No.1  février 2008  
   Perspectives de récoltes et situation alimentaire

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Faits saillants

PAYS EN CRISE AYANT BESOIN D'UNE AIDE EXTÉRIEURE

Le point sur les crises alimentaires

Dossier de la situation mondiale de l’offre et de la demande de céréales

Indicateurs de la FAO concernant la situation mondiale de l’offre et la demande de céréales

Aperçu général de la situation des disponibilités vivrières dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier

Examen par région

ANNEXE STATISTIQUE

NOTE

Dossier de la situation mondiale de l’offre et de la demande de céréales

Le marché mondial des céréales reste tendu

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Malgré l’augmentation de la production céréalière mondiale en 2007, la campagne de commercialisation 2007/08, qui est en cours, se caractérise par une situation mondiale tendue de l’offre et de la demande de céréales. La contraction des disponibilités céréalières résulte en grande partie de l'amenuisement des stocks reportés de la campagne précédente. Étant donné que la demande mondiale ne donne pas de signe de fléchissement, les cours internationaux de la plupart des céréales restent élevés et certains continuent de grimper, alors que les réserves mondiales, déjà réduites, tendent à accuser un nouveau recul. Le commerce international des céréales devrait atteindre un volume record en 2007/08, du fait surtout de la forte poussée de la demande de céréales secondaires. La superficie ensemencée en blé d’hiver a été sensiblement étendue dans l’hémisphère Nord, ce qui devrait se traduire par une progression notable de la production de blé en 2008; cependant, même si les conditions météorologiques sont normales, il faudra probablement que la production affiche une augmentation substantielle pendant plus d'une campagne céréalière pour remédier à la situation actuelle, stabiliser les marchés et ramener les prix nettement en deçà des sommets atteints récemment.

PRODUCTION

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Les premières perspectives sont favorables pour la production céréalière mondiale de 2008

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Les perspectives encourageantes pour le blé de 2008, déjà en terre dans l’hémisphère Nord, laissent présager une nette augmentation de la production mondiale de blé durant l’année. En Europe, les emblavures de blé d’hiver ont progressé dans pratiquement tous les grands pays producteurs et les cultures se développent de manière satisfaisante dans l’ensemble de la région; ainsi les rendements pourraient se redresser par rapport aux niveaux inférieurs à la moyenne enregistrés l'an dernier, notamment dans certaines régions orientales touchées par la grave sécheresse de 2007. En Amérique du Nord, la superficie consacrée au blé d’hiver - à récolter en 2008 - a de nouveau progressé aux États-Unis, même si l’expansion n’est pas aussi importante que prévu, les semis ayant été interrompus en raison de la sécheresse dans les plaines méridionales. En Asie, les perspectives concernant le blé d’hiver sont favorables et selon les indications actuelles, les résultats devraient être identiques à ceux de l'an dernier, où ils avaient atteint des niveaux record dans les trois principaux pays producteurs (Chine, Inde et Pakistan). En Afrique du Nord, la récolte de blé s'annonce satisfaisante en Égypte, premier producteur de blé de la sous-région, mais plus incertaine dans d’autres zones touchées par un temps relativement sec, en particulier au Maroc où la sécheresse de l’an dernier a considérablement réduit les réserves d’humidité des sols.

Certains pays ont déjà mis en terre les premières céréales secondaires principales de 2008. En Amérique du Sud, d’après les premières estimations, la superficie ensemencée s’est maintenue au niveau record de l’an dernier. En Argentine, l’insuffisance des précipitations et les températures élevées enregistrées depuis la mi-décembre pourraient bien compromettre les rendements, à moins que des pluies abondantes ne tombent rapidement; dans les autres grandes régions productrices, les conditions seraient globalement satisfaisantes. En Afrique australe, en dépit des pluies violentes et des inondations enregistrées dernièrement en certains endroits, les perspectives sont dans l’ensemble bonnes pour la campagne. En Afrique du Sud, premier producteur et exportateur de la sous-région, la hausse des prix a induit une expansion des semis de maïs. Dans les autres pays de la sous-région, les disponibilités abondantes d’intrants - y compris de semences de qualité - qui font parfois défaut à l’époque des semis, ainsi que les subventions accordées aux agriculteurs dans certains pays ont permis d'ensemencer de vastes superficies et devraient avoir une incidence positive sur les résultats au moment de la récolte.

