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Module 1

INTRODUCTION DES CONCEPTS CLÉ

QU'EST-CE QUE LA BIODIVERSITÉ AGRICOLE?

La biodiversité agricole est le résultat de processus de sélection naturels et d'une sélection minutieuse ainsi que de développements ingénieux de la part des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs au cours des millénaires. La biodiversité agricole est un sous-groupe essentiel de la biodiversité. La nourriture et les moyens d'existence de nombreuses populations dépendent de la gestion durable de diverses ressources biologiques. La biodiversité agricole également connue sous le nom d'agrobiodiversité ou encore de ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture comprend:

La biodiversité agricole est le résultat de l'interaction entre l'environnement, les ressources génétiques, la gestion des systèmes et les pratiques utilisées par des peuples culturellement distincts qui, en terme de production, gèrent la terre et les ressources en eau de manière différente. Ainsi, la biodiversité agricole englobe la variété et la variabilité des espèces animales, des plantes et des microorganismes nécessaires au bon fonctionnement de l'écosystème agricole. Ceci comprend le respect de sa structure ainsi que tout processus qui encourage la production et la sécurité alimentaire (FAO, 1999a). La culture et les savoirs locaux peuvent par conséquent être considérés comme faisant partie intégrante de la biodiversité agricole, en tant que pratiques agricoles issues de la main de l'homme qui modèlent et conservent cette biodiversité.

[Boîte 2] UNE DÉFINITION DE LA BIODIVERSITÉ AGRICOLE
La biodiversité agricole représente la variété et la variabilité des animaux, des plantes et des micro-organismes qui sont utilisés directement ou indirectement pour la nourriture et l'agriculture, y compris les cultures, les animaux d'élevage, la forêt et la pêche. Elle comprend la diversité des ressources génétiques (variétés, races animales) et des espèces utilisées pour la nourriture, le fourrage, les fibres, le combustible et les produits pharmaceutiques. Elle inclut également la diversité des espèces non récoltées qui aident à la production (les microorganismes du sol, les prédateurs et les pollinisateurs) et celles que l'on trouve dans un environnement plus vaste qui soutiennent les écosystèmes (agricoles, pastorales, forestiers et aquatiques) et participent à leur diversité.
Source: FAO, 1999a

Bon nombre d'agriculteurs, surtout ceux qui vivent dans des environnements où le haut rendement des cultures et des variétés animales ne prospère pas, dépendent d'une vaste gamme de cultures et de types d'animaux d'élevage. Cela les aide à conserver leurs moyens d'existence face aux infestations d'agents pathogènes, aux chutes de pluie incertaines, aux fluctuations des prix des cultures commerciales, aux perturbations sociopolitiques et aux disponibilités imprévisibles des produits agrochimiques. Des récoltes que l'on appelle récoltes secondaires, sous-exploitées, ou plus exactement des cultures intercalaires, côtoient fréquemment des cultures de première nécessité ou des cultures commerciales. Elles grandissent souvent côte à côte et leur importance est souvent sous-estimée. Dans de nombreux cas, du point de vue d'une approche fondée sur les moyens d'existence, elles ne sont pas secondaires ou sous-exploitées car elles peuvent jouer un rôle important et inattendu dans les systèmes de production de nourriture au niveau local. En effet, les stratégies nutritionnelles des ménages comptent souvent sur des plantes qui poussent sur des sols stériles ou érodés ainsi que sur les animaux d'élevage qui s'en nourrissent. En outre, les communautés rurales et les marchés urbains avec lesquels elles commercent, font un grand usage de ces espèces de cultures intercalaires.

[Boîte 3] RÉCOLTE DE PLANTES SAUVAGES POUR LA CONSOMMATION DES MÉNAGES
Au Burkina Faso, et dans tout le Sahel africain occidental, les femmes rurales recueillent soigneusement les fruits, les feuilles et les racines des plantes locales tels que le baobab (Adansonia digitata), les feuilles de l'oseille rouge (Hibiscus saddarifa), les feuilles du fromager (Ceiba pentandra) et les tubercules du gland de terre (Cyperus esculentus L.) pour les utiliser dans le régime alimentaire de la famille. Cela permet de compléter les céréales agricoles (millet, sorgho) qui ne fournissent qu'une partie de l'éventail nutritionnel et peuvent venir à manquer de façon aléatoire au cours des années. Au Sahel, on a catalogué plus de 800 espèces de plantes sauvages comestibles.
Source: IK Notes No. 23.

On remarque différentes caractéristiques spécifiques de la biodiversité agricole par rapport aux autres composantes de la biodiversité:

Une vue d'ensemble des rôles clé de la biodiversité agricole est fournie dans la Boîte suivante. Tous les rôles répertoriés ne seront pas valables dans toutes les situations données. Néanmoins, cette liste peut servir de liste de contrôle pour accorder la priorité à ceux qui sont fondamentaux pour le projet/la situation de travail.

[Boîte 4]LE RÔLE DE LA BIODIVERSITÉ AGRICOLE
L'expérience et la recherche ont démontré que la biodiversité peut:
  • Augmenter la productivité, la sécurité alimentaire et la rentabilité
  • Réduire la pression de l'agriculture dans les zones fragiles, les forêts et sur les espèces en danger
  • Rendre les systèmes de production agricole plus stables, plus robustes et plus durables
  • Contribuer à la lutte raisonnée contre les ravageurs et les maladies
  • Préserver les sols et en augmenter la fertilité naturelle ainsi que leur santé
  • Contribuer à une intensification durable
  • Diversifier les produits et les possibilités de revenus
  • Réduire, voire partager les risques entre particuliers ou entre nations
  • Aider à maximiser une utilisation efficace des ressources et de l'environnement
  • Réduire la dépendance à l'égard des apports extérieurs
  • Améliorer la nutrition humaine et fournir des approvisionnements en médicaments et en vitamines et;
  • protéger la structure de l'écosystème et la stabilité de la diversité des espèces.
(Adapted from Thrupp)

QU'ARRIVE-T-ILÀ LA BIODIVERSITÉ AGRICOLE?

Les systèmes de production diversifiés sont menacés au niveau local. Il en est de même pour les savoirs locaux, la culture et les compétences des agriculteurs et des agricultrices. En raison de ce déclin, la biodiversité agricole est en train de disparaître; l'échelle des pertes est considérable. La disparition des espèces récoltées, des variétés et des animaux d'élevage induit également la disparition d'une grande quantité d'espèces non récoltées.

