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3.7 Transformation et utilisation de la végétation pérenne dans la zone aride de l'Inde


1. La forêt et les produits de la forêt dans les zones arides et semi-arides de l'Inde
2. Nouvelles technologies pour la transformation et l'utilisation de la végétation pérenne
3. Introduction de végétation exotique
4. Considérations et contraintes relatives à l'écosystème
5. Développement des terres arides
6. La stratégie future
7. Conclusions
8. Références


J.K. MAHESHWARI
National Botanical Research Institute,
Lucknow - 226001, Inde

Introduction

1. La forêt et les produits de la forêt dans les zones arides et semi-arides de l'Inde

Les zones arides de l'Inde couvrent environ 12% de la zone géographique du pays (y compris les 31900000 km2 de déserts chauds occupant une partie du Rajasthan (61%), du Gujarat (20%), du Punjab et du Haryana (9%), et de l'Andhra Pradesh et du Karnataka (10%). Les étendues arides froides sont situées dans le nord-ouest de l'Himalaya, Ladakh, Cachemire et Lahaul et Spiti (Himachal Pradesh) (voir Tableau 1: figures 1 et 2).

Dans le désert indien, on a identifié 14 types principaux de terrains. Les types suivants de végétations associés aux différents types de terrain ont été identifiés et cartographiés à partir des vues fournies par Landsat, d'enquêtes de terrain et de l'interprétation de relevés photographiques:

i) Eughorbia caducifolia, Acacia senegal sur les pédiments rocheux, pierreux, et enfouis;

ii) Capparis decidua, Zizyphus nummularia, Prosopis cineraria sur les pédiments plats enfouis;

iii) Acacia senegal, Calotropis procera, Calligonum polygonoides sur les pédiments sableux enfouis ondulés; iv) Acacia senegal, Maytenus emarginatus sur les plateaux et pédiments plats enfouis;

v) Capparis decidua, Zizyphus nummularia sur les plaines alluviales planes;

vi) Prosopis cineraria, Capparis decidua, Zizyphus nummularia sur les plaines alluviales;

vii) Prosopis cineraria, Acacia nilotica, Salvadora oleoides, Tamarix aphylla sur les plaines alluviales planes plus anciennes;

viii) Zizyphus nummularia, Calligonum polygonoides sur les plaines alluviales sableuses ondulées plus anciennes;

ix) Prosopis cineraria, Zizyphus nummularia sur les plaines alluviales sableuses ondulées plus anciennes;

x) Prosopis cineraria, Zizyphus nummularia, Capparis decidua sur les plaines alluviales sableuses plus anciennes;

xi) Prosopis cineraria, Acacia nilotica spp. indica, Salvadora oleoides sur les plaines alluviales plus jeunes;

xii) Acacia senegal, Calligonum polygonoides sur les dunes;

xiii) Calligonum polygonoides, Zizyphus nummularia, Calotropis procera sur les plaines entre les dunes;

xiv) Suaeda fruticosa, Salsola baryosma sur les dépressions salines;

xv) Haloxylon salicornicum, Sporbolus marginatus sur les dépressions salines;

xvi) Fimbristylis, Scirpus, Cyperus sur les dépressions salines (66)*.

* On trouvera les références à la fin du texte.

Les basses futaies caduques sèches sont dominées par Anogeissus pendula en peuplement presque pur. Les espèces courantes sont: Acacia leucophloea, Butea monosperma, Bauhinia racemosa, Holoptelea intergrifolia, Moringa concanensis, Wrightia tinctoria, Mitragyna parvifolia, Boswellia serrata, Lannea coromandelica, Sterculia urens, Diospyros melanoxylon et Albizia odoratissima. Les fourrés épais constituent une phase dégradée des basses futaies et sont composées d'espèces telles que Aerva javanica, Prosopis cineraria, Capparis decidua, Sericostoma pauciflorum, Acacia jacquemontii, Calotropis procera, Cassia auriculata, Leptadenia pyrotechnica, Lycium barbarum, etc. Certains fourrés sont envahis par une espèce exotique, Prosopis juliflora. On rencontre Euphorbia caducifolia, E. nivulia et Dyerophytum indicum dans l'habitat rocheux. Anogeissus pendula fait l'objet de coupes sauvages et est tellement brouté par les animaux qu'il touche presque le sol (48). L'état physiognomique optimum auquel les espèces ci-dessus parviennent est la forêt, mais du fait de la pression exercée par la forte densité de population humaine, bovine et caprine, les zones boisées dégénèrent souvent en fourrés et savanes.