Les semis du riz de 2008 dans l’hémisphère Sud sont bien engagés ou déjà terminés en certains endroits. Les perspectives sont favorables en Amérique du Sud, où l’on prévoit une expansion de la superficie ensemencée. En Afrique australe, Madagascar devrait poursuivre ses efforts de relèvement de la production intérieure, tandis qu'au Mozambique, de nouvelles violentes précipitations risquent d’entraver les semailles.

Perspectives de récoltes et situation alimentaire

 

La production céréalière en hausse de 4,6 pour cent en 2007

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Selon les estimations de la FAO, la production mondiale de céréales de 2007 s'établit désormais à quelque 2 102 millions de tonnes (en équivalent riz usiné), soit un volume pratiquement inchangé depuis le rapport précédent publié en décembre et une progression de 4,6 pour cent par rapport à 2006. L’essentiel de cette augmentation tient à la récolte record de maïs rentrée aux États-Unis, qui a contribué à porter la production mondiale de céréales secondaires à 1 069 millions de tonnes, soit une hausse de 8,4 pour cent. La production de blé a également progressé par rapport à l’année précédente, mais pas autant qu’il avait été escompté en début de campagne. La production de blé de 2007 est désormais estimée à 603 millions de tonnes, soit 1,2 pour cent de plus qu’en 2006, la quasi-totalité de l’augmentation étant le fait des grands pays producteurs d’Asie. Même si le riz de la campagne secondaire 2007 (principalement en Asie) ne sera pas récolté avant mars-avril, la majeure partie de la récolte du paddy de 2007 a déjà été engrangée et les dernières prévisions de la FAO concernant la production mondiale totale sont déjà bien arrêtées à 430 millions de tonnes (en équivalent riz usiné), soit une très légère augmentation de tout juste 0,5 pour cent par rapport à l’année précédente. Le gros de cette augmentation devrait se constater en Asie, tandis que la production devrait régresser en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes et en Océanie où les récoltes ont souffert des mauvaises conditions météorologiques.

Tableau 1. Production mondiale de céréales1 ( en millions de tonnes)
  2006
estimations
2007
prévisions
Variation de
2006
à 2007 (%)
Asie 912.6 928.0 1.7
Extrême-Orient810.0825.82.0
Proche-Orient en Asie72.868.7-5.6
Pays asiatiques de la CEI29.733.312.2
Afrique 144.1 135.6 -5.9
Afrique du Nord36.028.9-19.8
Afrique de l'Ouest49.147.4-3.5
Afrique centrale3.63.5-2.7
Afrique de l'Est33.933.90.0
Afrique australe21.521.92.1
Amérique centrale et Caraïbes 37.2 39.6 6.4
Amérique du Sud 110.8 130.4 17.8
Amérique du Nord 384.5 462.2 20.2
Europe 404.5 386.1 -4.6
UE2246.8257.94.5
Pays européens de la CEI118.6114.6-3.4
Océanie 18.5 22.1 19.4
Monde 2 010.9 2 102.6 4.6
Pays en développement 1 156.6 1 181.5 2.2
Pays développés 854.2 921.1 7.8
- Blé596.1603.21.2
- Céréales secondaires986.61 069.08.4
- Riz (usiné)428.1430.40.5
1Y compris le riz usiné.
2 UE-25 en 2006; UE-27 en 2007.
Note: Total calculé à partir de chiffres non arrondis.

 

UTILISATION

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L’utilisation de céréales devrait sensiblement augmenter en 2007/08

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L’utilisation mondiale de céréales devrait atteindre 2 120 millions de tonnes en 2007/08, soit 2,6 pour cent de plus que la campagne précédente. Cette progression relativement marquée (environ 1,6 pour cent de plus que la moyenne sur dix ans) s’explique par l’utilisation accrue des céréales pour l’alimentation humaine et animale, ainsi que par une nette augmentation de l’utilisation industrielle. La consommation alimentaire de céréales devrait s'élever à 1 006 millions de tonnes au total, soit environ 1 pour cent de plus qu’en 2006/07. Cette expansion, largement impulsée par la croissance démographique, concerne surtout les pays en développement. La consommation alimentaire par habitant dans les pays en développement, notamment de blé dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), devrait toutefois légèrement diminuer. Selon les estimations, l’utilisation mondiale de blé serait de 620 millions de tonnes, ce qui représente un léger repli par rapport à 2006/07. La consommation de blé par habitant devrait fléchir d’environ 0,5 pour cent dans les pays en développement, pour s’établir à un peu moins de 60 kilos. Un modeste recul de la consommation de riz est également attendu. La consommation de riz par habitant devrait se maintenir à 57 kilos environ. On prévoit néanmoins qu’elle faiblira un peu dans les pays en développement, pour passer à 68,5 kilos.

