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Livres récents sur l'Australie


La mangrove, un écosystème fragile

Mangroves du Sénégal et de la Gambie. Claude Marius. Thèse de doctoral. Paris. ORSTOM. 1985. 357 p.

Les mangroves. I' un des écosystèmes les plus menacés de notre planète. occupent en Afrique tropicale. en Asie et aux Etats-Unis une superficie de 15 millions d'ha. La végétation terrestre et la faune marine y cohabitent en un équilibre précaire encore mal connu. Ce qui est par contre notoire, c'est que cet équilibre se rompt quand il est soumis à des interventions brutales.

Le terme de mangrove servait autrefois à désigner les palétuviers. ces formations végétales de certaines plaines littorales des régions tropicales. Aujourd'hui, il caractérise tout écosystème des zones estuariennes de nombreuses régions intertropicales.

Trois facteurs conditionnent l'installation des mangroves. Tout d'abord. le climat, car elles ont besoin pour croître de températures élevées; en second lieu, l'étendue du domaine intertidal, c'est pourquoi deltas, estuaires et lagunes sont des sites privilégiés; enfin, la salinité, les plus belles mangroves se développant dans les régions équatoriales et tropicales humides où les eaux sont dessalées pendant une grande partie de l'année.

Dans sa thèse de doctorat, l'auteur étudie les mangroves du Sénégal et de la Gambie. Celles de la Casamance et du Saloum, au Sénégal. croissent dans des bras de mer et sont exposées directement à l'influence de l'eau salée marine. Deux formations végétales les caractérisent: les palétuviers représentés par six espèces, et les marais à halophytes dénommés tannes. Les mangroves de la Gambie. quant à elles, croissent dans un véritable estuaire où l'eau douce neutralise l'impact de la mer. En effet, à la différence de la Casamance et du Saloum, la Gambie est un fleuve suffisamment puissant pour permettre aux eaux douces de refouler les eaux salées pendant une bonne partie de l'année.

L'auteur examine ce milieu écologique du point de vue du climat, de la flore. de la faune marine et terrestre et de l'hydrologie. I1 analyse la morphologie des sols de mangroves à travers l'étude de six exemples et examine les principaux facteurs de la pédogénèse de ces sols, notamment le soufre dont dépend l'acidité et les sels solubles responsables de la salinité.

Dans le passé. un grand nombre de produits des mangroves étaient d'utilisation courante. les plus importants étant liés à l'alimentation, la médecine, l'agriculture, la pêche et la production de bois. Aujourd'hui. les sols de mangroves sont mis en valeur dans de nombreux pays à des fins agricoles. notamment là où la pression démographique est forte; la culture principale qui y est pratiquée est la riziculture. L'ouvrage consacre un important chapitre à l'exploitation de ces sols et met en relief les nombreuses contraintes auxquelles se heurtent les efforts d'aménagement. Ainsi, la plupart des sols de mangroves, de texture fine et peu perméables, sont sujets à des inondations de différentes sortes. La salinité et l'acidité sont également des obstacles à la mise en culture de ces terres. Enfin, les difficultés d'accès et l'instabilité du terrain non maturé rendent malaisées les opérations de défrichage. en particulier celles mécanisées.

La présence en bordure des affluents de la Casamance de grandes surfaces vierges de mangroves a poussé le Gouvernement sénégalais à mettre en œuvre un vaste programme d'aménagement de cette région. Il est prévu que l'exploitation et l'utilisation des mangroves permettront d'assurer un développement équilibré et harmonieux des activités liées à ce milieu, à savoir la pêche et l'aquaculture dans les tannes ainsi que la riziculture réalisée grâce à la construction de barrages-écluses assurant l'appoint d'eau douce en fin d'hivernage.

Il ne faut cependant pas oublier que tant les travaux d'aménagement que la modification des techniques agricoles traditionnelles risquent de briser le fragile équilibre de l'écosystème. Il conviendra donc de protéger en premier lieu ses points faibles. notamment les berges sujettes à l'érosion, et de sauvegarder la cohésion du terrain par des franges de palétuviers.

Que faut-il entendre par gestion des ressources génétiques?

Gestion des ressources génétiques des plantes. J. Pernes. Paris Agence de coopération culturelle et technique. 1984. 2 vol., 558 p.

