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B. REVUES PAR RÉGION(continuer)

B13. PACIFIQUE CENTRE-EST
Zone statistique 77 de la FAO

Jorge Csirke et Merete Tandstad *

INTRODUCTION

Cette zone statistique part du littoral occidental des Amériques et couvre une superficie totale de 48,90 millions de km2, englobant une zone de plateau estimée à 0,81 million de km2. La zone s'étend de 40°00' à 40°30'de latitude nord au Nord de la Californie (États-Unis) à 05°00'de latitude nord au Sud de Panama et à 25°00'de latitude sud plus au large dans la partie centrale du Pacifique, face à l'Amérique du Sud (voir FigureB13.1). Le plateau continental est en grande partie étroit et plutôt abrupt, le fond atteignant des profondeurs océaniques extrêmes très près de la côte. Le plateau continental s'étend en largeur sur à peine plus de 20 km de la côte, sauf dans quelques endroits, dans les eaux de la baie de San Francisco, d'El Salvador, du Nicaragua et du Golfe de Panama, où il s'élargit jusqu'à 60 km. Le fond tend à être hétérogène, avec plusieurs zones se prêtant au chalutage, une technique de pêche pourtant peu utilisée sauf pour la crevette. Le chalutage est peu pratiqué pour capturer les poissons démersaux côtiers et il ne l'est pratiquement jamais en haute mer. Il existe quelques petites îles à proximité des côtes du sud de la Californie et de Panama et d'autres archipels plus au large dans l'océan. Ces chapelets d'îles - celui des îles Hawaï est le plus grand - ont aussi des plateaux continentaux très étroits.

Figure B13.1 - Le Pacifique Centre-Est (Zone 77)

Figure B13.1

La zone est influencée par deux grands systèmes de courants de surface: dans le nord, le système du Courant de Californie, présent du nord de la Californie à la Basse-Californie (Parrish et al ., 1983), et plus au sud, le grand système du courant équatorial transpacifique de surface, constitué des courants nord et sud-équatoriaux qui vont vers l'ouest et sont séparés l'un de l'autre par le contre-courant équatorial portant à l'est (Bakun et al ., 1999). L'interaction entre ces courants, la topographie et les différences dans la force du vent engendrent d'importantes remontées d'eaux profondes le long de la côte de la Californie, de la Basse-Californie et du Golfe de Panama. Quelques upwellings plus modestes se produisent aussi le long de la côte de l'Amérique centrale et en haute mer au dessus du Dôme du Costa Rica.

Figure B13.2 - Captures annuelles nominales ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans le Pacifique Centre-Est (Zone 77)

Figure B13.2

Source FAO

L 'upwelling côtier, généré par les vents soufflant vers l'Équateur parallèlement à la côte, est la principale source d'enrichissement en nutriments des eaux côtières dans la partie nord subtropicale plus tempérée des eaux baignant les Californies, alors que les eaux des zones plus tropicales au large de l'Amérique centrale bénéficient de sources d'enrichissement plus variées. L'upwelling côtier dû à l'action des alizés du sud-est et les écoulements d'origine terrestre sont les principales sources d'enrichissement de la productivité biologique dans la zone équatoriale côtière, alors que vers la haute mer, le Dôme du Costa Rica semble être une importante source d'upwelling et d'enrichissement en nutriments (Wyrtky, 1964; Bakun et al ., 1999).

Les différences de climat, l'interaction des systèmes de circulation complexes du vent et de l'eau et les divers processus d'enrichissement ont une incidence marquée sur la distribution et l'abondance des ressources halieutiques et sur les activités de pêche dans la région. La pêche des petits et grands pélagiques est particulièrement développée à proximité des principales zones d'upwelling , alors que la pêche à la crevette et, dans une moindre mesure, aux poissons démersaux côtiers soutient d'importantes pêcheries locales dans les eaux plus tropicales du Mexique, de l'Amérique centrale et de Panama. La pêche à l'encornet est également importante dans les eaux plus riches de la Californie et du Mexique. Le phénomène d'oscillation australe El Niño (ENSO) provoque d'amples fluctuations interannuelles des conditions environnementales affectant les populations marines de cette zone et il peut être à l'origine de perturbations naturelles qui mettront plusieurs années à se dissiper (Bakun, 1993). Les fluctuations à moyen et à long terme des captures annuelles de certaines espèces dominantes de la zone semblent au moins en partie être associées à ces amples variations interannuelles des conditions naturelles.

PROFIL DES CAPTURES

Dans la zone du Pacifique Centre-Est, la production des pêches est essentiellement constituée de petits et de grands pélagiques puis, par ordre d'importance, d'encornets, de crevettes, de démersaux côtiers et d'autres espèces (Figure B13.2, TableauD13). Les pêcheries pélagiques sont particulièrement dynamiques au large de la Californie du Sud, de la Basse Californie, du Dôme du Costa Rica et du golfe de Panama. Bien que les prises de crevettes soient limitées, elles représentent, grâce à leur valeur unitaire élevée, la deuxième grande pêcherie commerciale de la zone et la première dans la plupart des pays côtiers qui s'y trouvent.

Les pêches maritimes ont démarré relativement tôt dans la zone. L'expansion des principales pêcheries, essentiellement déclenchée par la naissance d'une industrie des conserves de poisson, a entraîné une progression rapide des captures dès le début du XXe siècle. Les prises ont été relativement abondantes dans les années 30 et au début des années 40, avec un pic d'environ 900000tonnes par an au milieu des années 30, mais elles ont ensuite brusquement chuté à 690 000 tonnes en 1950 puis à leur plus bas niveau historique (320 000 tonnes) en 1953. Cette situation a été essentiellement imputable à l'expansion et à l'effondrement des pêcheries de pilchard de Californie (Sardinops caeruleus) au large des États-Unis, dont la production inférieure à 2 000 tonnes en 1915 a progressé à un rythme à peu près régulier jusqu'à un plafond de plus de 700 000 tonnes en 1936, pour ensuite retomber à un niveau voisin de zéro en 1968 (Murphy, 1966; Gulland, 1970; Troadec, Clark et Gulland, 1980). La pêche au thon a aussi connu une expansion régulière durant la première moitié du siècle dernier et en 1950, les captures totales de thons (principalement listao et albacore) atteignaient déjà 170 000 tonnes et elles sont restées à peu près stables jusqu'en 1960 où de nouvelles augmentations ont été enregistrées.

Après le bas niveau de 1953, les captures totales pour l'ensemble de la zone ont connu une période d'augmentation constante jusqu'à un pic de 1,9 million de tonnes en 1981. Depuis, les captures totales ventilées par principaux groupes d'espèces ont oscillé entre 1,2 million de tonnes en 1983, 1984 et 1993 et plus de 2,0 millions de tonnes en 2002, ce qui était leur plus haut niveau jamais enregistré (Figure B13.2, TableauD13).

Au début du XXe siècle, les fluctuations interannuelles de la production totale ont été principalement dues aux variations de l'abondance et de la production totale de petits pélagiques, bien que le violent «El Niño» de 1983–84 ait entraîné une chute spectaculaire des captures totales de petits et grands pélagiques et de quelques autres groupes d'espèces. Le plus récent El Niño de 1997–98 a également eu une influence sur les captures de la zone, en particulier d'encornets.

En ce qui concerne l'ensemble des ressources, l'effondrement de la pêcherie de pilchards, au large de la Californie, à la fin des années 40, a été partiellement compensé par une augmentation de l'abondance de l'anchois de Californie (Engraulis mordax) dans la même zone, même si cette pêcherie ne s'est réellement développée que bien plus tard (MacCall, 1983). Il a fallu attendre les années 70 pour que le Mexique établisse une importante pêcherie industrielle de pilchard et d'anchois de Californie, qui a contribué à faire remonter la production totale de petits pélagiques du Groupe 35 de la CSITAPA, tombée à son plus bas niveau historique en 1952 (36 000 tonnes), jusqu'à un pic de près de 900000 tonnes en 1980 (Figure B13.3, TableauD13). Les captures totales de petits pélagiques de ce groupe de la CSITAPA ont ensuite oscillé entre 400 000 et 525 000 tonnes durant la période 1990–1999, puis sont remontées pour atteindre le record de 907 000 tonnes en 2002.

Figure B13.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35, Pacifique Centre-Est (Zone 77)

Figure B13.3

Source FAO

Figure B13.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 37, Pacifique Centre-Est (Zone 77)

Figure B13.4

Source FAO

Cette augmentation des captures reflète principalement une progression des prises de pilchard de Californie, qui ont culminé en 2002 à 683 000 tonnes, leur plus haut niveau en un demi-siècle. Les fluctuations à long terme de l'abondance et des captures de cette espèce semblent être associées à des modifications prolongées de la température de l'air et de l'eau dans l'hémisphère Nord et, jusqu'au début des années 90, le pilchard de Californie a suivi la même tendance que d'autres espèces du même genre dans le Pacifique (Bakun, 1997, Csirke et Vasconcellos, dans cet ouvrage). Toutefois, on a également noté que, si les captures des deux autres espèces de Sardinops du Pacifique ont constamment fléchi après les pics de 1985 et de 1988, les prises de pilchard de Californie ont aussi diminué jusqu'en 1993 (tombant à 273 000 tonnes) mais ont ensuite fortement progressé jusqu'au niveau élevé de 683 000 tonnes en 2002 dans cette zone.

Les captures d'anchois de Californie ont été relativement élevées tout au long des décennies 70 et 80, avec un pic de 424 000 tonnes en 1981 (Figure B13.3). Les autres petits pélagiques importants du Groupe 35 de la CSITAPA dans cette zone sont l'anchois chuchueco (Cetengraulis mysticetus) et le chardin du Pacifique (Opisthonema libertate), principalement pêchés au large de Panama. Les prises de ces deux espèces sont aussi très variables. Le record historique des prises d'anchois chuchueco a été de 241 000 tonnes en 1985. Depuis, les captures ont été plus faibles et très irrégulières, oscillant entre de très bas niveaux en 1988 (39 000 tonnes) et en 1999 (27 000 tonnes) et des niveaux élevés en 1989 (121000 tonnes), 1998 (108000 tonnes) et 2002 (160000 tonnes). Les captures de chardin du Pacifique ont fluctué entre 21 000 tonnes et 64 000 tonnes au cours de la dernière décennie (tableauD13).

Dans cette zone, les principales espèces pélagiques de taille moyenne sont le maquereau espagnol (Scomber japonicus) et le chinchard gros yeux (Trachurus symmetricus) du Groupe 37 de la CSITAPA «poissons pélagiques divers». Ces deux stocks ont alimenté d'importantes pêcheries dans les eaux des États-Unis et du Mexique depuis le début du XXe siècle, les captures de maquereau espagnol ayant culminé à 67 000 tonnes en 1935, alors que celles de chinchard gros yeux ont démarré plus tard et atteint un pic de 66 000 tonnes en 1952 (Leet et al., 2001). Depuis, les captures des deux espèces ont évolué en dents de scie. Celles de chinchard gros yeux tendent nettement vers la baisse, avec à peine 1000 tonnes en 2002 alors que les prises de maquereau espagnol tendent globalement vers la hausse, avec des périodes de hauts et de bas plus prolongées et un niveau d'à peine 14000tonnes en 2002, faisant suite à un pic de 78 000 tonnes en 1999 (Figure B13.4). La forte diminution des captures de chinchard gros yeux semble être principalement imputable au manque d'attractivité commerciale de cette espèce.

Les thons et les autres grands pélagiques du Groupe 36 de la CSITAPA sont des ressources importantes, qui ont une vaste aire de répartition et produisent des captures élevées dans la zone. Les captures de thons ont aussi commencé à augmenter dès le début du XXe siècle, bien avant que la FAO ait entrepris de recueillir des statistiques mondiales sur les pêches, et elles ont connu une croissance constante, qui s'est accélérée à partir du milieu des années 60 jusqu'au milieu des années 70. Les captures totales ont ensuite tendu à se tasser après un pic de 482 000 tonnes en 1976. Les captures totales de thons ont fléchi puis sont remontées en 1983 et 1984, probablement sous l'effet du violent El Niño de 1982–83, pour atteindre un nouveau plafond de 500 000 tonnes en 1986, avant de redescendre à de plus bas niveaux. Les prises se sont remises à augmenter en 2001 atteignant un nouveau record de 556 000 tonnes en 2002 (Figure B13.5). Les principales espèces de thons pêchées dans cette zone sont l'albacore (Thunnus albacares), le thon obèse (Thunnus obesus), le listao (Katsuwonus pelamis) et le germon (Thunnus alalunga). Les principaux pays pratiquant la pêche au thon dans la zone sont le Mexique et les États-Unis, suivis du Venezuela, du Japon, de la République de Corée, de l'Espagne et d'autres pays asiatiques. Les autres grands pélagiques de ce groupe de la CSITAPA qui sont exploités dans cette zone sont l'espadon (Xiphias gladius), le marlin rayé (Tetrapturus audax) le makaire noir (Makaira indica) le makaire bleu (M. mazara) et le thazard sierra (Scomberomorus sierra), dont la production cumulée s'élève à 30 à 40 tonnes par an.

Les crevettes alimentent des pêcheries particulièrement prisées et importantes dans toute la zone. Les captures totales de crevettes (Groupe 45 de la CSITAPA) atteignaient déjà 50 000 tonnes par an en 1950, lorsque la FAO a commencé à tenir des statistiques sur les captures. Elles ont ensuite culminé à 86 000 tonnes en 1961, 1962 et 1963, puis fléchi et continué à osciller dans une fourchette de 45 000 à 80 000 tonnes, pour ensuite tomber de 73 000 tonnes en 1995–97 à 51 000 tonnes en 2002. On notera que ces chiffres représentent les captures agrégées d'un grand nombre de stocks et de plus de 15espèces (principalement du genre Penaeus mais aussi Xiphopenaeus, Trachypenaeus, Heterocarpus, Pandalus, Pandalopsis et d'autres) qui, pris individuellement, tendent à être plus variables; or, d'après les indications, certaines espèces ont connu de plus amples fluctuations, mais elles ne sont pas identifiées de façon précise dans les statistiques officielles sur les captures.