L’utilisation mondiale de céréales dans l’ alimentation animale devrait augmenter de près de 2 pour cent en 2007/08, pour atteindre au total 754 millions de tonnes. Cette augmentation serait imputable en grande partie à la forte progression de l’utilisation mondiale de céréales secondaires (maïs et sorgho notamment), qui devrait atteindre un volume record de 633 millions de tonnes, soit 2,8 pour cent de plus qu’en 2006/07. Cette expansion marquée, qui reflète en partie une reprise progressive de la production animale, devrait se constater dans les pays tant développés qu’en développement. L’utilisation de blé pour l’alimentation animale devrait néanmoins se contracter de 2,7 pour cent en 2007/08, pour être ramenée à 109 millions de tonnes. Même si l’on prévoit une nette augmentation - de 7,7 pour cent - de l’utilisation des céréales destinées à l’alimentation animale dans les pays en développement, l’utilisation totale de blé fourrager dans les pays développés devrait reculer jusqu'à 4,4 pour cent par rapport à la campagne précédente, du fait du tassement des disponibilités.

L’utilisation industrielle des céréales progresse également. Alors que ce type d’utilisation était traditionnellement lié en grande partie à la production d’amidons et d’édulcorants et était donc assez stable, le secteur des biocarburants, en pleine expansion, est devenu l’une des principales sources de la demande ces dernières années. D’après les estimations, 100 millions de tonnes de céréales au moins sont consacrées de nos jours à la production de biocarburants, le volume du maïs représentant au moins 95 millions de tonnes, soit 12 pour cent de l’utilisation mondiale totale. Le maïs est la principale céréale utilisée dans la production d’éthanol et les États-Unis sont les premiers au monde pour le secteur de l’éthanol à base de maïs. En 2007/08, les États-Unis devraient consacrer au moins 81 millions de tonnes de maïs à la production d’éthanol, soit 32 millions de tonnes de plus (37 pour cent) que pour la campagne précédente.

