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Introduction

L'évaluation des besoins en formation dans le secteur forestier s'inscrit dans l'ensemble des contributions à la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale. Dans cette introduction, nous allons examiner, dans un premier temps, pourquoi cette étude a été réalisée. Ensuite, nous verrons comment l'étude a été réalisée.

L'Afrique centrale abrite les écosystèmes forestiers du Bassin du Congo, le plus grand massif forestier tropical du monde après celui de l'Amazonie. Avec 204 millions d'hectares, la couverture de ces écosystèmes représente 26% des forêts tropicales humides restant au monde et 70% du couvert forestier d'Afrique. Ces forêts du bassin du Congo regorgent une gamme extraordinairement variée de biomes, d'écosystèmes et d'habitats comprenant, entre autres, des forêts sempervirentes, des forêts semi-caducifoliées, des forêts inondables, des mangroves, etc. Elles jouent un rôle important au niveau des grands équilibres écologiques et contribuent au développement socio-économique des pays d'Afrique centrale.

Une pression relativement importante liée à l'exploitation forestière, au braconnage, à l'agriculture itinérante sur brûlis, à la production du bois de chauffe et du charbon de bois, à la récolte des produits à usage alimentaire, pharmaceutique, etc. est exercée sur ces écosystèmes forestiers.

La prise de conscience de la nécessité d'une gestion durable des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo s'est nettement accélérée avec le Sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992. Le défi a été principalement d'appliquer le concept de développement durable à la forêt avec l'objectif de concilier l'exploitation économique de la forêt pour assurer le développement socio-économique et la préservation du patrimoine écologique.

Pour mettre en œuvre cette nouvelle orientation, les Gouvernements se sont engagés dans l'élaboration des nouvelles législations et réglementations, et se sont dotés des instruments de planification (PAFT, PNAE, Plan d'action pour la conservation de la biodiversité, etc.) et des plates-formes de dialogue politique (CEFDHAC et COMIFAC). Des nombreuses initiatives ont été également menées avec l'appui de la coopération internationale dans la perspective d'accompagner cette volonté politique. Il en résulte que des efforts particuliers ont été réalisés. Mais, la gestion durable des massifs forestiers apparaît encore plus comme un mythe qu'une réalité (Canopé No. 11, mars 1998).

Parmi les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre de la gestion durable des massifs forestiers d'Afrique centrale, figure le déficit des compétences. Le personnel ayant des qualifications requises pour mettre en œuvre la gestion durable des écosystèmes forestiers n'est pas toujours disponible. Au niveau des administrations forestières, par exemple, Hiol Hiol (2001) signale que de manière générale, le Ministère de l'Environnement et des Forêts du Cameroun ne dispose pas de la capacité nécessaire pour répondre au nouveau défi qu'impose l'aménagement forestier. Au niveau des sociétés forestières, Landrot (2001) attire l'attention sur le déficit des compétences qui inquiète l'entreprise forestière.

Les premières investigations sur le sujet ont montré que le problème se pose tant au niveau de la formation continue qu'au niveau de la formation initiale. En effet, dans l'Administration forestière par exemple, le gel des recrutements et l'absence d'une politique de formation ont généré un décalage important entre la formation initiale et les nouveaux besoins liés à l'évolution de la politique forestière (I&D., Juin 02). Dans ces conditions, les compétences effectives du personnel sont, d'une manière générale, en deçà des compétences exigées pour mener à bien la gestion durable des écosystèmes forestiers.

La formation initiale n'a pas été adaptée au contexte actuel de la gestion durable des écosystèmes forestiers. Les connaissances et les pratiques nouvelles n'ont pas été intégrées systématiquement dans les programmes de formation des écoles forestières1. D'ailleurs, plusieurs écoles forestières n'ont pas révisé leurs programmes de formation depuis 20 ans environ. En plus, les enseignants, plongés dans une situation d'isolement, ont difficilement accès à la formation continue et aux informations récentes sur l'évolution des connaissances et des pratiques.

C'est dans la perspective de faire face à cette situation que la FAO, en collaboration avec l'UICN et le RIFFEAC, a initié cette étude sur l'évaluation des besoins en formation dans le secteur forestier en Afrique centrale.

Les études des besoins en formation dans les pays d'Afrique centrale ont été initiées par la FAO, dans le cadre du projet "Conservation et gestion durable des écosystèmes des forêts tropicales humides de l'Afrique centrale". Ce projet qui s'inscrit dans le nouveau programme de partenariat FAO / Gouvernement du Royaume des Pays Bas, a pour objectif principal d'appuyer sur le terrain la mise en œuvre du concept de gestion durable des forêts tropicales. Il est constitué de trois composantes interdépendantes:

    1. appui à la conservation et à l'utilisation durable des ressources des forêts dans les pays du bassin du Congo;

    2. appui aux pays pour la mise en œuvre sur le terrain des pratiques de gestion durable des forêts;

    3. mise en œuvre du système mondial d'évaluation des ressources forestières.

Dans le cadre de la composante 2, une série d'activités relatives à la formation dans le secteur forestier a été envisagée, parmi celles-ci, on note l'évaluation des besoins en formation.