Figure B13.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Pacifique Centre-Est (Zone 77)

Figure B13.5

Source FAO

Figure B13.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 57, Pacifique Centre-Est (Zone 77)

Figure B13.6

Source FAO

Les captures d'encornets du Groupe 57 de la CSITAPA ont aussi été abondantes et très irrégulières, alors que celles de poulpes sont pratiquement négligeables (aucune capture signalée avant 1985 et environ 1000 tonnes par an depuis). Les prises d'encornets, qui constituent l'essentiel du Groupe 57 de la CSITAPA, ont connu une augmentation progressive, passant de 3 000 tonnes en 1950 à 31000tonnes en 1980, puis plus rapide, avec d'amples fluctuations interannuelles, jusqu'à un pic de 212 000 tonnes en 1997 suivi d'un fléchissement à 30 000 tonnes en 1998. L'espèce la plus abondante dans la zone est l'encornet géant (Dosidicus gigas). Cette espèce a été exploitée par à coups, une première fois en 1980, avec un volume de captures de 19 000 tonnes, puis une deuxième fois en 1992, où les prises ont été de 9 000 tonnes, deux autres grands pics ayant été obtenus en 1997 (141000tonnes) et en 2002 (116 000 tonnes) (Figure B13.6).

En outre, une proportion notable des captures d'encornets sont enregistrées comme «Calmars, encornets nca» (ou encornets non identifiés) dans les statistiques actuelles de la FAO (FAO, 2003), ce qui laisse penser qu'il n'a pas été possible de rattacher ces captures à des espèces spécifiques. Les prises de ces autres encornets, le plus souvent non identifiés, ont aussi été abondantes et très irrégulières dans cette zone, avec un pic de 57 000 tonnes en 1990. Les captures d'encornets non identifiés ont varié entre 0 et 6 000 tonnes au cours des années récentes. La plupart sont enregistrées comme des captures des États-Unis d'Amérique dans les statistiques actuelles de la FAO, les contributions du Japon, de la République de Corée et plus récemment de la Chine étant variables mais plus faibles. Toutefois, il faut signaler que la quasi-totalité des encornets déclarés comme non identifiés dans les statistiques actuelles de la FAO (en cours de révision) correspondent en réalité au «calmar du marché», le calmar opale (Loligo opalescens) une espèce particulièrement abondante dans les eaux californiennes qui est exploitée par les États-Unis d'Amérique (Figure B13.6) et probablement autrefois par d'autres pays, mais qui n'est pas formellement identifiée dans les captures.

Le calmar opale (L. opalescens) alimente une importante pêcherie commerciale en Californie depuis 1850 et a connu une expansion significative dans les eaux de la Californie du Sud, durant les décennies 1980 et 1990. Cette pêcherie est devenue l'une des plus importantes de la Californie et a été classée comme la première pêcherie commerciale de cet État, en termes de volume, pendant six ans durant la décennie 1990 (Leet et al., 2001). Les captures de calmar opale déclarées par les États-Unis (Leet et al., 2001; California Department of Fish and Game, 2003 et NMFS, Fisheries Statistics and Economics Division, Silver Spring, MD, USA: http://www.st.nmfs.gov/st1/) correspondent presque exactement aux volumes enregistrés dans les statistiques actuelles de la FAO comme des captures d'encornets non identifiés des États-Unis. En 1981, le NMFS (service national des pêches maritimes) a signalé un volume total de 24 000 tonnes pour les captures de calmars opales et depuis, les captures des États-Unis ont augmenté, mais de façon très irrégulière: 37 000 tonnes en 1988, 41 000 tonnes en1989, 80 000 tonnes en 1996 et 119 000 tonnes en 2000, avec un fléchissement à 73 000 tonnes en 2002.

La pêche chalutière en eaux plus profondes est actuellement très peu développée dans la zone et les captures de poissons plats, de merlus et d'autres démersaux de grands fonds des Groupes 31, 32 et 34 de la CSITAPA, sont négligeables. La majorité des captures déclarées d'autres poissons démersaux plus côtiers (Groupe 33 de la CSITAPA), tels que sciaénidés, mérous, vivaneaux, etc., qui ont globalement été relativement stables au cours des années récentes et ont atteint 64 000 tonnes en2002, sont normalement ciblées par de petites flottilles locales, mais il arrive aussi souvent qu'elles soient pêchées accessoirement, en même temps que des crevettes.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Les thons et les autres grands migrateurs sont exploités aussi bien par les flottilles locales que par des flottilles hauturières et l'évaluation et la gestion de la majorité de ces espèces sont assurées dans le cadre d'initiatives multinationales, le plus souvent par l'entremise de la Commission interaméricaine du thon des tropiques (CITT - http://www.iattc.org) alors que pour d'autres groupes d'espèces, elles relèvent en général des pays, même si des initiatives de recherche bilatérales ou régionales particulièrement intéressantes sont, ou ont été menées, dans la zone.

La CITT, établie en 1950, est responsable de la conservation et de la gestion des pêcheries de thons et d'autres espèces prises par les navires thoniers dans le Pacifique Est. La CITT est basée à La Jolla, en Californie, et a une longue expérience de l'évaluation des ressources, du suivi et de la gestion des pêcheries des principales espèces de thons et d'autres grands migrateurs associés, dans la zone. Tous les principaux États côtiers sont membres de cette organisation régionale.

Le Programme CalCOFI (http://www.calcofi.org), un programme coopératif de recherche sur les pêches maritimes dans les eaux californiennes, établi en 1949, est un élément majeur dans le contexte de la recherche halieutique. Ce programme, qui rassemble des scientifiques et des techniciens de l'Institut Scripps d'océanographie (SIO), de la Division des ressources halieutiques côtières du Southwest Fisheries Science Center of NOAA/NMFS et du Département californien de la pêche et de la chasse, a pour objet d'établir et d'analyser des séries chronologiques prolongées d'observations effectuées à terre et en mer pour suivre l'évolution des caractéristiques physiques, chimiques, biologiques et météorologiques de l'écosystème du courant de Californie. Le programme est exécuté en partenariat avec plusieurs institutions mexicaines (CICESE, UABC, CICIMAR, INP, CIBNOR, UNAM) regroupées dans le cadre d'un projet mexicain de recherche sur le courant de Californie (IMECOCAL, http://imecocal.cicese.mx) qui complète les prospections du CalCOFI et les étend à la partie sud du courant de Californie.

Une série d'activités de recherche régionales sur les stocks halieutiques et les pêches ont aussi été effectuées plus au sud, dans les eaux de l'Amérique centrale et de Panama. Plusieurs de ces activités ont été conduites avec l'assistance technique et/ou financière d'une ou plusieurs organisations internationales, régionales ou sous-régionales, telles que la CEE, la FAO, NORAD, OLDEPESCA, PRADEPESCA et le PNUD. Ces programmes de recherche et d'évaluation régionaux sur les pêches ont permis d'améliorer nos connaissances scientifiques mais il reste encore beaucoup à faire, en particulier dans le domaine de la gestion des pêches. Conscients de la nécessité de renforcer la coopération régionale dans ces domaines et dans d'autres secteurs connexes, tous les États d'Amérique centrale et Panama ont créé le 18 décembre 1995, à San Salvador, une nouvelle organisation régionale des pêches, OSPESCA (Organisation centraméricaine du secteur des pêches et de l'aquaculture). Cette organisation régionale, dont l'un des principaux objectifs est de développer et de gérer les pêches d'Amérique centrale, est depuis novembre 1999 membre du Secrétariat général du Système d'intégration de l'Amérique centrale (SG-SICA, Secretaría General del Sistema de la Integración Centroamericana, http://www.sgsica.org).

Les connaissances et les informations disponibles sur l'état des principaux stocks de poissons de la zone varient considérablement en fonction de l'importance des pêcheries concernées, des moyens et des services de recherche existant au niveau local. La plupart des pêcheries sont réglementées par un plan d'aménagement quelconque, pouvant comprendre une ou plusieurs mesures de gestion traditionnelles (limitations de l'accès ou des captures, fixation d'un total admissible des captures (TAC), fermetures de zones ou interdictions saisonnières de la pêche, tailles minimales des poissons à la capture, etc.). Cela a contribué à maintenir quelques-uns des principaux stocks de la zone en bonne santé et, dans certains cas, à les reconstituer, même si dans d'autres cas, plus rares, une mauvaise gestion et une trop grande permissivité ont favorisé la surexploitation et l'épuisement de quelques stocks halieutiques importants, notamment de quelques stocks locaux de crevettes.

Des informations plus complètes et plus détaillées sur l'état de quelques-uns des principaux stocks de poissons et sur quelques options d'aménagement des pêcheries dans la zone figurent dans les rapports d'évaluation de la CITT (CITT, 2002) (en particulier pour les thons et les espèces apparentées) (voir également Majkowski, dans cet ouvrage) ou (pour les thons et d'autres espèces) dans les rapports sur l'état des ressources marines vivantes du Département californien de la pêche et de la chasse (Leet et al., 2001) et sur l'évaluation des stocks et la gestion des pêches au Mexique (SEMARNAP-INP 2000 et 2003). Cependant, s'ils contiennent des informations à jour sur certaines espèces présentes dans la partie nord de la zone, ils sont beaucoup moins complets en ce qui concerne les ressources de la partie sud. On trouvera dans cette section et dans le tableauD 13 un résumé succinct par stock ou groupe d'espèces, pour l'ensemble de la zone, établi sur la base des rapports publiés et d'autres informations disponibles.

Comme on l'a déjà indiqué, la pêche aux espèces démersales plus en profondeur est limitée et pratiquement inexistante dans certaines parties de la zone. En outre, et bien que les évaluations des ressources aient été moins actives sur ces groupes d'espèces, il y a tout lieu de croire que les démersaux des eaux plus profondes inclus dans les groupes 32 et 34 de la CSITAPA, y compris les merlus, les rascasses, etc., ne sont pas particulièrement abondants et que, si certains stocks restent très peu exploités ou pas exploités, d'autres stocks locaux, en particulier quelques sébastes du groupe 34 de la CSITAPA, sont fortement exploités et ont vu leur abondance considérablement réduite par la surpêche.

La plupart des démersaux côtiers du groupe 33 de la CSITAPA («Poissons côtiers divers») sont le plus souvent modérément exploités en tant qu'espèces cibles mais ils tendent à être fortement exploités ou surexploités de manière indirecte dans les pêcheries de crevettes où les poissons démersaux (en particulier les juvéniles) représentent souvent une proportion importante des prises accessoires.

On a déjà signalé que les ressources en petits poissons pélagiques du groupe 35 de la CSITAPA (harengs, sardines, anchois, etc.) étaient très variables et sujettes à d'amples fluctuations de l'abondance dues aux conditions environnementales. L'abondance globale et les captures de pilchard de Californie ont augmenté, avec quelques fluctuations depuis le milieu des années 70. On note une nette reprise de la population de pilchard de Californie, passée d'une biomasse très inférieure à100000 tonnes au début des années 60 à une biomasse totale (âge 1+) estimée à 1,7 million de tonnes en 1998 et en 1999. Plus récemment, Conser et al. (2002) ont fait une estimation plus prudente, quoique encore élevée de la biomasse totale (âge 1+) de cette population, qu'ils établissent à un million de tonnes, niveau qui, selon eux, pourrait correspondre à un palier. Les caractéristiques du cycle biologique de cette espèce donnent à penser que cette population pourrait encore augmenter, dans des circonstances favorables, mais il est difficile de prévoir l'impact des conditions environnementales futures. On estime que ce stock qui était pratiquement épuisé dans les années 50 et 60 est aujourd'hui pleinement reconstitué et, dans les circonstances actuelles, il est considéré comme modérément ou pleinement exploité.

Les ressources en anchois de Californie se sont fortement amenuisées, en partie à cause de l'exploitation intensive mais sous l'effet de conditions environnementales défavorables connues pour déterminer des fluctuations naturelles à long terme de l'abondance des stocks. Dans le passé récent, ces ressources ont été pleinement ou intensément exploitées dans les eaux du Mexique et modérément exploitées ou à la limite de sous-exploitées dans les eaux des États-Unis d'Amérique. Actuellement, on note quelques signes d'augmentation de la biomasse dans le golfe de Californie alors que les sous-populations du nord et du centre sont considérées comme stables, avec une biomasse très modeste. Compte tenu de la petite taille désormais stable de la population, due aux conditions écologiques, et des faibles captures, ce stock est considéré comme modérément exploité.

Le stock d'anchois chuchueco a aussi connu d'amples fluctuations, reflétées par les captures annuelles de Panama, où une importante pêcherie industrielle repose sur cette espèce. Au niveau d'exploitation actuel (160 000 tonnes en 2002), ce stock est probablement pleinement exploité.

Le seul pays qui déclare des captures substantielles de chardin du Pacifique est Panama où il existe une pêcherie spécifiquement ciblée sur cette espèce. Autrefois, une petite flottille du Costa Rica était aussi dirigée sur le chardin du Pacifique, mais aujourd'hui, il n'apparaît le plus souvent que dans des captures accidentelles, dans toute la zone, sauf à Panama. Le chardin du pacifique est probablement pleinement exploité dans les eaux de Panama et sous-exploité ailleurs dans son aire de répartition naturelle.