Tableau 2. Données de base sur la situation céréalière mondiale
( en millions de tonnes)
  2005/06 2006/07 2007/08 Variation de
2006/07 à 2007/08
(%)
PRODUCTION 1 2 054.2 2 010.9 2 102.6 4.6
Blé626.7596.1603.21.2
Céréales secondaires1 003.2986.61 069.08.4
Riz (usiné)424.3428.1430.40.5
DISPONIBILITÉS 2 2 524.1 2 483.5 2 530.0 1.9
Blé806.3778.9765.0-1.8
Céréales secondaires1 194.01 172.01 231.15.0
Riz523.7532.7534.00.2
UTILISATION 2 040.8 2 065.6 2 120.3 2.6
Blé620.1621.3619.9-0.2
Céréales secondaires1 000.91 016.71 068.05.0
Riz419.8427.6432.41.1
Consommation humaine de
céréales par habitant
(kg par an)
152.2 152.7 152.4 -0.2
COMMERCE 3 246.7 254.6 257.8 1.3
Blé110.5113.3107.0-5.5
Céréales secondaires107.0111.4120.58.1
Riz29.229.930.31.5
STOCKS DE CLÔTURE 4 472.6 427.4 405.3 -5.2
Blé182.8161.8146.8-9.3
- Principaux exportateurs559.839.528.8-26.9
Céréales secondaires185.3162.0156.1-3.7
- Principaux exportateurs590.662.263.62.2
Riz104.6103.6102.4-1.1
- Principaux exportateurs522.923.522.9-2.5
Pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) 6
Production céréalière 1 859.7 888.1 894.4 0.7
non compris la Chine continentale et l'Inde294.3306.6299.9-2.2
Utilisation 920.0 938.3 953.7 1.6
Consommation humaine644.6655.0662.71.2
non compris la Chine continentale et l'Inde271.8279.4284.61.9
Consommation humaine de
céréales par habitant
(kg par an)
157.0157.3156.8-0.3
non compris la Chine continentale et l'Inde159.2160.5160.4-0.1
Fourrage164.6166.4170.52.4
non compris la Chine continentale et l'Inde46.248.448.1-0.7
Stocks de clôture 4 228.0 238.1 240.1 0.8
non compris la Chine continentale et l'Inde54.556.949.6-12.8
1 Les données se rapportent à l'année civile, première année mentionnée.
2 Production plus stocks d'ouverture.
3 Pour le blé et les céréales secondaires, les chiffres se rapportent aux exportations de la campagne commerciale juillet/juin. Pour le riz, les chiffres se rapportent aux exportations pendant la deuxième année (année civile) mentionnée.
4 Ne correspond pas exactement à la différence entre disponibilités et utilisation, les campagnes commerciales couvrant des périodes différentes selon les pays.
5 Les principaux pays exportateurs de blé et de céréales secondaires sont l’Argentine, l’Australie, le Canada, l’UE et les Etats-Unis. Les principaux pays exportateurs de riz sont l’Inde, le Pakistan, la Thaïlande, les États-Unis et le Viet Nam.
6 Comprend les pays où le revenu annuel par habitant est inférieur au niveau retenu par la Banque mondiale pourdéterminer le droit de bénéficier de l’aide de l’IDA(à savoir 1 575dollars EU en 2004); conformément aux recommandations et critèresapprouvés par le CPA ces pays doivent être considérés comme prioritaires pour l’octroi de l’aide alimentaire.

 

STOCKS

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Les stocks céréaliers devraient tomber à leurs plus bas niveaux depuis plus de vingt ans

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Compte tenu du renforcement de la demande et du déficit de la production céréalière mondiale en 2007 par rapport aux besoins d’utilisation, les stocks mondiaux de céréales au moment de la clôture des campagnes se terminant en 2008 devraient s’établir à tout juste 405 millions de tonnes, ce qui représente une perte de 22 millions de tonnes (5 pour cent) par rapport à leurs niveaux d’ouverture déjà réduits, et le volume le plus faible enregistré depuis 1982. Cette dernière prévision est également inférieure de quelque 15 millions de tonnes au chiffre publié en décembre. Ainsi, le rapport entre les stocks céréaliers mondiaux et l’utilisation recule lui aussi de 1 pour cent par rapport au faible niveau de la campagne précédente, pour se chiffrer à 19,2 pour cent seulement.

La réduction prévue des stocks céréaliers mondiaux risque d’être particulièrement importante pour le blé. Les stocks mondiaux de blé à la clôture des campagnes qui s’achèveront en 2008 devraient tomber à 147 millions de tonnes, soit 15 millions de tonnes de moins que leurs niveaux d’ouverture, déjà faibles. En raison de cette diminution notable, les réserves mondiales de blé se situeront à leur plus bas niveau depuis 1983. Ce recul est imputable en grande partie au tassement des disponibilités dans les principaux pays exportateurs pendant la campagne en cours, où l’effet conjugué d’une production inférieure à la moyenne, d’une forte demande intérieure et des exportations devrait faire baisser l'ensemble des stocks de report d'au moins 11 millions de tonnes. Aux États-Unis, en dépit de l'accroissement de la production, les stocks de blé devraient tomber à 8 millions de tonnes seulement, soit le plus faible volume enregistré en 60 ans, selon les estimations officielles. Cette situation s’explique en grande partie par la nette augmentation des exportations des États-Unis destinées à combler le déficit mondial résultant de la compression des excédents exportables des autres grands exportateurs. Les stocks de blé des 27 pays de l’UE devraient également tomber à 9,5 millions de tonnes, soit un recul de plus de 3 millions de tonnes par rapport à la campagne précédente et un volume nettement inférieur à celui enregistré par l’UE lorsqu’elle ne comptait que 15 membres. La contraction marquée des stocks de l’UE durant la campagne tient surtout à la faiblesse de la production en 2007, ce qui devrait freiner les exportations. Dans les autres pays, le tassement des stocks est particulièrement marqué au Maroc, où la grave sécheresse de l’an dernier a entraîné un recul de 75 pour cent de la production intérieure; les réserves devraient perdre au moins 1,7 million de tonnes malgré les importations considérables prévues, lesquelles devraient doubler par rapport à la campagne précédente.