[Boîte 5]100 ANS D' EVOLUTION AGRICOLE:
QUELQUES TENDANCES ET CHIFFRES RELATIFS A LA BIODIVERSITE AGRICOLE
  • Environ 75% de la diversité phytogénétique a disparu depuis le début de ce siècle à mesure que, dans le monde entier, les agriculteurs ont abandonné leurs multiples variétés locales et cultivars traditionnels pour passer à des variétés à haut rendement, génétiquement uniformes.
  • 30% des races de bétail frisent l'extinction et 6 races disparaissent chaque mois.
  • Aujourd'hui, 75% des aliments de la planète proviennent d'à peine 12 espèces végétales et 5 animales.
  • Sur les 4% des 250 à 300 000 espèces végétales comestibles connues, seulement 150 à 200 sont exploitées et à peine 3 (riz, maïs et blé) produisent environ 60% des calories et protéines végétales consommées par l'homme.
  • Les animaux fournissent a peu près 30% des besoins alimentaires et agricoles, et 12% de la population vit presque entièrement de produits fournis par les ruminants.
Source: FAO. 1999b

Plus de 90 % des variétés agricoles ont disparu des champs des agriculteurs; la moitié des races de nombreux animaux domestiques n'existent plus. Dans le domaine de la pêche, les 17 principaux viviers de pêche mondiaux sont pleinement exploités, voire surexploités, et de nombreuses espèces de poissons sont en voie d'extinction. La perte de couvert forestier, de zones côtières humides ou autres terres «sauvages» non cultivées, ainsi que la destruction de l'environnement aquatique, ont aggravé l'érosion génétique de la biodiversité agricole.

Les champs en jachère et les terres incultes peuvent subvenir aux besoins d'un grand nombre d'espèces utiles aux agriculteurs. Les aliments sauvages suppléent non seulement aux besoins en calories et en protéines mais remplacent également les vitamines et les autres micro - nutriments. En général, les ménages pauvres comptent davantage sur le recours aux aliments sauvages par rapport aux ménages aisés (voir Tableau 1). Cependant, dans certaines régions, la pression sur les terres est si grande que les réserves en aliments sauvages se sont épuisées.

Le terme «aliment sauvage», quoique communément utilisé, est trompeur parce qu'il implique l'absence de gestion et d'influence humaine. Or, au fil du temps, les gens ont indirectement modelé de nombreuses plantes. Certaines d'entre elles ont été introduites dans les potagers et les champs et se sont ainsi mélangées aux aliments quotidiennement cultivés et aux cultures commerciales des agriculteurs. Le terme «aliment sauvage» est donc utilisé pour décrire toutes les plantes qui sont récoltées ou recueillies pour la consommation humaine en dehors des régions agricoles, c'est-à-dire dans les forêts, la savane ou tout autre zone couverte de brousse.

Les aliments sauvages font donc partie intégrante des stratégies fondées sur les moyens d'existence de bon nombre de ruraux, de pasteurs, d'agriculteurs itinérants, de métayers, de chasseurs-cueilleurs. Les aliments sauvages sont communément considérés comme un supplément à la consommation alimentaire quotidienne des agriculteurs, généralement basée sur les variétés agricoles récoltées, les produits du bétail domestique et les achats de nourriture sur les marchés locaux. Par exemple, l'on appelle «aliments sauvages» les fruits et les baies qui proviennent d'une vaste gamme de plantes sauvages. En outre, les fruits sauvages et les baies apportent des vitamines essentielles au régime éthiopien basé sur les céréales et carencé en vitamines, surtout pour les enfants.

[Tableau 1]Pourcentage de nourriture provenant de produits sauvages pour les ménages pauvres, moyennement pauvres et relativement aisés
Sites DateTrès pauvres %Moyennement pauvres %Relativement aisés%
Wollo-Dega, Ethiopie19990–100–100–5
Jaibor, Soudan19971552–5
Chipita, Malawi19970–100–100–5
Ndoywo, Zimbabwe19970–500
Source: Biodiversité dans le développement

De nombreuses raisons contribuent au déclin de la biodiversité agricole. Tout au long du vingtième siècle, ce déclin s'est accéléré face aux exigences accrues d'une population croissante et d'une concurrence grandissante quant à l'appropriation des ressources naturelles.
Les principales causent sous-jacentes comprennent:

Points clé

FICHE DE PROCESSUS - NOTES À L'ATTENTION DU FORMATEUR

OBJECTIF: la Fiche d'informations 1.1 fournit une introduction générale et une vue d'ensemble de la biodiversité agricole. Elle introduit les définitions du concept et décrit les différents constituants et les dynamiques de la biodiversité agricole. L'objectif d'ensemble est de parvenir à une compréhension partagée des termes et concepts importants parmi les participants.

BUTS DE L'APPRENTISSAGE: les participants acquièrent un niveau partagé de compréhension des termes et concepts importants liés à la biodiversité agricole.

PROCESSUS: la fiche d'information 1.1 devrait circuler parmi les participants après la session. Cela les aidera à explorer les concepts, du point de vue de leur bagage professionnel, sans être influencés par les informations fournies. Dès le début, il est important de montrer aux participants que l'approche formative est fondée sur un partage mutuel de connaissances et d'informations. De plus, les connaissances des participants1 et des formateurs bénéficient du même respect et ont la même valeur.

  1. En fonction du temps disponible, les participants peuvent être invités à:

    1. Désigner les constituants/exemples de biodiversité agricole. Cela devrait se dérouler sous la forme d'une activité de remue-méninges. Les informations récoltées durant cet exercice peuvent être organisées conjointement et servir de point de départ à une présentation plus formelle.
    2. En petits groupes, développer les plans des systèmes agricoles sur lesquels les différents constituants de la biodiversité agricole sont placés. Ces plans peuvent ensuite être affichés et partagés avec les autres participants.

  2. Cet exercice peut être suivi par une présentation générale/Power Point comprenant les définitions et les différences entre biodiversité agricole et biodiversité en général.

  3. Ensuite, il serait utile de discuter des dynamiques et des tendances de la biodiversité agricole. Cela pourrait se baser sur:

    1. La discussion des participants, en général, les dynamiques et les tendances dans le domaine de la biodiversité agricole.
    2. En utilisant les plans réalisés, les participants peuvent indiquer les changements survenus et les tendances.

  4. Les questions clés devraient être dégagées de cette discussion avec les participants.

  5. Finalement le formateur pourra présenter les points clé d'apprentissage de la fiche d'information 1.1

Il serait utile d'intégrer d'autres aides visuelles telles que les vidéo ou les diapositives afin de renforcer l'intérêt et la participation des participants.

RÉSULTATS: Les participants comprennent le concept de biodiversité agricole. Ils ont établi une compréhension partagée des questions clé et des termes. Pour de plus amples informations veuillez consulter les points clé de la fiche d'information 1.1.

TEMPS À DISPOSITION: On conseille un minimum de 3 heures pour la fiche d'information 1.1

1 Des idées d'exercices sont fournies dans les Fiches de processus et peuvent être adaptées aux différents types de formation. Les exercices signalés par un (a) sont des exercices de base et peuvent être effectués si le temps est limité. Les exercices signalés par un (b) nécessitent plus de temps et peuvent être ajoutés s'il y a du temps à disposition.

QU'EST-CE QUE LES SAVOIRS LOCAUX?

