaient auparavant dans ces eaux pour approvisionner leurs marchés nationaux.

Littoral est-africain (de la Somalie au Mozambique)

La côte orientale de l'Afrique représente une vaste gamme d'environnements océanographiques et abrite l'un des grands écosystèmes marins les plus dynamiques du monde. Le courant de Somalie se développe durant la mousson du sud-ouest et devient l'un des courants océaniques les plus rapides du monde. L'upwellling qui se produit le long de la côte africaine durant la phase où le courant de Somalie s'intensifie est l'un des systèmes d'upwelling côtier saisonnier à grande échelle les plus intenses du monde. D'autres régions voisines sont aussi fortement influencées par le régime de mousson à périodicité annuelle (Tomczak and Godfrey 1994). Il est également étonnant que la production de poissons côtiers soit si faible par rapport à la taille de la région. La production de la pêche côtière le long du littoral délimitant à l'ouest l'océan Indien, qui comprend les divers états insulaires situés dans la partie occidentale de cet océan, représente moins de 1 pour cent des captures mondiales. Malgré cela, la majorité des stocks de poissons côtiers de la région sont considérés comme pleinement exploités.

En général, la production des espèces côtières est très supérieure à celles des espèces océaniques, comme les thons, et constitue généralement entre 90 et 95 pourcent des captures totales, alors que dans le sud-ouest de l'océan Indien, les pêches océaniques et côtières contribuent à peu près dans la même mesure à la production. Le plateau continental de l'océan Indien situé au large de l'Afrique est relativement étroit, ce qui pourrait expliquer en partie les faibles captures côtières. Toutefois, la disparité de la superficie de plateau continental par rapport à d'autres régions de l'océan est loin d'être suffisante pour expliquer cette anomalie de la production halieutique.

Alors que les pêcheries côtières sont essentiellement exploitées par les états côtiers, les pêcheries océaniques plus lucratives attirent surtout des flottilles hauturières d'Europe et d'Asie de l'Est. Même ainsi et malgré les faibles captures côtières, la pêche et les activités économiques connexes sont souvent importantes pour les économies locales. Dans quelques pays du sud-ouest de l'océan Indien, le poisson est pratiquement la seule source de protéines animales à laquelle ont accès les populations locales. En outre, dans une région confrontée à des pénuries de devises, les exportations de produits de la pêche sont vitales. La pêcherie de crevettes du banc de Sofala est une source de devises cruciale pour le Mozambique, comme pour Madagascar. La pêche industrielle de crevettes fait l'objet d'un suivi scientifique et d'une gestion active. D'après des analyses récentes, la ressource est pleinement exploitée et l'effort de pêche devrait être réduit. Les contrôles de l'effort devraient prendre en compte non seulement le nombre de bateaux et les fermetures saisonnières mais aussi la taille des engins utilisés.

RÉFÉRENCES

FAO. 2001. Report of the Ad Hoc Meeting on Management of Deepwater Fisheries Resources of the Southern Indian Ocean. Swakopmund, Namibie, 30 mai–1 juin 2001. FAO Fisheries Report, No.652. 61p.

FAO. 2002. Report of the Second Ad Hoc Meeting on Management of Deepwater Fisheries Resources of the Southern Indian Ocean. Fremantle, Australie de l'ouest, 20–22 mai 2002. FAO Fisheries Report, No.677. 106p.

Mathews, C.P., Kedidi, S. Fita, N.I., Al-Yahya, A. et Al Rasheed, K. 1993. Preliminary Assessment of the Effects of the Gulf War on Saudi Arabian Prawn Stocks. Marine Pollution Bulletin, 27:251–272.

Mathews, C.P., Toloday, D. et Ismail, M.S. 1993. Some effects of the 1990–91 Gulf War on Hamoor (Epinephelus tauvina) for the Saudi Arabian Gulf Coast. Asian Fisheries Science , 6: 351–56.

Romanov, E. (éd.) 2003. Summary and Review of Soviet and Ukrainian Scientific and Commercial Fishing Operations on the Underwater Ridges of the Southern Indian Ocean. FAO Fisheries Circular, No 991. Rome, FAO.

Sharp, G.D. 1995. Arabian Sea Fisheries and their Production Contexts. In The Arabian Sea: Living Marine Resources and the Environment. (éds.) Thompson, M.F. et Tirmizi, N.M. A.A. Balkema, Rotterdam. pp. 239–264.

Tomczak, M. et Godfrey, J.S. 1994. Regional Oceanography: An Introduction . Pergamon. 422p.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B9. OCÉAN INDIEN ORIENTAL
Zone statistique 57 de la FAO

par Purwito Martosubroto *

INTRODUCTION

L'océan Indien oriental (Figure B9.1) couvre une superficie de 29,88 millions de km2 englobant la baie du Bengale au nord, la mer d'Andaman, la partie nord du détroit de Malacca à l'est et les eaux situées à l'est et au sud de l'Australie. Les principales zones de plateau sont celles de la baie du Bengale et du golfe de Martaban, ainsi que celles plus étroites bordant les côtes ouest et sud de l'Indonésie et de l'Australie, soit au total 2,37 millions de km2 de plateau. Les principales pêcheries sont côtières et concentrées sur ces zones de plateau. On y trouve diverses ressources allant des espèces typiques des zones tropicales dans la partie nord de la zone aux espèces tempérées des latitudes du sud, à l'ouest et au sud de l'Australie. Les ressources de haute mer, en particulier les thons, ont le plus souvent été exploitées par les flottilles hauturières du Japon, de la République de Corée et de la province chinoise de Taiwan. Les flottilles françaises et espagnoles ont commencé à pêcher dans la région en 1997 et leurs captures sont moins abondantes que celles des flottilles du Japon et de Taiwan.

Dans la partie nord de la région, qui se trouve à peu près au nord du parallèle 15° sud, les pêcheries sont multispécifiques et multi-engins, et les opérations sont concentrées dans la zone côtière. Les pêches sont une source d'emplois et de protéines pour une population nombreuse. La pression de pêche ne fait que croître dans les eaux côtières de l'est de l'Inde, de l'ouest de la Thaïlande et de l'est de Sumatra, face au détroit de Malacca. Les stocks de poissons sont généralement mal connus et les mesures de gestion ont le plus souvent été prises au gré des circonstances, sans qu'une analyse scientifique ait été effectuée au préalable. Le braconnage continue de sévir dans la zone faute d'un système de suivi, de contrôle et de surveillance (SCS) efficace dans de nombreux états côtiers.

Figure B9.1 - L'Océan Indien oriental (Zone 57)

Figure B9.1

Dans la partie sud de la région au large de l'Australie, la majorité des ressources sont soumises à une pression de pêche moins intense du fait que la population est relativement peu nombreuse, la demande moindre et que le suivi, le contrôle et la surveillance sont plus actifs. Ceci ne s'applique cependant pas aux poissons qui ont une valeur marchande élevée, comme le thon rouge du sud, qui a aussi été ciblé par les flottilles hauturières.

Figure B9.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces
CSITAPA dans l'Océan Indien oriental (Zone 57)

Figure B9.2

Source FAO

PROFIL DES CAPTURES

Dans l'océan Indien oriental, les captures ont augmenté à un rythme régulier depuis 1950 (Figure B9.2 et Tableau D9) qui s'est accéléré depuis le début des années 70; les captures totales sont supérieures à 4,0 millions de tonnes depuis 1993 et ont atteint 5,1 millions de tonnes en 2002. Cinq groupes de poissons de la ISSCAA présentaient plus de 85 pour cent des captures en 2002, la plus forte contribution individuelle (44 pour cent) étant celle des poissons marins non identifiés (Groupe 39 de la CSITATA), ce qui confirme le caractère multispécifique des pêches, en particulier dans le nord de la zone. Les poissons pélagiques divers (Groupe 37 de la CSITATA) étaient au deuxième rang, avec 10,4 pour cent des captures, la troisième place, avec 10 pour cent, étant occupée par les poissons côtiers divers (Groupe 33 de la CSITATA). Les thons, bonites, voiliers et marlins (Groupe 36 de la CSITATA) et les harengs, sardines et anchois (Groupe 35 de la CSITATA) représentaient 8,7 et 7,9 pour cent respectivement.