L'état des stocks de thons, pélamides, marlins (Groupe 36 de la CSITAPA) fait l'objet d'un chapitre spécial (Majkowski, dans cet ouvrage) car ils ont une aire de répartition plus large dans l'océan Pacifique, mais, globalement, on peut dire que ces stocks sont modérément ou pleinement exploités dans cette zone.

Parmi les Poissons pélagiques divers (groupe 37 de la CSITAPA), le maquereau espagnol a accusé une légère reprise bien que la biomasse soit encore à un très bas niveau après l'effondrement de la fin des années 60. Alors que la biomasse reste très faible, certains éléments indiquent une légère augmentation de l'abondance des classes annuelles en 2000 et 2001 (Hill, Bergen et Crone, 2002) ce qui devrait améliorer légèrement le pronostic par rapport aux années passées. À l'heure actuelle, le stock est modérément ou pleinement exploité. On ne dispose d'aucune estimation récente de la biomasse de chinchards gros yeux dans la zone, mais d'après certaines indications, la biomasse totale aurait considérablement diminué au cours des vingt dernières années, très probablement sous l'effet des conditions environnementales. Cette espèce a actuellement une très faible valeur commerciale, et est soumise à une pression de pêche tout à fait minime. Compte tenu des faibles captures signalées, ce stock est très probablement modérément ou sous-exploité, malgré le faible niveau de sa biomasse.

Parmi les invertébrés, quelques crevettes des grands fonds (essentiellement Galatées), incluses dans le Groupe 44 de la CSITAPA, sont pratiquement inexploitées alors que presque tous les principaux stocks sauvages de crabes et d'araignées de mer (Groupe 42 de la CSITAPA), en particulier ceux de crevettes (Groupe 45 de la CSITAPA), sont pleinement exploités ou surexploités, plusieurs stocks locaux donnant même des signes d'épuisement. Toujours parmi les invertébrés, les encornets (Groupe 57 de la CSITAPA) sont aussi relativement abondants dans la zone, en particulier l'encornet géant (Dosidicus gigas) et le calmar opale (Loligo opalescens) qui sont probablement modérément ou pleinement exploités.

RÉFÉRENCES

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* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B14. PACIFIQUE SUD-OUEST
Zone statistique 81 de la FAO

Ross Shotton *

INTRODUCTION

Cette zone englobe la mer de Tasmanie et la partie de l'océan Pacifique comprise entre les méridiens 150° E et 120° E (Figure B14.1). Sa superficie totale est de 27,7 millions de km2 dont seulement 0,4 million de km2 de plateau continental. Dans la mer de Tasmanie, le courant d'Australie orientale bien défini s'écoule vers le sud le long de la côte orientale de l'Australie mais devient plus faible et plus diffus au sud de Sydney. Une partie de ce système de courant s'infléchit vers l'est après sa rencontre avec la dèrive induite par les vents d'Ouest le long des bordures septentrionales de l'océan austral et de la marge sud de la mer de Tasmanie. Il tourne ensuite vers le nord en longeant les deux côtes de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Sur la côte orientale de la Nouvelle Zélande, il rencontre le courant du Cap-Oriental de direction sud, avec lequel il se confond et se déplace vers le large, formant le tourbillon de Wairarapa, au-dessus de la Crête des Chatham, une partie surélevée du fond marin qui s'étend jusqu'aux îles Chatham, plus à l'est.

La région en général est caractérisée par des eaux profondes avec de nombreux monts sous-marins autour desquels sont exploitées des ressources mésopélagiques telles que l'hoplostète orange et les oréos. Au sud-est de la Nouvelle-Zélande, se trouve une vaste zone surélevée, le Plateau de Campbell, d'environ 200 mètres de profondeur. Une autre zone moins profonde, la Crête de Lord Howe, s'étend du centre de la Nouvelle-Zélande vers le nord-ouest jusqu'aux îles de Lord Howe, au milieu de la mer de Tasmanie.

Figure B14.1 - Le Pacifique Sud-Ouest (Zone 81)

Figure B14.1

Les types d'habitats exploités dans cette zone sont très variés et servent aussi de support aux types de pêcheries les plus divers, depuis les pêcheries continentales côtières jusqu'à celles des monts sous-marins profonds. En effet la Nouvelle Zélande et, dans une moindre mesure, l'Australie ont été les premières à développer des pêcheries chalutières d'eaux profondes (plus de 600 mètres) rentables et permanentes. Les ressources halieutiques comprennent des espèces côtières d'Australie (Nouvelle Galles du Sud, nord de Victoria et île de Tasmanie) et de Nouvelle-Zélande, les ressources pélagiques du Pacifique Sud-Ouest et des espèces mésopélagiques (en particulier l'hoplostète orange (Hoplostethus atlanticus) ainsi que le hoki (Macruronus novaezelandiae), associées aux reliefs sous-marins de la mer de Tasmanie, au sud et à l'est de la Nouvelle-Zélande et dans les eaux profondes à l'ouest de l'île du Sud.

Figure B14.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA, Pacifique Sud-Ouest (Zone 81)

Figure B14.2

Source FAO

Figure B14.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 32, Pacifique Sud-Ouest (Zone 81)

Figure B14.3

Source FAO

Figure B14.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 34 et 37, Pacifique Sud-Ouest (Zone 81)

Figure B14.4

Source FAO

Figure B14.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 57, Pacifique Sud-Ouest (Zone 81)

Figure B14.5

Source FAO

PROFIL DES CAPTURES ET ÉTAT DES RESSOURCES

Les captures nominales provenant du Pacifique Sud-Ouest ont augmenté entre 1950 et 1992, passant d'un niveau inférieur à 50000 tonnes à 917000 tonnes pour ensuite fléchir progressivement à 740000 tonnes en 2002 (Figure B14.2 et TableauD14). Depuis 1950, le Pacifique Sud-Ouest a toujours été la zone statistique de la FAO qui a produit les plus faibles captures. Quatre groupes taxonomiques représentent 78,8 pour cent des captures: les gadidés (40,4pour cent), les poissons démersaux divers (19,2 pour cent), les poissons pélagiques divers (8,2 pour cent) et les encornets, seiches, poulpes (10,6 pour cent) (Figures B14.2, 3 et 4). Les faits les plus marquants, en ce qui concerne les tendances des captures et les principaux changements survenus dans la zone sont décrits ci-après et accompagnés d'une étude succincte de l'état des principaux stocks de poissons, extraite des publications et d'autres informations existantes. Dans ce contexte, les principaux documents de référence ont été les rapports sur la situation des pêches du Département australien de l'agriculture, des pêches et des forêts (http://www.affa.gov.au) et les rapports sur l'état des stocks du Ministère néo-zélandais des pêches (http://www.fish.govt.nz). Le Tableau D.4 récapitule les informations sur les captures, les tendances et l'état des stocks.

Australie

La pêcherie du sud-est fournit l'essentiel des poissons frais destinés aux marchés de la Nouvelle-Galles du Sud, de Victoria et de Tasmanie. Cette pêcherie exploite plus de cent espèces commerciales mais 17 espèces ou groupes d'espèces représentent l'essentiel (plus de 80 pour cent) des débarquements des chalutiers et sont plafonnées par des totaux autorisés des captures (TAC) dans le cadre du système des contingents individuels transférables (ITQ). Les TAC alloués pour l'escolier royal du stock oriental ont été abaissés respectivement à 250 et 200 tonnes pour les années 1999 et 2000, ce qui ne laissait de place que pour les captures accessoires. Les TACdelasériolelle Seriolella brama et de l'hoplostète orange (zone d'aménagement méridionale) ont aussi été réduits en 1999 et 2000. Les TAC des sillaginidés (Sillago spp.) pour 1999 ont été abaissés alors que ceux de la lingue (Genypterus blacodes) et de la sériolelle Seriolella punctata ont été relevés. Les TAC fixés en 2000 pour N emadactylus macropterus et l'hoplostète orange (zone d'aménagement occidentale) ont été réduits. Toutes les autres TAC sont restés inchangés par rapport à 1998. Le nombre de chalutiers opérationnels a diminué depuis 1992 mais la capacité totale et la puissance de la flottille ont augmenté et l'effort de pêche annuel (heures de pêche) a pratiquement doublé. Les rejets en mer de quelques espèces, en particulier sur le plateau continental, continuent de poser un sérieux problème mais le poids total des rejets d'espèces contingentées a diminué d'environ 75 pour cent entre 1998 et 2000. Quatre espèces, à savoir Seriolella brama , l'escolier royal du stock oriental, l'hoplostète orange (sauf à proximité du Plateau de Cascade) et le sébaste sont considérées comme surexploitées; quatre autres, à savoir le grenadier bleu, N emadactylus macropterus ; Neoplatycephalus richardsoni , et les sébastes chèvres nca (Helicolenus spp.) sont probablement pleinement exploitées; et l'état de neuf autres espèces est mal connu (rouffe antarctique (Hyperoglyphe antarctica), sillaginidés (Sillago spp.) du stock oriental, Saint Pierre (Zeus faber), lingue, Zenopsis nebulosus , crevettes Penaeidae, la carangue dentue (Pseudocaranx dentex), Seriolella punctata et l'escolier royal du stock occidental (Rexea solandri) (http://www.affa. gov.au/ontent/output.cfm? ObjectID=D2C48F86).

Des contingents individuels transférables ont été introduits en janvier 2001 pour le requin-hâ (Galeorhinus galeus) et l'émissole australe (Mustelus spp.) dans la pêcherie de requins du sud. Les contingents s'appliquent aussi aux captures accessoires de ces espèces dans les pêcheries chalutières du sud-est et de la Grande Baie Australienne. En 2001 les TAC ont été fixés à 432 tonnes pour le requin-hâ et à 2159 tonnes pour l'émissole australe. Les requins-hâ sont considérés comme surexploités et les contingents relatifs à cette espèce sont conformes à une stratégie d'exploitation visant à reconstituer la biomasse adulte. Les prises actuelles d'émissoles australes semblent être compatibles avec une exploitation durable. Le recrutement de l'émissole australe vers la pêcherie du Détroit de Bass semble être resté stable au cours des deux dernières décennies. Bien que les contingents soient le principal instrument de gestion de la pêcherie, certaines mesures visant à contrôler l'effort de pêche ont été maintenues (http://www.affa.gov.au/content/output.cfm?ObjectID=D2C48F86-BA1A-11A1-2200060B0A06482).

La Crête du Sud de la Tasmanie est un vaste plateau qui s'élève jusqu'à moins de 1 000 mètres de la surface, au sud de la Tasmanie. La pêche a jusqu'à présent été pratiquée sur des fonds d'une profondeur inférieure à 1 200 mètres, dans une zone qui va d'un bout à l'autre de la zone de pêche australienne (AFZ). Les principales espèces ciblées sont l'hoplostète orange (Hoplostethus atlanticus) et les oréos P seudocyttus maculatus et Neocyttus rhomboidalis . Ces espèces forment en hiver des rassemblements de ponte, qui les rendent vulnérables à la pêche. Bien que quelques campagnes de chalutage exploratoire aient été effectuées au-dessus de la Crête du sud de la Tasmanie depuis le milieu des années 80, les captures ont généralement été modestes mais en septembre 1997, d'importants rassemblements d'hoplostètes orange ont été repérés et la pêche s'est rapidement intensifiée. Comme l'essentiel de ces poissons étaient capturés en dehors de l'AFZ, la pêcherie a attiré des navires néo-zélandais et en 1997 les deux flottilles ont capturé au total plus de 2000 tonnes d'hoplostètes orange et environ 1100 tonnes d'oréos. Craignant que la pêche non réglementée des deux flottilles ne décime la population d'hoplostètes orange de la crête, les responsables des pêches ont décidé à la fin de l'année 1997 d'établir, par mesure de précaution, un TAC pour cette espèce, à l'intérieur d'une zone déclarée «eaux internationales» englobant la fameuse pêcherie; le TAC a été réparti entre les deux pays, à raison de 80 pour cent pour l'Australie et 20 pour cent pour la Nouvelle Zélande.

En février 1998, la pêche à l'hoplostète orange a connu une expansion spectaculaire et 2052 tonnes ont été débarquées par les navires australiens avant l'entrée en vigueur de l'Accord Australie-Nouvelle-Zélande ou du TAC. Aux termes du Mémorandum d'accord, le TAC d'hoplostète orange alloué à l'Australie était de 1669 tonnes et celui de la Nouvelle-Zélande de 431 tonnes. Par la suite les débarquements des flottilles australienne et néo-zélandaise durant la campagne soumise aux TAC de 1998–99, ont respectivement atteint 1 194 tonnes et 404 tonnes. Il faut ajouter à cela 346 tonnes capturées lors de campagnes de recherche, ce qui porte à près de 4000 tonnes le volume total capturé en 1998. La gestion de cette pêcherie a été encore compliquée par l'arrivée de flottilles d'autres pays.

La situation de la pêcherie de la Crête du sud de la Tasmanie est mal connue. La taille et l'extension des ressources d'hoplostètes orange et d'oréos n'ont pas été évaluées et l'on ignore si le TAC «de précaution» est compatible avec une exploitation durable. Malgré l'importance de l'effort de pêche et des campagnes exploratoires sur la Crête du sud de la Tasmanie durant la campagne de pêche 2000–01, les débarquements ont été limités à 830 tonnes d'hoplostètes orange et 290 tonnes d'oréos. Cette diminution des captures pourrait être due à l'influence de facteurs écologiques mais elle reflète aussi sans doute une réduction de la taille des stocks. Les activités combinées des navires australiens et néo-zélandais et des quatre chalutiers frigorifiques étrangers pendant l'année 1999 ont eu un impact significatif sur la pêcherie. Pendant la campagne 2001–02, les volumes capturés au dessus de la Crête du sud de la Tasmanie ont été limités à 188 tonnes d'hoplostètes orange et 25 tonnes d'oréos, soit un cinquième des prises de la campagne 2000–01. L'effort de pêche a aussi considérablement diminué (150 coups de filet au lieu de 1100). Le TAC global a été abaissé de 2400 tonnes à 1800 tonnes. Globalement, avec la fermeture des fonds de pêche de la zone orientale, les débarquements d'hoplostètes provenant de cette sous-zone se sont effondrés, de 3129 tonnes en 1997 à 28,26 et16tonnes respectivement pour les trois années successives.