La disparition de terres arables due à l'érosion et à une utilisation irrationnelle des sols' et les lourdes pertes liées à l'accoutumance des parasites aux pesticides, appellent des solutions agronomiques urgentes visant tant une meilleure performance des techniques agricoles que l'amélioration génétique du matériel cultivé. Dans les pays en développement, ces solutions s'imposent avec encore plus de force, car d'elles dépend la sécurité alimentaire de populations soumises à une expansion démographique croissante.

C'est dans cette optique que l'Agence de coopération culturelle et technique - organisation intergouvernementale créée en 1970 par le Traité de Niamey - a mis en train depuis quelques années un projet en deux phases: l'une met l'accent sur le stockage, l'échange et le traitement des données au moyen de l'inventaire sur le terrain, de l'analyse en laboratoire et de la création d'une banque de données informatisée; l'autre est orientée plus spécifiquement vers l'application. Le résultat en est cet ouvrage préparé par une équipe de spécialistes sous la direction de J. Pernes. Formé de deux parties. Il consiste en un manuel proprement dit et une série de monographies.

L'objectif immédiat du manuel est de donner au lecteur le moyen de comprendre ce que veut dire «gérer des ressources génétiques» et, en même temps, de lui fournir les instruments lui permettant de constituer son propre bagage méthodologique et technique. (Pour avoir une idée plus complète du rôle de la gestion des ressources génétiques forestières voir «Lu génétique et les forêts de l avenir» par Gene Namkoong dans Unasylva 38 [152] 2-18 - NDLR.)

Le manuel. qui se compose de cinq chapitres, examine tout d'abord l'organisation des complexes d'espèces, à savoir des plantes qui. dans les conditions naturelles, peuvent échanger des gènes par hybridation. soit directement soit par le relais de plantes intermédiaires. Les auteurs soulignent que constituer, conserver et évaluer des ressources génétiques ne signifie pas tout simplement maintenir, étiqueter et répertorier. La diversité d'un groupe de plantes cultivées est, en effet. une entité dynamique en constante évolution.

RIZ VERSÉ EN INDONÉSIE il faut préserver les espèces sauvages

DE NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CAFÉIERS gérer les ressources génétiques

Le manuel analyse ensuite les stratégies de prospection et définit le but de cette dernière comme étant la collecte de matériel vivant rassemblant la plus grande variabilité possible. En effet, une prospection visant l'amélioration génétique d'une plante se doit d'être totale, et son objectif doit tendre vers la connaissance la plus étendue possible de la plante en question.

En ce qui concerne l'évaluation des ressources, les auteurs relèvent que le matériel végétal accumulé au cours des prospections peut représenter des milliers ou même des dizaines de milliers d'échantillons. Le programme d'évaluation devra donc organiser une analyse de ces échantillons tout en tenant compte de l'ensemble des problèmes que posent les utilisations futures. L'évaluation agronomique ne sera utilisable que si elle est menée dans les conditions écologiques du projet d'amélioration des plantes.

Sur la conservation des ressources génétiques, le manuel relève que le potentiel génétique peut être sauvegardé par la conservation in situ des formes sauvages dans leurs écosystèmes et des formes cultivées dans les zones d'agriculture traditionnelle. Il fait observer toutefois que le développement d'une agriculture moderne à hauts rendements. liée à l'accroissement de la population mondiale et à l'industrialisation, a entraîné le remplacement et souvent la disparition des cultivars traditionnels au profit d'un nombre limité de variétés sélectionnées.

Le chapitre traitant des bases de données et de leur exploitation statistique est un aide-mémoire des connaissances biologiques nécessaires aux informaticiens qui veulent adapter en matière de ressources génétiques les bases de données générales aux problèmes particuliers.

A propos des centres de ressources génétiques. l'auteur souligne qu'il existe très peu de plantes cultivées dont l'exploitation n'ait pas largement dépassé les frontières de leurs zones d'origine et qu'un très petit nombre de plantes indigènes est exploité par l'agriculture d'un seul pays. Il en résulte qu'une grande par des ressources génétiques échappent aux utilisateurs. Deux solutions sont envisageables: soit la constitution d'une organisation internationale «gérant les ressources génétiques considérées comme des biens de l'humanité, inappropriables par des groupes d'intérêt limités». soit la mise en place par chaque pays de ses propres banques de gènes.