Figure B9.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 33, Océan Indien oriental (Zone 57)

Figure B9.3

Figure B9.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35, Océan Indien oriental (Zone 57)

Figure B9.4

Source FAO

Zones du nord

La majorité des captures provenant des pêcheries côtières du nord de l'océan Indien oriental sont destinées à la consommation locale, car la plupart des habitants de la région considèrent le poisson comme une source de protéines abordable. Il s'agit typiquement de pêcheries multispécifiques et multi-engins, avec une prédominance de poissons marins non identifiés (Groupe 39 de la CSITATA) domine dans les captures qui reflète la faiblesse des systèmes de collecte des statistiques de capture. Les tambours (Sciaenidae), les mâchoirons nca (Ariidae) et les sapsap (Leiognathidae) ont dominé les captures de poissons côtiers divers (Groupe 33 de la CSITATA) et ont affiché depuis les années 60 une hausse constante, quoiqu'en dents de scie (Figure B9.4). La production totale du Groupe 33 est restée stable au cours de cinq dernières années oscillant entre 507000 tonnes et 515000 tonnes.

Dans le groupe des harengs, sardines et anchois (Groupe 35 de la CSITATA), les captures d'anchois (Stolephorus spp.) et de sardinelle indienne (Sardinella longiceps) ont continué à augmenter dans les années 90 jusqu'à un palier de 85000 tonnes en 1998 pour les anchois, et de 92000 tonnes en 1997 pour la sardinelle indienne. Depuis, les captures d'anchois ont fléchi à 20000 tonnes en 2002 alors que celles de sardinelle indienne ont oscillé entre 75000 et 89000 tonnes au cours de cinq dernières annèes (Figure B9.4).

Les maquereaux (Rastrelliger spp.) et d'autres espèces pélagiques ont dominé les captures de poissons pélagiques divers (Groupe 37 de la CSITATA). Les captures de maquereaux des Indes (R. kanagurta) ont atteint un pic de 267000 tonnes en 1995 mais ont par la suite fléchi pour se situer à 207000 tonnes en 2002. Les escoliers et les ceintures d'argent affichent une augmentation irrégulière avec des captures culminant à 65000 tonnes en 1998. Pour les autres groupes de démersaux divers, les captures sont stables depuis trois ans (Figure B9.5). On note des signes évidents de surpêche, dans des zones localisées. D'après une récente étude, les captures totales des chalutiers dans les eaux bordant la côte orientale de l'Inde ont régressé de 41 pour cent, tombant de 31000 tonnes à 18 772 tonnes durant la dernière décennie, alors que le taux des captures par heure de chalutage est tombé de 48,8 kg à 18,6 kg, soit une baisse considérable de 61 pour cent (Vivekanandan, 2002).

Malgré l'importance commerciale des céphalopodes (Groupe 57 de la CSITATA), la production de ces espèces est faible, la Thaïlande étant le seul pays à obtenir des captures relativement élevées, avec près de 60000 tonnes au cours des trois dernières années. Quelques flottilles thaïlandaises ont étendu leur rayon d'action pour pêcher dans d'autres pays, dans le cadre de divers accords de coopération. Une expansion de cette pêche est probablement possible dans la région, mais des travaux supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les ressources et se familiariser avec les techniques de pêche.

Bien qu'ils représentent une faible part des captures en volume, les crevettes (Groupe 45 de la CSITATA) et les thons, bonites, voiliers et marlins (Groupe 36 de la CSITATA) contribuent pour une large part aux débarquements et aux exportations, en valeur. Les captures de crevettes ont atteint un pic en 2000, à 247000 tonnes, avant de retomber à 216000 tonnes en 2002. Parallèlement, les captures de thons ont atteint leur plus haut niveau en 1999 avec 516000 tonnes, affichant une baisse continue durant les années suivantes pour se situer à 447000 tonnes en 2002 (Figure B9.6). L'accroissement de la production de thons durant les années 90 a été dans une large mesure due à l'Indonésie et au Sri Lanka. Alors que la Thaïlande a vu baisser ses captures, celles de l'Inde ont légèrement augmenté grâce au développement de la pêche à la palangre, au cours des années récentes.

Zones du sud

Les principales pêcheries de la partie sud de l'océan Indien oriental se trouvent dans les eaux situées à l'ouest et au sud-ouest de l'Australie. Les captures totales étaient de 56800 tonnes en 1970; elles sont ensuite montées jusqu'à 127 800 tonnes en 1993, pour fluctuer dans les années suivantes et retomber à 110000 tonnes en 2001. Les captures sont bien plus élevées dans les zones du nord.

Le groupe comprenant des langoustes, des thons et des hoplostètes oranges (Figure B9 .7) représentait une part importante des captures. Les captures de langoustes ont progressé lentement, passant de 6000 tonnes en 1950 à 10–12000 tonnes durant les années 80 et 90. Elles sont brusquement montées à près de 19000 tonnes en 2000, pour redescendre à 13500 tonnes en 2002. Cette espèce prisée rapporte des devises, qui s'ajoutent à celles provenant de la pêche au thon. Contrairement à ce qui se passe dans la partie nord de la région, dans cette zone les captures de thon sont essentiellement constituées de thon rouge du sud. Les captures de cette espèce ont culminé à 20000 tonnes en 1982, mais fléchi depuis pour se situer à 2 100 tonnes en 1993, avant de remonter à près de 5 500 tonnes en 2001. Toutefois, d'après une analyse récente, le thon rouge du sud est surexploité.

Figure B9.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 34 et 37, Océan Indien oriental (Zone 57)

Figure B9.5

Source FAO

Figure B9.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 24 et 36, 45 et 57, Océan Indien oriental (Zone 57)

Figure B9.6

Source FAO

Les captures de harengs, sardines et anchois (Groupe 35 de la CSITATA) ont atteint un pic de 17 800 tonnes en 1988 et ont par la suite fléchi pour se situer à environ 9 800 tonnes en 1992, pour remonter légèrement avant de retomber à 4377 tonnes en 1999; les captures de ce groupe ont ensuite atteint 14440 tonnes en 2002. On ne sait pas très bien si le déclin est imputable à une pression de pêche excessive, à des changements écologiques ou aux deux à la fois. Deux épisodes très importants de mortalité massive de pilchards se sont cependant vérifiés dans toute la zone du sud de l'Australie (et jusqu'aux côtes est et ouest) à la fin des années 90. Ces événements, probablement causés par un virus introduit dans la nourriture des thons engraissés dans des cages, ont décimé les populations, qui commencent tout juste à se reconstituer.

Les captures de peignes (Groupe 55 de la CSITATA) ont suivi une évolution similaire, avec des pics d'environ 27 000 tonnes en 1984, suivis de retombées à 1 800 tonnes en 1989. Les captures ont ensuite continué à fluctuer, pour atteindre un nouveau plafond de 27 200 tonnes en 1993, et fléchir à 2525 tonnes en 2002. Les peignes ont tendu à alterner les phases d'expansion et de ralentissement sur une longue période dans les eaux du sud de l'Australie et de nombreux stocks sont aujourd'hui fermés à la pêche. Bien que le recrutement tende à se faire de façon discontinue, il est évident que certains stocks montrent des signes de surexploitation.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Zones du nord

La surexploitation des ressources dans les eaux côtières du nord de l'océan Indien oriental est fortement liée à la pression de la population dans les zones côtières, au manque d'emplois et à l'inefficacité des mesures de gestion. La situation actuelle de l'exploitation et les tendances des captures dans la région sont présentées au Tableau D9. Le zonage des eaux côtières par engins de pêche est une pratique répandue dans la région (Inde, Indonésie et Malaisie) et les fermetures de zones en certaines périodes sont relativement appréciées en Thaïlande pour la gestion des maquereaux trapus (Rastrelliger spp.). Les fermetures de zones associées à l'établissement de parcs marins sont fréquentes en Malaisie et aux Philippines. Les mesures de gestion ont été peu appliquées faut de systèmes de SCS efficaces. Soucieuse d'aider ses États membres, la FAO a organisé, avec un appui financier de la Norvège, une série d'ateliers en 1999–2001 en Indonésie, en Malaisie et en Thaïlande (FISHCODE ou GCP/INT/648/NOR) afin que les Départements des pêches de ces pays puissent se familiariser avec la méthode d'élaboration de plans de gestion pour des pêcheries sélectionnées. Ces ateliers sont censés inciter les pays à améliorer la gestion en encourageant une participation accrue des parties prenantes au processus décisionnel. Cette assistance se poursuit en Indonésie et en Thaïlande où des ateliers sont prévus pour 2003. Le Ministère indonésien des affaires maritimes et des pêches a récemment conclu un accord de coopération avec le Fisheries Center of the University of British Columbia pour renforcer la capacité de recherche en Indonésie, en mettant l'accent sur la gestion écosystémique des pêches.