Les savoirs locaux représentent l'ensemble des connaissances que les personnes d'une communauté donnée ont développé dans le temps et continuent à développer. Ils sont:

Les savoirs locaux ne sont pas renfermés au sein des groupes tribaux ou préservés par les habitants originaires d'une région. Ils ne se bornent pas aux seules populations rurales. Plus exactement, chaque communauté possède ses savoirs locaux, qu'elle soit rurale ou urbaine, sédentaire ou nomade, constituée d'habitants originaires ou immigrés. D'autres termes sont également utilisés pour désigner les savoirs locaux, tels que savoirs traditionnels et savoirs autochtones. Nous avons choisi le terme de savoirs locaux parce qu'il semble plus objectif sur le plan de son contenu ou de ses origines. Etant donné qu'il comprend un vaste ensemble de systèmes de savoirs, il inclut à la fois ceux classés comme traditionnels et comme autochtones.

[Boîte 1] SAVOIRS LOCAUX, TRADITIONNELS ET AUTOCHTONES
Les savoirs locaux sont un ensemble de faits lié au système de concepts, de croyances et de perceptions que les populations puisent dans le monde qui les entoure. Cela comprend la façon dont les populations observent et mesurent leur environnement, comment elles résolvent leurs problèmes et assimilent les nouvelles informations. Cela comprend les processus au moyen desquels la connaissance naît pour ensuite être emmagasinée, appliquée et transmise aux autres.
Le concept de savoir traditionnel implique que les populations qui vivent dans des régions rurales sont isolées du reste du monde et que leurs systèmes de savoirs sont figés et n'interagissent pas avec d'autres systèmes de savoirs.
Les systèmes de savoirs autochtones sont souvent associés aux peuples autochtones. Ce concept est plutôt limitatif en ce qui concerne les politiques, les projets et les programmes s'efforçant de travailler avec les agriculteurs ruraux en général. En outre, dans certains pays, le terme autochtone a une connotation négative parce qu'il est associé au sous-développement ou encore possède une connotation ethnique et politique.
Sources: Warburton et Martin

Les systèmes de savoirs sont dynamiques, les gens s'adaptent aux changements dans leur environnement et absorbent et assimilent des idées provenant de sources diverses. Cependant, le savoir et l'accès au savoir ne sont pas distribués de façon homogènes au sein d'une communauté ou parmi les communautés. Les gens peuvent avoir différents objectifs, intérêts, perceptions, croyances et des accès différenciés à l'information et aux ressources. Le savoir est engendré et transmis par le biais d'interactions au sein de contextes sociaux et agro-écologiques. Il est lié à l'accès et au contrôle du pouvoir. Des différences dans le statut social peuvent modifier les perceptions, l'accès au savoir et d'une manière décisive, l'importance et la crédibilité attribués aux savoirs de chacun. Souvent, le savoir détenu par les ruraux pauvres et, surtout celui les femmes, est négligé voire ignoré.

[Boîte 2] LES PLANTES SAUVAGES EN ÉTHIOPIE DU SUD
Les populations rurales éthiopiennes sont dotées d'un savoir étendu concernant l'utilisation des plantes sauvages. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne les plantes médicinales et les plantes sauvages, dont certaines sont consommées durant les périodes de sécheresse, de guerre ainsi qu'à l'occasion d'autres épreuves. Les anciens et les autres membres de la communauté dotés de savoir, sont les sources clé ou réservoirs de connaissances des plantes. La consommation d'aliments sauvages est encore très fréquente dans les régions rurales éthiopiennes surtout parmi les enfants. Parmi ces aliments, les plantes à fruits sauvages consommées plus fréquemment par les enfants appartiennent aux espèces Ficus spp., Carissa edulis et Rosa abyssinica.
La consommation de plantes sauvages semble plus fréquente et généralisée dans les régions d'insécurité alimentaire, où une grande variété d'espèces est consommée. Cette relation a donné naissance à la notion d'aliments de famine, c'est à dire des plantes qui ne sont mangées qu'en période de stress alimentaire et qui représentent donc un indicateur des conditions de famine. Les population locales connaissent l'importance et la contribution que les plantes sauvages apportent à leur régime alimentaire quotidien. Et elles sont aussi au courant des risques possibles pour la santé tels qu'un estomac dérangé après avoir mangé certaines plantes sauvages.
La Balanites aegyptiaca (bedena in Amharic), un arbre à feuilles persistantes de 10 à 20 mètres de haut, est typique de cette catégorie. Les enfants mangent ses fruits à n'importe quel moment quand ils sont mûrs et, en cas de pénurie alimentaire, ils seront également consommés par les adultes. Les nouvelles pousses qui grandissent durant la saison sèche sont fréquemment utilisées comme fourrage pour les animaux. Mais durant les pénuries alimentaires, les gens coupent les savoureuses pousses et les jeunes feuilles qui sont cuisinées comme des choux. Les populations dans les régions exposées à la sécheresse du sud de l'Éthiopie sont également habitués à consommer les fruits et les jeunes feuilles du Solanium nigrum (solanacées), une petite herbe annuelle, et le Syzygium guineense (arbres de Waterberry) qui est un arbre de la forêt, couvert de feuilles denses d'une hauteur de 20 mètres de haut.
Dans certaines régions du sud de l'Ethiopie, la consommation d'aliments provenant de plantes sauvages semble être restée l'une des stratégies locales fondamentale pour la survie. Il semble qu'elle se soit intensifiée en raison des chocs climatiques à répétition qui ont entravé la production agricole aboutissant ainsi aux pénuries alimentaires. Une consommation croissante d'aliments sauvages permet aux populations de mieux faire face aux pluies irrégulières ou qui arrivent au mauvais moment. Elles sont capables de faire face, durant plusieurs années consécutives à des pénuries alimentaires sévères, des famines et un appauvrissement général comme c'est le cas dans d'autres régions d'Ethiopie. La clé de cette stratégie de survie est la récolte et la consommation de plantes sauvages. On les trouve dans les régions des basses - terres non cultivées telles que les régions de brousse, la forêt et les pâturages. Dans les régions montagneuses et semi montagneuses, à densité plus élevée et à utilisation plus intensive, une grande variété de ces plantes indigènes et de ces arbres a été domestiquée pour la consommation familiale et les usages médicaux. Le sud de l'Éthiopie, surtout les weredas1 de Konso, Derashe et Burji, et une partie de la Région des nations, nationalités et populations du Sud (SNNPR) peuvent encore être considérées comme faisant partie de ces points chauds de la biodiversité en Ethiopie.
Source: Guinand et Lemessa

Les savoirs locaux sont uniques pour chaque culture ou société: les anciens et les jeunes sont les détenteurs de différents types de savoirs. Les femmes et les hommes, les agriculteurs et les négociants, les personnes instruites et non instruites détiennent tous différents types de savoirs.

Le genre de savoirs que les gens détiennent dépend de leur âge, de leur sexe, de leur occupation, de la répartition du travail au sein de la famille, du type d'entreprise ou de communauté, du statut socioéconomique, de l'expérience, de l'environnement, de l'histoire, etc. Cela a des répercussions significatives sur le travail de recherche et de développement. Pour découvrir ce que les personnes détiennent comme savoir, on doit identifier les bonnes personnes. Par exemple, si les garçons exercent l'activité de gardiens de troupeaux, ils doivent savoir, mieux que leurs pères, où se trouvent les meilleurs pâturages. Si nous demandons aux pères de nous montrer les bons pâturages, nous n'obtiendrons que des informations partielles. Les professionnels du développement pensent parfois que les villageois savent peu de choses quand, en fait, on a interrogé les personnes erronées.