Nouvelle-Zélande

Les captures néo-zélandaises provenant de la zone statistique 81 de la FAO ont considérablement augmenté, passant de 58400 tonnes en 1970 à un pic de 637880 tonnes en 1998 puis fléchissant légèrement à 556844 tonnes en 2002. Ces captures sont constituées de 129 espèces dont les débarquements sont enregistrés dans des statistiques distinctes. Le principal fait nouveau concernant les pêches commerciales de la Nouvelle Zélande a été l'expansion continue des débarquements de hoki (Macruronus novaezelandiae). En 2002, cette espèce a représenté 34,6 pour cent des débarquements, se plaçant au premier rang devant l'encornet de minami Nototodarus sloani (8,9 pour cent) et le merlan bleu austral (Micromesistius australis) (7,6 pour cent). Les autres espèces importantes sont les oréos (Pseudocyttus maculatus, Allocyttus niger et Neocyttus rhomboidalis), les carangidés Trachurus spp., l'escolier Thyrsites atun et la lingue Genypterus blacodes . Sur les marchés intérieurs, les espèces les plus demandées sont la dorade Pagrus auratus et le tarakihi Nemadactylus macropterus , avec des captures qui se sont respectivement élevées à 6571 tonnes et à 6149 tonnes en 2002.

Hoki

Le hoki (Macruronus novaezelandiae) est largement distribué dans les eaux néo-zélandaises, de 34° à 54° de latitude Sud, à des profondeurs comprises entre 10 mètres et plus de 900 mètres, les concentrations les plus grandes se rencontrant entre 200 et 600 mètres de fond (http://www.fish.govt.nz/sustainability/research/ stock/status4.htm#hok). Les gros poissons adultes se rencontrent généralement en dessous de 400 mètres alors que les juvéniles sont plus abondants dans les eaux moins profondes. Le hoki migre vers les aires de frai du Détroit de Cook, la côte occidentale de l'île du Sud et Puysegur en hiver. Pendant tout le reste de l'année, les adultes sont dispersés autour de la bordure du Plateau des îles Stewart et Snares, sur de vastes étendues du Plateau du sud, de la Crête des Chatham et de l'île du Nord. Des juvéniles (2–4 ans) sont présents sur la Crête des Chatham toute l'année. Le hoki pond de la fin juin à la mi-septembre et a une fécondité modérément élevée. Tous les adultes hoki ne pondent pas tous les ans et des prospections hivernales ont trouvé de gros hokis avec des gonades non développées à des périodes où les poissons pondent dans d'autres zones.

La principale aire de frai est centrée sur le Canyon de Hokitika. Les œufs et les larves planctoniques sont dispersés au nord et au sud, de sorte que l'on trouve des poissons d'âge 0+ et d'un an dans la plupart des zones côtières de l'île du Sud. Toutefois, la principale zone d'alevinage pour les hokis juvéniles âgés de 2 à 4 ans se trouve le long de la Crête des Chatham, à des profondeurs comprises entre 200 et 600 mètres. Les poissons plus vieux se dispersent vers les eaux plus profondes et sont largement distribués sur le Plateau du sud et sur la Crête des Chatham. La croissance est relativement rapide; dès l'âge d'un an, les juvéniles atteignent une longueur totale de 27 à 30 centimètres.

La pêche au hoki a été développée par les flottilles du Japon et de l'Union soviétique au début des années 70. Les captures ont culminé à 100000 tonnes en 1977 mais sont tombées à moins de 20000tonnes en 1978 avec la proclamation de la ZEE et l'introduction des contingents. À partir de 1979, les prises sont remontées à environ 50000 tonnes, jusqu'à un relèvement du total admissible des captures commerciales (TACC), de 1986 à 1990, qui a permis à la pêcherie de se développer et aux captures d'atteindre un pic d'environ 255000 tonnes durant la campagne de pêche de 1987–88. Les captures annuelles ont oscillé entre 175000 tonnes et 215000 tonnes de 1988–89 à 1995–96, pour remonter à 246 000 tonnes en 1996–97. Ensuite, en 1997–98, les captures totales ont atteint le record absolu de 269000 tonnes mais elles sont retombées à 192482 tonnes en 2002. Les lieux de pêche ont été déplacés depuis 1987–88, où plus de 90 pour cent des poissons capturés provenaient de la pêcherie de la zone de ponte de la côte occidentale de l'île du Sud. Les captures de cette pêcherie ont décliné de 1988–89 à 1996–97, au profit de celles des pêcheries du Détroit de Cook et de la Crête des Chatham.

Depuis toujours, la pêche au hoki se pratique principalement en hiver sur la côte occidentale de l'île du Sud, où ces poissons pondent. Les rassemblements se concentrent entre 300 et 700 mètres de fond, autour du Canyon de Hokitika. Depuis 1988, une autre pêcherie s'est développée dans le Détroit de Cook qui est aussi une aire de ponte. En dehors de la saison du frai, les hokis se dispersent vers leurs aires d'alimentation et d'importantes pêcheries se sont développées sur la Crête des Chatham et dans les eaux subantarctiques à des profondeurs comprises entre 400 et 800 mètres. Alors que les captures de la campagne de 1997–98 ont atteint le niveau sans précédent de 269000 tonnes, au cours des dernières campagnes, le total admissible des captures commerciales (TACC), fixé à 250000 tonnes, n'a pas été atteint.

Une étude des liens potentiels entre le recrutement des hokis et les variations climatiques a mis en relief une forte corrélation négative entre l'abondance des classes d'âge du stock occidental et l'indice d'oscillation australe (SOI) en automne. L'abondance des classes d'âge dans le stock oriental et les conditions météorologiques du sud-ouest étaient très corrélées. Les résultats confirment que les températures plus froides et un indice SOI négatif («El Niño») favorisent le recrutement des hokis.

La dernière évaluation (Annala et al., 2002a) a conclu que l'état des deux stocks de hokis était incertain. Les résultats obtenus étaient fortement influencés par les hypothèses utilisées dans les modèles et l'on a estimé qu'il fallait explorer un plus large éventail d'hypothèses. On estime que la biomasse féconde actuelle est comprise entre 30 et 48 pour cent de la biomasse vierge B0 pour le stock oriental et entre 36 et 56 pour cent de B0 pour le stock occidental. La Production constante maximale (PCM) estimée (définie comme «la prise constante maximale que l'on estime soutenable, avec un niveau de risque acceptable, à tous les niveaux futurs probables de biomasse») pour les deux stocks se situe entre 186000 tonnes et 238000 tonnes et les estimations actuelles de la production annuelle de la campagne 2002/03 oscillent entre 177000 tonnes et 384000 tonnes. Selon le groupe chargé de l'évaluation, le stock oriental n'est probablement pas à un bas niveau.

Il faut souligner que la pêcherie de hokis est une des rares grosses pêcheries à avoir été certifiée par le Marine Stewardship Council (MSC) (en mars 2001).

Merlan bleu austral

Le merlan bleu austral (Micromesistius australis) est une espèce vivant en bancs essentiellement localisée aux eaux subantarctiques, où elle est distribuée sur tout le Plateau de Campbell et la Plateforme des Bounty pendant une grande partie de l'année (http://www.fish.govt.nz/sustainability/research/ stock/status6.htm#sou). À la fin de l'hiver, les poissons pondent près des îles Campbell, sur la Crête de Pukaki, sur la Plateforme des Bounty et près des îles Auckland, à des profondeurs comprises entre 250 et 600 mètres.

Une pêcherie soviétique exploitait cette espèce dans les années 70 et au début des années 80 et les captures ont culminé à près de 50000 tonnes en 1973 puis à 30000 tonnes en 1979. Les navires-usines japonais de surimi sont arrivés dans la pêcherie en 1986 et les captures ont progressivement augmenté jusqu'à un pic de 76000 tonnes en 1991–92. Une limite de capture de 32000 tonnes a été introduite pour la campagne de pêche de 1992–93 et subdivisée par zones. Les débarquements moyens ont été évalués à 58200 tonnes au cours des cinq dernières années; la majorité des captures sont pêchées par des navires-usines de surimi affrétés par les Japonais et par des navires russes.

Depuis leur introduction, les plafonds des captures n'ont pratiquement jamais été atteints, sur aucun fond de pêche. Cela semble dû à la faible valeur économique de ce poisson et au fait que les opérateurs de cette pêcherie ont eu du mal à intervenir au bon moment, plutôt qu'à la faible abondance des stocks. Sur la Plateforme des Bounty, l'ampleur de l'effort de pêche déployé dans une saison quelconque dépend dans une large mesure de la période de pêche au hoki sur la côte occidentale. Si la saison de pêche est retardée, les navires restent plus longtemps sur les fonds de pêche au hoki et perdent le meilleur moment de la saison de pêche sur la Plate-forme des Bounty. Sur la Crête de Pukaki, les opérateurs tendent à avoir des contingents réduits et ont du mal à localiser les grands rassemblements de poissons. Sur la Crête des îles Campbell, les captures ont augmenté par rapport aux trois campagnes précédentes sans toutefois encore atteindre les plafonds fixés. Depuis quatre ans, la saison de pêche a été prolongée jusqu'à la fin octobre et les captures déclarées par campagne de pêche ne correspondent pas à celles indiquées pour la saison de pêche.

Les poissons atteignent une longueur à la fourche (FL) d'environ 20 centimètres à l'âge d'un an et de 30 centimètres à l'âge de deux ans. Un poisson peut vivre jusqu'à 25 ans. La majorité des femelles atteignent la maturité sexuelle à 3 ou 4 ans, à une longueur de 35 à 42 centimètres. Des études sur la détermination de l'âge ont montré que ces poissons, qui tendent à se rassembler pour pondre tous en même temps, avaient un recrutement très variable. Quatre zones de ponte ont été identifiées sur la Plateforme des Bounty, la Crête de Pukaki, le plateau des îles Auckland et la Crête des îles Campbell. Il semble que la ponte ait lieu de nuit, à une profondeur comprise entre 400 et 500 m, sur la Crête des îles Campbell mais dans des eaux moins profondes ailleurs. On suppose qu'il existe quatre stocks de merlan bleu austral: le stock de la Plateforme des Bounty, le stock de la Crête de Pukaki, le stock des îles Auckland et le stock des îles Campbell.

Les estimations de la biomasse et du rendement des stocks de la plateforme des Bounty et de la Crête de Pukaki ont été mises à jour sur la base d'une analyse des captures par âge et des données des prospections acoustiques. En revanche aucune nouvelle évaluation n'a été faite pour le stock de la Crête des îles Campbell et celui du plateau des îles Auckland n'a jamais été évalué. Dans le cas du stock de la Plateforme des Bounty, d'après une série d'hypothèses retenues pour la modélisation, la production annuelle actuelle est estimée à 2000 tonnes et évoluerait dans une fourchette de 700 à 4300 tonnes. Selon Annala et al . (2002b), la biomasse du stock a diminué depuis 1993, en raison d'un faible recrutement. Les captures récentes n'ont pas atteint le total admissible des captures commerciales (TACC), fixé à 8000 tonnes, mais l'estimation élevée a été acceptée comme étant la plus probable par le groupe chargé de l'évaluation. La reconstitution du stock est subordonnée à un bon recrutement futur.

Oréos

La Nouvelle-Zélande exploite commercialement divers types d'oréos (Allocyttus niger, Neocyttus rhomboidalis et quelques Pseudocyttus maculatus) (http://www.fish.govt.nz/sustainability/research/stock/status4.htm#ore). La Crête des Chatham est la principale zone de pêche mais il en existe d'autres dans les eaux de Southland, sur la côte orientale de l'île du Sud, dans la zone de la Crête Puysegur-Snares-Macquarie, au sud de l'île du Sud et dans la zone des Bounty/Pukaki.Neocyttus rhomboidalis se rencontre entre 650 et 1500 mètres de fond, alors que Allocyttus niger est présent entre 600 et 1300 mètres. Les oréos sont des espèces australes abondantes sur le sud de la Crête des Chatham, le long de la côte orientale de l'île du Sud, sur le talus méridional et oriental de la Crête de Pukaki, la Plateforme des Bounty, le talus des îles Snares, le Banc de Puysegur et l'extrémité septentrionale de la Crête de Macquarie. On les rencontre à proximité du talus du Plateau de Campbell.

Les captures totales d'oréos étaient de 18000 tonnes en 2002, contre 21614 tonnes en 1900–01. Les captures de la pêcherie de Puysegur ont accusé un net recul en 1994–95, sont restées faibles en 1995–96 et en 1996–97 mais se sont sensiblement reprises en 2000–01 où elles ont atteint 48562 tonnes.

Le recours accru au Code générique OEO (regroupant plusieurs espèces d'oréos), pour désigner l'espèce cible dans les données d'effort de pêche est un source d'ambiguïté lors de la standardisation des données de Captures par unité d'effort (CPUE). Les rejets d'espèces non désirées, de petite taille ou les pertes accidentelles de poissons (cul de chalut perdu, déchiré, etc.) étaient le lot des pêcheries d'oréos dans les premières années.Cette source de mortalité probablement importante au début de la pêcherie est maintenant considérée comme faible.