Les monographies introduisent sous une forme vivante ce que la partie «méthodologie» a présenté sous forme systématique. Quatre espèces ou groupes d'espèces - Panicum maximum. caféier. riz et mil - sont examinés. En ce qui concerne Panicum maximum le choix de cette herbe fourragère a été dicté par la nécessité de pousser l'effort de recherche tant dans le domaine de la gestion des pâturages naturels que dans la création de pâturages artificiels. en vue de réduire le déficit croissant en protéines animales. Des prospections ont été menées en Côte d'Ivoire, au Kenya et en République-Unie de Tanzanie, et une collection vivante a été installée sur une parcelle du Centre ORSTOM en Côte d'Ivoire.

Pour les caféiers. les travaux ont porté sur l'amélioration à l'intérieur de chaque espèce et sur le tri des espèces les plus prometteuses. l'accent étant mis sur Coffea canephora pour ses qualités de vigueur et de résistance aux maladies.

La culture du riz en Afrique de l'Ouest, relèvent les auteurs, est d'origine très ancienne, probablement antérieure à l'introduction du riz d'origine asiatique. Mais! au cours de ces 50 dernières années, la réalisation de projets rizicoles et la vulgarisation de variétés modernes ont mis en danger la survie de l'espèce indigène. Actuellement. la recherche concerne surtout l'identification et les possibilités d'adaptation et d'utilisation des formes spontanées.

En ce qui concerne le mil, céréale fondamentale de toute la zone sahélienne. les programmes récents d'amélioration ont porté sur une diminution du rapport paille grain et sur le maintien de la variabilité génétique.

L'ouvrage est complété par une importante bibliographie et de nombreux tableaux et illustrations.

Un répertoire de publications agricoles

Publications of the International Agricultural Research Centres. Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI). Los Baños, Laguna, Philippines: Institut international de recherches sur le riz! Agence allemande de coopération technique (GTZ). 1985. Broché. Prix: $ U.S. 13,70, port aérien et emballage compris.

Les Centres internationaux de recherche agricole (IARCs) se consacrent à des travaux de recherche agronomique moderne axés sur les cultures et les animaux domestiques qui fournissent 75 pour cent de l'alimentation humaine dans les pays en développement. Ils publient de nombreux ouvrages, périodiques, séries de diapositives' films et autres matériels éducatifs sur les sciences et techniques agronomiques à l'usage des pays en développement.

L'Institut international de recherches sur le riz (IRRI) est coéditeur de ce répertoire de publications agricoles, qui comprend un index détaillé par sujet, et assure sa distribution mondiale. L'ouvrage est une compilation des principales publications des IARCs parrainés par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI)- dont le Conseil international des ressources phytogénétiques (CIRPG)-, mais on y trouve également d'autres centres de recherche.

Le pin maritime dans les reboisements

La culture du pin maritime en Aquitaine. H. Chaperon. Paris, AFOCEL. 1986.231 p.

Ce volume étudie les reboisements en pin maritime dans le sud-ouest de la France, région où prédominent les sols sableux et les landes humides.

Un important chapitre est consacré au matériel végétal de reproduction - graines, boutures - et illustre le mode d'organisation des pépinières de pin maritime. Un autre chapitre décrit les différentes étapes du reboisement: assainissement, défrichement et travail du sol, fertilisation, et choix de l'espèce et de la variété les mieux adaptées.

L'auteur indique trois modes de sylviculture dont le choix dépendra des conditions écologiques locales - sylviculture intensive, ligniculture, culture d'arbres. Il souligne l'importance d'une analyse écologie/économie les judicieuse avant d'entreprendre tout boisement.

Une conduite intensive des peuplements s'impose également et comprendra les entretiens, la lutte contre les agents pathogènes. la fertilisation. les éclaircies et les élagages.

Enfin. l'étude économique a permis de constater que plus l'investissement initial est important, plus la production s'accroît et. par voie de conséquence, plus la rentabilité est élevée.

Les feux de forêt en région méditerranéenne

La prevenzione degli incendi boschivi i problemi e le tecniche della difesa. G. Calabri. Edagricole. 1984. 184 p.

Dans ce manuel sur la prévention des feux de forêt - thème sur lequel il avait écrit un article pour Unasylva 35 (141) -, Giancarlo Calabri aborde le problème du feu à l'origine, pourrait-on dire, de l'histoire de l'univers. Symbole de vie dans la mythologie et les religions du monde entier. principe de toute chose et centre de l'univers dans certaines philosophies, le feu est devenu par l'usage incontrôlé qu'en a fait l'homme un symbole de destruction et de mort: et, dans le contexte de ce livre. de destruction et de mort de la forêt.