Selon les dernières prévisions, les stocks de céréales secondaires à la clôture des campagnes se terminant en 2008 s’établiraient à 156 millions de tonnes, soit 6 millions de tonnes de moins que leur faible niveau d’ouverture et une diminution de près de 15 millions de tonnes par rapport aux chiffres de décembre. Cette diminution est attendue en dépit de la récolte record de maïs rentrée aux États-Unis, qui a permis de relever la production mondiale de céréales secondaires de plus de 8 pour cent par rapport à 2006. Le recul des stocks mondiaux de céréales secondaires pendant la campagne en cours s'explique par l'accroissement de l'utilisation. Les réserves de toutes les céréales secondaires principales devraient diminuer. Les stocks de report d’orge devraient être plus particulièrement touchés, perdant 4 millions de tonnes pour passer à 24 millions de tonnes, principalement dans l’UE, au Maroc, en Turquie, en Ukraine et en Amérique du Nord. Selon les prévisions, les stocks mondiaux de maïs s'élèveraient à 117 millions de tonnes, soit 1,2 million de tonnes de moins que la campagne précédente. Au fil de la campagne, la pénurie de blé fourrager sur les marchés internationaux a intensifié la demande de céréales secondaires, d'où un accroissement de l’utilisation et par conséquent une diminution des stocks par rapport aux prévisions initiales. Selon les estimations actuelles, les stocks de céréales secondaires détenus au total par les principaux pays exportateurs s'élèvent à 64 millions de tonnes, ce qui est légèrement supérieur à leur niveau d’ouverture, alors que la production a augmenté d’environ 21 pour cent. De fait, le recul aurait pu être plus marqué, mais les récoltes ont été bonnes, voire record, dans les deux grands pays producteurs (la Chine et le Brésil), ce qui a contribué à l'amélioration les disponibilités.

En ce qui concerne le riz, les stocks mondiaux de report à la fin des campagnes de 2008 sont estimés à 102,4 millions de tonnes, soit 1,2 million de tonnes de moins que leurs niveaux d’ouverture. Ce recul attendu semble indiquer que la production de 2007 ne suffira pas à couvrir les besoins d’utilisation et qu'il faudra probablement puiser dans les réserves mondiales pour combler le déficit. Cette baisse par rapport à l’année précédente devrait toucher surtout les principaux pays importateurs, exception faite de l’Indonésie. Même si les pays exportateurs traditionnels, en tant que groupe, devraient clore leurs campagnes de 2008 avec des stocks plus abondants, c’est en Chine que l’on constatera la plus forte augmentation. La situation est moins favorable dans les autres pays exportateurs traditionnels, puisque l’Australie, le Cambodge, la Thaïlande, les États-Unis et le Viet Nam devraient tous terminer la campagne avec des stocks réduits.

COMMERCE

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Le commerce international de céréales devrait atteindre un niveau record en 2007/08

Top

Le commerce mondial des céréales devrait avoisiner 258 millions de tonnes en 2007/08, soit un nouveau record après le niveau exceptionnel de la campagne précédente. Cette dernière estimation représente une révision en hausse de quelque 6 millions de tonnes par rapport au rapport précédent publié en décembre, du fait principalement de la brusque augmentation des importations de maïs et de sorgho de l’UE constatée récemment. Selon les prévisions actuelles, le volume total des importations de céréales effectuées par les PFRDV diminuerait d'environ 2 millions de tonnes par rapport à la campagne précédente.

Les échanges mondiaux de blé devraient diminuer, passant à 107 millions de tonnes en 2007/08 (juillet/juin), soit 6 millions de tonnes de moins que les importations estimatives de 2006/07. Ce repli est dû pour l'essentiel à la réduction des achats de l’Inde qui, en raison d’une hausse de la production et d’une augmentation des niveaux des stocks publics, devrait importer au moins 4 millions de tonnes de moins que la campagne précédente. Les autres pays où l’on prévoit une réduction significative des importations durant cette campagne sont l’Algérie, le Brésil, l’Indonésie, le Pakistan et le Nigéria. Plusieurs pays devraient néanmoins intensifier leurs achats sur les marchés mondiaux en dépit des prix élevés. Le Maroc, victime d’une forte sécheresse, devrait doubler ses importations en 2007/08. On s’attend également à ce que l’UE importe de plus grandes quantités en raison du resserrement des disponibilités intérieures constaté pendant la campagne.