Le sud de la Crête des Chatham est une aire de frai appréciée des oréos Neocyttus rhomboidalis qui y forment de petits rassemblements de ponte. La longueur totale moyenne des femelles à la maturité, estimée dans le cadre de campagnes de chalutage effectuées sur la Crête des Chatham (1986–87, 1990, 1991–93) sur la base d'une observation visuelle des gonades, est de 40 centimètres pour Neocyttus rhomboidalis et de 34 centimètres pour Allocyttus niger. Ces espèces semblent être pélagiques au stade juvénile. On sait peu de chose sur cette phase pélagique mais elle peut durer de 5 à 6 ans chez l'oréo Neocyttus rhomboidalis jusqu'à ce qu'il atteigne une longueur totale de 16 à 19 centimètres et de 4 à 5 ans chez l'oréo Allocyttus niger jusqu'à une longueur totale de 21 à 26centimètres. D'après une étude sur la détermination de l'âge, les oréos sont des espèces à croissance lente ayant une espérance de vie maximale de 86 ans pour Neocyttus rhomboidalis (51,3 centimètres) et de 153 ans pour Allocyttus niger (45,5centimètres).

Les trois espèces d'oréos (Allocyttus niger, Neocyttus rhomboidalis et Pseudocyttus maculatus) sont considérées comme un stock unique alors que chaque espèce pourrait être gérée séparément, étant donné qu'elles différent, par la profondeur à laquelle elles vivent, leur distribution géographique, la taille de leurs stocks, leurs taux de croissance et leur productivité.

GESTION DES PÊCHES

Australie

La gestion des pêcheries de l'Australie est un système complexe relevant à la fois de la juridiction du Commonwealth et des États, ces derniers gérant les pêcheries dans un rayon de trois milles marins à partir de la côte, alors que le Commonwealth est responsable des pêcheries à partir de là jusqu'à la limite des 200 milles marins. Dans le cadre de l'Accord OCS (Offshore Constitutional Settlement), il a été décidé de placer de nombreuses pêcheries sous une juridiction unique, celle du Commonwealth, ou celle des États ou Territoires. Les pêcheries du Commonwealth sont gérées par l'Office australien de gestion des pêches (AFMA) en vertu de la loi de 1991 sur la gestion des pêches et de la loi de 1991 sur l'administration des pêcheries (Caton, McLoughlin et Staples, 1997), (http://www.afma.gov.au/plans/afmapercent20annualpercent20operationalpercent20planpercent202001-2002/default.php).

Le Plan d'opérations annuel a été préparé conformément aux prescriptions de la Section 77 de la Loi de 1991 sur l'administration des pêcheries et à des lois et des directives spécifiques du Gouvernement, dont les dispositions contenues dans Commonwealth Authorities and Companies Orders for the Report of Operations , auxquelles est assujetti l'AFMA en vertu de la loi Commonwealth Authorities and Companies Act 1997 . Ce Plan décrit la manière dont l'AFMA se propose d'atteindre ses objectifs pour la campagne 2001–02 ainsi que les mesures qu'il compte prendre pour avancer vers les objectifs à plus long terme décrits dans le Plan global de l'AFMA pour 2000–05. Le Plan contient aussi des informations sur les prestations, ainsi que des indications détaillées sur le budget, les politiques de mobilisation des ressources et le programme d'amélioration des prestations internes de l'AFMA et préconise des mesures pour mettre en œuvre le Plan stratégique de mise en valeur des ressources humaines de l'AFMA. L'un comme l'autre, le Plan global et le Plan d'opérations se fondent sur les objectifs législatifs énoncés dans la Loi sur l'administration et la Loi de 1991 sur l'administration des pêches et fournissent les informations nécessaires pour mesurer les prestations de l'AFMA et en rendre compte dans le Rapport annuel. La priorité de l'AFMA pour 2001–02 reste d'élaborer, de mettre en œuvre et d'affiner les arrangements, les systèmes, les politiques et les processus de gestion propres à garantir la durabilité, l'efficience et le coûtefficacité des pêcheries du Commonwealth d'Australie.

Les pêches australiennes relèvent d'une politique intégrée des océans (http://www.oceans.gov.au/ read_the_policy_v1.jsp) qui met en place un cadre de planification et de gestion intégrée et basée sur l'écosystème applicable à toutes les juridictions marines de l'Australie. Ce cadre contient une vision, une série d'objectifs et de principes, ainsi que des orientations pour une Politique australienne des océans. En s'appuyant sur les mécanismes sectoriels et juridictionnels efficaces existants, il se propose de promouvoir le développement écologiquement durable des ressources des océans ainsi que des industries marines compétitives sur le plan international, tout en garantissant la protection de la diversité biologique marine.

L'élaboration de Plans marins régionaux, basés sur les grands écosystèmes marins, que toutes les institutions du Commonwealth seront tenues d'appliquer, sera au cœur de la Politique des océans. Le premier Plan marin régional concernera la région sud-orientale de la Zone économique exclusive (ZEE) australienne, c'est-à-dire en gros les eaux baignant l'État de Victoria, la Tasmanie, le sud de la Nouvelle Galles du Sud et l'est de l'Australie méridionale.

Une nouvelle initiative fondamentale pour la recherche marine en Australie a récemment été annoncée
(http://www.csiro.au/index.asp?type=blank&id=Flagship_Oceans). Notant que la juridiction marine de l'Australie deviendra probablement la plus vaste du monde, conformément aux dispositions de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (70 pour cent du territoire Australien), ce Programme Amiral (Flagship program) se propose de réunir des scientifiques et des industriels pour répondre aux grands défis qui se posent dans ce secteur vital.

Nouvelle Zélande

En Nouvelle-Zélande, la gestion des pêches relève d'un Cadre stratégique qui vise à garantir la durabilité des pêcheries dans un écosystème aquatique sain (http://www.fish.govt.nz/sustain ability/research/planning/strategic_plan2.htm).
La Loi sur les pêches de 1996 reformule et renforce les politiques visant à garantir la durabilité à l'intérieur des zones de pêche de la Nouvelle Zélande, établit des normes environnementales plus explicites et permet aux usagers des pêcheries d'assumer une responsabilité croissante dans leur gestion. Depuis la Loi sur les pêches de 1996, «garantir la durabilité» signifie: a) conserver le potentiel des ressources halieutiques de manière à répondre aux besoins raisonnablement prévisibles des générations futures et b) prévenir, corriger ou atténuer tout impact négatif des pêches sur l'environnement aquatique. La Loi sur les pêches de 1996 stipule aussi que lors de l'utilisation des ressources halieutiques, a) les espèces associées ou dépendantes doivent être maintenues à un niveau suffisant pour garantir leur viabilité à long terme; b) la diversité biologique de l'environnement aquatique doit être préservée et c) les habitats présentant une importance particulière pour la gestion des pêcheries doivent être protégés.

La loi sur les pêches de 1996 et la Stratégie environnementale du Gouvernement à l'horizon 2010 sont les deux piliers sur lesquels repose la stratégie à long terme du Ministère des pêches, énoncée dans le document «Changing Course - Towards Fisheries 2010». Ce document définit le cadre selon lequel devra évoluer la stratégie future des pêches. Il identifie plusieurs conditions ou éléments indispensables: a) l'équité intergénérationnelle; b) la biodiversité; c) les conditions environnementales minimales; d) le principe de précaution; e) la recherche, la science et la technologie; f) la protection de la compétitivité internationale; g) les droits de propriétés durables; h) les instruments de politique peu coûteux; j) la prise en compte du coût des infrastructures; k) l'internalisation des coûts environnementaux externes; l) la définition de limites pour l'utilisation des ressources et l'adoption d'autres méthodes d'exploitation et m) la prise en compte des coûts et avantages sociaux.

En 1986, la Nouvelle-Zélande a introduit un système de gestion intégré basé sur des contingents pour gérer et conserver les principales pêcheries commerciales à l'intérieur de la zone économique exclusive (ZEE) des 200 milles marins de la Nouvelle-Zélande. Les principaux objectifs de ce système de gestion sont de garantir la durabilité à long terme des captures, l'efficience de l'exploitation des pêcheries et un profit maximal pour la Nouvelle Zélande

Dans le cadre du système de gestion par contingents, des contingents individuels transférables (CIT) ont été alloués pour 42 espèces ou groupes d'espèces, couvrant 257 stocks de poissons distincts. Ces CIT confèrent à leur titulaire un droit de propriété permanent sur une portion de la récolte annuelle d'un stock de poisson et lui donnent la faculté de l'utiliser lui-même ou de le céder à des tiers. Le système de gestion basé sur des contingents a remplacé avec succès les méthodes traditionnelles d'aménagement des pêcheries, qui reposaient sur des contrôles en amont (effort) et a aidé à rationaliser les investissements dans des navires et des installations terrestres, en incitant les titulaires des contingents à minimiser les coûts et à maximiser leurs profits. L'industrie de production d'aliments d'origine marine de la Nouvelle-Zélande paye la totalité des services de gestion et de recherche fournis par le Gouvernement, sans recevoir aucune subvention.

Des totaux autorisés de captures (TAC) sont fixés pour chaque stock de poissons afin de maintenir la taille de la population à un niveau supérieur ou égal à celui correspondant à une production maximale équilibrée (BPME). Pour établir un TAC par rapport à un objectif de production maximale équilibrée (PME), on estime la biomasse actuelle et la productivité des stocks pour déterminer la Production constante maximale (PCM) ou la Production moyenne maximale (PMM). La production constante maximale se fonde sur l'hypothèse que le volume des captures prélevé dans une pêcherie reste le même d'une année sur l'autre et est défini comme «la prise constante maximale que l'on estime soutenable, avec un niveau de risque acceptable, à tous les niveaux futurs probables de biomasse». En revanche, une stratégie basée sur la Production moyenne maximale repose sur l'estimation de la production annuelle autorisée (PAA) car elle tient compte du fait que la taille des populations varie d'une année sur l'autre, indépendamment de la mortalité par pêche. La production annuelle autorisée s'obtient en appliquant un taux de mortalité par pêche de référence à une valeur de la biomasse exploitable de l'année suivante. Au fil du temps, une stratégie basée sur le Rendement actuel moyen permet d'estimer la Production moyenne maximale (PMM) avec laquelle on interprètera la PME.

Les évaluations des stocks de chacune des principales pêcheries sont revues chaque année. Le Ministère des pêches tient des consultations annuelles pour déterminer les besoins en matière de recherche et pour examiner les résultats des évaluations des stocks en vue de donner des avis au Ministre. Le Ministère des pêches fait des appels d'offre pour des projets de recherche visant à évaluer l'état des pêcheries. Les parties prenantes (industrie des produits de la mer, Maoris, groupes d'intérêts s'occupant d'activités récréatives et de conservation, etc.) interviennent activement dans les processus de planification des recherches, d'évaluation des stocks et d'examen de la gestion. Toutefois, en 1997, on ne connaissait pas encore l'état de 64 pour cent des 149 stocks soumis au Système de gestion par contingents. Alors que les premiers TAC de 1986 ont été fixés en dessous des captures historiques pour favoriser une reconstitution des stocks de poissons côtiers, on ignore encore l'étendue de cette reprise, pour beaucoup d'espèces.

En douze ans, le contingentement des captures des principales espèces des pêcheries de Nouvelle-Zélande a renforcé les stocks halieutiques et l'économie des pêcheries du pays, alors que dans le même temps les ressources et la rentabilité économique de pêcheries similaires s'effondraient dans d'autre pays. L'industrie des produits de la mer prend en charge l'intégralité des coûts de la gestion des pêches, de la mise en application des règlements et de la recherche, ce qui représente un investissement annuel de 3 pour cent des recettes brutes. Le Gouvernement investit beaucoup moins dans la recherche halieutique que dans d'autres secteurs primaires.

Le Gouvernement a récemment entrepris un Examen indépendant de la loi sur les pêches de 1996 qui a débouché sur les recommandations suivantes: 1) redéfinir les rôles du Gouvernement et des autres intervenants du secteur des pêches; 2) mettre en place des processus de consultation et de décision transparents et intégrés; 3) simplifier le Système de gestion par contingents et le rendre moins coercitif; et 4) transférer certaines responsabilités de la gestion des pêches aux usagers munis de licences.

Le Gouvernement a accepté les recommandations et commencé à introduire une législation pour modifier en conséquence le régime de gestion des pêches. Les principaux éléments prévus par l'amendement sont: 1) l'intégration de la gestion des pêches, y compris l'approbation des plans de pêche; 2) un nouveau système d'équilibrage des captures reposant principalement sur des sanctions civiles, plutôt que pénales; 3) un nouveau système de récupération des coûts et 4) le transfert des fonctions d'administration des pêcheries commerciales à des organisations privées.

D'autres amendements prévoient: 1) la possibilité de gérer certains stocks pêchés à titre accessoire en fonction d'un objectif inférieur à la Production maximale équilibrée; 2) la possibilité pour les pêcheurs de reporter sur la campagne de pêche suivante jusqu'à 10 pour cent de l'éventuel contingent de capture annuel qui n'aurait pas été atteint; et 3) la possibilité, en cas de décès du titulaire d'un permis, de délivrer un nouveau permis de pêche en tant que quota transférable non individuel, malgré le moratoire.

La Loi de 1999, modifiant la Loi sur les pêches de 1996 (№2), a habilité la Nouvelle-Zélande à contrôler les activités de pêche hauturière de ses ressortissants et des navires battant son pavillon.