La surexploitation des ressources de crevettes pénéidées dans les eaux côtières a eu pour effet de stimuler le développement de l'aquaculture dans de nombreux pays de la région. Les systèmes de traitement des eaux usées étant peu utilisés ou difficilement accessibles dans la majorité des pays, l'eutrophisation due à l'accumulation de matière organique semble être le principal problème de pollution aquatique. Les cyclones qui entrent dans la baie du Bengale constituent un risque naturel considérable pour les pêcheurs, d'autant que les systèmes de prévisions météorologiques ne sont pas au point et que l'équipement électronique est limité sur la plupart des navires de pêche. Il s'ensuit qu'un grand nombre de pêcheurs trouvent la mort durant la saison des cyclones.

Zones du sud

Dans la partie sud, les pêcheries les plus précieuses sont celles de crevettes du Nord de l'Australie, de langoustes, et de thons rouges du sud. Dans la région, la gestion des pêches relève de la responsabilité du Gouvernement du Commonwealth d'Australie et de quelques États/territoires australiens (AFMA, 2002). La gestion de la pêcherie de crevettes du nord de l'Australie relève du gouvernement du Commonwealth, alors que celle de la pêcherie de langoustes dépend du gouvernement de l'Australie-Occidentale. La gestion des pêches a le plus souvent reposé sur l'attribution de droits de pêche, en termes de captures ou d'effort (Caton, 2000). La Commission pour la conservation du thon rouge du Sud (CCTRS), dont les États Membres sont l'Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande, a vu le jour en 1994. La République de Corée a adhéré à l'organisation en 2001, alors que la qualité de membre a été «étendue» à l'organisme des pêches de la province chinoise de Taiwan en 2002. La CCTRS travaille à la définition d'un statut de «non-membre coopérant» pour permettre aux pays pratiquant la pêche d'adhérer à la Commission sans devenir membres à part entière. Ce statut devrait entrer en vigueur en 2003 et l'Indonésie devrait être le premier pays à en bénéficier (CCTRS, 2003). Entre-temps, l'Afrique a indiqué qu'elle souhaitait adhérer à l'organisation.

Haute mer

Les flottilles hauturières d'Asie (Chine, Japon, République de Corée et Province chinoise de Taïwan) et d'Europe (essentiellement France et Espagne) pêchent en haute mer dans l'océan Indien oriental. Si la palangre est le principal engin employé par la flottille asiatique, la flottille européenne privilégie la senne coulissante. Les thons sont les principales espèces visées, mais des requins sont aussi capturés. Le Japon dominait dans les années 60, avec un pic de 58000 tonnes en 1967, mais ses captures ont par la suite diminué de façon irrégulière jusqu'à 5000 tonnes en 1992, pour remonter à 39 400 tonnes en 1995, avant de redescendre à 18000 tonnes en 2001. (Figure B9.8). La Province chinoise de Taïwan pêche dans la région depuis la fin des années 60 avec un premier pic des captures, à 31000 tonnes, en 1986–87, suivi d'un creux. Les captures ont augmenté de façon régulière à partir de 1991 jusqu'à 41000 tonnes en 1997, avant de tomber à 23000 tonnes en 2000 et à 13000 tonnes en 2002. Les captures de la République de Corée ont généralement été plus faibles, même si elles sont parvenues à un pic de 19 900 tonnes en 1979, mais elles n'étaient plus que de 3400 tonnes en 2002. La Chine pêche dans la zone depuis 1995 et en 2001 ses captures ont atteint 4000 tonnes. Les flottilles taiwanaises ont été de plus en plus nombreuses à baser leurs opérations à Phuket (Thaïlande) et à Penang (Malaisie), probablement en raison de la forte demande de thons par les conserveries de Thaïlande ces dernières années ou des excellentes installations portuaires pour exporter directement vers n'importe quelle destination. Au début des années 70, la flottille de l'ex-URSS a commencé à pêcher dans la zone, mais ses captures ont été inférieures à celles de la flottille asiatique, et elle s'est retirée en 1986. La flottille polonaise a également pêché dans la zone à la fin des années 80, mais ses captures ont été négligeables. Les flottilles espagnoles et françaises ont commencé à pêcher dans la zone fin 1997. La flottille française a débarqué 10 800 tonnes en 1998, mais seulement 100 tonnes en 2000 puis plus rien ensuite, alors que l'Espagne a pêché 17 700 tonnes en 1998 et 200 tonnes en 2000 et 1615 tonnes en 2002.

RÉFÉRENCES

Australian Fisheries Management Authority (AFMA). 2002. AFMA Annual Reports 2000–2001. Site Internet: www.afma.gov.au . (datant du 10/02/03).

Commission pour la conservation du thon rouge du sud (CCSBT). 2003. Nouvelles récentes. www.ccsbt.org. (datant du 10/06/03).

Caton, A. (éd.) 2000 : Fishery Status Reports 2000–2001. Resources Assessments of Australian Commonwealth Fisheries. Bureau of Rural Sciences, Dep. of Agriculture, Fisheries and Forestry: 252p.

Vivekanandan, E. 2002. Multispecies assessment of the demersal fish stocks along the southeast coast of India. Proceedings of the FAO/SEAFDEC regional training workshop on the use of statistics and other information for stock assessment, Samut Prakarn (Thaïlande), 9–12 septembre 2002. RAP Publication 2002/27: 24–37.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B10. PACIFIQUE NORD-OUEST
Zone statistique 61 de la FAO

par Jean-Jacques Maguire *

Introduction

Le Pacifique Nord-Ouest (Zone 61 - Figure B10.1) englobe plusieurs vastes zones distinctes de plateau continental productif: la partie nord de la mer de Chine méridionale, la mer de Chine Orientale, la mer Jaune, la mer du Japon, la mer d'Okhotsk. D'autres sous-zones ont un plateau continental moins étendu mais abritent des pêcheries productives, notamment la partie occidentale de la mer de Béring, et les eaux bordant les côtes orientales des îles Ryukyu au Japon, les îles Kouriles, et la partie sud-est de la presqu'île du Kamchatka où les interactions et la confluence des courants rapides de la bordure occidentale de l'océan favorisent l'enrichissement du milieu et la concentration des processus biologiques. La superficie totale est de l'ordre de 19 millions de km2, avec une zone de plateau d'environ 3,6 millions de km2, qui est la troisième du monde par la taille.

Après un déclin généralisé de 1988 à 1993–1994, les captures nominales ont par la suite remonté jusqu'en 1997–98, dépassant très légèrement le pic précédent, le Pacifique Nord-Ouest devenant alors la zone de la FAO la plus productive, avec près de 25 millions de tonnes déclarées. Les captures nominales sont tombées à 24 millions de tonnes en 1999, puis à 21 millions de tonnes en 2002. L'accroissement de l'effort de pêche continue de susciter des préoccupations dans le Pacifique Nord-Ouest.

Figure B10.1 - Le Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.1

PROFIL DES CAPTURES

Les captures totales ont augmenté régulièrement dans la zone, passant d'environ 4 millions de tonnes en 1950 à un pic intermédiaire de 24,5 millions de tonnes en 1988 (Figure B10.2 et Tableau D10). Elles sont ensuite descendues à 20,4 millions de tonnes en 1994 en raison de fortes baisses de deux espèces de poissons qui avaient de loin été les plus abondantes, à savoir le pilchard du Japon (Groupe 35 de la CSITAPA) et le lieu de l'Alaska (Groupe 32 de la CSITAPA). Les déclins de ces deux espèces extrêmement abondantes ont été compensés par des augmentations de la production d'autres espèces majeures, si bien qu'en 1997–98, la production totale des pêches de capture a pratiquement retrouvé le niveau du pic de 1988 (Figure B10.2); elle est toutefois redescendue à 21,4 millions de tonnes en 2002. En 1988, les captures de pilchard (ou sardine) du Japon (Sardinops melanostictus) ont atteint un pic de 5,4 millions de tonnes mais en 1998, elles étaient retombées à 296000 tonnes et sont restées de cet ordre par la suite (Figure B10.3). Traditionnellement les captures les plus importantes ont été produites par des pêcheries régionales de très grande échelle, comme celle de lieu de l'Alaska (Theragra chalcogramma), qui ont cependant accusé une brusque baisse par rapport au pic de 5,1 millions de tonnes atteint en 1988, pour tomber à 1,1 millions de tonnes à peine en 2002 (Figure B10.3). Le déclin des captures de lieu semble lié à la pression de pêche excessive, même si certains signes indiquent que les conditions écologiques ont aussi joué un rôle. On considère cependant que l'effondrement des sardines a été essentiellement imputable à une altération de l'écosystème naturel.