La contraction des disponibilités exportables continue de peser sur le marché mondial du blé. Parmi les cinq grands exportateurs de blé, seuls les États-Unis devraient accroître leurs exportations par rapport à la campagne précédente, du fait du redressement de la production intérieure. En Australie, la sécheresse pourrait provoquer une forte baisse des exportations. Les ventes du Canada et de l’UE devraient perdre du terrain en raison de récoltes inférieures à la moyenne. Les exportations de l’Argentine devraient aussi régresser, conséquence de la réouverture tardive du registre des exportations, qui est resté clos de mars 2007 à janvier 2008 afin de garantir l’approvisionnement du marché intérieur. La plupart des autres exportateurs ont également ralenti leurs expéditions durant la campagne actuelle. Les exportations de la Turquie et de la République arabe syrienne devraient sensiblement diminuer suite à une moindre production intérieure. L’Ukraine a réduit ses ventes en introduisant un système rigoureux de contingents, ses disponibilités intérieures étant réduites. En revanche, les exportations de la Fédération de Russie ont grimpé en flèche durant la première moitié de la campagne, mais la récente hausse des taxes à l’exportation a freiné les ventes, et pourrait même y mettre un terme. La Chine a imposé récemment de nouvelles restrictions à l’exportation, mais elle devrait néanmoins exporter un volume de blé globalement supérieur à celui de la campagne précédente. Elle est devenue l’un des principaux fournisseurs de farine de blé de l'Asie et ses exportations de farine de blé ont quintuplé en 2007 par rapport à 2006, passant à près de 1 million de tonnes.

Les prévisions concernant le commerce mondial de céréales secondaires en 2007/08 ont été sensiblement revues à la hausse depuis le dernier rapport et tablent aujourd’hui sur un niveau record de 120,5 millions de tonnes, soit une progression de 9 millions de tonnes (8 pour cent) par rapport à la campagne précédente et 6 millions de tonnes de plus que prévu. Cette soudaine augmentation est en grande partie due à l'importation imprévue de grandes quantités de sorgho (3,5 millions de tonnes) et de maïs (10,5 millions de tonnes) par l’UE. Les importations totales de céréales secondaires de l’UE sont désormais chiffrées à 14,5 millions de tonnes, soit près de 8 millions de tonnes de plus (116 pour cent) que pour la campagne précédente. La forte demande de céréales fourragères et la contraction des disponibilités de blé fourrager ont poussé l’UE à acheter des céréales secondaires. En décembre, l’UE a levé jusqu’à la clôture de la campagne en juin 2008 les droits d’importation applicables aux principales céréales. On prévoit également une augmentation des importations au Maroc (orge, pour l’essentiel) et au Mexique (maïs et sorgho, principalement). L’effet conjugué d’une hausse de la production intérieure et/ou d’une augmentation des cours internationaux devrait faire fléchir les importations de plusieurs pays, dont la Colombie, l’Indonésie et la République de Corée.

L'intensification de la demande d’importation de céréales secondaires durant la campagne pourrait être en partie couverte par la production record de maïs des États-Unis, qui a permis à ce pays d’exporter davantage. Les exportations de céréales secondaires en provenance des États-Unis devraient s'accroître au total d’au moins 8 millions de tonnes, alors que les ventes de la plupart des cinq autres gros exportateurs ne marqueront qu’une faible progression. L’Australie devrait réduire le volume des exportations d’orge, mais les expéditions en provenance tant de l’UE que du Canada devraient augmenter. Une augmentation des exportations de maïs est prévue en Argentine. Parmi les autres pays exportateurs, on s’attend à ce que le Brésil devienne le troisième exportateur mondial de maïs pour cette campagne (après les États-Unis et l’Argentine), suite à une récolte record qui lui permettra de doubler ses ventes, lesquelles passeront à plus de 10 millions de tonnes. En Chine, la forte croissance de la demande intérieure devrait se traduire par une réduction des exportations de maïs de plus de la moitié, ce qui les ramènera à 2 millions de tonnes, tandis que l’Ukraine, dont les ventes d’orge se sont élevées à 5 millions de tonnes la campagne précédente, risque de ne pas en exporter du tout durant la campagne actuelle, des restrictions à l’exportation ayant été imposées suite au resserrement des disponibilités nationales.