L'importance des forêts et de la végétation pérenne pour la population rurale est essentiellement triple. Les arbres et arbustes forestiers fournissent du combustible et d'autres produits indispensables pour répondre aux besoins de base des familles et des communautés rurales. Ils fournissent les aliments et la stabilité environnementale nécessaire pour une production vivrière durable. Les forêts et les produits forestiers sont une source de revenu et d'emploi pour la communauté rurale. Les principaux produits forestiers sont le bois d'oeuvre, le bois de feu et le charbon de bois. Le terme "menu produit forestier" a longtemps été utilisé pour désigner tout un éventail de matières premières autres que le bois d'oeuvre fournies par les arbustes et les arbres. Ce sont notamment les plantes médicinales et aromatiques, les graines oléagineuses, les gommes et les résines, les épices, les matières premières pour le tannage et la teinture, les fibres et bourrettes, cannes et bambous, plantes comestibles, plantes productrices de latex, feuilles d'enveloppement de bidi et beaucoup d'autres produits divers. Si individuellement ces produits semblent avoir peu d'importance, collectivement ils en ont énormément pour le pays. Ces dernières années, le menu produit forestier a représenté 30 à 35% des recettes forestières totales du pays et 70% de ses exportations totales de produits forestiers. Un seul de ces produits, les feuilles de bidi (Diospyros melanoxylon) assure 20 à 25 millions de journées de travail par an à la population rurale. Il serait donc plus juste, au lieu de parler de menu produit forestier, de parler de produits forestiers autres que le bois d'oeuvre. Les produits importants tirés de la forêt sont passés en revue dans les sections qui suivent.

TABLEAU - 1: SUPERFICIE SITUÉE DANS LES ZONES ARIDES ET SEMI-ARIDES DE L'INDE

ÉTAT

ARIDE

SEMI-ARIDE

POURCENTAGE

(km2)

(km2)

ARIDE

SEMI-ARIDE

CHAUDS

RAJASTHAN

196,150

121,020

61.0

13

GUJARAT

62,180

90,520

19.6

9

PUNJAB & HARYANA

27,350

58,650

9,0

6

MAHARASHTRA

1,290

189,580

0.4

19

KARNATAKA

8,570

139,360

3.0

15

ANDHRA PRADESH

21,550

138,670

7.0

15

TAMILNADU

-

95,250

-

10

UTTAR PRADESH

-

64,230

-

7

MADHYA PRADESH

-

59,470

-

6

FROIDS

JAMMU & CACHEMIRE

78,300

13,780

-

-

TOTAL

395,390

970,530



FIG. 1: Carte des zones arides et semi-arides de l'Inde

FIG. 2. Carte du district de Lahaul & Spiti montrant la zone aride froide de l'Himachal Pradesh en Inde

1.1 Ressources en bois d'oeuvre. bois et bambou

Le bois utilisé pour fabriquer des meubles, des portes, fenêtres, charpentes, instruments agricoles, pieux, et poteaux, clôtures et toitures est tiré principalement de: Anogeissus pendula, A. latifolia, Zizyphus mauritiana, Tamarix aphylla, Salvadora persica, S. oleoides, Butea monosperma, Boswellia serrata, Gmelina arborea, Prosopis cineraria, Acacia nilotica ssp. indica, A. catechu, A. leucophloea, Balanites aegyptiaca, Tecomella undulata, Cordia dichotoma, C. gharaf, etc.