Figure B10.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans le Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.2

Source FAO

La première zone d'exploitation du lieu de l'Alaska est la mer d'Okhotsk, la deuxième étant la zone de large plateau qui s'étend de l'ouest de la mer de Béring jusqu'à la côte orientale de la péninsule de Kamchatka. Le Japon capture des quantités importantes dans la mer du Japon, alors que les prises de la République de Corée sont faibles.

Les captures d'anchois japonais (Engraulis japonicus) (Figure B10.3) sont passées de 0,3 million de tonnes en 1988 à plus de 2 millions de tonnes en 1998, puis ont fléchi à environ 1,8 million de tonnes en 1999–2002. Les captures de poisson-sabre commun (Trichiurus lepturus) (Figure B10.4) sont passées de 0,53 million de tonnes en 1988 à près de 1,4 millions de tonnes in 2000–2002, celles de maquereau espagnol (Scomber japonicus) (Figure B10.3) ont fléchi de 1,6 million de tonnes en 1996 à 0,87 million de tonnes en 2000 avec une légère augmentation en 2002. Les espèces du groupe 57 de la CSITAPA (encornets, seiches, poulpes) ont augmenté à un rythme régulier depuis 15 à 20 ans, principalement grâce aux captures de toutenons japonais, celles du groupe 56 de la CSITAPA (clams, coques, arches) ont diminué lentement, alors que les prises de pétoncles du Japon ont régulièrement progressé (Figure B10.5)

Les captures de harengs du Pacifique (Clupea pallasii) (Figure B10.4) ont enregistré une tendance baissière pluri-décennale, celles de 1994 ne représentant qu'environ un quart du niveau annuel moyen des décennies 60 et 70. Toutefois, après 1994, les captures sont à nouveau remontées jusqu'à atteindre 433000 tonnes en 1998 puis ont décru à 255000 tonnes en 2002.

Figure B10.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 35 et 37, Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.3

Source FAO

Figure B10.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 32 et 34, Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.4

Source FAO

Figure B10.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 55, 56 et 57, Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.5

Source FAO

Les captures de morue du Pacifique (Gadus macrocephalus) ont suivi la tendance générale baissière du lieu et des autres poissons de fond du Pacifique Nord, amorcée dans les années 80 (Figure B10.4). À l'intérieur de la zone 61, ce poisson semble particulièrement abondant dans la zone Russie - Cap Navarin, dans le nord de la mer de Béring. L'abondance est probablement aussi plus élevée en mer d'Okhotsk que ne l'indiquent les captures, en raison des interdictions de chalutage visant à protéger le crabe royal (Lithodes ferox).

Durant les deux dernières décennies, les captures de saumon ont tendu à la hausse. Les principales espèces de saumon du Pacifique Nord-Ouest sont le saumon keta (Oncorh ynchus keta), qui produit les captures les plus abondantes depuis les années 70, et le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha). Les prises de saumon keta sont tombées de 297000 tonnes en 1996 à 175000 tonnes en 2000, mais ont ensuite dépassè 220000 tonnes en 2001–2002. Les captures de saumon rose ont atteint un pic en 1991 (Figure B10.6), suivi d'une brusque baisse en 1992, pour augmenter à nouveau jusqu'à 201000 tonnes en 1988 et diminuer ensuite.

Figure B10.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 23, Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.6

Source FAO

Figure B10.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 42 et 45, Pacifique Nord-Ouest (Zone 61)

Figure B10.7

Source FAO

Les captures de crevettes ont augmenté de façon spectaculaire dans la région au cours des trois dernières décennies. (Figure B10.7).

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

On l'a déjà vu, les ressources marines qui ont le plus varié dans la région sont les populations de pilchards (ou sardines). La pêcherie de sardines située au large du Japon a connu une expansion rapide dans les années 30 où elle est devenue la plus grande pêcherie monospécifique existant dans le monde. Ensuite, au début des années 40, la population s'est brusquement effondrée. Elle est restée épuisée pendant près de trois décennies, puis a brusquement explosé au milieu des années 70 pour entrer dans une phase de reconstitution rapide (Kawasaki 1983) qui a débouché dans les années 80 sur des captures plus de deux fois supérieures au pic atteint avant l'effondrement de la population. Après avoir permis l'exploitation d'une grande pêcherie pendant presque aussi longtemps que la pêcherie précédente, la population est aujourd'hui entrée à nouveau dans une phase de déclin rapide (Figure B10.3). On estime que les fluctuations de l'abondance de sardines ne résultent pas de la pêche mais d'altérations de l'écosystème probablement liées au changement climatique (Lluch-Belda et al . 1989, 1992; Bakun 1996, 1998; Schwartzlose et al. 1999; Cury et al . 2000; Csirke et Vasconcellos, ce volume).

Le recul des captures de sardines s'est accompagné d'une forte reprise des captures d'anchois du Japon (Figure B10.4), suivant une tendance marquée d'alternance entre les stocks d'anchois et de sardines dans de nombreuses régions, partout dans le monde (Lluch-Belda et al . 1989, 1992; Bakun, 1998; Schwartzlose et al . 1999). L'anchois du Japon, qui engendre d'abondantes captures au large du Japon, est également redevenu l'espèce qui a donné lieu aux captures les plus élevées tant en mer Jaune (Tang et Jin 1999) que dans la mer de Chine orientale, auquelles s'ajoutent d'abondants prélèvements du fait des poissons démersaux et des prédateurs plus gros.

La surexploitation de la pêcherie de lieu de l'Alaska est de plus en plus évidente et l'on note que les captures contiennent une portion sans cesse croissante de lieu des classes d'âge plus jeunes et de poissons indifférenciés de faible valeur appartenant à d'autres espèces. Tous les principaux stocks de lieu sont considérés comme ayant actuellement une biomasse sensiblement inférieure à celle des années 80 et l'on prévoit que les tendances des captures continueront de baisser pendant plusieurs années encore. Les pêches non réglementées dans les eaux internationales du «Doughnut Hole» et du «Peanut Hole» qui ont produit des captures très élevées à la fin des années 80 et au début des années 90 ont été limitées, mais la situation de la «banane» de la mer d'Okhotsk reste préoccupante.

Au cours des années récentes, la biomasse des stocks de toutenons japonais aurait fluctué entre un niveau moyen et élevé, et ces stocks sont considérés comme modérément ou pleinement exploités.

L'effort de pêche dans la région a continué d'augmenter. Par exemple, en mer de Chine orientale, la puissance de pêche totale des navires chinois a été multipliée par 7,6 entre les années 60 et 90, alors que durant la même période les captures par unité d'effort étaient divisées par trois. Dans des mers côtières comme la mer de Chine orientale et la mer Jaune, on a noté que les captures tendaient à comprendre moins de gros poissons à valeur marchande élevée et plus de poissons plus petits de moindre valeur, moins de poissons démersaux et de poissons pélagiques prédateurs et plus de poissons pélagiques planctivores, moins de gros individus et plus de petits (Tang et Jin 1999; Zhang, Kim et Huh 1988; Zhang et Kim 1999). Une réduction de l'effort de pêche est considérée comme urgente dans quelques zones (Chen et Shen 1999; Zhang, Kim et Yun 1992)

Les problèmes environnementaux qui ont une incidence sur la pêche dans la région sont la récupération des terres sur la mer, la pollution par les métaux lourds (She 1999), les marées noires et les effets de la mariculture intensive. La fréquence des marées rouges s'emble s'être accrue (She 1999). En mer Jaune, des épidémies bactériennes sont une cause de mortalité des crevettes d'élevage. En mer d'Okhotsk, les tremblements de terre sont fréquents et les forages de pétrole qui commenceront sous peu suscitent des préoccupations en raison du risque élevé de marées noires.

RÉFÉRENCES

Bakun, A. 1996. Patterns in the Ocean: Ocean Processes and Marine Population Dynamics. University of California Sea Grant, San Diego, Californie, en coopération avec le Centro de Investigaciones Biológicas de Noroeste, La Paz, Baja California Sur, Mexique. 323p.