Depuis septembre dernier, les estimations de la FAO concernant les échanges de riz en 2007 ont été ramenées à 29,9 millions de tonnes, ce qui représente néanmoins toujours 2,4 pour cent de plus qu’en 2006. Cette augmentation par rapport à l’année précédente serait soutenue par le gonflement des importations des pays asiatiques, en particulier le Bangladesh et l’Indonésie, mais aussi la République populaire démocratique de Corée, les Philippines et le Sri Lanka. Les pays d’Amérique du Sud ont également importé de plus grandes quantités, mais les livraisons à destination des pays d'Afrique ont diminué pour la seconde année consécutive. La croissance du commerce international devrait être en grande partie imputable à la progression des exportations de la Thaïlande, mais aussi du Cambodge, de la Chine, de l’Égypte et du Guyana. En revanche, l’Argentine, le Brésil, l’Inde, le Pakistan, les États-Unis, l’Uruguay et le Viet Nam ont réduit les livraisons, en raison du tassement des disponibilités et, dans certains cas, de l’imposition de restrictions par le gouvernement, sous forme de contingents d’exportation, de taxes à l’exportation ou de prix minimum à l’exportation.

Les estimations de la FAO concernant le commerce mondial de riz en 2008 ont été également revues à la baisse depuis septembre, passant à 30,3 millions de tonnes, ce qui représente toutefois 1,5 pour cent de plus que le volume estimatif de 2007. En Asie, les importations vers le Bangladesh, la Chine, l’Iraq, la République populaire démocratique de Corée, le Népal et la Turquie devraient progresser, tandis qu'elles pourraient diminuer en Indonésie, en République islamique d’Iran, aux Philippines et au Sri Lanka. Les expéditions destinées aux pays d'Afrique devraient remonter en 2008, soutenues par l'accroissement des livraisons en Côte d’Ivoire et au Nigéria, tandis que celles à destination de l’Amérique latine et des Caraïbes pourraient connaître un léger repli, de moindres achats étant attendus au Brésil et en Colombie. S'agissant des exportations, l’Argentine, le Brésil, la Chine, le Guyana, le Myanmar, le Pakistan, les États-Unis, l’Uruguay et le Viet Nam devraient être en mesure d’augmenter les ventes, contrairement à l’Égypte et à l’Inde, où les restrictions imposées par le gouvernement pourraient peser sur les exportations. Les livraisons en provenance de la Thaïlande, premier exportateur, pourraient également reculer, en raison de l'amenuisement des réserves publiques.

PRIX

Top

Les cours internationaux des céréales restent élevés

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Les cours internationaux de toutes les principales céréales se sont maintenus à un niveau élevé et certains se sont encore raffermis depuis décembre. La contraction des disponibilités exportables dans un contexte de demande forte a continué de soutenir les marchés céréaliers. Les cours mondiaux des céréales ont bénéficié de la faiblesse du dollar EU, qui concourt à renforcer la demande de blé d’origine américaine, et d’une baisse marquée du fret, qui a contribué à accélérer les achats engagés par certains pays ces dernières semaines. Les restrictions à l’exportation imposées par la Chine et la Fédération de Russie, associées à la clôture du registre des exportations en Argentine, ont également soutenu les cours. En janvier, le prix du blé dur des États-Unis (HRW, n° 2, f.o.b.) était en moyenne de 381 dollars EU la tonne, sans changement par rapport à décembre 2007, mais presque 50 dollars EU de plus la tonne qu’en novembre 2007 et jusqu’à 173 dollars EU la tonne (de 83 pour cent) de plus qu’en janvier 2007. Les prix des contrats à terme sont également restés fermes, bien que toujours caractérisés par une extrême volatilité. Les faiblesses des marchés financiers, la liquidation des fonds et l’inquiétude croissante quant à un éventuel ralentissement économique ont exercé une pression à la baisse sur les contrats à terme pour le blé négociés au Chicago Board of Trade (CBOT), mais le dynamisme de la demande internationale a maintenu les prix à un niveau élevé en ce qui concerne les livraisons en mars prochain. En ce qui concerne la situation dans les mois qui viennent, alors que les rapports font état d'une expansion considérable des semis, on s'attend pour l'instant à une forte augmentation de la production de blé en 2008, perspective qui commence à exercer une légère pression à la baisse sur les contrats à terme pour la nouvelle récolte de blé à engranger cet été. À la fin janvier, les contrats à terme pour le blé négociés au CBOT, portant échéance en septembre 2008, étaient cotés à environ 320 dollars EU la tonne, soit 140 dollars EU de plus que pendant la période correspondante en 2007, tandis que les contrats à terme livrables en mai s'établissaient à 322 dollars EU la tonne, soit 170 dollars EU de plus qu’à la même époque un an auparavant.