Il est très important de comprendre que les savoirs locaux - comme tous les autres types de savoirs - sont dynamiques et en évolution constante parce qu'ils doivent s'adapter à l'évolution de l'environnement. Parce que les savoirs locaux évoluent dans le temps, il est parfois difficile de savoir si une technologie ou une pratique a des origines locales, si elle a été adoptée ou si c'est un mélange d'éléments locaux et d'éléments introduits. Dans la plupart des cas, la dernière situation est la plus probable. Pour un projet de développement cependant, il n'est pas important de savoir si une pratique est vraiment locale ou déjà associée à des savoirs introduits. Ce qui est important, avant de chercher des technologiques et des solutions à l'extérieur de la communauté, c'est de regarder d'abord ce qui est disponible au sein même de la communauté. Sur base de ces informations, une décision peut être prise sur le type d'informations qui conviendrait le mieux à la situation en question. Ce sera plus probablement une combinaison de différentes sources de savoirs et de types d'informations.

Cela a également des implications importantes sur le processus de recherche et de développement. Les savoirs locaux ne doivent pas être uniquement documentés. Il est également important de comprendre comment ces savoirs s'adaptent, se développent et évoluent dans le temps. Comprendre comment ces savoirs sont transmis et par qui ils sont transmis, à la fois au sein et à l'extérieur de la communauté, est également significatif.

POURQUOI LES SAVOIRS LOCAUX SONT-ILS IMPORTANTS?

Les savoirs locaux représentent le capital humain des populations rurales et urbaines. C'est le principal bien dans lequel elles investissent lorsqu'il s'agit de lutte pour la survie, de produire de la nourriture, d'assurer un abri ou de parvenir à contrôler leur propre vie. Les contributions significatives au savoir général commencent par la population locale, comme par exemple pour les médicaments humains et vétérinaires. Les savoirs locaux se développent et continuent de s'adapter à l'évolution graduelle de l'environnement. Il sont transmis de génération en génération et étroitement mêlés aux valeurs culturelles de la population.

Dans l'économie naissante de savoir global, l'aptitude d'un pays à construire et mobiliser le capital du savoir est aussi essentielle au développement durable que la disponibilité physique et financière d'un capital. L'élément de base de tout système de savoir d'un pays, est son savoir local. Cela englobe l'habileté, l'expérience et la perspicacité de la population à maintenir ou à améliorer ses moyens d'existence.

De nos jours, de nombreux systèmes de savoirs locaux sont en voie d'extinction. C'est parce qu'à l'échelle mondiale les environnements naturels changent rapidement et l'économie, la politique, la culture progressent à un rythme rapide. Les usages disparaissent, quand ils ne sont plus appropriés face aux nouveaux défis, ou parce qu'ils s'adaptent trop lentement. Cependant, de nombreux usages disparaissent en raison de l'intrusion de technologies étrangères ou de concepts de développement qui promettent des profits à court terme ou des solutions rapides aux problèmes. La tragédie de l'imminente disparition des savoirs locaux a des conséquences plus importantes pour ceux qui ont développé et fondé leur existence autour de ces savoirs. En l'occurrence, c'est le cas de l'exemple des aliments sauvages dans le sud de l'Éthiopie (voir Boîte 2 dans cette fiche d'information). Ces plantes sont particulièrement vitales pour la survie des pauvres durant les périodes de pénurie alimentaire quand il n' y a pas d'autres moyens de satisfaire les besoins élémentaires. En outre, les conséquences pour les autres peuvent également être préjudiciables quand les compétences, les technologies, les artefacts, les stratégies de résolution des problèmes et l'expérience s'évanouissent. Les savoirs locaux font partie de la vie des populations. Les pauvres en particulier, dépendent presque entièrement, en ce qui concerne leurs moyens d'existence, de compétences spécifiques et de savoirs essentiels à leur survie. Par conséquent, pour le processus de développement, le savoir local revêt une importance particulière dans les secteurs et les stratégies suivantes:

Les approches conventionnelles impliquent que les processus de développement nécessitent des transferts de technologie en provenance des lieux où celles-ci sont considérées comme étant plus avancées. Cette pratique a souvent porté à négliger le potentiel des expériences et des pratiques locales. L'exemple suivant du programme de sécurité alimentaire éthiopien illustre ce qui peut arriver si les savoirs locaux ne sont pas pris en considération de façon adéquate (voir Boîte 3).

[Boîte 3] INTRODUCTION DE VARIÉTÉS DE SORGHOS EN ÉTHIOPIE
Des variétés de sorghos à haut rendement ont été introduites en Éthiopie pour augmenter la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs et des communautés rurales. Quand le climat et les autres conditions étaient favorables, la variété moderne remportait un bon succès. Cependant, dans certaines régions on avait observé l'échec total de cultures, tandis que les variétés locales dotées de caractéristiques très différentes étaient moins sensibles aux fréquentes sécheresses. La communauté des agriculteurs a remarqué que la perte d'une récolte toute entière était plus nuisible que le rendement moyen de la variété locale dans les conditions les plus difficiles. Une approche prenant en considération l'expérience agricole locale aurait pu aboutir à un équilibre entre les variétés locales et les nouvelles variétés, réduisant ainsi le risque pour le producteur.
Source: Oduol

Les savoirs locaux sont particulièrement importants à trois niveaux du processus de développement.

Cependant, il est important de souligner que les savoirs locaux ne sont pas exclusifs ou nécessairement suffisants pour faire façe aux défis que les populations doivent affronter aujourd'hui. De nombreux témoignages montrent que les acteurs locaux recherchent des informations et des concepts là où ils peuvent pour résoudre leurs problèmes et atteindre leurs buts. Pour les personnes impliquées dans la recherche et les processus de développement avec les communautés locales, il est important de considérer les savoirs locaux comme partie intégrante d'un système innovant plus complexe. Par conséquent, une analyse approfondie des sources d'informations existantes et du savoir est une étape importante dans toute recherche ou projet de développement. Ces sources, peuvent être par nature formelles ou informelles. Par exemple, les communautés, impliquées dans des pratiques agricoles semblables, peuvent représenter une source informelle de savoir local. Les centres de vulgarisation et de recherche régionaux et nationaux devraient représenter, eux, une source officielle de savoir. Dans ce contexte, il est important de prendre en considération les fournisseurs de services privés, tels que les détaillants de semences locaux, qui sont en train de devenir de plus en plus importants en tant que pourvoyeurs de services locaux.

1 L'unité administrative de base en Éthiopie, équivalant à une région.

Points clé

FICHE DE PROCESSUS - NOTES À L'ATTENTION DU FORMATEUR

OBJECTIF: La fiche d'information 1.2 fournit une introduction générale du concept de savoirs locaux. Elle introduit les définitions et décrit la nature dynamique des savoirs locaux. L'objectif d'ensemble est de parvenir à une compréhension partagée des termes et des concepts nécessaires parmi les participants.