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* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B11. PACIFIQUE NORD-EST
Zone statistique 67 de la FAO

par Jean-Jacques Maguire *

INTRODUCTION

Le Pacifique Nord-Est (Figure B11.1) couvre près de 8 millions de km2, dont 1,3 million de km2 de plateau continental. La zone englobe plusieurs «grands écosystèmes marins» différents, dont la portion nord de la zone du courant de Californie, le golfe d'Alaska, et la partie orientale de la mer de Béring. Ces sous-zones présentent des dynamiques environnementales distinctes: le courant de Californie est un système d'upwelling subtropical classique de la bordure orientale de l'océan, alors que le système sub-arctique du golfe d'Alaska et de la mer de Béring, dominé par la cellule de basse pression aléoutienne, est l'un des systèmes atmosphériques quasi-permanents les plus intenses de la planète. Dans le golfe d'Alaska, cela donne lieu à une intense convergence côtière qui dirige un courant côtier qui tourne dans le sens contraire des aiguilles d'une montre autour de la périphérie du golfe, et se mêle au ruissellement côtier, ce qui crée des zones frontales profondes où la production biologique est particulièrement élevée. La partie orientale de la mer de Béring est un système de plateau peu profond, caractérisé par des mélanges intertidaux et la formation correspondante de fronts entre le plateau et la mer.

Figure B11.1 - Le Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.1

PROFIL DES CAPTURES

Les captures nominales totales du Pacifique Nord-Est ont augmenté, passant de 618000 tonnes en 1950 à un peu plus de 3,4 millions de tonnes en 1987. Les prises ont d'une manière générale diminué depuis, pour se situer à 2,7 millions de tonnes en 2002 (Figure B11.2 et Tableau D11). Le lieu (colin) de l'Alaska (Theragra chalcogramma) a représenté la plus large part des captures depuis le début des années 70, avec entre 40 et 50% du total pendant la plus grande partie de cette période (Figure B11.2). Les captures de lieu de l'Alaska ont reculé, tombant de 1,7 millions de tonnes en 1987 à 1,0 million de tonnes en 1999, avant de remonter à 1,5 millions de tonnes en 2002 (Figure B11.3). Traditionnellement, le groupe 23 de la CSITAPA (saumons, truites, éperlans) était en deuxième position dans les captures. Il est intéressant de noter que la zone 67 est l'une des rares régions où les espèces du Groupe 35 de la CSITAPA (harengs, anchois, sardines) ne représentent qu'une maigre part des captures.

Figure B11.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes CSITAPA dans le Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.2

Source FAO

Figure B11.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 32, Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.3

Source FAO

Figure B11.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 23, Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.4

Source FAO

Figure B11.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 31, Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.5

Source FAO

Les captures de saumon dans la zone 67 ont fortement tendu vers la hausse du milieu des années 70 au milieu des années 90 (Figure B11.4) principalement grâce à l'apparition d'un stock dans la partie nord de la région. Toutefois, la situation est généralement inverse pour les stocks de saumon argenté (Oncorhynchus kisutch) et de saumon royal (Oncorhynchus tshawytscha).

Le plus grand stock de poissons plats de la zone est celui de limande du Japon (Pleuronectes asper) dans la mer de Béring. Cette pêcherie a eu une évolution comparable à celle des saumons et des gadidés, avec une augmentation rapide des captures durant les années 70 et le début des années 80 (Figure B11.5), et une diminution par la suite. Les captures de flétans sont restées relativement stables, sans indiquer de tendance précise.

Les captures des espèces des groupes 32 (morues, merlus, églefins) et 34 (poissons démersaux divers) de la CSITAPA sont très irrégulières sauf celles de morue charbonnière qui ont décliné lentement et de morue du Pacifique qui ont fortement augmenté depuis la fin des années 70 et ont oscillé entre 210000 et 250000 tonnes ces dernières années, (Figure B11.6). Le sébaste du Pacifique a alimenté une pêcherie importante dans les années 60, mais depuis 1980, les captures n'ont représenté qu'une fraction infime de celles signalées dans les années 60 et au début des années 70, dépassant toutefois constamment 20000 tonnes depuis 1990.

Parmi les espèces du Groupe 42 de la CSITAPA (araignées de mer, crabes), le crabe royal (Lithodes ferox) a dominé dans les captures du début des années 60 au milieu des années 70, mais les prises de crabe des neiges (Chionocetes opilio) ont été à peu près égales et ont suivi une tendance similaire du milieu des années 70 au milieu des années 80. Depuis le milieu des années 80, les captures de crabe royal sont restées faibles, alors que celles des autres espèces d'araignées et de crabes (principalement crabes des neiges) sont très variables. En 2001, les prises de Chionocetes spp étaient à leur plus bas niveau depuis 1971, en 2002, elles sont restées sous les 40000 tonnes.

Les captures de harengs du Pacifique (Clupea pallasii) ont été relativement stables, à un niveau compris entre 60000 tonnes et 100000 tonnes depuis 1980 (Figure B11.7), affichant une légère tendance à la baisse. La pêcherie de sardines de Californie dans cette zone s'était pratiquement effondrée avant que les premières statistiques de la FAO ne soient collectées. Les captures de sardines, qui étaient pratiquement nulles entre 1950 et 1999, sont passées à 14000 tonnes en 2000 et à 39000 tonnes en 2002.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Saumons

Les augmentations de la population de saumon enregistrées durant la plus grande partie des années 80 et 90 en Alaska ont été attribuées aux conditions favorables de l'océan qui ont permis un taux de survie élevé des juvéniles (NMFS 1999), mais aussi à plusieurs autres facteurs, dont (1) l'amélioration de la gestion, (2) l'élimination de la pêche aux filets dérivants en haute mer, (3) la réduction des prises accessoires dans les pêcheries dirigées sur d'autres espèces et (4) le relativement bon état des habitats des cours d'eau très peu touchés par le développement extensif.

Les stocks de saumons sont soumis à une pression croissante à cause de la dégradation de l'environnement. Bon nombre de stocks, en particulier dans la partie sud de la région, sont déjà gravement touchés. La reproduction des saumons, espèces anadromes qui pondent en eau douce, est fortement compromise par la dégradation des cours d'eau et des estuaires causée par l'exploitation forestière, l'exploitation minière, le développement de la production de pétrole et de gaz, le développement industriel et l'expansion urbaine. Or il est difficile d'atténuer ces effets négatifs, compte tenu des conflits avec d'autres secteurs économiques. On craint en outre que l'utilisation de sujets d'écloserie pour compenser en partie la destruction des habitats n'aboutisse à la disparition des stocks sauvages (Hilborn and Eggers, 2000).

La construction de barrages dans les fleuves pour le développement de la production hydro-électrique, le stockage de l'eau et la maîtrise des inondations a d'une manière générale considérablement compromis les montaisons des saumons. Prenons pour exemple, le vaste barrage établi dans la Snake River, dans l'État de Washington, où les effectifs de saumons sauvages ont diminué de près de 90 pour cent en trente ans, et où chaque population est désormais en voie d'extinction ou protégée par la Loi sur les espèces en péril des États-Unis.

La production de saumons du Pacifique (Oncorhynchus spp.) devrait rester inférieure à la moyenne, compte tenu des indicateurs climatiques à grande échelle qui semblent avoir bouleversé les tendances en 1998. De 1999 à 2001, les captures totales de saumons du Pacifique au Canada étaient à leur plus bas niveau jamais enregistré (depuis 1925). La timide reprise en 2002 (33000 tonnes) pourrait être le signe d'une amélioration de la productivité de cette espèce dans la partie sud de son aire de répartition. Il est important de noter que des taux d'échappement élevés ont été enregistrés en 2001 pour un certain nombre d'espèces. Par exemple, le taux d'échappement de saumons roses (O. gorbuscha) vers le Fraser a été par deux fois supérieur au record jamais enregistré et s'est généralement amélioré dans toute la Colombie britannique. Les taux d'échappement de saumons rouges (O. nerka) dans la zone de Barkley Sound ont été les plus élevés jamais enregistrés. De nombreux stocks de Saumon argenté (O. kisutch) le long de la côte ont aussi connu des taux d'échappement exceptionnellement élevés. Les retours de saumons rouges vers le Fraser en 2002 ont été beaucoup plus importants que prévu. Ainsi, il semble que toutes les espèces de saumon sur la côte ouest du Canada aient bénéficié d'une amélioration du climat et des conditions de productivité.