En spécialiste de la matière, Giancarlo Calabri décrit tout d'abord le comportement du feu à travers l'image du triangle du feu, les trois éléments du triangle étant le combustible, l'oxygène et la chaleur. Il passe ensuite, et c'est l'un des chapitres les plus importants. aux causes des incendies. Parmi les causes naturelles, il n'en reconnaît qu'une réellement appréciable: la foudre. Il réfute la théorie de l'autocombustion qui. en forêt, ne se vérifie jamais et qui est devenue un alibi commode. Ce sont les actions humaines qui sont les vraies responsables des incendies: la négligence et la malveillance dans beaucoup de cas, l'utilisation croissante des forêts comme lieux de loisirs et, en conséquence, les feux de piquenique, les fêtes champêtres, les campings. les feux d'artifice. mais aussi la pression de l'agriculture sur les terres boisées et les techniques agricoles et pastorales traditionnelles.

L'auteur aborde ensuite deux de ses thèmes majeurs: la prévention et la détection. Le premier comprend toutes les mesures visant à empêcher le départ ou la propagation du feu et à en réduire le plus possible les dommages; le deuxième porte sur les opérations d'extinction qui ne pourront être efficaces et économiques que si l'on prévoit en temps voulu le comportement du feu, son intensité et son extension et si l'on planifie, à cet effet, les moyens de défense. A ce dernier objectif est consacré le chapitre le plus important de ce manuel, celui sur la lutte active contre le feu où sont décrits les techniques de contrôle et d'extinction des incendies, les outils manuels et mécaniques, l'emploi de tracteurs pour l'ouverture de pistes coupe-feu. les pompes hydrauliques. et les moyens terrestres et aériens.

L'ouvrage est clair, précis et instructif, et s'adresse aussi bien au spécialiste qu'au grand public. Réservons une mention particulière aux dessins de la main de l'auteur, qui illustrent avec beaucoup d'humour certaines des situations auxquelles pourraient se trouver confrontées les équipes de lutte contre l'incendie.

Fay Banoun, Rome

Livres récents sur l'Australie

L'histoire est un perpétuel recommencement

A history of forestry in Australia. L.T. Carron. Australian National University Press. ISBN 008 029874 5. Prix: 5 A. 40.

Cet ouvrage de L.T. Carron retrace l'évolution des différents styles de foresterie qui se sont succédé en Australie depuis l'arrivée des premiers Européens jusqu'à la fin des années 70.

Un ouvrage sur l'histoire de la foresterie est chose très rare - tellement rare en fait que la parution de celui-ci a incité l'auteur de la présente critique, prisonnier depuis quelque 30 ans de diverses bureaucraties forestières, à se poser la question: «Qu'est-ce que l'histoire?» Une pseudodéfinition est celle de Thomas Carlyle: «L'histoire est la quintessence d'innombrables biographies.» S'il en est ainsi. l'ouvrage soigneusement référencé de Carron donne créance à cette définition, car plus de la moitié des entrées de l'index se rapportent à des personnes. Mais il existe une autre définition: «Ce que l'expérience et l'histoire nous enseignent, c'est que ni les peuples ni les gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, ni agi en fonction des principes qui s'en dégagent.» (G.W. Hegel). Il a également été dit. en termes plus concis: «L'histoire... est un perpétuel recommencement.» (A. Maurois). Cette affirmation a été amplement démontrée en Australie. Le récit que fait Carron des combats menés pour instituer une foresterie nationale dans chacun des six Etats australiens est intéressant par lui-même. mais il est d'autant plus remarquable si on le rapproche d'expériences parallèles qu'ont connues d'autres pays.

Pour permettre au lecteur non australien de bien comprendre cet ouvrage, il aurait été utile de replacer les choses dans leur perspective nationale en ajoutant des informations sur certains faits propres à l'Australie, tels que la succession de plusieurs crises économiques profondes; les problèmes particuliers de feux que l'on rencontre aux antipodes; le fait que l'Australie est importatrice brute de produits forestiers; que l'Australie se composait (certains diraient: se compose) de «six Etats en quête d'une Nation»; que la Constitution assigne tant de pouvoirs - toujours jalousement préservés - aux Etats que la foresterie fédérale a été traitée en parente pauvre.