BUTS DE L'APPRENTISSAGE : Les participants comprennent le concept de savoir local et sont conscients de sa position au sein d'un système plus vaste.

PROCESSUS:

  1. Il est important dès le début de montrer aux participants que l'approche formative est fondée sur un partage mutuel de connaissances et d'informations. De plus les connaissances des participants et des formateurs sont respectées de la même manière et ont la même valeur.

  2. Au départ, les participants peuvent être invités à partager leurs expériences liées au savoir local sur la base de leur bagage professionnel. Le formateur peut encourager l'examen de différents aspects tels que les rôles assignés à chaque sexe, les notions de gestion, le développement du savoir, etc. Les informations élaborées durant cet exercice, peuvent être ensuite organisées de façon à établir les caractéristiques principales du savoir local.

  3. Dans un exercice supplémentaire, on peut demander aux participants de résumer les informations pour définir le concept. Si le temps est limité, le formateur peut passer directement à l'Étape 4 et inclure la définition dans son/sa présentation.

  4. Une présentation effectuée par les formateur sur le savoir local (concepts, définitions).

  5. Une discussion sur les dynamiques et les tendances dans le développement du savoir local peuvent suivre. Cet exercice peut également être fondé (a) sur les idées générales et le remue-méninges des participants, ou (b) sur la présentation par les participants de quelques exemples sur les systèmes agricoles dans leur région, en établissant des comparaisons avec les situations passées et les situations présentes en termes d'importance du savoir local.

  6. Avec les participants, des questions clé peuvent être dégagées de la discussion.

Il serait utile d'intégrer d'autres aides visuelles telles que des vidéo ou des diapositives pour attirer l'attention des participants et leur implication.

RÉSULTATS: Les participants comprennent le concept de savoir local. Ils ont établi une compréhension partagée des questions clé et des termes et couvert les points clé de la liste de la fiche d'information 1.2

TEMPS À DISPOSITION: Minimum 2 heures.

QU'EST-CE QUE LE GENRE?

Le genre est définit par la FAO en tant que «relations entre les hommes et les femmes, à la fois perceptuelles et matérielles. Le genre n'est pas déterminé biologiquement en raison des caractéristiques sexuelles des hommes ou des femmes mais il est socialement construit. C'est un principe central des sociétés organisées et qui régit souvent les processus de production et de reproduction, de consommation et de distribution» (FAO 1997). En dépit de cette définition, le genre est souvent mal compris, il est interprété comme correspondant uniquement à la promotion de la femme. Cependant, comme nous l'avons vu dans la définition de la FAO, les questions liées au genre se concentrent sur les relations entre les hommes et les femmes, leurs rôles, leur accès et leur contrôle sur les ressources, la répartition du travail, leurs intérêts et leurs besoins. Les relations entre hommes et femmes influent sur la sécurité des ménages, le bien-être des familles, la planification, la production et sur bien d'autres aspects de la vie (Bravo - Baumann, 2000).

[Boîte 1] DÉFINITION DES RÔLES ASSIGNÉS À CHAQUE GENRE ET RELATIONS ENTRE HOMMES ET FEMMES
Les rôles assignés à chaque genre représentent la «définition sociale» des femmes et des hommes. Ils varient au sein des différentes sociétés, cultures, catégories, âges, et en fonction des différentes périodes de l'histoire. Les rôles spécifiques assignés à chaque genre et leurs responsabilités sont souvent conditionnés par la structure du ménage, l'accès aux ressources, les effets spécifiques de l'économie mondiale, et d'autres facteurs d'importance locale tels que les conditions écologiques (FAO, 1997).
Les relations entre hommes et femmes représentent la voie dans laquelle une culture ou une société définit ses droits, ses responsabilités et l'identité des hommes et des femmes, les un par rapport aux autres (Bravo-Baumann, 2000).

Les rôles des populations locales en tant que producteurs et de fournisseurs de nourriture, les lient directement à la gestion et à l'utilisation durable de la biodiversité agricole. Par leur travail quotidien, les populations rurales ont accumulé un savoir et des capacités concernant leurs écosystèmes, les variétés de cultures locales, les races animales, les systèmes agricoles et la valeur nutritionnelle de diverses plantes sous-exploitées. Elles sont devenues des adeptes du maintien de leurs rares ressources personnelles. Les hommes et les femmes agissent différemment, en raison des rôles sociaux qui leurs sont attribués; par conséquent, ils ont des besoins et des savoirs différents.

L'expérience montre que les politiques et les programmes agricoles et environnementaux ne font pas de différences entre les hommes et les femmes agriculteurs. Par conséquent, souvent, ils n'arrivent pas à reconnaître les différences entre le travail des hommes et des femmes, leurs savoirs, leurs contributions et leurs besoins. Tout cela a des conséquences significatives sur la biodiversité aussi bien que sur l'égalité entre les sexes. L'étude de cas présentée dans le Module 5, par exemple, montre clairement comment la biodiversité agricole et les savoirs locaux détenus par les hommes et les femmes ont été influencés négativement par l'introduction de légumes exotiques pour la production maraîchère qui était essentiellement une activité dirigée par les hommes.

[Boîte 2] DIFFÉRENCES DE GENRE DANS LA CONNAISSANCE DES VARIÉTÉS TRADITIONNELLES DE RIZ AU MALI
Dans la région de Baloufé au Mali, le riz était traditionnellement considéré comme une culture féminine. Il grandissait près des rivières, là où l'eau stagnait durant la saison des pluies. Les femmes s'occupaient des champs individuellement ou en groupe. Leurs connaissances des variétés locales était très vaste. Elles étaient capables d'identifier 30 variétés différentes de plantes par leurs cycles et habitudes de croissance, leur poids, le nombre de tiges, le rendement par brin, la taille des grains de riz, la forme, la couleur, la qualité de préparation, l'utilisation et le goût du produit fini. Les hommes avaient très peu de connaissances des variétés traditionnelles de riz, mais ils avaient la responsabilité principale de trois variétés améliorées de riz introduites dans le village.
Source: Synnevag, 1997

Les agriculteurs et les agricultrices jouent un rôle important en tant que preneurs de décisions dans la gestion de la biodiversité agricole. Ils décident de la période de plantation, de la moisson et du traitement de leurs cultures. Ils décident chaque année de la quantité à planter pour chaque variété, la quantité de semences à mettre de côté pour leur production personnelle et ce qu'il faut acheter ou échanger. Toutes ces décisions ont une influence sur la quantité totale de diversités génétiques qui est conservée et utilisée.

Dans la plupart des systèmes familiaux, il y a un partage du travail. Cela détermine les différentes tâches desquelles les hommes et les femmes sont responsables. Les femmes ont généralement un rôle fondamental dans la production, la transformation, la sauvegarde, la préparation et la vente des récoltes de base. Les hommes ont tendance à se concentrer sur les économies axées sur le marché ou les cultures commerciales. On remarque souvent une séparation dans les pratiques de gestion des cultures et des animaux d'élevage. Arracher les mauvaises herbes est souvent une tâche féminine, tandis que pulvériser ou fertiliser sont des actions principalement effectuées par les hommes. Les femmes et les enfants s'occupent souvent des petits animaux d'élevage et les hommes s'occupent souvent du bétail. Ce ne sont là que quelques exemples qui ne sont pas applicables partout, et qui dépendent de situations spécifiques et des cultures sur lesquelles on travaille.