Le bois de Boswellia serrata, Cordia dichotoma, Mangifera indica, Lannea coromandelica et Holoptelea integrifolia convient pour la confection de boites et de caisses. Les espèces Boswellia serrata, Tecomella undulata, Wrightia tinctoria et Lannea coromandelica servent à fabriquer des jouets laqués. Le bois de Securinega virosa et Grewia tenax sert à faire des cannes et des crayons. Les espèces qui conviennent pour fabriquer des allumettes sont: Bombax ceiba, Sterculia villosa, Gmelina arborea, Holoptelea integrifolia, Kydia calycina, Garuga pinnata, Hymenodictyon excelsum et Lannea coromandelica. Cependant, la quantité de bois qui se perd par manque de séchage et dégradation biologique est épouvantable.

On a appelé le bambou "le bois du pauvre"; il sert à fabriquer des cases, des nattes, des échelles, des ponts, des clôtures, des poignées d'outils, des pinceaux, des tuyaux, des éventails, des parapluies, des jouets, des instruments de musique, des lances, des flèches et des arcs, des cannes à pêche, des paniers, des pots de fleurs et des meubles. Dendrocalamus strictus est le seul bambou que l'on trouve dans les forêts du Rajasthan, du Gujarat et du Saurashtra. Il est considéré depuis longtemps comme une matière première acceptable pour la fabrication du papier.

1.2 Bois de feu et charbon de bois

C'est probablement dans les pays du sous-continent indien que la pénurie de bois de feu est aujourd'hui la plus aiguë Les informations dont on dispose sur les ressources sont insuffisantes. Dans l'Inde rurale, le bois de feu représente 93% de la consommation totale d'énergie. On utilise de plus en plus le charbon de bois qui est produit par la combustion lente du bois avec une alimentation en air limitée. Mais le processus de combustion dégage de la chaleur et de la fumée et divers sous-produits chimiques se volatilisent. Si l'on ne recueille pas ces produits, la conversion du bois en charbon de bois n'est efficace que dans la proportion d'environ 25%. Autrement dit, il faut transformer environ 4 Kcal de bois pour produire 1 Kcal de charbon de bois. Cependant, le charbon de bois est un produit que l'on peut utiliser comme combustible et comme matière première chimique (68). Comparé au bois, il fournit beaucoup plus de chaleur utile, sa combustion ne produit pas de fumée et est moins polluante. La principale de source de bois de feu et de charbon de bois est Anogeissus pendula, les autres espèces étant: Prosopis cineraria, Anogeissus latifolia, Salvadora oleoides, Bauhinia racemosa, Acacia nilotica ssp. indica et ssp. cupressiformis, A. leucophloea, A. catechu, A. senegal, Zizyphus mauritiana, Gmelina arborea Commiphora wightii, Capparis decidua, Euphorbia nivulia, Butea monosperma, Calotropis gigantea, Tamarix aphylla et Adhatoda zeylanica. Calligonum polygonoides est aussi la principale source de bois de feu dans le désert. Dans la ville de Bikaner par exemple, le combustible de cette espèce représente 75% de la quantité totale de bois de feu vendue par les villageois (27, 36). L'espèce Kochia indica, originaire de l'Inde, qui a été accidentellement introduite en Égypte au cours de la dernière guerre, prospère dans les zones désertiques. On la trouve à partir de Delhi vers l'ouest et aussi dans la péninsule du Deccan dans les sols salins de Coimbatore; on l'utilise localement comme combustible (32).

C'est le combustible qui pose le plus gros problème dans le désert froid du Ladakh et de l'Himachal Pradesh. Salix est probablement le genre ligneux le plus courant dans les zones montagneuses qui montent vers la zone alpine. Les espèces ligneuses les plus grandes occupent une place très importante dans l'économie des villages des vallées intérieures sèches. Saules et peupliers sont cultivés dans chaque village pour le combustible, la construction et la confection de paniers. Avant l'arrivée de l'hiver, des caravanes d'hommes, de femmes et d'animaux partent chercher du combustible et de la bouse dans les pâturages alpins. Dans les villages Tabo et Poh de Spiti, on coupe à la hache les genévriers, qui disparaissent rapidement. On a estimé que le tiers de la quantité totale de bois de feu consommée par an provient des arbustes et des arbres locaux, et les deux tiers de la bouse séchée (54).