L'an dernier, une grande enquête a été menée sur l'allocation des contingents, pour faire la lumière sur leurs modalités d'attribution dans les nouvelles pêcheries de langoustine (Metanephrops challengeri). La finalisation d'une proposition d'allocation de droits de pêche aux pêcheurs indigènes a marqué une étape décisive.

RÉFÉRENCES

Annala, J.H., Sullivan, K.J., O'Brien, C.J., Smith, N.W.McL. et Varian, S.J.A. 2002a. Report from the Fishery Assessment Plenary, May 2002: stock assessments and yield estimates. Partie 1: Albacore to Ling. Ministry of Fisheries. 640p.

Annala, J.H., Sullivan, K.J., O'Brien, C.J., Smith, N.W.McL. et Varian, S.J.A. 2002b. Report from the Fishery Assessment Plenary, May 2002: stock assessments and yield estimates. Partie 2: Orange roughy to Yellow-eyed mullet. Ministry of Fisheries. 640p.

Caton, A., McLoughlin, K. et Staples, D. (eds.) 1997. Fishery Status Reports 1997. Resource Assessments of Australian Commonwealth Fisheries. DPIE, Bureau of Resource Sciences. 139p.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B15. PACIFIQUE SUD-EST
Zone statistique 87 de la FAO

Jorge Csirke *

INTRODUCTION

Cette zone statistique, qui a une superficie totale de 30,02 millions de km2, baigne la côte occidentale de l'Amérique du Sud, du nord de la Colombie au sud du Chili, et inclut une superficie de plateau continental d'environ 0,5 million de km2 (Figure B15.1). Le plateau continental est étroit avec un talus abrupt presque partout, sauf dans quelques zones peu étendues au sud de l'Équateur, au nord du Pérou, au centre et au sud du Chili où le plateau peut atteindre une largeur de 130 km. En dessous de 41° de latitude sud, le plateau peut s'étendre sur plusieurs centaines de kilomètres. Les principales îles océaniques de cette zone sont les îles Galapagos au large de l'Équateur et l'archipel Juan Fernandez au large du Chili. Les zones se prêtant au chalutage de fond se trouvent au large du nord de la Colombie, de l'Équateur, du nord du Pérou et du centre et du sud du Chili mais les meilleures et les plus productives sont celles du nord du Pérou et du sud du Chili. Le littoral présente deux caractéristiques notables: le golfe de Guayaquil, à 3° de latitude sud en Équateur et la zone des fjords en dessous de 41° de latitude sud au Chili.

La partie septentrionale de la zone, face à la Colombie et à l'Équateur, a un climat tropical typique des basses latitudes, avec une productivité relativement faible, des températures moyennes de surface de la mer de l'ordre de 28°C et une salinité de 33 ou moins durant la saison des pluies, près de la côte. La zone est soumise à l'influence de courants équatoriaux de surface qui s'écoulent parallèlement à la ligne de l'équateur. Plus au sud, au niveau du Pérou et du nord et du centre du Chili, les zones côtières sont caractérisées par le système de courant de la bordure orientale de Humboldt-Pérou qui engendre un upwelling saisonnier qui fait remonter en surface des eaux froides riches en éléments nutritifs et rend la zone extrêmement productive. Même près de l'Équateur, les masses d'eau proches de ces zones d'upwelling côtier ont une température de surface faible, généralement comprise entre 14 et 20° C, avec une salinité de l'ordre de 35. Ces caractéristiques associées à la Crête océanique des montagnes des Andes, qui s'étend sur une ligne parallèle proche des côtes du Pérou et du Chili, influencent fortement la circulation de l'air et de l'eau dans la zone et favorisent un climat très sec, en particulier à de basses latitudes. Plus au sud, au niveau du sud du Chili, les masses d'eau sont beaucoup plus froides et turbulentes mais toujours très productives, avec des températures de surface très inférieures à 14°C et une salinité de l'ordre de 34, la zone côtière recevant un apport d'eau douce dans les fjords (Schweigger, 1964; Jordán, 1979; Guillén, 1983; Bernal, Robles et Rojas, 1983; Strub et al. , 1998).

Figure B15.1 - Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.1

Figure B15.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans le Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.2

Source FAO

La distribution et l'abondance des ressources halieutiques et le développement des pêches sont fortement influencés par la topographie locale et les conditions environnementales dominantes. Alors que les crevettes, les petits pélagiques côtiers et les grands migrateurs pélagiques tropicaux alimentent les principales pêcheries au large de la Colombie et de l'Équateur, les petits pélagiques sont de loin les espèces dominantes au large du Pérou et du nord et du centre du Chili et les poissons démersaux et les invertébrés benthiques alimentent les pêcheries les plus importantes, plus au sud.

Les phénomènes environnementaux ont des effets particulièrement prononcés dans cette zone: on sait qu'ils sont à l'origine d'amples fluctuations interannuelles et de variations à plus long terme dans l'abondance de poissons et la production totale des principales espèces exploitées (Csirke, 1995; Jordán, 1983; Zuta, Tsukayama et Villanueva, 1983; Serra, 1983). Tout le monde a entendu parler des effets négatifs du phénomène «El Niño» sur la plus grande pêcherie monospécifique du monde, jadis épuisée et aujourd'hui en phase de reconstitution, et sur la distribution, le succès du recrutement et l'abondance du stock d'anchois du Pérou (Engraulis ringens) (Csirke, 1980, 1989; Valdivia, 1978). Ses effets sur d'autres populations de poissons mais aussi d'oiseaux et de mammifères marins sont aussi bien connus. Les effets des phénomènes «El Niño» ne sont pas toujours négatifs sur d'autres populations marines, notamment d'autres petits pélagiques, merlus, crevettes, céphalopodes et crustacés et mollusques (Arntz, Landa et Tarazona, 1985; Arntz et Fahrbach, 1996).

La zone subit l'influence des deux phases du cycle de l'oscillation australe ENSO («El Niño» et «La Niña»). Ces deux phases sont la principale source de variabilité interannuelle et produisent des effets prononcés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la région sur le climat, sur l'état des ressources halieutiques et sur la productivité des pêcheries associées, en particulier à l'arrivée de la phase chaude «El Niño», qui se produit tous les trois à sept ans avec plus ou moins d'intensité (Rasmusson et Carpenter, 1982; Arntz et Fahrbach, 1996). Des changements environnementaux plus subtils à plus long terme seraient aussi une source de variabilité, qui contribuerait à expliquer certains transferts observés d'une décennie à l'autre, dans la disponibilité et l'abondance de certaines ressources marines vivantes à l'échelle de la région (Alheit et Bernal, 1999; Chavez et al ., 2003; Lluch-Belda et al., 1989, 1992; Yañez, Barbieri et Silva, 2003; Klyashtorin, 2001; Csirke et Vasconcellos, dans cet ouvrage).

Les changements récents les plus notables affectant les ressources de la zone sont l'épuisement du stock de pilchard sudaméricain (Sardinops sagax sagax) et la reconstitution spectaculaire du stock d'anchois du Pérou. Les captures de chinchards du Chili (Trachurus symmetricus murphy) ont aussi considérablement diminué au large du Chili, malgré la légère augmentation observée dans les eaux du Pérou, et les captures d'encornets géants (Dosidicus gigas) ont accusé un brusque recul en 1995–98 mais ont constamment augmenté par la suite.

PROFIL DES CAPTURES

Les captures totales de poissons dans le Pacifique Sud-Est ont connu d'amples variations au cours des cinq dernières décennies, avec d'importantes modifications des volumes des captures et de leur composition par espèces, dérivant de modifications de l'effort de pêche et de certains facteurs naturels, notamment des effets de signaux climatiques à court terme (ENSO) et à long terme (à l'échelle d'une décennie). Durant les années 60, les captures totales ont connu une progression rapide, culminant à 13,8 millions de tonnes en 1970. L'espèce dominante était l'anchois du Pérou, jusqu'au brusque déclin de cette pêcherie au début des années 70. Au milieu de la même décennie, les captures ont tendu à devenir plus multispécifiques, même si les petits pélagiques ont continué à dominer mais avec un plus large éventail d'espèces (anchois, sardines, harengs, chinchards et maquereaux espagnols (Figure B15.2 et Tableau D15). Au milieu des années 80, l'anchois du Pérou est redevenu l'espèce dominante alors que les prises des autres espèces diminuaient. Des changements notables se sont aussi produits dans d'autres groupes d'espèces, en particulier merlus, autres démersaux et plus récemment encornets (ex: encornet géant). Tout cela a contribué à une augmentation globale, avec des captures nominales totales culminant à un nouveau record de 20,4 millions de tonnes en 1994, correspondant probablement à la limite supérieure de la fourchette de rendement pour la zone.

La grande variabilité des captures dans cette zone est dans une large mesure conditionnée par l'anchois du Pérou, une espèce importante du Groupe 35 de la CSITAPA (harengs, sardines, anchois, etc.). Après avoir atteint 13,1 millions de tonnes en 1970, les captures totales d'anchois du Pérou sont tombées à 1,7 millions de tonnes en 1973, puis à leur plus bas niveau en 1984 (94000 tonnes). Depuis, elles ont tendu à remonter, avec toutefois un creux important durant le phénomène El Niño de 1997–1998, suivi d'une remontée très rapide, à 7–11 millions de tonnes par an, ces dernières années (Figure B15.3).

D'autres petits pélagiques, comme le pilchard sud-américain, le chinchard du Chili et le maquereau espagnol (Scomber japonicus) (Figure B15.4), qui produisaient auparavant des captures négligeables (quelques dizaines de milliers de tonnes par an) ont commencé à augmenter à la suite de l'effondrement de la pêcherie d'anchois du Pérou en 1972–73, jusqu'à contribuer dans une proportion importante à la production totale de poissons de la zone, avec des captures de plusieurs millions de tonnes par an. Le pilchard sud-américain a aujourd'hui pratiquement disparu alors que les captures de chinchard du Chili et de maquereau espagnol demeurent relativement élevées dans cette zone.

Le pilchard sud-américain était la deuxième espèce contribuant à la production totale du Groupe 35 de la CSITAPA, derrière l'anchois du Pérou (Figure B15.3). Les captures de pilchard sud-américain sont passées de moins de 10000 tonnes par an avant 1970 à un maximum de 6,5 millions de tonnes en 1985 mais elles ont par la suite constamment fléchi jusqu'en 2002, où elles n'étaient plus que de 28000 tonnes. Il semble que cette forte diminution ait résulté de la forte pression de pêche exercée pendant près de deux décennies, au moment où s'amorçait la phase déclinante d'un «changement de régime» à long terme dans l'abondance, déclenché par des facteurs naturels (Kawasaki, 1983; Lluch-Belda et al., 1989, 1992; Schwartzlosse et al., 1999).

Les autres espèces importantes du Groupe 35 de la CSITAPA sont le hareng araucian (Strangomera benticki) et le chardin du Pacifique (Ophisthonema libertate), qui ont aussi produit des captures très variables. Le hareng araucian est principalement pêché entre 34° et 40° de latitude sud et a connu deux périodes distinctes de forte production. L'une, du milieu des années 60 au milieu des années 70, avec deux pics de 159000 tonnes et de 183000 tonnes, en 1971 et en 1974, et une deuxième période qui a démarré en 1989, avec des captures élevées de 584000 tonnes en 1991 et un record de 782000tonnes en 1999, puis un fléchissement à 347000 tonnes en 2002. Le chardin du Pacifique est surtout exploité au-dessus de 6° de latitude sud. Le record de captures a été de 90000 tonnes en 1989, avec des niveaux égaux ou inférieurs à 20000 tonnes au cours des années récentes. Une autre espèce mérite d'être signalée, l'anchois chuchueco (Cetengraulis mysticetus), un petit pélagique associé aux eaux estuariennes, principalement pêché près de la Colombie et de l'Équateur, avec des captures qui ont oscillé entre 20000 et 120000 tonnes par an au cours des deux dernières décennies, sans marquer de tendance précise, et un niveau de 43000 tonnes en 2002.

Figure B15.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35, Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.3

Source FAO

Figure B15.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 37, Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.4

Source FAO

Figure B15.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.5

Source FAO

Figure B15.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 32 et 33 Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.6

Source FAO

Figure B15.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 57, Pacifique Sud-Est (Zone 87)

Figure B15.7

Source FAO

Jusqu'en 1970, rien n'indiquait que le stock de chinchard du Chili (Groupe 37 de la CSITAPA) était si abondant, avec des captures annuelles à peine supérieures à 30000 tonnes par an (Figure B15.4) mais au début de la décennie, cette espèce a commencé à apparaître régulièrement dans les prises accessoires des pêcheries artisanales et industrielles locales. Par la suite, des flottilles de pêche plus spécialisées du Chili, du Pérou et de l'ex-Union soviétique ont été dirigées sur cette espèce à partir du milieu des années 70 jusqu'à la fin des années 80. Les captures totales ont continué à augmenter pour culminer à près de 5 millions de tonnes en 1995 (dont près de 90 pour cent pêchées au large du Chili), puis elles ont fléchi à 1,4 million de tonnes en 1999, pour remonter légèrement à 2,5 millions de tonnes en 2001 et s'établir à 1,8 million de tonnes en 2002. La tendance baissière observée au large du Chili a été contrebalancée par une tendance haussière irrégulière mais beaucoup plus modeste, observée dans les eaux du Pérou depuis 1995. Le maquereau espagnol est un autre petit pélagique important du Groupe 37 de la CSITAPA (Figure B15.4). Cette espèce a connu principalement deux périodes de captures élevées. L'une allant du milieu des années 70 au milieu des années 80, avec un pic de 836000 tonnes en 1978 (dont 65 pour cent pêchés au large de l'Équateur) et l'autre qui a commencé au milieu des années 90, avec un maximum de 676000 tonnes en 1999 (78 pour cent capturées au large du Pérou) et un niveau de 393000 tonnes (dont 90 pour cent proviennent des eaux du Chili) en 2002.