[Boîte 3]DIFFÉRENCES EN FONCTION DU GENRE ET DE L'ÂGE DANS LA RÉCOLTE, LA PRÉPARATION ET LA CONSOMMATION DE PLANTES VIVRIÈRES SAUVAGES EN ÉTHIOPIE RURALE
La plupart des enfants ramassent et mangent les fruits des plantes sauvages. D'autres plantes qualifiées de plantes vivrières sauvages et d'aliments de famine sont ramassées par les enfants et les femmes et préparées par ces dernières dans toutes les régions étudiées. Les femmes ramassent fréquemment les plantes vivrières sauvages sur le chemin qu'elles empruntent pour aller chercher de l'eau, ramasser du bois, se rendre au marché ou au retour du champ. Les hommes valides de la communauté migrent souvent pour trouver du travail durant les périodes de pénurie alimentaire. Les femmes et les enfants sont laissés derrière et se débrouillent du mieux qu'ils peuvent. Par conséquent, les femmes et les enfants sont les principaux acteurs en terme de ramassage, de préparation et de consommation des plantes vivrières sauvages. Les enfants fouillent et grimpent aux arbres pour le ramassage tandis que les femmes s'occupent de leur préparation et de la cuisine. En temps normal, les jeunes hommes des régions rurales mangent plus de plantes vivrières sauvages que les générations plus anciennes. En période de pénurie alimentaire, toutes les classes d'âges d'hommes et de femmes mangent des plantes vivrières sauvages pour satisfaire leurs besoins alimentaires supplémentaires et leur épanouissement. Elles sont également utilisées comme traitements curatifs locaux. Cela comprend la consommation de Embelia schimperi (enkoko in Amharic), un fruit qui est mangé pour contrôler les parasites intestinaux.
Source: Guinand and Lemessa

Les femmes sont souvent impliquées dans la sélection, l'adaptation et l'amélioration de variétés de plantes. Elles ont souvent un savoir plus spécialisé que les hommes dans le domaine des plantes sauvages utilisées pour la nourriture, le fourrage et les médicaments (voir Boîtes 2 et 3). Les hommes et les femmes peuvent être responsables de différentes cultures ou variétés, ou être responsables de différentes tâches en relation avec une culture.

Les dernières décennies ont vu augmenter la productivité agricole de façon considérable et ont été le témoin d'avancées rapides en matière de technologie agricole. Mais les agricultrices ont souvent été négligées par ces progrès technologiques ce qui a eu pour effet de réduire leur productivité. Les nouveautés concernaient principalement les demandes de crédit qui n'étaient pas non plus accessibles aux femmes ou n'étaient pas adaptés à leurs besoins et à leurs requêtes. Les femmes, en tant qu'agricultrices et gestionnaires de ressources naturelles, doivent donc encore aujourd'hui faire face à une grande variété de contraintes fondées sur des critères sexuels. S'ils veulent parvenir à produire de la nourriture en suffisance pour les populations croissantes, les pays doivent trouver une solution pour combler le fossé de la productivité.

GENRE ET GESTION DE LA BIODIVERSITÉ AGRICOLE

Une inquiétude croissante se fait sentir en raison de l'incompréhension de la contribution des femmes à la gestion des ressources biologiques et à la production économique. Cette contribution vitale a même été souvent ignorée ou sous estimée (Howard, 2003). Dans un tiers des ménages du monde entier, les femmes assument seules le soutien à la famille. Dans les familles pauvres comprenant deux adultes, plus de la moitié du revenu disponible provient du travail des femmes et des enfants. En outre, les femmes destinent la plupart de leurs gains aux besoins élémentaires. Les femmes produisent 80 pour cent de la nourriture en Afrique, 60 pour cent en Asie et 40 pour cent en Amérique Latine (Howard, 2003).

Les femmes ont tendance à être impliquées plus activement que les hommes dans l'économie du ménage. Cela implique généralement l'utilisation d'une grande variété d'espèces servant à fabriquer de la nourriture ou des médicaments qui seront commercialisés sur les marchés régionaux et internationaux. La principale responsabilité des femmes est d'assurer à leur famille la nourriture, l'eau, le combustible, les médicaments, les fibres, le fourrage ainsi que d'autres produits. Souvent, elles ont besoin de compter sur un écosystème sain et varié afin d'obtenir des revenus en argent liquide. En conséquence, les femmes rurales sont les personnes qui s'y connaissent le plus en habitudes et utilisations de la biodiversité locale. Pourtant, on refuse souvent à ces mêmes femmes l'accès à la terre et aux ressources. Dans de nombreux pays, comme au Kenya, les femmes ont seulement accès aux terres les plus marginales - les plantes médicinales sont ramassées le long des routes et des clôtures et le combustible est ramassé dans les facto commons - les terres trop éloignées du village pour être revendiquées par les hommes.

Les questions liées au genre touchent les activités de gestion de la biodiversité agricole de plusieurs manières. En premier lieu, la gestion de la biodiversité agricole est une gestion communautaire et nécessite le soutien de la communauté toute entière - les jeunes et les personnes âgées, les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les garçons et les filles. Parce que dans les affaires publiques de nombreuses communautés les femmes jouent un rôle limité ou invisible, des étapes particulières doivent être franchies afin que les femmes soient consultées sur la gestion de la biodiversité agricole.

La tradition impose parfois que le chef de ménage parle pour tout le ménage. Cependant, de nombreux hommes ne sont pas conscients des inquiétudes propres aux femmes et ne peuvent donc pas les relayer de façon adéquate dans les rencontres publiques. C'est pourquoi il faut trouver d'autres moyens pour prendre en considération le savoir des femmes, leurs besoins et leurs exigences et pour déterminer leurs responsabilités et leurs contributions à la gestion de la biodiversité agricole.

Les hommes et les femmes utilisent la biodiversité agricole de façon différente et ont différentes méthodes de conservation. La gestion de la biodiversité agricole nécessite par conséquent des informations mais aussi une participation aux prises de décisions, une gestion et un engagement de la part des deux sexes.

En outre, dans plusieurs régions, les rôles et les responsabilités des femmes sont plus importants que jamais en raison de la migration masculine vers les zones urbaines. Les hommes sont fréquemment absents des foyers ruraux qu'ils ont quitté pour gagner un salaire parallèle. Cela crée, de fait, des ménages dirigés par des femmes où les hommes maintiennent quelque fois leur pouvoir de prise de décisions alors que ce sont les femmes qui gèrent effectivement la ferme et le ménage durant de longues périodes. Cette féminisation de l'agriculture pourrait indiquer que les femmes sont en passe d'obtenir plus de pouvoir de prise de décisions en ce qui concerne la gestion de la biodiversité agricole.