Les cours mondiaux de toutes les principales céréales secondaires se sont encore raffermis depuis décembre. La forte demande en Europe a soutenu les prix du maïs et du sorgho, tandis que l’offre restreinte d’orge, associée à la persistance du déficit de céréales fourragères durant cette campagne, a également maintenu les cours de cette denrée bien au-dessus de ceux de la campagne précédente. Les cours du maïs ont poursuivi leur tendance à la hausse pour le cinquième mois consécutif. Le prix du maïs jaune des États-Unis (américain n°2, livré Golfe des États-Unis, f.o.b.) était en moyenne de 206 dollars EU la tonne en janvier, soit 42 dollars EU la tonne (26 pour cent) de plus qu’en janvier 2007. Fin janvier également, les contrats au CBOT, livrables en mars prochain, cotaient environ 200 dollars EU la tonne, soit 23 pour cent de plus qu’à la même période il y a un an. Les prix des contrats à terme sont toutefois extrêmement volatils; les intentions de semis sont en effet très incertaines cette année dans les pays de l’hémisphère Nord, en raison de la forte demande de soja, de la crainte générale d’un ralentissement économique susceptible de faire baisser la demande de fourrages et de l’arrivée de nouveaux approvisionnements en provenance du Brésil et de l’Argentine.

Même si plusieurs grands pays producteurs ont récolté le paddy de la campagne principale durant le dernier trimestre de 2007, les cours mondiaux du riz ont continué de se raffermir depuis septembre, une grande partie des nouvelles disponibilités mises sur le marché ayant déjà été promise à la vente. Selon l’indice des prix du riz de la FAO, les cours ont progressé de 14 pour cent entre septembre et décembre 2007. Les prix ont été en moyenne 17 pour cent plus élevés en 2007 qu’en 2006. Selon les prévisions pour les mois à venir, les prix continueront de monter au moins jusqu’en mars 2008, époque à laquelle le riz de la campagne secondaire de 2007 récolté dans les pays de l’hémisphère Nord et celui de la première campagne de 2008 engrangé dans les pays de l’hémisphère Sud, seront disponibles. D'ici là, les prix devraient à nouveau augmenter sous l’effet, avant tout, des mesures prises par plusieurs pays pour limiter les exportations ou encourager les importations. De plus, la réduction des stocks en Thaïlande et dans d’autres grands pays rizicoles pourrait renforcer la volatilité des prix en 2008. La fermeté des prix affichée par d’autres produits agricoles phares pourrait susciter une nouvelle hausse des cours internationaux du riz en cours d'année.

Tableau 3. Prix à l’exportation des céréales* (en dollars EU/tonne)
  2007 2008
  janv. sept. oct. nov. déc. janv.
États-Unis      
Blé1208343352332381381
Maïs2164158163171178206
Sorgho2173177172171192225
Argentine 3      
Blé183325321290310330
Maïs161170180179171207
Thaïlande 4      
Riz blanc5318332338358376385
Riz, brisures6245279297318342365
*Les prix se réfèrent à la moyenne du mois.
1 No.2 HRW (ordinaire), f.o.b. Golfe.
2 No.2 jaune, Golfe.
3 Up river, f.o.b.
4 Prix marchand indicatif.
5 100% deuxième qualité, f.o.b. Bangkok.
6 A1 super, f.o.b. Bangkok.

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