Cette parenthèse mise à part, l'auteur nous présente une intéressante narration qui, sans être laudative à l'excès, rend justice à tous ceux qui ont contribué au développement de la foresterie australienne. Par ailleurs, en s'en tenant simplement aux faits, il laisse percer son mépris pour les hautes commissions lourdes à remuer et les politiciens peu sincères. Ceux que leurs fonctions placent à des postes de responsabilité pourront puiser du courage dans la lecture des exploits accomplis et des batailles - qui étaient parfois des campagnes - livrées par les responsables de la foresterie australienne.

VOIR LES CHOSES EN PERSPECTIVE une histoire de la foresterie australienne (FAO)

EUCALYPTUS DANS LE JARDIN BOTANIQUE DE CANBERRA l'arbre australien par excellence (C. PALMBERG)

L'apport le plus intéressant de l'ouvrage est le récit qu'il nous donne de l'évolution d'un certain nombre d'organismes forestiers - une douzaine au total - et des événements qui ont amené à la création de chacun d'eux. Le technocrate qui sommeille dans tout forestier appréciera de trouver çà et là tout au long de l'ouvrage mention de progrès techniques, tels que la plantation de pins tropicaux au Queensland et les études dendrométriques menées en Australie méridionale.

Les lecteurs d'Unasylva qui, à un titre ou un autre, sont responsables de l'organisation et du développement de services forestiers tireront au moins un réconfort d'un ouvrage qui narre avec autant d'impartialité une histoire qui se répète. Peut-être même ce livre les renforcera-t-il dans leur conviction que l'on peut trouver des moyens d'influer sur le cours de l'histoire forestière.

En revanche. l'ouvrage contient peu de références sur des questions telles que l'aménagement du territoire à l'ère pré-européenne, l'utilisation des forêts pour les loisirs, les boisements sur les exploitations, les industries forestières appropriées, ou la politique forestière nationale, pas plus que d'explications sur les 1,6 milliard de dollars australiens qu'il faut dépenser pour arrêter la dégradation des sols. Toutefois. il faut en incriminer les systèmes forestiers australiens et la société australienne d'antan, et non l'auteur.

Le tableau de l'évolution de la foresterie en Australie serait sans doute plus complet si l'auteur, avec la collaboration d'un spécialiste des sciences politiques, avait ajouté un commentaire sur les événements qui se sont déroulés depuis 1975. Les problèmes forestiers auxquels l'Australie est confrontée aujourd'hui seront sans aucun doute les problèmes de demain dans bien d'autres pays.

Tony Fearnside
fonctionnaire principal
(de la Division des opérations et chef du Bureau
Asie/Pacifique au Département des forêts de la FAO, à Rome.

Les arbres forestiers d'Australie

Forest trees of Australia. D.J. Boland, M.I.H. Brooker, G.M. Chippendale. N. Hall B.P.M. Hyland, R.D. Johnston, D.A. Kleinig et J.D. Turner. Thomas Nelson Australia & CSIRO. 1984. 687 p., relié: 60 planches couleurs. ISBN 0 17 006264 3. Prix: $ A. 39,95.

Cet ouvrage est la quatrième édition de Forest Trees of Australia. volumineux guide sur 223 arbres australiens. choisis en raison de leur importance écologique et industrielle. On y trouve les principales essences forestières de chacun des Etats australiens, dont 137, soit 61 pour cent, sont des eucalyptus. Pour cette quatrième édition, la section sur les essences a été complètement remaniée. avec de nouvelles photographies, planches en couleurs et cartes.

Les 35 premières pages du texte sont consacrées à un exposé général sur l'évolution, la variabilité et l'adaptabilité des essences forestières australiennes. Elles présentent une description des familles botaniques importantes et des facteurs qui déterminent la répartition actuelle des arbres dans le paysage, et une description des climats australiens illustrée par une série de cartes des températures, de la radiation, des pluviométries, de l'évaporation et du nombre de jours sans gel.

Les essences sont groupées en gymnospermes, monocotylédones et dicotylédones. D'utiles sections liminaires sont incluses pour les principaux genres tels qu'Acacia, Banksia, Casuarina, Eucalyptus, Melaleuca. Les descriptions d'essences sont présentées de manière uniforme sur deux pages, avec le texte et la carte de répartition sur la page de gauche et un assemblage de photographies en noir et blanc sur la page de droite.