La plus grande partie du bois de feu est brûlée de façon inefficace dans des feux ouverts ou dans des poêles fumeux dépourvus de systèmes de réglage du tirage. On a estimé que 5 à 10% seulement de la chaleur dégagée étaient effectivement utilisés.

1.3 Gommes et résines

On extrait des arbres forestiers beaucoup de gommes, mucilages et résines présentant une importance commerciale. Les gommes sont utilisées dans l'alimentation, les produits pharmaceutiques, les encres, les textiles, la confiserie, les adhésifs et beaucoup d'autres produits. Les résines servent dans les peintures, les vernis et l'industrie papetière. Elles sont produites par les plantes sous forme de gouttes ou de nodules soit spontanément soit par des incisions pratiquées dans l'écorce. Une matière visqueuse est émise à l'endroit de la blessure du tronc pour la cicatriser. La solution visqueuse transparente durcit peu à peu pour constituer un nodule transparent cassant que l'on peut retirer à la main. Les gommes de valeur commerciale recueillies dans la forêt sont les suivantes: Sterculia urens (gomme karaya), Anogeissus latifolia (gomme ghatti), Boswellia serrata (salai), Commiphora wightii (guggul) et des gommes de diverses espèces d'Acacia, y compris la gomme arabique indienne qui provient de l'Acacia nilotica ssp. indica et la vraie gomme arabique qui provient de A. senegal. Beaucoup d'autres arbres produisent de la gomme, notamment: Azadirachta indica (gomme margosa), Cochlospermum religiosum (gomme katira), Butea monosperma (palas ou dhak), Albizia lebbeck (kokko), Feronia limonia (kaith), Lannea coromandelica (gomme jhingan), Prosopis juliflora (gomme mesquite), P. cineraria (jand), Soymida febrifuga (rohun), Ailanthus excelsa (maharukh), Pithecellobium dulce (épine de Madras) et Moringa oleifera (gomme saijan).

Commiphora wightii donne une oléorésine-gomme parfumée que l'on appelle myrrhe indienne, bdellium indien ou guggul, que l'on utilise comme encens, comme fixatif en parfumerie, en pharmacie et qui remplace la myrrhe. On a constaté que cette gomme réduisait le taux de cholestérol dans le sang, de sorte que la demande augmente. Cette espèce se rencontre dans les étendues arides et semi-arides du Rajasthan, du Gujarat, du Maharashtra et dans certaines parties du Karnataka et du Madhya Pradesh. Le guggul est recueilli entre novembre et janvier au moyen d'incisions pratiquées sur les troncs des arbres. Il est prêt à être recueilli 7 à 15 jours après la première incision. On obtient généralement sur un arbre de 200 à 500 grammes de guggul sec en une saison. Le guggul devient rare en raison de l'abattage et de l'exploitation sauvages des arbres et des mauvaises techniques de prélèvement (6).

L'oléorésine-gomme obtenue à partie de Boswellia serrata, couramment appelée oliban indien, encens indien ou salai-guggul, est actuellement utilisé surtout comme encens et fumigant. Le rendement maximum étant obtenu à partir de l'écorce, il est inutile de faire des entailles profondes qui risqueraient d'ailleurs de nuire à la croissance de l'arbre. Les opérations de gemmage sont généralement effectuées de novembre à fin mai. La gomme est recueillie à demi-solidifiée et conservée dans un panier en bambou jusqu'à un mois et c'est alors que la partie fluide connue sous le nom de Ras s'écoule. L'huile est ensuite séparée de l'oléorésine, que l'on fait sécher entièrement et que l'on traite parfois avec du talc pour la rendre cassante. On la casse alors en petits morceaux à l'aide d'un maillet ou d'un tranchoir et on la trie selon sa couleur, ses impuretés, etc. Les éléments constituants de l'oléorésine-gomme peuvent être séparés soit par distillation à la vapeur, soit par extraction au solvant suivie d'une distillation à la vapeur. La résine ainsi obtenue peut être utilisée comme substitut du baume du Canada et de l'huile d'immersion utilisée en microscopie, qui sont importés (30).