Classée ici avec les plus grosses espèces de thons grands migrateurs dans le Groupe 36 de la CSITAPA (Figure B15.5 et Tableau D.5), la bonite du Pacifique oriental (Sarda chiliensis) alimentait une importante pêcherie côtière de petits pélagiques dans cette zone, principalement au large du Pérou. Les captures de cette espèce ont été de l'ordre de 60000 tonnes par an dans les années 50 et 60, avec un record de 109000 tonnes en 1961. Après l'effondrement du stocks d'anchois du Pérou (sa principale source de nourriture), les captures de bonite du Pacifique oriental sont tombées à 4300tonnes en 1976, pour remonter par la suite à près de 40 000 tonnes en 1990. Les prises ont accusé une nouvelle baisse spectaculaire à 5700 tonnes en 1998, tombant à tout juste 500 tonnes en 2000 et 875tonnes en 2002. Les captures de thon affichent une tendance haussière, en particulier depuis le milieu des années 90, avec l'albacore (Thunnus albacares) culminant à 174000 tonnes en 2001, le thon obèse (Thunnus obesus) à 67000 tonnes en 2000 et le listao (Katsuwonus pelamis) à 206000 tonnes en 1999.

Parmi les poissons démersaux du groupe 32 de la CSITAPA (Figure B15.6) figurent le merlu du Pacifique sud (Merluccius gayi), avec deux sous populations (l'une au large du Pérou et l'autre au large du Chili), le merlu austral (de Patagonie) (Merluccius australis = polylepis) et le grenadier de Patagonie (Macruronus magellanicus). Les captures de ce groupe d'espèces ont généralement été élevées et irrégulières depuis 1985, avec un maximum de 751000 tonnes en 1996 et un fléchissement à 342000 tonnes en 2002. Les captures prélevées sur le stock péruvien de merlu du Pacifique Sud ont été très variables, avec plus de 300000 tonnes en 1978 et 235000 tonnes en 1996 et une baisse à 42000 tonnes en 2002. La brusque baisse de 2002 a conduit à une interdiction quasi-totale de la pêche au merlu du Pacifique Sud au large du Pérou, maintenant en place depuis près de deux ans. En ce qui concerne le stock chilien de merlu du Pacifique Sud, les captures ont été moins variables, avec des prises maximales enregistrées de 128000 tonnes en 1968 et 116000 tonnes en 2002. Les captures de poissons côtiers divers du Groupe 33 de la CSITAPA sont de l'ordre de 55000 tonnes par an, sans changements notables pour l'ensemble du groupe mais avec quelques variations importantes au niveau des espèces individuelles.

Une première augmentation importante des captures totales d'encornets (principalement encornet géant) du groupe 57 de la CSITAPA (Figure B15.7) au début des années 90, a été de courte durée. Après le record de 200000 tonnes atteint en 1994 (principalement dans les eaux péruviennes), les captures ont chuté à 11000 tonnes à peine en 1998. Toutefois, les captures d'encornets ont sensiblement augmenté pour dépasser leur record et s'établir à 306000 tonnes en 2002. L'encornet géant (Dosidicus gigas) représente l'essentiel des captures (95 pour cent).

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

L'abondance et de la composition par espèces des principales ressources halieutiques sont très variables dans cette zone (Csirke et Sharp, 1984; Sharp et Csirke, 1983). Ces variations tendent à avoir des effets socio-économiques majeurs aux niveaux national et régional. En outre, comme la zone est la deuxième du monde, pour la production de poisson (en 2002, elle a contribué pour plus de 16 pour cent à la production des pêches marines et pour près de 11 pour cent à production halieutique totale mondiale), les effets de ces changements ont une influence notable sur les tendances et les projections mondiales en matière de pêche.

À l'intérieur de la région, l'anchois du Pérou, le pilchard sud-américain et le chinchard du Chili illustrent les incidences que peuvent avoir ces variations de l'abondance et de la composition par espèces sur les pêcheries locales et les économies nationales. L'espèce la plus importante, la plus variable et la mieux étudiée de la zone est l'anchois du Pérou (IMARPE, 1970, 1972, 1973, 1974, 2000; Tsukayama, 1983; Zuta, Tsukayama et Villanueva, 1983; Pauly et Tsukayama, 1987; Pauly et al ., 1989; Csirke, 1980, 1988, 1989).

Il existe deux grands stocks distincts d'anchois du Pérou dans la zone (Tsukayama, 1966; Jordán, 1971; IMARPE, 1973), le stock du centre-nord du Pérou, présent entre 3° et 15° de latitude sud, et le stock sud du Pérou/nord du Chili, que l'on trouve entre 16° et 24° de latitude sud (GTE IMARPE-IFOP, 2003), plus un troisième petit sous-stock proposé à l'extrême sud de l'aire de répartition de cette espèce, à 37° de latitude sud (Serra, 1983). Le stock péruvien est de loin le plus abondant et le plus important, avec une biomasse moyenne ordinairement comprise entre 3 et 16 millions de tonnes (Tsukayama, 1983; Pauly et Palomares, 1989; Csirke et al ., 1996). On estime que le stock sud du Pérou/ nord du Chili a atteint une biomasse de l'ordre de 3 à 6 millions de tonnes (GTE IMARPE-IFOP, 2003). La majorité des captures d'anchois du Pérou proviennent du stock du centre-nord du Pérou, qui se trouve généralement à l'intérieur des eaux péruviennes et qui n'est en principe exploité que par les flottilles de ce pays. Toutefois, dans les années particulièrement froides où le courant de Humboldt-Pérou se renforce, une partie du stock peut migrer vers le nord, dans les eaux équatoriennes où il arrive que des espèces provenant de ce stock soient signalées dans les captures commerciales. En 2002, 6,7 millions de tonnes ou 70 pour cent des captures totales d'anchois (dans la limite des 70 à 80 pour cent estimés pour les années précédentes) provenaient du stock du centre-nord Pérou. Le volume restant provient du stock sud-Pérou/nord Chili, qui est exploité par des flottilles de ces deux pays.

Le développement de la pêcherie d'anchois dans les années 60 et au début des années 70 a reposé sur une estimation exagérément optimiste de l'abondance durable réelle de ces stocks, inspirée par des pics de captures impossibles à maintenir. La pêcherie a connu une croissance rapide, pendant plusieurs années consécutives. Elle a accru considérablement sa capacité de pêche ce qui lui a permis de prélever chaque année sur le grand stock du centre-nord du Pérou des captures totales largement supérieures au plafond recommandé de 8 à 9 millions de tonnes par an (Schaefer, 1967; Boerema et al., 1967; Gulland, 1968; Csirke et al ., 1996; Csirke et Gumy, 1996; IMARPE, 1970, 1972, 1973, 1974). Les captures ont culminé à 13,1 et 11,2 millions de tonnes en 1970 et 1971, juste avant l'effondrement de 1972–1973. La forte pression de pêche a certes joué un rôle majeur dans l'effondrement de la pêcherie d'anchois du Pérou, au début des années 70 (IMARPE, 1974; Zuta, Tsukayama et Villanueva, 1983; Jordán, 1983) mais il est certain que le phénomène «El Niño» de 1972–73 a aussi contribué dans une large mesure à l'échec du recrutement et à l'amenuisement du stock (Csirke, 1980). L'absence de mesures de gestion adéquates pour obtenir une forte réduction de la pression de pêche a fait le reste, en contribuant à aggraver et à prolonger le déclin. Le stock d'anchois était déjà épuisé et les captures relativement faibles lorsque le «El Niño» de 1982–1983, qui était beaucoup plus violent, a frappé la zone; cela explique qu'il ait eu un impact moins sévère sur la production halieutique totale de la région, même s'il a réduit à son plus bas niveau historique le stock d'anchois du Pérou. Grâce à des conditions naturelles favorables et à une réduction de la capacité de pêche, qui s'est répercutée sur l'effort, le stock a pu se reconstituer et les captures ont augmenté dans les années suivantes (Csirke et al ., 1992, 1996).

Au début de la décennie 90, le stock et la pêcherie d'anchois ont retrouvé leurs niveaux d'avant l'effondrement de 1972 mais malheureusement cette reprise s'est accompagnée d'un accroissement de la capacité de pêche très excessif, compte tenu des caractéristiques d'abondance et de variabilité du stock d'anchois et d'autres considérations bio-économiques. En 1995, on estimait que la capacité de pêche (comprenant les navires de pêche et les usines de farine de poisson) dépassait d'aumoins30pour cent le niveau recommandé (Csirke et Gumy, 1996). Apparemment, la capacité de pêche a continué à augmenter, quoiqu'à un rythme plus lent. Parallèlement, les stocks d'anchois se sont à nouveau gravement appauvris en 1997–98 mais heureusement, tout porte à croire que les deux stocks d'anchois du Pérou épuisés par plusieurs années de pression de pêche intense et des conditions écologiques défavorables associés au violent El Niño de 1997–98, se sont reconstitués. La capacité et la pression de pêche sont restées élevées durant ce phénomène «El Niño», alors que la biomasse et les captures en résultant ont été considérablement réduites en raison d'un ralentissement de la croissance somatique, d'un faible recrutement, de modifications du comportement des poissons et d'une migration des stocks vers le sud, pour éviter le réchauffement des températures dans le nord. Durant l'automne et le printemps de 1998, des prospections hydro-acoustiques ont estimé la biomasse totale du stock d'anchois du Pérou à un très bas niveau, oscillant entre 1,2 et 2,7 millions de tonnes pour toute la zone côtière péruvienne (Castillo, Gutiérrez et Gonzales, 1998; IMARPE, 1998; Gutiérrez, 2000). On déduit de ce qui précède que le grand stock du nord-centre Pérou a atteint une biomasse proche de 15 pour cent de son niveau moyen et de 50 pour cent de ce qui est considéré comme son seuil minimal de sécurité mais peu de temps après, le stock s'est reconstitué avec une rapidité stupéfiante.

Des conditions environnementales particulièrement propices et un bon recrutement, conjugués à un système de surveillance et d'aménagement prudent, ont apparemment contribué à la reprise rapide du stock après le El Niño de 1997–98 (Bouchon et al ., 2000; Ñiquen et al ., 2000). Les deux stocks d'anchois épuisés seraient à présent reconstitués et, bien que le risque de surexploitation suscite encore quelques préoccupations, en particulier à cause de la capacité de pêche largement excédentaire, on espère guider les deux stocks vers un niveau pleinement exploité, considéré comme plus sûr, et les y maintenir. Toutefois, la surcapacité de pêche existante (40 pour cent de plus que le niveau recommandé selon les estimations), la grande variabilité naturelle de l'anchois et sa vulnérabilité à une forte pression de pêche, imposent des mesures particulières pour prévenir une surexploitation.

Le pilchard sud-américain a été surexploité et a presque disparu de certaines zones. On a dénombré au moins trois sous-stocks de cette espèce (Parrish, Serra et Grant, 1989): le stock du nord, présent entre 1° et 15° de latitude sud dans les eaux de l'Équateur et du Pérou, avec un sous-stock distinct probable autour des îles Galapagos; le stock du centre, que l'on rencontre entre 15° et 25° de latitude sud au niveau du sud du Pérou et du nord du Chili, et le(s) stock(s) du sud au niveau de Coquimbo (30° de latitude sud) et de Talcahuano (37° de latitude sud) au Chili. Serra et Tsukayama (1988) considèrent le stock des eaux de Talcahuano comme un stock à part. À certaines périodes (ou régimes) d'abondance élevée, les stocks les plus fournis ont été ceux du nord (Équateur-Pérou), avec une biomasse culminant à 10 millions de tonnes en 1987 et du centre (sud du Pérou-nord du Chili), qui a atteint un pic de 9 millions de tonnes en 1980.

La première période simultanée de brusque augmentation de la biomasse et de captures particulièrement élevées des deux stocks a été enregistrée au début des années 70 (IMARPE, 1974; Serra et Zuleta, 1982; Salazar et al. , 1984; Zuzunaga, 1985) après l'effondrement du stock d'anchois du Pérou, en 1972. Cette période a duré près de deux décennies mais aujourd'hui l'abondance des deux stocks de pilchards sud-américains s'est tellement affaiblie que les captures se limitent à quelques dizaines de milliers de tonnes par an. Il est intéressant de noter que les captures totales prélevées sur le stock du sud du Pérou et du nord du Chili ont commencé à fléchir dès 1985, plus tôt que celles provenant du stock du nord (Pérou-Équateur), dont le déclin ne s'est amorcé qu'en 1990. Il est évident que dans les deux cas, la baisse des captures a été précédée, trois ou quatre ans plus tôt, par des diminutions du recrutement et de la biomasse totale. En outre, dans les deux cas, une gestion laxiste a permis à la pression de pêche de remonter rapidement et de rester élevée, même quand la biomasse et les recrutements ont amorcé leur déclin (Csirke et al. , 1996; GTE IMARPE-IFOP, 1994, 1999, 2003). L'appauvrissement de ces stocks est le résultat d'une surexploitation, qui a précédé et accéléré une diminution de l'abondance dérivant d'un «changement de régime» à long terme, d'origine écologique (Kawasaki, 1983; Lluch-Belda et al ., 1989, 1992; Schwartzlosse et al. , 1999). Cette phase de déclin étant associée à un régime à plus long terme, les stocks devraient se maintenir à de faibles niveaux d'abondance pendant quelques années. Ces stocks sont pleinement exploités malgré la réduction considérable de la pression de pêche et des captures totales et, compte tenu du «régime» de faible abondance naturelle, même des volumes de captures limités risquent de conduire à la surexploitation des stocks, s'ils ne sont pas surveillés et contrôlés comme il convient.