En raison des tendances évoquées ci-dessus, il est important pour nous de reconnaître que les considérations sur le genre dans le domaine de la biodiversité agricole doivent toujours prendre en compte à la fois les rôles des hommes et des femmes, leurs responsabilités, leurs intérêts et leurs besoins. En outre, au sein de ces deux groupes, nous devons également tenir compte d'autres différences: l'âge, l'ethnie et le statut social.

Le fait de ne pas prendre en compte ces différences entre les hommes et les femmes mène à des projets infructueux. Cela peut également conduire à la marginalisation d'un vaste secteur de la société et d'une grande partie de la population agricole active. Ainsi, comprendre les relations qu'il existe au niveau du genre et adapter les méthodes et les messages à cette problématique, est fondamental pour obtenir une participation complète de tous les secteurs de la communauté.

Points clé

FICHE DE PROCESSUS - NOTES À L'ATTENTION DU FORMATEUR 1.3

OBJECTIF: La fiche d'information 1.3 fournit une introduction au concept de genre au sein de la gestion de la biodiversité agricole. Elle introduit les définitions et décrit l'importance des responsabilités et des rôles assignés à chaque sexe. L'objectif général est d'établir une compréhension partagée des termes et des concepts les plus importants parmi les participants.

BUTS DE L'APPRENTISSAGE: Les participants parviennent à une compréhension du concept de genre et sont conscients de sa position au sein de la gestion de la biodiversité agricole.

PROCESSUS: Il est important dès le début de montrer aux participants que l'approche formative est fondée sur un partage mutuel de connaissances et d'informations. De plus les connaissances des participants et des formateurs sont respectées de la même manière et ont la même valeur.

  1. Pour introduire la session, un court exercice peut être mené pour mettre en évidence les différents rôles et responsabilités des hommes et des femmes dans le domaine agricole (Voir le manuel ASEG www.fao.org./sd/seaga/4_en.htm).

  2. Des sessions de remue-méninges sur le genre et les termes en rapport fondés sur le matériel de formation ASEG peuvent être menées.

  3. Les résultats de cet exercice peuvent être utilisés pour examiner la pertinence des résultats pour la gestion de la biodiversité agricole.

  4. Le formateur peut diriger la discussion vers des niveaux d'analyse plus complexes. Les participants peuvent être encouragés à inclure les aspects de l'âge et du statut social dans leur discussion.

  5. L'étape suivante consiste à inviter les participants à discuter des conséquences des interventions et les approches de développement des projets insensibles aux questions de genre1.

  6. Les conclusions des participants doivent être organisées avec le formateur. Les participants peuvent être encouragés à fournir des exemples à partir de leur expérience professionnelle personnelle.

RÉSULTATS: Les participants sont conscients de l'importance de la dimension sexospécifique dans la gestion de la biodiversité agricole. Ils ont établi conjointement une compréhension partagée du concept. Les points clé de la fiche d'information 1.3 sont repris par les participants.

TEMPS À DISPOSITION: Minimum 2 heures

1 Oublier d'affronter la dimension sexospécifique comme opposée à l'indicateur du genre ou neutre en matière de parité hommes-femmes.

QU'EST-CE QUE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE?

En 1996, le Sommet mondial de l'alimentation est parvenu à un consensus sur les principales caractéristiques du problème mondial de la sécurité alimentaire. Le terme sécurité alimentaire fait référence à la disponibilité ainsi qu'à l'accès à la nourriture en quantité et qualité suffisante. Cela vise la stabilité des disponibilités d'une part mais aussi l'accès à la nourriture et sa consommation pour tous. «La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active» (FAO, 1996). Le droit à la nourriture est un droit humain élémentaire, légalisé en droit international et reconnu par tous les pays.

La disponibilité alimentaire est nécessaire pour la sécurité alimentaire mais elle n'est pas suffisante. Les ménages dont la sécurité alimentaire est incertaine peuvent se trouver dans des régions où il y a suffisamment de nourriture mais le ménage manque de revenus ou de droits (production, commerce ou travail) pour se la procurer. L'amélioration des droits signifie l'expansion de débouchés économiques et un meilleur fonctionnement des marchés pour les pauvres. En outre, des particuliers vivant dans l'insécurité alimentaire peuvent vivre dans des ménages où l'alimentation est assurée. S'assurer que tous les membres de la famille ont un régime alimentaire correct signifie vaincre la discrimination fondée sur l'âge et le genre.

UNE DÉFINITION DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DU MÉNAGE

Les ménages ont une alimentation sûre quand tous les membres ont durant toute l'année accès à la totalité et à la variété de nourritures nécessaires pour mener une vie saine. Au niveau du ménage, la sécurité alimentaire correspond à la capacité de tous les membres du ménage d'avoir une nourriture adéquate pour satisfaire les besoins alimentaires soit par le biais de la production alimentaire soit par des achats.

État de la sécurité alimentaire mondiale: Il n'y a pas de pénurie de nourriture pour ceux qui peuvent se permettre de l'acheter. Bien que l'image mondiale montre un ensemble d'excédents alimentaires et des prix en baisse, la sécurité alimentaire reste un problème clé. Cela est dû au fait que des millions de personnes n'ont pas un accès économique à une nourriture suffisante:

Liens pour une analyse des moyens d'existence: L'approche fondée sur les moyens d'existence, qui prend en considération les biens et les contraintes des personnes, est un instrument valable pour trouver des moyens d'améliorer l'accès des populations pauvres à la nourriture. Cela nous permet d'avoir une meilleure compréhension du contexte de vulnérabilité et d'insécurité alimentaire transitoires. Cela comprend, par exemple, la façon dont les altérations (infection VIH, sécheresse), les institutions (les réformes du marché) ou l'habitat (dégradation des sols) ont des effets sur les stratégies relatives aux moyens d'existence (sécurité alimentaire). Les stratégies des biens et des moyens d'existence, qui comprennent des stratégies non agricoles, sont de grande valeur dans la mesure où elles permettent de s'écarter de l'idée que la sécurité alimentaire se concentre uniquement sur l'agriculture (voir Module 2).

La biodiversité et surtout la biodiversité agricole sont des avantages importants qui favorisent la sécurité alimentaire des population pauvres. La biodiversité agricole contribue à la réalisation de moyens d'existence durables en tant qu'élément essentiel des bases de ressources naturelles. En outre, l'étendue et le volume de la biodiversité est détenu par les pays en développement. Ces ressources génétiques sont particulièrement importantes pour la nourriture, la sécurité d'un revenu, les soins de santé, le logement, les pratiques spirituelles et culturelles. Cela est vrai pour de nombreuses communautés rurales dans les pays en développement, car les ressources génétiques sont des éléments fondamentaux pour la gestion des risques environnementaux et la production de nourriture. L'importance des savoirs locaux est étroitement liée à cet aspect de la sécurité alimentaire, parce qu'il n'est pas suffisant d'avoir la diversité génétique à portée de main. Les populations comptent sur les savoirs locaux pour la gestion durable et l'utilisation de ces ressources de façon à pouvoir en bénéficier. (On peut trouver plus de détails sur la biodiversité agricole et les savoirs locaux dans la fiche d'informations 1.2).