1.4 Graines oléagineuses

Il existe dans le pays plusieurs variétés de plantes oléagineuses que l'on utilise pour l'alimentation, l'éclairage, la fabrication des bougies, du savon et pour des usages industriels et pharmaceutiques. Les graines oléagineuses d'arbres, que l'on négligeait jusque là, ont maintenant pris beaucoup d'importance en raison de l'augmentation de la demande d'huiles et de matières grasses pour diverses industries.

Les huiles obtenues à partir des graines d'arbres forestiers, qui se caractérisent par une couleur sombre, une odeur et un goût désagréables et une forte teneur en acides gras libres qui en limitent l'utilisation à l'état brut, peuvent néanmoins être utilisées à des fins non comestibles comme les savons et les lubrifiants, ce qui réduit l'excès de demande d'huiles comestibles qui devraient être destinées à la consommation humaine. Les graines oléagineuses d'arbres les plus importantes sont les suivantes: sal (Shorea robusta), illipé (Madhuca longifolia), margousier (Azadirachta indica), karanja (Pongamia pinnata), khakan (Salvadora oleoides), kussam (Schleichera oleosa), etc. (Tableaux 2 et 3). On estime à l'heure actuelle à peine à 2 à 3% les graines transformées. La production totale annuelle de graines oléagineuses est d'environ 10 millions de tonnes; si on l'utilise et la transforme correctement, elle permettra d'accroître très sensiblement l'offre d'huiles non comestibles (34-35).

Le traitement des graines oléagineuses se fait dans des ghanis (kohlus) en bois tirés par des boeufs ou dans des ghanis à moteur (moulins rotatifs). Le ghani est un élément familier du paysage rural qui contribue à l'économie du village. Le ghani (kohlu) consiste en un système tournant de pilons et de mortiers actionnés par une paire de boeufs. Dans les zones semi-urbaines, où il y a l'électricité, la plupart ont été remplacés pour le broyage des graines oléagineuses par des moulins motorisés qui prennent moins de place. Les graines de Butea monosperma, Calastrus paniculatus, Jatropha curcas, Malloutus philippensis, Mangifera indica, Moringa oleifera, Holoptelea integrifolia, Annona squamosa, Sapindus mukorossi, Balanites aegyptiace, Prosopis cineraria, Boswellia serrata, Wrightia tomentosa, Peganum harmala, Citrullus colocynthis, etc. donnent aussi de l'huile, mais beaucoup ne sont pas exploitées à une échelle commerciale (19).

TABLEAU - 2: DISPONIBILITÉ POTENTIELLE ET UTILISATION DES GRAINES OLÉAGINEUSES SECONDAIRES
(Quantités en tonnes)

GRAINE

Disponibilité potentielle

Tourteau

Utilisation actuelle

Graine

Huile

Graine

Huile

SAL

5,504,000

688,000

4,300,000

25,000

3,125

ILLIPÉ

490,000

171,000

294,000

71,428

25,000

KARANJA

111,000

30,000

77,000

25,900

7,000

MARGOUSIER

418,000

883,600

313,500

100,000

20,000

KUSSAM

90,000

30,000

58,000

9,000

3,000

TABLEAU - 3: ESTIMATIONS DE LA PRODUCTION DE GRAINES DE MARGOUSIER

État

Nombre d'arbres

Rendement par arbre

Disponibilité potentielle en tonnes

Collecte réelle en tonnes

ANDHRA PRADESH

634,855

14 lbs. Telengana

11,473

3,128


40-60 lbs. dans l'ancien




Etat de Madras



GUJARAT

617,632

26 lbs. Saurashtra

19,697

139

MADHYA PRADESH

714,187

40-60 lbs.

17,060

368

MADRAS

2,470,000

40-60 lbs.

53,555

15,461

MAHARASHTRA

689,419

14 lbs. Marathwada

26,397

210


120 lbs. Bombay



MYSORE

767,581

20-80 lbs.

18,804

3,706

ORÏSSA



1,103*


PUNJAB



11,287

N.A.

RAJASTHAN



3,676

N.A.

UTTAR PRADESH

7,740,393


249,242

N.A.

BENGALE OCCIDENTAL

265,000

50 lbs.