Tout sur les arbres

Think trees, grow trees. Canberra, Australian Government Publishing Service, 1985. 200 p. ISBN 0 644 03736 9 relié; ISBN 0 644 04234 6 broché. Prix: relié $ A. 24; broché 5 A. 19,95, emballage et port (courrier maritime) compris.

Think trees, grow trees. était à l'origine le titre d'une série de conférences données à Canberra sous les auspices de l'Institute of Foresters of Australia. Par la suite. le National Tree Programme du Gouvernement australien a octroyé des fonds pour rassembler les textes de ces conférences en un ouvrage de 200 pages, qui se caractérise par un style direct, 75 excellentes photographies et une présentation de haute qualité.

Cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui. dans le grand public, s'intéressent aux arbres; il reflète en même temps les préoccupations actuelles en Australie concernant les arbres et les forêts. Il sera également utile à tous les forestiers appelés à parler d'arbres à des non-forestiers.

Il comprend 14 chapitres, groupés en deux parties principales. La première, «Think trees», traite des arbres dans l'environnement; la seconde, «Grow trees», de la plantation d'arbres à des fins diverses. Elles sont suivies d'une conclusion et d'une annexe sur l'élevage des plants d'eucalyptus.

Il semble aujourd'hui que le sujet «Les arbres et l'environnement» soit trop vaste pour être laissé aux seuls forestiers. En effet. on trouve parmi les 17 auteurs, aux côtés de forestiers australiens éminents. un agriculteur, un inspecteur de parcs nationaux, un pathologiste, un expert en feux de foret, un arboriculteur et un pédologue.

Think trees grow trees. est disponible auprès de l'Australian Government Publishing Service. L adresse du bureau de vente par correspondance est: GPO Box 84. Canberra, ACT 2601, Australie.

PER ANDERS RAGNHAGE, 1940-1986

Per Anders Ragnhage, expert en matière de scierie qui a occupé un poste de forestier dans la Division FAO des industries forestières pendant plus de quatre ans, est décédé soudainement à l'âge de 46 ans le 3 novembre 1986 en Suède, son pays natal.

Avant d'entrer à la FAO, M. Ragnhage avait travaillé pour le compte de l'Agence suédoise d'aide au développement international en qualité de directeur de la production d'une scierie à Kitwe (Zambie). Auparavant, il avait travaillé pendant huit ans dans trois différentes scieries en Suède, occupant successivement les postes de directeur de bâtiment, directeur de la production et directeur général. A la FAO, deux de ses projets spéciaux ont porté sur l'utilisation du bols de cocotier dans les Caraïbes et sur des unités mobiles d'affûtages de scies au Bangladesh.

M. Ragnhage, titulaire d'un brevet de pilote et sportif avide de golf et de ski nautique avait obtenu un diplôme d'ingénieur de l'Institut Högre Tekniska Läroverket de Borås (Suède) en 1961.11 laisse une veuve, Britt-Mari, et trois enfants, Permilla (23 ans), Jonas (20 ans) et Pontus (17 ans).

C'était un homme très respectè de ses collègues, et qui sera profondément regretté à la FAO.

L'agroforesterie aux antipodes

Agroforestry in Australia and New Zealand. Rowan Reid & Geoff Wilson. Victoria, NSW. Goddard & Dobson. 19X5. 223 p. Broché.

En Australie et en Nouvelle-Zélande, l'agroforesterie signifie essentiellement la combinaison de plantations forestières avec l'élevage d'ovins et de bovins. Tel est le sujet de cet ouvrage.

L'auteur principal, Rowan Reid, est un forestier diplômé de l'université de Melbourne, titulaire d'une maîtrise d'agroforesterie. Le coauteur, Geoff Wilson, est journaliste agricole et milite activement depuis le début des années 70, époque où l'agroforesterie s'appelait encore «sylviculture paysanne», pour inciter les agriculteurs australiens et néo-zélandaise à planter des arbres sur leurs exploitations.