Le chinchard du Chili est largement distribué dans la zone et, comme il migre sur de longues distances, il est difficile d'établir des unités de stocks distinctes, même si l'existence d'au moins deux sous-populations a été suggérée (Serra, 1991; Arcos et Grechina, 1994). La pression de pêche sur cette espèce s'est rapidement accélérée dans une partie de son aire de répartition et le stock est considéré comme pleinement exploité ou surexploité, en particulier compte tenu de l'accroissement de la pression de pêche dans certaines zones.

Une proportion importante quoique variable (65 à 95pour cent) des captures annuelles de cette espèce provient des eaux du Chili, où un déclin spectaculaire des captures à la fin des années 90 a conduit à la mise en place de mesures d'aménagement sévères, reposant sur l'application d'un système de contingents individuels non transférables. Même si les captures ont tendu à se stabiliser, l'état du stock et la viabilité de la pêcherie suscitent des préoccupations, en particulier à cause de l'effort de pêche récent qui fait craindre une surexploitation du stock (Barría et al ., 2003; Perez and Buschmann, 2003). Les captures de chinchard du Chili sont nettement plus faibles et plus irrégulières au large du Pérou que dans les eaux du Chili mais elles augmentent depuis quelques années. Dans les eaux péruviennes, l'état du stock est mal connu mais il est probablement aussi surexploité ou pleinement exploité. Le Gouvernement péruvien a récemment déclaré que le chinchard, au même titre que le maquereau espagnol et le pilchard sud-américain, n'était utilisable que pour la consommation humaine directe (PRODUCE, 2002). Cette disposition vise apparemment à promouvoir le marché alimentaire local du poisson, tout en réduisant la pression de pêche sur cette espèce. On s'efforce actuellement de gérer ces pêcheries au niveau national mais comme le chinchard est largement distribué dans les eaux côtières et océaniques, un renforcement de la coopération régionale ne pourrait qu'être bénéfique pour assurer sa conservation et sa gestion dans toute son aire naturelle. Le maquereau espagnol est principalement pêché accessoirement dans des pêcheries de chinchards; l'état général et l'abondance de ce stock sont moins bien connus mais évidemment aussi très variables, avec une abondance très inférieure à celle du chinchard. Toutefois, on prévoit des taux d'exploitation faibles et le stock est considéré comme modérément exploité.

La bonite du Pacifique oriental a donné quelques signes de reprise au début de la décennie 90, très probablement à cause de la reconstitution du stock d'anchois du Pérou, sa principale source de nourriture. Toutefois, le violent El Niño de 1997–98, combiné à de fortes captures accessoires dans des pêcheries d'anchois et d'autres espèces, semblent avoir entraîné un nouvel épuisement du stock. Àl'heure actuelle, cette espèce n'est déclarée qu'occasionnellement, le cas échéant, dans les captures visées ou accidentelles des pêcheries artisanales péruviennes (Estrella et al. , 2001). Le thon albacore a eu une biomasse maximale en 2001 mais plus faible en 2002 et est considéré comme pleinement exploité. Des études préliminaires de la biomasse de listao montrent un pic élevé en 1999, un creux en2001 et l'on prévoyait des recrutements relativement élevés propres à augmenter la biomasse en2002–2003, et le stock est très probablement modérément exploité. Les estimations de la biomasse de thon obèse sont plus incertaines et, d'après la CITT (2004), la biomasse féconde a diminué et est considérée comme pleinement exploitée ou légèrement surexploitée.

La situation des autres petits pélagiques est variable. Le hareng araucian est considéré comme surexploité (Cubillos, Bucarey et Canales, 2002). Le chardin du Pacifique et l'anchois chuchueco sont très probablement pleinement exploités dans la plus grande partie de leur aire de répartition. Ces poissons sont surtout utilisés pour la production de farine et d'huile de poisson. En Colombie, la gestion de l'anchois chuchueco repose sur un système de contingents annuels et sur des interdictions de pêche en saison ou zones de ponte. (Beltrán et Villaneda, 2000; CPPS, 2003; FAO, 2003).

Parmi les poissons démersaux, le merlu du Pacifique Sud a aussi connu un recrutement très variable associé à des modifications des conditions environnementales, du type «El Niño» (Samamé, Castillo et Mendieta, 1985; Espino, Castillo et Fernández, 1995). Il existe deux unités de stocks distinctes composées de sous-espèces différentes de merlus du Pacifique Sud, le Merluccius gayi peruanus entre 0° et 14° de latitude sud au large de l'Équateur et du Pérou et Merluccius gayi gayi, entre 19° et 44° de latitude sud au large du Chili (FAO, 1990). Le stock péruvien a atteint son niveau d'abondance le plus élevé en 1978, avec une biomasse estimée à 700000 tonnes et un deuxième pic à 640000 tonnes en 1994. Depuis, la biomasse a fléchi jusqu'au niveau très récent de 102000 tonnes (IMARPE, 2003, 2004a). Le stock chilien a affiché une tendance haussière durant la période 1968–2000, avec une biomasse maximale de 1,4 million de tonnes en 1996 et d'environ 1 million de tonnes en 2000 (Payá,2003). La gestion des deux stocks de merlus du Pacifique Sud repose aujourd'hui sur l'application de contingents individuels non transférables. Le stock chilien de merlu du Pacifique sud est considéré comme pleinement exploité (Cerda et al. , 2003; Pérez et Buschmann, 2003), avec toutefois un risque de surexploitation. Par ailleurs, le stock péruvien a été surexploité pendant plusieurs années et s'est récemment épuisé, ce qui a conduit le Gouvernement péruvien à imposer une interdiction totale de cette pêche, à la fin de l'année 2002. Près de deux ans après cette fermeture de la pêche, le stock donne des signes de reprise (IMARPE, 2004b).

Il y a quelques enseignements intéressants à tirer de ce cas d'effondrement du stock péruvien de merlus du Pacifique Sud (et de son actuelle reprise de bon augure). L'un d'eux est que les effets immédiats et à plus long terme de la croissance de l'effort de pêche et des éventuelles variations de certains signaux de l'environnement devraient être identifiés comme il convient et gérés en conséquence dans le processus d'évaluation et d'aménagement des pêcheries. Dans le cas de la pêcherie de merlus péruviens, on a noté qu'alors que les taux de captures étaient maintenus à un haut niveau le plus souvent grâce à une augmentation de l'efficience et de l'effort de pêche, certains signes évidents de surexploitation (comme la réduction des aires de répartition des différents groupes d'âge, la disparition d'individus plus gros et plus âgés et la régression de la taille moyenne à la capture) ont généralement été attribués à des changements environnementaux interdécennaux. En outre, une gestion laxiste, ainsi que des estimations trop optimistes à la fin des années 90, ont favorisé une réduction considérable de la biomasse féconde du stock (Espino, Samamé et Castillo, 2001; Lleonart et Guevara, 1995; IMARPE, 2003, 2004b). Une fois que les signes de déclin sont devenus trop évidents pour qu'on puisse les ignorer, la réponse concertée de l'industrie et du gouvernement, qui ont notamment réuni un Groupe international d'experts et appliqué scrupuleusement leurs recommandations (IMARPE, 2003, 2004b) avait, semble-t-il, contribué à inverser la tendance qui, autrement, aurait fini par conduire à la énième faillite d'une pêcherie.

Parmi les autres stocks démersaux, le grenadier de Patagonie donne des signes de forte exploitation (Payá et al., 2002) et est considéré comme pleinement exploité ou surexploité. Le merlu austral est dans le même cas en raison des captures abondantes de juvéniles et du faible taux de renouvellement (Payá et al ., 2000). La légine australe est considérée comme modérément exploitée, alors que la majorité des stocks commerciaux de légines et de congres sont très probablement pleinement exploités, à part quelques-uns qui donnent des signes de surexploitation (Pérez et Buschmann, 2003).

Les encornets sont des opportunistes écologiques dont la dynamique ressemble à celle du criquet pèlerin et leur abondance peut varier considérablement d'une génération à l'autre (Rodhouse, 2001). La zone peut nourrir une population nombreuse d'encornets et l'encornet géant est particulièrement abondant certaines années, de sorte que les captures et la pression de pêche se sont rapidement accélérées. L'encornet géant est largement distribué dans le Pacifique oriental, de la Californie aux États-Unis et au sud du Chili (Nigmatullin, Nesis and Arkhipkin, 2001), quelques captures étant même signalées jusqu'au nord de l'Orégon en 1997 et de l'Alaska en 2004. Il ne semble pas y avoir de sous-groupes de populations, principalement à cause du comportement actif de cette espèce, qui est un grand migrateur. On a noté une très forte augmentation de l'abondance de l'encornet géant depuis 1999 et le stock a élargi son aire de répartition vers le sud, du Pérou au Chili (IMARPE, 2004c). Les pêcheurs et les autorités du Pérou et du Chili se sont inquiétés du comportement actif et vorace de ce prédateur, principalement en raison de son impact potentiel sur l'abondance d'autres espèces prisées de la zone. Malgré l'augmentation rapide des captures, le stock n'est probablement que modérément exploité.

D'autres invertébrés, comme les crevettes des eaux tropicales et plus tempérées, tendent à être pleinement exploités ou surexploités. Quelques populations locales d'oursins de mer, de clams, de peignes et d'autres crustacés et mollusques ont été surexploitées et sont épuisées dans quelques zones, alors que d'autres sont modérément ou très légèrement exploitées (Rabí, Yamashiro et Quiroz, 1996; Beltrán et Villaneda, 2000; Pérez et Buschmann, 2003).

A l'exception des thons et des autres grands migrateurs ainsi que du chinchard du Chili avant 1992, tous les principaux stocks de poissons dans cette zone sont exploités par des flottilles nationales opérant à l'intérieur de leur ZEE ou par des flottilles étrangères basées dans les pays, qui opèrent en vertu d'une licence ou d'un accord de pêche avec un État côtier. Cela simplifie dans une certaine mesure l'évaluation et l'aménagement des pêcheries ainsi que l'attribution des responsabilités en ce qui concerne la conservation et l'utilisation des ressources marines vivantes de la zone. De fait, alors que l'approche adoptée pour l'évaluation et la gestion de la pêcherie de thons a un caractère plus régional, toutes les autres grandes pêcheries de la zone sont évaluées et gérées au niveau national. Toutefois, il existe une tradition de coopération régionale bien établie dans le domaine de la recherche halieutique en général et les États côtiers pourraient coopérer avec les pays voisins ou avec ceux qui pêchent en eaux lointaines, selon le cas, pour évaluer et gérer les stocks de poissons dont l'aire de répartition s'étend au-delà de leur ZEE.

La majorité des pêcheries de thon de cette zone sont évaluées et gérées par la Commission interaméricaine du thon des Tropiques (CITT, http://www.iattc.org) qui réglemente la pêche dans sa zone de compétence (qui inclut le nord-ouest de la zone 87 et va bien au-delà) au moyen d'un système complexe de contrôles de l'effort de pêche, de contingents des captures et de fermetures saisonnières. D'autres organisations régionales comme la Commission permanente du Pacifique Sud (CPPS, http://www.cpps-int.org) et l'Organisation latino-américaine de développement des pêches (OLDEPESCA, http://www.oldepesca.org) ont étudié, avec la CITT, d'autres solutions pour modifier et étendre les mesures d'évaluation et de gestion des pêches existants, en particulier pour les thons et les autres espèces de grands migrateurs dans toute la zone du Pacifique oriental. L'Accord des Galapagos promu par la CPPS et signé en août 2000, va dans ce sens (http://www.cpps-int.org/espa/acuerdodegalapagos.html).

La CPPS, dont font partie les quatre États côtiers de la zone 87, est une organisation maritime régionale très active, qui s'occupe notamment de coordonner les activités en rapport avec la législation régionale et internationale, la recherche et la formation, la pollution par le pétrole, la protection de l'environnement, l'océanographie et la pêche. D'autres organisations internationales, régionales ou sous-régionales, telles que la Communauté européenne, la FAO, la CITT et OLDEPESCA soutiennent ou ont soutenu des initiatives régionales ou sous-régionales de recherche, d'évaluation et d'aménagement des pêcheries dans la région.

La plupart des grandes pêcheries de la zone sont gérées par les pays mais l'efficacité de ces systèmes de gestion nationaux et l'ampleur des recherches ou des efforts déployés sur le plan administratif pour les mettre en œuvre varie considérablement selon la période, le type de pêcherie et le pays. Les limitations de l'accès par le biais de licences ou de permis de pêche, le contingentement des captures annuelles totales, l'établissement de contingents individuels non transférables, les fermetures saisonnières de la pêche, les fermetures de zones temporaires ou plus permanentes et l'imposition de tailles minimales à la première capture sont parmi les instruments de gestion les plus utilisés, souvent en combinaison, par les administrations nationales des pêches pour réglementer les opérations dans leur zone d'influence. Depuis 1995, le Chili a aussi introduit un régime à accès limité («Areas de Manejo», ou «Zones d'aménagement»), octroyant des droits d'accès exclusifs à des organisations d'artisans pêcheurs pour l'exploitation et l'utilisation des ressources benthiques dans des zones préétablies, situées dans la limite des cinq milles marins de la côte ou dans des eaux continentales (http://www. subpesca.cl/area_manejo.htm). Il semble que cette mesure ait permis la reconstitution de certains stocks côtiers qui étaient épuisés et ait eu pour effet d'augmenter la productivité biologique et les recettes économiques par rapport aux zones à accès non limité.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.


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