2,339

615

Total

13,899,067


414,633

23,617

* (Source: Directorate of Oilseeds Development, Hyderabad)

1.5 Huiles essentielles

Beaucoup d'espèces forestières sont des sources d'huiles essentielles d'importance commerciale. Les huiles essentielles, les essences et les eaux parfumées sont produites en Inde depuis des temps immémoriaux, d'abord à l'échelle artisanale, et progressivement à l'échelle industrielle. Plusieurs plantes aromatiques ont été créées dans ce pays pour la production commerciale. L'essence de palmarosa est obtenue par distillation des pousses à fleurs, des feuilles et des parties aériennes de Cymbopogon martintii var. "motia", qui contient un fort pourcentage de géraniol (75-90%). L'autre forme, "Sofia", qui donne le nard indien, n'est pas chère du fait que son pourcentage de géraniol est faible (40-45%). L'essence de vetiver s'obtient à partir des racines de Vetiveria zizanioides (khus) qui se trouvent à l'état sauvage en plusieurs régions de l'Inde. L'essence obtenue de l'espèce aromatique de Cyperus scaraiosus (nagarmotha) et C. rotundus est connue dans le commerce sous l'appellation d'essence de cypérol. Les parfumeurs indiens l'utilisent comme fixatif pour aromatiser le tabac et parfumer les savons (61). L'essence de rose s'obtient à partir des fleurs parfumées de Rosa damascena (rose de Damas). Les autres produits fabriqués à partir des roses sont l'eau de rose, le gul-roghan (huile capillaire), le gulkand et le pankhuri (60). L'espèce Inula racemosa a pris une assez grande importance en tant que plante aromatique et on la cultive maintenant à petite échelle dans la zone aride froide (3000-3500 m) du nord-ouest de l'Himalaya.

Les huiles essentielles étant volatiles à la vapeur, on utilise pour les extraits l'hydrodistillation, c'est-à-dire la distillation avec de l'eau. Cette distillation est généralement pratiquée sur le site de la plantation. Au National Botanical Research Institute de Lucknow, une unité de distillation de terrain a été mise au point et sert à la distillation de l'essence de rose (60). Le principal inconvénient de la technique classique (type Deg) largement utilisée pour la distillation à l'eau des fleurs et des graines est le chauffage excessif du matériel végétal, qui se traduit par une baisse de qualité des produits résultants. Le National Botanical Research Institute de Lucknow a mis au point un appareillage spécialement adapté à la fabrication artisanale d'essences et d'eaux parfumées. Son double système de refroidissement permet une bonne condensation des vapeurs et, le risque de surchauffe du matériel végétal étant réduit au minimum, l'essence et l'eau parfumée sont de haute qualité (Fig. 3).

1.6 Tanins et teintures

Les fruits, écorces et feuilles de nombreux arbres forestiers sont utilisés pour le tannage artisanal des peaux. Parmi les espèces utilisables, il faut citer les gousses et l'écorce de l'acacia d'Arabie (Acacia nilotica ssp. indica), l'écorce d'acacia d'Australie (A. mearnsii), l'écorce de senné (Cassia auriculata), l'écorce et les feuilles d'Anogeissus latifolia, l'écorce de cassier (Cassia fistula), l'écorce de Soymida febrifuga, les feuilles, l'écorce et les fruits de Terminalia arjuna, les fruits et l'écorce de T. bellirica, l'écorce de T. alata, l'écorce et les fruits de Zizyphus xylopyrus, les fruits, feuilles et écorces d'Alhagi pseudalhagi, de l'arbre à soie (Calotropis procera), de Cleistanthus collinus et les racines et la peau des fruits du grenadier (Punica granatum). L'écorce verte peut avantageusement servir au tannage ou à faire des extraits dans les 48 heures de sa récolte, mais l'opération est difficile. La couleur rouge sombre de l'infusion est imputée à l'oxydation provoquée pendant le séchage par les enzymes que contient l'écorce.

FIGURE 3 ALAMBIC DE CAMPAGNE POUR LA DISTILLATION DE L'ESSENCE DE ROSE ET DE L'EAU DE ROSE

On peut l'empêcher en traitant l'écorce au dioxyde de soufre ou avec une solution de bisulfate de soude. Les produits de tannage doivent être parfaitement séchés avant stockage car la fermentation dégrade beaucoup la couleur et la qualité (18).