Figure B11.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 32 et 34, Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.6

Source FAO

Figure B11.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35 Pacifique Nord-Est (Zone 67)

Figure B11.7

Source FAO

Ressources démersales

Bon nombre des principaux stocks de poissons démersaux du Pacifique Nord ont suivi la même trajectoire d'augmentation rapide, à partir du milieu des années 70, qui a caractérisé les grands stocks de saumons de la zone du Pacifique subarctique (Bakun 1996, 1999). En conséquence, le complexe de stocks de lieu de l'Alaska répartis sur toute la largeur du Pacifique subarctique, tant dans ses portions nord-est (zone 61) que nord-ouest (zone 67) durant une grande partie des années 80, a été reconnu comme la plus grande population de poissons démersaux exploitée dans le monde. Le lieu de l'Alaska est considéré comme pleinement exploité dans cette région.

Les autres grandes populations de gadidés présentes dans la zone, qui sont celles de morue du Pacifique et de merlan du Pacifique (Merluccius productus) (ce dernier étant également connu sous le nom de merlu du Pacifique) ont aussi tendu à augmenter du milieu des années 70 au milieu des années 80. La morue du Pacifique est pleinement exploitée tant dans la mer de Béring que dans le golfe d'Alaska. Le merlan du Pacifique est considéré comme pleinement exploité. Alors que le plus gros stock de morue du Pacifique se trouve dans la mer de Béring, le merlu du Pacifique est concentré au large des côtes occidentales des États-Unis et du Canada et, contrairement à la morue du Pacifique, il semble que l'abondance de merlus du Pacifique continue à diminuer (Anon., 1999).

Parmi les populations importantes de poissons plats, le très prisé flétan du Pacifique (Hippoglossus stenolepis) est considéré comme pleinement exploité et la biomasse exploitable est supérieure à la moyenne et stable depuis 4–5 ans. En général, la ressource est considérée comme en bonne santé (Clark et Hare, 2002) et les captures ont frôlé des records historiques depuis 1997 (Figure B11.5). Les pêcheries du Canada et de l'Alaska sont passées à un système de contingents individuels de pêche.

La limande du Japon (Pleuronectes asper) est considérée comme sous-exploitée. Les poissons plats autres que le flétan et la limande du Japon sont abondants et sous-exploités dans la mer de Béring et le golfe d'Alaska en raison des restrictions sur les prises accessoires. Le flétan noir (Reinhardtius hippoglossoides) est le seul stock de poisson plat à être actuellement en dessous du niveau d'abondance visé; il a en effet diminué relativement régulièrement par rapport aux niveaux de biomasse élevés du début des années 80, en raison du maigre succès de la reproduction.

La morue charbonnière (Anoplopoma fimbria) est pleinement exploitée dans toute la région.

D'une manière générale, l'abondance des stocks de poissons démersaux commerciaux présents au large de la côte ouest du Canada est considérée comme faible ou moyenne. L'abondance des morues et des merlus du Pacifique reste très faible. Les stocks exploitables de sébastes, poissons plats, morue-lingue (Ophiodon elongatus), et lieu sont peu ou modérément abondants. La morue charbonnière demeure en deçà de la moyenne à long terme. Les récentes conditions du climat ou de l'océan pourraient entraîner une amélioration du recrutement de nombreux stocks de poissons démersaux (McFarlane, 2002). Pendant les années 90, plusieurs espèces de poissons démersaux ont eu des classes d'âge faibles (McFarlane et al., 2000). Cependant, bien que le succès des classes d'âge se soit amélioré depuis 1999, il faudra attendre l'entrée de ces cohortes dans la pêcherie pour que l'on note un accroissement de la biomasse exploitable. Pour la morue charbonnière, le merlu du Pacifique et les espèces de poissons plats, cela pourrait se produire après 2004, et après 2009 pour les espèces de sébastes.

Le Plan de gestion des pêches (PGP) de poissons démersaux du Conseil de gestion des pêches du Pacifique couvre plus de 80 espèces, dont plus de 60 espèces de sébastes de la famille des scorpénidés, 7 espèces de poissons «ronds», 12 espèces de poissons plats, un assortiment de requins et de raies et quelques espèces de poissons marins divers vivant au fond de la mer. Sur la base des normes du PGP relatives à la définition des espèces de poissons démersaux surexploitées, neuf espèces ont été déclarées surexploitées par le Service national des pêches maritimes (NMFS) dans la zone du Conseil de gestion des pêches du Pacifique, à savoir: le sébaste bocace, le sébaste citron, Sebastes Levis , le sébaste tacheté, la morue-lingue, le sébaste du Pacifique, le merlan du Pacifique, le sébaste rocote, et le sébaste wilsoni.

Petits pélagiques

Le hareng du Pacifique alimente une pêcherie extrêmement précieuse, en particulier pour la vente des œufs de harengs très prisés sur le marché japonais. D'une manière générale, depuis le milieu des années 70, la population de harengs semble fluctuer entre une abondance faible ou modérée. L'abondance varie suivant les nombreux stocks de la région, mais dans l'ensemble, les tendances les plus récentes indiquent une abondance tout à fait satisfaisante (NMFS 1999). L'abondance du hareng du Pacifique dans le détroit de Géorgie était considérablement plus élevée en 2002 que durant les années récentes, à nettement plus de 100000 tonnes. Les chiffres actuels de l'abondance n'ont été dépassés qu'en 1955, où ils avaient atteint le record historique de 140000 tonnes, et ils sont bien au-dessus du niveau le plus bas estimé en 1968 (11000 tonnes) dans la série chronologique 1951–2002. L'abondance de ce stock a progressivement augmenté depuis le creux du milieu des années 80. Des enquêtes sur des juvéniles montrent que le recrutement élevé des années récentes devrait se poursuivre encore quelques années. Les harengs devraient augmenter dans la zone de la côte occidentale de l'île de Vancouver compte tenu de la réduction de l'abondance des prédateurs dans la zone. Les conditions ayant été plus favorables pour la survie des harengs en 2000 et en 2001, une amélioration du recrutement vers ce stock est attendue en 2003. Les stocks de harengs présents dans la zone du détroit d'Hecate sont des stocks migrateurs provenant des îles de la Reine Charlotte, du district du Prince Rupert et de la zone de la Côte centrale. Depuis dix ans, le recrutement et l'abondance ont été faibles pour le stock de l'île de la Reine Charlotte, mais généralement satisfaisants pour ceux du district du Prince Rupert et de la zone de la Côte centrale. Récemment, les conditions de survie se sont dégradées dans la zone de la Côte centrale, mais améliorées vers le district du Prince Rupert et les îles de la reine Charlotte. On prévoit donc un accroissement de l'abondance dans ces deux dernières zones, et une diminution dans la région de la Côte centrale.

Invertébrés

Les biomasses de crabes et de crevettes sont faibles partout en Alaska. Les stocks de crabe royal du Kamtchatka (Paralithodes camtschatica) et de crabe des neiges du Pacifique (Chionoecetes bairdi) sont particulièrement bas. Les prises accessoires de crabes dans des chaluts ou des pièges demeure un gros problème (NMFS 1999).

Dans les eaux canadiennes, les captures et les valeurs débarquées de crustacés et mollusques continuent à augmenter au fur et à mesure que de nouvelles espèces s'ajoutent à la liste des espèces pêchées à des fins commerciales. Les populations d'ormeau nordique (Haliotis kamtshatkana) sont peu abondantes, et ne donnent aucun signe de reprise depuis la fermeture de la pêcherie en 1990. Les effectifs de panopée du Pacifique (Panopea abrupta) semblent être en augmentation grâce à un recrutement supérieur à la moyenne dans les années 90. Les captures de clams intertidaux (Venerupis philippinarum, Protothaca staminea, Saxidomus gigantea) ont diminué, mais ces baisses résultent moins d'une réduction de l'abondance que de la perte de lieux de pêche traditionnels due à la pollution ou à l'aquaculture. L'abondance de couteaux (Siliqua patula) sur l'île de Graham dans les îles de la Reine Charlotte s'est accrue à la fin des années 90 et au début de la première décennie de 2000. On ne connaît pas l'évolution de l'abondance de pétoncles épineux et rose (Chlamys hastata et C. rubida) faute d'informations historiques sur la distribution et l'abondance de ces espèces. Les populations de dormeur du Pacifique (Cancer magister) sur les îles de la Reine Charlotte continuent à régresser par rapport aux records historiques du début des années 90, alors qu'ailleurs sur le littoral de la Colombie britannique, les stocks sont relativement stables, à des niveaux proches de la moyenne. Avec les modifications de l'effort de pêche et le ciblage sélectif par taille et par espèce dans la pêcherie chalutière multispécifique de crevettes (Pandalus et Pandalopsis spp.), l'épuisement du stock local devient préoccupant. Les stocks de crevettes roses (Pandalus jordani) au large de la côte occidentale de l'île de Vancouver sont en baisse après une récente période de grande abondance. De nombreux petits stocks locaux de crevettes (Pandalus platyceros) évoluent de façon inégale, sans faire apparaître de tendance globale précise. Les débarquements d'oursin grimpeur (Strongylocentrotus droebachiensis) se sont stabilisés et les CPUE augmentent dans la pêcherie, ce qui montre que l'abondance s'accroît. Les stocks d'oursin rouge (Strongylocentrotus franciscanus) sont raisonnablement stables, avec plusieurs petites zones fermées à la pêche en raison du faible recrutement local et / ou de la prédation par les loutres de mer d'Amérique du Nord. Les populations de concombre de mer Parastichopus californicus sont stables ou en hausse dans les zones exploitées à des fins commerciales. On ne connaît pas les tendances concernant l'abondance d'espèces commerciales mineures, comme les pouce-pieds (Policipes polymerus), le calmar opale (Loligo opalescens) et le crabe des neiges (Chionoecetes tanneri).