Une synergie a été développée entre la FAO, l'UICN et les écoles forestières d'Afrique centrale, réunies au sein du Réseau des écoles forestières (RIFFEAC) pour réaliser cette étude. En effet, l'évaluation des besoins en formation figure aussi parmi les activités que le RIFFEAC s'est proposé de réaliser au cours de cette année avec l'appui de la GTZ et de l'UICN2. Dans cette perspective, il a été convenu que les écoles forestières réalisent les études des besoins en formation dans le secteur forestier dans chaque pays et que l'UICN participe au suivi des travaux et à la rédaction du document de synthèse régionale sous la coordination de la FAO.

La méthodologie utilisée pour réaliser les études des besoins en formation répond dans un premier temps, à une préoccupation d'apprentissage de groupe. Le défi a été de "renforcer par l'action" les capacités en identification des besoins en formation des enseignants impliqués dans la réalisation de l'étude. La démarche a consisté à créer un groupe composé par un binôme dans chaque pays, à stimuler l'interaction au sein du groupe en vue de favoriser les échanges, la découverte et le consensus autour du cheminement à suivre. Avant le début des travaux, une semaine a été réservée aux échanges de messages électroniques au sein du groupe sur la démarche à adopter, les outils de collecte de données à privilégier et les dispositions pratiques à prendre. Cet exercice a permis à tous de donner le même sens à la notion de besoins en formation et de s'accorder sur la démarche à utiliser.

Ces échanges ont permis de relever que l'identification des besoins en formation implique trois situations:

De ce point de vue, il a été envisagé d'aborder l'évaluation des besoins en formation dans une perspective dynamique. L'expression d'un besoin en formation par un groupe donné est liée au cours quasi irrésistible des choses. Il est apparu qu'un examen préalable du contexte est donc nécessaire pour comprendre les besoins en formation qui seront identifiés. Ce contexte est caractérisé par des évolutions significatives au niveau des idées, des politiques, des pratiques, du marché de l'emploi, etc.

Il a été également proposé d'avoir une vision holistique. En d'autres termes, l'analyse devrait couvrir plusieurs thématiques: politique et administration forestières, aménagement et gestion durable des forêts, techniques et opérations forestières, gestion des aires protégées et de la faune, industrie du bois, commerce du bois, etc. en les resituant dans le développement rural.

La méthodologie utilisée tient aussi au caractère participatif de l'étude. Il s'agit de prendre en compte toutes les catégories de parties prenantes dans l'identification des besoins en formation. En plus des outils d'enquête "classiques" (le questionnaire, notamment), les informations ont été aussi collectées au moyen des outils participatifs (focus group, brainstorming, etc.). L'entrée par les perceptions (comment telle partie prenante se représente les compétences de l'autre) a été privilégiée. La documentation disponible a été également exploitée.

Pour des raisons liées au temps imparti et à l'étendu du champ à couvrir, il n'a pas été possible de focaliser les observations des besoins en formation sur le poste. La description de façon systématique de l'ensemble des compétences requises par un poste de travail actuel et par son évolution prévisible est un travail relativement long en rapport avec le nombre de postes à considérer dans l'ensemble du secteur forestier. Il s'agit d'une méthode relativement lourde, dont l'usage ne se justifie que pour analyser les besoins de compétences de postes pour lesquels il existe un fort enjeu pour l'entreprise ou pour l'Administration (Meignant, 2001)3.

Dans ce contexte, le niveau d'observation des besoins en formation qui a été privilégié est celui de la "population-mère". Cette entrée a permis d'identifier les besoins globaux de compétences qui sont pertinents pour accompagner les changements observés dans le secteur forestier en Afrique centrale.

L'étude a été réalisée dans 7 pays d'Afrique centrale à savoir le Burundi, le Cameroun, le Congo, la République Démocratique du Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale et la République Centrafricaine. Un rapport national a été rédigé pour chaque pays par une équipe composée de:

Le présent document de synthèse régionale est structuré en quatre chapitres. Le premier est consacré aux mutations récentes dans le secteur forestier. Il permettra de dégager les grandes tendances de l'évolution générale du secteur forestier dans lesquelles devront s'inscrire les besoins en formation. Le deuxième chapitre a trait aux besoins en ressources humaines dans le secteur forestier. Un état général des besoins en ressources humaines sera dressé et les conditions d'adaptation des compétences du personnel à l'évolution du contexte seront examinées. Le troisième chapitre traitera des besoins en formation identifiés. Dans le dernier chapitre, les structures actuelles de formation dans la sous-région seront examinées ainsi que leurs capacités à faire face aux besoins en formation identifiés.


1 Ce constat a été réalisé par les responsables des programmes de formation dans les écoles forestières lors de l'atelier de réflexion sur l'adaptation de la formation au contexte de la gestion durable des ressources naturelles (Douala, avril 2000).

2 Cf. Rapport de planification des activités du RIFFEAC pour la période Juillet 2002 à Juin 2004.

3 Ces études fines pourront intervenir à un stade ultérieur, notamment lorsqu'il s'agira d'envisager des actions de formation au bénéfice d'un groupe-cible donné.

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