On obtient des produits de teinture à partir des fleurs de Butea monosperma et Nyctanthes arbor-tristis (tubes floraux de couleur orange); des fruits de Mallotus philippensis et Kirganelia reticulata; des feuilles de Wrightia tintoria et Lawsonia inermis (henné) et des plants de Striga gesneroides.

Katha - L'extraction du cachou et du katha du coeur de l'Acacia catechu (khair) a été pratiquée en Inde par ébullition dans l'eau depuis des époques très reculées. Les principaux constituants du bois de coeur sont la catéchine (katha), l'acide tannique-cachou et le kheersl. On consomme beaucoup le katha avec la feuille de betel (Piper betle) dans le sous-continent indien. On utilise le cachou pour la teinture et la conservation en particulier des toiles, voiles et filets de pêche et dans les opérations de forage pétrolier. À l'heure actuelle, il existe deux méthodes de fabrication du katha: i) la méthode traditionnelle paysanne pour le Bathi katha, le katha brut ou le desi katha et ii) la méthode industrielle. Bien qu'il existe dans le pays une douzaine d'usines qui fabriquent du katha, la plus grande partie est produite selon la méthode traditionnelle dans les forêts (15).

1.7 Fibres. nattes. paniers et portières

La végétation forestière offre beaucoup de possibilités pour l'extraction des fibres et la fabrication de cordes. Les fibres sont extraites d'un certain nombre d'espèces sauvages, notamment Bauhinia vahlii, B. racemosa, Butea monosperma, Calotropis gigantea et C. procera ssp. hamiltonii, Crotalaria burhia (sannia), Girardinia heterophylla, Aerva janavica et A. pseudotomentos, Bombax ceiba, Helicteres isora, Leptadenia pyrotechnica (khimp), Phoenix sylvestris, Sida rhombifolia, etc. Parmi les herbes qui poussent en forêt, la fibre de la racine d'Elyonurus royleanus sert à faire des peignes de tisserand. Imperata cylindrica, Vetiveria zizanioides et Typha angustata servent à fabriquer des sirkis, des éventails et des nattes. Les espèces Aristida setacea, A. adscensionis et Eremopogon foveolatus ainsi que les brindilles de Tamarix et Crotalaria servent à fabriquer des balais. Les brindilles d'Alhagi pseudalhagi servent à confectionner des paniers et des portières.

1.8 Remèdes galéniques indigènes

Un certain nombre de plantes médicinales poussent dans la région à l'état sauvage et sont utilisées soit telles quelles, soit après de légèrs traitements selon les systèmes de médecine Ayurvedic, Unani et Siddha, en particulier dans les zones rurales. Dans les étendues arides froides du Ladakh, le système Amchi de médecine est en vogue depuis plusieurs siècles. Les médecins locaux ou "Amchi" se servent de différentes herbes pour le traitement des maladies courantes. Le Ladakh est un désert froid mais certaines de ses parties semblent riches en remèdes galéniques tels que: Ephedra gerardiana, Physochlaina praealta, Hyoscyamus niger, Podophyllum hexandrum et Orchis latifolia (65). Une fois ramassés, ces remèdes sont mis sur le marché des remèdes bruts d'où ils sont commercialisés à destination de diverses parties du pays pour la production de médicaments brevetés ou pour être utilisés par les médecins appliquant des traitements indigènes ou encore pour l'usage des familles. La cueillette des herbes médicinales offre depuis longtemps une occupation rémunérée à beaucoup d'habitants des zones rurales. La transformation de ces plantes dans la phytothérapie traditionnelle consiste en opérations simples telles que la préparation de poudres, de pilules, de lotions, de décoctions, d'arack ou d'extraits liquides. L'ashwagandha (racines de Withania somnifera) est une importante culture de rente pratiquée dans l'ouest du Madhya Pradesh et dans le district de Nagaur au Rajasthan. Le rendement des racines séchées va de 3 à 4 quintaux à l'hectare. Ferula nartex et F. jaeschkeana se rencontrent couramment au Ladakh, et l'on extrait une gomme-résine, l'assa foetida du commerce (heeng) par incision des rhizomes et racines vivants de F. narthex. Cette plante indigène fournit un assez bon rendement de gomme-résine, qui est un bon substitut du produit importé principalement d'Afghanistan.