Le VIH/SIDA a représenté un facteur important dans la discussion sur la sécurité alimentaire. Du point de vue d'une approche fondée sur les moyens d'existence, le VIH/SIDA porte un coup sévère quant à la vulnérabilité de nombreuses populations dans le monde entier. Le VIH/SIDA frappe généralement les membres les plus productifs de la famille en premier. Quand ces personnes tombent malade, il y a immédiatement une pression sur l'aptitude de la famille à travailler, à se nourrir et à fournir des soins. La maladie progressant, cela peut devenir plus difficile pour une famille de s'en sortir. La pauvreté gagne du terain en même temps que les ressources s'épuisent et que des biens précieux tels que les animaux d'élevage et les outils sont vendus pour subvenir aux dépenses alimentaires et médicales.

Sans nourriture ou sans revenu, certains membres de la famille peuvent migrer à la recherche d'un travail, augmentant ainsi les risques de contracter le VIH - et de le ramener à la maison. Pour d'autres, le sexe commercial peut être la seule possibilité de nourrir et de soutenir la famille. L'insécurité alimentaire mène également à la malnutrition qui peut aggraver et accélérer le développement du SIDA. La maladie elle-même contribue à la malnutrition en réduisant l'appétit, en contrariant l'absorption de substances nutritives et en occasionnant des exigences supplémentaires sur l'état nutritionnel du corps. (www.fao.org/es/ESN/nutrition/household_hivaids_en.stm)

Dans le Module 2 vous aurez plus d'informations sur la structure des moyens d'existence et vous comprendrez comment la sécurité alimentaire est au centre de celle-ci.

FICHE DE PROCESSUS - NOTES À L'ATTENTION DU FORMATEUR

OBJECTIF: La fiche d'information 1.4 fournit une courte introduction sur un aspect de la sécurité alimentaire. C'est-à-dire la gestion durable de la biodiversité agricole, qui est une condition préalable importante pour parvenir à la sécurité alimentaire. En outre, elle est directement liée aux savoirs locaux et aux relations entre hommes et femmes.

BUTS DE L'APPRENTISSAGE: Les participants sont conscients de l'importance globale d'améliorer la sécurité alimentaire.

PROCESSUS: Il est important dès le début de montrer aux participants que l'approche formative est fondée sur un partage mutuel de connaissances et d'informations. De plus les connaissances des participants et des formateurs sont respectées de la même manière et ont la même valeur.

  1. Pour introduire cette session, les participants peuvent partager les idées sur les raisons pour lesquelles les trois concepts de biodiversité, de genre et de savoirs locaux sont importants pour la sécurité alimentaire.

  2. Le formateur peut regrouper les différentes idées et l'aspect de la «sécurité alimentaire» devrait être souligné. Enfin, le formateur peut (a) Présenter une définition de la sécurité alimentaire fondée sur la fiche d'informations 1.4. (b). S'il reste du temps, les participants peuvent former de petits groupes et développer une définition personnelle de la sécurité alimentaire, qui sera ensuite partagée en séance plénière.

RÉSULTATS: Les participants sont conscients que tout le cours tend à l'objectif de parvenir à la sécurité alimentaire. En outre, ils auront établi une compréhension partagée du terme.

TEMPS À DISPOSITION: Minimum 1 heure.

LECTURES ESSENTIELLES - MODULE 1

Lectures essentielles pour la fiche d'information 1.1

Lectures essentielles pour la fiche d'information 1.2

Lectures essentielles pour la fiche d'information 1.3

Lectures essentielles pour la fiche d'information 1.4

MODULE 1 - RÉFÉRENCES

Bamako, Mali, 24 – 28.2.1997. pp. 85–92, Montpellier, France, Institut d'Economie Rurale, Bureau des Ressources Génétiques,Solidarités Agricoles et Alimentaires.

Bravo-Baumann, H. 2000. Capitalisation of experiences on the contribution of livestock projects to gender issues. Working Document, Bern, Swiss Agency for Development and Cooperation.

FAO. 1996a. Global plan of action for the conservation and sustainable utilisation of plant genetic resources for food and agriculture, Leipzig, Germany, June 1996.

FAO. 1996b. Rome Declaration on World Food Security and the World Food Summit Plan of Action, www.fao.org/docrep/003/w3613e/w3613e00.htm

FAO. 1997. Gender: the key to sustainability and food security, SD Dimensions, May 1997. www.fao.org/sd/

FAO. 1999a. Agricultural Biodiversity, Multifunctional Character of Agriculture and Land Conference, Background Paper 1, Maastricht, September 1999.

FAO. 1999b. Women: users, preservers and managers of agrobiodiversity. www.fao.org/FOCUS/E/Women/Biodiv-e.htm

Guinand, Y. & Lemessa, D. (2000), Wild-food plants in southern Ethiopia: Reflections on the role of “famine-foods” at a time of drought. UN-Emergencies Unit for Ethiopia, UNDP Emergencies Unit for Ethiopia.

Howard, P. 2003. Women and plants, gender relations in biodiversity management and conservation. United Kingdom, ZED Books.

IK Notes, No 23. August 2000. Seeds of life: Women and agricultural biodiversity in Africa.

IK Notes, No. 44. May 2002. The contribution of indigenous vegetables to household food security.

IIRR. 1996. Manual on Indigenous knowledge: Recording and using indigenous knowledge. A manual for development practitioners and field workers. International Institute of Rural Reconstruction. The Philippines.

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www.iucn.org/themes/wcpa/pubs/pdfs/biodiversity/biodiv_brf_06.pdf

Mujaju, C., Zinhanga, F. & Rusike, E. 2003. Community seed banks for semi-arid agriculture in Zimbabwe. In Conservation and sustainable use of agricultural biodiversity. Published by CIP-UPWARD in partnership with GTZ, IDRC, IPGRI and SEARICE.

Oduol, W. 1995. Adaptive responses to modern technology: Kitui farmers in the semi-arid regions of eastern Kenya. In Technology policy and practices in Africa, Canada, International Development Research Centre.

Synnevag, G. 1997. Gender differentiated management of local crop genetic resources in Bafoulabe Cercle, Kayes region of Mali -A case study. In Actes du Colloque, Gestion des Ressources Génétiques de Plantes en Afrique des Savanes.

Thrupp, L.A. 1997. Linking biodiversity and agriculture: Challenges and opportunities for sustainable food security. World Resources Institute, USA.

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Sites Internet

Site Internet FAO sur la biodiversité agricole: www.fao.org/biodiversity/index.asp?lang=en
Site Internet FAO sur le Genre, la biodiversité agricole et le savoir local: www.fao.org/sd/links
Site Internet FAO sur le Genre: www.fao.org/Gender/gender.htm
Site Internet FAO sur les questions de développement durable: www.fao.og/sd/index_en.htm
Site Internet FAO sur le VIH/SIDA: www.fao.org/hivaids/links/index_en.htm
Site Internet FAO sur la Sécurité alimentaire: www.fao.org/es/ESN/nutrition/household_hivaids_en.stm
Site de la Banque mondiale sur le savoir autochtone: www.worldbank.org/afr/ik/what.htm


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