RÉFÉRENCES

Anon. 1999. 1998 whiting fishery and 1999 outlook. Pacific Whiting Conservation Cooperative Newsletter. Pacific Whiting Conservation Cooperative. Seattle.

Bakun, A. 1996. Patterns in the Ocean: Ocean Processes and Marine Population Dynamics. University of California Sea Grant, San Diego, Californie, en coopération avec le Centro de Investigaciones Biológicas de Noroeste, La Paz, Baja California Sur, Mexique. 323p.

Bakun, A. 1999. A dynamical scenario for simultaneous «regime-scale» marine population shifts in widely separated large marine ecosystems of the Pacific. p. 2–26. In K. Sherman et Q. Tang (éds.) Large Marine Ecosystems of the Pacific Rim: Assessment, Sustainability and Management . Blackwell Science Inc. Malden, Massachusetts. 465p.

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Hilborn, R. et Eggers, D. 2000. A review of the hatchery programs for pink salmon in Prince William Sound and Kodiak Island, Alaska. Trans. Am. Fish. Soc. 129: 333–350.

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* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B12. PACIFIQUE CENTRE-OUEST
Zone statistique 71 de la FAO

par Purwito Martosubroto *

INTRODUCTION

Cette Zone statistique de la FAO (Figure B12.1) couvre une superficie de 33,9 millions de km2, qui part des mers baignant les pays de l'Asie du Sud-Est, s'étend vers le bas jusqu'au nord et à l'est de l'Australie puis plus à l'est jusqu'à quelques petits pays insulaires du Pacifique Sud (comme indiqué dans l'examen régional des îles du Pacifique Sud). L'élément dominant est une vaste zone de plateau continental (6,6 millions de km2), bordée au nord par les pays de l'Asie du Sud-Est et au sud-est par l'Indonésie et l'Australie. L'essentiel de cette zone de plateau continental se trouve à l'intérieur des Zones économiques exclusives (ZEE) des pays de l'Asie du Sud-Est, ce qui explique leur contribution importante à la production totale de la Zone 71. Les zones de plateau sont riches en ressources démersales, notamment crevettes pénéidées, ainsi qu'en petits pélagiques, alors que les eaux profondes du Pacifique sont riches en thonidés.

Les captures totales de la région ont progressé à un rythme régulier depuis 1950, et ont dépassé 10 millions de tonnes en 2002, en majorité consommées localement par la population nombreuse des pays riverains. Les crevettes et les thons sont les principaux produits exportés.

Figure B12.1 - Le Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.1

Malgré l'expansion rapide et continue des pêches dans cette région, l'état des ressources est mal connu. De nombreuses décisions de gestion ont été prises au gré des circonstances et les mesures adoptées ont rarement été fondées sur des avis et des analyses scientifiques. Les restrictions sur les engins et les zones (zonage en fonction de l'engin) sont des mesures de gestion courantes et des systèmes de limitation les entrées sont adoptés depuis peu en Indonésie et en Malaisie. Dans la partie sud de la région, le processus de gestion repose depuis un certain temps sur des avis scientifiques dans la majorité des pêcheries australiennes.

Les eaux profondes du Pacifique Centre-Ouest sont riches en thonidés. Treize petits États insulaires sont fortement tributaires de ces ressources, mais leurs captures cumulées représentent seulement 2,3 pour cent des prises totales de la région. Généralement, les petits États insulaires ont mis au point un arrangement avec des pays pratiquant la pêche hauturière, sur la base d'un système d'attribution de licences sous les auspices de l'Organisme du forum des pêches (FFA). Les flottilles hauturières qui opèrent dans cette région sont celles du Japon, de la République de Corée, de la province chinoise de Taiwan, et des États-Unis. Dernièrement, la Chine a également envoyé ses flottilles hauturières dans cette zone, mais ses captures sont inférieures à celles des autres pays qui viennent d'être mentionnés. Au total, les captures des nations étrangères contribuent pour 9,1 pour cent à la production totale du Pacifique centre ouest.

Figure B12.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA, Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.2

Source FAO

Figure B12.3 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.3

Source FAO

Figure B12.4 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces choisies du groupe CSITAPA, 36, Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.4

Source FAO

Figure B12.5 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35, Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.5

Source FAO

PROFIL DES CAPTURES

Les captures ont progressé à un rythme régulier, passant de 530000 tonnes en 1950 à 10,5 millions de tonnes en 2002 (Figure B12.2 et Tableau D 12). Les cinq pays de l'Asie du Sud-Est, à savoir l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande et le Viet Nam, ont contribué pour plus de 87 pour cent aux captures totales de 2002. Dans ces pêcheries multispécifiques tropicales, les poissons marins non identifiés (groupe 39 de la CSITAPA) ont dominé les captures: leur part était de plus 40 pour cent du total durant les années 60, mais a fléchi par la suite par à coups, pour tomber à environ 24 pour cent du total en 2002. Il est cependant préoccupant que le très haut niveau de captures de 2,6 millions de tonnes déclarés dans cette catégorie dépasse le montant des captures totales du deuxième producteur de la région: La Thailande avec 1,9 millions de tonnes pour l'année 2002. Cette proportion importante de poissons non identifiés déclarés dans les captures entraine une sous-estimation de la production réelle par espèces. Les thons, les bonites et les voiliers et marlins (groupe 36 de la CSITAPA) sont au deuxième rang depuis le début des années 80, avec une part d'environ 22 pour cent du total en 2002. Les principales espèces capturées ont été le listao et l'albacore (Figure B12.3).

Les thons et les voiliers et marlins forment un produit d'exportation important dans de nombreux pays de la région, avec la crevette. L'Indonésie et les Philippines sont les principaux pays qui pêchent le thon dans le Pacifique Centre Ouest. Les autres groupes sont, par ordre d'importance, les poissons pélagiques divers, (chinchards, comètes et maquereaux - Groupe 37 de la CSITAPA) et les harengs, les sardines et les anchois (Groupe 35 de la CSITAPA). Dans ce dernier groupe, Stolephorus spp. et Sardinella gibbosa n'ont indiqué aucune tendance précise depuis sept ans (Figure B12.4). Les autres groupes importants sont ceux de poissons côtiers, y compris les tambours (Sciaenidés), les poissons-cochons (Leiognathidae), les poissons-chats (Ariidae), etc. Les captures des espèces de ce groupe ont tendu vers la hausse jusqu'à la fin des années 90 puis se sont stabilisées au cours des cinq dernières années (Figure B12.5).

Le groupe des crevettes n'a contribué que dans la mesure de 5 pour cent aux captures totales, mais en raison de leur valeur marchande élevée, les crevettes forment l'un des principaux produits d'exportation. Les espèces démersales et les petits pélagiques sont en grande partie consommés localement, par la population nombreuse de l'Asie du Sud-Est.