1.9 Arbres et herbes fourragers

La cueillette des feuilles et des herbes pour l'alimentation du bétail et pour la confection de litières dans les étables se pratique depuis des temps immémoriaux. On coupe beaucoup dans la région les branches d'un grand nombre d'arbres, d'arbustes et de buissons pour servir de fourrage au bétail: entre autres, Acacia nilotica ssp. indica, Prosopis cineraria, P. juliflora, Zizyphus nummularia, Pithecellobium dulce, Calligonum polygonoides, etc. Les herbes que le bétail apprécie appartiennent à Bothriochloa pertusa, Brachiaria ramosa, Cenchrus ciliaris, Lasiurus ecaudatus, Panicum turgidum, Sehima nervosum, etc.

1.10 Aliments secondaires et plantes sauvages comestibles

La famine menace souvent les populations qui habitent le grand désert indien et beaucoup d'espèces végétales sont utilisées comme aliments de secours en période de pénurie (notamment Cenchrus biflorus, Acacia leucophloea, Citrullus colocynthis, Madhuca longifolia, Prosopis cineraria), légumes (notamment Prosopis cineraria, Capparis decidua, Euphorbia caducifolia, Caralluma edulis) et fruits (notamment Zizyphus nummularia, Z. mauritiana, Diospyros melanoxylon, Rhus mysorensis, Glossonema varians, Ephedra foliata).

1.11 Feuilles de tendu

Les feuilles de tendu (Diospyros melanoxylon) sont très utilisées pour rouler les bidi (cigarettes locales). La cueillette des feuilles et la fabrication des bidis sont une activité artisanale exigeant beaucoup de main-d'oeuvre. On utilise aussi localement les feuilles des espèces suivantes: D. exsculpta, Bauhinia racemosa, Holarrhena pubescens, Artocarpus heterophyllus, Careya arborea et Cordia dichotoma. Les feuilles de bonne qualité proviennent des rejets de taillis et des drageons racinaires. En général, on cueille les feuilles des nouvelles pousses en avril et en mai et on en fait des paquets de 50 appelés "Paula", que l'on fait sécher au soleil et que l'on emballe dans des sacs de jute pour l'exportation.

1.12 Laque

La laque est l'un des produits forestiers les plus importants des régions tribales. C'est une secrétion résineuse qui forme une couche protectrice sur le corps des larves d'un insecte, Laccifer lacca, qui vit en parasite sur les brindilles juteuses de certaines plantes dont il suce le suc. Les plantes sont principalement le kussam (Schleichera oleosa), le palas (Butea monosperma), le jujubier (Zizyphus mauritiana), le ghont (Z. xylopyrus) et le figuier des pagodes (Ficus religiosa). La laque est collectée en avril et en mai et peut fournir un complément de revenu (9).

1.13 Miel et cire d'abeille

Le miel est un liquide visqueux sucré élaboré par diverses espèces d'abeilles à partir du nectar qu'elles recueillent dans les fleurs. C'est un aliment naturel non raffiné consommé tel quel et utilisé surtout aussi dans les traitements médicaux indigènes comme tonique oral. L'espèce Apis indica est la seule qui convienne à l'apiculture dans le pays. Parmi les plantes à nectar et à pollen les plus importantes, on trouve: Acacia senegal, Azadirachta indica, Gmelina arborea, Melilotus alba, Parkinsonia aculeata, Pongamia pinnata, Prosopis cineraria, P. glandulosa, P. juliflora, Tamarindus indica, Zizyphus mauritiana et Z. nummularia.

La cire d'abeille est sécrétée par des glandes situées dans l'abdomen de l'abeille ouvrière. On l'utilise pour des cires et cirages divers, pour l'apprêt et l'imperméabilisation des objets en cuir et pour la fabrication des bougies et des moules. On s'en sert aussi dans l'industrie dentaire et dans l'électronique.


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