Il faudrait commencer la lecture de cet ouvrage par le chapitre 10 intitulé «De quoi l'agroforesterie at-elle besoin maintenant?» Dans ce chapitre final, les auteurs récapitulent impartialement les difficultés rencontrées pour faire accepter plus largement l'agroforesterie. Ils notent que «seul un petit groupe d'exploitants innovateurs d'Australie et de Nouvelle-Zélande applique judicieusement les techniques d'agroforesterie». Ils attribuent ce fait à plusieurs raisons, parmi lesquelles un manque d'informations pratiques au niveau des agriculteurs. un manque de compréhension de leur part de tous les avantages procurés par les arbres en dehors de la production ligneuse finale, et une sérieuse carence de don nées économiques sur l'agroforesterie.

A leur avis, il faudra peut-être encore une génération d'agriculteurs et de vulgarisateurs pour que l'agroforesterie devienne une technique couramment admise et appliquée. S'il en est ainsi, cet ouvrage devrait être à plus d'un égard une utile contribution à cette discipline.

Tout d'abord, il constitue un manuel bien présenté et de lecture facile, qui fait le point de la situation actuelle et fourmille d'informations pratiques du genre propre à intéresser ces hommes pragmatiques que sont les agriculteurs. Utilisant une approche journalistique, les auteurs ont réuni un ensemble dense d'informations et d'expériences glanées dans des rapports de recherche. des bulletins de vulgarisation, des articles techniques, des textes de conférence et des interviews, et complétées par leurs propres idées et expériences.

Par exemple, le chapitre sur l'exécution pratique traite de la planification globale de l'exploitation, explique en quoi elle consiste, comment l'établir et où s'adresser pour se faire aider à cette fin. Le chapitre sur les essences d'arbres décrit les caractéristiques de station et de croissance et les applications agroforestières des pins (six espèces), peupliers. eucalyptus et acacias, ainsi que d'une série d'essences fournissant du fourrage, des fruits charnus et des fruits à coque.

Particulièrement intéressantes sont les 10 études de cas d'agriculteurs pratiquant l'agroforesterie, qui confèrent un fort accent d'authenticité à l'ouvrage. Ces portraits de fermiers arboriculteurs représentent un éventail d'activités: bovins et bois d'œuvre rideaux-abris et ovins: arbres fourragers, blé et ovins; bois de feu, bovins et ovins; robinier et ovins, etc.

Toutes les activités de plantation et conduite des arbres sont également brièvement décrites, depuis les vergers à graines jusqu'à la plantation, la sylviculture et la commercialisation des produits. De nombreuses références où l'on peut trouver de plus amples renseignements sont citées.

Les sources d'information sont souvent désignées nommément, et le texte est complété par de nombreuses photographies en noir et blanc et autres illustrations.

L'ouvrage sera également utile aux agents de vulgarisation agricole et forestière travaillant avec les éleveurs d'ovins et de bovins, pour qui il pourra constituer un ouvrage de référence sur l'agroforesterie et les plantations paysannes appliquées spécifiquement à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande. C'est pourquoi il mérite de trouver sa place dans le bagage de tout vulgarisateur agricole ou forestier.

L'un des mérites de l'ouvrage est qu'il signale les difficultés de l'agroforesterie aussi bien que ses avantages, ses échecs comme ses succès. ce que l'on ignore comme ce que l'on sait.

Le chapitre qui laisse le plus à désirer. malheureusement, est celui qui traite de l'économie de l'agroforesterie. Il est bref et ne présente aucune analyse économique détaillée. Il pèche en fait par l'absence d'arguments économiques convaincants en faveur de l'agroforesterie en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Les auteurs en conviennent dans leurs conclusions, notant que «tant que l'on n'aura pas su montrer aux agriculteurs comment tirer un revenu satisfaisant de plantations forestières à la ferme, les progrès de l'agroforesterie seront lents et laborieux».

Il faudra pour cela, selon eux, davantage de recherche économique, associée à un effort accru de formation et de vulgarisation en matière d'agroforesterie, afin d'engendrer un mouvement d'activité qui retiendra l'attention de ceux qui, dans les administrations et les gouvernements, font la politique agricole.

En fin de compte, en Nouvelle-Zélande et en Australie comme ailleurs, c'est encore aux agriculteurs qu'il incombe de décider de planter des arbres, en s'appuyant sur une solide information technique et économique fournie par les chercheurs et les vulgarisateurs agricoles et forestiers.

Richard Pardo
fonctionnaire forestier (institutions) au Département des forêts de la FAO. à Rome


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