Haute mer

Les captures des pays pratiquant la pêche hauturière dans cette région qui avaient culminé à 1 million de tonnes en 1994 sont tombées à 800000 tonnes en 1997, pour remonter à près d'un million de tonnes en 1998, et redescendre à 860000 tonnes en 2002 (Figure B12.6). Les captures du Japon ont atteint un pic de 350000 tonnes en 1986 pour redescendre brusquement à environ 210000 tonnes en 1997, puis fluctuer et remonter à 225000 tonnes en 2002. Les captures de la province chinoise de Taiwan ont brusquement augmenté dans les années 80 et au début des années 90 et atteindre 380000 tonnes en 2002. Les captures de la République de Corée ont progressé régulièrement jusqu'en 1991 jusqu'à un pic de 256000 tonnes, pour ensuite fluctuer et se chiffrer à 225000 tonnes en 2002. Les captures des flottilles des États-Unis ont également été importantes, avec une fluctuation autour de 150000 tonnes, puis une brusque augmentation à 188000 tonnes en 1999, et un fléchissement à 114000 tonnes en 2002. Les captures des États-Unis étaient au quatrième rang derrière les trois principales flottilles de pêche hauturière asiatiques. Les prises de l'ex-URSS avaient été relativement faibles, les plus élevées étant d'environ 17000 tonnes en 1987, avant l'effondrement du régime centralisé. La Chine a commencé à déployer sa flottille de pêche dans la région en 1988, mais ses captures ont été relativement faibles et ont atteint le maximum de 14000 tonnes en 1994.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Certaines ressources côtières, en particulier les crevettes, sont fortement exploitées notamment dans les eaux bordant le golfe de Thaïlande et dans certaines zones des eaux nationales de l'Indonésie (côte nord de Java) et des Philippines (baie de Manille). Les captures étaient dominées par les crevettes pénéidées des genres Penaeus et Metapenaeus (Figure B12.7). La pression de pêche accrue a été associée au nombre croissant de pêcheurs et à la multiplication des engins efficaces. Le développement de la pêche chalutière dans le golfe de Thaïlande a entraîné la surexploitation des ressources démersales (ICLARM, 2001; FISHCODE, 2001). D'après une récente étude, les captures par unité d'effort des chaluts se chiffrent actuellement à environ 1/10 à 1/15 de leur niveau du début des années 60, lorsque la pêche chalutière a démarré.

Dans la partie sud de la région, il existe d'importantes pêcheries de crevettes, dans le sud d'Irian Jaya, exploitées par l'Indonésie et par l'Australie au large de son Territoire du Nord. La pêcherie de crevettes de la mer d'Arafura exploite diverses espèces de crevettes pénéidées, les principales étant la crevette banane (Penaeus merguiensis) et diverses espèces du genre Metapenaeus , en particulier M. endeavour et M. ensis . Ces pêcheries ont été créées par une société de co-entreprise entre des compagnies de pêche indonésiennes et japonaises à la fin des années 60 et au début des années 70. Elles ont connu une expansion rapide et à présent les compagnies de la société de co-entreprise sont devenues des compagnies nationales. La contribution de ces pêcheries aux captures a été de l'ordre de 10 à 15000 tonnes par an. Le développement récent de la pêche chalutière à bord de petits navires de 20 à 30 TB basés à l'île d'Aru, a contribué au déclin du stock de crevettes dans la partie ouest de la mer d'Arafura.

Figure B12.6 - Captures nominales annuelles ('000t) des flottes des pays étrangers, Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.6

Source FAO

Figure B12.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 45, Pacifique Centre-Ouest (Zone 71)

Figure B12.7

Source FAO

La pêcherie de crevettes dans le Territoire du Nord de l'Australie exploite la crevette banane (P. merguiensis), la crevette blanche (P. indicus), la crevette tigrée sombre (P. esculentus), la crevette tigrée verte (P. semisulcatus), la crevette géante tigrée (P. monodon), la crevette devo (M. endeavour), la crevette glissante (M. ensis), la crevette royale occidentale (P. latisulcatus), et la crevette royale à taches rouge (P. longistylus). Une étude récente indique que la crevette tigrée est biologiquement surexploitée, tout comme la crevette tigrée sombre et la crevette tigrée verte (Caton, 2000). La pêcherie de crevettes et de langoustes du détroit de Torres, entre l'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, joue aussi un rôle important dans cette région. La crevette tigrée sombre et la crevette devo sont les principales espèces ciblées par les chalutiers, alors que la langouste (Panulirus ornatus) est ciblée par les pêcheurs au harpon ou ramassée directement par des pêcheurs-plongeurs. Les pêcheries de crevettes et de langoustes ont rapporté 21,8 millions et 5 millions de dollars australiens respectivement en 2000.

Gestion des pêches

Diverses mesures de gestion ont été mises en place dans la majorité des pays pour limiter la pression de pêche sans cesse croissante. Les institutions de gestion des pêches sont plus ou moins fortes dans la partie nord de la zone (Menasveta 1997).Parmi les pays en développement de l'Asie du Sud-Est, la Malaisie est relativement plus avancée dans le domaine de la gestion des pêches, grâce aux gros efforts qu'elle a récemment déployés pour renforcer son système de suivi, de contrôle et de surveillance, désormais bien implanté dans la région.

Malgré la prolifération des organismes régionaux qui s'occupent de pêche dans le Pacifique Centre Ouest: Centre de développement des pêches de l'Asie du Sud-Est (SEAFDEC), Groupe de travail sur les pêches de l'ANASE, Groupe de travail sur les pêches de l'Association de coopération économique Asie-Pacifique), aucun d'eux n'a de mandat régional, en matière de gestion des pêches. La Commission Asie-Pacifique des pêches (APFIC) de la FAO s'est occupée de promouvoir divers éléments du Code de conduite pour une pêche responsable, mais elle n'a qu'une fonction d'organe consultatif. Dans le cadre de l'Initiative des Nations Unies, quelques pays de cette région, les pays du Pacifique Centre Est, et des pays pratiquant la pêche hauturière, se sont engagés dans diverses réunions à s'attaquer au problème de l'organisation régionale responsable de la gestion des pêches. La Conférence préparatoire pour l'établissement de la Commission de la Convention sur les thons du Pacifique Centre-Ouest s'est réunie quatre fois, la dernière session ayant eu lieu Manille du 15 au 22 novembre 2002.

Les mesures de gestion couramment adoptées dans le nord de la zone sont le zonage par engin de pêche, les fermetures saisonnières, les fermetures de zones et les limitations des tailles de maille. L'Indonésie a interdit le chalutage dans la partie ouest de sa zone de pêche alors que les Philippines l'ont prohibé dans les eaux côtières. Depuis 1982, les chalutiers-crevettiers opérant en mer d'Arafura sont tenus d'installer un dispositif de réduction des captures accessoires dans leurs filets. Des réglementations de ce type ont également été introduites par l'organisme responsable de la gestion dans le Territoire du Nord de l'Australie depuis avril 2000, où un dispositif d'exclusion des tortues était déjà exigé (AFMA, 2002). Un forum spécial a récemment été créé pour résoudre les conflits liés à la pêche dans les mers d'Arafura et de Timor, et des experts venus d'Australie, d'Indonésie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Timor-Leste y ont participé. Cette initiative a été prise pour appliquer les engagements concernant le renforcement des capacités, pris au Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg.

En Australie, la gestion des pêches est plus avancée que dans les pays du nord du Pacifique Centre Ouest. Quelques pays de l'Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie et Thaïlande) ont récemment reçu une assistance technique pour l'élaboration de plans de gestion des pêches, dans le cadre de projets de la FAO bénéficiant d'un soutien financier de la Norvège (FISHCODE ou GCP/INT/648/NOR). Les pêcheries concernées sont les pêcheries de sardines du détroit de Bali, les pêcheries de petits pélagiques de la côte ouest de la Malaisie et les pêcheries d'anchois du golfe de Thaïlande. Un atelier similaire, prévu du 1 au 3 juillet 2003, en Indonésie, a pour objet d'élaborer un plan de gestion pour la pêcherie de la baie de Tomini.

RÉFÉRENCES

Australian Fisheries Management Authority (AFMA). 2002. AFMA Annual Reports 2000–2001. Site Internet: www.afma.gov.au . (datant du 10/02/03).

Caton, A. (éd). 2000 : Fishery Status Reports 2000–2001. Resources Assessments of Australian Commonwealth Fisheries. Bureau of Rural Sciences, Dep. of Agriculture, Fisheries and Forestry: 252p.

FISHCODE. 2001. Report of the bio-economic modelling workshop and a policy dialogue meeting on the Thai demersal fisheries in the Gulf of Thailand, 31 mai–9 juin 2000. FI/GCP/INT/648/NOR: Field Report F.16 (En), Rome, FAO: 104p.

ICLARM. 2001. Sustainable Management of Coastal Fish Stocks in Asia. Final Report. ADB/RETA 5766: 34p.

Menasveta, D. 1997. Fisheries Management Frameworks of the Countries bordering the South China Sea. FAO Regional Office for Asia and the Pacific, Bangkok. RAP Publ. 1997/33. 151p.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.


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